Chapitre un

Haven

En ce soir de demi-lune, sous la fenêtre, il y a un temps, il est né. Depuis lors seize années, il devient puissant, fort, inlassablement le plus dangereux de tous. Plusieurs affirment qu'il tient de ses ancêtres, que l'on reconnaît des générations en lui. Tous se trompent, car il est un sang neuf, un sang qu'aucun n'a jamais détenu.

Il n'y avait presque plus de clarté. La lune brillait très haute dans le ciel, entouré de brillantes étoiles. Au loin, le bruit d'une moto résonnait dans l'air, souvenir de la faible circulation autour d'Haven. Un à un, les lampadaires de l'entrée s'allumèrent, leur lumière blanche tranchant sur la noirceur nocturne.

Les fenêtres d'Haven s'éclairèrent les unes après les autres, diffusant une pâle lueur orangée entre les grands sapins qui entouraient la demeure. Un coup de vent fit frémir les aiguilles et rouler quelques feuilles mortes : une silhouette était apparue.

Une seconde secousse ébroua les branches; un autre invité était arrivé. Bientôt, peut-être qu'une autre ombre franchirait le ciel, emportant avec elle un courant d'air.

Depuis le temps, il connaît bien les règles. Un après l'autre, ils arriveront, dissimulé sous leur manteau. Un après l'autre, ils monteront au salon et se dissimuleront dans l'encre. Il n'aura le choix que de mimer la surprise. Ils le croiront, comme à chaque année.

Un invité vient d'entrer.

Le dernier invité inclina son balai jusqu'à poser doucement ses pieds sur le seuil d'Haven. Il retira un de ses gants noirs et glissa son pouce dans un petit office sur les portes d'entrée. Un instant plus tard, un déclic ouvrit les deux portes. Haven s'ouvrait.

L'invité entra dans le hall. D'un geste élégant, il épousseta les fines gouttelettes posées sur son manteau. Il posa son balai sur un support à cet effet, retira son écharpe et son deuxième gant. Un déclic sonna devant lui; l'hôte était arrivé.

- Bonsoir Charles.

- Bonsoir, Cameron, répondit Charles-Xavier Potter en souriant. Nous t'attendions. Nous devrions bientôt commencer.

- Il est minuit moins quart, je sais, s'excusa Cameron Potter. Je suis désolé d'être en retard.

Il n'y eut une nuit où il fut en avance. Il est le dernier. Les invités, il les nommerait les yeux fermés, il les compterait sur le bout de ses doigts. Ce sont ceux qui, le plus souvent, vivent à Haven, reliés de près à l'Ordre. Mais jamais il ne commettrait l'erreur d'énoncer ses connaissances à haute voix.

- Pas le moins du monde, répondit Charles-Xavier. Viens, il est dans sa chambre, il ne se doute de rien.

- Je suppose qu'il s'en doute quand même un peu, puisque vous lui faites le même coup à chaque année.

- Il dort en ce moment, répondit Charles-Xavier. Je te jure qu'il nesait rien.

Les deux individus traversèrent le hall et grimpèrent l'escalier central recouvert d'un tapis rouge qui étouffait leurs pas. Le grand salon se trouvait au deuxième étage; il occupait pratiquement la moitié de cet étage.

Ses parents croient qu'il dort. Ils sont convaincus que chaque année, il n'est que trop hébété pour comprendre la raison de son réveil brusque. Ils n'ont toujours pas compris. D'ici quelques instants, son père viendra cogner à sa porte. Mieux vallait-il prétendre de dormir...

Quelque chose de pointu s'enfonça soudainement dans son mollet. Il se retourna dans son lit en grognant, feignant un sommeil dérangé. L'objet pointu se planta dans son genou, puis sur sa cuisse, grimpant progressivement vers son ventre. Il entrouvrit un œil, curieux de connaître l'objet de ses souffrances, et se réveilla.

Aussitôt, il se redressa dans son lit, ébahi par l'étrange créature qui grimpait toujours le long de son corps. Son regard croisa les yeux verts de l'animal qui émit un bruit à mi-chemin entre un miaulement et un jappement. Son corps était recouvert d'un pelage doré et luisant. Ces moustaches naissantes étaient ivoire, tout comme ses dents. Sous ces yeux se dessinaient deux barres noires. L'humain et l'animal restèrent un instant à se regarder, étonnés autant l'un par l'autre. Puis, lentement, il tendit sa main et l'animal y planta les dents.

