[Première fanfiction dans l'univers d'Harry Potter, cela faisait plusieurs années que cette idée me titillait, alors je me suis finalement décidée à l'écrire. Ce sera surement une longue histoire car j'aime prendre mon temps pour poser mes personnages et mes intrigues. Et si parfois les chapitres sont un peu longs, je m'en excuse d'avance -mais si vous trouvez que c'est vraiment trop long dites le moi et je ferais en sorte de raccourcir les prochains.
Aussi rien de ce qui touche à l'univers d'Harry Potter ne m'appartient, tout est la propriété de J.K Rowling. Je ne réclame comme miens que les personnages extérieurs à l'oeuvre de J.K Rowling et que j'ai créé. (Je sais pas du tout comment faire un disclaimer, j'espère que c'est bon).
Voilà, sinon je n'en dis pas plus sur l'histoire, je préfère vous laisser la découvrir au fur et à mesure. ^^ Enjoy]
Ses yeux d'ambre s'étaient ouverts brusquement. Dans sa chambre, pas un bruit, seule sa respiration lourde et laborieuse se faisait entendre. Le regard cerné, la petite fille observait avec trouble le plafond blanc. Toujours ce même rêve. Ne pourrait-elle donc jamais retrouver la paix et le sommeil ? Hanteraient-ils ses nuits jusqu'à la fin de ses jours ?
Le soleil n'était pas encore levé. Elle le sentait dans la fraicheur de l'air. Resserrant ses couvertures autour d'elle, l'enfant se recroquevilla en boule, cherchant ainsi chaleur et réconfort. Son petit corps trembla pourtant. Non pas de froid, hélas. Des sanglots étranglés secouaient sa mince silhouette, et elle se sentait bien seule.
Cela allait faire deux mois bientôt. Deux mois que plus personne ne venait lui lire une histoire le soir avant de s'endormir. Deux mois que plus personne ne venait la border dans son lit en lui laissant sur la joue, la trace d'un bisou. Deux mois qu'ils étaient partis. Partis pour toujours. L'idée avait eu du mal à faire son chemin.
Mais quand au bout de deux semaines, elle ne les avait toujours pas revus, elle avait commencé à se faire une raison. Cela avait été douloureux. Elle avait longtemps hurlé, tempêté, et pleuré. Elle s'était fait du mal, se provoquant des crises d'angoisse chaque soir, exigeant de les revoir, en vain .Ils étaient…partis. Papa, maman, Octavien. Pour toujours. La tête enfoncée dans son oreiller, l'enfant étouffa pour la deuxième fois de la nuit, sa douleur et sa peine.
OoOoOoOoO
Je m'étais levée, la bouche pâteuse, le regard éteint. Le réveil était toujours un moment difficile si tant est que j'eu dormi. Lentement, j'avais refait mon lit, plus par habitude que par réelle nécessitée, puis je m'en étais allé dans la salle d'eau attenante à cette pièce. Je dirais cette pièce car l'endroit ne sera jamais rien pour moi.
Pourtant, ils avaient vraiment tout fait pour que je m'y sente à mon aise. Ils avaient changé la décoration à ma convenance, ils avaient mis des photos de mes parents avec mon frère et moi, ils m'avaient offert des dizaines de jouets, de robes, et d'autres choses futiles encore, malgré leurs pauvres moyens. Ils avaient été de véritables amours. De vrais parents. Mais ils n'étaient pas mes parents. Jack et Anna. Des amis de mon père. Londoniens. Côté moldu bien sûr, comme si tout n'était pas déjà assez compliqué comme ça.
Sortie de la douche, je me séchais rapidement, sans adresser un seul regard au grand miroir qui occupait une place trop grande à mon goût dans l'espace. Je l'évitais autant que possible. Pourquoi ? Peut-être me gênait-il car je craignais d'y jeter un regard. Mais de quoi avais-je peur ? Du vide. J'avais peur de voir mon regard vide. Tout avait changé si rapidement.
Il me semblait que c'était hier encore que mon père me prenait dans ses bras me promettant qu'il reviendrait très vite. Mais c'était un mensonge. Il n'était pas revenu ! Ni mère. Ni Octavien. Octave qui allait rentrer à l'école cette année. Il avait eu 11 ans en Juin. Ce n'était pas juste. On s'était juré de se revoir en Décembre pour fêter Noël ensemble…et…et maintenant… Je sentais ma gorge se nouer, et mes yeux s'embuer de larmes.
Non ! Je ne devais pas pleurer. J'avais suffisamment pleuré ! Je devais être forte ! C'était toujours ce que disait mère. Elle me regardait toujours de ses yeux gris si froids, si beaux, et, se mettant à ma taille, elle lâchait cette phrase incongrue pour une fille de mon âge. « Une Blackfyre ne pleure pas. » Même quand elle a tout perdu. Même quand elle est loin de tout ce qui a fait sa vie. Elle ne doit pas pleurer.
