Les personnages sont à Masashi Kishimoto

Titre: Somebody to die for
Genre: Romance (Yaoi / Yuri et Hétéro) /Angst et Hurt/Comfort/Amitié/famille
Précisions supplémentaires: C'est un UA et les personnages sont sans aucun doute OOC
Pairing: SasuNaru et tellement d'autres.
Raiting: Ma
Warning: Les personnages ayant tous un vécu difficile si vous êtes trop sensible mieux vaut s'abstenir/ Mention de drogue, de violence (physique et psychique) et présence de sexe / Langage cru et vulgaire parfois.


Note 1 : Ceci est un peu un test en fait, pour savoir si je dois envisager sérieusement une version « Naruto » de ce précieux projet ou pas. On m'a souvent demandé de faire une version avec tel ou tel fandom et à chaque fois j'ai répondu « non » parce que c'est très difficile lorsque l'on est autant attaché aux personnages de base. Mais après un gros harcèlement et une immense prise de tête, j'ai essayé avec Naruto sans trop de souffrance. Mais si cette version n'intéresse personne alors autant que je le sache tout de suite et reste uniquement centrée sur celle de base. D'où ce test.

Note 2 : Je me suis énormément pris la tête pour savoir qui incarnerait qui, car les personnages, leurs caractères et relations sont déjà définies, donc pour faire coller tout ça… Bref il y aura des relations (amicales, sexuelles, amoureuses, familiales…) sans doute peu «répandues » parfois et pour ceux que ça gêne, je ne peux hélas rien y faire ! Par exemple, Iruka est le père de Sakura… Et aussi des personnages d'autres œuvres !

Note 3 : Il faut aussi bien vous mettre dans la tête que les personnages seront très OOC (suffit de voir Itachi) donc si vous avez du mal avec ça, je crains que vous ne puissiez suivre.

Note 4 : Il y a beaucoup de personnages, mais un peu comme dans une série, ils font doucement leur entrée et reviennent plusieurs fois, tout doucement, jusqu'à ce que vous puissiez les apprivoiser.

Note 5 : La musique a une place centrale dans cette histoire, c'est presque un personnage à elle seule.

Note 6 : C'est une première pour moi, je n'ai jamais écris de cette façon et je ne sais pas si je le fais bien. Mais honnêtement, je suis amoureuse de cette histoire et encore plus de tous les personnages qui vont la vivre et lui donner des couleurs et du relief.

Note 7 : Pardon pour les fautes, oublis, erreur et la mise en page.


Chapitre 1

Long way happy


"On écrit rarement pour soi.
On écrit avec la conviction même diffuse, qu'un jour ces mots, couchés
comme une preuve, convaincront quelqu'un d'autre."

Naruto referma son journal en soupirant, caressant quelques instants la couverture avec tendresse avant de se lever brusquement pour fouiller dans une énorme boite en carton et y sortir un vieux cahier déchiré qu'il serra fortement contre lui.

Il détestait l'idée de le ressortir mais s'il voulait changer la couverture et lui offrir un meilleur aspect, il n'avait pas le choix.

C'était quelque chose de trop précieux pour y laisser tomber ainsi en ruine.

Ces quelques bouts de papier lui avaient sauvé la vie plus d'une fois et fait découvrir la force de l'écriture, il ne pouvait se résoudre à les détruire.

Il trimbalait en permanence son journal avec lui mais devoir en ressortir un vieux l'enfonçait toujours un peu plus dans un flot de mauvais souvenirs et de peine.

Celui-ci était son premier.

Il savait tout juste écrire lorsqu'il l'avait commencé et depuis il n'avait cessé de noircir des pages et des pages, tentant en vain d'évacuer ses maux.

Il ne se relisait jamais, ne regardait jamais en arrière, avançant toujours vers la dernière feuille pour entamer un nouveau carnet.

Son journal « en cours » ne le quittait jamais, toujours à porté de main, toujours prêt à recevoir ses états d'âme et ses angoisses.

Il savait que personne ne connaissait son existence et que donc il ne risquait rien à l'avoir sur lui, même au lycée.

Qu'aurait-il pu craindre ?
Qu'une admiratrice lui vole dans son sac ou qu'un ami ne tombe dessus par inadvertance ?

Il croisa un instant son reflet dans le miroir et un sourire amer lui échappa.

- Aucune chance... Souffla-t-il avant de ranger ses deux calepins dans son sac et de se diriger vers la cuisine.

Il ignora le silence assourdissant et le vide qui y régnait, comme dans le reste de la maison et se fit machinalement couler un café, les yeux rivés sur les feuilles mortes qui virevoltaient à l'extérieur.

De longues secondes passèrent, où seul le bruit de la machine se fit entendre avant que le breuvage ne soit enfin prêt et que le calme ne reprenne ses droits.

Il soupira en attrapant sa tasse, les yeux toujours vers l'extérieur.

Il aurait tellement préféré rester ici, plutôt que de devoir aller en cours...

Il détestait son lycée, et même s'il se répétait sans cesse qu'il ne lui restait plus que deux années avant le bac, chaque jour devenait de plus en plus difficile.

Il n'était élève à Konoha que depuis quelques semaines et déjà il comptait les jours en espérant la fin de l'année.

Naruto n'avait jamais étudié avec d'autres personnes avant, son père avait toujours tenu à ce qu'il suive ses cours par correspondance loin des autres.

Alors se retrouver du jour au lendemain dans un lycée privé aussi grand et côté que Konoha était à ses yeux l'incarnation même d'un cauchemar.

D'un autre côté, l'idée qu'il ne pourrait peut-être bientôt plus poursuivre sa scolarité par manque de moyen le terrifiait.

Quitter l'établissement privé où il étudiait pour un lycée public reviendrait à tout reprendre à zéro et il n'était pas sûr d'en être capable.

Sa tante avait l'obligation de payer ses frais scolaires et de ne pas le changer de lycée mais l'assistante sociale n'avait même pas remarqué qu'ils ne vivaient pas sous le même toit alors...

Il avait beau avoir en horreur son lycée , au moins il y avait ses habitudes et ses cachettes, il s'était même presque habitué à l'ambiance de série américaine qui y régnait.

Un nouveau soupir lui échappa et il attrapa rapidement ses écouteurs pour les brancher.

Lorsque les premières notes résonnèrent, il fut tenté de changer de chanson, histoire de ne pas noircir un peu plus la journée qui s'annonçait, mais au lieu de ça, il augmenta légèrement le volume.

La douleur était l'une des rares choses qui lui tenait compagnie.

Alors pourquoi chercher à la repousser ?

Une nuit pour toi

Signifie six semaines pour moi

Juste une petite pilule amère maintenant

Juste pour essayer de m'endormir

Je n'ai plus conscience de l'innocence

Dis bonjour à l'hésitation

A tous ceux que je rencontre

Merci a toi, il y a des années

Je suppose que je ne saurais jamais

Ce que l'amour signifie pour moi

Je continuerai à rouler sur cette route

Mais j'ai un très mauvais pressentiment

Il but rapidement son café en grimaçant, se promettant de passer acheter un paquet de chocolat en poudre après les cours avant de se décider à jeter un œil aux factures qu'il avait sous les yeux.

Il n'avait déjà plus le câble et le chauffage.
Bientôt viendrait le tour de l'électricité, du téléphone et de l'eau, ce qui serait sans doute plus problématique.

Mais d'un autre côté, c'était une façon de s'effacer un peu plus aux yeux du monde.

Il posa sa tasse dans l'évier en soupirant, attrapa sa veste et pressa le pas pour ne pas rater son bus.

L'air frais s'engouffra avec force sous son pull extra large bleu nuit, lui arrachant de violents frissons qu'il tenta de combattre en enfonçant un peu plus les mains dans ses poches et son nez sous son écharpe blanche.

Était-il le seul à trembler de froid sous ce soleil presque automnal ?

Comme à son habitude, il marchait vite, la tête baissée, évitant tous les regards et le moindre contact avec les autres.

Il tentait de se faire oublier, de se fondre dans le décor, de se rendre toujours plus invisible encore.

Et qui sait, peut-être qu'un jour il finirait par disparaitre ?

Il faudra un certain temps pour aimer

Ça va être dur de tenir

Ce sera une longue route vers le bonheur, ouais

Laissé en pièces après que tu m'aie brisé

Cassé, mais maintenant je dois

Continuer à rouler comme une pierre

Car ce sera une longue route vers le bonheur

Arrivé vers l'arrêt de bus il se figea un instant en voyant le nombre de personnes présentes.

