Préface

Dans un temps éloigné, loin de tout, veille un homme. Ses cheveux brun en bataille rappellent étrangement les forêts vierges, ses yeux d'un bleu azur ont vus plus de choses que même tous les manuels d'histoire réunis ne saurait raconter. Il porte sur lui un imperméable crème dans lequel il ne semble pas être des plus à l'aise. Son regard de braise embrasse l'horizon lointain et la pluie qui coule le long de ses joues donne l'impression qu'il pleure, pourtant son expression reste intacte, indéchiffrable.

Je le contemple en silence comme si le moindre bruit casserait à jamais cet instant hors du temps. Il est si loin et si proche de moi, je ressens sa chaleur, sa respiration régulière. Dans un mouvement peu pressé, il se retourne vers moi. Ma peau se remplit d'une sueur froide sans précédant, que dois-je faire ?

Son regard me pénètre au plus profond de mon âme. Je ne peux plus bouger ni parler, je le regarde intriguée. En un battement de cil, il se retrouve à moins d'un mètre de moi, j'en ai le souffle coupé. Comment a-t-il fait cela ? Sa main s'approche lentement vers mon visage, je continue de l'observer incrédule, la température ne cesse de chuter. Au contacte de sa main sur ma joue, je ressens une énergie nouvelle, sa caresse bienveillante est aussi douce que le satin.

Chapitre 1

Je me réveille, couverte de sueur. Encore ce rêve, me dis-je. Le temps que je reprenne mes esprit, je jette un œil à mon réveil, il n'est que 2:46. Je regarde par la fenêtre et contemple le paysage qui s'offre à moi, la lune splendide éclaire d'un halo faible la forêt qui surplombe la maison, le ciel est dégagée et offre un spectacle magnifique. Pourquoi faut-il que ce rêve me hante encore ? Je suis trop fatiguée pour y réfléchir ce soir et c'est de bon cœur que je me recouche dans mon lit.

Le reste de la nuit défile sans que je m'en rende compte et l'instant d'après mon réveille sonne, indiquant que nous sommes samedi et qu'il est 9:00. La journée promet d'être longue, me dis-je tout bas. En effet, ce week-end je suis seule à la maison et les tâches ménagères m'attendent. C'est avec beaucoup de peine que je daigne enfin me lever, j'enfile rapidement un T-shirt et un jeans. Je descends les escaliers et profite de ce silence doux qui enveloppe la maison. Mes pas me mènent à la cuisine et j'engloutis une tartine avant de m'occuper de la lessive.

Sans que je m'en rende compte la journée défile et il est déjà 16:24 quand j'ai fini de travailler. Dehors le soleil brille et le vent souffle doucement, quelle belle journée me murmuré-je.

Dans une impulsion spontanée, je prends une jaquette, mon sac à main et me dirige vers la gare. Pour y aller à pied, on met à peu près 30 minutes en passant par la forêt. J'adore cette endroit, j'ai à chaque fois l'impression d'être à une autre époque. Le rêve de cette nuit me revient à l'esprit et je me demande bien pourquoi depuis deux semaines chaque nuit c'est la même chose. Est-ce un rêve prémonitoire ? Non, cela ne peut être le cas. L'homme que je vois, je le connais très bien. Il s'appelle Castiel, il est l'un des personnages secondaires d'une série télévisée que j'adore, Supernatural. C'est aussi mon personnage préféré, celui au quel je me suis le plus attaché et qui me correspond le plus. Je soupire et me dit que c'est peux-être ça, peux-être que c'est justement parce que je l'admire qu'il vient me hanter dans la nuit tombante. Quelle drôle d'idée quand même, du haut de mes 18 ans je sais pertinemment que ce n'est qu'un acteur et que dans la vrai vie il s'appelle Misha Collins, qu'il a deux enfants, une femme et que ce n'est sûrement pas un ange mais un humain comme tout le monde.

La gare est enfin à portée de vue et je suis bien heureuse de posséder un abonnement quand je vois le train arriver à grande vitesse. Je cours à m'en faire perdre haleine, je ne tiens pas à rater le train et attendre une heure avant le prochain ! Le wagon dans le quel j'arrive à me glisser est quasiment vide, je m'assieds sur un siège côté fenêtre et enclanche mon MP3. Les titres musicaux défilent sous mes yeux et j'opte finalement pour une chanson de Era qui s'intitule "The Mass". J'aime bien ce groupe de musique, ils ont réussit à concilier musique religieuse et actuel en beauté. C'est vrai qu'aussi loin que je me souvienne j'ai toujours adoré les musiques religieuses malgré ma non-ferveur en l'église. Je crois en dieu ou en une force supérieure mais certainement pas au baratin que nous servent la plupart des prêtres.

Nous nous approchons de Fribourg, la petite ville où je travaille. C'est une belle ville, emplie de charme d'en temps et quand les portes s'ouvrent je me déplace rapidement vers l'arrêt des bus. Je m'allume une cigarette et patiente tranquillement en attendant le bus numéro 1, celui qui m'emmènera à mon but. Les gens passent devant moi sans que je ne leur prête la moindre attention, je ne suis pas une grande amoureuse des foules et je suis contente de voir enfin mon bus arriver. Des personnes descendent et d'autre montent, par chance une place est libre et je m'assieds calmement, la musique m'entraînant loin de l'agitation extérieur.

Plus les arrêts défilent, plus le bus se vide. Là où je sors personne ne m'accompagne. Après tout c'est normal, à moins d'avoir perdu un proche personne ne vient au cimetière sans raison, sauf moi.

