Voilà quelque chose qui m'a toujours taraudé. Quand faut-il passer du vouvoiement au tutoiement dans une série US doublée au Français? Ben, voilà, cela m'a inspiré et cette petite fic en est sortie. A priori, elle ne sera pas longue, sauf si vous insistez pour qu'elle continue sur sa lancée. Comme disent les américains, wait and see.

Disclaimer: non, Castle n'est pas à moi. Pas plus que l'univers qui l'entoure.

Bonne lecture!

JE VEUX MON CAFÉ!

Le Je – Tu. Voilà ce qui avait crée cette avalanche de mots, ce geyser de phrases et ce tsunami de paragraphes. Un authentique trip d'écrivain, un pur et dur trip d'écrivain. Richard Castle tapait rageusement sur son ordinateur portable. La manne s'était ouverte et ne s'était toujours pas tarie. Tac-tac-tac-ta-ca-tac-tac-tac... c'étaient les seuls sons qui remplissaient ses oreilles depuis plus de... il n'aurait su le dire. Il avait commencé hier en sortant du Poste, n'y tenant plus. Les doigts pulsaient, son imagination s'accélérait et ses idées fourmillaient. Il fallait qu'il parte. C'était comme une envie pressante, oui, une envie pressante, clairement. Une envie qui l'avait fait courir vers l'ascenseur sous le regard éberlué de Kate, Ryan et Esposito toujours noyés sous la paperasse. Il n'y pouvait rien, c'était comme ça.

Un simple changement de pronoms personnels à son arrivée au Poste. Peu de chose apparemment, mais un grand pas pour eux. Il lui avait tendu le café puis Beckett avait lâché sans réfléchir un « Je te remercie. » Petit moment de flottement puis sa réponse: « Je t'en prie. » Et là, un sourire franc et les yeux dans les yeux qui s'éternisent. « Castle, arrête de me regarder comme ça? ». « Comment comme ça, comme tu le fais toi-même? » Ils aimaient se taquiner, s'allumer diraient d'autres. Mais tant qu'ils restaient dans le vouvoiement, cela semblait irréel, un simple jeu. Mais là... cette fois-ci, ils avaient pris conscience de la proximité et la chaleur leur était montée aux joues. Cela avait été comme une révélation. Heureusement, pour eux, pas pour lui, un corps leur était tombé dans les mains, brisant quelque peu l'embarras qui était né. C'est que le Lieutenant Beckett était avant tout boulot-boulot et était parvenue à se centrer sur l'affaire en cours. En ce qui concernait Castle, il n'avait pas eu cette chance, son imagination était bien trop débordante et avait mis beaucoup plus de temps à revenir à son comportement normal, admettant que l'on puisse le qualifier ainsi.

Puis quelques heures s'étaient écoulées, installant leur nouveau statut plus fermement. Ils avaient enfin réussi à franchir une barrière et à ne pas faire marche arrière pour repasser par-dessus. Peu importait l'étonnement de Ryan et d'Esposito. Ni le regard malicieux de Lanie qui oscillait de l'un à l'autre cherchant à évaluer l'étendue de leurs progrès. En une journée ils avaient fait plus de chemin qu'en trois ans. Les paris au 12ième allaient s'emballer! D'ailleurs, Castle avait cru déceler un certain malaise en rentrant dans la salle de repos où cinq de ses collègues semblaient tenir des propos très animés. Le silence qui l'avait accueilli et les regards qu'il sentait braqués sur lui alors qu'il préparait deux cafés étaient quelque peu incommodants. Toute cette agitation autour d'eux, ces yeux qui les suivaient où qu'ils aillent, les sourires narquois qu'on lui dédiait et ses propres pensées qui s'égaraient, avaient eu raison de sa concentration sur l'affaire. Il fallait qu'il parte, il fallait qu'il trouve un exutoire pour permettre à la déferlante de sensations et d'émotions de sortir de son corps et de son esprit. D'où ses mains qui couraient à un rythme frénétique sur le clavier pour polir tout ce matériel brut qui inondait son cerveau d'euphorie.