Un groupe de lycéennes bruyantes qui attiraient l'attention de trois collégiens et de ce qui semblait être un vieux pervers, sans oublier les deux mères de familles et leurs enfants en bas âge, les salariés pressés et quelques étudiants qui devaient être à la fac.

Il fronça les sourcils, une moue contrariée sur le visage avant de se décider à se rapprocher légèrement de l'arrêt, tout en gardant le plus de distance possible avec les autres usagers.

Les jeunes filles lui lancèrent un regard appuyé avant de chuchoter puis de glousser, mais il ne le remarqua même pas, les yeux toujours fermement vissés au sol.

Elles ne semblaient pourtant pas vouloir le lâcher des yeux, ce qui finit par attirer l'attention du vieux pervers et des collégiens.

Se sentant observé, il se replia un peu plus sur lui-même, serrant fortement son pull pour ne pas trembler alors qu'une voix familière hurlait à son oreille, surpassant même le son de la musique.

« Dégoutant, dégoutant, dégoutant, dégoutant, dégoutant, dégoutant, dégoutant, dégoutant,»

Il secoua violemment la tête pour la faire disparaitre, et augmenta encore le volume de son lecteur.

Il préférait finir sourd que de devoir supporter ça !

Une main posée sur son bras le fit sursauter avant qu'il ne remarque enfin la présence d'une des lycéennes qui avait apparemment quelque chose à lui dire.

Il voulut fuir, mais il s'en savait incapable, alors machinalement il retira un écouteur ce que la jeune fille prit comme une invitation à parler.

-Excuse moi, est ce que tu aurais du feu ?

Laisse mon enfance derrière

Dans un lit d'appoint

Tout était si foutrement simple

Maintenant je perds la tête

Essayant de camoufler tout les dégâts

Et d'étoffer toutes les contusions

Trop jeune pour savoir que je l'avais

Alors ça ne m'a pas blessé de le perdre

Ça ne m'a pas blessé de le perdre

Non mais oh

Je continuerai à rouler sur cette route

Mais j'ai un très mauvais pressentiment

Naruto prit quelques instants pour se calmer avant de balbutier quelques mots, la tête toujours obstinément baissée.

-Je ne...Je ne fume pas !
-Oh...Tant pis !

Il se pensait sauvé, mais elle ne fit pas demi-tour pour son plus grand désarroi.

-Est-ce qu'on se connait ? Tu vas dans quel lycée ?

Ses copines suivaient l'échange avec attention, un sourire sur les lèvres et une mine surexcitée sur le visage.

Il serra le poing tellement fort que ses ongles s'enfoncèrent douloureusement dans sa paume.

Pourquoi les gens faisaient toujours ça ?

Ça n'était pas drôle, absolument pas drôle !

-Tu vas à Suna ? Ou peut-être Kiri ? Insista-t-elle voyant qu'il gardait le silence.

Il murmura quelque chose qu'elle ne saisit pas, avant de se précipiter vers la porte du bus qui venait de s'ouvrir.

Elle resta un instant sans voix face à la fuite de celui qu'elle venait d'aborder avant que ses copines n'explosent de rire.

-Tu n'es apparemment pas son genre ! S'exclama l'une d'elle en lui tapotant sur l'épaule.
-En même temps qu'elle idée d'aborder un type pareil ? Ajouta l'autre. Ma grand-mère est plus virile que lui !
-Mais pour qui se prend cette espèce de pédale ?! Fulmina la rejetée. Ca m'apprendra à avoir pitié des cas sociaux !

Naruto lui, s'était comme à son habitude assit au fond du bus, sur un vieux siège cassé, tout comme celui d'à côté et d'en face, afin d'être sûr que personne ne viendrait lui tenir compagnie.

Même lorsque c'était bondé, les gens préféraient rester debout plutôt que de supporter les ressorts dans le dos et les fesses.

Il colla immédiatement son visage à a la fenêtre, son regard bleu perdu vers l'arrêt de bus à présent vide alors que l'un de ses doigts dessinait déjà de drôles de symboles.

Il faudra un certain temps pour aimer
Ça va être dur de tenir

Ce sera une longue route vers le bonheur, ouais

Laissé en pièce après que tu m'aie brisé

Cassé, mais maintenant je dois
Continuer à rouler comme une pierre

Car ce sera une longue route vers le bonheur

La jeune fille qu'il venait d'éconduire, lui jeta un dernier regard haineux qu'une fois de plus il ne remarqua pas, avant de s'installer avec ses copines.

Il ne pouvait pas la voir, ni elle ni les autres parce qu'il se sentait tout simplement seul au monde, enfermé dans une bulle qu'il pensait invisible aux autres.

Il tressaillit lorsqu'il vit un blouson de l'équipe de foot de son lycée parmi les passagers mais ne put s'empêcher de se moquer une fois de plus du ridicule de ces coutumes digne d'une série télé.

Seulement lorsqu'il reconnu le capitaine de l'équipe et accessoirement une grosse brute, bourreau attitré de tous les gens « comme lui » son léger sourire se fana, et il s'enfonça un peu plus dans son siège dégarni.

Mais c'était peine perdue, le regard noisette, profond du sportif se posa immédiatement sur lui alors qu'un sourire fleurissait sur ses lèvres.

Naruto frissonna tandis que l'autre se dirigeait vers lui, d'un pas décidé.

Contrairement à ce qu'il faisait à ses autres victimes, Sasori ne l'avait jamais frappé, il se contentait de le bousculer dans les couloirs pour faire tomber ses livres ou de lui balancer quelques horreurs à la figure pour l'humilier.

Il avait rencontré le sportif il y a des années lors d'un cours de danse, ce dernier l'avait immédiatement prit en grippe et se retrouver dernièrement dans le même lycée que lui n'avait évidement pas arrangé les choses.

Malgré les apparences, Naruto n'avait jamais eu à subir de moqueries particulières ou d'attaques, il ne faisait pas parti de ces pauvres adolescents qui servaient de défouloir à tous les idiots et les brutes du lycée et il avait toujours pensé que c'est parce qu'il était bien trop invisible pour ça.

Seul le roux semblait l'avoir remarqué.

Cela durait depuis la sixième, et il s'en été accommodé se sentant plutôt chanceux de ne pas assez « l'intéresser « pour être battu.

Mais aujourd'hui, il était seul, aucune autre personne ne pourrait subir sa colère.

-Hey, Naru ! Lança joyeusement le footballeur en s'asseyant sur le siège en face du sien, apparemment nullement gêné par la vétusté de ce dernier.

Le blond cacha un peu plus son visage dans son écharpe, maudissant intérieurement celui qui avait fait de lui un être pitoyable, incapable de faire face aux autres.

Il tremblait de tout son être, ce qui n'échappa pas à Sasori qui s'avança un peu plus vers lui, le même sourire collé aux lèvres.

Maintenant je suis engourdi et ne peux plus rien ressentir

Mais ne te fais pas de souci pour les regrets ou la culpabilité, car je n'ai jamais su ton nom

Je veux juste te remercier

Merci

Du plus profond de mon cœur

Pour toutes ces nuits blanches
Et pour m'avoir complètement anéanti

Lorsqu'il vit la main du roux se rapprocher de son visage, il ferma brusquement les yeux.

Pourquoi ? Pourquoi faillait-il qu'il lui ait laissé une existence aussi pathétique ?

A sa plus grande surprise aucun coup ne vint, l'autre se contenta d'abord de baisser son écharpe et dégager ses cheveux vers l'arrière afin de voir son visage, ce qui ne le rassura pas vraiment.

Il retira ensuite complètement l'étoffe et Naruto se mordit fortement la lèvre pour ne pas crier.

C'était la première fois qu'ils étaient aussi proches l'un de l'autre, la première fois qu'il était aussi proche de quelqu'un depuis très longtemps et cette simple constatation lui tiraillait les entrailles.

Le footballeur passa la main dans ses cheveux, cherchant à le recoiffer pour une raison qu'il ignorait et qu'il ne voulait même pas connaitre tandis que des premières larmes franchissaient la barrière de ses paupières closes.

-Ouvre les yeux ! Ordonna le sportif d'une voix qui ne tolérait aucun refus.

Le doré malmena plus violemment sa lèvre.

-J'ai dis, ouvre les yeux ! Insista-t-il en attrapant son menton d'une main.

Sous le choc, il obéit immédiatement, plongeant son regard dans celui de son bourreau qui surpris, lâcha brusquement son visage.

-Fais chier ! Pesta Sasori alors que Naruto avait déjà détournée la tête, tentant en vain de tarir ses larmes.

Quelques secondes passèrent avant que le roux ne reprenne la parole.

-C'est beaucoup trop facile avec toi ! Cracha-t-il plus durement, apparemment énervé.

