Keep Breathing
Après de longs mois d'absence me revoilà avec une nouvelle fanfiction Outlawqueen.
Pour ceux qui se poseraient la question, non je n'ai pas abandonné Under mais après une saison 4b désastreuse pour une OQ de la première heure comme moi, j'ai eu besoin de revenir aux sources de ce ship, sans Marianne, sans wickedbaby. La Missing years a toujours été ma période préférée et j'ai vraiment besoin de me réapproprier ces personnages que j'affectionne et qui pourtant me semblent de plus en plus étranger.
Après So wake me up qui a été ma première version de la M.Y, j'ai eu envie d'en écrire une nouvelle que voici. J'espère qu'elle vous plaira et qu'elle vous ferra patienter le temps que je retrouve ma motivation pour continuer Under.
Comme d'habitude vos commentaires sont les bienvenus : D
Chapitre I :
La jeune femme laissa son regard glisser sur l'immense forêt qui bordait le château. L'enchevêtrement de conifères se balançait de droite à gauche, au son d'une mélodie imaginaire portée par le vent. Quelques rapaces téméraires survolaient ce véritable labyrinthe naturel et disparaissaient soudainement dans les feuillages avant de réapparaître quelques mètres plus loin, d'innocentes proies emprisonnées dans leurs serres.
Au-delà de l'étendue verdoyante se dessinaient de majestueuses montagnes encore revêtues de leur manteau d'hiver. Leur sommet allait se perdre dans les épais nuages sombres qui avaient commencé à se former à peine quelques minutes après leur arrivée au château. Un orage se préparait. Les bourrasques se faisaient plus violentes tandis qu'un silence assourdissant semblait avoir figé la nature dans un sommeil éternel.
Rien n'avait changé. Le paysage était toujours le même et pourtant la reine avait la sensation de n'avoir jamais vécu dans ce monde, ou alors seulement au cours d'un rêve lointain. L'odeur des citronniers du jardin d'été qui l'avait si souvent aidé à s'évader mentalement de sa prison dorée lui soulevait aujourd'hui le cœur. Le clapotis d'ordinaire si apaisant de la fontaine n'avait pour effet que de lui aiguiser un peu plus les nerfs.
Alors qu'un premier éclair venait zébrer l'horizon, Regina sentit un liquide chaud ruisseler sur sa joue. Elle leva les yeux vers le ciel à la recherche du nuage responsable de cette goutte, mais elle constata que le mauvais temps qui se présageait n'avait pas encore atteint le château. La jeune femme porta alors sa main à son visage et réalisa qu'il ne s'agissait en réalité que de ses propres larmes. Larmes qu'elle n'avait pas été capable de verser jusqu'alors tant sa peine était immense.
Lorsqu'ils étaient tous réapparus dans la clairière après qu'elle ait brisé sa propre malédiction, Regina était restée de marbre. Le déni s'était emparé d'elle à l'instant même où ses pieds avaient foulé la terre qu'elle avait fait le choix de quitter des années auparavant. Ce retour ne pouvait être qu'un rêve. Qu'un horrible cauchemar dont elle allait se réveiller. Elle ne pouvait pas avoir perdu son fils pour toujours, c'était impossible, inconcevable, inacceptable !
Durant toute la longue marche jusqu'au château aux côtés des Charmings et de toute leur troupe de misérables sujets, la reine était restée impassible alors que son cœur semblait se désagréger un peu plus à chacun de ses battements. Les réponses qu'elle avait données aux innombrables questions de Snow et aux insupportables paroles de réconforts de Tink avaient toutes été dénuées de sentiments. C'était comme si toute sa vitalité, tout ce qui lui permettait de se sentir vivante était resté à Storybrooke. Ou plutôt s'était envolé pour toujours dans le sillage d'une voiture jaune...
Alors que la reine laissait de nouveau son regard se perdre sur l'horizon, les larmes n'en finissaient plus de rouler silencieusement sur ses joues. Regina pouvait sentir les sanglots encombrer sa gorge, mais ces derniers étaient bien trop monstrueux pour pouvoir s'échapper. En l'absence d'espoir de revoir un jour l'être qu'elle avait de plus cher, des centaines d'idées noires lui traversaient l'esprit sans relâche. Ses mains agrippèrent inconsciemment le garde-fou du balcon et ce simple geste la ramena immédiatement au soir de sa rencontre avec Tink. Malgré ce que cette dernière avait pu penser, Regina n'avait jamais eu l'intention de se jeter dans le vide. Même à cette époque, même après Daniel, ses intentions n'avaient jamais été suicidaires. Bien au contraire la vengeance lui avait servit de moteur, de raison de vivre. Cependant, aujourd'hui tout était différent. La reine n'avait plus rien à quoi se raccrocher. Elle se sentait comme un naufragé perdu en haute mer, condamné à attendre sa propre fin avec pour seule et unique interrogation de savoir qui de la déshydratation ou du requin viendrait mettre un terme à ses souffrances le premier.
