Salut tout le monde ! Oui, l'Orage des Loups fait peau neuve : après un grand ménage d'hiver, me voici de retour, avec une version modifiée de l'histoire – j'ai repris tous les chapitres, ajouté/supprimé/modifié des choses, donc c'est entièrement à redécouvrir. (Ceux qui me disent qu'ils préféraient la version 1, Fenrir va avoir une petite discussion avec eux.)

Et bienvenue à tous les nouveaux lecteurs !

III

Hermione enrageait.

Rien n'était censé arriver. Pas comme ça. Pas à elle.

Comment, comment avait-elle pu se mettre dans une telle situation ?

Une pensée amère traversa fugitivement son esprit, avant qu'elle ne s'astreigne à la concentration.

Une pensée pour ceux de l'Ordre.

Ce n'était que sa seconde mission en groupe depuis l'incident de Glasgow; et elle savait, malgré les dénégations de ses amis, qu'on lui tiendrait encore longtemps rigueur de son retentissant échec.

Aussi n'avait-elle plus droit à l'erreur.

Dans cette guerre de positions qui s'éternisait, l'Ordre ne pouvait plus se permettre de perdre du terrain face aux Mangemorts; et bien qu'elle ait parfaitement compris que l'on faisait d'elle un bouc émissaire, elle en était venue à considérer cela comme un défi personnel.

Certes, après tout, ils ne pouvaient jamais être sûrs; leurs adversaires étaient imprévisibles, nul ne pouvait imaginer ce qui se tramait dans leurs esprits tordus, il était normal de se planter un jour ou l'autre, c'était d'ailleurs exceptionnel que ça ne ne lui soit arrivé que maintenant, allons.

Hermione connaissait bien ces arguments. Des dizaines et des dizaines de fois, elle se les était entendus rabâcher, par des Phénix plus ou moins condescendants. Elle ne savait pas qui cherchait à la réconforter, qui à l'aiguilloner, mais elle savait une chose.

Une chose qu'eux ne savaient pas.

Minerva, Shacklebot, Dumbledore, tous autant qu'ils étaient, ils oubliaient un point capital; et sous les sermons nauséabonds d'indulgence, elle s'était faite une promesse.

Parce qu'elle pouvait.

Etre sûrs ? Bien sûr qu'ils ne le pouvaient pas- pas plus que personne. Mais imaginer chaque situation, chaque scénario, planifier les moindres détails d'une opération et pallier mentalement toutes les anicroches qui pouvaient se produire, ça... elle pouvait. Ses facultés d'imagination, couplées au sens tactique dont Ron l'avait indirectement munie, lorsqu'il s'était mis en tête de lui apprendre à jouer aux échecs, s'étaient soudain retrouvées au plein emploi.

Pour la première fois de sa vie, Hermione avait trouvé un défi à la hauteur de sa prodigieuse intelligence.

A chaque rapport, elle enregistrait mentalement les données fournies par les autres membres de l'Ordre, les comparait à ce qu'elle connaissait déjà, et s'en servait pour en déduire des pronostics sur leurs adversaires-qui tout compte fait, étaient loin d'être si imprévisibles que ça. Elle n'exposait plus ses théories- elle avait vite compris que beaucoup considéraient cela comme de la frime pure et simple. Harry, Ron, et les rares qui avaient foi en ses capacités s'en chargeaient pour elle.

Mais sur ce coup-là, c'était différent : elle faisait partie de l'équipe. Elle pouvait -elle devait- prendre part à l'élaboration du plan. Elle en avait modifié des tronçons entiers, au grand agacement de Dedalus, qui y avait malgré tout adhéré de mauvaise grâce.

Et elle s'était obstinée à le répéter avec acharnement, malgré les gentilles moqueries de Ron et Harry et celles, plus acerbes, des Phénix. Elle le connaissait sur le bout des doigts- la dernière fois qu'elle avait passé autant de temps à apprendre quelque chose, ça avait été ces foutus Cent treize Théorèmes de Potionnisme Avancé.

Mais c'était la conscience en paix qu'elle s'était couchée, la veille de l'opération. Tout était parfait. Tout serait parfait.

Alors comment ?

Rien n'avait laissé prévoir que cette journée serait celle où elle commettrait ce que pendant un moment, elle en viendrait à considérer comme les deux plus grosses erreurs de sa vie. Parfois, il n'y a aucun présage.

