Disclaimer : L'univers de Twilight appartient à . Toute ressemblance entre nos personnages et ceux de son roman est purement afin de satisfaire nos pulsions sadiques !
Bonne lecture !
Après une matinée à accueillir les contribuables tout aussi agaçants les uns que les autres, Jacob Black savourait tranquillement sa pause déjeuner dans son petit bureau. Travailler pour l'Internal Revenue Service – plus communément appelé Fisc – n'était pas de tout repos, et la patience de Jacob était constamment mise à l'épreuve entre les usagers qui ramenaient des factures invraisemblables à déduire de leurs impôts et ceux qui refusaient en bloc de régler quoi que ce soit.
Il ouvrit la boite contenant le déjeuner préparé avec amour par son épouse et soupira lourdement en apercevant les lasagnes et la salade verte. Non pas qu'il n'aimait pas les lasagnes de sa femme, bien au contraire, mais cela ne faisait que lui rappeler que le week-end était bien loin et que son mariage avait perdu de sa spontanéité.
Depuis environ 3 ans, il avait droit aux mêmes repas chaque jour de la semaine, et les lasagnes étaient le plat du mardi. Il aurait voulu que sa douce moitié le surprenne et rompe un peu avec la routine qui s'était installé entre eux, mais lorsqu'il lui en avait fait la réflexion, il s'était retrouvé à manger des lasagnes pendant deux semaines avant qu'elle ne décide de le laisser se débrouiller pour s'acheter sa nourriture.
Ce fut le mois le plus horrible de sa vie d'homme marié, et il s'était rapidement excusé d'avoir blessé son épouse afin de manger de nouveau correctement.
Tout en mangeant son plat, il repensait à la vie qu'il menait avant de rencontrer celle qui partageait son existence depuis près de 6 ans et fut submergé par la nostalgie. Il avait trouvé l'amour, mais à mesure que le temps passait, il se demandait s'il avait réellement gagné au change. Il ne se passait pas un jour sans qu'il ne voyage avant de décider de se sédentariser suite à un accident qui avait coûté la vie à l'un de ses meilleurs amis. Il avait visité les pays les plus beaux, mais aussi les plus dangereux du monde, et les seuls voyages qu'il avait fait depuis son mariage avaient été pour sa lune de miel (à Hawaï) et pour rendre visite à leur famille respective. Rien de très palpitant, en somme, et c'était exactement ce qu'il lui manquait.
Il avait besoin d'émotions fortes, d'adrénaline, de tout ce qui pourrait le faire sentir revivre, et ce n'était certainement pas dans un des bureau de l'IRS que cela allait lui arriver.
L'idée de démissionner lui avait plus d'une fois traversé l'esprit, mais la peur de la réaction de son épouse l'en avait dissuadé. Il ne pouvait pas non plus se permettre ce genre de choses. Ils avaient acheté une maison et avaient pour projet d'avoir un enfant dans les années à venir... Si leur couple arrivait à résister à la routine qui le fragilisait.
En reposant sa boite vide, il contempla un instant la photo de sa femme le jour de leur mariage et se remémora le jour de leur rencontre, lors de l'enterrement de Quil Ateara. La disparition de son ami l'avait anéanti et elle n'avait pas hésité à le réconforter d'une manière qu'il n'oublierait probablement jamais. En tenant le corps nu de la jeune femme qui lui avait fait vivre l'un des meilleurs moments de sa vie, malgré le chagrin qu'il éprouvait, contre lui, il avait pris conscience que le temps passé sur cette Terre était bien trop court et que courir le monde, c'était bien, mais que profiter de la chaleur d'une autre personne était bien mieux.
Il avait alors tout quitté pour être avec elle : ses amis, son ancienne carrière et les missions dangereuses qu'il devait réaliser pour sa nation, et il avait demandé un reclassement dans le Connecticut un peu avant de la demander en mariage. Et six ans après, le voilà, enfermé dans un bureau, à faire un boulot qu'il n'aimait pas pour un salaire mensuel qui équivalait à peine à la moitié de ce qu'il gagnait pour une mission de deux jours en Birmanie, et attendant anxieusement son rendez-vous hebdomadaire avec la conseillère matrimoniale afin de voir si son mariage pouvait être sauvé.
