Harassée,
Isabella Cullen éteignit sa cigarette d'un geste las mais
habituel. D'un autre geste de la main, elle se servit son deuxième
grand café et bailla plusieurs fois à la suite. Ce
matin là était sans doute le plus dur. Le dernier de la
semaine. Le samedi. Le jour où personne ne devrait travailler.
Le jour où évidemment, elle avait le plus de monde au
magasin. Fallait il qu'elle l'aime cette librairie !
La
clochette tinta, annonçant un premier client pour cette longue
journée. Bella se leva, tranquillement de la chaise de sa
petite cuisinette, à l'arrière de la boutique et
entra dans le magasin en se créant un sourire de
façade.
"Bonjour,
Monsieur."
"Oh
! Bonjour."
L'homme
se retourna, comme pris en faute. C'est son apparence fatiguée
et son regard las qui frappa en premier Bella quand il lui fit face.
Bien avant, même, ses vêtements usés et rapiécés.
Elle fit un sourire invitant.
"Vous
désirez quelque chose ?"
"Je...
je viens pour l'annonce que vous avez publié dans la
Gazette."
L'homme
s'approcha et Bella perdit son sourire.
"Un
samedi matin" soupira-t-elle, froidement. "Vous ne pouviez pas
venir encore plus tôt ?"
"Et
bien, c'est que le métro avait du retard et-"
"C'était
sarcastique."
"Oh."
"Vos
références ?"
Bella
leva les yeux aux ciel tandis qu'il les cherchait dans son vieux
cartable de cuir. Elle se permit alors de le détailler plus
avant. Il paraissait avoir le même âge qu'elle mais son
air fatigué le vieillissait. Ses cheveux blonds cendrés
tombaient devant des yeux gris terne. Il était loin d'être
laid, en soi. Il avait des trais fins et une carrure engageante. Mais
son regard fuyant et ses manières lentes, lasses, devaient
mettre mal à l'aise la plupart des gens. De plus, il
dégageait une aura étrange. Comme s'il... 'il cache
quelque chose.'
"Tenez."
Il les tendit enfin avec un sourire timide.
"Remus
Lupin, hein ?" Il hocha la tête. Ce nom lui disait quelque
chose. "Où est ce que vous avez travaillé avant ? Ce
n'est pas marqué."
"Je...
c'est que je ne suis jamais resté très longtemps dans
un travail."
"Pourquoi
?"
"Je
ne..." Il soupira et son regard se fit plus fuyant encore, ses
manières plus posées, comme s'il s'accrochait au
peu qu'il connaissait dans ce magasin, à ce qu'il lui
appartenait.
"Vous
n'avez rien à me répondre ?"
"Non."
Bella
soupira et lui rendit ses références (bons diplômes,
belle lettre de motivation). L'homme semblait soigné, il avait
un joli style d'écriture. Elle se retourna pour aller
répondre au téléphone. Une seconde plus tard, le
problème réglé sèchement, Lupin était
parti. La jeune femme fronça les sourcils et sortit rapidement
de la boutique. Elle l'aperçut quelques mètres plus
loin, s'en allant.
"Qu'est
ce que vous faîtes ?" l'interpella-t-elle. "Lupin
!"
"Pardon
?" Il se retourna, l'air surpris.
"Vous
ne voulez pas travailler ici ?"
"Quoi
? Bien sûr que si mais..."
"Alors
ramenez vous. Vous commencez maintenant."
Et
sur ce, elle rentra aussi sec dans son magasin, claquant la porte.
Remus Lupin entra quelques secondes plus tard, l'air neutre mais
son malaise se sentait. Bella s'était allumée une
cigarette et elle l'interpella depuis la cuisine.
"Venez
là. Seuls les habitués viennent le matin. Et pas avant
9h."
Il
obtempéra et s'assit face à elle, sans retirer son
manteau. Elle souffla sa fumée vers lui. Il ne grimaça
pas.
"Merci"
murmura-t-il après un moment.
"Attendez
de voir ce que vous allez bosser ici. Aucun employé ne tient
plus de deux semaines."
"Je
ferai de mon mieux."
"M'oui...
t'as quel âge ?"
Elle
le regarda bizarrement, se demandant toujours pourquoi son nom lui
disait quelque chose.
"27
ans."
"T'es
allé à Poudlard ?"
"Oui.
On y était en même temps. J'étais à
Gryffondor."
"Moi
à Serpentard."
"Je
sais. Je t'ai reconnu."
