Et voici ma première fiction newtmas! :) ça a été dur pour moi de faire un résumé de l'histoire avec un nombres de lettres aussi réduit (oh la galère! xD) Du coup j'espère que ça ne vous dissuadera pas de venir jeter un coup d'œil sur ce que j'ai fait :) J'espère que ma fiction vous plaira et qu'elle vous donnera envie de connaître la suite :)

ENJOY ! 3

Disclaimer : La plupart des personnages proviennent de l'univers de James Dashner, les autres sont les fruits de mon imagination !

Il faisait nuit. Assis sur le banc de l'abri-bus, ses longues jambes croisées sous lui, Newt griffonnait distraitement dans son agenda en attendant le bus. Il n'était pas seul. D'autres gens patientaient à l'arrêt avec lui, mais il ne leur prêtait pas vraiment attention, absorbé par l'activité dans laquelle il s'était plongé depuis déjà plusieurs minutes. Des flocons de neige tombaient paresseusement du ciel et recouvraient peu à peu le sol goudronneux d'un fin manteau blanc. Le froid mordant engourdissait ses doigts nus et rougissait ses joues et son nez. La lumière tamisée de l'abri-bus se mit alors à émettre des grésillements et à crépiter. Et elle se mit à clignoter de manière erratique, comme si elle voulait envoyer un message en morse à ceux qu'elle éclairait faiblement. Newt n'y fit pas attention. Il reporta son attention sur les autres personnes qui patientaient à ses côtés. Un homme aux cheveux bruns ébouriffés, à peine plus grand que lui et debout à sa gauche tira son portable de la poche de son jean d'une main tremblante, et il ne réussit qu'à faire tomber le cellulaire dans la neige immaculé éclairé de manière entrecoupée par la lumière défaillante du l'arrêt du bus. Newt se pencha pour ramasser le portable à la coque bleue, et le tendit à l'inconnu qui le remercia d'une voix pâteuse avant de reprendre doucement l'objet d'une main fébrile. « Lui, il doit pas être très clean », pensa Newt en haussant les épaules avec indifférence, et il baissa de nouveau les yeux pour écrire ses notes sur son précieux carnet.

Tout était anormalement calme. La rue dans laquelle Newt attendait habituellement le bus n'étais jamais beaucoup fréquentée, mais cette fois, même les bruits les plus anodins ne lui parvenaient pas aux oreilles. Personne ne discutait, aucune voiture ne passait, et même le froid glaçant soufflant en rafales semblait avoir passé un accord avec une quelconque divinité pour œuvrer dans le silence absolu. Et pourtant, Newt n'entendit que trop bien le brusque crissement de pneu qui vint percer ce silence irréel. Il leva les yeux de son carnet pour apercevoir, à quelques mètres de lui, une voiture, une antique Buick métallisée, surgir de la rue de droite à une vitesse folle. Visiblement hors de contrôle, le véhicule fonçait dangereusement vers l'arrêt de bus et les quelques voyageurs qu'il abritait. Newt s'était levé, au ralenti. Et il ne se demanda pas pourquoi la vitesse extrêmement lente à laquelle il se mouvait ne correspondait pas du tout à celle de la voiture. Autour de lui, personne n'avait bougé, comme si la vision de la Buick sur le point de les écraser n'apparaissait qu'à lui, et à lui seul. Il se mit à courir, toujours au ralenti, et tenta d'alerter les autres du danger imminent, mais aucune parole ne réussit à passer la barrière de ses lèvres, comme si un bâillon invisible lui entravait la capacité d'émettre le moindre son. Et avant même qu'il n'ait le temps de ressentir la frustration de ne plus arriver à parler, la voiture le percuta de plein fouet par derrière. Du pare-brise, à peine amoché par la collision pourtant brutale, il sentit son corps glisser sous les roues, tel une poupée désarticulée. Le choc lui coupa le souffle et lui fit fermer automatiquement les yeux. Il sentit cette puissante douleur lui comprimer durement l'estomac, cet étau oppressant lui serrer le cœur, tandis que ses bras et ses jambes partaient dans tous les sens dans une danse grotesque et absurde, comme mus par la velléité absurde de se déloger de leur propriétaire. D'une manière ou d'une autre, Newt se retrouva projeté dans les airs. Et il regarda avec effarement le sol se rapprocher de lui à toute allure, attendant avec résignation la Mort l'accueillir à bras ouverts.

