Bonjour à tous, et bienvenue sur ma nouvelle fanfic.

A vrai dire depuis un moment déjà cette idée me trottait dans la tête, il m'a fallu un certain temps pour franchir le pas et la coucher sur le papier.

Alors autant vous prévenir immédiatement, je n'ai pas la plume de vénérable maître Pierre Bottero, je ne fais qu'emprunter ses personnages pour lui rendre un hommage.

Rentrons maintenant dans le vif du sujet. Cette fanfic sera centrée sur le personnage de Jilano, dont la mort m'a beaucoup attristée, et je compte y remédier. Elle fera intervenir un personnage de mon invention. L'histoire principale débutera un peu avant Ellana la prophétie, hormis les quelques premiers chapitres, mais vous le découvrirez bien assez vite. Pour le moment je vais poser la base de l'histoire donc attendez-vous à être déstabilisés, mais vous retrouverez bien vite un univers familier.

Je préfère également vous prévenir, il y aura sans doute du yaoi, alors pour ceux qui n'aiment pas passer votre chemin.

Pour ce premier chapitre, je me suis beaucoup inspirée de ma propre expérience de cavalière, même s'il faut avouer qu'en ce moment j'ai plutôt tendance à mordre la poussière, sans mauvais jeu de mots, et à tenter toutes les techniques possibles de vol plané. Enfin bon, le cheval c'est pas toujours facile, mais c'est une vraie école de la vie, donc je ne lâcherais pas de si tôt. J'arrête de vous embêter.

J'espère que vous serez nombreux à me suivre dans cette aventure. Sur ce, je vous souhaite une agréable lecture.

Un immense merci à ma bêta Artemis042 pour tous ses conseils avisés. Sans elle la lecture serait bien moins agréable.


- 01 -

Kelen

Kelen tomba plus qu'il ne s'assit sur sa chaise. Depuis quelques temps déjà, des événements bizarres se produisaient quand il se mettait à rêvasser. Pas qu'il soit superstitieux, ou quoique ce soit d'autre, non, il avait juste une imagination débordante, alimentée par ses nombreuses lectures. S'il comparait ce qu'il vivait aux aventures des héros de ses livres, il allait finir par croire qu'il était magicien, mais c'était impossible, il était dans la vraie vie.

En désespoir de cause, il avait fini par se confier à sa mère. Son unique confidente humaine. S'il ne déchargeait pas ses inquiétudes, il ne pourrait se donner entier dans son métier. C'est ainsi qu'il avait finalement rejoint la matrone dans la cuisine pour une discussion qu'il savait essentielle.

La femme l'écouta se confier avec une pointe de tendresse. Tous deux savaient qu'elle n'était pas sa génitrice. Le jeune homme avait la mémoire trouble, et ses premières années voguaient dans le flou total. La seule chose dont il se rappelait, c'était la dame des services sociaux qui l'avait confié à la patronne de la ferme équestre dans laquelle il avait grandi. Sa mère adoptive l'avait élevé comme s'il était le fruit de sa chair, son mari avait fait de lui un jeune homme responsable, et lui avait transmis sa passiondes chevaux. Dans ce foyer d'amour, il s'était épanouit, et s'était forgé son identité. Peu importe les raisons de son abandon, il en avait fait fit, préférant regarder de l'avant.

- Alors qu'est ce qui te trouble autant ? Lui demanda sa mère tout en épluchant des carottes.

Comme toujours, la femme savait quand quelque chose n'allait pas. C'est pour cette raison qu'il se confia sans barrière. Il n'avait pas peur du jugement qu'elle lui porterait, il se livrait entièrement à lui.

- Depuis quelques temps, j'ai l'impression de ne pas être normal.

Kelen marqua une hésitation sur le dernier mot. Pouvait-on définir la normalité ? Sa mère s'approcha de lui, et lui remit une tasse fumante de chocolat chaud entre les mains. Pour elle, la nourriture était le meilleur réconfort.

- Tu ne devrais pas trop te questionner, lui affirma-t-elle. Une partie de toi est comme emprisonnée, et peut être commence-t-elle à se libérer. Je suis sûre que tout te sera révélé en temps voulu. Il suffit de faire preuve de patience et d'accepter ces changements, lui dit-elle avec philosophie.

Kelen soupira, encore une fois, sa mère faisait preuve de sagesse. Il devait juste patienter, comme il l'avait fait si souvent, apprendre à s'adapter. Sur ces certitudes, il se leva et regagna sa chambre afin de se préparer pour la journée à venir.

A l'étage, dans sa chambre sous les combles, il observa le dehors. Il pleuvait à verse. Dernièrement le temps était peu clément, mais même la brouillasse ne l'empêcherait pas de passer ses journées en pleine campagne, jugé sur le dos de ses animaux. Il attrapa une culotte de cheval, comme il en avait des dizaines, les seules pièces de sa garde-robe, puis un gros pull pour se munir contre le froid. Enfin, il attacha ses cheveux noirs en cadogan.(ndlb : J'approuve complètement. Les catogans sont géniaux.) Le reflet du miroir lui renvoya l'image d'un jeune homme d'une vingtaine d'années aux yeux violets lumineux. Petite particularité qui lui avait valu beaucoup de moqueries dans son enfance.