Je ne saurais pas me l'expliquer mais les cimetières m'ont toujours attirer. C'est un endroit dans le quel je me sens bien et en paix. Celui-ci me plaît particulièrement, il est vaste et en dehors de la ville. On peut y passer des heures sans croiser âme qui vivent. Je ne connais aucune personne qui gît ici, sous la terre, dans un repos éternel. Sans but précis, je m'aventure dans les allées, m'arrêtant de temps à autre pour lire les inscriptions sur les tombes, aucune n'est vraiment vieille. J'arrive enfin à mon endroit préféré, une grande place entourée d'arbres, accueillant quelques tombes et deux bancs à côté d'un point d'eau. L'endroit et particulièrement paisible et tranquille, l'aire y est plus frais ce qui n'est pas négligeable avec une température pareille, j'en viens même à me demander pourquoi j'ai pris une jaquette.

Je pose mon sac sur un des banc et me penche pour boire quelque gorgée d'eau, quel plaisir de pouvoir se rafraîchir ! Je m'assieds sur le bancs, enlèvent mes écouteurs et profite de cette satisfaction parfaite. Les chants des oiseaux forment un fond sonore splendide, je ferme les yeux quelque instant afin de pouvoir m'imprégner totalement de ce moment magique. Je ne sais combien de temps je reste assise, les yeux fermés, m'abandonnant à l'ambiance si douce de ce lieu hors du temps. Je ne m'en lasserais jamais !

Soudain, j'entends au loin des bruits de pas, je décide d'ouvrir à contre-coeur mes yeux, poussée par la curiosité de savoir à quoi peut bien ressembler ce nouvel arrivant. Sûrement une personne âgée venue prier des amis ou de la famille décédé. Je n'ai jamais croisé quelqu'un se balader au détours des avenues sans but de venir voir une ou plusieurs tombes précises. Je dois être la seule folle à faire ça...

Mes yeux s'ouvrent, j'ai l'impression que tout ce passe au ralentis tant cette scène me paraît improbable. À quelques mètres de moi, se tient un homme, il m'observe. Ma bouche s'ouvre sans que je puisse prononcer le moindre mots. C'est lui ! Je ne peux pas croire ce que je suis en train de voire, je dois m'être assoupis sur le banc, je ne vois pas d'autre réponse possible. Il est là, en face de moi, l'homme à l'imperméable crème, au cheveux brun et au yeux d'un bleu profond. Il est là, Castiel.

Je le fixe, incrédule et comme pour appuyer encore la folie de ma vision, il s'approche de moi d'un pas lent et sûr que je ne lui connais que trop bien. Je voudrais crier, courir, m'enfuir à toute jambe, me réveiller de ce rêve trop réaliste à mon goût mais je ne peux rien faire. Tiens, comme cette nuit d'ailleurs. Il s'assied à mes côtés et cette scène me rappelle – comme c'est étrange – un épisode de Supernatural. Je n'ai pas arrêté de le suivre du regard comme si j'étais hypnotisé par son regard. Il se tient à une distance respectable de moi pourtant sa proximité me met mal à l'aise. Normal, ce n'est pas tous les jours que l'on se retrouve assis dans un cimetière à côté d'un ange. Son visage ne laisse transparaître aucune émotion et cela ne m'étonne même pas je dois dire, depuis le temps que je le connais, enfin, si je puis dire. Comme pour me tirer de ma rêverie, il se décide à prendre enfin parole.

- Bonjour Charlotte.

Alors là, je commence à penser que je vais m'évanouir. Il connaît même mon prénom et le ton de sa voix est bien différent de celui de la série, chose normal vu que c'est un doublage. Il penche la tête sur le côté et m'adresse un léger sourire. Prenant mon courage à deux mains, je murmure dans un souffle.

- Bonjour Castiel. Dis-je d'une voix fluette. enfin Misha Collins ?

Il me regarde intrigué, je ne sais que faire et mes joues deviennent rouge sans que je comprenne pourquoi.

-Misha Collins ? Non, je m'appelle bien Castiel, tu devrais le savoir non ?

Je ne sais comment réagir, j'ai presque envie d'éclater de rire tant la situation me paraît impossible et j'ai beau m'être pincer à plusieurs reprise, je ne rêve pas.

- Que me voulez-vous ? Qu'est-ce que vous faites ici ? Murmuré-je en réalisant que ma question me semble sonné tellement faux, ce n'est pas possible que Castiel existe et qu'il se tienne à côté de moi !

- Et pourtant si, Charlotte, c'est possible.

Comment a-t-il fait ? Je deviens aussi blanche que la neige, il vient de lire mes pensée ?

- Oui, j'ai lu dans tes pensées Charlotte et non tu n'es pas folle. Si je suis ici, c'est parce que je dois m'entretenir avec toi, j'ai besoin de ton aide.

J'étouffe un hoquet, je ne comprends décidément plus rien à cette situation. J'ai tant de question mais je ne vois pas par la quel commencer, je me sens aussi perdue que si l'on m'avait abandonner au plein milieux d'un désert. Tout cela et si irréaliste. Il pousse un grand soupire et me demande tout en me fixant.

- Que voudrais-tu que je fasse pour te prouver que ce n'est pas ton hallucination qui te joue un tour ? Je suis bien réel et à côté de toi.

- Mais... Supernatural n'est qu'une série !

Sur ce coups là, c'est lui qui n'a pas l'aire de comprendre la situation. Je le dévisage et celui-ci réfléchis.

- Supernatural... Je ne vois pas de quoi tu veux parler. Dit-il en s'excusant sincèrement.