"Ah
? Pas moi."
"En
même temps" sourit il doucement "tout le monde te
connaissait..."
"Mais
toi aussi, nan ? Sinon je vois pas pourquoi ta tête me dirait
quelque chose."
Il
rit un peu, se disant que sa franchise et sa froideur légendaire
n'avaient pas été atténuées avec les
années.
"J'étais
Préfet en chef pendant ma septième année."
"Aaaah...
j'y suis. Le Préfet Parfait, c'est ça ?"
"Oui."
Il sourit, amusé de la référence. On lui avait
déjà parlé de ce surnom qu'il trouvait
ridicule, surtout le qualifiant, lui.
"Ca
m'étonne pas que tu veuilles travailler dans une librairie,
en fait."
"Je
passais mon temps à la bibliothèque, c'est vrai. Mais
pas autant que toi."
Il
était connu que Bella Cullen ne sortait pas de ses bouquins, à
Poudlard. Certains, avant de la connaître, se demandaient même
pourquoi elle n'était pas plutôt à Serdaigle.
C'était sans compter sur son esprit rusé et
manipulateur : elle finissait toujours par avoir ce qu'elle
voulait.
"Comment
tu sais ça ?" demanda-t-elle, surprise qu'il le sache.
"Je
t'y voyais tout le temps."
L'espace
d'un instant, il crût déceler une lueur d'amusement
dans le regard congelé de Bella. Et puis... elle redevint
elle-même. La tortueuse et mystérieuse Bella Cullen.
Aussi insondable que belle. Et il n'avait jamais été
le seul à le
penser...
Les
semaines passèrent, puis les mois. Bella était toujours
surprise de voir à quel point Remus semblait s'accrocher à
ce boulot. Il travaillait plus que les autres employés qu'elle
avait eu, gérant la boutique d'une main ferme et s'occupant
des clients, nombreux: les affaires marchaient bien, avec dextérité
et politesse. Et tout cela, sans jamais se plaindre, sans jamais
demander de pauses, comme s'il n'en avait pas le droit. Parfois,
il demandait trois jours de congés. Jamais plus, jamais moins.
Cela arrivait assez régulièrement. Elle les lui
donnait, lançait des remarques acerbes quand cela tombait sur
un samedi mais jamais elle ne les lui refusait. Il revenait souvent
de ces jours épuisés, la mine encore plus fatiguée
qu'à l'habitude. Bella ne posait pas de questions, jugeant
que ça ne la regardait pas.
"Allez,
tu fais rien de bien, cette après midi. Rentre chez toi, je
n'ai pas besoin de toi."
Remus
hochait la tête dans ses cas là et allait prendre ses
affaires dans la petite cuisinette qui servait de salle de pause.
"A
demain, Bella."
"C'est
ça."
"Je...
je suis désolé d'être aussi fatigué mais
ma mère est-"
"Je
m'en fiche, Lupin. Contente toi d'être en forme
demain."
"Bien."
Il
sortit sans un mot de plus et elle soupira, s'asseyant derrière
le comptoir, laissant les livres qu'elle devait classer en rade.
Elle savait qu'il lui mentait, à chaque fois. Et il savait
qu'elle le savait. Et même si tout cela ne la regardait pas,
même si elle avait envie de poser des questions plus en
profondeur, de le piéger (parce qu'elle savait qu'elle y
arriverait), elle ne pouvait pas le faire. Elle ne voulait pas. Ils
avaient réussi à se créer une sorte de lien au
cours des mois écoulés. Ils étaient presque amis
maintenant. Et elle n'arrivait pas à s'enlever de la tête
qu'elle détestait qu'il lui mente. Ce qui la rendait
irritable.
Le
lendemain, Remus revint à la boutique avec une meilleure mine.
Bella était calmée, froide, sombre. Elle ne lui lança
pas un regard de la matinée, dans ses comptes. Il fit son
travail sans broncher. A midi, Bella sortit manger tandis que Remus
avait décidé de rester pour rattraper son classement en
retard. Quand elle revint, une heure plus tard, quelqu'un avait
vraisemblablement rejoint l'employé.
"Allez,
invite la à sortir si elle te plaît tant. Une soirée,
c'est rien du tout..."
"Tu
comprends rien, Andro. Je peux pas faire ça. Et puis... une
femme comme elle avec... moi."
"N'importe
quoi. T'as du charme, du charisme et t'es loin d'être
bête. Tu plais à toutes les femmes. C'est toi qui te
met des barrières."