Pas de nuit agitée qui semble annoncer la tempête. Pas d'inquiétant pressentiment lorsqu'ils avaient transplané hors du square Grimmaurd- deux par deux, pour rendre le trajet plus sûr. Pas de silence lourd de danger lorsqu'ils s'étaient séparés aux portes de Dumfries – Kingsley avait même lancé une plaisanterie anodine. Le ciel lui-même, d'un bleu pur de matin d'été, semblait annoncer une journée prometteuse. Parfois, il n'y a aucun présage.

A mesure que le temps passait, Hermione s'était détendue; les Mangemorts ne semblaient pas encore s'être installés dans la zone, ce qui rendait la mission éminemment facile. Cependant, une angoisse diffuse l'avait saisie lorsqu'elle avait regagné le point de rendez-vous. Elle sentait une présence- et toute la rationalité du monde ne lui avait permis de se rassurer, cela pouvait être Harry comme cela pouvait être une de ces horreurs arachnoïdes qu'affectionnaient les Mangemorts. Son raisonnement l'avait menée à une conclusion très simple : allié, elle ne risquait rien; ennemi, elle se devait d'intervenir- ou tout au moins, de localiser l'adversaire, quel qu'il soit.

C'est donc d'un pas vif et déterminé qu'elle avait franchi l'orée de la forêt, renonçant à signaler sa position-si l'ennemi n'en était pas un, les autres apprécieraient sans doute assez peu une fausse alerte.

Première erreur.

Elle était pourtant restée sur ses gardes tout au long de son investigation, scrutant de tous côtés avec la paranoïa contagieuse de leur chef de mission tandis qu'elle plaçait ses sortilèges défensifs. Quand avait-elle bien pu baisser sa garde ?

Elle aurait dû s'en douter. Sentir qu'il était proche.

Il avait suffi d'un rien. Du soudain silence des oiseaux, d'un souffle derrière elle, d'une ombre la frôlant. Et tout avait basculé. Tout devait être parfait- alors comment ?

Tout était allé très vite – beaucoup trop vite. Un coup violent dans son dos; le choc du sol contre ses côtes déjà fragiles. La douleur, lancinante. Puis un coup au coeur lorsque, voulant agripper sa baguette, elle avait serré les doigts sur du vide. Un second choc quand, enfin, elle l'avait vu. Négligemment appuyé contre le tronc d'un orme. Faisant tournoyer d'un air absent deux baguettes entre ses doigts, en un étrange ballet quasi-hypnotique.

L'homme que jamais elle n'aurait cru rencontrer un jour. L'homme que pour rien au monde, elle n'aurait voulu rencontrer. En un éclair, l'image de Remus lui traversa l'esprit, puis s'éloigna, fugitive, la laissant seule avec le prédateur.

Fenrir Greyback.

Hermione enrageait.

III

-Hermione Granger.

C'était un simple constat. La voix du loup-garou était neutre, presque distante, ne laissant percer aucune animosité; mais la jeune femme ne s'y trompait guère.

Elle se releva lentement, réfléchissant à toute vitesse à un moyen de se tirer de ce bourbier. Une douleur aigüe lui vrilla la poitrine lorsqu'elle fut debout. Hermione serra les dents, s'efforçant de conserver un masque impassible. Elle savait que tout allait se jouer dans l'instant, dans sa posture, dans son regard, dans le son de sa voix. Elle devait lui faire face, sans paraître défiante. Ne pas courber l'échine, ni lui montrer la peur qu'elle sentait enfler dans son ventre.

-Fenrir Greyback.

Hermione espérait de toutes ses forces que son ton avait été aussi neutre que celui de l'homme. Elle était blessée, désarmée, seule - même si l'heure de rendez-vous approchant, les autres ne tarderaient pas à venir la chercher. Elle ne pouvait qu'attendre, attendre et espérer. Elle se maudit d'être aussi impuissante, mais elle n'avait pas d'autre option.

Elle savait qu'un tueur aguerri pouvait briser la nuque d'un homme en quatre secondes; elle ne doutait pas un seul instant que Greyback en fût capable en la moitié de ce laps de temps.

-Combien êtes-vous ? la questionna soudain le loup-garou, brisant le silence de ce ton posé qui glaçait les sangs d'Hermione.

Celle-ci analysa la situation en un éclair. Ils avaient sécurisé la quasi-intégralité du périmètre sans rencontrer de problèmes, l'homme devait donc être seul – ou avec un groupe d'éclaireurs en nombre limité. Et jamais, jamais un Mangemort, fût-il aussi cinglé que Greyback, ne risquerait un affrontement contre un ennemi en surnombre.

-Assez, répondit la jeune femme avec un demi-sourire, souhaitant ardemment que le loup-garou prenne la menace au sérieux.

Il y eut un moment de silence. Hermione retint son souffle.