Mais à la place, il ouvrit brusquement les yeux, en nage, son cœur affolé cognant douloureusement contre sa cage thoracique et les oreilles étrangement bourdonnantes. Il lui fallut un temps pour se rendre compte qu'il venait de se réveiller d'un cauchemar inquiétant, et un autre encore plus long pour s'apercevoir qu'il était tombé de son lit et qu'il se trouvait maintenant dans la position la plus inconfortable qu'il fût. Ses jambes, restées miraculeusement sur le matelas, étaient empêtrées dans sa couette et son dos avait rencontré le dur plancher de sa chambre. Sa tête reposait péniblement au sol contre l'un des pieds en bois de la petite table de nuit qui vacilla quelques instants sous le choc de sa chute et qui, pour se venger d'avoir été ainsi bousculée, décida de se balancer suffisamment d'avant en arrière pour arriver à lui faire tomber sur le front la lourde lampe de chevet verte qui y reposait.

Newt grogna de douleur, laissa échapper un juron et insulta vertement la lampe de chevet qui l'avait à moitié assommé. Il se démena tant bien que mal pour se remettre debout, une main plaqué sur son front douloureux. Une fois sur pieds, il alluma l'écran de son portable pour voir l'heure qui s'y affichait en bâillant copieusement. A peine 6 heures. Génial.

Incapable de se rendormir après ce cauchemar, il se rendit dans sa salle de bain, alluma la lumière et contempla son reflet dans le miroir. Des cernes creusaient ses yeux noisette. Ses cheveux blonds, humides à cause de la sueur, étaient dans un fouillis monstre. Son oreiller leur avait laissé un petit souvenir en les plaquant sur le côté droit de son crâne, tandis que la partie gauche rebiquait impitoyablement. Oreiller qui avait également laissé sur sa joue une belle trace partant de la tempe droite jusqu'au menton. Il finit par détourner le regard de cette vision affligeante et entreprit se s'asperger le visage d'eau froide pour, espérait-il, le tirer définitivement de ce sommeil qui empêchait ses neurones de fonctionner convenablement. Puis il fila à la douche et se lava en vitesse avant d'enrouler une serviette autour de ses hanches fines et de sortir de la salle de bain. Il retourna dans sa chambre mansardée et s'habilla d'un jean slim noir, d'une chemise et d'un pull fin.

La chambre de Newt était dans un tel désordre qu'on aurait pu croire que la pièce avait été entièrement secouée dans un lave-linge géant. Ses nombreuses feuilles de cours, initialement posées sur son bureau, avaient glissé au sol lorsqu'Ernest était venu aérer la chambre, et il n'avait pas eu le courage de les ramasser en rentrant des cours la veille ; sur son bureau reposait la maquette presque terminée du Mont Saint-Michel qu'il devait finir pour un projet universitaire et qu'il devrait présenter en exposé à sa promo ; les recharges vides de ses rotring finissait de sécher sur le plateau décoré de tâches d'encres, et ses mines de criterium s'étaient réfugiées entre les lattes du plancher. Au milieu de ce champ de bataille, son ordinateur portable dormait tranquillement sur le bureau.