"Je
ne veux pas d'une relation sérieuse. Je suis trop..."
"Trop
pauvre et trop dangereux, je sais. Mais on ne te demande pas de
t'engager, non plus."
"Bella,
elle est... elle n'accepterait jamais."
"T'en
sais rien tant que t'as pas essayé."
"M'ouai...
et... alors, comment vont Ted et Dora ?"
"Tu
changes de sujet !" s'exclama la voix d'Andromeda Tonks,
amusée.
Bella
profita de ce moment pour entrer dans la cuisine. Elle posa ses
affaires puis se tourna vers Andro. Remus les présenta, l'air
gêné. Elle savait qu'il était en train de se
demander si elle avait tout entendu. Elle sourit froidement quand
Andro sortit de la boutique et s'appuya contre le plan de travail
tandis qu'il faisait la vaisselle.
"Du
rangement à faire, hein ?"
Il
eut l'air surpris de son insinuation et se tourna vers elle en
s'essuyant les mains, avec toujours ce même air calme et posé
qui le caractérisait.
"Andro
n'est qu'une amie. Une vieille amie. Nous étions à
Poudlard ensemble."
"C'est
ça..."
"Elle
est mariée."
"Ca
arrête beaucoup les gens, de nos jours, c'est vrai." Elle
laissa une pause après ce sarcasme en le fixant dans les yeux.
"D'un autre côté... c'est à elle que tu
parles de la femme qui te plaît alors..."
Sa
remarque fit mouche. Remus parut troublé et gêné.
Il baissa les yeux, pestant mentalement contre son manque de
précaution.
"Je...
c'est-à-dire que..."
Bella
se rapprocha de lui, doucement et lui fit relever la tête,
l'obligeant à la regarder dans les yeux. Ses doigts
restèrent sur son menton, comme une précaution de plus
pour qu'il ne lâche pas son regard.
"Pas
de mensonge, cette fois."
Il
la regardait avec une intensité qu'elle ne lui connaissait
pas. Lui habituellement si doux, passif, ailleurs. Il n'était
pas rêveur, non, cette expression aurait semblé dire
qu'il fût heureux. Mais il n'était pas ouvert au
monde. Et pourtant, à ce moment, tout voulait dire qu'il
n'avait jamais été plus impliqué.
"Tu
me plais beaucoup, Bella. Mais-"
"Chuuut..."
"Mais-"
"Tais
toi."
Son
ton ferme le fit plier. Sa bouche aussi sans doute. Car au moment où
elle prononçait ses mots, ses lèvres allèrent
rencontrer celle de Remus. Et il ne la repoussa pas...
Plusieurs
semaines plus tard, dans la chambre de la jeune femme, Remus
partageait ses bras entre Morphée et Bella. Celle-ci ne
dormait pas, elle. Ses pensées ne cessaient de vagabonder
entre les cicatrices de Remus, ses absences tous les mois et ce
curieux sentiment qu'il portait un lourd secret. Mais elle n'avait
jamais réussi à faire le lien. Elle ne voyait pas ce
qui pouvait être différent chez lui. Elle l'aimait
vraiment beaucoup. Elle l'aimait même tout court.
"Bella
? Hmmm... tu ne dors pas ?" Remus se redressa un peu, s'écartant
d'elle pour mieux la prendre dans ses bras, échangeant les
rôles.
"Non,
je n'y arrive pas."
"J'entend
ton cerveau remuer d'ici", sourit il, tentant la plaisanterie.
"Qu'est ce qu'il y a ?"
"Rien..."
Cette
réponse ne le satisfit pas mais il se contenta d'un baiser
sur son front. Ils ne dirent rien pendant un long moment. Puis, elle
se lança, décidant de poser cette question qui la
rongeait.
"Remus,
on est... plutôt proche tout les deux, n'est ce pas
?"
"Euh...
oui, plutôt. Pourquoi ?"
"Tu
me fais confiance ?"
"Bien
sûr. Mais où veux tu en venir ?" Bella ne cherchait
jamais ses mots, et cela l'inquiéta. Avait elle des doutes ?
Avait elle deviné ?
"Qu'est
ce que tu caches, alors ?" murmura-t-elle d'une voix qui ne
tremblait pas. Ses mains, elles, c'était une autre
histoire...
"Qu-...
quoi ?"