Il attrapa de nouveau mais plus rudement le visage du blond pour le forcer à lui faire face, puis essuya d'un coup de manche ses yeux rougis.

- REGARDE-MOI !

Ses gestes n'avait plus la délicatesse de toute à l'heure et son ton avait radicalement changé ce qui poussa Naruto à obéir sans attendre.

Il hoqueta en voyant le sourire presque cruel qui ornait les lèvres de son bourreau, mais avant même qu'il ne puisse réagir ce dernier avait déjà appuyé sur l'une des touches de son téléphone portable.

-Merci pour la photo ! Lança-t-il en se dirigeant vers l'avant du bus, où quelques amis à lui s'apprêtaient à monter.

Naruto mit quelques instants avant de sortir de sa stupeur, il ébouriffa ensuite rapidement ses cheveux pour les faire de nouveau tomber sur son visage et enfila son écharpe sous laquelle il se réfugia.

De nouvelles larmes se mirent à couler et il ne chercha même pas à les arrêter encore sous le choc de ce qui venait de se passer.

Sentant sa respiration se faire plus difficile il attrapa d'une main tremblante un pilulier d'où il sortit deux cachets verts clairs qu'il avala péniblement sans une goutte d'eau.

Il faudra un certain temps pour aimer

Ça va être dur de tenir

Ce sera une longue route vers le bonheur, ouais
Laissé en pièce après que tu m'aie brisé

Cassé, mais maintenant je dois

Continuer à rouler comme une pierre
Car ce sera une longue route vers le bonheur

Il ferma ensuite les yeux, les poings fortement serrés sur ses cuisses, tentant de refréner le flot de souvenirs et de peine que cette simple photo avait déclenchés

W

Sasuke regardait ses amis grimacer à ce qu'il supposait être la dernière blague vaseuse de Sai.

Il voyait leurs lèvres bouger, leurs corps se secouer et les mines agacées sur leurs visages mais aucun mot prononcé n'avait atteint son oreille.

Tout lui semblait flou et inaudible, comme s'il avait la tête sous l'eau ou qu'il était à des centaines de kilomètres de cette scène qui se déroulait pourtant sous ses yeux.

C'était comme ça depuis deux ans et plus le temps passait, plus il s'enfonçait dans ce sentiment de déconnexion.

« Poussière vivante, je cherche en vain ma voie lactée. Dans ma tourmente, je n'ai trouvé qu'un mausolée. Et je divague, j'ai peur du vide. Je tourne des pages, mais... des pages vides »

Il était chanceux et privilégié et en avait parfaitement conscience.

Il avait des parents aimants, un grand frère génial et des amis sur qui il pouvait compter en toute circonstance.

Son statut de sportif vedette et son physique avantageux le plaçait dans le très select clan des populaires ce qui lui offrait une vie de lycéen douce et insouciante.

Il était entouré d'une bande de potes géniaux et sortait avec une très jolie fille, alors oui, tout ça aurait sans aucun doute dû faire de lui quelqu'un d'incroyablement heureux mais ce n'était pas le cas.

Depuis environ deux années, il ne cessait de se poser des questions sur l'intérêt et le réel sens de son existence.

Pourquoi vivait-il ? Quel était son but sur Terre ?

« Poussière errante, je n'ai pas su me diriger, chaque heure demande pour qui, pour quoi, se redresser. Et je divague, j'ai peur du vide. Pourquoi ces larmes, dis... à quoi bon vivre... »

Tous les soirs lorsqu'il se couchait il avait le sentiment d'avoir perdu une journée de sa vie et tous les matins il se demandait pourquoi il devait sortir de son lit.

Il était gâté par la vie mais tout ce qu'il avait ne lui suffisait plus, tout ce qui avait fait son bonheur lui semblait aujourd'hui fade et futile.

C'était bien plus fort que de l'ennui ou de la lassitude et ça n'avait rien d'un caprice d'enfant gâté.

Il se sentait vide et totalement inutile.

Il avait le sentiment de n'être qu'un banal être humain parmi des milliards d'autre qui se contentait de vivre sa petite vie égoïstement et cette idée lui était insupportable.

« Mais mon Dieu de quoi j'ai l'air, je sers à rien du tout. Et qui peut dire dans cet enfer ce qu'on attend de nous ? J'avoue ne plus savoir à quoi je sers, sans doute à rien du tout. A présent je peux me taire si tout devient dégoût. »

Il s'en voulait parfois de ne pas être heureux malgré tout ce que la vie lui avait offert, mais c'était plus fort que lui.

De jour en jour ces idées, ces pensés et ces sentiments grandissaient en lui, l'envahissant de plus en plus pour finir par le submerger peu à peu.

Il voulait servir à quelque chose, avoir une raison de se lever le matin et s'endormir le soir avec le sourire aux lèvres et le sentiment d'avoir vécu pleinement sa journée.

Il voulait et même plus, il avait besoin d'une raison de vivre.

-Qu'est ce que tu en penses Sasuke ?

La main posée sur son épaule appartenait à Sakura, fantasme vivant pour une bonne partie des mâles du lycée, chef des majorette, petite amie de Sai, le capitaine de l'équipe de rugby et accessoirement l'une de ses plus proches amis.

-Je crois qu'il n'a absolument rien écouté de la conversation ! Lui répondit une petite brune aux allures de poupée.

Hinata était la princesse des bassins et menait avec brio l'équipe de natation synchronisée, c'était une jeune fille plus discrète et réservée que Sakura, ce qui ne les empêchait pas d'être les meilleures amies au monde.

-Oh mon vieux fait un effort ! Lança Sai en lui tapant dans le dos. A qui tu peux bien penser comme ça, à Yuna ?

Le petit groupe rit à cette remarque.

Sasuke avait beau sortir avec la jeune femme depuis plusieurs mois, leur relation n'avait rien de conventionnel et la plupart du temps leur ami ne semblait même pas se souvenir qu'il avait une copine.

De toute façon personne n'aimait Yuna et ils attendaient tous que le brun se décide à la quitter ou que cette dernière ne se trouve un autre trophée.

- N'y aurait-il pas une nouvelle fille là-dessous ? S'exclama le rugbyman en l'attrapant par les épaules.
-Arrêtez vos bêtises, Sasuke ne ferait jamais un truc aussi nul ! Intervint une fille aux rouges. Il ne se laisse pas mener par sa queue lui !
-Évidement Karin tu as raison, saint Sasuke ne ferait jamais ça ! Se moqua-t-il.

Tout le monde était habitué à ce que la jeune femme prenne la défense de leur ami en toute circonstance et seul ce dernier ne semblait ne pas comprendre l'adoration effrayante dont il était l'objet.

Ses amis continuèrent de se chamailler et de se taquiner mais Sasuke n'y prêtait déjà plus attention, il attrapa son sac pour se diriger vers son prochain cours accompagné de son meilleur ami qui avait jusque là gardé le silence.

-Toujours pas de réponse à tes questions ? Demanda ce dernier.
-Que du vide et toujours plus de vide...

« Poussière brûlante, la fièvre a eu raison de moi. Je ris sans rire, je vis, je fais n'importe quoi. Et je divague, j'ai peur du vide. Je tourne des pages, mais... des pages vides. »

W

« Si je dois tomber de haut que ma chute soit lente. Je n'ai trouvé de repos que dans l'indifférence. Pourtant, je voudrais retrouver l'innocence, mais rien n'a de sens, et rien ne va. »

Un horrible bruit de marteau piqueur réveilla Gaara en sursaut.

Il grogna, pestant contre ceux qui osaient le réveiller si brutalement avant de se rendre compte qu'il était dans les bras de quelqu'un.

Cette constatation peu habituelle le fit tiquer et il se releva brutalement avant de fermer les yeux en grimaçant, agressé par la forte lumière du jour.

Il s'y habitua doucement avant de poser son regard sur le lieu qui l'avait accueillit pour la nuit.

C'était sans aucun doute un squat.

Une maison abandonnée, tombant en ruines, aux murs tagués et à l'odeur nauséabonde d'urine et d'ordures.

-Il semble que je me sois servi de toi comme d'un doudou. Lança une voix grave et éraillée à son oreille, le tirant ainsi de sa contemplation.

Il se tourna vers son compagnons d'une nuit et se perdit un instant dans ses yeux clairs.

-Je ne fais pas ça normalement. Continua l'autre en lui tendant un joint qu'il accepta avec plaisir.
-Oh, je suppose que ça fait de moi quelqu'un de spécial ! Sourit Gaara.

Un rire qu'il trouva réellement sexy lui répondit et son sourire s'élargit.