Il largua le fatras sur son lit défait et s'installa devant son ordinateur en se frottant les yeux. Autant profiter que la maison soit encore endormie pour essayer d'avancer sur cette foutue synthèse de sociologie qu'il avait à finir pour vendredi. Il alluma l'ordinateur et contempla un instant l'écran sans ciller. La lumière artificielle constituait le seul éclairage de la pièce, et avec la nuit encore épaisse au-dehors, elle dessinait des ombres effilées sur les décombres de son bureau et son visage blafard. Il s'accorda deux petites minutes pour consulter ses mails, lança la connexion internet et entra rapidement le mot de passe de sa boîte de réception électronique. Un petit « 5 » s'affichait à côté de l'en-tête « Messages reçus ». Il survola les trois premiers, des annonces de conférences envoyées par le services de l'école, supprima la publicité pour le site Amazon et tomba enfin sur le mail que Teresa lui avait envoyé la veille au soir.

La première ligne était composée d'une série de smileys visiblement morts, aux yeux en croix et à la langue tirée, décédés des suites de pendaison, d'écrasement ou encore de guillotine, le tout inondé de pixels rouge sang. Une petite parenthèse suivait, avant que le véritable texte ne vienne :

« (T'as vu Newtie, ils ont lancé une nouvelle série de smileys spéciale ''synthèse de socio'!)

Bref, trêve de plaisanteries. J'espère que tes td d'hier se sont bien passés..même si je connais déjà la réponse! x) Ma photocopieuse remarche donc je t'ai scanné les cours de ce matin et je te les ai envoyés en pièces jointes. Je me suis dit que tu aurais peut-être besoin d'un petit coup de pouce en socio (en fait je me suis surtout dit que tu aurais besoin de dormir :P) donc je t'ai également envoyé ma synthèse merdique. Tu peux y jeter un coup si tu bloques quelque part ^^

Courage Newtie ! C'est bientôt le week-end! ;D 3 »

Newt sourit doucement en lisant le message de sa meilleure amie. Dans le halo blanc de l'écran, il resta absorbé par la petite icône en forme de trombone qui accompagnait les pièces jointes. S'il utilisait les notes de Teresa, il pourrait finir sa synthèse d'ici deux heures, ce qui était un gain de temps absolument considérable. Il n'aimait pas tricher, et même si Teresa appelait cela de l'entraide (« Arrête de te tortiller Newt, tu me le rends bien en projet ! »), cela lui donnait l'impression de voler son travail et en plus de ne pas être foutu de faire le sien. Teresa devait avoir fait des progrès monstrueux en matière d'organisation pour avoir réussi à finir le sien à temps. En tout cas, c'était ce que croyait Newt avant de se souvenir qu'il avait sacrifié son rendu de physique pour s'atteler au reste, clamant haut et fort qu'il ne validerait jamais cette UE après les deux zéros que cette enflure de Vince lui avait collés, et donc que tout effort en la matière s'avérerait inutile.

Newt soupira : s'il finissait encore par s'effondrer sur son clavier, ce n'était pas la peine qu'il reste debout pour bosser par ses propres moyens. Il se réveillerait un quart d'heure avant le départ sans avoir bouclé sa synthèse. Un peu honteux, il téléchargea les pièces jointes et cliqua sur « Répondre » :

« Merci beaucoup, Teresa c'est gentil :)

Je te revaudrai ça ! :D »

Teresa pensait qu'il dormait très peu à cause du surplus de travail qu'il avait du mal à gérer ce mois-ci (ce qui n'était pas tout à fait faux). Mais en vérité, Newt manquait de sommeil à cause de ces étranges cauchemars qui lui apparaissaient de manière de plus en plus récurrente.

Newt était de plus en plus effrayé par ce qu'il voyait en rêve, se réveillant à chaque fois en sursaut, le cœur battant à tout rompre et les draps trempés de sueur. La nuit, ses rêves lui apparaissaient aussi clairs et purs que de l'eau de roche, mais au réveil, tout se mélangeait pour ne former dans sa tête qu'une substance homogène et brumeuse. De ses rêves, il ne lui restait au matin que des bribes sans queue ni tête. Parfois, des bribes de souvenirs d'enfance enfouis au plus profond de sa mémoire – un soir d'été où, effrayé par les grondements et les éclairs d'un furieux orage, il s'était recroquevillé dans un coin de sa chambre enfoui sous une montagne de peluches ; l'immense peine qui l'avait submergé en apprenant que sa mère enceinte avait accouché d'un bébé mort-né ; la joie et la fierté qu'il avait ressenti lorsque son père lui avait appris à jouer de la guitare pour la première fois. Ces souvenirs de sa vie en Angleterre lui venait toujours au moment où il s'y attendait le moins. Mais ce qui intriguait le plus Newt était qu'il avait l'impression de revivre ces souvenirs passés en éprouvant exactement les mêmes émotions que lorsqu'il avait vécu ces moments pour le première fois.