"Tu
caches quelque chose. Tes disparitions soudaines, tous les mois, tes
marques sur la peau, ton air fatigué, tes yeux fuyants. Dis
moi ce que c'est. Je... j'en ai marre de ne pas savoir... ça
m'agace, ça me ronge. Je tiens beaucoup à toi. Et
tu... tu n'as pas l'air de me prendre au sérieux."
"Mais
bien sûr que je te prend au sérieux, Bella. Qu'est ce
que tu racontes."
"D'accord,
précisions : de nous prendre au sérieux. Dis le moi si
tout cela ce n'est rien pour toi. Je ne m'impliquerai pas.
Mais... mais tu es si tendre et..."
Remus
sembla surpris, ému, troublé. Bella parlait peu, sauf
pour dire les choses de façons froides, posées, cash.
Et elle semblait alors si enflammée. Elle mettait de la
frustration et de la verve dans ses propos. Il s'était
toujours douté que derrière cet esprit froid au regard
calculateur se cachait quelque chose de chaud, d'impulsif. Un
esprit bridé.
"Je
suis amoureux de toi, Bella." dit il le plus naturellement du monde
: il était résigné depuis longtemps à
cela. "Je pensais que tu le savais."
"Alors
dis moi ce que tu me caches. Fais moi confiance, un peu. Ca fait des
mois que nous sommes ensemble. Je t'ai parlé de moi..." Et
cela était assez rare pour être noté.
"Tu
me détesterais, si tu le savais."
"Ne
pas savoir, ça te rend déjà assez détestable
et frustrant à mes yeux."
"Ne
peut on pas oublier ça. Continuer comme maintenant ?"
"Non
!"
Elle
le regarda, choquée. Elle lui ouvrait son coeur, ses attentes,
et il repoussait tout cela. Son regard dût en dire long car il
soupira, se leva et rassembla ses affaires. Une fois rhabillé
il s'apprêta à sortir, s'arrêta, se tourna
vers elle, puis soupira de nouveau et sortit, pour de bon, cette
fois. C'était fini. Fini...
Cela
faisait maintenant deux jours que Bella tournait en rond. Elle
n'était pas patiente. Elle n'était pas tolérante
au point de le laisser s'en sortir comme ça. Elle était
égoïste et elle l'assumait. Et elle devait savoir. Elle
ne pouvait plus tenir. Là, à 9h du soir, devant la
porte de l'appartement de Remus, elle hésitait pourtant
encore. Les poings serrés, elle finit par frapper : cela
faisait 10 minutes qu'elle était devant la porte. Personne
ne répondit. Bella soupira et se retournant, s'appuyant à
la porte. Elle laissa aller sa tête en arrière et ferma
les yeux.
Elle
avait toujours eu tout ce qu'elle voulait. Ses parents avaient de
l'argent et elle était jolie et intelligente. Elle avait
voulu faire une maîtrise de potion ? 5 ans plus tard, elle s'en
sortait avec les honneurs. Elle avait voulu cette librairie ? Son
père la lui avait achetée cash. Elle voulait cet homme
? Il se refusait à elle comme personne. Jamais elle n'avait
eu de problème pour avoir quelqu'un. Son joli visage faisait
toujours l'affaire. Et voilà qu'elle tombait amoureuse
-amoureuse- de la seule personne qui ne voulait pas d'elle. Pas
sérieusement d'elle.
La
jeune femme en était là de ses pensées quand
elle entendit du bruit venant de l'appartement derrière la
porte. "Il se fout de ma gueule ?!" pensa-t-elle immédiatement.
Elle se remit à frapper plus fort. Sans réponse
toujours. Bella se permit alors une chose qui ne faisait pas partie
de son éducation : elle força la porte. A sa manière
toutefois : une petit coup de baguette. L'appartement était
sombre. Bella alluma la lumière et se permit de regarder
autour d'elle. Miteux mais propre.
Un
bruit sur le côté la fit sursauter. Elle se tourna,
lentement, et étouffa un cri. Ses yeux s'ouvrir grands. Un
bête se dressait devant elle. Gigantesque et terrifiante. Elle
et Bella s'observèrent, à un mètre l'une de
l'autre. La bête ne bougeait pas mais semblait terriblement
désespérée. Son regard -qui avait tout d'humain-
la fixait avec autant de surprise et de terreur.
"Re...
Remus...?"
La
bête détourna le regard et s'affaissa sur elle-même.
Bella parût perdue, terrifiée aussi. Son coeur s'emballa
et les larmes montèrent. Elle recula, trébucha et
secoua la tête.
