Charlie jeta ses gants sur la petite table près de la porte d'entrée et traîna sa carcasse jusqu'au canapé. Il se laissa tomber lourdement sur l'objet moelleux et ferma les yeux, fatigué. Il n'en pouvait plus. Il était au bout du rouleau et plus rien ne l'intéressait. Certes, les dragons restaient sa passion, mais ce n'était plus la même chose. Il avait perdu la petite étincelle qui faisait de son travail la chose la plus importante au monde. Il était fatigué, fatigué de travailler, fatigué de vivre. Un souffle désespéré traversa ses lèvres rosés pour venir s'écraser sur le coussin rouge, il passa ses bras en dessous et enfouit son visage dedans. Il en avait marre, juste marre. Il y avait des jours sans et d'autre avec. En ce moment, plus rien n'allait. Il se sentait las, seul, abandonné. À trente-cinq ans, il n'avait plus aucune ambition.

Théo regarda une Nième fois sa montre, fixant avec lassitude les petites aiguilles. Il n'était toujours pas là. La clochette de la porte tinta, le jeune homme se retourna espérant voir apparaître Blaise sur le pas de la porte. Non. Un autre client. Où était-il bon sens ? Ce n'était pas la première fois qu'il l'abandonnait ainsi dans un café. C'était bien trop habituel. Théo en devenait tellement blasé qu'il ne s'évertuait plus à lui hurler dessus et lui demandait amèrement où il était encore passé. Depuis plusieurs mois, leur relation partait en vrille. Plus rien ne fonctionnait, il souriait hypocritement et essayait de s'attacher comme il le pouvait à l'ancien serpentard, comme une huître s'accrochait à son rocher. Mais Blaise n'y mettait pas vraiment du sien, non, loin de là. Théo savait parfaitement qu'il allait voir ailleurs, le trompant sans une once de pitié et revenant comme si de rien n'était. C'était risible et lui, il se sentait tellement pathétique.

Charlie sourit à l'annonce de la naissance d'Hugo, petit dernier de son frère Ron. Le faire-part montrait deux jeunes adultes souriant, tenant dans leurs bras un enfant chacun. Rose et Hugo. Il y a quelques mois, il avait reçu un courrier de la sorte, lui annonçant la naissance de Lily Potter. Il avait promis de venir voir la petite fille, mais il n'y était pas allé. Il n'avait pas envie de revoir toute la smala Weasley à l'époque. Pas qu'il ne les aimait plus, loin de là, juste qu'il n'avait pas envie de faire semblant que tout allait bien, leur mentir. Le dragonnier attrapa une plume et du papier à lettre et répondit à son frère. Il lui promit de venir pour les vacances de noël. Peut-être que tous les revoir lui ferait du bien, lui mettrait un peu de baume au cœur.

Théo hurla et le coup partit sans qu'il ne s'en rende vraiment compte. Comme si son corps n'avait attendu que ça, frapper comme un vulgaire moldu Blaise. Lui faire mal. Le voir souffrir par sa faute. Ce court échange -même si ce n'en était pas un- fit le plus grand bien au jeune Nott. Il se sentait libre, plus léger, serein comme si tout d'un coup plus rien ne compter. C'était fini. Il avait largué Blaise. Il l'avait humilié devant ses amis. C'était parfait. C'était jouissif. C'était juste mesquin. Pour enfoncer un peu plus le clou, il vira son ex-amant (qu'est ce que c'était sympa de dire ça) de son appart' ainsi que ses amis complètement débiles. Il n'oublia pas, d'un geste de baguette, d'expulser sans pitié les vêtements et quelques objets qui trainaient. Il était seul, c'était parfaitement parfait ! Théo n'avait pas besoin de Blaise et visiblement Blaise n'avait pas grand besoin de Théo, très bien ! Et sur ce, il se laissa tomber sur son sofa, alluma sa télévision -une invention moldue géniale- et fit apparaître un pot de pop-corn. Un bon film et au lit.

Charlie vérifia encore une fois qu'il n'oubliait rien de vitale et ferma à clefs le petit appartement qu'il louait. Il descendit les escaliers, un sourire sur les lèvres puis transplana une fois dehors. Il arriva sans problème près du Terrier, à quelques pas de la limite de protection instaurée et laissée depuis la dernière guerre. Alors qu'il réajustait son sac de voyage, une tête rousse pas très haute sortit de la maison et courut vers lui. Molly Weasley serra son fils à l'en étouffer, heureuse de le revoir après tant de temps. Charlie rendit l'étreinte, des larmes menaçant de jaillir au coin de ses yeux. Comment avait-il pu les délaisser ainsi ?

Et bien voilà ! J'espère que ce petit prologue vous intéresse. J'essaie de poster la suite dès que possible. Je vous préviens, je ne sais pas si je serai très régulière.