Dehors, comme présumé, le froid lui mordit la peau. D'un pas vif, il se dirigea vers les écuries. SousLaLune renâclait dans son box, impatiente de sortir. L'hiver, les chevaux étaient au box la nuit, mais dès les premières lueurs de l'aube, Kelen les sortait, et les bêtes piaffaient à son arrivée. Il les mit tous au paddock, puis concentra toute son attention à sa petite jument. C'était un beau pur-sang-arabe à la robe aussi blanche que neige. Les traits fins, elle toisait tout juste 1,55 mètres au garrot. Sa crinière grise retombait du côté gauche lui donnant un port de tête altier.

Il sortit SousLaLune, l'attachant pour l'apprêter. D'abord le pansage, moment de communication ultime entre l'animal et l'homme. Moment important que tout cavalier digne de ce nom respectait. Kelen le prenait très à cœur, car il lui permettait de vérifier l'état de sa jument, vérifier qu'elle n'avait aucune blessure. Il pouvait également sentir la bête, l'écouter, et savoir son humeur. Une fois le pansage effectué, il la sella avant de se hisser sur son dos.

Dans la nature encore endormie par le froid hivernal, il partit au pas. Les purs sangs arabes étaient reconnus pour leur grande endurance, et Kelen poussait au maximum les capacités de sa jument. Ils avaient d'ailleurs remporté bon nombre de ces compétitions, même les plus difficiles. La complicité qui les liait leur avait permis de passer outre l'épuisement, de franchir tous les obstacles.

Alors qu'il poussait SousLaLune au petit trot aux abords de la forêt, il ferma les yeux. Autour de lui plus rien n'existait, le temps s'effaçait pour ne laisser que les foulés de son cheval et lui. Les soucis du quotidien disparaissaient, il se concentrait sur lui-même. Le cheval le rattachait à l'immédiat, au moment présent, et seulement lui. Son corps prenait alors une autre dimension. Celle d'une maîtrise parfaite, il sentait chacun de ses muscles. La tension qui les habitait, leur contraction, rien ne lui échappait, tout était voulu. Un contrôle parfait du corps pour communiquer au mieux avec sa monture.

Sur le dos de sa jument, il se sentait plus libre que jamais. Même s'il savait cette impression fugace. Lui ne pouvait qu'emprunter cette liberté. Dès qu'il mettrait pied à terre, elle disparaitrait. Tout lui semblait plat, sans saveur. Peut être parce que dans ses rêves, et dans la culture, le héros parcourait toujours le monde à dos d'équidé. Lui-même en rêvait. Quoi de plus beau que d'être sans attache, libre de la technologie, et de toute contrainte ? Jamais il ne remercierait assez ses parents adoptifs d'avoir initié cette rencontre avec ce magnifique animal. Ni ce dernier de lui accorder ces minutes de grâce.

Bien sûr, tout n'avait pas été rose, loin de là. Il avait dû apprendre à composer avec les nombreux chevaux composant leur ferme équestre. Tous différents, ne répondant pas aux mêmes aides, ni ne réagissant semblablement. Chaque cheval avait révélé une de ses propres failles. Il avait dû l'accepter pour continuer à avancer. Sur le dos des chevaux, il s'était appris. Encore mieux que la méditation, l'équitation l'avait fait s'accepter tel qu'il était, avec ses doutes et ses peurs. Le cheval était le parfait miroir de lui-même. Lorsqu'il arrivait en colère, ou frustré, le cheval ne faisait que lui renvoyer ces émotions, il jouait le rôle d'éponge. Sa jument s'imprégnait alors de sa colère et devenait ingérable. Avec de tels sentiments négatifs, il ne pouvait travailler. L'échange avec SousLaLune ne pouvait se faire que s'il était calme et ouvert. Il devait composer avec ses failles, et les affronter, le cheval révélait tous ses défauts.

Après deux heures de travail dans la forêt, Kelen rentra à la ferme, satisfait de sa jument. Son impulsion était puissante et elle lui faisait totalement confiance pour se détendre dans la nature. Il avait assuré sa place de dominant afin de la rassurer. Loin étaient les années à partir en campagne méfiant, vigilent au moindre écart de SousLaLune qui avait tendance à être très regardante, n'hésitant pas à partir au triple galop dès qu'un objet inconnu croisait son chemin.