Son regard dévia dangereusement vers le granit blanc moucheté de noir en contrebas et sa vision se troubla légèrement. Son cerveau sembla s'embrumer tandis que ses poumons refusaient chacune des inspirations qui lui étaient offertes. Après quelques secondes d'absence, la reine revint à elle et s'éloigna brusquement du vide, horrifiée par ce qui venait de lui traverser l'esprit. Et si ? Et si pour la première fois de sa vie le destin décidait enfin de lui accorder une faveur ? Et si demain ou dans dix ans quelqu'un trouvait finalement un moyen de rejoindre Henry ? Et si c'était lui qui les retrouvait ? Après tout n'était-il pas celui qui possédait le cœur du plus pur des croyants ? Que penserait-il ? Que ressentir-il s'il venait à apprendre qu'elle n'avait pas été assez forte, qu'elle avait été trop lâche pour affronter cette épreuve ?
Regina vacilla et se raccrocha au mur alors qu'un profond gémissement de douleur viscérale l'obligeait à se courber en deux. Elle porta sa main à son cœur en tentant vainement de calmer ses pleurs irrépressibles, mais une nouvelle idée germa dans son esprit. Sans y réfléchir plus longtemps la jeune femme plongea la main dans sa poitrine et en extirpa l'organe responsable de tous ses maux. Haletante, elle l'observa presque hagarde, scintiller au creux de sa paume tandis qu'une sorte d'apaisement artificiel semblait prendre possession de son corps. La peine était toujours présente dans son esprit, mais étrangement, elle ne ressentait plus ni de boule qui lui serrait la gorge, ni de sensation d'oppression qui pesait sur ses épaules.
Après quelques secondes, la reine se redressa plus sereine et chercha du regard un endroit où cacher cette si précieuse partie d'elle-même. Son intention se porta dans un premier temps sur sa coiffeuse en acajou brun foncé dont les incrustations rougeâtres se révélaient à la lumière des flammes qui dansaient dans l'âtre. Les nombreux tiroirs secrets qu'elle renfermait auraient autrefois pu faire office de cache adéquate, mais il n'y avait plus de gardes noirs pour surveiller l'entrée de la chambre et eu égard au nombre de réfugiés que le château abritait aujourd'hui, la jeune femme craignait qu'un ou deux voleurs ne se soient joints aux indésirables qui grouillaient tels des rats dans les couloirs. Même si la majorité d'entre eux était probablement plus habile à lever le coude qu'à crocheter des serrures, elle ne voulait pas prendre le risque de voir son cœur tomber entre des mains assoiffées de vengeance.
La jeune femme continua de réfléchir en détaillant chaque recoin de la pièce du regard. Armoire à double fond, bibliothèque ornée de faux livres qui permettaient aisément de dissimuler un petit objet, table basse creuse, rien de tout cela ne semblait assez sûr pour abriter un objet aussi précieux. Elle s'avança alors vers la porte de sa crypte et posa sa main sur la poignée. Le spectre d'une angoisse sembla la traverser, mais sans cœur ce sentiment raisonna en elle comme un écho lointain. Malgré cela, le reine dû prendre une profonde inspiration pour trouver le courage de pénétrer dans le lieu qui renfermait les restes de ses actes passés les plus sombres.
La première chose qui s'offrit à sa vue fût ce qui aurait dû être le dernier lieu de repos de sa mère. La blancheur immaculée de la pierre aurait presque pu l'éblouir si la pièce n'avait pas été plongée dans une obscurité lugubre. Alors qu'elle avançait de quelques pas, un bruit sourd et régulier, qui se répercutait en écho contre les parois circulaires, devint de plus en plus fort. Le son dont elle s'était si souvent délectée par le passé la fit frémir et son rythme cardiaque s'accéléra au creux de sa paume. Elle baissa les yeux et observa son cœur battre plus vite et plus fort. Les nuances de rouge et de noir s'entremêlaient et scintillaient dans l'obscurité. C'était comme s'il répondait à ses congénères qui reposaient dans les centaines de coffrets incrustés dans les murs.