Il fut sorti de ses pensées par la voix de son supérieur.
– Monsieur Black ! Cela fait dix minutes que votre pause est terminée ! Votre rendez-vous de 14 heures vous attend dehors ! Bougez-vous un peu si vous ne voulez pas vous retrouver au standard !
Jacob soupira pour la énième fois de la journée et alla accueillir son rendez-vous sans grande motivation. Il le fit asseoir et se perdit de nouveau dans ses songes. Il se revoyait avec son escadron des Delta Force, à faire la fête pour célébrer la réussite d'une de leur mission et le départ à la retraite de leur chef d'escadron. A l'époque, il ne jurait que par ses armes et ses coéquipiers et ne comprenait pas pourquoi on voulait prendre sa retraite.
« Le jour où vous trouverez la perle rare, vous saurez que votre temps au sein du commando est compté », lui avait répondu son chef d'escadron. « Vous aurez d'autres priorités et vous ne serez plus attentif à 100% aux missions qui vous serons assigné. Et lorsque vous fonderez votre famille, vous n'aurez plus la même motivation. Pour l'instant, vous ne pensez qu'à faire honneur à votre patrie, mais quand vous partagez votre vie avec d'autres personnes que des soldats qui comptent sur vous, vous ne songez plus à ça. Non. Vous voulez juste rentrer à la maison en un seul morceau afin de voir vos enfants grandir... »
Il se souvint de sa réaction et de celle de ses hommes à ces mots. Ils avaient tous éclaté de rire en disant qu'ils ne tomberaient jamais dans le piège tendu par une femme.
Quil avait été le premier à tomber amoureux et Jacob s'était rendu compte que la prédiction de leur ancien chef était fondée. Son ami était moins concentré et ne partageait plus les mêmes centres d'intérêt que lui. Quand ils célébraient leur victoire, Quil ne pouvait s'empêcher de glisser son soulagement de pouvoir revoir Claire encore une fois. Il était moins attentif sur le terrain et ce fut ce qui le perdit définitivement.
Alors, quand Jacob avait ressenti les premiers signes de manque après avoir quitté la femme pour qui il avait eu le coup de foudre, il n'avait pas attendu de savoir si elle était « la fameuse perle rare » décrite par son ancien supérieur avant de demander sa retraite. Il s'était jeté à corps perdu dans cette relation, espérant que leur amour suffirait à le combler, mais il craignait dorénavant de s'être trop précipité, vu la tournure que prenait leur mariage.
– Monsieur Black ? Est-ce que vous m'écoutez ?
– Quoi ? Euh... Pardonnez-moi... souffla-t-il, honteux.
– Problèmes de couple ?
– Je vous demande pardon ?
– Vous fixez la photo de votre mariage avec insistance. J'en déduis que vous avez des problèmes de couple...
– Écoutez, Monsieur Newton, je...
– Vous voyez, c'est exactement pour ça que je dois inclure ces dépenses dans ma déclaration à frais réels. Si jamais je ne me fais pas rembourser une partie de ces sommes, ma femme va se demander ce que je fais avec notre argent et elle va commencer à se poser des questions...
– Je suis désolé, Monsieur Newton, mais un voyage d'agrément pour deux personnes à Cancun n'est pas déductible d'impôts...
– Vous ne pourriez pas passer ça en frais professionnels ? Vous êtes un homme, vous comprenez où je veux en venir...
Une bouffée d'irritation envahit Jacob en comprenant le sous-entendu de son interlocuteur.
– En gros, vous voulez que je vous aide à couvrir le fait que vous trompez votre femme ? synthétisa-t-il froidement.