-En temps normal je me serais même déjà barré, donc ouais je suppose que d'une certaine façon ça te place au dessus des mecs avec qui j'ai baisé jusque là !
-Tu m'en vois ravi...
-Sans compter que je ne suis pas prêt d'oublier ce que tu fais avec ta bouche !

«Qui pourrait m'empêcher de tout entendre ? Quand la raison s'effondre à quel sein se vouer ? Qui peut prétendre nous bercer dans son ventre ? »

Le roux rit plus franchement avant de saisir la bouteille de vodka qui trainait à ses pieds.

-Deidara, mais tu peux m'appeler Dei ! Se présenta l'autre d'un air faussement solennel.
-Ga
-Gaara, je sais. L'interrompit le blond.

Devant son air étonné ce dernier précisa.

-Difficile de trainer dans le monde des courses sauvages sans entendre parler de toi !

Il n'eut aucune réaction, se contentant d'avaler une gorgé d'alcool sous le regard insistant de son partenaire du jour.

-En fait, ce que tu essayais de dire, c'est que je suis ta première relation sexuelle normale ? Finit-il par demander.

Surpris, Deidara resta silencieux un instant avant de saisir la main de Gaara pour porter à ses lèvres le joint coincé entre les doigts de ce dernier.

-Tu n'as rien de normal ! Souffla-t-il.

Il passa négligemment une main dans ses longs cheveux blonds décoiffés avant de poursuivre.

-Mais c'est en quelque sorte ça...

Sa main tenait toujours fermement mais avec douceur celle du roux.

-Je ne m'étais pas contenté d'un seul mec depuis un moment ! Répondit ce dernier en se laissant retomber sur la couverture miteuse, négligemment jetée au sol qui les avait accueillis pour la nuit.
-Ouah, ça me met une sacrée pression ! Rit le blond. Est-ce que j'ai assuré autant que si on avait été plusieurs ?

Gaara tourna légèrement la tête vers lui, entrainant au passage quelques mèches rouges qui tombèrent négligemment sur ses yeux.

-Je devrais aussi m'être barré depuis longtemps.

« Si la mort est un mystère, la vie n'a rien de tendre. Si le ciel a un enfer le ciel peut bien m'attendre. Dis moi, dans ces vents contraires comment s'y prendre ? Plus rien n'a de sens, plus rien ne va. »

Deidara sourit avant de se pencher vers lui pour lui prendre la bouteille de vodka.

-Putain, je dois être un sacré bon coup ! S'exclama-t-il après avoir bu.

Une sonnerie interrompit leur discussion et Gaara grimaça en attrapant son téléphone.

-Petit ami jaloux ou ex copine possessive ? Plaisanta le blond.
-Sœur démoniaque...Souffla le roux en refusant l'appel.

L'autre observa quelque instant les cicatrices présentes sur ses bras et ses poignets, identiques aux siennes avant de déposer une pilule d'un bleu électrique dans le creux de son nombril.

Le contact fit sursauter Gaara qui lâcha son téléphone, mais avant même qu'il ne puisse dire un mot il sentit la langue du blond récupérer le cachet.

Il frissonna sous la caresse.

-Faut exorciser ! Lança Deidara dont le visage n'était plus qu'à quelques millimètres du sien, la pilule coincée entre ses lèvres.
-J'aurai plutôt dit renvoyer en enfer...
-Je suppose que c'est aussi dans mes cordes. Murmura le blond avant de l'embrasser.

« Tout est chaos, à côté. Tous mes idéaux : des mots abimés...Je cherche une âme qui pourra m'aider. Je suis d'une génération désenchantée, désenchantée. »

W

Naruto rasait les murs jusqu'à son casier alors qu'un groupe de sportifs traversait les couloirs, attirant ainsi toute l'attention pour son plus grand bonheur.

Il s'arrêta dans un coin pour éviter de se trouver sur leur chemin et observa avec incrédulité une jeune fille qui semblait être une majorette, exhiber avec fierté le blouson de son petit ami.

Pourquoi une fille aussi jolie et rayonnante ressentait-elle le besoin de se plier à ce genre de coutumes stupides ?

Est-ce que sortir avec un quelconque sportif avait plus de valeur à ses yeux que sa propre personne et les choses qu'elle pouvait accomplir par elle même ?

A Konoha, avoir le tee-shirt, le blouson ou la casquette de l'un des sportifs du lycée était une sorte de Graal pour les filles et chaque petite amie officielle se pavanait avec le numéro de son Don Juan sur le corps.

Parce qu'évidement si vous n'aviez pas reçu votre ridicule bout de tissu de la part de l'un des joueurs et que vous l'aviez simplement acheté sur le site officiel, alors vous passiez de « cool » à « pathétique ».

A noter tout de même que tout le monde était fortement encouragé à dépenser pour encourager les équipes du lycée.

Le doré ne put s'empêcher de soupirer.

Ici pas besoin de grandes compétences pour être célèbres.

Les sportifs, les majorettes, les gens beaux ou riches étaient d'office intégrés à cette très enviée partie de la population.

Quand à la vie de ceux qui cumulaient les critères requis, elle n'avait rien à envier à celle d'une rock star...

« Exactement comme dans ces stupides séries ! » Pensa-t-il très fort alors que le groupe lui passait devant.

Il les remercia tout de même intérieurement de lui avoir permis de se fondre encore un peu plus dans les murs et après avoir rapidement rangé ses livres de la matinée il se précipita vers l'une de ses cachettes pour profiter pleinement de la pause du déjeuner.

W

« Qui n'a connu douleur immense n'aura qu'un aperçu du temps. L'aiguille lente, qu'il neige ou vente, l'omniprésente souligne ton absence. Partout. »

Comme à son habitue Shikamaru avait fini son devoir bien avant le reste de sa classe.

Il retourna sa copie et la poussa sur le bord de la table avant d'une fois de plus se perdre dans ses pensés.

Il reçut un bout de papier sur sa table et planta ses yeux sombres dans ceux de la jeune fille qui avait malencontreusement visé son bureau et qui se liquéfia sous l'intensité de son regard en colère.

Il était fatigué voir agacé de l'immaturité de ses camarades.

Pourquoi fallait-il que la plupart se comporte comme des élèves de primaires ?

L'enseignement de l'établissement était de haut niveau mais les étudiants n'étaient pour beaucoup que des gamins capricieux et trop gâtés.

« Qui n'a connu l'instable règne, qui n'a perdu ne sait la peine. Plus de réserve, du tout. Ni Dieu, ni Haine, s'en fout. Plus de superbe, j'ai tout d'une peine...Un enténèbrement »

Il ne lui restait plus qu'une année avant la fac et il espérait fortement qu'il n'aurait plus à subir ce genre de comportement puéril.

Il fit tomber d'un geste sec la boulette de papier au sol avant de ramasser son sac et de se diriger jusqu'au bureau de son professeur sur lequel il déposa sa copie.

-Monsieur Nara, il vous reste encore une heure. Lança ce dernier en feuilletant sa copie. Vous n'avez pas remplie la partie sur l'eau et
-J'ai fais ce que j'avais à faire monsieur.

L'enseignent releva la tête d'un air un peu las, habitué au comportement particulier de son meilleur élève.

Ils se fixèrent en silence quelques secondes mais le plus âgé détourna vite le regard incapable de soutenir plus longtemps celui de Shikamaru.

Lorsqu'il tentait d'y faire face, il ressentait un vide immense s'emparer de lui, comme s'il plongeait dans quelque chose de froid, sombre et sans fin.

-Tu peux y aller. Finit par soupirer le professeur.

L'adolescent le remercia d'un signe de tête avant de sortir.

-Bonne journée monsieur.

« Tous mes démons les plus hostiles brisent les voix les plus fragiles de tous mes anges les plus dévoués. Et moi l'étrange paumé, fiancé à l'enténèbrement... »

Les couloirs étaient presque déserts pour son plus grand plaisir et il se dirigea d'un pas pressé vers la bibliothèque.

C'était l'un des rares lieux du lycée qu'il fréquentait.

Il n'avait aucun ami, aucune connaissance.

Il fuyait le bruit et les autres, préférant le calme et la solitude.

Tout le reste n'était qu'une perte de temps inutile.

Il se suffisait à lui-même.

Pourquoi s'infliger la présence de ces abrutis en dehors des heures de cours ?

Il marchait fièrement en regardant droit devant lui, écrasant à chaque pas un peu plus de son charisme les gens qui croisaient son chemin.

Il était aussi attirant qu'impressionnant, et son aura glaciale semblait enflammer bien des esprits.

Les regards se posèrent une fois de plus sur lui lorsqu'il pénétra dans la bibliothèque et comme toujours il les ignora pour se diriger directement vers le rayon littérature.