-Valegro, murmura James Charles Potter en saisissant le fauve par la peau du cou. Ça te convient, Valegro ?

Incertain, il pensa un instant que l'animal venait d'approuver son nom en hochant la tête. Il continua à l'observer : cette créature semblait principalement féline, mais un autre animal était assurément mêlé à son sang.

- Alors, il te plaît ?demanda dans l'obscurité une voix.

Il leva la tête, surpris, et découvrit sa mère appuyée dans l'encadrement de sa porte. Un sourire flottait sur les lèvres de Kaede Potter.

- Oui, bien sûr qu'il me plaît, répondit James en taquinant Valegro qui lui mordait impitoyablement les doigts.

- C'est un mélange entre un chat sauvage et Nundu miniature, précisa Kaede en s'avançant jusqu'au lit de son fils.

Elle prit place sur le rebord. Kaede Potter avait tressé ses cheveux sur sa nuque, ses yeux pétillaient.

- Il a quel âge ?

- Plus ou mois trois mois, répondit sa mère. Il grandira et atteindra probablement ton genou.

James haussa un sourcil. Il mesurait tout de même un mètre quatre-vingt trois.

- Pourquoi Valegro ?demanda Kaede.

James ne répondit pas. La gêne l'assaillit un moment ; Valegro était le nom du Thestral du commandant de Mangemort que sa mère avait éliminé lors du plus récent affrontement de l'Ordre contre Voldemort. Il ne répondit pas, se leva en déposant sur le sol Valegro et attrapa une petite boîte sur sa table de chevet. D'un geste familier, il ajusta ses verres de contact, puis emboîta le pas de sa mère qui l'attendait à la porte. Ils traversèrent le couloir qui menait au salon sous les yeux hautains des portraits de générations de Potter. Le chemin était plongé dans la pénombre : Haven était inquiétante le jour, pire était-elle la nuit.

Valegro sur les talons, ils s'arrêtèrent à la porte du salon. C'était une vaste pièce, avec deux grands divans de cuir face à une immense cheminée où rougeoyait un feu. Le mur en face de la porte était une énorme bibliothèque remplie à craquer de grimoires et manuscrits. De grandes fenêtres s'ouvraient tout autour de la salle, avec de longs rideaux de bordeaux. Dans un coin étaient installés quatre petits sofas jaunes éclatants, sans accoudoirs et au dossier étrangement rond, avec un pouf parfait d'une couleur rouge au centre. Une lumière bleue tordue se pendait au-dessus ces sièges.

James franchit la porte et, en une seconde, tous les invités jaillirent de leur cachette pour hurler en chœur un " Surprise ! " tonitruant. Il mima une surprise étonnée et fatiguée, accompagné d'un bond en arrière, provoquant une vague de rires. Dès lors, les lumières étincelèrent, la salle se remplie du bourdonnement de conversations, de rires et de chants. Un regard rapide autour de la salle permit à James se trouver quelques uns de ses cousins. Il prit Valegro, le jucha sur son épaule, puis, à coup de coude, alla rejoindre son cousin Olivier.

- Joyeux anniversaire, Potter, dit Olivier en souriant de toute dent.

Les cheveux bruns de celui-ci avaient été teints en rouge, qui déclinait malheureusement vers le rose, et il était habillé que de rouge, de la tête aux pieds. Autour de son cou dormait un Runespoor endormi par deux têtes, la troisième veillant, la langue dardée. Son cousin avait onze ans et entrait cette année à Sorcior.

- Salut, Olivier, répondit James avec un sourire. Beau look.

- Qu'est-ce que tu traînes sur ton épaule ?demanda son cousin en ignorant le sarcasme.

Olivier désirait depuis son enfance devenir un membre du Département de contrôle et de régulation des Créatures magiques. Cette soudaine passion pour les animaux magiques lui était apparue quand, tout jeune, il avait obtenu son premier Puffskein.

- Valegro, répondit James en haussant les épaules. Un mélange de...

- Chat sauvage et je ne sais pas quoi, répondit Olivier en détaillant attentivement Valegro. Regarde, continua-t-il en détachant son Runespoor, je viens de le recevoir. Je l'ai appelé Hermine parce que...

- Non, Olivier, coupa une voix derrière eux. Tais-toi.