– Eh bien... Dit comme ça, ça a l'air mauvais, mais vous savez comment sont les femmes... Jamais satisfaites de ce qu'on leur offre... Au bout d'un moment, ça lasse, et on va inévitablement voir ailleurs... Mais ça ne veut pas dire qu'on ne les aime pas, hein... Ce qu'elles ignorent ne peuvent pas leur faire de mal, hein ? conclut le contribuable en lui faisant un clin d'œil.
Jacob serra les poings, de plus en plus énervé. Lui qui faisait des efforts pour que son couple reste uni et qui était fidèle à sa femme envers et contre tout ne supportait pas de voir des hommes choisir une maîtresse comme solution à leur problèmes.
– Je ne peux rien pour vous, Monsieur Newton, claqua-t-il sèchement. Et même si je le pouvais, je ne le ferai pas. Vous êtes un ignoble personnage et je plains votre femme de devoir partager votre vie. Maintenant, je vous conseillerai de rentrer chez vous avec un énorme bouquet de fleurs et de vous excusez auprès de votre épouse d'avoir été un si horrible mari.
Le contribuable le dévisagea avec incrédulité avant d'afficher un sourire en coin.
– Oh, je vois... C'est elle qui vous trompe...
Jacob se figea un quart de seconde, abasourdi par la réparti de l'autre homme, et se leva brusquement, ivre de rage.
– Vous avez cinq secondes pour vous en aller avant que je ne vous jette moi-même à la porte. Et trouvez-vous un autre comptable, par la même occasion !
– Ça va ! Ça va ! Je sors ! Mais si jamais vous avez envie de savoir avec qui votre femme couche, je suis détective privé à mes heures perdues...
– DEHORS !
Mr Newton sortit sans demander son reste, laissant Jacob dans un état de nerfs proche de celui d'un psychopathe. Les paroles de l'homme infidèle semèrent le trouble dans l'esprit du fonctionnaire.
Et s'il avait raison ? Si sa femme voyait quelqu'un d'autre ? Cela expliquerait qu'elle soit aussi distante avec lui.
De rage, il se laissa retomber sur son fauteuil et envoya valser ce qu'il avait sur son bureau avant de se prendre la tête entre les mains en laissant échapper un grognement de frustration.
– On m'avait dit que le fisc rendait fou, mais là, il semblerait que j'en ai la preuve vivante devant les yeux ! ricana une voix amusée que Jacob n'avait pas entendu depuis plusieurs années, mais qu'il n'avait pour autant pas oublié.
Il fronça les sourcils et releva la tête, affichant un air surpris.
– Embry ? Qu'est-ce... Qu'est-ce que tu fais là ? demanda-t-il, arrivant à peine à croire qu'il était là après tant d'années.
– Je suis venu pour affaires, mais aussi pour voir un vieil ami... Si on m'avait dit un jour que je croiserai le célèbre Jacob "The Rock" Black derrière un bureau, j'aurais sûrement massacré celui qui aurait fait un tel blasphème ! le taquina le fameux Embry.
– Ne m'appelle plus comme ça. J'ai pris ma retraite, je te rappelle...
– Oui, et je vois que ça te réussit bien... ironisa Embry en s'asseyant.
– Tu es venu me voir après tout ce temps pour te moquer de ma nouvelle vie ? sourcilla Jacob, encore un peu énervé par son précédent rendez-vous.
– Non. Je suis venu pour t'offrir une opportunité qui ne se représentera pas de si tôt, répondit Embry en affichant un sourire en coin.
Jacob fronça les sourcils, intrigué.
– Dis toujours...
– Que dirais-tu de diriger une équipe composée des meilleurs éléments de la Delta Force et des Forces spéciales de toutes les agences, répertoriées... Ou pas ? proposa Embry en lui faisant un clin d'œil. J'ai besoin de quelqu'un de confiance pour mener cette mission de la plus haute importance à bien, et je n'ai vu que toi pour remplir cette tâche...