Pourtant je n'avais fait que ça toutes ces dernières semaines. Quelle honte je devais être pour elle, là maintenant. Lever la tête, durcir son cœur, et avancer. Telles étaient les solutions qu'elle nous avait toujours donné à mon et mon frère lorsque nous avions du chagrin. C'était sévère, mais nous ne nous en plaignons pas, n'ayant aucun contre-exemple à envier. Mon cher Octave. Je repensais souvent à lui ces derniers jours. Il allait rentrer de son voyage au Nord de l'Europe .
Il avait réussi son test d'admission à Durmstrang –c'était ça non, le nom de l'école ?- et entrait en première année dans le groupe de tête. Quand j'avais reçu la nouvelle, Jack et Anna avaient dû me retenir de courir l'annoncer dans tout le quartier. Mais ces moldus qu'auraient-ils compris ? Au pire ils m'auraient prise pour une folle. Une gamine de 10 ans braillant « Durmstrang ! Durmstrang ! » à tue-tête, pour ces gens, cela ne pouvait surement signifier qu'un désordre mental. Mais qu'importe. C'était fini tout ça.
-Aly ! Tu peux descendre s'il te plait ! Tonna une voix venue de derrière la porte de la chambre.
Mon cœur manqua un battement. J'arrivais encore à être surprise lorsque Jack, de sa grosse voix de baryton, hélait mon nom dans l'escalier menant à l'étage. Enfilant en quatrième vitesse une des robes que m'avait confectionnée Anna, à peine coiffée, je dévalais les escaliers, oubliant de facto toutes les leçons de maintient inculquées de hautes luttes par ma mère.
-Oui ! Me voici.
Comme un bon petit soldat, j'arrivais à sa hauteur, le regardant anxieusement depuis mon mètre quarante. Un ventre naissant, le visage rond mangé par une barbe de trois jours, l'homme était négligé. Il l'était déjà lorsque mes parents étaient là, il le devenait plus encore maintenant qu'ils n'étaient plus. J'en arrivais presque à regretter le caractère soigné de mon père, lorsque je voyais Jack sortir.
Je le regardais parfois depuis ma fenêtre s'engouffrer dans un métro –c'était ainsi qu'ils appelaient ces espèces de souterrains où passaient des trains desservant la capitale-, me laissant seule à seule avec Anna. Il devait aller travailler au centre ville. Chez les moldus. Son travail était la seule source de revenu du couple. Comment je le savais ? Parfois la nuit, quand je n'arrivais réellement pas à trouver le sommeil, je descendais les escaliers à pas de loup, et je m'approchais du salon pour écouter leurs conversations. Bien souvent, ça ne parlait pas de choses que je pouvais comprendre à mon âge. Mais au moins je n'étais pas dans l'ignorance totale.
L'ignorance ! Je détestais ce sentiment d'être tenue à l'écart d'un savoir. Je détestais ne pas savoir. Je voulais toujours tout connaitre, me reprochait parfois ma mère. Il y avait pourtant des choses que je n'étais pas apte à entendre. Mais ce n'était pas grave, je voulais les écouter tout de même. Et ce soir là, j'avais entendu Jack et Anna discuter d'argent. L'argent, j'en avais déjà entendu parler milles fois. Surtout lorsque père entrait dans ses périodes de comptabilité. Je me souvenais qu'il râlait souvent lorsque venait la fin du mois et qu'il voyait son argent baisser.
Je ne pouvais deviner à l'époque si nous étions riches ou pauvre. Probablement aisés. Mais je savais en tout cas que chaque année, nous perdions toujours plus d'argent. Et père détestait ça. Là, Jack avait dit à Anna, qu'à la fin du mois, si ça continuait comme ça, ils seraient dans le rouge. Le rouge, je ne voyais pas trop ce que ça voulait dire, mais tant pis je continuais d'écouter sur la pointe des pieds.
C'était une curiosité déplacée, mais je ne m'en souciais guère désormais. Je les avais entendus parler de moi, et je considérais alors que cela me donnait le droit d'écouter. Je l'avait regretté par la suite, quand à mes oreilles, ont résonné les mots suivants. « Nous ne pourrons pas la garder, Jack ».
C'était Anna qui avait parlé, et je sentais mon cœur battre plus fort. Cela ne pouvait être vrai ! Où irais-je alors ! A la maison ? Mais il n'y avait plus personne là-bas ! Ce serait trop dur d'y retourner ! Je ne voulais pas être toute seule ! Alors je m'étais persuadée d'avoir mal entendu. Je fermais mon esprit à toute compréhension de cette phrase lapidaire. Sauf que la gifle qu'elle aurait dû me donner m'arriva tout de même en pleine face, quand, une fois assise à table, ce matin, elle se refit entendre. Cette fois-ci, ce fut Jack qui la prononça.
-On ne pourra pas te garder le mois prochain Aly. Déclara l'homme de sa voix basse, alors que je m'asseyais à table pour engloutir l'habituel casse-croute frugal que préparait Anna le matin.
Ses longs cheveux noirs comme les miens, remontés en chignon sur sa nuque gracieuse, celle-ci finissait de cuir le bacon, tournant résolument le dos à notre conversation…Alors que Jack, lui, me fuyait du regard. Par gêne ou lâcheté, je ne voulais pas le savoir. Mère m'avait toujours appris à regarder les gens à qui je m'adressais. Ne pas le faire, c'était leur manquer de respect.
