Une sensation.
Pas un sentiment, pas une parole, une sensation.
Quelque chose que l'on ressent au plus profond de soi, car justement c'est au plus profond de soi.
Quelque chose réunissant l'esprit et le corps, dans une danse effrénée et incontrôlable. Incontrôlable, car on ne peut réellement contrôler les autres, et c'est justement de cet autre là dont vient « la » sensation.
Une chose surprit et déstabilisa l'auteur de ses pensées. Il partageait des choses, « ces » choses, « ces » sensations, « ces » choses qui semblent si pures, ou si ce n'est pures, profondes, avec un être qu'il connaissait à peine, qu'il ne connaissait pas. Toutes les idées reçues sur ces actes n'étaient finalement que des idées reçues, et il se surprit à penser que ce n'était pas plus mal.
Il ne se réserverait pas pour le grand amour. Sa première fois serait inoubliable, les gémissements qui sortaient de sa bouche à cet instant le qualifiaient, mais ce ne serait pas à la personne inoubliable qu'il avait imaginé qu'il se donnerait.
Il savait pourquoi il était maintenant dans les bras de cet homme, à cet endroit, à ce moment. Parce qu'il savait que c'était « le » moment, « l' »homme qui rendait envisageable et vivante cette histoire. Même s'il le détestait, même s'il le désirait, même s'il l'aimait, à n'en plus savoir ce qu'était vraiment l'amour ni la haine. Ce qu'il ressentait était au dessus de l'amour, au dessus de la haine. Une sensation…
Car s'il se laissait posséder à cet instant, c'était que les événements avaient fini par dépasser son esprit, ne laissant plus que des sentiments bouleversés, des pensées confuses.
Il avait depuis longtemps arrêté de penser, son amant magnant trop bien son corps pour lui laisser cette possibilité.
La sensation finit par s'évanouir, et la chute fut rude.
L'illusion qui avait plané pendant ces merveilleux instants était retombée, et la réalité s'imposa très rapidement. Les sentiments qu'il avait ressenti pendant cet acte, de l'amour lui avait-il semblé, était confronté à la brutalité et à la cruauté de son amant. Il savait qui il était avant de coucher avec lui, pourtant, il avait espéré que l'amant doux et attentionné prendrait le pas sur son ennemi redoutable et sournois. Après avoir rapidement s'être revêtu, l'homme qui l'avait aimé sur ce lit, quitta la chambre encore imprégnée de cette atmosphère de passion qu'ils avaient partagée tous les deux, sans une parole, sans un regard.
Ecoeuré, l'adolescent de 17 ans, qui avait vécu tant de choses déjà, s'installa à la fenêtre et surmonta la déception qui suivit ce moment intense. La tension de ces instants tomba en même temps que son désespoir.
Au cœur de la nuit, Harry Potter pleurait.