Avec une prière intérieure de remerciement pour avoir été sauvé du délire sur le Ministère préféré de son cousin, James se retourna pour faire face à Christian et Tatiana, les enfants d'un des nombreux frères de Charles-Xavier Potter. Christian, du haut de six pieds deux, jeta à Olivier un sourire narquois et un regard critique. James leur adressa un signe de tête en guise de salut, tandis qu'Olivier s'éloignait avec mauvaise humeur.

- Joyeux anniversaire James, fit Tatiana en l'embrassant sur la joue.

- Merci, Tati, répondit James en l'embrassant à son tour.

Tatiana était la sœur adoptive de Christian. Noire, avec des cheveux frisés et des yeux de la même couleur que sa peau, Tatiana était native du Kenya. Ces yeux étaient légèrement bridés, donnant à son visage une touche irrésistible. Son frère Christian était âgé de quinze ans. Il avait les cheveux noirs (pour le moment rasé) et les yeux verts foncés, qui tranchaient sur son teint pâle. Son air était un brin rebelle, son sourire arrogant et son humour, plutôt noir.

Christian appartenait à la maison de Serpentard, en dépit des standards familiaux fermement orientés vers Gryffondor. Il avait deux ans de moins que James et était le fils de John et Lucie Potter (la branche familiale plutôt favorable à la magie noire). À cette pensée, James sentit son ventre se crisper, il ressentait une aversion absolue pour tout ce qui touchait la magie noire.

- Il est parfois hors de contrôle, avec ses hobbits, souligna Christian en désignant Olivier qui s'éloignait dans la foule.

- Merci pour le coup de main, répondit James. Vous avez vu Léonie et Tristan ?

- Ils étaient près du feu quand nous nous sommes cachés, répondit Tatiana.

James remercia sa cousine d'un signe de tête et échappa au regard scrutateur de son cousin en s'éloignant vivement. Il fendit la foule, remerciant aussi rapidement que poliment ses invités, avant d'émerger au foyer. Il y trouva Tristan, Léonie, Zenyatta, Jacob, William, Evan et Artémis, assis les uns contre les autres, Bièreaubeurres à la main, parlant joyeusement de l'anniversaire en cours.

- Bon anniversaire, James !s'écria Zenyatta lorsque celui-ci émergea.

James s'installa sur un bras du divan, remerciant chacun de ses cousins alors qu'ils reprenaient tour à tour les vœux de Zenyatta. Entassés à huit, ils étaient sur le point de tomber en bas du divan. James redoutait l'instant où Christian et Tatiana les rejoindraient.

- Tiens, s'empressa Tristan en lui tendant une bouteille. Maintenant que tu es en âge légal de consommer, fêtons l'événement de manière plus corsée!

James jeta un coup d'œil à la bouteille que Tristan lui avait passée. Il observa l'étiquette bleutée ; le nom qui y était inscrit lui était totalement inconnu. Il haussa un sourcil en regardant le pourcentage d'alcool du breuvage ; assez pour le mettre rapidement à terre si sa consommation dépassait le grand nombre de deux. Une brève hésitation traversa son esprit, mais James la repoussa en songeant à la réaction de ses cousins : sans hésiter, il en but plus de la moitié.

Presque aussitôt, il sentit son corps se relâcher d'une pression qui lui était jusqu'alors inconnue. Un sourire étira ses lèvres tandis qu'il renversait sa tête par en arrière et fermait les yeux. Il se sentait parfaitement normal, presque euphorique. Il était agréable de faire fi des soucis quotidien l'espace d'une soirée.

Jacob repris en main la discussion en annonçant à la ronde qu'il entamait ses études supérieures à Pourceaux en septembre.

- Et combien de professeurs tes parents ont soudoyés pour que tu entres dans les bonnes grâces de Pourceaux ?ironisa Artémis en avalant une nouvelle gorgée de vin.

Quelques-uns sourirent ; d'autres éclatèrent de rire. Jacob était âgé de dix-neuf ans ; il venait de terminer ses études à Vulcain, une petite école privée non loin de Poudlard. Jacob était le fils de Jacques, un professeur émérite de sorcellerie, il était naturel que les études de son fils soient plus longues que celles réalisées par la plupart des sorciers.

- Artémis, Pourceaux m'a pratiquement supplier de venir y poursuivre mes études. C'est mon intellect sans limite qui me démarque.

