Bien le bonjoir les gens! En ces tristes jours, je viens vous enfoncer un peu plus en publiant cette fic. 8D
Ce sera une fic à chapitres que je compte mener jusqu'au bout cette fois. u_u T'façon j'ai déjà toute l'histoire en tête, il faut juste que mon emploi du temps me permettre d'écrire la fin. :')
Bon, que dire d'autre? Ah oui! En dehors de cette fic, il y aura sans doute un recueil d'OS qui va voir le jour sur ce fandom, un peu dans le même principe que "Une bande d'infirmes".
Bref, je vous laisse lire, on se retrouve en bas! :)


J'ouvre un œil paresseux sur le plafond au plâtre blanc où dansent quelques lumières. Elles percent courageusement l'obscurité de ce que je perçois comme étant le milieu de la nuit.

Dès que mes deux paupières sont ouvertes, la nausée me prend en me tordant les tripes tandis que mes organes flottent dans une brume angoissante qui entraîne la bile jusqu'au bord de mes lèvres. Je les soude pour empêcher le filet de les passer et rejette la couette sur l'ombre qui ondule en de paisibles respirations à mes côtés. Je jette mes pieds à terre en me pliant en deux par soubresauts. Je vacille jusqu'à la porte, appuie malhabilement sur la clenche, gratifiant d'un dernier coup d'œil les divers vêtements qui couvrent la moquette impeccable puis me ravise au dernier moment pour m'emparer d'un t-shirt que j'enfile en tremblant. Je trimballe difficilement ma presque nudité à travers les couloirs inconnus, déverrouillant avec empressement toutes les portes possibles en quête de la salle de bain.

La porte à l'opposé des escaliers me révèle une petite pièce aux tons beiges dans laquelle je me précipite avec un semblant de soulagement. Je me jette et me plie sur la cuvette pour y laisser échapper le jet brûlant et acide qui empoisonnait ma langue. L'air frais qui heurte ma peau moite me fait longuement frissonner par salves et je ferme les yeux.

Je sens presque de nouveau les mains de mon partenaire glisser le long de mon dos et son torse chercher le mien pour mêler nos sueurs de cette course haletante au plaisir.
Une autre remontée me force à me repencher sur les toilettes.

Lorsque ça passe, j'essaie d'inspirer à fond pour me calmer. Peine perdue.
Je me revois pilonner sauvagement et sans passion le jeune homme que j'éloignais le plus possible du creux de mes bras.
Ce plaisir égoïste que je cherchais simplement à me procurer le plus vite possible pour tenter d'éloigner de mes pensées mon mal-être, m'ouvrir quelques instants au bonheur de la vie avant de m'enfermer de nouveau dans la tristesse du monde que j'accueille en mon sein.
Un haut-le-cœur me traverse violemment et ma tête claque contre la céramique.

Vacillant, je me relève malgré tout et actionne sans trop y penser le mécanisme des toilettes.

Je me rince sommairement la bouche avec une eau glacée qui m'anesthésie presque les lèvres et la langue. De mes mains tremblantes, je m'en passe un peu sur le visage, évitant soigneusement de croiser le reflet de mes yeux dans le miroir qui me fait face.

Ma respiration se calme peu à peu et le silence que j'ai troublé revient tranquillement dans l'appartement.

-Ca va pas ?

A peine un chuchotement. Je sursaute et me courbe pour éviter la main compatissante qui épouse mon omoplate.

-Si, ça va.

Ma voix tranchante arrache un soupir désolé au jeune homme derrière moi.

-Tu veux qu'on parle ?

-Et toi, tu veux pas me foutre la paix ? , répliqué-je aussi sec.

Il plante ses ongles dans ma chair, je me relève maladroitement en lançant au hasard mon poing furieux. Il heurte brusquement quelque chose. Après rapide analyse, je constate que ce sont ses lèvres. L'autre accuse le coup.

-Regarde-moi !, gronde-t-il.

Je me retourne d'un seul coup pour lui faire face et le découvrir presque pour la première fois. Nous nous affrontons du regard alors que du coin de l'œil, j'étudie son torse finement dessiné qui se soulève anarchiquement sous le coup de la douleur. Sa peau pâle luit doucement à la blancheur du néon qui éclaire la petite pièce.
Je glisse mon regard de ses yeux presque gris au sang qui dégouline lentement sur son fin menton et déglutis difficilement. Le désir me prend de nouveau les tripes et ma respiration perd son cours normal. Nous ne disons rien mais j'entends son souffle s'intensifier lui aussi. Un sourire écorne le coin de ses lèvres et le liquide pourpre s'accumule dans une fossette avant de couler. Je me pince légèrement les lèvres avant de les lécher.

-Arrête ça. , m'intime-t-il d'une voix pressée.

-Arrêter quoi ?

-Ca.

Mutin, il sort un petit bout de langue pour lentement récolter un peu de sang en me regardant droit dans les yeux.

Je ne réagis pas. Pas immédiatement. J'attends. J'attends que l'envie monte un peu plus. Je fixe ses yeux étincelants, sa langue, ses lèvres et une bouffée de chaleur me prend. Je suis mon élan et agrippe sa taille d'une main ferme, l'autre prenant possession de son menton pour le forcer à s'approcher de moi. Je plaque ma bouche à la sienne pour un baisé excitant et excité, mêlant bave et sang. Je me délecte de ce mélange en quelques longs grognements. Il geint avec passion quand j'insinue le bout rosée de ma langue dans sa plaie ouverte. Le goût ferré de son sang empli âcrement nos papilles, nous enivrent aussi bien que nos mains qui explorent la peau de l'autre.

