Ehhhhhh bien oui, me revoilà avec un nouvel OS ! Et pour changer,... DU DRAMIONE ! (les non-fanatiques, je ne vous comprends pas. Passez votre chemin.). Comme promis, cet OS sera tout sauf joyeux donc je m'excuse d'avance si vous en sortez tristounes (si du moins, j'ai réussi à vous faire ressentir de la tristesse, parce que ça c'est pas encore gagné, ma foi).

Petite explication sur le titre. AB IMO PECTORE : du fond du cœur.

Cette locution se trouve souvent dans les œuvres de Virgile, pour exprimer l'extrême douleur, qui semble tirer ses larmes, ses gémissements, ses paroles du plus profond du cœur. On dit aussi imo pectore. Bref, vous avez compris le topo.

Disclamer : comme d'habitude, tout l'univers appartient à JKRowling, sauf ce que j'en fais. En l'occurrence, elle me tuerait certainement, m'enfin.

Je pense rester gentille sur le rating et garder du M. Je suis pas si cruelle (enfin ça c'est parce que vous avez pas encore lu la suite..!).

Détails : Hermione a lancé un sort de Faux Souvenirs sur ses parents, j'aimerai donc que vous vous ôtiez l'idée de l'Oubliette. Ça, c'est seulement dans les films mes petits cancrelats. Donc ici, les Granger se souviennent très bien de leur filles, n'est-ce pas ? Peut-être n'auraient-ils pas dû... !

Je n'ai pas non plus fait de prologue. Flemme. Et puis j'aurai pas su quoi dire.

(je m'excuse d'avance pour les fautes d'orthographes, d'habitude on me les vérifie mais j'ai agit impunément dans le dos de ma correctrice et meilleure amie. Voilà.)

À ma meilleure amie, qu va sûrement me tuer après avoir lu.

Je suis si cruelle.

Pour toujours et à jamais.


Et pourtant aimez-moi, tendre coeur ! soyez mère,
Même pour un ingrat, même pour un méchant ;
Amante ou soeur, soyez la douceur éphémère
D'un glorieux automne ou d'un soleil couchant.

- Charles Baudelaire, les fleurs du mal.

L'histoire est déjà là, déjà inévitable,
Celle d'un amour aveuglant,
Toujours à venir,
Jamais oublié. - Marguerite Duras


I – Mort et autre tréfonds

Il passa pour la cinquième fois une giclée d'eau froide sur sa figure.

Drago n'arrivait pas à croire qu'il allait faire ça.

Il soupira -pour la quatrième fois, au moins- et passa une serviette sur son visage, comme si elle était capable d'effacer ses doutes et sa peur. Il s'autorisa à jeter un coup d'œil en direction du miroir de sa salle de bain : son reflet fut similaire à celui d'un fantôme. Un teint cadavérique, des lèvres bleutées, des mèches ternes et vagabondes. Mais ses yeux ses yeux étaient sûrement ce qui rendait le tableau encore plus macabre : d'un grisé usé, comme si toute la vie qui y était renfermée avait été aspirée jusqu'à y laisser du plomb – un gris dont on avait subtilisé chaque étincelles.

La guerre avait laissé plus que des blessures physiques – présentes ici et là sur sa joue en l'occurrence, où une immense balafre recouvrait la moitié de son visage. Quelques striures sur ses lèvres vides de sang, ainsi que de légers ecchymoses dans son cou. Superficiel. Mais Drago sentait que tout s'agitait encore dans sa tête : il voyait encore certaines scènes comme s'il les vivait réellement, il entendait parfois des cris déchirants juste avant que la mort ne les fasse taire.

Mais plus particulièrement cette scène-là, cette scène à laquelle il avait assistée au premier rang : la mort d'Hermione Granger.

L'assassinat aurait été un terme plus exact : d'une main froide, indifférente – celle sa vénérable et détestable tante, Bellatrix Lestrange. Jamais le blond ne l'avait plus haït qu'à cet instant précis : c'était elle qui était à l'origine de ses angoisses, de ce mal-être qui vivait en lui, farouche et impitoyable.

Tout en passant ses derniers vêtements noirs – jamais il n'avait été plus évident de porter cette couleur en cette journée de deuil -, Drago frotta ses yeux injectés de sang avant de relever la tête vers le miroir, jaugeant pour la dernière fois le reflet de celui-ci. Irrécupérable.