-Pourquoi ?
Je n'avais pas put contenir le léger tremblement de ma voix alors que je sentais autour de moi, mon monde s'ébranler de nouveau. Je commençais à peine à prendre mes habitudes ici, et j'allais déjà devoir partir. Mais pour aller où ! Allaient-ils me mettre dans un orphelinat ? Un orphelinat sorcier ? Moldu ? J'y avais pensé un moment mais de toute façon, ma réponse serait la même. Non ! Je ne voulais pas !
-Parce que…parce que nous n'avons pas le droit de te garder trésor. Nous aimerions beaucoup…
Oh ça je le devinais naturellement. Jack et Anna n'avaient pas d'enfants. Et pendant toutes ces années où ils m'ont gardé, moi et mon frère, ils s'étaient habitués à nous considérer comme les leurs. Alors pourquoi allaient-ils m'abandonner !
-…mais, la loi ne nous autorise pas à te garder avec nous. Et puis il y surement des gens qui doivent être inquiets pour toi. Pense à Polly et Martha et les autres domestiques et…
J'étais en train de paniquer, hurlant à l'intérieur de moi-même un refus profond. Je ne voulais pas les quitter. Ils étaient les seuls personnes que je connaissais. Les seuls êtres qu'il me restait. Je n'avais personne d'autre. J'allais répliquer à Jack que tout ça, je m'en fichais complètement…Quand soudain, il y eu un bruit de poêle déposée brutalement.
-Jack arrête, s'il te plait !
J'étais choquée. La voix d'Anna avait claqué dans l'air et elle regardait Jack avec des yeux gris perçants. Les mêmes que ma mère. C'était la première fois que je l'entendais aussi sèche envers son mari. J'étais déjà perturbée par cette annonce soudaine, et voir Anna, d'habitude si douce et prévenante, se montrer aussi dure, me troubla. Que se passait-il dans cette maison? Je n'avais juste qu'une envie maintenant, remonter dans ma chambre pour pleurer ! Mais « une Blackfyre ne pleure pas » ! Les mots durs de ma mère me figèrent sur place.
-Nous avons reçu une lettre Aly. Murmura Anna doucement, comme si elle craignait ma réaction.
Sortant un papier froissé de son tablier bleu, la maîtresse de maison s'approcha doucement de moi. Je la regardais avec mes grands yeux ambrés que je sentais mes yeux se faire larmoyants. Pitoyablement, je retenais mes lamentations quand elle me mit entre les mains, le parchemin. Fébrile, je restais un moment immobile, leurs regard à eux deux pesant sur moi, puis finalement avec un sursaut de courage, je dépliais le papier pour lire dans ma tête les caractères finement tracés dessus.
« Cher Madame Ziegler,
Nous avons été tenus informés de la présence dans votre maison depuis un mois, 27 jours et quatre heures, d'Alyona Gwyneth Blackfire, à la suite du décès de ses parents dans la nuit du 7 Mars.
Etant donné votre statut délicat, et l'absence de toute famille requérant la garde de l'enfant, une décision a été prise après consultation des Grandes Maisons de Sang-Pur d'Angleterre. A moins que vous ne souhaitiez adopter l'enfant, et ainsi, palier au manque de ses parents, nous avons l'intention de déclarer celle-ci, mise sous tutelle du Ministère de la Magie, et de la placer dans une famille affiliée à la sienne.
Elle sera alors considérée comme pupille du Ministre et placée sous notre protection. Entre autre, sauf démarches de votre part pour une adoption en bonne due forme, nous passerons la récupérer à 10h, le 14 Mai prochain.
En vous souhaitant une bonne journée, je vous prie d'agréer Madame Ziegler, l'expression de nos sentiments distingués.
Elphinstone Urquart,
Chef du Service Administratif du Magenmagot.
Département de la Justice Magique »
OoOoOoOoOOoO
Dans ses mains, la lettre tremblait violemment. Sur le visage de l'enfant, se lisait une angoisse profonde. Les deux adultes eux, restaient silencieux. Anna fut la première à sortir de son mutisme. Elle tendit sa main vers l'enfant, lui enlevant la lettre des mains avant de la glisser dans son tablier de nouveau. Alyona, elle, restait pétrifiée. Elle ne s'était pas attendue à cela. Le Ministère de la Magie ? Pupille du Ministre ? Placée dans une autre famille ?!
-Je refuse. Enonça d'une voix blanche, cassante, la petite fille de 10 ans.
Elle refusait d'être placée. Ils n'étaient pas ses parents, mais Jack et Anna, l'aimaient comme leur propre fille, et s'occuperaient bien d'elle. Ils n'avaient pas tout le confort dont elle avait longtemps bénéficié, mais ce n'était pas grave ! Elle ne voulait pas partir, et quitter ainsi un environnement connu. C'était trop lui demander. C'était comme lui tuer ses parents une deuxième fois. Elle commençait à peine à mieux gérer émotionnellement cette situation, elle ne voulait pas rechuter dans les pleurs et le désespoir encore. Elle ne partirait pas ! Ce n'était pas négociable !