Tac-a-tac-a-tac-ta-tac-ta-tac-a-tac...toc, toc. Cela n'était pas un tac-a-tac, ce n'étaient pas ses doigts qui avaient provoqué ce bruit. Il stoppa net, croyant que ses oreilles lui jouaient des tours. Il arqua les sourcils et se frotta les yeux. Il était peut-être temps de s'arrêter un peu. Il regarda comme ses mains attendaient, prêtes à fondre de nouveau sur le clavier. Na! Le tac-a-tac reprit de plus belle jusqu'au prochain toc-toc. Ce n'était pas son ouïe ni son imagination. On frappait à la porte.

Richard hésita. Laisser tomber l'écriture et s'offrir un temps mort ou ignorer celui qui à présent tambourinait à sa porte? TOC-TOC-TOC! L'écrivain soupira et se leva avec un grognement. Il mit un certain temps à se redresser complètement, il avait passé trop de temps assis. Son dos et son derrière se plaignaient vivement. D'un rapide coup d'œil, il évalua sa tenue. Il n'était pas à son avantage en short et en t-shirt. Qui s'en souciait? Pas lui! Les mèches de cheveux qui jouaient sur son front lui indiquaient qu'il était décoiffé. Peu importait. La main qu'il passa sur son visage lui dit qu'il avait besoin de se raser. Il s'en fichait. Il leva un bras et en approcha le nez. Les traces de déodorant étaient infimes, cependant, il ne sentait pas mauvais. Tant mieux. Cela n'avait aucune importance car en moins de cinq minutes l'importun quitterait sa maison. Non, il ne quitterait pas sa maison puisqu'il n'y rentrerait même pas! On ne dérange pas un artiste en pleine envolée inspiratrice!

Fort de sa décision, il croisa le salon à larges foulées. Les coups étaient de plus en plus insistants, il était temps d'ouvrir la porte avant que l'énergumène qui était de l'autre côté ne finisse par la démolir. Richard se planta devant le judas et jeta un coup d'œil, une main sur la clé suspendue à la serrure. Ce n'était ni un importun, ni un énergumène. C'était Kate. Et elle n'avait pas l'air dans son assiette. Il ouvrit la porte.

-Kate?

-Castle?

Aïe. Retour de son nom d'artiste. Ce n'était pas bon signe.

-Bon sang Castle! J'étais inquiète!

-Pourquoi?

-Comment ça, pourquoi? Elle plaça une main sur sa poitrine et le repoussa pour l'effacer du chemin. Sa gestuelle était tout sauf rassurante. Mais qu'avait-il fait?

-Kate... Castle la suivait, les bras ballants dans une posture interrogatrice.

Le jeune femme s'arrêta près de l'îlot de la grande cuisine et posa les deux tasses de café qu'elle avait apportées. Puis elle se retourna, les sourcils froncés et le regard meurtrier. Castle hésita, devait-il s'approcher ou rester à distance prudente? Il opta pour la deuxième.

-Il est froid! Kate avait l'air très, très fâchée.

-Qui est froid? Castle n'y comprenait rien.

-Mais le café Castle, le café!

-Ah... L'écrivain la regardait, confus. Pouvez-vous... peux-tu développer? Parce que j'ai du mal à comprendre.

-Il est dix heures du soir...

-C'est curieux, j'avais l'impression d'avoir écrit beaucoup plus longtemps, dit-il se souvenant soudain de qu'il avait une montre au poignet.

Le visage de Kate s'éclaira et un sourire fatigué fit surface sur ses lèvres. Une minute plus tôt elle avait l'air de vouloir l'étriper et voilà qu'à présent elle secouait la tête et lui montrait les dents mais pas les crocs. Il était encore plus confus.

-Kate, j'ai vraiment du mal à saisir...

-On est vendredi.

-Vendredi? Rick baissa la tête et regarda ses mains un instant. Et il est dix heures... du soir? Ajouta-t-il tout en regardant inutilement vers ses fenêtres. Les stores étaient baissés.

-Huh-huh.

-J'ai passé plus d'une journée à écrire? Rick ne savait pas si être fier de son élan inspirationnel ou effrayé de son décrochage d'avec le réel. Il fouillait fébrilement dans sa mémoire à la recherche des repères temporels des dernières vingt-quatre heures. Il s'était bien levé à quelques reprises, pour boire et faire face à ses besoins primaires...

-Un trip d'écriture? S'enquit Kate, plus détendue à présent.

