Il était environ 20 heures mais la nuit régnait déjà sur le pays. Dans un petit village de montagne, avait été remarqué depuis quelques jours, un voleur qui allait chaque soir guetter la fermeture de tous les commerces de proximité.
Dans sa boulangerie, Mr Eddie rangeait son pain avec méfiance, la plupart de ses collègues avaient déjà été volé mais lui était resté prudent jusque là et n'avait jamais vu ce voleur de nourriture traîner autour de son commerce. Mais la peur commençait à se faire sentir partout dans le village, on disait que ce voyou était une personne de forte carrure et qu'il utilisait des moyens douteux pour arriver à ses fins. Cependant, personne n'avait jusqu'à lors pu voir son visage, alors tous les villageois se méfiaient, de tout, de tout le monde. Alors que le boulanger avait presque fini de ranger ses affaires, il aperçu une ombre au coin de la rue, et cette ombre se rapprochait de lui, elle ne semblait pas très grande, sûrement un enfant. Le vendeur le laissa s'approcher un peu plus pour voir à quoi il ressemblait sans même avoir fermé sa devanture. Dans son village, on ne se méfiait guère des enfants, ça pouvait très bien être un petit voisin venu chercher de l'aide où trouver refuge. Bien qu'il ne puisse pas voir sa tête, Mr Eddie était sûr de ne jamais avoir vu et enfant là et pourtant il connaissait tous les gamins du village et aucune famille n'était arrivée récemment. Le petit être portait un toge usée et trouée qui semblait être un serpillière par dessus un pantalon qui lui arrivait à mi mollet, ses chaussures était trouées aux bouts et détrempées par la pluie. Il était maigre, comme s'il n'avait presque rien à manger mais le boulanger connaissait ce genre de mises en scènes, il devait y avoir une famille de manouche pas très loin et ils envoyaient leur fils demander à manger. Et si quelqu'un d'un peu niais voulait bien lui donner ne serait ce qu'un misérable quignon de pain, le lendemain il était sûr de voir trois ou quatre gosses en plus devant chez lui. C'est pourquoi, il fit comme s'il n'avait pas vu ce petit brun au regard si vide qui se rapprochait de plus en plus de son commerce. Lorsque le boulanger prit enfin la décision de dire à ce manouche de déguerpir, il y eut un immense flash blanc et Eddie entendit les pas du gamin qui détalait aussi vite qu'il pouvait. Malgré la lumière aveuglante qui était sortie de nulle part, l'homme avait pu voir de quel côté ce sale crasseux se dirigeait en emportant avec lui deux miches de pain. Il partit donc à sa poursuite jusqu'à ce qu'il arrive à la lisière de la forêt où le voleur avait pénétré. De là, il ne put que jurer, traiter de tous les noms ce garçon dont le regard était devenu presque animal lorsqu'il avait pris la fuite, la forêt n'était pas un endroit sûr lorsqu'on ne la connaissait pas par cœur, encore moins la nuit. L'homme se contenta donc de rentrer bredouille chez lui en poussant des jurons à tout va dans les rues sombres de la ville presque morte à cette heure presque tardive pour la saison.
L'enfant avait couru le plus loin et le plus vite possible, pensant qu'il était toujours poursuivi. Il s'arrêta épuisé devant une maison. La cheminée fumait, ça lui rappelait tous les bons moment qu'il avait passé avec ses parents avant que son père ne se fasse tuer à la guerre et que sa mère ne soit emportée par une maladie incurable qu'elle avait attrapée en se promenant entre les corps de tous les défunts morts à la guerre, pour tenter de retrouver la dépouille de son mari. Cette mère à qui il avait fait une promesse lorsqu'elle se trouvait sur son lit de mort, sachant pertinemment qu'elle vivait ses derniers instants. Elle lui avait dit de vivre, coûte que coûte, il serait heureux dans l'avenir mais pour ça, il fallait qu'il s'accroche c'est uniquement pour cela qu'il continuait de vivre, à chaque fois qu'il le faisait, le visage de sa mère lui apparaissait. Il était issu d'une famille bourgeoise et son éducation lui avait appris à ne pas demander de l'aide aux autres gens si ils n'étaient pas sûr de pouvoir leur faire confiance mais du coup il volait et ça le répugnait de devoir faire une telle action pour pouvoir tenir sa promesse. Il avait donc pris la décision de trouver quelqu'un à qui il pourrait accorder toute sa confiance. Il en avait assez de salir le nom de Mustang que son père lui avait transmit, il deviendrait quelqu'un d'important pour la société pour qu'un jour il puisse se dire qu'il avait racheté tous les pêchés qu'il avait commis jusqu'à lors.
Il se dirigeait vers la grange lorsque les moutons qui se trouvaient dehors se mirent à bêler de toutes leurs forces car ils avaient senti sa présence, alertant ainsi la famille qui habitait dans la maison. Il courut le plus vite qu'il pouvait entre les moutons qui le ralentissait. La lumière s'était allumée dans l'entrée de la petite maison de campagne…