La détresse dû se lire sur son visage car Anna, en bonne figure maternelle, s'accroupit à sa hauteur et la prit dans ses bras. Alyona aurait préféré qu'elle ne le fasse pas, car presque aussitôt elle fondit en larme.
-Shuuut shut Aly, tout va bien se passer.
Misérablement, l'enfant renifla contre l'épaule de la femme brune, ses pleurs mouillant le tissu de sa robe.
-Je ne… veux… pas… partir, je …ne veux…pas…déclara la voix hachée de sanglot de l'enfant.
L'étreinte d'Anna se resserra sur ce petit corps, sa main caressant la tête brune de l'enfant.
-Je sais, chaton, je sais. Ils ne te prendront pas. Je te le promets.
Alyona sorti piteusement sa tête du cou d'Anna.
-Mais comment tu vas faire ? Tu vas m'adopter ?
Elle entrevoyait déjà une lueur d'espoir. Si Jack et Anna l'adoptaient, elle n'aurait pas à partir ! Et elle serait tranquille pour longtemps ! Peut-être même qu'Anna la laisserais aller à l'école ! Oui parce qu'Anna elle connaissait le monde magique ! Après tout, même si elle n'était pas vraiment une sorcière, elle y avait déjà été ! Le chemin de traverse, le Ministère, et tout le reste ! Elle connaissait ! Oui ce serait mieux si Anna l'adoptait ! Mais celle-ci mit un frein sec à tous les espoirs de la gamine. Elle avait d'autres projets.
-Non Aly, je ne peux pas. Nous n'avons pas les moyens de t'élever correctement.
Mensonge. Elle avait dit cela avec un regret clairement perceptible dans la voix…
-J'ai appelé un des cousins de ta mère. Il s'appelle Amaury, il est un peu bourru mais très gentil. Il vit en Roumanie, tu verras c'est très beau la Roumanie…et puis tu pourras aller à la même école que ton frère, tu te feras plein d'amis, ce sera très bien !
Elle déballa tout cela très vite ! Avec force de conviction, donnant presque l'impression de chercher à se convaincre elle-même de ses propres paroles. Mais sur l'enfant, cela n'eut aucun effet, elle continua à se lamenter contre celle sur qui s'était fondé un espoir illusoire.
-Mais si je ne veux pas ? Si je veux rester ici ? Ils ne pourront pas me forcer à venir avec eux ...demanda l'enfant avec une petite voix mouillée, dans un effort de persuasion.
Tandis que derrière elle, le bruit d'une chaise que l'on repoussait se fit entendre. C'était Jack qui se levait pour se mettre à leurs côtés, comme pour venir à la rescousse de sa femme qu'il sentait plier sous le regard implorant de sa petite protégée.
-Nous n'avons pas le choix Alyona. Tu dois partir. En restant ici, tu vas te causer plein d'ennuis, et nous aussi par la même occasion…est-ce ça que tu veux ? Questionna l'homme de sa grosse voix.
La petite se cachait le visage contre l'épaule d'Anna. Des larmes perlant toujours de ses si jolis yeux.
-Jack ! S'offusqua son épouse. Ne lui parle pas comme ça !
-Ce n'est plus un bébé Anna, et tu sais bien que c'est exactement comme ça que lui parlais sa mère et que lui parlera Amaury ! Tu la materne trop, elle a dix ans ! Répliqua l'homme devenu soudainement grave.
S'accroupissant à la hauteur de l'enfant, l'homme la tira doucement mais avec détermination hors des jupes de sa femme. Jetant un regard se voulant intraitable à sa compagne, il la sortie de cette étreinte maternelle. Fermement alors, il la mit en face de lui, et la regarda dans les yeux. L'enfant elle, se tortillait comme un ver pour tenter d'échapper à son emprise. Après quelques secondes de lutte, elle commença à crier de toutes ses forces pour le déstabiliser afin de fuir dans la chambre qu'on lui avait attribuée pour s'y enfermer à double tour. Mais, l'homme, décidé, resta ferme.
-Demain, Amaury va venir te chercher. Tu ne vas pas crier, hurler, ou faire un scandale. Tu ne vas pas chercher à t'enfuir, ou je ne sais quelle autre idée qui pourrait te passer par la tête. Il va t'emmener chez lui et s'occuper de toi jusqu'à ce que tu sois majeure. Tout va bien se passer, on te le jure. Fais-nous confiance.
Confiance ! Ce mot lui était tellement amer. Elle aimerait bien leur faire confiance, mais sa peur d'être abandonnée lui ôtait cette possibilité. Son père lui avait demandé aussi de lui faire confiance quand il était parti avec sa mère et son frère dans les pats du nord. Il avait promis de revenir très vite. Il n'avait pas tenu sa promesse. Il avait menti ! Il n'était jamais revenu ! Alors Jack aussi mentait ! Tous ils mentaient ! Et elle détestait le mensonge ! Peu à peu, le choc, la tristesse et la peur, avaient laissés place à la colère.
-Non ! Tu mens ! Tu mens ! Tu es sale un menteur Jack ! Père avait dit la même chose et c'était un sale menteur lui aussi !...
