Chapitre 1 - Un coeur préoccupé
Personne ne leur posa la question. Ils n'en n'avait pas besoin. Chacun supposait juste que Ron et Hermione étaient ensemble. Ou alors, qu'ils le seraient bientôt. Tout le monde savait qu'ils étaient amoureux; c'était juste une question de temps avant qu'ils ne se l'avouent. Mais aprés six ans et demi d'amitié, le temps des confessions n'arrivait toujours pas.
En fait, rien n'avait vraiment changé entre les deux amis. Ils continuaient à se traiter l'un l'autre exactement comme ils l'avaient fait pendant des années: en amis. Chacun montrait des signes de jalousie lorsqu'ils voyaient l'autre s'intéresser à quelqu'un d'autre, mais c'était tout. Les cadeaux de Noël qu'ils s'offraient étaient également devenus légèrement plus significatifs au fil des années, mais ils n'avaient jamais parlé d'amour.
Ron et Hermione étaient meilleurs amis, et en dehors de Harry et Ginny, ils étaient les seuls vrais amis que l'autre avait. Chacun avait décidé de son côté qu'une relation plus avancée était trop risquée, et que leur amitié était trop importante. Harry fit de son mieux pour convaincre ses amis qu'ils avaient besoin de faire quelque chose à propos de leur sentiments l'un pour l'autre, mais ils ne bougèrent pas. Ni l'un ni l'autre n'estimait que de la romance devait compromettre ce qu'ils avaient déjà. Cela resta donc platonique, en dépit de leur souffrance de ne pas être avec l'autre.
Hermione se réveilla au crépuscule, incapable de respirer par le nez. Sa bouche était si sèche d'être ouverte qu'elle avait l'impression de se retrouver en plein désert; sa langue était rugueuse et gercée. Elle dressa l'oreille pour distinguer des bruits dans la maison, mais n'en entendit aucun. La chambre qu'elle partageait avec Ginny, de même que le reste du Square Grimmaud, était complétement silencieuse. Tout le monde était couché et dormait paisiblement. Tout le monde sauf elle, évidemment.
Elle se leva doucement, sentant l'assaut du froid sur son corps alors que ses couvertures retombaient sur le lit. Le plancher craqua légèrement lorsque qu'elle se dirigea discrétement vers la salle de bain. La lumière aveuglante assailli ses yeux, et elle les ferma à moitié le temps de s'habituer. Hermione observa fixement son visage dans le miroir et remarqua deux yeux incroyablement boursouflés. Elle avait encore pleuré dans son sommeil.
Elle tourna le robinet et laissa le filet d'eau froide emplir ses mains en coupe; puis elle respira profondément et éclaboussa son visage. Elle trempa de nouveau ses mains dans l'eau fraîche et frotta la base de son cou. Je dois arrêter ça, merde! Pourquoi est-ce que je ne peux plus dormir la nuit?
Mais elle connaissait déjà la réponse à cette question: c'était Ron. Ron était la raison pour laquelle elle ne pouvait plus dormir, la raison qui faisait qu'elle se réveillait chaque matin plus fatiguée qu'elle ne l'était la veille. Ca la tuait d'être toujours avec Ron, mais de ne pas être capable d'être avec lui. Il était seulement à deux chambre de là, mais il lui semblait qu'i se trouvait à des kilomètres.
Dans son esprit, elle savait que c'était pour le mieux, spécialement avec la guerre qui faisait rage. Il y avait des choses plus graves sur lesquelles se concentrer. La guerre était la raison qui les avait tous conduit au Square Grimmaud pour les vacances de Noël. Normallement, Hermione aurait dû être chez elle avec ses parents, mais cette année Dumbledore avait voulu tous les avoir sous la protection de l'Ordre. Les choses allaient en empirant. Et pour ajouter au stress de la montée de pouvir de Voldemort, c'était bientôt Noël, et les parents d'Hermione lui manquaient. Et Ron lui manquait.
Hermione se sécha avec une serviette et passa son peignoir. Elle pria pour que Mme Weasley ne se réveille pas et ne voit pas ce qu'elle prendra en bas; elle détestait désobéir aux règles. (En fait, c'était plus la peur d'être attrapé que le fait de désobéir qui la dérangeait.) La théière dans la cuisine faisait normalement un bruit terrible, mais Hermione était devenue très bonne en sort de silence durant ses sorties nocturnes.
Elle s'assit à la table pour attendre, buvant tasse de thé sur tasse de thé. La boursouflure de ses yeux s'était résorbée, maintenant remplacée par des cernes noires. Hermione ne remarqua pas l'entrée de Mr Weasley dans la pièce.
"Encore une mauvaise nuit Hermione?" Arthur Weasley était un homme attentif aux autres, et lui rappelait souvent son propre père. Il savait qu'elle avait souvent du mal à dormir, et avait deviné que ça avait sûrement rapport avec le plus jeune de ses fils. Elle n'avait pourtant jamais donné aucun renseignement là dessus.
"Oui, en fait... Je suppose que je réfléchis ce qu'il se passe avec l'Ordre, et la guerre... Je m'inquiète, c'est tout," répondit-elle faiblement.
Il posa sa main sur son épaule pour la réconforter.
"Effectivement, nous sommes tous inquiets Hermione. Plus tard, tu t'apercevras que se faire du souci pour quelque chose est souvent plus douloureux que la chose en elle-même, que ce soit une guerre... ou autre chose."
"Merci, Mr Weasley, mais il n'y a rien d'autre..."
"Parfois lorsque je suis triste ou inquiet à propos de quelque chose, je me sens mieux aprés en avoir parlé à quelqu'un." Mr Weasley fit une pause, mais Hermione ne répondit pas.
"Bien. Je doit aller travailler. Passe une bonne journée." Il se dirigea vers la porte.
Bill, Charlie et Mme Weasley entrèrent dans la cuisine, juste au moment où la conversation se terminait.
"Tu nous quittes déjà papa?" demanda Charlie.
"Salut les garçons. Je serais de retour aprés le travail. Au revoir Molly, ma douce." Il l'embrassa et parti.
Mme Weasley interrogea immédiatement Hermione pour savoir ce qu'elle faisait debout à une telle heure; Bill prit sur lui pour faire figure de père et aida sa mère. Hermione ne voulait vraiment pas répondre à toutes ces questions, et fit de son mieux pour répondre sans donner d'informations importantes. Elle fut reconnaissante envers Charlie qui avait pris un siège face à elle, car il fut le seul à ne lui poser aucune question. Elle était légèrement mal à l'aise face à lui mais contente en même temps, car il lui permettait de faire ce qu'elle voulait: s'assoir et se taire.
"...Et regarde ces cernes sous tes yeux! Par Merlin, ma fille! Tu vas retourner au lit à l'instant!" Mme Weasley secoua sa spatule vers Hermione, faisant tomber quelques morceaux d'oeufs sur le sol.
"D'accord." Hermione ne répliqua pas, puisqu'elle était plutôt contente de quitter la pièce.
Les Weasley faisaient de leur mieux, mais parfois leurs questions étaient plus ennuyeuses qu'utiles. Elle fit un petit sourire à Charlie, en remerciement pour son comportement.
Son lit était froid. Elle se recouvrit de toutes ses couvertures et protégea ses yeux du soleil qui n'allait plus tarder à envahir sa chambre. Avant même qu'elle n'ait eu le temps de penser à Ron, le sommeil l'envahit.
