Et voilà un nouveau texte, plus court cette fois, qui parle cette fois-ci d'harcèlement scolaire. Cette histoire m'a été inspiré d'une amie qui vit cet harcèlement et j'ai eu beaucoup de mal à vous la poster. Je n'aimais pas l'idée d'avoir eu cette soudaine inspiration grâce ou à cause du malheur d'une amie. Mais elle m'a assuré que je pouvais.. Donc voilà :3 !
Si Unster ou NT veulent voir cette fic supprimé, qu'ils n'hésitent pas à me le dire, je respecte leur personne.
Mon poignet endolori essuie rageusement le filet de sang qui perle au coin de ma bouche ainsi que les larmes sur mes joues, étalant par la même occasion de longue trainée rougeâtre sur mon visage. Ça a un goût métallique… Dégoûtant. Je me redresse légèrement et bascule ma tête en arrière, la posant contre le casier dans mon dos. Tout mon corps me fait souffrir. Un long soupir s'échappe de mes lèvres tandis que mes paupières se ferment lentement, ma poitrine se soulevant irrégulièrement. J'ai.. Tellement mal. Tout cela.. C'est devenu mon quotidien. Les embuscades juste avant de rentrer en cours ou en sortant de la salle. Le plaquage contre le casier et les coups se multipliant sur mon corps frêle. Comment puis-je me défendre ? Ils sont généralement quatre ou cinq si ce n'est plus ! Je ne peux rien faire du tout. Personne n'est là. Personne ne m'aide. Personne ne me soutient. Personne ne me regarde. Toutes les têtes se retournent, faisant semblant de ne rien voir, sans doute par crainte. Ces têtes… Embuées par de l'ignorance falsifiée… Personne n'a vu ou entendu mes cris alors que des ecchymoses se formaient sur mes côtes, provoquées par de nombreux coups de pied alors que j'étais à terre, sans défense. Non.. Évidemment. Personne ne voit.
Je m'appelle Julien. J'ai quinze ans, bientôt seize. Mon année de terminal au lycée est devenue un véritable enfer. Je ne peux plus marcher sans entendre des chuchotements derrière moi. Je ne peux plus me sentir protégé dans l'établissement. Je ne peux plus parler à qui que ce soit. Je ne peux plus me balader tranquillement dans les couloirs. Je ne peux plus errer sans avoir peur. Je ne peux plus passer une journée sans recevoir de coups. Je n'ai plus d'amis. Je suis seul. Je suis homosexuel.
Tout cet acharnement a commencé en milieu d'année. Mon lourd secret, que je n'ai dévoilé qu'à une ou deux personnes, a fuité. Je n'ai jamais pu savoir qui est la personne qui l'a révélé, mais maintenant, je paye son aveu. Dès que je rentre dans le lycée, les regards me bousculent, les bouches murmurent « pd » sans s'arrêter, comme de longs bras noirs me rattrapant et me tenant dans leur poigne, les gens crient à mon arrivée, annonçant la venue du démon, criant qu'il faut fuir avant d'être contaminé, avant d'être enculé par un homosexuel sauvage et dangereux. En cour, les gens me jettent le contenu de leur trousse, simulant une traque, une chasse à celui qui suce des queues. Les profs font semblant de ne rien voir, par peur de leurs élèves. Ils ne me défendent qu'à moitié voir pas du tout. J'ai refusé d'aller voir la psychologue, que pourrait-elle faire à part essayer de me guérir de mon homosexualité ? Ce serait totalement stupide. Personne ne peut m'aider.
Je suis simplement là, adossé contre de grands casiers froids, mon corps me brûlant, seul alors que la sonnerie retentit. Les pas m'enjambent, voilant ma détresse, ignorant mes grimaces de douleur. Personne ne s'arrête.
Soudainement, alors que je n'entends plus aucun bruit dans le couloir, une main se tend devant mes yeux. Mon regard se lève lentement et croise celui azur d'un jeune homme brun, souriant. Ses yeux sont d'un bleu océan magnifique. Ce genre de regard qui te transperce littéralement et devant lequel tu fonds totalement. Devant lequel tu as l'impression d'être totalement nu. Un regard perçant, doux… Je penche la tête sur le côté en fronçant les sourcils, me détachant difficilement de ce regard envoûtant.