-Il semblerait. Mais pourquoi s'inquiéter à ce point? Ce n'est pas comme si je n'avais jamais manqué une journée au Poste.

-Tu aurais pu prévenir au moins.

-Oui, peut-être, mais je ne m'étais pas rendu compte que j'avais passé si longtemps à écrire. D'ailleurs, je n'ai pas raté grand-chose. Si je ne m'abuse, c'était une journée paperasse et tu sais que moi et la paperasse... Castle leva les sourcils, semblant soudain comprendre quelque chose qui lui avait échappé. Tu n'es pas habillée comme hier.

-Quoi? Maintenant c'était Kate qui ne suivait plus.

-Je dois perdre mes capacités de déduction, je ne m'en suis pas aperçu. Il est évident qu'une journée s'est passée, puisque tu t'es changée. Tu portais ce jean qui allonge encore plus tes jambes et ce chemiser cintré qui fait ressortir la couleur de tes yeux, continua-t-il jusqu'à ce qu'il remarqua le regard interloqué de la jeune femme. Il avait encore oublié de mettre un filtre à ses paroles.

-Il m'arrive de ne pas venir, ce n'est pas la fin du monde. Je ne comprends pas cette inquiétude soudaine. Castle décida de changer de cap et revenir à quelque chose de moins embarrassant. Il y avait un tueur en série qui se débarrassait des écrivains à succès pour qu'elle se soit inquiétée de la sorte?

-Je, euh... Kate se mordit la lèvre inférieure, cherchant en vain ses mots. Elle ne pouvait tout de même pas lui dire qu'elle ne supportait plus de ne pas l'avoir auprès d'elle. Pendant plus d'un mois elle avait pensé l'avoir perdu. Il s'était éloigné, était sorti avec une autre femme et elle avait bien craint qu'il ne reprenne son rôle de playboy. Mais elle avait lutté pour le ramener, elle avait opté pour la sincérité, avait multiplié les ouvertures, lui avait fait sentir que son mur s'écroulait peu à peu. Ils s'étaient de nouveau rapprochés et leur relation avait commencé à évoluer bien plus rapidement.

-Kate?

Castle la fixa, arqua les sourcils l'intimant à poursuivre.

-J'étais passée chercher du café. Pour tous les deux.

-Ah... Mais c'est mon offrande matinale. Dans notre petit rituel c'est moi qui s'en charge.

-Oui, je sais mais... Je voulais pour une fois me montrer reconnaissante.

-Mais tu te montres déjà reconnaissante. Il y a ce léger sourire lorsque je te tends le gobelet... développa Rick en pointant le doigt avec un mouvement de balancier d'une commissure à l'autre des lèvres de la jeune femme.

-Tu prends toujours soin de moi...

-Je le fais parce que sinon tu ne le fais pas toi-même.

-Tu n'es pas obligé, tu sais...

-C'est un plaisir de le faire.

-Je veux moi aussi prendre soin de toi. C'est pour ça que je voulais t'offrir le café ce matin. Pour te montrer qu'il est temps que moi je prenne soin de toi. Pour te montrer que tout cela n'est pas dans un sens unique.

-Oh...

Kate se mordit la lèvre inférieure, inquiète d'en avoir dit un peu trop.

-Il fallait m'envoyer un message, je serais venu, répliqua Castle, dansant d'un pied sur l'autre. C'était lui ou l'air se chargeait d'électricité?

-Oui, j'ai essayé.

-Ah bon? Castle chercha du regard son Iphone, heureux de la distraction. Il l'avait laissé à côté du frigo. Il s'en saisit et voulut l'allumer mais il n'avait plus de charge.

-Il est déchargé.

-J'ai essayé de t'appeler.

-Tombée directement sur la messagerie, bien sûr.

-Oui. Tu dois avoir une dizaine de messages...

Castle leva les sourcils, étonné. Dix messages. Elle avait vraiment insisté.

-Kate, tu vas bien? S'enquit Castle en voyant que la jeune femme n'en menait pas large.