Artémis frappa doucement l'épaule de son cousin. Celui-ci éclata de rire; ses cheveux bruns mi-longs formèrent un halo bouclé autour de ses yeux bleus.

-Que tiens-tu sur tes épaules, James ?demanda Evan en prenant une nouvelle bouteille.

- Valegro, répondit James en caressant du bout des doigts son félin. Un mélange...

- Je suppose qu'Olivier s'en est donné à cœur joie, remarqua William.

James lui jeta un regard en acquiesçant tout en avalant une nouvelle gorgée. William avait dix-ans ans depuis quelques mois, il amorçait sa dernière année à Sorcior. Ce cousin était de loin son favori. En plus, c'était un Animagus, lui non plus répertorié au Ministère. Il prenait la forme d'un chat, aussi blond et or que ces cheveux. En fait, songea James avec un sourire, sous la forme d'un chat son cousin ressemblait plutôt à Valegro. L'espace d'un instant, il pensa avec inquiétude que sa mère était au courant pour William...

- Lui qui aime tellement les animaux, se moqua Evan en se méprenant sur le sourire de James.

Dans les faits, Evan n'était pas un Potter, mais un otage de famille : son véritable nom était Silver Hiles et il était le dernier d'une grande famille sorcière des États-Unis. Tout jeune, Evan-Silver avait été pris en otage par la famille Potter en échange d'une paix relative entre les deux familles. Les Hiles avaient accepté le marché à condition que Silver revienne après vingt ans parmi les Potter. Bien entendu, James et ses cousins avaient depuis longtemps percé le secret d'Evan. James ressentait davantage de pitié que d'animosité envers Evan, car il comprenait bien la délicatesse de la situation dans laquelle celui-ci se trouvait.

- Bien entendu, répondit Christian en prenant place sur le sol devant eux.

Tatiana était juste derrière lui, un verre dans chaque main, elle s'assit sur le sol à proximité du foyer. James sentit Evan se raidir à côté de lui : ce dernier avait un don de clairvoyance plutôt développé et ce genre de réaction suggérait, la plupart du temps, une apparition. Un regard interrogateur en sa direction ne révéla rien.

- James, où est Sirius ?questionna Jacob.

James ne répondit pas immédiatement. Non pas qu'il ignorait la réponse, mais plutôt qu'il hésitait à la dire. Sirius avait de graves problèmes familiaux depuis l'année dernière ; sa famille entière le coursait pour l'enrôler dans les troupes de Voldemort. Son meilleur ami s'était enfui de son loyer familial pour aller vivre chez les grands-parents de James : les grands parents de James et Sirius étaient partis en Thaïlande pour l'été entier.

- Il est en voyage quelque part en Europe, mentit James avec aplomb.

Tous acquiescèrent, chacun conscient à sa façon de la destinée de chaque membre de la famille Black et du danger que Sirius courait. Alors que la discussion reprenait sur un nouveau sujet, Kaede Potter s'approcha du groupe des jeunes et leur annonça que c'était l'heure du gâteau et des cadeaux.

Ils se levèrent, chacun ignorant l'atmosphère sombre induite par les activités de Voldemort : après tout, l'heure était aux réjouissances... James et ses cousins s'installèrent à la table spécialement installée dans le grand salon. Un immense gâteau se matérialisa sur la table. De riches couleurs vives glaçaient le contour tandis que sur le dessus, blanc comme l'ivoire, se dessinait un sablier. Dix-sept bougies lévitaient à quelques centimètres du gâteau, immobiles, quoique comme tout bon sorcier, James savait qu'elles bougeraient dès que le premier souffle était lancé. Il ne fallait pas les manquer !

William commença à taper sur la table avec ses mains ; bientôt les autres enfants le suivirent dans un rythme de plus en plus rapide. James se concentra sur les chandelles. Il souffla doucement sur une : aussitôt elles se rassemblèrent autour de la malheureuse. Il n'attendit pas un instant, il souffla de toutes ses forces sous les applaudissements de ses invités.

Sous une pluie de 'Joyeux anniversaires', d'éclairs rouges, d'explosions et de feux colorés, les premiers cadeaux se matérialisèrent. Les invités agitèrent de fines baguettes de taille et de couleurs diverses : dans un assourdissant concert d'explosions et de lumières, la table se couvrit de paquets. Sous les applaudissements, les cadeaux s'envolèrent pour se suspendre dans les airs à portée de main du fêté.

