Salut salut et me voici pour une nouvelle fic (oui, j'en commence une nouvelle alors que j'avance avec la lenteur d'une tortue sur les autres – me demandez pas). C'est un petit dramione sur fond de drame politique et diplomatique. J'ai un plan et une idée générale, on verra ce que ça donne. Pas de promesses pour le rythme des chapitres, je sais que ça ne servirait à rien.
Bonne lecture !
Chapitre 1. Introduction en relations magiques internationales
Hermione Granger regarda sa montre et décida qu'elle n'avait pas le temps de se maquiller. Elle devait transplaner – maintenant.
Son arrivée précipitée fut remarquée par quelques sorciers quinquagénaires qui lui lancèrent un regard dédaigneux. La jeune femme haussa les épaules et parcourut les couloirs du ministère à la hâte, regrettant d'avoir choisi un déodorant moldu. L'entrevue la plus importante de sa vie se profilait et elle n'avait même pas pensé à utiliser un sort antiperspirant sur ses vêtements – qu'elle pouvait être tête de linotte !
Le bureau du directeur du département en coopération magique internationale ne devait plus être bien loin, songea-t-elle en prenant soin de consulter sa carte animée rapidement. Le petit point à son nom lui indiquait qu'elle devait se trouver à quelques pas. Elle jeta un coup d'œil à sa montre et soupira de soulagement. Elle avait trois minutes d'avance, grâce à Merlin ! Tout n'était pas encore perdu.
Rattachant son chignon et regagnant sa composition, elle s'avança calmement et frappa à la porte.
- Entrez, répondit la voix grinçante de Mr Abbott, directeur du département depuis la tombée de Voldemort.
Hermione fit son entrée, un sourire professionnel collé aux lèvres. Elle voulut se présenter mais Mr Abbott lui fit signe de s'asseoir sans même lui jeter un regard. Pendant un instant, la sorcière fraîchement diplômée se demanda si ce petit homme trapu avait seulement idée de qui elle était – mais elle se ressaisit, refusant de laisser son ego parler à sa place.
A quelques mois de sa remise de diplôme, un des professeurs d'Hermione lui avait recommandé de travailler avec un expert en recherche d'emplois pour se préparant à ses futurs entretiens d'embauche. Elle avait longtemps rechigné à cette idée, refusant d'admettre qu'elle comblait un grand manque de confiance en elle par l'utilisation de son statut d'héroïne de guerre et une fierté mal placée. Elle avait finalement accepté lorsqu'elle avait compris que sa carrière était en jeu et que ses ambitions étaient bien trop grandes pour qu'elle fasse preuve d'ego et de mauvaise foi.
- Bonjour, Mlle Granger, dit soudain Mr Abbott, interrompant la jeune femme dans ses rêveries.
- Bonjour Mr Abbott, c'est un honneur de vous rencontrer, répondit-elle en tendant la main.
Il la lui serra du bout des doigts, avant de sortir un long parchemin d'un tiroir de son bureau. Hermione le reconnut immédiatement – c'était son curriculum vitae, complété quelques mois plus tôt, à l'issue de la fin de sa maîtrise.
- Bien, Mlle Granger, je serai bref. Au vu de votre expérience passée, de votre statut de major de promo et de la qualité des diplômes que vous avez, je serais bête de vous refuser cet emploi. Toutefois, j'ai quand même quelques questions à vous poser.
La sorcière hocha la tête, prête à répondre.
- Qu'espérez-vous obtenir avec cet emploi ? Vers quoi voulez-vous évoluer ? Vous êtes ambitieuse, accomplie, je me doute que vous ne souhaitez pas rester une simple employée dans ce département, observa le directeur.
- A vrai dire, mon intérêt premier est d'être assignée à un poste qui me plaît. J'ai postulé pour faire partie de l'équipe légale de ce département en espérant, un jour, peut-être, en être à la tête. Pour le moment, cependant, je serais juste ravie d'y travailler en ma qualité d'avocate, répondit-elle avec assurance.