Il appréhendait tellement cette journée : il savait que s'il ne se faisait pas trop voir, il pourrait peut-être éviter les œillades sévères des Weasley – sa famille de substitution, ainsi que celles de Potter. Ce qui lui fera le plus mal, ce sera certainement les parents d'Hermione : perdu dans un monde trop grand qui ne leur appartiendrait jamais, qui leur avait prit leur petite fille.

Soupirant une nouvelle fois, tout en réajustant sa cape luxueuse de chez Guipure, Drago pensa très fort au lieu de rendez-vous avant qu'un craquement sonore ne retentisse. Sa prochaine destination était le lieu où l'on enterrait Hermione Granger.


Drago arriva sur les lieux, ceux-ci déjà noir de monde. Il soupira légèrement, un peu plus détendu : avec un peu de chance, il ne tomberait pas sur des personnes qui le détestaient plus que tout. Un petit sourire ironique incurva ses lèvres : tout le monde ici le détestait, Drago Malefoy n'avait absolument pas sa place à l'enterrement d'Hermione Granger. Il voyait d'ici les mines attristées, désespérées, anéanties. Comment allait-il faire pour tenir ne serait-ce que le temps d'une journée ? C'était déjà assez insupportable de savoir quelle était la cause de sa petite visite : la mort d'une personne que Drago avait toujours admiré, malgré tout.

Une place immense - dans un cimetière extérieur - fut acquise pour la tombe d'Hermione Granger, semblable à un monument et à la fois un vestige. Haute pierre tombale, où le nom de la jeune femme était écrit d'une écriture blanche – tranchant avec le granit sombre de la roche. Sa date de naissance, ainsi que sa date de mort étaient également inscrites : 1980 – 1998. Trop tôt pour une personne si brillante, pensa-t-il.

Il prit place vers le fond, ne voulant être reconnu de personne le blond voulait juste pouvoir pleurer si l'envie lui en prenait sans que personne ne s'en aperçoive. En levant quelque peu le menton, il cru reconnaître cette famille rousse qu'il avait si souvent détesté jadis, ainsi que Harry et d'autres camarades de Gryffondor. Il cru reconnaître des anciens professeurs – Hagrid, de par sa grande taille -évidemment, tiqua-t-il-, une Minerva McGonagall qui essayait de garder un visage impassible, mais que l'on sentait au bord d'une explosion torrentielle de larmes. Ils étaient tous mal en point : des visages dévastés, aussi fantomatiques que celui de Drago. Lui qui avait connu la jeune femme sans en être proche -au contraire-, n'imaginait pas ce que cela pouvait être pour ses meilleurs amis et sa famille. Un cauchemar, au mieux. L'enfer, au pire.

Le blond aurait aimé que Blaise l'accompagne, qu'il soit à ses côtés pour lui donner assez de courage et l'aider à affronter ce moment comme un prince, la tête haute et le regard droit. Mais il n'était pas là, lui aussi en terre – mort dignement en se battant pour ses idées. Le seul prince que Drago n'ait jamais connu avait toujours été ce métis, discret et malin son meilleur ami. Il aurait été le seul qui aurait compris pourquoi il était ici aujourd'hui, le seul qui savait que sa présence était essentielle. S'il avait été là, il aurait certainement ponctué ses phrases de « Salazar que tu es pitoyable, Drago Malefoy. Tout ça pour Granger, en plus ? » puis après un petit sourire taquin, il aurait glissé un « tu vas y arriver, vieux. » et il l'aurait presque cru.

Un grand silence s'installa après que les dernières personnes furent installées. On entendait seulement quelques sanglots par-ci, par-là. La tension était insurmontable : l'ancien Serpentard pouvait sentir cette boule dans sa gorge, qui enflait, enflait et enflait toujours plus, et qui ne retrouverait peut-être jamais sa véritable taille. Tout comme le cœur de Drago, las de sentir que les ténèbres avaient envahis sa vie jusqu'au plus profond de lui-même.