- Joyeux anniversaire, James, débuta Lucie Potter en lui tendant un paquet. Tu as reçu un nouveau chat ?

James porta une main à Valegro.

- En fait, c'est un peu plus qu'un chat, expliqua Kaede avant que James ne réponde.

- Qu'est-ce que c'est ?demanda Tristan avec un mouvement de recul.

- Un croisement entre un chat sauvage et un Nundu, la ...

- … petite panthère au souffle mortel et aux fréquentes envies meurtrières ? compléta Olivier avec un sourire.

- Directement dans mes goûts, répondit James avec un sourire.

- C'est beaucoup de responsabilités pour toi, James, remarqua Rachel, avec Palafox, Ajax et maintenant Valegro...

Ajax était un hibou et Palafox était l'un des chevaux appartenant à la famille qui était sous la responsabilité de James. Lorsqu'il était plus jeune, James pratiquait l'équitation avec une certaine assiduité, mais il avait légèrement perdu l'intérêt pour ce sport depuis les deux dernières années. Il conservait néanmoins son affection et intérêt pour les animaux, il était donc content du cadeau de sa mère. Du coin de l'œil, il vit celle-ci jeter un regard incendiaire à sa tante. Il était connu dans la famille Potter que Rachel et Kaede ne s'entendaient pas le moins du monde.

Cameron Potter, le plus jeune des huit Potter, fit un signe de la main en levant les yeux au ciel. James se demanda comment Cameron, sorcier-guerrier cadet des Potter, faisait pour vivre avec Rachel. Rachel était une Moldue que Cameron avait rencontrée lors d'un voyage au Canada. Rachel adorait le monde sorcier et s'émerveillait de la moindre touche magique, mais elle restait fière d'être une Moldue et elle aimait mettre de l'avant les avantages de son statut dès qu'elle le pouvait.

Avant Cameron venaient Edward et Caradoca Potter. Edward et Caradoca s'étaient rencontrés lors d'un concours de duel. Edward racontait, en riant aux éclats à chaque fois, à quel point lui et Caradoca s'étaient si farouchement défiés du regard, prêt à mettre une bonne raclée à son adversaire la première fois qu'ils s'étaient vus. Les deux avaient séparément gagné sur tous les duellistes du concours, et, quand ils étaient montés sur la scène, étonnés, ils avaient fait tomber leur baguette synchroniquement. Un match nul, qui s'était terminé sur un long baisé passionné dans les coulisses de l'arène. Leur fille, Zenyatta, était née aux États-Unis, lors d'un second tournoi de duel.

Carl Potter, sixième de famille, travaillait au ministère en temps que Langue-de-Plomb. James n'avait jamais rencontré quelqu'un d'aussi tenace vis-à-vis ses secrets. Malgré toutes les ruses, pièges, enchantements et questions, jamais il n'avait réussi à percer le moindre secret à propos des Langue-de-Plomb. Carl était marié avec Joanie, une enchanteresse, et ensemble ils avaient adopté Evan Potter. Parfois, James soupçonnait Joanie partiellement enchanté Carl, puisqu'il semblait aussi insensible à l'amour qu'à un moustique avant de la rencontrer.

John Potter, cinquième d'une longue famille, travaillait en recherche fondamentale de la magie noire pour le gouvernement. Lucie et lui s'étaient rencontrés lors d'une initiation à la magie noire (étape dont James préférait ignorer les détails). Lucie lui avait raconté, lorsqu'il était plus jeune, comment elle avait préparé un philtre d'amour pour John et comment cela avait été inutile au final. James aimait bien Lucie bien qu'il la redoutait un peu, mais ses histoires et récits d'aventures étaient géniaux. Christian et Tatiana l'adoraient.

Pierre était le quatrième membre du clan Potter. Celui-ci menait une vie bien particulière : il travaillait officiellement dans un département de sécurité de l'État parmi les forces spéciales de l'armée moldue. Il était connu pour « ses habiletés spectaculaires, presque magiques» dans le monde moldu. James admirait l'habileté de son oncle de s'intégrer aussi bien au monde moldu que magique et observait que ses enfants, Tristan et Léonie, étaient également capable de se fondre dans les deux mondes avec aisance.