Abbott hocha la tête d'un air pensif.
- Très bien, très bien. Laissez-moi vous expliquer en quoi consistera votre travail. Vous serez principalement responsable des dossiers concernant les affaires de trafic internationaux. Maître Banister, votre supérieure, vous informera plus amplement de la position qu'il vous faudra prendre et de l'image que vous devez donner à l'étranger. Mlle Granger, j'ai besoin que vous compreniez ceci : vous ne serez pas juste avocate. Vous serez un symbole international de la communauté magique du Royaume-Uni à l'étranger. Votre réputation vous précède, évidemment, mais cette responsabilité repose tout de même sur vos épaules – soyez-en consciente dès à présent, énuméra-t-il en la regardant par-dessus ses lunettes.
- Oui, je comprends tout à fait. Je tâcherai de faire de mon mieux.
- Bien, répondit-il. Je transmettrai votre contrat de travail à ma secrétaire, vous pourrez passer le signer cet après-midi, dès 15h. Et cette fois, soyez ponctuelle, ajouta-t-il en esquissant un rictus.
Hermione rougit – décidément, il était aussi perspicace que Dumbledore. Elle attrapa son porte-documents et quitta le bureau sans un mot, le directeur du département étant à nouveau absorbé par la paperasse sur son bureau.
Une fois sortie du Ministère, elle décida d'envoyer un Patronus à Harry, Ron et Ginny pour leur proposer de célébrer autour d'un déjeuner aux Trois Balais. Ils allaient sûrement se moquer gentiment d'elle, comme ils l'avaient fait lors des cinq dernières années. Harry et Ron, notamment, avaient accepté de travailler pour le Ministère à peine avaient-ils quitté Poudlard – Hermione était la seule à avoir fait le choix de poursuivre des études, persuadée qu'une éducation lui serait nécessaire qu'importe ce qu'elle avait accompli pendant ses années à l'école de sorcellerie. Elle avait choisi d'étudier à l'Université de Sorcellerie de Londres, où elle avait poursuivi une double licence et une double maîtrise en coopération et droit magiques. Le Ministère lui avait offert une bourse complète, et elle avait obtenu son diplôme en mai dernier.
Harry fut le premier et le seul à répondre, confirmant qu'il la rejoindrait à 13h aux Trois Balais et qu'il viendrait avec Ron – il doutait toutefois que Ginny puisse se joindre à eux, étant donné qu'elle avait un entraînement jusqu'à 18h. Ayant quelques heures à tuer avant de les retrouver, Hermione décida de flâner sur le Chemin de Traverse. Elle acheta une glace à la mélasse chez Florian Fortarôme et prit place sur la terrasse afin de lire la dernière publication de la Revue Diplomagique, une revue de presse spécialisée en analyse de relations internationales magiques et des enjeux que présentait la magie de noire d'un point de vue politique.
Cinq ans après la guerre : la montée discrète du fascisme dans le monde sorcier
Ophelia Atkins
L'existence d'un fascisme sorcier est encore aujourd'hui considérée comme l'apanage du Royaume-Uni, où la grande guerre a fait des ravages jusqu'au mois de mai 1997. Il serait répréhensible, toutefois, de regarder l'arrivée de cette guerre par un prisme individualiste, centré sur Voldemort, occultant ainsi toute réflexion analytique autour de la construction sociale et politique de la dichotomie entre né-moldus et sang-pur. Je propose dans cet article de considérer l'histoire occidentale du monde sorcier et d'en interroger les mécanismes socio-politiques, qui ont permis l'arrivée de chefs de file fascistes comme Voldemort – celui-ci n'étant que l'exemple le plus récent.