D'un geste de la main Regina fit s'illuminer tous les chandeliers du tombeau et il lui sembla que les battements de cœur se firent moins audible. Cora ne reposait pas et n'avait d'ailleurs jamais réellement reposé dans ce cercueil, mais la reine ne put s'empêcher de faire glisser délicatement ses doigts sur le marbre blanc. L'esquisse d'un pincement de cœur se fit sentir dans sa poitrine. « Tu m'aurais suffi... ». Les derniers mots de sa mère lui revinrent en mémoire. Cette phrase avait certainement été la seule chose sincère et affectueuse que Cora ne lui ai jamais dite, et même sans son cœur, Regina sentit ses yeux s'humidifier à ce souvenir. Malgré le bonheur immense que la petite fille qu'elle avait été avait ressentit à ce moment-là, la femme adulte et accomplie avait su qu'elle ne pourrait jamais pardonner le meurtre de Daniel. Rien de ce que sa mère aurait pu dire ou faire n'aurait pu changer les choses.
Regina jeta un dernier regard au cercueil puis détourna les yeux. Il fallait a tout prix qu'elle laisse ce passé douloureux derrière elle. Mais comment y arriver sans son fils ? Sans ce petit garçon qui avait été son seul rayon de soleil dans un univers fait de ténèbres. La reine secoua vigoureusement la tête et tenta de chasser ces pensées de son esprit afin de se concentrer de nouveau sur la raison pour laquelle elle était là. Après quelques secondes, elle s'approcha d'un des coffrets demeuré vide et l'ouvrit d'une main légèrement tremblante.
Revenir ici après toutes ces années, après toutes les promesses qu'elle avait faites à Henry la mettait extrêmement mal à l'aise. Le risque de retomber dans ses travers était grand, d'autant plus si elle n'avait plus son cœur. Les reflets noirs qui dévoraient l'organe vital sous ses yeux étaient là pour le lui rappeler. Pour autant, elle ne voulait plus ressentir ce désespoir qui lui coupait littéralement la respiration. Elle ne se sentait pas capable de gérer cette douleur atroce qui lui lacérait la poitrine. Elle ferma les yeux et prit une profonde inspiration. La voix de son fils semblait raisonner dans son esprit comme pour la dissuader de se séparer de ce qui faisait d'elle la femme qu'elle était aujourd'hui.
« Il le faut... », souffla-t-elle presque imperceptiblement pour répondre aux paroles imaginaires de son petit prince.
Sans perdre plus de temps, la reine déposa son cœur dans le coffret et repoussa brutalement ce dernier dans son écrin de pierre. Elle fit volte-face et marcha d'un pas rapide vers la sortie afin d'éviter que sa raison ne vienne à bout de sa décision. Vivre sans son cœur était un choix extrêmement dangereux, mais le risque encourut n'était rien comparé au chagrin qui menaçait de la consumer toute entière. Alors que la porte s'ouvrait devant elle, la jeune femme sursauta et ne put contenir un cri aigu en tombant face à face avec une silhouette familière.
« Tink ! », s'exclama-t-elle en portant la main à sa poitrine.
« Qu'est-ce que...Qu'est-ce que tu fais là ? », demanda-t-elle à la fée tout en prenant soin de refermer rapidement la porte derrière elle.
La panique s'empara brusquement d'elle. Même si physiquement, il n'existait aucune trace de son acte, Regina avait l'horrible impression que la présence d'un trou béant dans sa poitrine était inscrite en lettre écarlate sur son front. Elle lissa nerveusement les plis de son pantalon de cuir noir et s'évertua à garder un visage de marbre. La dernière chose dont elle avait besoin à cet instant était que son interlocutrice découvre ce qu'elle venait de faire.
« Je suis passé voir comment tu allais et te dire que le dîner était servi dans la salle de réception... », répondit la jolie blonde dont le regard suspicieux s'était posé sur la porte de la crypte.
Regina s'empressa de faire un pas de côté afin de lui obstruer la vue.
« Je vais très bien ! », déclara-t-elle froidement.
Tink secoua négativement la tête, visiblement peu convaincue.
« Tu es livide.. », constata la jeune femme en scrutant attentivement le visage de la reine.
« Et toi, tu as abusé du fard à joues ! Est-ce que j'en fais tout une histoire ? », persifla cette dernière en arquant un sourcil dédaigneux avant de la contourner et de se diriger vers sa commode.
Afin de faire comprendre à l'intruse qu'elle n'était pas la bienvenue, Regina fit mine de remettre de l'ordre dans les différentes fioles qui étaient disposées sur le meuble ancien. La plupart d'entre elles contenaient du parfum : extrait de rose bavarde du pays des merveilles, larme de cascade de l'empire perdu, soluté de Lys d'Agrabah... Autant de présent offert par le roi à l'époque où il espérait encore réussir à sécher les larmes de son inconsolable reine.
Le dos droit, les yeux rivés sur les flacons, la nuque raide, la jeune femme appréhendait les prochaines paroles de la fée. Débarrassée de son chagrin, il ne lui restait plus que la colère, une colère froide dont quiconque pourrait bientôt faire les frais si elle n'arrivait pas à se contrôler. Personne n'avait jamais su trouver les mots pour l'apaiser, peu importe ce que les gens pouvaient lui dire, toute parole de réconfort semblait passer tel une légère brise au creux de son oreille sans jamais arriver à s'y engouffrer.