"Nan...
nan..."
C'était
donc cela son secret. Un loup-garou... un loup-garou... Bella recula
vers la porte et après un dernier regard brisé et
paniqué, sortit en courant. Le loup ne bougea pas mais un oeil
averti aurait tout de suite remarqué la larme qui traversa son
museau.
"Sors
de ma boutique."
"Bella,
attends..."
"Non.
Sors immédiatement."
Sa
voix ferme résonna dans la petite cuisinette. Quand elle
l'avait vu entrer, Bella avait immédiatement abandonné
ses clients pour emmener Remus dans un coin plus isolé. Là,
elle lui avait demandé ce qu'il faisait là. A côté,
le nouvel employé tentait de rendre la monnaie à une
vieille dame. Devant l'absence de réponse du loup-garou,
Bella lui avait ordonné de partir. La blessure était
encore trop présente, trop profonde...
"Je..."
il fit quelques pas vers la sortie et murmura, la tête base.
"Je savais que tu me détesterais si tu le savais..." Il
parlait plus pour lui-même mais Bella plissa les yeux, serrant
les dents.
"Va
te faire foutre, Lupin. Tu l'as bien cherché."
"Je
mérite ton mépris, oui." Il paraissait si résigné,
si sûr que sa condition avait à voir avec la colère
de Bella qu'elle éclata d'un rire froid et sec.
"Tu
crois toujours tout savoir. Connaître les pensées
profondes des gens. Tu pensais que j'allais te détester
d'être ce que tu es. Et là encore tu es persuadé
que c'est ce que je ressens. Mais tu ne me dégoûtes
pas pour ça. Dans d'autres circonstances, je me serais
contentée de te virer comme toute personne normale. Parce que
c'est ce que tu attends des gens non ? Qu'ils te rejettent ! Tu
vas même jusqu'à leur laisser découvrir les
choses par elles-même, histoire d'être sûr
qu'elles ne te pardonneront pas ta lâcheté !!"
Sa
voix claqua dans le silence de la pièce tandis qu'elle lui
déversait tout son agacement, toute sa blessure. Et alors, il
comprit.
"Je
ne t'en veux pas d'être ce que tu es, non. Je t'en veux
de ne pas m'avoir fait assez confiance pour me le dire. Mais c'est
vrai, après tout, qu'étions nous ? On baisait juste
ensemble. Rien de bien profond, tout cela. Pas de quoi rentrer dans
les secrets profonds."
"J'avais
peur que tu me rejettes. Je ne voulais pas te perdre."
"Je
m'en fous, Remus ! Je m'en fous que tu sois ce que tu es. J'ai
fait une maîtrise de potion. Je connais la potion Tue-Loup. Je
sais qu'il n'y a quasiment plus de danger pour ceux qui la
prenne. Ce qui me fous en colère c'est que tu préférais
me quitter plutôt que me le dire."
"Je
ne voulais pas que tu ais une mauvais opinion de notre rela-"
"Tais
toi ! Ca suffit maintenant tes mensonges. Tu voulais te protéger
toi ! Te protéger de moi et de la garce de Serpentard qui
avait la réputation de jeter les mecs dès que quelque
chose ne lui plaisait pas."
Il
y eut un silence pesant durant lequel chacun s'affronta du regard.
Et puis Remus baissa les yeux. Bella avait raison et tous deux le
savaient. Elle soupira.
"Pendant
un moment j'ai même cru qu'il y avait quelque chose entre
nous..." murmura-t-elle, résignée. Remus fronça
les sourcils.
"Pour
moi, il y avait quelque chose. Je..." Il lui avait quand même
avoué qu'il était amoureux d'elle.
"Tu
m'aimes ?" Froid, cash, posé. Une question à la
Bella.
"Je...
euh... Bella..." supplia-t-il. Il eut affaire à un regard
détestablement glacial. "Je... tu le sais bien..."
"Tu
as d'autres secrets ?"
Elle
se rapprocha de lui, calmée. Son regard était éteint,
froid. Et ce n'était pas plus mal.
"Non."
"Alors
trouve toi un autre job."
Il
la regarda, blessé. Pendant un instant, il avait
espéré...
"...parce
que je ne mélange pas amour et boulot" finit-elle avec une
lueur amusée dans le regard.
Remus
releva vivement la tête et la fixa, interloqué. Il finit
par sourire vraiment. Pas un de ses demi-sourires fatigués. Un
vrai sourire... pour une vraie histoire.
