Thomas Brackenreid était un jeune agent plein de fougue souhaitant faire la justice et maintenir l'ordre quand il est entré dans la police. Il avait de grandes ambitions. Il était à présent détective. Cela ne faisait que peu de temps qu'il était rentré de l'armée mais il aspiré à d'autres horizons. C'est pour cela qu'il embarqua pour le Canada où il avait obtenue une place au poste 4 de la Maréchaussée de Toronto. Thomas n'avait pas peur de faire la traversée, il avait déjà beaucoup navigué pendant la guerre et n'était plus à un voyage près ! Dans son paquetage, il avait pris soin de prendre une photo de sa famille et des bouteille de Whisky. Il ne savait pas ce qu'il allait trouvé là-bas et ne comptais pas manquer de cette délicieuse boisson de sa patrie. Les docks grouillaient d'agitation, les matelots chargeaient la cargaison, les familles se disaient adieu, les voyageurs embarquaient et des curieux observaient tout cela d'un œil intrigué. Il avait demandé à ses frères de ne pas venir et de veiller sur leur sœur. Les au revoir larmoyants très peu pour lui ! Il avait assez veillé sur sa famille pour pouvoir à présent envisager un avenir loin d'eux, et puis, ils étaient à présent assez grands et responsables. Enfin le bateau siffla et les passerelles furent retirées. Le départ était poche, l'excitation pouvait se lire sur le visage de Thomas. Il se dirigea vers l'avant du navire afin d'y avoir une meilleure vue. L'aventure pouvait enfin commencer. On lui avait parlé d'une campagne de recrutement dans la police canadienne, peut-être tenterait il sa chance là-bas une fois débarqué...Mais pour le moment il comptait bien se détendre le temps de la traversée.
Il n'avait pas pris un billet très cher aussi se retrouvait il avec les personnes les moins fortunés dans les niveaux bas du navire. Pour couchette il avait un lit superposé qu'il partageait non sans mal avec un irlandais. Il ne les aimait pas et acceptait fort mal d'en avoir un dans son voisinage ! C'est pourquoi il passait le plus clair de son temps à déambuler dans les parties du pont lui étant accessibles afin de ne pas croiser la tête de ce voisins de chambrée encombrant. Les journées passaient donc sans encombre, il aimait à dire vrai regarder la mer. Il ne l'avait jamais réellement contemplé de la sorte ayant toujours vécu loin d'elle. Ce spectacle l'apaisait et lui permettait de ne pas avoir à discuter avec d'autres passagers. Car il lui fallait bien l'avouer il n'était pas très bavard, sauf peut-être lorsqu'il avait trop bu.
D'ailleurs il se limitait à bord car sa première expérience ici lui avait valu de forts vomissements qu'il ne souhaitait pas réitérer.
A la mi-traversée, son paisible quotidien se vit bouleversé par cet irlandais. C'était une journée assez calme bien que le ciel soit emplit de nuages. Thomas était sur le pont comme à son habitude quand son compagnon de chambrée le bouscula en passant à la hâte un paquet à la main. Son passage fut rapidement suivit de cris féminins « au voleur, au voleur arrêtez le ! », hurlait la demoiselle. Sans plus attendre le jeune homme se lança à la poursuite de l'irlandais et grâce à son entraînement militaire ne tarda pas à le rattraper. En un splendide plaquage de rugby il le mit au sol, son paquet vola quelques mètres plus loin. Les employés du navire arrivèrent peu après et prirent le relais. Thomas se releva et s'épousseta. La Demoiselle à qui appartenait le dit paquet arriva au bras d'un homme en haut de forme. De toute évidence, ils ne dormaient pas dans des chambres à lit superposés ! L'irlandais fut maîtrisé et le commandant lui annonça qu'il serait enfermé sous surveillance jusqu'à l'arrivée qu'il soit livré à la maréchaussée. Thomas observait la situation un brin amusé. L'homme en haut de forme le remercia et le paquet fut remis à la demoiselle qu'il présenta comme sa fiancée. Cette dernière invita Thomas à prendre un thé pour le remercier. Il accepta mais une question lui brûlait les lèvres, que contenait ce paquet ? Il n'eut pas à la poser puisqu'on vint le chercher et on demanda à la placer dans un coffre. Le jeune homme en déduisit qu'il s'agissait d'une grosse somme d'argent ou de bijoux, tout du moins de quelque chose de précieux. Après avoir bu son thé à contrecœur -il n'aimait pas vraiment ce breuvage- il redescendit vers sa chambrée où pour une fois il pourrait passer du temps sans avoir à souffrir de la présence de l'irlandais. C'était agréable d'être seul.
Le reste de la traversée fut tout aussi calme que le début et il fut même chargé par le commandant de bord de surveillé les autres passagers en échange d'un peu d'argent. Bien que ce « service » ne soit pas déclaré, Thomas aurait bien besoin d'argent une fois débarqué aussi il accepta sans broncher et puis, cela lui faisait un peu d'occupation.
