Un commencement.

Trente-trois degrés chaleur étouffante, soleil de plomb mais légère brise.

L'odeur iodée de la mer s'engouffra dans ses narines tandis que le vent dissipait ses cheveux, s'emmêlant à leurs guises. Le sable tournoyait gentiment, laissant une fine poussière s'accrocher aux vêtements. Il aperçut quelques mouettes qui virevoltaient près des côtes, cherchant surement de quoi assouvir leur faim dans cette eau qui semblait poissonneuse. Un beau paysage.

Un frisson parcourut son corps quand il sentit une main effleurer son bras.

« Tu réfléchie trop. »

Il respira à plusieurs reprises avant de pouvoir prononcer le moindre mot.

« C'est que, tu me tourmente. »

Elle sourit gentiment.

« On peut réfléchir ensemble si tu veux »

Il tourna son visage vers le sien ou il y ancra ses yeux bleus électriques. Il approcha lentement sa main de son visage, se stoppant à quelques infimes millimètres de sa peau, n'osant s'approcher plus. Il inspira doucement et, après quelques secondes d'hésitations, il finit par franchir la barrière invisible, effleurant de sa main cette joue rosie par le vent.

« Tu crois vraiment que ça pourra marcher ? …»

Du bout des doigts, il frôla sa peau.

« … Je veux dire, nous deux ? »

Son pouce traça un rond quasiment imperceptible à la surface de sa joue. Il se délectait de cette peau si douche qu'il avait tant de fois rêvé d'approcher.

« Je ne sais pas. »

Sa voie était douce, calme. Elle tourna légèrement la tête pour embrasser furtivement ses doigts. Elle ferma les yeux pour pouvoir mieux gouter à ses caresses.

« Mais je pense que ça vaut le cout d'essayer non ? »

Lui aussi ferma les yeux, appréciant ce moment partagé ensemble. Ils restèrent ainsi quelques minutes en silence, seul le bruit de la mer venant interrompre cet instant si précieux.

« Oui, bien sûr que ça vaut le cout. »

Il rouvrit les yeux et ses lèvres s'étirèrent en un sourire sincère. Il avança son visage vers celui de sa compagne qu'il embrassa d'un doux baiser, humant l'odeur particulière du bonheur.

Cette nuit-là, ils ne firent pas l'amour non, c'était beaucoup plus que ça, beaucoup plus profond, semblable une effusion passionnelle de sentiment jusqu'alors refoulé. Ils avaient entendu dire qu'il n'existait pas dans la vie d'expérience comparable à la première fois; ils avaient entendu dirent que jamais ils ne retrouveraient pareille sensation car celle-ci était unique. Pourtant, cette nuit-là, ils n'auraient jamais pensé qu'ils retrouveraient cette sensation première, cet étrange tremblement des mains qui transformait chaque bouton, chaque fermeture, en travail de titan. Ils ne se doutaient pas qu'ils retrouveraient cette magie de la chair pale et frémissante, comme la sensation d'un premier frôlement de lèvre, d'un mirage qui semblait flamber dans chaque pore de la peau.

Ils n'auraient jamais crus cela possible, pourtant, cette nuit-là avait parfaitement reflété cette relation si ambiguë qu'ils avaient partagé jusqu'à présent, cette relation qui aujourd'hui après tant d'espoir vain, venait enfin de voir le jour.

Un commencement.