Le père du fêté était le troisième plus âgé des Potter. C'était un Auror de bonne réputation tandis que sa mère était une habile sorcière-guerrière. Ses parents s'étaient rencontrés des années auparavant lors de leurs débuts dans l'Ordre.

Il y avait aussi Alexandre et Mirabelle Potter. Alexandre travaillait en tant que Médicomage. Il n'était que rarement à la maison, surtout occupé à se battre et à rassembler une armée contre Voldemort. Mirabelle travaillait en tant que consultante dans le monde moldu de la finance. À partir de différentes sources d'information, James avait conclu que c'était elle qui s'assurait du maintien et de la croissance de la fortune du clan Potter. Leur fille Artémis possédait également un certain intérêt pour l'économie moldue et accompagnait fréquemment sa mère dans la réalisation de ses contrats.

Enfin, venaient l'aîné de la famille Potter, Jacques et sa femme, Kida. Ils s'étaient connus à Poudlard et s'étaient mariés très jeunes. Kida était designer de mode, elle travaillait dans le domaine des achats pour quelques magasins magiques. Jacques était professeur de métamorphose à Vulcain. Leurs enfants, William et Jacob, étaient nées en Égypte, lors des années de sabbatique de Jacques.

- James !s'écria une voix. Il y a du courrier pour toi !

James bondit sur ses pieds. Il se jeta sur son père et lui arracha des mains les lettres. Comme il le supposait, c'était Sirius, Peter et Remus qui lui écrivaient. Il cacha les lettres dans son pyjama et se rassit avec un grand sourire tout en attrapant le cadeau que Jacob lui tendait, récoltant au passage un sourire entendu de son père en regard de l'empressement dont il venait de fait part.

Le premier cadeau qu'il saisit fut impitoyable. Il lui mordit plus d'une fois les doigts, jusqu'à ce qu'il se fâche et brûle le papier (qui hurla). Il découvrit alors un grimoire, « Le grand Livre des Enchantements », que James feuilleta et décréta excellent en raison de la multitude de sorts inconnus qu'il contenait. Kaede grimaça en zieutant l'une des nombreuses pages remplie de sortilèges frappeurs, en l'occurrence d'excellentes blagues pour cette année.

Le deuxième cadeau, dont l'ouverture nécessita la résolution d'une énigme avec l'aide de toute la famille, projeta James au septième ciel : un Bronson 9000 ! Le plus récent des balais disponibles - des cris de stupeurs et d'envie retentirent dans la salle quand il souleva le magnifique objet. Il le tendit en équilibre face à lui et l'écouta vibrer sous ses doigts, puis le passa à Léonie, qui d'ailleurs ne cessait de commenter le balai tout en récitant toutes les annonces publicitaires dudit balai. James songea avec plaisir aux matchs de Quidditch qu'il jouerait durant l'année à venir : il lui serait encore plus aisé de gagner.

Son oncle Jacques lui offrit ensuite une série de plumes d'oiseaux particulièrement rares et quelques magnifiques parchemins – ce que James jugea bien utile dans la perspective de réalisation de ses Accumulation de Sorcellerie particulièrement intensive et contraignante (ASPIC). Sa tante Kida lui offrit une magnifique robe de soirée, dont la couleur oscillait entre l'or, le bleu et l'argent, comme si les trois couleurs se fondaient les unes dans les autres toutes en étant bien distinctes.

- C'est en l'honneur de ta cérémonie de graduation qui arrive à grand pas. J'ai tenté de représenter le temps, expliqua Kida. Joyeux anniversaire !

James remercia sa tante puis s'attaqua cadeau de Pierre. Le ruban entourant le paquet tenta d'emprisonner ses mains, James le métamorphosa malicieusement en une centaine de coccinelles qui s'envolèrent simultanément vers son oncle. James les fit disparaître avant qu'elles n'atteignent leur cible, songeant qu'il était plutôt agréable d'avoir accès librement à la magie. Souriant à son oncle, il ouvrit le paquet et en ressorti un miroir. Des runes étaient finement gravées tout autour et une pierre brillante ornait sa poignée. En regardant directement à l'intérieur, James voyait quelques silhouettes floues en arrière de son propre reflet.

- C'est une glace à l'Ennemi, annonça Pierre. Plutôt utile de ces temps-ci.