Jacob sentit son cœur faire un bond à l'idée de reprendre du service, mais il se calma bien rapidement en pensant à sa nouvelle vie et à sa femme. Il détourna le regard et ramassa ce qu'il avait jeté quelques instants plus tôt.
– Tu m'aurais proposé ça il y a quelques années, j'aurais dit oui sans hésiter, mais maintenant c'est impossible.
– Et pourquoi ça, Jake ? Ça se voit que tu déteste ce job ! T'es un homme d'action, comme moi ! L'administratif n'est pas un truc fait pour nous ! insista Embry.
– Ça, c'était avant ! Maintenant, je suis un homme rangé, Em.
– Rangé... Comme dans casé ? questionna Embry en arquant un sourcil.
Pour unique réponse, Jacob lui montra l'alliance qui ornait l'annulaire de sa main gauche. Son ami écarquilla les yeux, abasourdi.
– Tu... T'es marié ? C'est pour ça que t'as quitté l'escadron A ?
– Tu sais à quel point j'aimais mon boulot, alors tu vois une autre raison qui m'aurais poussé à arrêter ?
– Je pensais que ça avait juste un rapport avec... Quil... répondit Embry en baissant la tête.
Jacob se raidit et baissa lui aussi le regard.
– Disons que c'est plus ou moins lié...
– Écoute, mon vieux... Je ne serais pas venu si je ne pouvais pas faire autrement... souffla Embry. Un groupe de trafiquants colombiens retient des gens très influents et réclament une rançon qui leur permettrait de carrément diriger un grand nombre de pays de la région, ou du moins les réseaux clandestins de ces pays... On est mal, Jake, très très mal. La dernière équipe envoyée sur place s'est fait liquidée en moins de deux. On a besoin des meilleurs, et on n'a pas le temps de former une autre équipe.
Jacob réfléchit longuement avant de répondre. L'idée de reprendre du service lui avait chaque jour traversé l'esprit, mais à chaque fois il pensait à sa femme et à la promesse qu'il s'était fait à la mort de Quil, ce qui lui donnait le courage de résister à la tentation.
– Désolé, faudra vous débrouiller sans moi, dit-il finalement, non sans peine.
Embry soupira lourdement et se leva en montrant clairement sa déception.
– Dommage... Ça m'aurait plu de travailler de nouveau avec toi, comme au bon vieux temps... Si tu change d'avis, n'hésite pas à me téléphoner. Voici ma carte...
– Tu devrais la garder pour quelqu'un d'autre, je ne pense pas changer d'avis, l'informa Jacob.
– Je te la donne quand même. Maintenant qu'on s'est revus, ce serait bête qu'on perde à nouveau le contact, tu ne crois pas ? sourit tristement Embry.
– T'as raison... acquiesça le jeune homme en la récupérant finalement.
– Je reste encore deux jours dans le coin... J'ai une autre recrue potentielle à voir... On pourrait aller se boire un verre demain soir ? proposa son ami.
– Oui... Pourquoi pas...
– Super ! Alors, euh... Appelle-moi ! lança Embry avant de sortir de la pièce, laissant Jacob de nouveau seul avec ses pensées.
Il resta un instant à jouer avec la carte dans ses mains, rêvant à ce que pourrait être sa vie s'il reprenait du service. Il n'était plus aussi frais qu'à 27 ans, mais il savait qu'il était encore capable d'assurer le strict minimum. Les armes à feu n'avaient aucun secret pour lui et il s'était récemment remis au tir en salle afin d'évacuer ses frustrations sur son mariage. Il y allait tous les soirs après le travail, sachant que son épouse ne serait pas à la maison avant lui, hormis les jours où il avait rendez-vous chez la conseillère matrimoniale. En repensant à toutes les séances auxquelles il avait été et qui n'avaient abouti à aucune amélioration, Jacob se renfrogna aussitôt. Il ne savait plus où il en était ni ce qu'il devait faire pour contenter son épouse, et malgré tout l'amour qu'il éprouvait pour elle, la situation ne faisait que le rendre plus malheureux.