D'autres fois, Newt revisionnait en rêve des événements qu'il avait vécu la journée-même, ou la veille.

Mais ce qui le terrifiait le plus, c'était lorsqu'il rêvait d'événements qui n'étaient pas encore arrivés. Un jour, Newt avait assisté à un match de basket avec Teresa. Ils avaient commandé les places sur internet deux mois auparavant. Le matin du jour J, Newt s'était réveillé avec très peu de souvenirs de ce qu'il avait rêvé dans la nuit, mais deux chiffres précis s'étaient retrouvés inexplicablement ancrés dans sa tête : le numéro soixante-treize en lettres vertes, et le numéro quatre-vingt-sept en lettres violettes. Le soir, à la fin du match, l'équipe violette des Lakers avait gagné quatre-vingt-sept contre soixante-treize pour l'équipe verte des Celtics de Bolton. Au plus grand désarroi de Newt. Qui avait préféré tout garder pour lui, de peur d'inquiéter son amie, de peur de passer pour un fou. De peur d'accroître l'angoisse qui le dévorait déjà. Ce n'était qu'une étrange coïncidence, après tout, n'est-ce pas ? Du moins essayait-il désespérément de se le convaincre.

Une autre nuit, il s'était réveillé en suffoquant, cherchant avec affolement sa respiration, ses yeux paniqués roulant dans leurs orbites, et une douleur fulgurante lui déchirant la poitrine. Quelques jours plus tard, alors qu'il était en cours, il était sorti de l'amphithéâtre en trombe, mu par un mauvais pressentiment, et il avait immédiatement appelé Ernest. La messagerie vocale avait déclenché une petite sonnette d'alarme dans sa tête et il avait immédiatement appelé une ambulance pour l'envoyer chez son hôte. Les médecins avaient bien heureusement réussi à sauver Ernest de l'AVC qui le frappait. Lorsque Newt était parti à l'hôpital, un médecin un peu trop curieux à son goût s'était mis à l'assaillir de questions sur le pourquoi du comment il avait su pour l'attaque d'Ernest. Newt avait expliqué vaguement qu'Ernest lui avait envoyé un message quelques minutes avant l'accident pour se plaindre d'une douleur à la poitrine. Mais une lueur de suspicion persistait dans les yeux du médecin, mettant le jeune homme mal à l'aise.

Avec un frisson, Newt repensa au cauchemar qu'il venait juste de faire. Il se souvenait de détails, de sensations dont il aurait été incapable de se souvenir dans un rêve normal (parce que Newt avait bien compris que ses rêves étaient tout sauf ordinaires). Il se souvenait de la neige, du froid glaçant, du calme pesant, de la lumière qui clignotait, du portable à la coque bleue du type...dont il ne se souvenait d'ailleurs plus du visage.

« On oublie toujours dans nos rêves ce dont on aimerait se rappeler » pensa-t-il avec lassitude en creusant en vain dans les derniers retranchements de sa mémoire qui n'en faisait qu'à sa tête. Newt se souvenait aussi exactement la souffrance qu'il avait ressenti en entrant en collision avec la Buick. Souffrance dont il aurait aimé ne pas se rappeler. Un nouveau frisson lui parcourut l'échine. Qu'allait-il sa passer à présent ? Est-ce qu'il allait mourir dans les jours à venir ? Est-ce que ce qu'il avait rêvé reflétait un moment de son avenir?