La claque était partie toute seule, mais elle avait résonné dans toute la pièce, laissant derrière elle un silence pesant. L'enfant, les yeux écarquillés, sonnée, tenait sa joue rouge dans une main. L'autre se serrant dans un petit poing furieux. Anna choquée, regardait son mari comme s'il était un inconnu. Et Jack lui, ne savait plus où se mettre, regardant sa main comme si elle ne lui appartenait pas. Il n'avait pas frappé fort, mais ça avait été le geste de trop. Il avait voulut se montrer ferme, - il se rendait compte à quel point c'était une idée stupide- mais ses vieux démons avaient été plus fort que lui.
Elle ne pouvait pas dire ça. Son père était l'homme le plus droit qu'il n'ait jamais connu. Un très bon ami. Même plus qu'un ami, un frère. Sa mémoire ne serait pas salie par sa fille. Et pourtant il regrettait amèrement son geste en voyant le visage décomposé de l'enfant. Elle n'avait pas dû penser le moindre mot de ce qu'elle disait.
A cet âge les enfants racontaient n'importe quoi. Et elle était encore sous le choc de la mort de ses parents, sous le coup de la lettre. Comment avait-il put lever la main sur elle ? Il ne le concevait pas, et se maudissait, alors que dans un grand cri colérique, dans un vent puissant, brisant les cadres photo de la salle à manger, l'enfant quittait les lieux en courant.
-Mais qu'est-ce qui t'a pris imbécile, tu es fou ou quoi ?!
Voilà maintenant Anna qui vociférait, son regard plus froid que jamais, partant à la suite de l'enfant, l'interpellant par son nom. Suppliante. Et lui resta seul dans la salle à manger, encore médusé par ce qui venait de se passer. Alyona. Sa petite fée. Il lui avait levé la main dessus. Jamais il n'aurait pensé que cela arriverait un jour. Oh si peut-être à l'adolescence en cas d'extrême nécessité. Mais pas à 10 ans. Et surtout pas maintenant alors que tout son univers s'était évanoui brusquement.
La gamine était robuste de caractère grâce à sa mère, mais en contrepartie elle avait été gâtée par son père. Jamais elle ne s'était fait corriger par ses parents. La gifle qu'il venait de lui donner était surement une première pour elle. Il l'avait frappé sans en comprendre la raison. Ou du moins, il se voilait la face quand à celle-ci, qui était simplement un défaut de communication.
Il n'avait trouvé quoi répondre aux accusations de l'enfant, alors ça avait été comme un réflexe. Un réflexe que son père –avant lui- aimait bien pratiquer d'ailleurs. Et s'il y avait bien une chose que Jack ne voulait pas, c'était ressembler à son père. Oh dieu. Alyona allait le détester maintenant ! Mais qu'est-ce qui lui avait prit si soudainement ? Il ne comprenait pas. Et puis tout ce verre brisé autour… Que se passait-il dans cette maison ? Il allait avoir besoin d'un bon scotch.
OoOoOoOoO
Elle avait claqué violemment la porte en bois de la chambre puis l'avait verrouillée à clé. Des larmes encombraient ses yeux. Son cœur battait à la chamade. Pourquoi ! Pourquoi était-ce à elle que tout ça arrivait! Qu'avait-elle bien put faire de mal pour subir ces épreuves ?! Dans un grand mouvement d'humeur, elle balança par terre tous les jouets qui trônaient sur sa commode et que Jack lui avait acheté.
Elle cassa les belles dames de porcelaine, elle déchira certaines de ses robes, et froissa tous ses dessins, fulminante. Elle fit régner le chaos dans sa chambre pendant ce qui lui parut durer une éternité. Puis soudainement, elle se calma. Le cœur lourd, la respiration pénible. Le silence alors lui parut assourdissant. Et elle ne voulait plus qu'une chose, que tout ceci n'ait été qu'un mauvais rêve.
Dans une plainte enrouée, l'enfant s'affala sur son lit, enfonçant sa tête dans son oreiller. Elle resta ainsi, abattue, sa colère retombant à mesure que les secondes passaient. C'était pourtant grandement agacé, que la petite sentait toute cette fureur retomber, l'adrénaline qu'elle avait apportée avec elle laissant place à un grand vide. Pourquoi n'arrivait-elle donc jamais à rester fâchée !
OoOoOoOoOoO
- Aly…c'est moi…ouvre moi s'il te plaît.
La voix douce d'Anna me parvint, provenant de derrière la porte. Je ne bougeais pas.
-Non ! Laisse-moi !
Je ne voulais voir personne. Je voulais dormir ! Dormir et me réveiller ailleurs, loin, avec mes parents, et mon frère qui viendrait me chatouiller pour me sortir du lit. Dormir et me réveiller avec l'odeur des œufs, du bacon, accompagnées de petits gâteaux, que préparait Polly, notre elfe de maison, tout les matins. Ouvrir les yeux sur le plafond étoilé de ma chambre, où sinueusement volaient quelques dragons.