Il le parcourut des yeux à la recherche d'un titre qui accrocherait son regard lorsqu'un bruit agaçant attira son attention.

Le son provenait d'une silhouette à sa droite.

Il tenta de passer outre mais les secondes s'égrenaient et il semblait ne plus entendre que lui.

Il se tourna brusquement pour remettre à sa place celui qui titillait à ce point ses nerfs, mais lorsqu'il vit la main du fauteur de trouble monter et descendre brusquement la fermeture de sa veste dans un geste vif et nerveux le temps sembla se figer autour de lui.

Cette vision lui était tellement familière et douloureuse qu'il ne put la lâcher des yeux.

L'inconnue dut finir par se sentir observé car il cessa brusquement tout mouvement, baissa un peu plus la tête déjà cachée par sa capuche et s'éloigna le plus rapidement possible.

Shikamaru mit quelques secondes à revenir totalement à lui.

Il regarda rapidement autour de lui afin d'être sûr que personne n'ait assisté à cette scène avant d'attraper brusquement un roman, légèrement agacé par son comportement.

« Si j'avais au moins revu ton visage. Entrevu au loin le moindre nuage. Mais c'est à ceux qui se lèvent qu'on somme "d'espoir". Dont on dit qu'ils saignent sans un au revoir, de croire. Et moi pourquoi j'existe quand l'autre dit "je meurs" ? Pourquoi plus rien n'agite ton cœur ? »

W

Sasuke grogna lorsque l'odeur nauséabonde des vestiaires lui parvint.

Habituellement, tous les membres des équipes de sport du lycée et leurs invités utilisaient des douches et des vestiaires qui leur étaient réservés, mais aujourd'hui pour cause de maintenance il devait se contenter de ceux des étudiants lambda.

Il était conscient de l'inégalité des traitements mais n'était pas d'humeur à s'insurger contre ça.

Il s'était entrainé plus longtemps que les autres et s'était donc retrouvé le dernier sous la douche, l'eau était glacée, le sol trempé et l'odeur lui donnait envie de vomir alors tout ce qu'il voulait s'était un bon bol d'air, un énorme sandwich et des frittes !

Il enfila rapidement son jeans et son pull et au moment d'attraper sa veste, il faillit trébucher sur quelque chose.

-Putain, fais chier ! Cracha-t-il en ramassant l'objet.

C'était un vieux cahier de brouillon à la couverture usée et déchirée par endroit qui semblait avoir un long passé derrière lui.

Il fronça légèrement les sourcils en se demandant quel genre de personne pouvait avoir un tel cahier au lycée puis il tendit la main juste au dessus de la poubelle.

-Sas' j'ai faim ! Cria son meilleur ami derrière la porte des vestiaires.
-J'ARRIVE Shino !

Il fourra finalement le cahier au fond de son sac de sport et rejoignit l'affamé.

"Parfois on peut facilement avoir l'impression d'être le seul à ne pas avoir ce qu'on veut, le seul à ne pas être heureux, mais cette impression est fausse.

Il suffit de tenir encore un peu, de trouver le courage d'affronter le monde encore une journée pour que quelqu'un ou quelque chose vienne tout arranger.

Parce qu'on a tous besoin d'aide, de temps en temps.

On a tous besoin que quelqu'un nous rappelle combien la musique du monde est belle et que la vie ne sera pas toujours ce qu'elle est.

Cette personne existe quelque part et elle finira par vous trouver. "

W

« Bulle de chagrin, boule d'incertitude, tant de matins que rien ne dissimule. Je veux mon hiver, m'endormir loin de tes chimères. Je sais bien que je mens, je sais bien que j'ai froid dedans. »

Naruto fouillait désespérément son sac à la recherche de son cahier sous le regard mi surpris mi inquiet du propriétaire de la papeterie.

Il s'agenouilla rapidement pour vider son contenu sur le sol en se mordant nerveusement les lèvres, priant intérieurement pour le retrouver mais rapidement il dut se rendre à l'évidence, son journal d'enfance avait disparu !

-Non ! S'exclama-t-il. NON !

Ses mains tremblaient avec force, toute idée claire semblait avoir abandonné son esprit pour laisser place à un flou effrayant.

Il se sentait oppressé, perdu et incapable de prononcer le moindre mot.

Ce n'était pas possible, il ne pouvait pas l'avoir perdu, il ne pouvait pas !

Ce bout de son enfance, de ses souvenirs douloureux et de ses secrets ne pouvaient pas tomber entre les mains d'un inconnu !

Une larme dévala sur ses joues, puis deux et en quelques secondes son visage fut inondé.

-Hey petit ça va ? Le questionna le gérant en s'agenouillant près de lui.

La proximité fit sursauter l'adolescent qui fourra rapidement toutes ses affaires dans son sac avant de partir en courant, balbutiant un bref « désolé ».

« Bulle de chagrin, boule d'incertitude, de nos destins nait que solitude. Tu dis qu'il faut du temps, qu'aimer n'est pas un jeu d'enfant. Je sais bien que tu mens, mais je suis si seul à présent. »

Il ne fit que quelques mètres avant de se laisser tomber sur un vieux banc, incapable de calmer ses pleurs malgré la foule.

La plupart l'ignorait, d'autres semblaient le plaindre ou désapprouver mais il n'y faisait pas attention, bien trop habitué à ce genre de réactions.

De nous jours l'égalité des sexes semblait presque acquise et pourtant...

La plupart des femmes étaient libres et indépendantes, elles pouvaient être fortes et s'émanciper mais les garçons se devaient toujours d'être forts et virils.

Ils devaient aimer se battre, le foot, le rugby, faire tomber les filles et conduire de grosses voitures !

Les garçons n'étaient pas frêles, fragiles et perdus.

Ils n'avaient pas besoin d'être aimés, protégés et rassurés.

Les garçons ne pleuraient pas, surtout en pleine rue !

Alors que faisait-il sur terre ?

« Bulle de chagrin, boule d'incertitude, deux orphelins que le temps défigure. Je voudrais mon hiver, m'endormir loin de tes chimères, Tu sais bien que je mens, tu sais bien que j'ai froid dedans. »

Il n'avait jamais ressenti le besoin ou l'envie d'être une fille, mais il avait toujours pensé qu'il aurait été plus facile d'être ce qu'il est dans un corps féminin.

Non !

Ce dont il aurait réellement eu besoin, c'est de parents.

Des vrais, ceux qui vous aiment, vous protègent et vous soutiennent en toute circonstance.

S'il avait eu cette chance, alors les choses auraient étés différentes, sa vie aurait prit une toute autre voie et il ne serait pas en larmes, seul dans cette rue au milieu de passants indifférents ou accablants.

Il s'allongea péniblement sur le banc, incapable de rentrer chez lui ayant encore bien des larmes et de peine à extérioriser.

« Mais quel espoir pourrais-je avoir quand tout est noir? Ainsi sois-Je, ainsi soit Tu, ainsi soit ma vie. Tant pis. »

Il ferma les yeux, tentant de se raccrocher à un souvenir heureux, à un moment de bonheur, une marque d'affection ou un geste de tendresse mais il fut forcé de constater que seules la douleur et la rage lui revenaient en mémoire, noircissant encore plus son humeur.

Il se sentait tellement seul et invisible.

Pourquoi donc continuait-il de survivre ?

« Il y a des plaies qui ne guérissent pas, que ce soit par les soins, ou par l'amour. Il faut les affronter au jour le jour. »

W

« Je suis un punk, je suis un pécheur. Je suis un paumé débutant. Je suis tellement moi. Je suis un monstre, je suis un menteur je suis un flirteur. Je nie que je ne suis pas bien et puis je fous le bordel. »

Deidara tenta de pénétrer dans l'entrée en faisant le moins de bruit possible.

Mais alors qu'il avait presque atteint les escaliers, le trop plein d'alcool et de drogue se fit ressentir et il trébucha contre l'une des petites tables, envoyant ainsi valser un énorme vase en cristal.

Il pesta de rage et se baissa pour ramasser les morceaux éparpillés au sol.

-Dei, pas comme ça tu risques de te blesser ! Lança une voix féminine.

Le brun releva la tête pour tomber sur la seule et l'unique Sakura Haruno.

Ce seul nom suffisait à faire bander pas mal hommes.

Il observa avec attention ses longues jambes fuselées, moulée dans un slim blanc et sa poitrine parfaite mise en valeur dans un chemisier vaporeux rouge, assorti à ses escarpins vertigineux.

Sa longue chevelure rose se perdait sur une veste cintrée noire à laquelle une broche ornée d'un rubis était accrochée.

