Le claquement du verre contre le carrelage de la cuisine passa presque inaperçu entre les cris et les pleurs qui résonnait dans l'appartement 25 B de Mayfield Avenue.
Sophie frissonna en croisant le regard de son mari. Jamais elle ne l'avait vu dans un tel état de rage. Il ne contenait pas sa colère et son haleine empestant le whisky bon marché lui importait moins que le regard glacial qu'il posait sur elle.
« Qui c'est ? » hurla-t-il encore
« Il n'y a personne Brad, tu te fais des idées ! »
Il s'approcha, la dévisageant d'un air mauvais qui la dégouta.
« Alors pourquoi on ne fait plus l'amour ? »
Ses mains attrapèrent son menton fin tandis qu'il enlevait de son pouce le rouge à lèvres qu'elle portait depuis le matin.
« Tu me prend vraiment pour un con, mais maintenant ça suffit !»
Ce faisant il défit sa ceinture, s'apprêtant à s'en servir comme d'un fouet sur son dos.
Depuis qu'il s'était mit à boire après la perte de son emploi, les choses avaient changé, il était violent, jaloux et paranoïaque. Leurs ébats ressemblaient plus à une punition qu'à un acte d'amour et la jeune femme avait décidé d'y mettre un terme 3 mois plus tôt.
Mais dans l'esprit embrumé par l'alcool de son époux, il avait pris ça comme un aveu. Il se sentait minable, et sale, et il ne supportait pas l'image de beauté qu'elle lui renvoyait. A cet instant, il voulait effacer cette vision, la rendre misérable, comme il le faisait depuis quelques semaines par ses insultes et son harcèlement.
C'est sans doute cette lueur de folie qui donna le courage et l'adrénaline nécessaire à Sophie qui enfonça son pied dans le bas ventre de celui qu'elle avait un jour aimé et le regarda s'écrouler à terre tandis qu'elle courait vers la chambre de son fils.
« Allez mon cœur, prend ton doudou, on y va »
Le petit garçon d'à peine quatre ans descendit du lit et donna la main à sa mère sans un mot. Il tourna la tête une dernière fois vers le salon pour voir son père vomir ses tripes sur la moquette avant de quitter définitivement l'appartement.
A cette heure de la soirée, les rues étaient encore pleine de passants mais l'effervescence d'avant et après travail passée, il ne restait que l'agréable sensation de se promener dans une ville pleine de vie.
Mac regarda une femme passer devant lui à vive allure, trainant derrière elle un petit garçon métissé qui tenait son doudou en forme de lapin.
Il s'arrêta brusquement, freinant par la même occasion sa compagne qu'il tenait par la main.
« Qu'est ce qu'il y a ? » demanda la femme brune
« C'est l'anniversaire de Lucy demain, j'ai envie de lui offrir une peluche. »
Aubrey étouffa un gloussement en voyant Mac la tirer vers la première boutique de jouet qu'il avait aperçut après un rapide tour d'horizon.
« Juste pour savoir. Combien de doudous en forme d'ours a-t-elle déjà reçu de ta part. »
Un sourire radieux éclaira le visage du scientifique.
« Un seul ! Mais elle a également un éléphant, un panda, une poupée. »
« Je présume que tu viens de réaliser…. »
« ….qu'il lui manque un lapin, tu as tout compris. » dit il en rigolant également.
Ils entrèrent dans la boutique, et Mac mis à peine deux minutes à choisir le plus gros et le plus coloré des lapins de la boutique.
Aubrey avait rencontré sa filleule deux jours plus tôt quand Lindsay, la collègue de Mac l'avait amené à l'hôpital pour une bronchiolite sévère. Il fallait avouer que la petite était craquante. Elle observa l'homme avec qui elle partageait son lit depuis 4 semaines et 5 jours et se demanda comment elle allait faire pour ne pas tomber éperdument amoureuse d'un homme qui assume parfaitement de se balader dans tout Manhattan avec un lapin jaune de 50 cm dans les bras.
« Alors ? » lui demanda-t-il tandis qu'ils ressortaient de la boutique.
« Difficile de ne pas craquer »
Mac comprit rapidement au regard sans équivoque d'Aubrey que le lapin n'était pas du tout en cause et lui sourit. La gêne des premiers jours avaient disparue grâce au tempérament joyeux et simple du jeune docteur. A présent il avait l'impression de pouvoir pleinement profiter et sans rougir de chaque moment avec elle.
« Tu serais libre vendredi soir ? »
« Des projets ? »
« La soirée de la police pour réunir des fonds pour différentes œuvres de charité. »
Aubrey se mordit la lèvre inférieure, son cœur battant au tout rompre tandis qu'une joie immense s'emparait d'elle.
Pour seule réponse elle attrapa avec fougue son visage entre ses mains et l'embrassa.
Enfin elle allait connaitre les membres de son équipe dont il parlait tant. Lindsay semblait déjà fort sympathique et elle s'impatientait de rencontrer le reste.
Elle ignorait encore en montant dans le taxi avec Mac qu'elle n'aurait pas à attendre trois jours pour que cela arrive.