Je voulais retrouver tout ce que j'avais perdu. Je ne voulais pas être une pièce rapportée dans une quelconque famille. Je ne voulais pas non plus quitter Anna et Jack…enfin Jack c'était à voir, maintenant qu'il m'avait giflé. Comment avait-il osé ! Il n'avait pas le droit ! Père aurait été là, surement lui aurait-il jeté un sort cuisant ! Et Jack n'aurait rien put faire, car il n'était qu'un moldu. Il n'avait pas de pouvoirs magiques comme lui. Comme elle.
-Aly je t'en prie…ouvre.
Non je n'ouvrirais pas ! Qu'ils me laissent puisqu'ils ne pouvaient pas me garder avec eux ! Je n'avais plus de force pour me lever et lui ouvrir de toute façon. Ma colère s'était dégonflée comme un ballon de baudruche tout à l'heure sans que je ne puisse rien y faire. J'étais lasse. Lasse, mais surtout le ventre vide.
Peut-être était-ce pour cela que je n'avais put maintenir ma rage à son niveau le plus haut. J'étais à sec. Je n'avais rien mangé depuis la veille à midi. Il n'y avait pas à s'étonner. Et de toute façon, qu'aurais-je pus faire de plus que ce que j'avais déjà fait. Il n'y avait pas tant de chose que ça dans la pièce que je puisse détruire.
-Alyona, ouvre-moi sinon… je compte jusqu'à trois !
Et quoi ? Je n'ai pas peur de toi Anna ! Vas-y ! Compte ! Je n'en ai rien à faire. Tu ne peux pas rentrer. J'ai fermé la porte à clé. Et la clé est serrée dans mon poing, sous mon oreiller. Égosille-toi à compter, ça ne servira à rien, je ne me lèverais pas.
-Un !
Insolente, je répétais après elle avec une voix aigrelette qui ne laissait aucun doute quant au fait que je me moquai de sa menace.
-Deux !
Je la sentais s'impatienter devant la porte, consciente que mon attitude devait lui être insupportable. J'ébauchais sur mes lèvres, l'ombre d'un rictus, en quelque sorte ravie de pouvoir refourguer à quelqu'un un peu de ma très grande contrariété.
-Trois !
La tête dans mon oreiller, je sentais un sourire moqueur naître sur mes lèvres. Vide de joie, plein de dédain. J'étais prête à rester là toute la journée s'il le fallait !
-Je rentre !
Je m'étais mise en tailleurs, prête à m'esclaffer cyniquement quand j'entendis distinctement le mécanisme verrouillant la porte cliqueter. Non ce n'était pas possible ! J'avais bien fermé la porte à clé ! La clé encore froide dans ma main. Comment ? Comment elle pouvait réussir à l'ouvrir !
J'avais la bouche entrouverte, les sourcils froncés d'incompréhension, alors que devant moi, s'introduisait dans la pièce, un léger grincement accompagnant son entrée improbable, Anna. L'œil soucieux, d'où perçait tout de même une pointe d'exaspération, elle me fixait sans rien dire. Je balbutiais sous son regard gris perle, si semblable à celui de mère. J'étais embarrassée, profondément ennuyée, et dépitée.
-Comment as-tu fait? , bougonnais-je avec mauvaise humeur, croisant mes bras sur mon torse plat, fuyant son regard.
Sur son visage, l'ombre d'un sourire passa, alors qu'elle répondait tout simplement, levant ses mains vides devant elle.
-Magie ?
Je levais les yeux aux cieux, défiante. Ce n'était pas de la magie. Anna ne pouvait pas faire de magie. C'était maman qui me l'avait dit, qu'Anna était une cracmole. Une personne née dans une famille sorcière, mais sans pouvoirs magiques. Surement avais-je dû mal fermer la porte, voilà tout. Si elle disait ça pour m'amadouer, c'était inutile, je ne marcherais pas.
-Bien sûr, et moi je suis Morgane Lefey…répliquais-je avec morgue avant de me retourner dans mon lit, donnant ostensiblement mon dos à Anna.
Je ne voulais pas lui parler. Pas après ce que Jack avait fait. Pas après, la lettre. Pas après tout ça. Jamais quelqu'un n'avais levé la main sur moi. Père et mère ne l'auraient jamais permis. Et je n'avais jamais rien fait pour provoquer un tel acte.
Même maintenant, je ne comprenais pas quelles raisons auraient poussés Jack à faire ce qu'il avait fait…enfin, si un peu. Je l'avais traité de menteur. Et Papa aussi…Oh mon dieu, j'avais traité père de menteur ! Par merlin, faites qu'il ne m'ait pas entendu de là où il est. C'était affreux ! Soudainement, je me sentais si coupable…alors que quelques secondes plus tôt j'en voulais à la terre entière. Oh j'étais toujours fâchée contre Jack, mais j'admettais maintenant avoir fauté.
-Tu sais qu'on t'aime Aly…
Oui je savais…je faisais parfois semblant de ne pas le voir, mais c'était tellement évident. Je savais que tu m'aimais Anna. Mais aurais-je jamais la force de te le dire à haute voix ? Les mots restaient coincés dans ma gorge, nouée par une bouillie informe d'émotions contradictoires.