Le maquillage était léger, l'allure fière et le regard déterminé.

Sakura était parfaite.

S'il avait été hétéro, Deidara aussi aurait été dingue de ce petit bout de femme qui débordait de force et de charisme.

Mais contrairement à la plupart des mâles qui lui tournaient autour ou à son crétin de petit ami, il n'aurait jamais fantasmé vulgairement sur elle comme un charognard devant un cadavre!

Elle méritait beaucoup mieux.

La jeune femme qui s'était éclipsée jusqu'à la cuisine pour y prendre un balai et une pelle venait de se baisser pour ramasser les morceaux.

Leur proximité le frappa soudainement et il sursauta avant de s'éloigner brusquement, sans remarquer le regard blessé de la rosée.

Il avait le sentiment que le simple fait d'être près d'elle et de son père suffisait à les salir.

Ils méritaient mieux !
Tellement mieux !

Il ne pouvait pas être un fils ou frère ! C'était impossible !

Il devait rester loin d'eux !

« Je suis un peu suicidaire, je suis mon propre et plus mauvais rival. Déchets blancs, monstre, maniaque, psycho. Je suis un rebelle fauteur de trouble. Fais une affaire avec le démon ! Je suis sur la voie du non-retour »

-Tu saignes ! S'exclama Sakura en lâchant son balai pour lui prendre la main.

Elle voulut regarder sa blessure de plus près mais il secoua violemment la main.

-Ne me touche pas ! Hurla-t-il avant de se précipiter dans les escaliers.

L'adolescente resta de longues secondes sans bouger avant de soupirer tristement et de se baisser pour ramasser son balai.

Son père l'observa un moment du pas de la porte du salon, peiné par la scène hélas habituelle à laquelle il venait d'assister.

-Et bien que diraient tes fans s'ils apprenaient que tu fais le ménage ?! S'exclama-t-il

Sa fille sourit avant de lui faire signe de la rejoindre et il s'exécuta rapidement, un sourire enfantin sur les lèvres.

Une fois près d'elle il tendit la joue pour son bisou mais à la place il se retrouva avec un manche à balai entre les mains.

-Tu as raison ! Sourit la jeune fille. Sakura Haruno ne fait pas le ménage !

Deidara s'était enfermé dans sa chambre, se maudissant une fois de plus d'avoir haussé le ton sur sa sœur d'adoption.

La pièce était immense et pourtant presque vide.

Il avait refusé de trop la meubler et avait même viré le lit, se contentant d'un matelas sur le sol pour dormir.

En fait sa chambre ressemblait à l'un des nombreux squats où il passait ses nuits.

L'odeur et les ordures en moins.

Il ne voulait surtout pas personnaliser cet endroit.
Il ne devait surtout pas se sentir « chez lui ».

Il entendit les talons de Sakura dans les couloirs et sentit cette dernière s'arrêter un instant devant sa porte avant de voir un pansement glisser sur son tapis.

Une fois de plus tout son être lui cria à quel point son existence était pathétique et misérable.

Il fouilla dans une boite cachée sous un tas de vêtement à ses pieds pour en sortir une lame de rasoir qu'il porta à son bras avant de suspendre son geste face aux chiffres inscrit dessus.

"Gaara se leva sans un mot, nullement gêné par sa nudité ou le regard de Deidara sur son corps.

Il enfila rapidement son jeans hors de prix et sa veste en cuir à même la peau avant de finir d'une traite la bouteille de tequila qu'ils avaient entamée il y a peu.

Le blond savait qu'il allait partir, il ne comprenait même pas pourquoi ils étaient restés si longtemps ensemble.

Ce n'était pas dans leurs habitudes.

Une drôle d'angoisse lui tiraillait l'estomac, quelque chose de désagréable, comme lorsqu'il repoussait Sakura ou son père.

Que devait-il dire ?

Soudain, Gaara sortit un tube de rouge à lèvre de sa poche et s'agenouilla près de lui en attrapant son bras.

-Intense et inoubliable... Une édition limitée hors de prix à ce qu'il parait. Souffla-t-il en appuyant le bâton rouge sur sa peau. Le préféré de ma sœur...

Le blond, hypnotisé par les chiffres que le roux dessinait finit par lui sourire.

-Elle va être folle de rage ! Lança-t-il.
-J'espère bien ! Répondit Gaara en écrasant avec force le tube au sol."

Deidara laissa tomber la lame en souriant avant de sortir un joint de sa poche.

« Je deviens de plus en plus étrange, je perds la raison .Je le crée, juste pour le faire s'écrouler. Vous obtenez ce que vous voyez, le produit d'une famille dysfonctionnelle. »

W

-Sasuke on t'attend !

Une fois de plus Itachi n'eut aucune réponse de son petit frère et il grogna presque en se levant de sa chaise.

-Laisse, je vais aller voir ! L'interrompit sa mère déjà au pied des escaliers. Surveillez le rôti pour moi !

La porte de son fils étant grande entrouverte, elle n'hésita pas à entrer immédiatement après avoir toqué légèrement, persuadée de trouver son fils sur son ordinateur, son casque visé sur les oreilles.

Elle se figea un instant sous le coup de la surprise avant de se précipiter vers l'adolescent qui était assit par terre appuyé contre son lit, la tête posée sur ses genoux et enfouie sous ses bras.

-Mon chéri, qu'est ce qu'il se passe ?

Elle s'accroupit à sa hauteur et le secoua très légèrement pour ne pas le brusquer.

Cela faisait quelque temps que son fils semblait en proie à un malaise intérieur mais il restait pourtant plein de vie et souriant, jamais elle n'aurait cru le voir ainsi prostré.

Elle appuya avec un peu plus de force sur son bras et il releva enfin la tête vers elle.

Ses yeux étaient rougis et gonflés, ses joues encore mouillées par les nombreuses larmes qu'il avait versées et son regard perdu donnait l'impression à Mikoto de faire face à un enfant affrontant son plus gros chagrin.

Son cœur de mère se serra douloureusement à cette vision et elle voulut immédiatement l'attirer dans ses bras, mais son fils la repoussa vivement pour se précipiter vers la salle de bain.

Ce geste de rejet la laissa un instant sans voix avant qu'elle n'en comprenne la raison en l'entendant vomir.

Un curieux cahier déchiré lui sauta alors aux yeux et l'espace d'un instant elle fut tentée de l'ouvrir, se demandant si elle y trouverait les raison du malheur de son fils avant de se reprendre et de le rejoindre dans la salle de bain.

Elle mouilla un gant de toilette et lui tendit sans un mot, un sourire rassurant sur le visage avant de s'asseoir à ses côtés sur le carrelage frais.

Ils restèrent ainsi une dizaine de minutes, la main de Sasuke tendrement emprisonnée dans celle de sa mère avant que ce dernier ne se lève.

-Ça va mieux ?

Le jeune homme hocha positivement la tête.

-Qu'est ce qui s'est passé ?

Leurs regards perçants identiques se sondèrent de longues secondes, chacun cherchant à faire céder l'autre.

Mikoto abandonna en soupirant.

-Tu viens manger ?
-Je n'ai pas faim.
-Sûr ?
-Ouais, puis j'ai vraiment besoin d'un bain.

Elle se contenta de lui sourire de nouveau avant de déposer un baiser sur son front et de rejoindre le reste de la famille.

Sasuke ne réagit pas tout de suite, il resta un instant inerte, encore perdu dans ses pensés puis avec une quasi frénésie il se précipita dans sa chambre pour saisir son lecteur à la recherche d'une chanson en particulier qu'il ressentait le besoin d'écouter pour une raison inconnue.

Une fois de retour dans la salle de bain, il lança la musique, s'assit sur le rebord de la baignoire et ouvrit les robinets à fond.

Les premières notes qui résonnèrent se mêlèrent au son de l'eau et il se décida enfin à se déshabiller, l'esprit à nouveau tourné vers ce qu'il venait de découvrir.

Pourrais-je être encore en train de rêver ?
J'arrive, seul, je descends
Tu mènes, plus profond à travers ce dédale
Je n'ai pas peur

Il était rentré du lycée vers dix- sept heures après deux heures intensives de hockey et une bonne douche pour s'effondrer sur son lit avec un énorme casse croûte et un bon manga, soulagé de pouvoir enfin se reposer.

Une fois remis de sa journée il s'était décidé à vider son sac, et c'est en voulant mettre ses affaires de sport au sale qu'il était tombé sur le vieux cahier retrouvé plus tôt dans les vestiaires.

Une fois de plus il avait été tenté de le jeter puis il s'était ravisé, pensant que même si à ses yeux c'était un déchet, un quelconque élève de Konoha y avait peut-être des cours important de notés.