Dans cet abandon auquel je me livre, je me hais.

Je sais bien que c'est la solution de facilité et pourtant je m'y plonge avec lâcheté. J'ai toujours fonctionné comme ça. Me fondre dans l'abîme des sens pour me soustraire à ma souffrance.

Je ne comprends pas pourquoi je ne suis pas parti un peu plus tôt.
J'aurais dû, je le fais d'habitude. Je m'éclipse au petit matin et j'ère dans les rues jusqu'à ce que le sommeil me gagne complètement et que je me laisse aller dans les entrailles d'une ruelle. Et pourtant, aujourd'hui, ça ne m'a même pas frôlé l'esprit.

Je me tourne vers le corps frêle caché sous la couette à mes côtés. Je regarde son visage et je pense que je pourrais y trouver une certaine beauté. Quelque chose me fascine totalement chez cet homme. Je ne comprends pas quoi mais je sais que c'est ce qui m'a poussé à céder à une nouvelle étreinte et surtout, à rester chez lui. Je ne connais pas son nom et pourtant, dans ses bras, j'ai réussi à oublier le mien.
Soulagement et bonheur immense, quelques instants. Etrangement, ça faisait longtemps que je n'avais pas réellement éprouvé ça. Je pourrais presque me sentir en confiance avec lui. Presque.

Je m'habille en silence en observant le minois détendu de cet homme que je ne connais pas, appréciant la différence avec ses traits crispés de jouissance d'il y a quelques heures. Je me rassois sur le bord du lit et glisse une cigarette entre mes lèvres et alors que je cherche mon briquet, mes doigts rencontrent mon mp3 et mes écouteurs. Je les installe au creux de mes oreilles et lance la première musique dont le titre me passe par la tête.
Après quelques instants, une petite flamme danse devant mes yeux et j'inspire le plus possible de fumée empoisonnée.

J'expire.

Je me sens sale.
Mes vêtements que je n'ai pas pu changer depuis la dernière fois que je suis passé chez moi, il y a deux jours. La sueur et celle de mon partenaire nocturne qui rend ma peau collante. Tachée de différents fluides corporels. De honte.
J'hausse les épaules. Après tout, j'ai toujours fait avec. Je pourrais sans doute aller prendre une douche tout à l'heure, chez moi.
Mais il y a des choses dont on ne peut pas se débarrasser…

Je soupire.

Un corps se plaque contre mon dos et deux bras m'enlacent doucement, avec tendresse. Une bouche m'enlève l'un de mes écouteurs avant de me susurrer :

-Tu comptes partir ?

J'exhale une autre bouffée de tabac.

-J'en sais rien. , soufflé-je de ma voix grave. Il faudrait que j'y aille, oui.

Ca n'a aucun sens. Cette situation n'a aucun sens. Cette discussion non plus. Deux personnes qui se sont inconnues, qui ont couché ensemble sans connaître le prénom de l'autre, qui se parlent au petit matin comme un couple. Ca ne veut rien dire.
Pourtant, je m'abandonne à la chaleur douce du jeune homme derrière moi. Je l'absorbe sans gêne, comme un dû. Un réconfort régénérateur. J'en ai besoin.

-Je dois partir.

-Je comprends.

On se regarde sans rien dire, sereins. Au bout d'un moment, je me lève et me dirige instinctivement vers les escaliers puis la porte d'entrée. Le propriétaire de l'appartement qui m'a suivi tourne les clés pour me déverrouiller la porte. Je sors, prêt à vagabonder dans les rues à la recherche d'un nouveau partenaire, d'une nouvelle distraction mais sans savoir pourquoi, je me ravise. Je me retourne. Sur le pas de la porte, il m'observe toujours avec attention. Je me sens obligé de grommeler :

-C'était sympa.

-Ouais carrément. , sourit-il d'un air détaché qui me donne l'impression d'être idiot.

Son air nonchalant me déplaît. J'ouvre le premier bouton de ma chemise noire avec un sourire goguenard. Son sourire assuré fond aussitôt et il rougit puis bafouille :

-On… On va se revoir ?

Dans sa fébrilité inquiète de gars dépendant aux relations charnelles, je me reconnais malgré moi. Sans que je m'en rende compte, je le considère presque tendrement. Je réponds simplement :

-Je sais où te trouver en tout cas.

C'est faux. Je ne sais pas où on est, je ne reviendrais jamais mais il hoche la tête. Alors je tourne les talons, je pars me replonger dans la ville taciturne, miroir de mon âme. A la sortie de l'immeuble, le soleil s'extirpe de l'aube en déployant quelques rayons déjà brûlants.

J'attrape mon paquet de clopes en soupirant. Mes doigts rencontrent du vide.
Et j'ai oublié de voler ma proie de cette nuit, j'ai pas un rond en poche.

Putain de journée.


Alors, que pensez-vous de ce début? Qui est qui? N'hésitez pas à me dire ce que vous pensez de tout ça. :)
A la prochaine! :)