Les sourcils froncés, signe chez lui de moment de grande réflexion, une main caressant doucement son menton, les yeux perdus dans le vague, Newt sentait les rouages de cerveau fonctionner à cent à l'heure à lui en faire cracher les fumées par les oreilles. Sa tête était transbahutée par tant de questions sans réponses qu'il finit par se perdre dans son propre fil de pensées, mélangeant toutes les questions qui le tourmentaient. Il scruta l'horloge de son ordinateur et poussa un profond soupir teinté d'agacement. 6h37. Déjà ? Il fallait qu'il prépare le petit-déjeuner pour toute la maisonnée, avant de réveiller les petites qui sommeillaient encore dans leurs chambres. Ce n'était certainement pas ce matin-là qu'il terminerait sa synthèse. Résigné, il marqua d'un clic la ligne où il avait stoppé sa lecture de l'article sur la monarchie et la construction de l'identité britanniques, et ferma le traitement de texte après un ultime enregistrement.

Il sortit et emprunta les escaliers en traînant des pieds. Il traversa le séjour pour rejoindre la cuisine. En passant devant le vaisselier, il adressa un salut silencieux et solennel à Marthe, éternellement figée à ses soixante dix-huit ans dans son cadre patiné par le temps. Son sourire de papier glacé lui répondit avec la même tendresse qu'à l'ordinaire. À force de nettoyer sa chambre encore empreinte de son parfum de fleurs fanées, à force de dépoussiérer ses cadres et de nourrir son chat, Newt oubliait que la vieille femme les avait quittés cinq ans plus tôt, et qu'il ne l'avait jamais connue. Arrivé dans la cuisine, il poussa l'interrupteur et la lumière tamisée de l'abat-jour tomba sur la table ronde qui occupait le centre de la pièce. Il commença à préparer du thé menthe-citron pour lui et Ernest, et sortit le lait et le jus d'orange pour les filles, ainsi que du pain, de la confiture, des céréales, des bols, des verres et des cuillères.

Newt était né en Angleterre, plus précisément à Londres, et il y avait passé toute son enfance jusqu'à sa dernière année de lycée. Il voulait se lancer dans des études d'histoire à l'université, et ses parents lui donnèrent l'idée de partir étudier en France. Au début, Newt n'avait pas été très rassuré à l'idée d'aller dans un pays inconnu, avec une langue à peu près inconnue aussi, et ce seulement pour aller étudier à l'université. Pourquoi ses parents avaient-ils eu cette idée saugrenue ? Et puis, après plus mûre réflexion, il se convainquit que c'était une très bonne idée pour apprendre une nouvelle langue, découvrir une nouvelle culture et rencontrer de nouvelles personnes. Et ses parents réussirent à lui dégoter – Dieu seul savait où et comment – le contrat que proposait un vieux Français du nom d'Ernest (ou plutôt que les enfants de ce dernier proposaient), et Newt avait immédiatement sauté sur l'occasion.

Le contrat de Newt stipulait qu'il devait soulager le vieil homme d'une partie de ses tâches ménagères – en particulier les plus fatigantes, comme les courses ou le nettoyage de la cuisine – et veiller à ce qu'il reste en bonne santé après la mort de sa femme Marthe. Newt s'occupait aussi des petites-filles d'Ernest qui habitaient deux jours par semaine chez leur grand-père car le travail de leurs parents nécessitait des déplacements à travers la France. Bien sûr, après plus de trois ans de vie commune, cela faisait belle lurette qu'ils ne raisonnaient plus en termes de contrat. Newt préparait leurs repas et faisait la vaisselle, payait chaque mois un loyer dérisoire et accompagnait Ernest à ses visites médicales. De plus, le jeune homme s'était attaché aux petites-filles d'Ernest, et s'occuper d'elles était plus devenu un plaisir qu'une corvée. En échange de cela, Ernest finançait l'achat de la nourriture et lui offrait un toit. En plus de sa précieuse compagnie.