Le jeune homme emmena la petite jument au centre du manège. Le trotting avait été bon, mais la séance de travail n'était pas terminée pour autant. A la fin du mois de décembre, un spectacle équestre allait être donné à la ferme, et son père comptait sur lui pour assurer un numéro. Le jeune homme mit pied à terre, installant le matériel dont il aurait besoin. Sa créativité avait été mise à rude épreuve, mais il avait imaginé un tour spectaculaire. Presque parfait. Il continuait tout de même à s'entrainer, car sa jument avait vite fait d'oublier les objets dont il avait besoins, et n'hésitait pas à dévier sa trajectoire. Un peu froussarde, elle se montrait très regardante quand son cavalier utilisait des accessoires. Ensemble, ils avaient énormément travaillé là-dessus, mais certaines appréhensions avaient la vie dure.

Une fois équipé, Kelen remonta. Il commença par un travail à plat pour détendre SousLaLune. Longues foulées de trot, puis de galop, travail de rassemblé, tout semblait bon pour lui faire oublier ce qui la rendait si méfiante. Doucement il la poussa, un peu plus demandant, de plus amples foulées, plus de vitesse, tout en restant constante. Son numéro était dangereux, et demandait une parfaite régularité du cheval pour réussir. Son père avait argué que sa jument n'était pas faite pour ça, mais le jeune homme n'en démordait pas. Il ne voulait pas effectuer ce numéro avec un autre cheval de l'écurie. Sa jument et lui étaient en harmonie, avec elle, il réussirait.

Lancé en plein galop, les cibles le narguaient. Kelen banda son arc et encocha trois flèches. Trois tiges qui devaient aller se planter au centre des trois cibles, une à chaque coin du manège. Le numéro devenait impressionnant lorsque d'un seul geste il décochait les trois flèches, et que celles-ci se figeaient au centre des cibles, là où il l'avait décidé. Le mouvement de son cheval ne devait pas influencer son tir, au contraire, il devait donner du rythme et de la puissance à son arc et à la corde. Jusqu'à présent, il n'avait raté la cible que très peu de fois. Certes il y avait été progressivement, après de nombreux essais, il y était enfin parvenu, pour sa plus grande joie. La fierté qui ressortait de sa victoire n'était rien comparée au chemin qu'il lui semblait avoir parcouru.

Une cible après l'autre pour commencer. Habituer peu à peu sa jument au bruit des flèches, qu'elle ne prenne pas peur lorsque ces dernières partaient, qu'elle ne se sauve pas lorsqu'il échouait, et que les flèches se plantaient dans le bois de la carrière dans un bruit inhabituel. Aujourd'hui, c'est grâce à sa patience et à sa persévérance qu'il y arrivait.

Une inspiration, le temps de tendre la corde, sentir sa vibration contre son index et son majeur. Trouver le point d'impulsion, penser le trajet de la flèche, son but à atteindre. Enfin en une expiration relâcher le tout, en accompagnant le geste jusqu'au bout.

Les trois traits filèrent à toute vitesse, droit au but. Alors que les deux aux extrémités déviaient légèrement pour se diriger à l'endroit souhaité, le néant sembla les aspirer. En un battement de cils, les flèches disparurent.

Kelen stoppa SousLaLune, retenant un soupir de frustration. Il était habitué aux démonstrations de ce qu'il appelait son don. Régulièrement il était confronté à ce genre d'événement, qu'il avait fini par accepter. Mais ce dernier avait tendance à se manifester dans des moments rarement bien choisis. Pourquoi ne venait-il pas quand ses flèches rataient leur cible ? Le jeune homme soupira, ses flèches étaient définitivement perdues. Il mit pied à terre. Jusqu'à présent, son don se manifestait quand son esprit s'égarait, jamais à cheval où il était concentré sur chacun de ses gestes. Son don semblait prendre davantage d'ampleur. Les mots de sa mère résonnèrent dans sa tête. « Tout te sera révélé en temps voulu ». Kelen le sentait, ce moment approchait à grand pas. Un frisson d'appréhension le traversa. A quoi devait-il s'attendre pour la suite ?

La séance était finie pour aujourd'hui. Il n'arriverait plus à rien dans cet état d'esprit. Entrainant sa jument par le filet, il la remonta vers les écuries. Un dernier coup d'œil au manège pour le voir désert. Ses flèches ne réapparaitraient pas.

Sur le chemin, sa jument marchant gentiment à ses côtés, ses pensées s'égarèrent. Où pouvaient-elles bien avoir été ? Des flèches qui disparaissent, ce n'était pas courant. Le jeune homme se prit à espérer qu'elles n'aient pas tué quelqu'un.


Voici pour ce premier chapitre un peu prologue de l'histoire, où je présente l'un des personnages fard. Le second sera également un genre de prologue/liaison, la véritable histoire s'amorcera dans le chapitre 3, voir 4 (et oui il faut le temps que ça se mette en place).

Je posterais donc le second chapitre dans la semaine (si vous êtes sages, sinon dans 15 jours), pour ce qui est de la suite, le rythme sera je ne sais pas encore, j'ai de très mauvais rapports avec le temps. Peut être un chapitre tous les quinze jours ? A très vite.

Les reviews sont appréciés, et source de motivation pour l'auteur.