Après plusieurs rites, ainsi que des derniers regards, Drago se décida à quitter cet endroit maudit – ce fut sans compter sur une main qui le stoppa, agrippée à son épaule. En se retournant, le blond percuta des iris couleur jade ternes, ainsi que d'autres beaucoup plus humaines : ce ne pouvait être que les parents d'Hermione, accompagné d'Harry Potter en personne. Drago les avait reconnu lorsqu'ils avaient jeté de délicates fleurs blanches dans le trou où le cercueil d'Hermione fut installé. Une femme avait le visage bouffi, sanglotait tout en suffocant, et l'homme à ses côtés véritable pilier, lui soutenait les épaules tout en ayant de légers tressautements.

- Tu es venu, finit par trancher Potter.

Il ne répondit pas : qu'avait-il à ajouter de plus ? Bien sûr qu'il était venu, sa présence ici était évidente pour lui. Elle méritait au moins ça.

Le ton d'Harry montra que la présence de Drago était également une évidence, mais il y décela une légère once de soulagement. L'attendait-il ici aujourd'hui ?

- Vous êtes Drago Malefoy.. ?, demanda la femme qu'il supposait être la mère d'Hermione.

De grands yeux chocolats - qui lui rappelèrent fortement ceux de sa martyre défunte -, le fixait de tout leur éclat perdu. Elle était blonde mais ses cheveux semblaient aussi épais que ceux d'Hermione, attachés en un chignon lasse.

Comment pouvait-elle connaître son nom ?

« Oui. » fut tout ce qu'il trouva à répondre. Les mots franchissaient le seuil de ses lèvres avec douleur.

- On a quelque chose pour vous, lâcha son père, d'une voix rauque et cassée.

Si la surprise anima Drago l'espace d'un instant, il ne le montra pas pour autant et se retourna alors totalement vers ses interlocuteurs, comme alerte et à l'écoute.

La mère d'Hermione fouilla dans son sac avant d'y cueillir une enveloppe, qu'elle tendit au blond d'une main tremblante. Ne comprenant pas, Drago observa le visage de la mère d'Hermione, cherchant dans ses prunelles ce qu'elle tentait de lui expliquer.

- Prenez-là. Hermione l'a laissé pour vous

- On en a chacun une, compléta Harry d'une voix éraillée, comme pour justifier la présence de ce petit carré de papier entre ses longs doigts.

Délicatement et avec des doigts tremblants, Drago attrapa l'enveloppe avant de la glisser dans une de ses poches intérieures -et magique, également-. Il souffla : un mal de tête lui burinait le crâne, comme si on s'évertuait à cogner à l'intérieur avec un marteau titanesque. Qu'est-ce que tout ça voulait bien pouvoir dire ? Pourquoi diable avait-elle laissé une enveloppe pour Drago Malefoy ou plus communément dénommé son pire ennemi ?

- Rejoins-nous d'ici une demie heure à cette adresse, dit Harry en pointant du doigt des lettres et des chiffres qui gesticulaient sur le papier.

Il devinait que c'était l'adresse de la maison des Granger, la seule et unique. Une maison moldue.

L'ancien Serpentard releva les yeux vers Harry avant de hocher la tête positivement : il savait que là-haut, il avait énormément de choses à découvrir. Tant pis si il croiserait des gens qui ne l'aimait pas il avait déjà fait le plus gros avec Harry et la famille de Hermione.

Après le transplanage du trio, Drago se dirigea de plus près vers la tombe de la jeune lionne. Une magnifique photo d'elle trônait fièrement sur le marbre de la tombe : elle souriait, vêtue d'une robe rouge – couleur si symbolique pour elle. De longs cheveux bruns tombaient en cascade sur son visage, cachant quelque peu ses yeux malicieux. Elle tournait sur elle-même en faisant virevolter les dentelles de sa robe, ainsi que ses longues boucles brunes. Une esquisse de sourire était visible sur son visage pâle : cette photo était récente, Drago s'en mettrait la main à couper. Ses longs cheveux farouches était légèrement disciplinés, ce qu'il supposait dû à un événement important : car jamais, ô grand jamais Hermione Granger ne coiffait sa chevelure indomptable.

Sur la pierre reposaient l'épitaphe suivant :

« Maudit soit le destin, qui à nous t'a ravi,

Si ton cœur s'est éteint, dans le nôtre tu vis.

A tout jamais, sœur et battante

même face à la mort, véritable gagnante.

En la mémoire d'Hermione Jeanne Granger, une mémoire pure de sang pur. »

Tout en essuyant prestement et par fierté une larme timide, Drago laissa tomber une fleur blanche au fond du cercueil.