-Jack…il aimait ton père comme un frère…il n'a jamais voulu te faire du mal. Ce n'est pas son genre. Tentait de justifier Anna, vainement.
Car ma joue, disait autre chose. Même si elle ne me picotait plus, je devinais encore la trace de ces gros doigts d'adultes sur sa chair porcelaine. Je tiquais encore sur ce point.
-Mais il faut que tu comprennes que les choses sont très compliquées en ce moment pour nous.
Et pour moi ? J'avais perdu toute ma famille ! Et j'avais le choix entre être placée par le ministère de la magie, et partir à l'autre bout de l'Europe avec un parfait inconnu ! Alors moi aussi j'avais des problèmes. Ce n'était pas pour autant que je frappais les gens ! Moi ! Dans mon esprit, je contredisais avec mauvaise foi les paroles d'Anna. Toujours dos à elle, je ne la laissais pas voir le froncement de sourcils contrarié qui barrait mon front.
-Je m'en fiche…marmonnais-je.
J'entendis derrière moi, Anna pousser un soupir exaspéré. Et je devinais sans la voir, qu'elle pinçait l'arrête de son nez entre ses doigts. Un geste qui pour elle était devenu habituel, lorsque l'agacement pointait le bout de son nez.
-Non tu ne t'en fiche pas Alyona ! Regarde moi quand je te parle jeune fille !
Elle attrapa mon épaule et me força à me retourner pour la regarder. Je me débattais à peine, laissant mon seul regard exprimé tout le mécontentement qui m'habitait. Enfin, le mécontentement que je voulais qu'il exprime. Anna, elle, dut y lire autre chose car aussitôt après avoir croisé mes yeux d'ambre, son irritation retomba comme un soufflet. Elle garda le silence quelques secondes avant de déclarer d'une voix tremblante d'émotion.
-Tu te rappelles ce que ton père disait toujours ?
Je cessais de respirer, étranglée sous une nouvelle vague d'émotion qui me prenait à la gorge alors que je me rappelais ces mots.
-Quand nos ennemis nous attaquent de toutes parts, quand la vie nous met en difficulté…Nous devons être unis. Car au dehors, nombreux sont ceux qui nous veulent du mal et qui profiteront de chacune de nos faiblesses, de chacune de nos divisions pour faucher nos âmes... Tu te rappelles ?
J'acquiesçais piteusement.
-Mais alors pourquoi m'envoyer aussi loin de vous ?! Pleurnichais-je pitoyablement.
-Parce que tu seras plus en sécurité là-bas.
Plus en sécurité ? Mais pourquoi ? Pourquoi ? De quoi devais-je être protégée enfin !? Étais-je en danger ? Si oui personne ne m'avait prévenu. Cela devenait stressant à force. Et je commençais à craindre tout ce que pouvait impliquer le besoin qu'avaient Jack et Anna de m'envoyer loin d'eux.
-Mais pourquoi …?
Anna me coupa d'un laconique :
-S'il te plait Alyona, fais nous confiance.
Cette dernière phrase ne semblait vouloir donner lieu à aucune réplique. Elle achevait la conversation, comme pour dire, tu iras chez le cousin de ta mère un point c'est tout. Et je n'aimais pas ça. Et mon avis ? On le foulait du pied.
Certes je n'avais aucune envie d'être placée par le ministère de la magie, mais pour autant, m'exiler en Roumanie. L'URSS ne m'attirait pas plus que cela. Je ne pouvais vraiment pas rester en Angleterre ? Je me cacherais, je ferais bien attention à ne pas faire de magie accidentelle, je serais une petit fille sage, j'apprendrais même à vivre comme une moldue s'il le fallait…quoique…non. Pas sûre.
-Le 14 Mai est dans trois jours, Amaury viendra te chercher demain après-midi…donc il faut que tu commence à préparer tes bagages dès ce soir. Promis ?
Étendue amorphe, grommelant tout mon possible, Anna dut voir que je n'étais guère plus emballée qu'avant, car elle ajouta : « S'il te plait Alyona ! » qui eut pour don de me désespérer et plus encore, de m'agacer. Etait-ce si difficile à comprendre ?! Je ne voulais pas partir. Et surtout pas avec ce vieil aigri!
OoOoOoOoOoO
-Pourquoi avoir appelé Amaury…et pas un autre ? Geignait l'enfant pénible entre ses dents.
Amaury Blackfyre n'était pas exactement le cousin de sa mère qu'elle préférait. L'homme était parfois tellement désagréable, avec son visage émacié aux traits saillant, sa sombre chevelure filasse nouée en catogan, et ses yeux gris acier. La seule fois où elle lui avait parlé, c'était le jour de ses 7 ans, et l'échange n'avait pas été des plus plaisants. Elle se rappelait toujours du cadeau qu'il lui avait apporté ce jour là. Un crane de dragon. De dragonneau pour être plus précise.
L'objet en lui-même était magnifique, l'ossature de l'animal lustrée, d'un noir profond veiné de blanc. Comme brûlée par les flammes qu'il aurait crachées une fois adulte. Mais sachant que le bestiau était en quelque sorte l'emblème de sa famille, elle ne put s'empêcher de frissonner en imaginant l'homme l'écorchant de ses mains. Car qui disait crâne, disait aussi cadavre.