L'Italie, grande oubliée dans les récits historiques, a pourtant elle aussi récolté son lot d'hommes politiques fascistes, visant à restaurer la pureté du sang, aussi bien dans le monde sorcier que moldu. L'Italie présente même une caractéristique unique – la montée de son dernier leader sorcier fasciste en date, Giuseppe Bianchi, s'est faite au même moment que l'arrivée au pouvoir de son leader fasciste moldu, Benito Mussolini. Bien que Bianchi ne fût pas aussi sanglant que Voldemort, ni aussi mégalomane, il avait acquis une base de suiveurs assez importante, qui lui a valu le titre de Dictateur Modéré – un non-sens, certainement, mais qui n'est pas sans révéler la position qu'il avait acquise au sein du monde magique italien.
Le dénombrement des victimes n'est pas sans intérêt, mais il n'apporte rien de pertinent à mon analyse, qui se veut idéologique plutôt que statistique. Si on occulte le nombre de victimes, on constate que la montée en puissance des fascistes sorciers n'est pas un mythe, mais un phénomène global, principalement concentré dans la région ouest du monde. Avant Voldemort, le Royaume-Uni avait eu Grindelwald, dont le projet, bien qu'il fût différent par de nombreux aspects à celui de Voldemort, reposait sur les mêmes fondements et les mêmes mécanismes.
Qu'en est-il, cependant, d'aujourd'hui ? Voldemort est mort, vive Voldemort, pourrait-on dire. Que le sorcier mégalomane le plus sanglant de l'histoire des sorciers soit détruit est certes une nouvelle à accueillir à bras ouverts. Cependant, il est nécessaire de constater qu'aux Etats-Unis et en France, les idées présentées par Voldemort et ses prédécesseurs montrent un intérêt renouvelé parmi certains citoyens sorciers – trop, pour ainsi dire. Alors même que le monde moldu montre des divisions de plus en plus profondes au sein de ses populations – sur les questions d'ordre identitaire notamment – le monde sorcier tente de panser ses blessures et de se persuader qu'il est allé de l'avant et qu'il s'est débarrassé de l'élitisme et du purisme manifestes de ses traditions. Il serait naïf de croire que la mort d'un homme aurait suffi à faire taire à jamais des idéologies qui sont ancrées depuis des siècles dans notre système. Au-delà de la division entre sang-pur et nés-moldus, la classe sorcière a longtemps opprimé (et continue de le faire !) bon nombre de créatures magiques, terriennes comme marines. Il est de notre devoir d'observer avec vigilance les systèmes institutionnels qui gardent en marge de la société sorcière nombre de personnes et de créatures. Le fascisme sorcier n'est pas mort – seul Voldemort l'est.
Pensive, Hermione reposa la revue sur la table. Si ses études lui avaient bien appris une chose, c'était que la victoire de 1997 n'était pas un fait accompli, et que les cours d'histoire de la magie présenté dans les écoles oubliaient beaucoup de détails et de réalités. Elle termina son cornet de glace et secoua la tête – elle aurait bien le temps de réfléchir à tout ça quand elle commencerait à travailler. Pour le moment, elle souhaitait célébrer et se faire plaisir. Elle se dirigea naturellement vers Fleury & Botts, en quête d'un nouveau roman à se mettre sous la dent. Elle parcourut les étagères sans parvenir à se décider, oubliant même l'heure qui se défilait. A 13h02, elle réalisa qu'elle aurait déjà dû être à Pré-au-Lard et transplana directement aux Trois Balais, faisant sursauter Mme Rosmerta, qui lui jeta un regard mécontent.
- T'es en retard ! la taquina Harry, un sourire amusé au coin de ses lèvres.
Elle lâcha un petit rire gêné, omettant volontairement de leur dire qu'elle avait perdu toute notion du temps encore et toujours à cause de son amour des livres. Elle se contenta de prendre place, et vit que Ron était déjà enfoncé jusqu'aux coudes dans une assiettes d'ailes de poulet. Il la salua d'un grognement, trop occupé à manger pour faire une remarque au sujet de son retard. La jeune sorcière secoua la tête et héla Mme Rosmerta pour commander une bièraubeurre. Elle attendit d'avoir bu quelques gorgées avant d'annoncer sa nouvelle.