Sasuke avait un énorme respect pour la vie privé, il tenait ça de sa mère.

Vous pouviez lui confier tous vos secrets et laisser trainer des enveloppes ouvertes avec le mot « personnel » écrit en gros sans que l'idée même de regarder dedans ne lui vienne à l'esprit.

Ses amis s'amusaient à dire que c'était parce qu'il n'avait aucun intérêt pour la plupart des gens et leur vie qu'il se foutait de leur intimé mais dans le fond ils appréciaient tous grandement cette qualité importante.

C'est donc avec la simple et unique intention de noter le nom ou la classe du propriétaire du cahier qu'il l'avait ouvert.

Mais il était immédiatement tombé sur une phrase qu'il n'avait même pas eu le temps de s'empêcher de lire et qui l'avait happé totalement.

Je suis perdu en toi
Partout où je cours
Partout où je me tourne
Je trouve quelque chose de nouveau
Perdu en toi
Quelque chose que je ne peux pas combattre
Je ne peux pas m'échapper
Je pourrais passer ma vie perdu en toi
Perdu en toi

Il s'installa dans la baignoire, repensant à cette écriture d'enfant couchée sur le papier vieillit et abimé.

Quel âge avait-il lorsqu'il avait écrit tout ça ?
Sept ? Peut-être huit ans?

Il était sans aucun doute bien plus doué que la moyenne mais ce n'était pas vraiment ce qu'il avait retenu de sa lecture.

Il s'en voulait de ne pas s'être arrêté, d'avoir ainsi violer l'intimité de cet enfant qui avait sans douté bien grandit aujourd'hui mais les mots l'avaient emporté sans qu'il ne puisse même tenter de faire marche arrière en refermant le cahier décrépi.

Il avait ressenti tellement de douleur et de solitude dans ces pages griffonnées.

Il y avait eu tellement de colère, de révolte et d'indignation en lui qu'il n'avait rien pu faire d'autre que continuer, espérant, priant même pour que le passage suivant soit plus léger.

Il s'était sentit impuissant et frustré, comme si toutes les scènes décrites se déroulaient sous ses yeux mais qu'il était incapable de les empêcher, incapable d'éviter que cet enfant ne souffre.

Tes chuchotements remplissent ces halls vides
Je te cherche alors que tu appelles
Je te poursuis, je te chasse
J'ai besoin de toi, bien plus

Je suis perdu en toi
Partout où je cours
Partout où je me tourne
Je trouve quelque chose de nouveau
Perdu en toi
Quelque chose que je ne peux pas combattre
Je ne peux pas m'échapper
Je pourrais passer ma vie perdu en toi
Perdu en toi

Il se sentait coupable.

C'était insensé mais il se sentait coupable de n'avoir rien pu faire et une fois de plus toute son inutilité lui avait explosé au visage lui rappelant ainsi le vide de son existence.

Des gens qui souffrent, il en voyait tous les jours, mais cette fois ci...

Il se sentait tellement retourné par ce qu'il avait lu et par tous les sentiments douloureux et divers qui étaient nés en lui qu'il avait la certitude que quelque chose venait définitivement de changer.

Après ce qu'il venait de lire et surtout de ressentir il ne pouvait pas se contenter d'oublier pour revenir à sa petite vie tranquille.

Il ne pouvait pas laisser l'auteur de ces mots se demander avec angoisse où était son cahier et qui avait sans doute lu ses mots.

Il devait lui rendre et s'excuser.

Il ferma les yeux un instant pendant que l'eau chaude effaçait les dernières traces de shampoing, espérant ainsi oublier qu'il était terrorisé à l'idée que l'autre puisse lui en vouloir et le détester.

Pourquoi craignait-il à ce point le jugement de ce garçon ?

Il n'en avait aucune idée...

Pourtant même s'il n'en était pas encore pleinement conscient, l'avis de ce jeune homme comptait déjà énormément.

Il inspira profondément avant de sortir de son bain, décidé à retrouver celui qui avait réussit à le faire pleurer comme un enfant au bout de quelques lignes seulement.

-Espérons juste qu'il ne me déteste pas ! Souffla-t-il en enfilant un peignoir

Je ne pourrais plus jamais être le même ici
Quelque chose que je ne pourrais jamais atteindre
Je ne pourrais jamais regarder ailleurs
Je me suis perdu en toi
Tout est finit maintenant

Perdu en toi
Partout où je cours
Perdu en toi
Partout où je cours
Perdu en toi
Perdu en toi

Il retourna dans sa chambre en se séchant les cheveux, cherchant une façon d'obtenir la classe de celui qu'il recherchait

A travers les pages qu'il avait lu, il avait réussit à découvrir son prénom puis son nom de famille, ce qui lui permettrait de le retrouver facilement dans le fichier du lycée, mais pour ça, il lui fallait accéder à l'administration.

-Je ne vais quand même pas pirater le système ? S'exclama-t-il à haute voix.

Songeur il s'installa à son bureau pour se connecter à l'interface du site du campus avant de saisir son téléphone portable.

-J'attendais justement ton coup de fil beau gosse ! Chantonna une voix de jeune femme à l'autre bout du fil.
-J'ai besoin de toi Saku !
-Je sais, je sais ! Rit-elle. C'est dans quinze jour et tu n'as sans doute aucune idée en tête je pari !
-Hun ?
-Mais bon je t'ai toujours aidé pour les cadeaux donc...
-Les cadeaux ? L'interrompit-il.
-Attend tu n'appelle pas pour l'anniversaire de Yuna?
-Non.

La jeune femme gloussa.

-Toujours aussi direct !
-Hun.
-Ok donc je suppose que tu as carrément oublié ?
-Ça m'était un peu sortit de la tête...
-Sas' !
-Quoi ? Tu l'as dit toi même, j'ai encore deux semaines !
-On sait tous les deux qu'au final tu vas m'appeler la veille en catastrophe pour que j'aille faire les boutiques à ta place !

Il se contenta de grogner ce qui fit une fois de plus rire son amie.

-Alors qu'est ce que je peux faire pour toi trésor ?
-J'ai besoin du mot de passe de ton père. Répondit-il directement.
-Attend, je rejoins ma chambre.

Sasuke sourit, ravi de voir que comme toujours il pouvait compter sur son amie.

Sakura était toujours prête à lui filer un coup de main, sans jamais poser aucune question.

Même ce soir alors qu'il s'agissait de son père, elle lui faisait confiance et acceptait de l'aider sans hésiter.

- Bon on n'en a jamais parlé mais je le connais plutôt bien donc on devrait finir par trouver ! Expliqua-t-elle. Tu es devant ton ordinateur là ?
-Oui.
-Ok alors essaye « Excalibur » le tout en majuscule.
-Vraiment ? S'étonna l'adolescent.
-Si tu savais...Pouffa-t-elle.
-En tout cas ce n'est pas ça...En minuscule non plus...

Il entendit son amie marmonner quelques instants comme elle savait si bien le faire avant de lui accorder de nouveau son attention.

-Alors ce doit être soit » The Wind Waker « soit « Ocarina of time »
-Mais oui, ton père est un fan de Zelda !
-Un inconditionnel même !
-Ouais en tout cas...Hey ça a marché !
-Évidement ! Je le connais par cœur ce vieux geek !
-J'aurai jamais cru que ce serait aussi rapide !
-C'est exactement ce que je me suis dis la première fois que j'ai couché avec Sai! Plaisanta la jeune fille provocant ainsi le rire de Sasuke. Bon je te laisse parce qu'on justement rendez-vous.
-Merci ma belle, tu es géniale !
-Ah j'ai beau le savoir, je ne me lasse pas de l'entendre !
-Ne faites pas trop de folie, ton chéri à un match demain ! Lança-t-il avant de raccrocher.

Sasuke n'eut cette fois ci aucune hésitation, il tapa immédiatement le nom dans le moteur de recherche interne, espérant que ce soit bien le bon et en quelques secondes seulement il eut sa réponse.

Uzumaki Naruto, seize ans en première scientifique.

Il grogna de frustration.

Pourquoi n'y avait-il aucune photo?

W

Naruto était angoissé.

Rasant encore un peu plus les murs qu'à son habitude, il avait le sentiment que tout le monde était au courant, que chacun murmurait sur son passage et le montrait du doigt et c'est pourquoi malgré la chaleur dans l'établissement il se cachait sous la large capuche de son pull.

La matinée avait été éprouvante pour ses nerfs et à présent la seule chose qu'il souhaitait c'était retrouver l'une de ses cachettes pour pouvoir enfin respirer un peu.