Et lorsqu'elle lui avait demandé, avec toute l'innocence de l'enfance, comme le petit était mort…Elle n'eut pour seule réponse qu'un sourire carnassier. Elle en frissonnait encore.
-Il est celui à qui je fais le plus confiance pour prendre soin de toi.
Confiance, ce mot semblait décidément être la source de toutes les angoisses. La gamine lâcha un rire aigre. Elle n'avait pas, mais alors pas du tout, confiance en cet homme. Mais que pesait son avis dans la balance de ces décisions d'adultes. Pas grand-chose.
Anna après être resté quelques minutes à lui caresser les cheveux en geste de réconfort, sortit finalement, après avoir été sommée de le faire par l'enfant qui retenait ses larmes à l'idée de partir. Elle claqua délicatement sa porte, la laissant alors seule, toujours plongée dans un grand trouble.
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En bas, un verre de Scotch écossais en main, Jack affalé dans l'unique fauteuil du salon, avait les yeux perdus dans la cheminé, fixes et pensifs. Dans sa tête, se rejouait sans cesse la scène qui s'était déroulé un peu plus tôt. Et la culpabilité, malgré ses efforts pour se dédouaner de toute violence exagérée, venait le titiller férocement à intervalle régulier. Il repensait à son père.
A comment toute son enfance avait été marquée par les paires de gifles et les rossées mémorables qu'il se prenait plus souvent qu'à son tour. Oh il n'avait pas toujours été un enfant modèle, mais bien souvent, les coups qu'il recevait étaient injustifiés à son sens. Devenu adulte, et après s'être mis en ménage avec Anna, il s'était jurée de ne jamais agir comme lui. Mais ce soir sa résolution était quelque peu ébranlée.
Entendant sa femme redescendre les escaliers menant à l'étage, l'homme se redressa vivement, le regard troublé.
-Comment elle va ?
La question était certainement très bête, mais il ne s'en souciait guère. Dedans il englobait toutes les questions qu'il avait sur le cœur. Il adorait cette gamine. Et regrettait vraiment de devoir s'en séparer. Elle était la fille de son meilleur ami. Il la considérait comme sa propre fille. Espiègle, vive, et d'une gentillesse incroyable, il détestait la voir dans l'état où elle était actuellement. Il préférait mille fois les moments où elle l'asticotait, le taquinant sur ses légers travers, faisant preuves de plus d'esprit que la plupart des petites filles du quartier au même âge.
-Devine…
Lâcha d'une voix revêche Anna qui restait à bonne distance du fauteuil, demeurait toujours remontée contre lui.
-Anna je t'en prie, tu sais bien que je ne l'ai jamais voulu.
-Va essayer de lui faire comprendre ça.
Soupirant lourdement, l'homme acheva d'une traite son verre d'alcool, le breuvage lui brûlant la gorge. Il n'était pas un alcoolique, mais s'avouait volontiers un petit penchant pour ces boissons originaire de sa région natale, lorsque les choses devenaient compliquées. Il plana alors entre les deux adultes un silence gêné.
-Mais tu es vraiment sûre qu'on ne peut pas la garder avec nous chérie ?
Tournant vers son homme un regard gris se voulant implacable –mais où résidait tout de même une lueur de peine- la belle brune chassa d'un geste de la main cette idée.
-Je t'ai déjà expliqué pourquoi elle ne peut pas rester ici.
Devant le ton sans réplique de sa femme, il n'insista pas. Ils en avaient déjà discuté. Et de ce qu'il avait compris, l'enfant seraient en danger si elle restait à Londres avec eux, les mettant ainsi dans l'obligation de l'envoyer vivre loin. Il y avait des gens qui donneraient cher pour mettre la main sur elle semblait-il. En même temps, avec des parents comme les siens…
Les Blackfyre, d'après sa femme, étaient des gens importants. De noble lignage et dont la généalogie remontait au moins jusqu'au Moyen Age. Sa part d'héritage avait donc de quoi faire nombre d'envieux. Encore qu'il ignora tout du monde d'où ils venaient, Anna les ayant présentés comme des moldus friqués, Jack ayant toujours considéré Orion Blackfyre comme son meilleur ami. Quelle méprise. Heureuse ou malheureuse ? Cela restait à examiner.
-Et tu pense qu'Amaury pourra s'en occuper comme nous, avec autant d'attention ? La dernière fois que nous l'avons croisé, il ne m'avait pas l'air d'aimer beaucoup les enfants…Enfin Anna ! Nous étions en passe de devenir comme une famille de substitution pour elle…et ce changement de…d'approche…risque surement de lui faire un choc…
Voilà maintenant qu'il se préoccupait des méthodes du fameux cousin. Il ne semblait pas si précautionneux plus tôt. Il avait voulu jouer au dur, mais avait pitoyablement perdu le contrôle, redescendant à un niveau d'estime plus bas auprès de son épouse.
-C'est une Blackfyre, elle lui survivra…
Elle marmonna dans son esprit.
*…il a intérêt.*