Après quelques secondes, Regina sentit Tink s'avancer timidement dans sa direction puis elle l'entendit se racler la gorge.
« Économise ta salive, j'ai déjà eu ma dose de paroles creuses pour la journée ! », la rabroua-t-elle sans ménagement avant même qu'elle n'ai pu ouvrir la bouche.
La fée soupira bruyamment, mais resta immobile, ses yeux rivés sur la reine. Exaspérée par la présence et l'entêtement de cette dernière, Regina sentit la colère monter en elle. Ses doigts se refermèrent avec force sur le goulot en cristal d'une des fioles. Sous sa paume, elle sentit le verre commencer à vibrer. Cela ne présageait rien de bon, bien au contraire. Consciente du danger, elle inspira profondément en fermant les yeux puis relâcha le flacon pour venir poser ses deux mains bien à plat sur le bois.
« Laisse-moi... », lâcha-t-elle la mâchoire douloureusement crispée.
Tink ne bougea pas.
« S'il te plaît... », ajouta-t-elle sur un ton plus bas, presque suppliant.
La fée sembla hésiter encore quelques secondes, mais elle se décida enfin à tourner les talons en direction de la sortie. Dos à elle, Regina écouta le bruit de ses pas raisonner sur la pierre froide qui recouvrait le sol. Peu à peu, l'écho se fit plus distant jusqu'à disparaître définitivement, ne laissant derrière lui que le grondement de l'orage qui approchait.
Une bourrasque s'engouffra violemment dans l'immense chambre et Regina ne put s'empêcher de frissonner. Son regard se tourna vers les nuages noirs déchirés par les éclairs qui surplombaient la forêt enchantée et pendant une fraction de seconde, elle eut l'impression de voir le reflet de ce qui se jouait en elle. La tristesse ayant déserté son corps, il ne semblait lui rester que la rage. Certes, Peter Pan était l'unique responsable de toute cette tragédie, mais à l'heure actuel, la reine en voulait au monde entier. Le monstre sanguinaire qui avait fait son nid dans sa chair dès années auparavant semblait de nouveau réclamer sa dose de sang.
Après de longues minutes, la crainte que la fée ne décide d'aller farfouiller dans la crypte s'empara de Regina. Cette dernière savait pertinemment que la blonde était du genre à fourrer son joli petit nez dans les affaires des autres et elle n'avait aucune envie d'être démasquée. Il fallait à tout prix qu'elle trouve une cachette impénétrable où entreposer son cœur. Alors qu'elle se dirigeait de nouveau vers le tombeau, un flash illumina brusquement la pièce suivi par une violente détonation qui fit trembler les murs du château. Momentanément aveuglée, la reine cligna plusieurs fois des yeux. La foudre ne devait pas être tombée très loin, peut être même s'était-elle écrasée sur l'une des pointes en acier qui couronnait le palais sombre. Soudain, des aboiements affolés de chien montèrent de la cour intérieure. Regina se précipita sur son balcon et son cœur absent sembla louper un battement. L'entrepôt qui abritait la paille pour l'écurie était dévoré par les flammes. Elle aperçut la minuscule silhouette de David courir vers le feu, suivit par une vingtaine d'hommes et de femmes armés de seau d'eau.
Immobile, elle les observa lutter avec acharnement contre les reflets rouge et or qui semblaient lécher l'horizon. Les bourrasques de vent n'arrangeaient rien et bientôt des brindilles de pailles incandescentes s'élevèrent du brasier. La reine suivit l'une d'entre elles du regard jusqu'à ce que cette dernière vienne se poser délicatement sur le garde-fou devant elle. Elle scintilla encore quelques secondes puis la braise laissa place à un petit tas de cendres noires.
« Rumpelstilskin... », pensa-t-elle alors que d'autre brin de paille continuaient à virevolter devant elle. Pourquoi n'y avait-elle pas pensé plus tôt ? Le vieux sorcier avait dans son château une armoire magique inviolable. En effet, seule la personne qui y avait déposé un objet pouvait espérer le récupérer. C'était exactement ce dont elle avait besoin pour son cœur.
Lassée par le spectacle qui se jouait dans la cour, Regina agita négligemment sa main et une fraction de seconde plus tard une trombe d'eau s'abattit sur la grange en flamme. Tous les regards se levèrent dans sa direction, mais elle ne s'attarda pas. La jeune femme se précipita dans la crypte et y récupéra son bien le plus précieux. D'un claquement de doigts, elle fit apparaître une épaisse fumée violette qui l'enveloppa et ses pieds quittèrent le sol.