« Qui es-tu ? T'es un de ces gars-là ? Tu reviens en faisant semblant de m'aider pour me frapper plus fort ensuite ? Dégage de là. »
Mon ton est froid et cassant. Il s'accroupit à mes côtés et fait une petite moue gênée.
« Je m'appelle Sébastien… Appelle-moi Seb. Je suis pas là pour t'enfoncer encore plus… »
Il se penche au-dessus de moi et examine attentivement le bleu sur le côté de mon œil, tâchant également légèrement mon arcade sourcilière. Sa main finit par prendre la mienne de force et me relève doucement. Je titube quelques instants avant de m'affaisser, ses bras retenant ma chute. Je grimace légèrement avant de me sentir soulevé entièrement, son dos contre mon torse.
« Eh ! T'es plutôt lourd quand même ! »
Il sourit en me tirant la langue avant de me porter sur son dos jusqu'à l'infirmerie.
Je ne comprends absolument rien à ce qu'il se passe. Qu'est-ce qu'il… Je crois que je suis aidé. Pour la première fois de ma vie, une personne m'aide. Non, je peux pas y croire, à mon avis, il est nouveau et il ne sait pas encore que je suis un « pd ». Il ne sait simplement pas.. Quand il l'apprendra, il me fuira, comme les autres. Mais… Pour l'instant… Je veux bien profiter de cette gentillesse, nouvelle à mes yeux. Je finis par poser ma tête contre son épaule et me laisse aller au mouvement de balancier que produit ses pas.
Je suis réveillé par le bruit de la sonnerie, signalant la fin des cours. Je me redresse lentement et grimace de douleur, mon corps semblant ne pas apprécier le mouvement. Je porte une lourde main à ma tête et la passe sur mon visage, fatigué. Un grincement me fait tourner la tête vers un visage que je reconnais qui passe la porte blanche de la pièce. C'est celui qui m'a aidé ce matin… Sébastien, c'est ça ? Je baisse les yeux. Il a dû l'apprendre durant la journée que j'étais gay…
« Ça va Julien ? Tu souffres encore ? »
Mon regard surpris se lève vers lui. Comment connaît-il mon nom ?
« O..Oui, j'ai encore mal. Seb.. ? C'est ça ? »
Il hoche doucement la tête en souriant et prend place à mes côtés sur le lit. Je remarque enfin que je suis torse nu. C'est terriblement gênant… Je relève les draps sur mon torse et détourne le regard.
« Exact ! Je suis content que tu te sois souvenu de mon prénom !
- Seb… Qu'est-ce qu'il se passe là ?! Qu'est-ce que tu fous là ? Les autres ne t'ont pas dit ?! »
Il esquisse un mouvement de recul, étonné de ma réaction et de mon ton agacé, agressif. Il plisse les yeux et se penche légèrement.
« Dit quoi .. ? Que t'es gay ? Mais je le sais depuis longtemps, tu sais. Je… Je n'en pouvais plus de ne pas t'aider. Depuis le début d'année, je m'en veux… »
Ce n'est donc pas un nouveau… Juste une personne dans l'ombre que je ne connais pas ? Tout simplement ? La pression qui pesait sur mes épaules se relâche et je me laisse tomber contre l'oreiller moelleux dans mon dos. Un sourire et un air rassurant apparaissent sur son visage.
« Ne t'en fais pas, je n'ai pas peur de toi, comme les autres… Je ne te frapperai pas non-plus, tu sais ? Je ne suis pas homophobe, rassure-toi. »
Un grand sourire se dessine sur la commissure de mes lèvres. C'est la première fois que j'entends ça… Enfin une personne qui ne me juge pas… Je suis si heureux.
Très rapidement, une grande amitié est née entre Seb et moi. Je me sens protégé. Je peux enfin rentrer et passer une journée sans être acculé à un casier, de lourds poings s'abattant sur mon visage. Non, maintenant mon nouvel ami me défend ! Il est plutôt costaud, pas très bagarreur, mais il sait très bien se défendre, même s'il déteste user de sa force. Bien sûr, les regards se retournent toujours sur notre passage et les bouches dégoûtées crachent toujours leur venin, mais maintenant, j'arrive à passer outre. Sa présence me renforce et m'aide à combattre l'opinion des gens. Leurs airs inquisiteurs, me jugeant et me blessant ne me font plus rien. Maintenant, tout ce qui compte, c'est Sébastien.
Nous avons une passion commune : le jeu-vidéo. D'ailleurs, il me raccompagne chez moi pour qu'on puisse jouer ensemble quelques parties avant de se dire au revoir.