Après avoir fini de poser la table, il remonta doucement les marches grinçantes des escaliers pour aller réveiller les petites filles qui dormaient encore paisiblement. Il ouvrit la porte de la chambre de Victoria, la plus âgée des trois, et s'assit sur le bord du petit lit pour lui caresser doucement les cheveux. La fillette de sept ans ouvrit des yeux bleus ensommeillés et un sourire immédiat éclaira sa frimousse lorsque ceux-ci se posèrent sur Newt. Victoria était née malentendante, et elle portait des appareils auditifs. Elle communiquait en langage des signes, et Newt avait appris (non sans mal) à reproduire correctement les gestes de cette langue si poétique. Il avait encore du mal aujourd'hui à signer de façon fluide et aisée, mais Victoria se faisait bien évidemment un plaisir de rectifier ses erreurs. Il fit plusieurs signes de la main pour lui indiquer d'aller se préparer pendant qu'il réveillait les jumelles, et elle obéit après lui avoir fait un petit câlin. Victoria était une fillette absolument adorable avec ses cheveux aux boucles caramel, ses yeux en amande et son sourire communicatif. L'innocence et la douceur incarnée, toujours souriante et affectueuse, bien que parfois très curieuse et aventureuse.

Newt se dirigea vers la chambre des jumelles Zoé et Maddie, âgée de cinq ans.

- Debout les chipies, il est l'heure de se lever ! Susurra-t-il avec son accent anglais.

Il ouvrit les rideaux et vit du coin de l'oeil Zoé se retourner en grognant. Il s'assit sur le lit, lui colla un bisou sur le front et fit de même avec sa sœur. Maddie et Zoé se ressemblaient comme deux gouttes, avec leurs petits minois malicieux, leurs cheveux blonds, fins et lisses et leurs yeux bleus aux regard pétillant. Maddie était la plus calme des deux. Elle était timide, réfléchie, et souvent très angoissée face à l'inconnue. Elle avait eu du mal à faire confiance à Newt les premières fois où il avait commencer à les garder. Mais contre toute attente, c'était celle des trois qui lui manifestait le plus d'affection à présent. Zoé était très casse-cou, décontractée, rêveuse et tête-en-l'air. Elle était la plus autoritaire et la plus énergique des deux, et Newt se méfiait d'elle car elle avait tendance à dire souvent des mensonges. En voyant qu'elles n'étaient pas décidées à se lever, il passa au plan B et se mit à les chatouiller. Les deux petites filles gloussèrent et crièrent grâce en se débattant.

Newt les aida à se laver et à s'habiller avant de les conduire toutes les trois à la cuisine où Ernest, déjà debout, les attendaient.

- Bonjour Ernest, fit Newt en souriant.

- Bonjour mon petit. Bonjour les petiotes !

Les trois fillettes embrassèrent affectueusement leur grand-père et se mirent à déjeuner avec enthousiasme. Une fois le petit-déjeuner terminé, Newt prit son sac de cours contenant son ordinateur, ses carnet et sa trousse, et il entreprit d'habiller les trois petites de leurs manteaux, écharpes, bonnets et compagnie (Newt ne plaisantait pas là-dessus, surtout en plein moi de novembre). Il enfila lui-même son trench-coat, une épaisse écharpe et sortit dehors dans le froid mordant de cette fin d'automne. Il y avait à peine dix minutes de marche qui les séparaient de la maison à l'école des fillettes. Mais ces dernières marchaient tellement lentement - elles bavardaient comme des pipelettes ; s'amusaient dans la neige ; s'accrochaient au sac en bandoulière de Newt pour essayer se balancer comme Tarzan ou tout simplement de se faire traîner paresseusement ; elles se disputaient pour prendre la main du jeune homme - que Newt faisait maintenant en sorte de partir plus tôt pour ne pas arriver en retard. Il les déposa finalement à l'école, leur adressa un dernier signe de la main et se dirigea vers l'arrêt de bus pour aller à la fac.