James reposa le miroir. Tous les adultes se jetaient des regards. Il vit sa mère se pencher à l'oreille de son père et murmurer très sérieusement, les sourcils froncés. Pour éviter une dispute, James prit le prochain paquet et fit disparaître son emballage afin d'accélérer le processus. Il découvrir une boussole d'or, large comme ses deux mains mises en coupe. Charles-Xavier et Edward poussèrent en chœur un soupir d'exaspération tandis que Carl et Jacques se levaient pour observer de plus près l'objet. Kaede allait se poster derrière John et se mis à lui parler à voix basse.

James détailla l'objet : la boussole était de couleur dorée, grande comme ces deux mains, et présentait... quatre-vingt-trois symboles différents sur son contour. Deux roulettes étaient fixées sur le sommet : elles servaient probablement à diriger les deux grandes aiguilles fixes, tandis qu'une troisième, longue et très fine, tournait sans cesse en rond, frémissant de temps à autre sur un symbole. James concentra son attention sur les symboles et ressentit une minuscule vibration en provenance de l'objet. La plus fine aiguille s'arrêta un bref instant sur le sablier et repris son chemin.

- Qu'est-ce que c'est ?demanda Artémis en jetant un coup d'œil à la boussole.

- Un instrument de vérité, répondit Tatiana. C'est écrit en runes sur l'envers de la boussole.

James retourna la boussole pour lire les runes tout en notant du coin de l'œil que la plupart de ses oncles et tantes se levaient autour de la table. Il allait questionner Edward sur l'objet lorsque John vient attraper Christian par le col de sa chemise. John tendit la main à James, invoqua une excuse plutôt vague et s'éloigna rapidement en attrapant Tatiana. Ce départ précipité entraîna la fin abrupte de la fête. En quelques instants, Cameron, Edward, Jacques, Alexandre, Carl et Pierre rassemblèrent leur famille, offrirent une dernière fois leurs vœux au fêté et transplanèrent.

L'événement se termina si rapidement que James se retrouva surpris de ne pas être le seul encore assit à table. En dépit du départ de leurs parents, et puisqu'ils étaient majeurs et détenaient tous les deux leur permis de transplanage, William et Jacob avaient décidé de rester avec leur cousin afin de terminer les festivités. Kaede et Charles-Xavier s'affairèrent un instant autour d'eux, nettoyant d'un coup de baguette les restants de gâteaux et les emballages utilisés. Ils souhaitèrent bonne nuit au trio puis quittèrent le salon, sans ajouter de commentaire sur cette fin dramatique de la soirée.

- Quelle fin intéressante, se moqua William alors que Kaede fermait les portes du salon. Je ne pense pas vivre une seule fin de réunion de famille agréable de mon vivant.

- J'ai manqué le motif de départ, avoua James en pointant sa baguette sur un paquet en lévitation.

- Objets dangereux et accusations traditionnelles.

James haussa les épaules. La tension interne de sa famille était loin d'être nouvelle, mais elle devenait un peu plus agaçante à chaque année.

Il fit disparaître l'emballage du paquet et découvrit une sorte de... collier ? James haussa les sourcils en observant la longue chaire en or au bout de laquelle pendait un cristal poli dans flottait un liquide bleuté qui dégageait une fine lumière.

- « Un sort de protection, annonça William en lisant la carte qui accompagnait le cadeau, il protège de la plupart des sortilèges impardonnables »

- Venant de Caradoca, je gage qu'en cas de problème, le talisman ne protégera pas toi, mais la personne à qui tu tiens le plus, remarqua Jacob.

- En regard de son absence de jugement, Sirius aura toujours besoin d'une bonne dose de protection.

James déposa le talisman et prit une boite étroite que Will lui tendait. Il déchira le papier (sans magie pour celui-ci !), découvrit un écrin de velours qu'il ouvrit pour découvrir une baguette magique. Une baguette fine, longue et d'un noir très profond.

- Est-ce que le concept qui énonce que « la baguette choisie le sorcier » est inconnu de cette famille ? questionna James en prenant la baguette.

Aucune vibration ou étincelles ne jaillit de l'extrémité de l'instrument. William et Jacob semblaient tous les deux perplexes.

- Ce n'est peut-être pas une baguette ordinaire, supposa Jacob après un moment de silence. Prête la moi, Potter.