Il repoussa ses états d'âme afin d'accueillir de nouveaux usagers et retomba vite dans sa routine, sans toutefois oublier la proposition d'Embry. Dès qu'il eut fini sa journée, il se rendit au stand de tir, pressé de pouvoir se défouler et de s'imaginer en Colombie, oubliant totalement son rendez-vous avec son épouse chez la conseillère.
Lorsqu'il rentra chez lui, tard dans la soirée, il fut surpris de trouver sa douce moitié l'attendant dans la pièce à vivre, bras croisés et visage fermé.
– Bonsoir... dit-il en déposant ses clés et son sac avant d'ôter sa veste.
– Bonsoir ? C'est tout ce que tu as à me dire ? Même pas un "désolé de t'avoir fait attendre, chérie" ou un "mon Dieu, je n'ai pas vu l'heure passer, excuse-moi" ? rugit-elle en lui faisant face.
Jacob la regarda, étonné par son coup d'éclat.
– Désolé pour mon retard, je n'ai pas vu l'heure passer... répéta-t-il, ne sachant trop quoi dire en guise d'excuse.
– On dirait que tu n'as aucune idée de la raison pour laquelle je suis en colère... grommela-t-elle.
– A part le fait que je sois rentré tard, je ne vois pas d'autres raisons...
– Tu te fiches de moi ? Je suis restée à t'attendre DEUX HEURES dans le cabinet de la conseillère matrimoniale ! s'emporta-t-elle. Je t'ai appelé, mais comme par hasard, dès que c'est moi qui essaye de te joindre, ton portable est coupé !
– Et merde... Chérie, excuse moi, ça m'était complètement sorti de la tête... avoua-t-il en passant une main sur sa nuque.
– Ça... Ça t'était sorti de... balbutia-t-elle, incrédule, avant de se laisser tomber sur la chaise en laissant échapper un soupir de frustration. Ok, je suppose que ce que tu avais à faire devait être plus important que sauver notre mariage...
– Ne dis pas ça, tu sais très bien que notre mariage compte plus que tout pour moi...
– Où étais-tu, alors ? Et pourquoi avais-tu éteint ton portable ?
– J'ai eu une dure journée, j'ai juste eu envie d'être un peu seul, c'est tout...
– Oh. Je vois. Tu voulais être seul ? Parfait ! claqua-t-elle en se levant et en se dirigeant vers leur chambre.
– Chérie, ne réagis pas comme ça... tenta-t-il en la suivant.
La jeune femme se retourna et le fusilla du regard.
– Et qu'est-ce que tu veux que je fasse, à part te laisser l'espace dont tu rêves visiblement depuis un bon moment ? Je fais des efforts pour que ça marche, Jacob... Mais j'ai l'impression que...
– Moi aussi je fais des efforts je te signale ! la coupa-t-il. Mais tu es toujours aussi distante. On pourrait même croire que je te rebute... ajouta-t-il en repensant à ce que Mike Newton lui avait laissé entendre plus tôt dans la journée.
Son épouse le dévisagea comme s'il avait perdu l'esprit et il regretta rapidement d'avoir prononcé ces paroles en voyant les larmes perler sur son visage.
– Si tu penses que cette situation est facile pour moi, tu te trompes... souffla-t-elle, la gorge nouée, avant qu'il n'aie le temps de s'excuser. Je donnerais n'importe quoi pour qu'on redevienne ceux qu'on était il y a six ans, à l'époque où on se suffisait à nous-même...
Jacob s'approcha et encadra doucement son visage en essuyant ses larmes.
– Moi aussi...
Il la sentit frémir sous ses mains et son cœur se réchauffa en voyant qu'il arrivait toujours à lui faire de l'effet. Il frissonna à son tour lorsqu'elle se blottit contre lui et qu'elle nicha sa tête au creux de son cou en fermant les yeux. Savourant ce contact qui était bien trop rare à son goût, Jacob l'entoura de ses bras et ferma les yeux à son tour en inspirant l'odeur de ses cheveux.