La dernière fois il avait difficilement trouvé le courage d'aller jusqu'à la bibliothèque mais en cherchant un livre dans les rayons il s'était retrouvé près d'un jeune homme à l'aura écrasante et il s'était sentit terrorisé.

Il avait machinalement et comme à son habitude joué avec la fermeture éclair de sa veste pour tenter de ne pas fuir et choisir un livre, mais le regard perçant de l'autre posé sur lui avait eut raison de ses bonnes résolutions.

Alors aujourd'hui, il allait se contenter d'un coin isolé où il pourrait être totalement seul.

Mais sans qu'il ne s'y attende, il se sentit attiré brusquement dans une salle vide et plaqué contre un mur.

Il hoqueta en reconnaissant son assaillant et ce dernier tira immédiatement son sweat trois fois trop grand vers le haut pour lui ôter, ce qu'il réussit sans aucun mal.

Naruto ne chercha même pas à comprendre d'où venait cette nouvelle manie du roux de le « déshabiller » peu pressé de découvrir ses nouvelles idées d'humiliation.

Il respira profondément avant d'ouvrir doucement les yeux pour remarquer que Sasori avait le regard fixé sur son épaule gauche dénudée, une expression indéchiffrable gravée sur le visage.

-Sais-tu à quel point ta misérable existence peut m'agacer ? Finit par questionner ce dernier.

Il posa l'une de ses mains sur son épaule et y appuya fortement, arrachant à sa victime un gémissement de douleur.

-La simple idée que nous respirons le même air me donne envie de vomir ! Continua-t-il en haussant le ton.

Sa main libre vint attraper violemment les cheveux du blond pour le forcer à lui faire face, sans se soucier de la douleur qu'il lui infligeait.

Naruto bien que tremblant ne quitta pas Sasori du regard, comprenant que ce dernier lui ferait payer cher.

Pourquoi y avait-il tant de colère dans ses yeux ?
Qu'avait-il bien pu faire pour que le footballeur le déteste autant ?
Et au-delà de ça, pourquoi semblait-il si malheureux ?

Malgré la peine que le roux lui infligeait, Naruto ne pouvait rester insensible à la douleur qui émanait de lui.

Il détestait voir les gens souffrir, même ceux qu'il devrait haïr.

Les larmes coulaient sans retenue et il se maudit une nouvelle fois d'être aussi faible et inutile.

Sasori se rapprocha lentement de lui, accélérant un peu plus sa respiration et son rythme cardiaque et il ne put plus soutenir son regard, il ferma alors fortement les yeux en priant pour que la punition soit rapide.

Il sentit un souffle sur son visage, puis son cou et enfin son oreille.

-Bientôt je te ferais entièrement disparaitre. Lui murmura son bourreau avant de s'envoler.

Naruto expira bruyamment en se laissant tomber au sol, totalement abattu.

W

Shino observait avec attention son meilleur ami qui n'avait pas quitté des yeux sa montre ou l'horloge des couloirs et des salles de cours.

Qu'est ce qui le rendait aussi fébrile ?

Il lui avait demandé s'il avait un rendez vous mais Sasuke avait balbutié des mots incompréhensibles, les joues légèrement rosées avant de lui répondre qu'il lui expliquerait tout plus tard.

Il savait qu'il le ferait mais il était tout de même amusé et légèrement inquiet de voir son ami aussi pressé d'atteindre la fin de la journée.

Jamais il ne l'avait vu dans un tel état !

Ou peut être à Noël, lorsqu'ils avaient huit ans...

Il voulut lui demander d'arrêter de s'agiter sur sa chaise sous peine de l'assommer mais la sonnerie retentit et ce dernier se précipita vers la sortie en lui criant qu'il le rejoindrait à l'entrainement.

-J'ai hâte d'entendre son explication ! Souffla Shino.

Sérieusement, il ne faisait pas partie de l'équipe mais assistait à tous les entrainements de son meilleur ami comme le faisait ces espèces de groupies sans cervelle !

Pourquoi faisait-il ça déjà ?

-Ah, les majorettes ! S'exclama-t-il en offrant un immense sourire à une jeune fille appuyée près de sa table.

Sasuke courait presque dans les couloirs.

Devant traverser la moitié du lycée pour rejoindre la salle de cours de Naruto, il craignait de ne pas arriver à temps.

Il mit près d'une dizaine de minutes avant d'arriver devant la salle qu'il recherchait d'où sortaient deux jeunes filles qui gloussèrent immédiatement en le voyant se rapprocher.

-Excusez moi, est ce que Uzumaki Naruto est encore là ?

Elles semblèrent surprises et le dévisagèrent presque avant que l'une d'entre elle ne lui balbutie quelques mots.

-Euh...Tu sais il ne parle...parle pas vraiment alors...

Il soupira légèrement agacé.

-Il est toujours le dernier à sortir ! Ajouta l'autre en lui offrant un sourire qu'elle espérait sans doute séduisant. Donc...

L'adolescent ne lui laissa même pas le temps de finir, il les remercia et s'éloigna rapidement pour s'empêcher de leur sauter à la gorge.

Elles ne semblèrent même pas vexées, apparemment ravi qu'un « populaire » leur ait adressé la parole et elles s'éloignèrent le sourire aux lèvres, le laissant seul dans le couloir à présent désert.

Quelques minutes passèrent et le sportif commençait sérieusement à se demander s'il restait réellement quelqu'un à l'intérieur de la salle, il s'apprêtait à faire demi tour lorsqu'il vit un jeune homme en sortir.

Sasuke sut immédiatement que c'était lui.

Il avait passé toute la nuit à se demander à quoi le jeune homme pouvait bien ressemblait sans y parvenir mais à présent qu'il l'avait devant lui...

C'était une évidence !

Sasuke devait avouer qu'il ne s'attendait pas à ce qu'il soit aussi...

-Vraiment...charmant... Balbutia-t-il soudainement impressionné.

Il s'attendait peut-être à un petit enrobé boutonneux ou un à gringalet insipide mais certainement pas à quelqu'un qui accroche à ce point là le regard.

Il avait beau ne pas apercevoir son visage et même s'il tentait de se fondre dans les murs il lui était difficile de détourner les yeux.

Il l'observa un instant fouiller dans sa sacoche en cuir un sourire attendrit sur les lèvres.

Il semblait incroyablement fragile, même de loin cela se ressentait et Sasuke se dit que ça n'avait rien d'étonnant.

Au souvenir de ce qu'il avait lu, son cœur se serra douloureusement et il dut retenir son envie de le serrer dans ses bras sur le champ.

Le voyant s'éloigner le regard baissé, son sac serré contre lui, il se décida enfin à l'interpeller malgré l'angoisse qui le tiraillait.

-Naruto! Sa voix avait tremblé mais il y était arrivé.

L'autre releva la tête un peu surpris et surtout apeuré et le sportif remarqua que ses cheveux dorés tombaient sur son visage en cachant ainsi une bonne partie comme ses yeux.

Il se sentit un instant frustré de ne pas pouvoir les voir avant de se reprendre.

Voyant sa peur, il crut bon de le rassurer.

-Je veux juste te rendre ça ! Expliqua-t-il en sortant le cahier de son sac de sport.

Mais le résultat ne fut pas celui escompté, Naruto horrifié hoqueta avant de partir en courant.

Sasuke surpris par sa réaction ne réagit pas tout de suite, puis presque sans s'en rendre compte un aveu franchit ses lèvres.

-Je l'ai lu !

Le blond se figea dos au brun et ce dernier fit quelques par vers lui.

-Je...Je n'avais vraiment pas prévu de faire ça...Je l'ai trouvé dans les vestiaires et...au début je voulais le jeter puis...

Naruto l'interrompit brusquement sans pour autant lui faire face.

-Qu'est ce que tu comptes faire exactement ? Essaya-t-il piteusement de crier. Te moquer de moi et m'humilier jusqu'à ce que je fonde en larme ou que je décide de me pendre ?
-Hein ? Non je...
-Tu es venu m'expliquer la manière dont tu comptes l'annoncer à tout le campus ? Pour que je n'en dorme pas de la nuit ?

Sasuke savait que ce n'était pas vraiment le moment mais il ne put s'empêcher de penser que l'autre avait réellement une belle voix.

Elle était tremblotante, teintée d'angoisse et de peur mais malgré ça elle restait agréable à entendre, douce telle une caresse.

Il cherchait le moyen de s'expliquer mais aucun mot ne semblait assez fort et Naruto profita de son silence pour s'éloigner rapidement encore sous le choc de sa propre audace.

Jamais encore il n'avait osé parler ainsi à quelqu'un et il redoutait la vengeance de Sasuke.


Musique: "Long way to happy" by Pink et "Lost" by Red