Arrivé au pallier de ma porte, je sors rapidement mes clés en discutant comme à mon habitude de tout et de rien avec lui, répondant assez sérieusement à ses débats inutiles sur le quotidien. On arrive toujours à se mettre d'accord au final. Je pousse doucement la porte en le laissant entrer, il balance ses affaires dans l'entrée, rapidement suivi par les miennes et nous nous asseyons devant la télé, lançant une simple partie de Street Fighter. Le combat fait rage, la tension est à son comble, nous avons un point chacun et le match décisif se produit à cet instant ! Les coups s'enchaînent et les parades également, la petite barre de vie de nos deux personnages descend terriblement lentement, le stress de la victoire imminente est à son paroxysme ! La barre se vide un peu plus et…
« YES ! JE T'AI EU SEB ! »
Il pousse un cri de rage en posant la manette assez brutalement et en jurant un peu avant de se jeter sur moi et faire mine de m'étrangler ! Nous tombons à la renverse et nous roulons sur le sol, faisant semblant de se battre alors que des éclats de rire s'échappent de ma gorge. Après cette fausse bataille, je reprends mon souffle, moi allongé sur lui contre son torse. Je lui tire la langue.
« Bouuh, t'es trop nul ! J'ai encore gagné…
- Pffeuh, je veux ma revanche ! Tu m'as déconcentré avec ton histoire de pâte carbonara là !
- Oui, oui, bien sûr. Je te rappelle que c'est toi qui as lancé le débat ! »
Il souffle et détourne le regard alors que je lui ébouriffe les cheveux… Je surprends ma vision se concentrer sur ses lèvres, une très étrange envie de les embrasser s'emparant de moi. Je plisse les yeux alors qu'il m'observe, la mine déconcertée. Je lui fais un petit sourire alors qu'il souffle lentement, sa main se posant sur mon crâne me forçant à m'allonger contre son torse. Mes joues se teintent de rouge tandis que je ferme les yeux, écoutant attentivement la respiration lente et régulière de mon ami. Mais je sens également son cœur battre à vive allure. Surpris, je me redresse en passant ma main à l'endroit où se situe son cœur et relève mon regard vers lui.
« Qu'est-ce que t'as Seb.. ? Tu te sens pas bien ?
- Si, tout va très bien pourquoi ?
- Je sais pas, ton cœur s'emballe tout seul là… »
Il soupire et détourne le regard, ses paupières se fermant pour fuir mes yeux interrogateurs.
« Ce n'est rien Jul', t'en fais pas. »
Je fronce les sourcils. Il me cache quelque chose, c'est sûr… Je me redresse doucement, à califourchon sur lui et me retire de cette position assez tendancieuse, intrigué. Peut-être que notre posture le gênait… C'est sans doute ça oui. Ma main se dirige vers ma manette tandis que l'autre se dirige vers l'autre bout de plastique encore chaud de notre acharnement d'il y a quelques instants.
« On se fait une autre partie ? Revanche ? »
Il se redresse d'un coup et prend la manette, un sourire s'affichant de nouveau sur son visage. Je lance la partie et le combat reprend, nous nous acharnons sur la pauvre console, meurtrie par nos doigts appuyant à toute vitesse sur les boutons pour réaliser de puissants combos, voulant nuire à l'autre. La concentration est à son maximum, les barres de vies recommencent à redescendre lentement, faisant monter de nouveau notre stress. Une fois nos deux barres de vie à quelques points de la fin, ma langue coincée entre mes dents sous la concentration, mes mains battant les boutons de la manette, Seb se redresse, tourne mon menton vers lui et pose subitement ses lèvres sur les miennes. J'ouvre de grands yeux, la manette tombant de mes mains, incapable de bouger. Il rompt rapidement le contact et..
« GAGNÉ ! AH AH ! Tu fais moins le malin hein ?! Monsieur « Le Roi de SF » ! »
Il sourit en me tirant la langue et m'ébouriffe les cheveux. Je reprends alors vite mes esprits, mes joues totalement colorées de rouge et me défends.
« Eh ! Ce n'est pas juste, t'as triché ! Tu m'as embrassé pour me déconcentrer ! Sale tricheur va !
- Ah bah, c'est le jeu ma pauvre Lucette.. ! Mon pauvre Lucien.. ! Peu importe.. Tous les moyens sont bons !