– Tu me manques... souffla-t-il.
– Je suis là, pourtant... Je suis toujours là... répondit-elle en déposant un tendre baiser sur sa peau.
Jacob tressaillit et resserra instinctivement son étreinte.
– Alors pourquoi j'ai l'impression qu'un fossé nous sépare ?
Son épouse se raidit et posa ses mains sur son torse afin de mettre un peu de distance entre eux.
– Je suis désolée... On a chacun nos soucis avec le boulot, et avec notre dernière tentative pour avoir un enfant qui a échoué, je... J'ai du mal à tout gérer... s'excusa-t-elle faiblement.
– Hey... On a tous les deux des torts... lui rappela-t-il avec douceur.
– Peut-être que j'en ai plus que toi, si tu n'as même plus envie de passer du temps avec moi... murmura-t-elle tristement en se détachant complètement de lui.
– Bien sûr que j'en ai envie... J'en ai toujours eu envie ! ajouta-t-il en la retenant par la main.
– Ce n'est pourtant pas l'impression que j'ai... Tu rentres de plus en plus tard, et je me demande si un jour... Tu ne finiras pas par ne pas rentrer...
Jacob la relâcha, choqué par ses propos.
– Tu as si peu confiance en moi ? En ce que je ressens pour toi ? s'insurgea-t-il.
– Tu m'évites, tu rentres tard, et tu ne veux jamais me dire ce que tu fais à l'extérieur. Quand je te demande si je peux t'accompagner, tu décides que finalement, tu vas rester à la maison, ou alors tu me dis que je m'ennuierai. Dernièrement, tu t'es mis à éteindre ton portable pour ne pas que je te dérange... Je n'ai pas envie de me disputer avec toi à ce sujet, Jacob. Les faits parlent d'eux-même, soupira-t-elle.
– Alors quoi ? J'ai pas le droit d'avoir un peu de temps à moi ? esquiva-t-il, ne voulant lui dire la vraie raison de ses absences.
La jeune femme fronça les sourcils et secoua la tête, affichant clairement les signes d'une intense fatigue.
– Tu fais ce que tu veux, Jacob... Moi, je vais me coucher...
– Chérie, je voulais pas... commença-t-il avant que la porte ne se referme sur lui.
Il soupira et passa une main frustrée dans ses cheveux, conscient que son attitude n'aidait pas, même s'il ne faisait rien de mal dans le fond. Il craignait fortement la réaction de son épouse s'il lui avouait la vérité sur son passé. La connaissant, elle prendrait très mal le fait qu'il lui ait menti pendant toutes ces années, et même s'il mourrait d'envie d'être honnête avec elle, il ne pouvait se résoudre à la perdre de cette manière. Quitte à gâcher son mariage avec des non-dits.
Il l'entendit allumer la douche et son cœur se serra, sachant ce que cela signifiait. A chaque fois qu'ils se disputaient et qu'il la blessait à travers ses actes ou ses paroles, elle se réfugiait dans la salle de bain et libérait ses sanglots sous l'eau, pensant que Jacob ne l'entendrait pas pleurer.
L'idée qu'elle soit malheureuse par sa faute le rendait malade. Il avait hérité d'une femme merveilleuse, qui lui avait fait toucher du doigt un bonheur dont il n'avait même pas idée auparavant, et lui, tout ce qu'il lui avait donné en retour c'était de la peine, de la déception et des doutes. Alors que son cœur se comprimait un peu plus, il pensa alors en l'entendant pleurer qu'il ne la méritait pas.
Peut-être serait-elle plus heureuse sans lui dans les parages, et s'il pouvait lui faire un dernier cadeau avant de disparaître pour toujours de sa vie, la prime de la mission proposée par Embry devrait lui permettre d'assurer à son épouse une vie décente en attendant qu'elle trouve mieux que lui. C'était sans doute le mieux qu'il puisse faire pour la remercier...