- J'ai eu le job au département de coopération magique ! dit-elle avec entrain.
Harry et Ron s'échangèrent un regard amusé avant de feindre la surprise. « Ooooh, vraiment ? » demandèrent-ils en cœur, Ron manquant de s'étouffer en avalant trop vite son poulet. Hermione voulut s'offusquer, mais en vérité, cet entretien d'embauche avait été presque trop simple. A peine était-elle entrée qu'elle avait déjà eu l'emploi. Leur surprise feinte était donc tout à fait appropriée – même si leurs moqueries continuaient de la titiller.
Le déjeuner terminé, ils rejoignirent tous les trois le Ministère – Harry et Ron pour y travailler, Hermione pour y signer son contrat de travail. Elle fut accueillie par la secrétaire d'Abbott, une petite femme menue dont le visage formait presque un bec. Ses manières étaient très sèches et calculées, presque robotiques. Elle remit à Hermione le contrat, une plume et un encrier, le tout sans prononcer un mot. La sorcière frissonna, repensant à l'article qu'elle avait lu plus tôt dans la journée. Elle chassa cette pensée, signa le contrat et rentra chez elle se reposer. Elle s'était dégoté un appartement au sud de Londres, dans une petite communauté de nés-moldus nichée derrière un cul-de-sac. Ce quartier présentait l'avantage de s'être adapté à la technologie moldue, qui lui avait beaucoup manqué lors de ses années Poudlard.
Hermione Granger travaillait depuis une semaine au Ministère. Son travail lui plaisait beaucoup – il lui permettait d'avoir constamment le nez dans ses bouquins, de voir Harry et Ron régulièrement, et de défendre les plus opprimés, une activité qui lui tenait à cœur depuis toujours. Son dernier dossier en date concernait un enfant sorcier enlevé à ses parents et envoyé en Allemagne pour être vendu à un culte moldu qui souhaitait prouver l'existence des sorciers. Elle allait défendre les parents lors du procès et souhaitait leur obtenir le plus de compensation possible. Le problème, malheureusement, c'est que ce cas devait se présenter face aux moldus, et que demander l'extradition des membres du culte alors qu'elle travaillait pour une institution qui n'était pas reconnue officiellement par les institutions non-magiques n'était pas chose simple. Elle avait encore une dizaine de formulaires à remplir pour obtenir l'autorisation de travailler en coopération avec des juges moldus sous l'influence d'une potion d'illusion.
En ce lundi matin, elle s'assit à son bureau en poussant un long soupir, ennuyée à l'idée de devoir faire de la paperasse toute la journée. Ce n'était certainement pas l'aspect le plus excitant de sa profession, mais c'était néanmoins nécessaire. Elle posa son café, retira son manteau et trempa sa plume dans l'encre, voulant terminer le plus rapidement possible. A peine eut-elle commencé qu'un Patronus apparut dans son bureau.
« Granger, c'est Zabini. Drago a besoin d'aide et il n'y a que toi qui puisses faire quoi que ce soit. Viens à Rome dès que tu le peux, je t'expliquerai tout. Je te retrouverai devant la chapelle Sixtine. Merci de confirmer ta venue par Patronus. »
Eberluée, Hermione mit un moment à comprendre ce qui venait de se passer. Recherché par le Magenmagot, Malefoy était en fuite depuis la fin de la guerre. Personne ne l'avait vu en plus de cinq ans. Prenant une inspiration profonde, la jeune femme répondit au Patronus de Blaise Zabini, lui donnant rendez-vous le soir même à 19h.
J'espère que ça vous a plu, et merci de me laisser une review si possible !