James tendit la baguette à William : celui-ci retourna l'objet dans tous les sens.

- Je le savais, dit le cousin en plantant son doigt sur la poignée de la baguette. C'est une baguette de Jato.

- Une baguette de quoi ?

- De Jato, Potter !reprit Jacob avec un air exaspéré. C'est une puissante baguette magique, dont tu pourrais te servir advenant la perte de ta baguette, pauvre inculte ! Regarde, il y a la marque de l'ordre sur le manche.

Un minuscule J plaqué or était effectivement gravé sur la baguette. James compara sa propre baguette à la nouvelle, mais ayant toujours apprécié les qualités de la première, il resta perplexe quant à l'utilité de cette dernière. Par contre, dans le contexte de la guerre contre Voldemort établi depuis quelques années, il était en mesure de comprendre l'utilité de détenir un surplus de baguette magique.

Par curiosité, James tendit la baguette de Jato vers le dernier cadeau encore suspendu dans les airs. Le sortilège d'attraction se déroula exactement comme avec sa baguette régulière. Jetant un coup d'œil vers ses cousins, il comprit qu'eux aussi s'étaient attendus à un résultat plus grandiose. Les propriétés de la baguette seraient à explorer ultérieurement, songea James en rangeant l'outil.

Son dernier cadeau d'anniversaire était un objet semblable à une boule de cristal. La boule était lumineuse et remplie d'une poussière dorée. James secoua la sphère, créant des tourbillons dans la matière. Il était difficile de déterminer s'il s'agissait de poussière ou d'un liquide, ce qui lui permit de déduire qu'il s'agissait :

- Du sang de Re'em ?

- C'est ce que je crois, répondit William avec un air songeur. J'ai l'impression que toute la famille s'est cotisée afin d'augmenter considérablement ta force magique.

- Je suis déjà plutôt habile par mes propres moyens, souligna James.

- La glace à ennemi, continua William comme s'il n'avait jamais été interrompu, l'Aléomètre [1], la baguette de Jato, le talisman dont je ne doute pas un instant de la force et le sang de Re'em…

- Bref, personne ne croit que je puisse réussir à déjouer les Mangemorts par mes propres moyens, se moqua James.

- Les temps sont difficiles, annonça avec une fausse légèreté Jacob. N'empêche, belle récolte…

William et Jacob se levèrent en bâillant. Les premières lueurs du jour pointaient à travers les grandes fenêtres du salon. James remercia encore une fois ses cousins d'être restés, ils échangèrent des promesses de bientôt se revoir, puis, dans un claquement sec, les deux disparurent. James rassembla ses cadeaux et les expédia vers sa chambre. Il pointa ensuite sa baguette vers les portes du salon afin de les fermer et, par précaution, émis un « muffliato ». Il reprit la sphère de sang et la carte qui l'accompagnait.

Cher James,

Joyeux anniversaire ! Comme je sais que tu répugnes à la magie noire (ne te crois pas capable de toujours dissimuler tes sentiments), j'ai pensé à t'offrir du sang de Re'em. Par les temps qui courent, tu apprécierais sûrement cette surdose de magie. Ne l'use pas tout d'un coup et sois prudent.

Je t'embrasse,
Lucie

James referma la carte. C'était donc si visible qu'il haïssait la magie noire ? pensa-t-il en s'installant confortablement dans le divan faisant face au feu, Valegro à ses pieds. La soirée avait été si brusquement arrêtée. Il se prit la tête entre les mains, soudain las des chicanes familiales.

L'instant d'après, il s'étala de tout son long sur le divan, les yeux fixés sur le miroir au-dessus de la cheminé. Il ne vit rien de particulier à son reflet ; les mêmes yeux bleus, les mêmes cheveux noirs, le nez droit, la mâchoire carrée, la volonté sur les traits... Quelques ombres en arrière-plan ne l'inquiétaient guère. Il cessa d'étudier son visage et plongea son regard dans ses propres yeux. Il les vit s'agrandir jusqu'à occuper tout le miroir et devenir d'un bleu si brillant que ses yeux lui brûlèrent. Alors, sans en être réellement conscient, il tomba profondément endormi.

Fin du premier chapitre

[1] l'Aléomètre: ceux qui ont lu les Royaumes du Nord y reconnaîtront une légèrement déformation d'Alhétiomètre... [Je n'ai pas réussi à résister !]