Cet OS est écrit pour un jeu du FoF. Il fallait rédiger quelque chose sur le thème "Sécurité" en une heure. Il est minuit et pour plus de précisions, vous pouvez m'envoyer un MP.

Une petite branche alternative, une ouverture même, seulement, si Sansa avait accepté de quitter Port-Réal avec le Limier.


Tétanisée, Sansa serrait la poupée entre ses doigts, alors que le Limier parlait. Elle ne savait pas depuis combien de temps il était là, assis sur son lit. L'attendait-il ? Ou s'était-il caché ? Il soupira et se leva pour mieux lui faire face.

- Je ferais en sorte que vous soyez en sécurité, dit-il de sa voix rauque.

Malgré l'horrible brûlure qui lui dévorait la moitié du visage, Sansa ne pouvait pas faire abstraction de son expression peinée et apeurée. Elle grimaça légèrement en se rendant comme il lui rappelait Lady tout d'un coup, la première fois qu'elle avait dû la gronder.

- Voulez-vous rentrer chez vous ? demanda le Limier en avançant d'un pas.

Sansa le dévisageait. Elle hésitait, déchirée. Elle voulait quitter cet horrible endroit, quitter l'horrible Joffrey et son horrible mère… mais son honneur, sa droiture et la bienséance lui hurlait de refuser.

« Je serais en sécurité ici. » pensa-t-elle, en se disant que ce serait une parfaite formulation pour un refus digne d'une demoiselle.

Mais les mots ne franchirent jamais ses lèvres. Le Limier dût cependant se rendre compte de l'hésitation et il s'avança soudain, son visage abimé à quelques centimètres de celui, pâle et délicat, de la jeune Stark. Elle frémit.

- Ecoute-moi, aboya-t-il en la tutoyant tout d'un coup. Stannis est un tueur. Les Lannisters sont des tueurs. Ton père était un tueur. Ton frère est un tueur. Tes enfants seront des tueurs à leur tour. Le monde est régi par des tueurs.

La rouquine était décomposée. Elle avait peur, à la fois de l'homme et de la vérité qui s'échappait de sa bouche. Il renifla. Il avait l'air épuisé.

- Vous devriez vous habituer à les regarder dans les yeux, dit-il.

Sa voix s'était faite plus douce et Sansa leva les yeux vers lui. Elle put croiser son regard et elle se redressa, soudain consciente de quelque chose d'important.

- Vous ne me ferez pas de mal.

Ce n'était pas une question ni une hypothèse. C'était une affirmation. Une certitude qu'elle avait acquise. Elle l'avait vu au fond de ses yeux d'animal apeuré. Il était au moins autant effrayé qu'elle – peut-être même plus, lui savait ce qu'était une bataille et ce qu'il pouvait s'y passer.

Clegane se redressa à son tour, son expression se teintant soudain d'un peu de méfiance. Il avait la sensation qu'elle avait lu en lui comme dans un livre ouvert et ce sentiment le dérangeait. Mais ce n'était qu'un homme, plus simple encore qu'il n'en avait l'air.

- Non, petit oiseau, je ne te ferais pas de mal.

Il soupira en baissant les yeux. Il se détourna lentement et se dirigea vers la porte. Sansa sentait son propre cœur battre comme s'il cherchait à s'échapper de sa cage d'os. Il s'en allait ! Il la laissait là ! Son bras retomba, se laissant guider par le poids de la poupée. Le poids de son enfance.

La poupée tomba au sol et la tête de bois sculpté laissa échapper un son mat. Le Limier tourna les yeux vers la petite main gracile qui s'était posée sur son armure souillée de sang et de sable. Sans un mot, il passa un bras protecteur autour des minces épaules de la jeune femme et l'entraina avec lui dans les couloirs.


Ce qui suivit resta confus dans l'esprit de Sansa. Le château était en émoi, des gens couraient en tous sens, effarés par la bataille qui avait lieu à l'extérieur. Clegane avait pris deux chevaux comme s'ils lui appartenaient, les avait sellés et ils avaient quitté la ville par une petite porte détournée.

Lorsque le soleil se leva, la jeune femme aurait été incapable de dire combien de kilomètres ils avaient parcouru. Elle était transie, par le froid, la faim, la soif, la peur… tout à la fois. Il fallut que le Limier aboie plusieurs fois avant de parvenir à la tirer de ses pensées vides. Ils s'étaient arrêtés devant une petite auberge.

- On ne nous cherchera pas ici, justifia Clegane dans un grognement.

L'homme avait les bras ouverts pour l'aider à descendre de monture. Elle tomba plus qu'elle ne descendit volontairement, mais elle était si légère que le Limier n'eut aucun mal à la rattraper et la déposer sur ses pieds. Elle tremblait des pieds à la tête, les lèvres craquelées, la langue gonflée, les yeux rouges, les mains en sang, les cuisses douloureuses.

Sandor l'observa faire quelques pas d'elle-même et grogna, avant de la soulever dans ses bras. Il réclama une chambre dans un aboiement agressif et, bien vite, Sansa senti un matelas sous son dos et un oreiller sous la nuque. Ses yeux se fermaient d'eux-mêmes sans qu'elle puisse résister, mais elle les rouvrait dans un sursaut à chaque fois.

- Chut, petit oiseau, murmura le Limier en versant un peu d'eau fraiche en ses lèvres desséchées. Tu peux dormir tranquille. Je vais rester là et te protéger.

Ces quelques mots glissèrent comme du miel dans les oreilles de la fille Stark qui, si elle avait eu la moindre force restant, aurait sans doute souri. Au lieu de quoi elle s'endormit.

Sandor hocha la tête et s'assit sur une chaise qu'il tira près du lit. Il monterait la garde. Il la surveillerait de près.

Jamais elle ne quitterait son champ de vision.