- Bah puisque c'est comme ça, je vais me venger. »
Je me jette littéralement sur lui, le plaquant au sol en tombant sur lui et dépose mes lèvres sur les siennes avec douceur, comparé à mon geste brutal pour l'immobiliser. Il se redresse brusquement, terriblement surpris, gêné et.. Bizarrement, il vient porter sa main à ma nuque, me collant un peu plus contre lui. Sous un même geste, nos lèvres s'entrouvrent légèrement pour que nos langues viennent se caresser lentement, se découvrir avec délice. Ma main se pose doucement sur sa joue, mes lèvres jouant sur la pression des siennes alors que le baiser s'enflammait de plus en plus, nos langues dansant passionnément ensemble, une douce chaleur émanant de nos deux corps, le désir montant de plus en plus. Ses mains se portent vers mes hanches, les collant à son bassin et je découvre, avec beaucoup de surprise, une légère bosse traverser les plis de son jean. Je rougis un peu plus alors que je rompe le contact quelques instants pour reprendre mon souffle et coller toujours plus langoureusement nos lèvres gourmandes. Je me frotte fiévreusement contre son corps, mes mains parcourant son torse musclé tandis que l'envie se fait de plus en plus présente.
Soudainement, il rompt le baiser, un souffle chaud s'échappant de ses lèvres, ses yeux rendus presque noirs par le désir.
« Julien..Je… Je peux pas.. Je dois te dire quelque chose… Qui va totalement casser l'ambiance..
- Dis toujours Seb ? »
J'interromps mes caresses, déçu que ce moment ait duré si peu de temps.
« Je..Je vais bientôt déménager Jul'… Je.. Je suis vraiment désolé… Je vais aller à Paris. »
J'ouvre d'énormes yeux, horrifiés, des larmes me montant aux yeux.
« S..S-Seb.. Non.. Comment.. Quand est-ce que tu pars.. ? »
Je serre les dents pour retenir les perles salées qui s'apprêtent à couler de mes yeux et à dévaler mes joues. Il baisse la tête, coupable.
« Je..Je vais partir après-demain. Tous les cartons sont faits… Je suis désolé de ne pas te l'avoir dit plus tôt, je ne voulais pas… Voir ta réaction..Je.. Pardonne-moi Julien.. »
Je baisse la tête et.. Blottis ma tête dans son cou, ne pouvant endiguer mes larmes plus longtemps. Je le serre contre moi, la peur au ventre de le perdre. Je mords son tee-shirt pour me retenir de crier tandis que ses bras m'enlacent doucement.
« Pourquoi veux-tu arrêter.. ? »
Je relève mon regard voilé par l'eau qui en découle. Il baisse la tête vers moi.
« Je suis en train de devenir accro à toi. »
Le lendemain au lycée, je ne vois pas Seb. Personne ne m'embête, mais je sens que ça les démange. Mon ange gardien n'est plus là pour me protéger, les démons sont à l'affût. À la fin de la journée, je n'arrive pas à joindre le jeune homme au si beau regard. Mes jambes me portent alors seules jusqu'à sa maison. En arrivant devant sa porte, un message m'empêche de toquer. Un simple bout de papier collé à la porte.
« Nous sommes déjà partis.
Désolé Jul' si tu lis ce message. »
Et rien d'autre. Je serre les dents, arrachant lentement la feuille. Mes genoux chancèlent avant de me lâcher, me laissant tomber sur le perron. Je n'arrive même pas à empêcher le torrent de courir sur mes joues et s'écraser sur le bitume. Mon cœur me fait mal. J'ai l'impression qu'on vient de me l'arracher.
Les jours suivant le départ de Seb sont catastrophiques. C'est comme s'il n'avait jamais existé. Les coups ont repris, les insultes incessantes ont fusé. Chaque soir, je rentrais de nouveau bleuté, violet, voir noir parfois. La fin d'année est arrivée très lentement. Bien sûr, j'ai eu mon bac facilement, mais… Je ne suis pas heureux. Tout à un goût fade. Je ne ressens plus que la tristesse d'avoir perdu un être cher.
Je n'ai même pas pu lui dire que je l'aimais.
Et voilà ! C'est fini, j'espère que ça vous a plu, n'hésitez pas à mettre une review ça me fait toujours vraiment plaisir.
Les reviews sont appréciées dans ce pays *^* !
Namasan