-Euh, hum... Kate bafouillait, fuyait son regard, elle avait déjà admis qu'elle s'était beaucoup inquiétée et qu'elle voulait prendre soin de lui, elle n'allait pas continuer à se dévoiler! Mais ces grands yeux bleus qui la fixaient, ces cheveux qui partaient dans tous les sens, ces bras et jambes puissants qu'elle n'avait jamais le loisir d'admirer, ce duvet naissant sur ses joues et sur son menton, elle n'avait qu'une envie... mais c'était peut-être trop tôt, ils avaient beaucoup avancé ces derniers temps dans leur relation, il ne fallait peut-être pas brûler les étapes. Elle secoua la tête, en proie à une lutte intérieure. Étais-ce vraiment brûler les étapes que de sauter sur lui et lui arracher les vêtements après quatre ans de danser l'un autour de l'autre?

Richard se rendit compte du trouble de la jeune femme et il sentit le feu lui monter aux joues. Il rêvait ou il était en train de se faire déshabiller du regard par Kate Beckett? Elle l'avait déjà fait auparavant, tout comme lui, mais cela était resté en suspens, ayant eu lieu souvent au Poste ou à un moment où ils n'étaient pas forcément prêts. Mais aujourd'hui, tout aussi bizarre que cela puisse paraître, il avait peur. Personne ne pourrait les arrêter. Nul alibi pour la passion, elle pouvait se déchaîner, se déverser dans un océan de lubricité, de débauche, d'ardeur incontrôlée, de mouvements fébriles et frénétiques, il n'y aurait plus de retour possible. Castle s'approcha de l'îlot de la cuisine et prit un des gobelets de café. Il avait besoin de boire quelque chose, il sentait la fièvre monter en lui et sa gorge s'était serrée et séchée. Il s'enfila le café d'un seul coup, sans respirer, et déglutit bruyamment sous le regard dilaté de Beckett.

-Quoi, qu'est-ce qui... lâcha Castle avec un filet de voix en voyant la jeune femme se rapprocher de lui, inquiétante.

-Vous avez osé...

-Quoi, qu'est ce que... Castle continuait à reculer, s'éloignant de l'îlot, confus et apeuré.

-C'était mon gobelet, Ricky. Kate laissa traîner sciemment le diminutif de sa voix en même temps sensuelle, caressante et menaçante.

-Je, oh, désolé. Prends le mien, répliqua-t-il reculant toujours.

-Je veux mon café.

-Je te le rendrais bien mais... Il frémit devant le regard noir de Kate. Il se demanda si son tremblement était dû à la panique ou au désir.

Un sourire carnassier s'afficha sur le visage rosé de la jeune femme. Castle sentit l'agonie doucereuse du désir monter en lui puis se nicher dans son bas-ventre. Il savait que cette fois-ci il ne pourraient pas arrêter. Si leurs lèvres entraient en contact, leurs corps ne se dessouderaient plus. Or, il voulait qu'avec Kate les choses soient bien faites. Certes, il avait envie d'elle, mais pas seulement. Il adorait son corps et il admirait son esprit, ce n'était pas uniquement sexuel. Il voulait une relation, une vraie relation avec Kate.

Un gémissement le ramena sur Terre, Kate mordillait sa lèvre inférieure, encore, tout en fixant sa bouche ouverte par la surprise. Perdu dans ses pensées, il ne s'était pas aperçu que ses pieds s'étaient arrêtés. Elle posa une main sur son torse et Castle frémit sous la pression. Kate s'approcha encore d'avantage, satisfaite de l'effet qu'elle produisait sur l'écrivain et il continua de reculer.

-Je veux mon café, insista-t-elle.

-Oh...

-Je le veux maintenant...

-Ah, je ne pense pas que... Castle buta sur le dos du canapé, faillit être déséquilibré mais Kate le saisit par le t-shirt et profita pour se coller à son torse.

-Cela fait plus de vingt-quatre heures que je n'ai pas pris de douche... argua-t-il avec un filet de voix.

-Tu sens l'homme, le vrai, répondit Kate tout en humant son cou. Le contact lui fit hérisser les poils de la nuque. Il frémit.

-Je pique... répliqua-t-il en fermant les yeux.

Kate frotta sa joue contre la sienne, séduite par la rudesse des poils naissants.

-Ce petit côté aventurier te va très bien...

Il baissa la tête, les yeux mi-clos et leurs nez commencèrent une danse sensuelle.

-Je n'ai pas brossé mes dents depuis...

-Peu importe. Je veux mon café, maintenant...

Des commentaires?