-Oh, fit Greyback. Alors je vais devoir me dépêcher, pas vrai ?

La jeune femme sentit son coeur rater un battement. Abrutie par la panique, elle resta paralysée un instant, fixant bêtement son adversaire, avant que ses neurones ne reprennent un semblant de contrôle. D'un ton désespérément ironique, elle tenta le tout pour le tout.

-Tout de suite, la violence. Pourquoi diable est-ce qu'on ne pourrait pas profiter de ce moment d'intimité pour discuter autour d'un café, plutôt ?

Le loup-garou eut un sourire sardonique.

-J'avais d'autres projets, pour toi, Granger.

D'une démarche assurée, il s'avança vers elle. La folie sauvage qu'Hermione voyait croître dans ses yeux la paralysa, avant qu'une colère froide ne le dispute à la peur. La rage du condamné qui, sentant sa faux sur son cou, relève la tête pour cracher au visage de la Mort.

"Non", songea t-elle. "Non."

Elle ne pouvait pas mourir maintenant. Pas dans cette forêt lugubre, à cause d'une stupide erreur d'attention. Pas loin de tous ceux à qui elle tenait tant, sans avoir pu leur dire à quel point. Pas tant qu'elle aurait un combat à mener.

Elle aurait voulu hurler, attirer l'attention des autres, n'importe quoi, pour qu'il s'arrête. Mais le trop-plein d'émotions qu'elle ressentait semblait embourber sa gorge; elle ne pouvait que reculer, malgré sa fureur. Une racine traîtresse la fit trébucher, et Hermione se sentit sombrer. En un éclair, elle eut une pensée pour ces stupides héroïnes de films d'horreur moldus que ses parents affectionnaient. Elle n'aurait jamais cru voir ça sous cet angle.

Quand il ne fut plus qu'à quelques pas d'elle, il s'immobilisa.

-Combien êtes-vous ? répéta t-il, et à la soif de sang qu'elle lisait sur son visage, Hermione comprit.

Elle ne dut qu'à un exceptionnel effort de volonté de maintenir le contrôle de ses nerfs.

Le calcul était rapide : s'il décidait de la tuer immédiatement, rien ne pourrait la sauver, et les autres ne seraient même pas avertis de sa présence. S'il la torturait et qu'elle tenait le coup suffisamment longtemps, ses chances de secours augmenteraient rapidement. De plus, son assurance pourrait le perdre; il était visiblement convaincu de pouvoir la vaincre et de s'enfuir ensuite- elle le voyait mal affronter les Phénix seul contre tous. Et là, les sortilèges anti-transplanages dont ils avaient quadrillé la zone auraient une chance d'agir.

-On est six, avoua t-elle d'une voix brisée.

Le rictus qui se forma sur les lèvres de Greyback n'avait plus rien d'humain.

Une idée idiote germa soudainement dans la tête de la jeune femme, à laquelle elle se raccrocha désespérément.

-Vous pourriez peut-être commencer par m'expliquer le pourquoi du comment de vos plans machiavéliques, et pourquoi c'est les méchants Mangemorts qui vont gagner et mettre le monde à leurs pieds, non ? Tous les méchants font ça ! Non ?

Le loup-garou éclata de rire.

-Pas de quoi faire une conférence, répondit-il en agitant la main. Il y a des motivations plus ou moins compliquées, mais pour la plupart, c'est l'appât du pouvoir, de la richesse, de la magie noire qui viendrait te manger dans la main... Ces types sont tous les mêmes, tu sais. Une bande d'aristos en manque de sensations fortes.

-Et pas vous ? osa demander Hermione, le souffle court. Le ton amical de l'homme contrastait violemment avec la noirceur qui émanait de son regard. Déstabilisant.

-Oh, non, moi c'est vachement plus simple. Je vous hais, c'est tout.

-Et... pourquoi ?

-Vous êtes humains.

Un silence lourd suivit l'assénation de cette vérité. Hermione aurait aimé y voir une simple marque de fanatisme, un complexe de supériorité, mais elle sentait aux tréfonds d'elle-même que cette simple phrase était beaucoup plus lourde de sens que cela.

-Vous devez haïr pas mal de monde, alors.

-Je ne suis pas sectaire. Je hais tout le monde de manière uniforme.

Si sa gorge n'avait pas été aussi serrée, Hermione aurait souri.

-Je crois que je ne suis pas d'accord avec vous.

-Pardon ?

-Je ne pense pas que ce soit plus simple que pour les Mangemorts. Eux, ils sont sadiques, boursouflés d'orgueil, persuadés qu'ils sont merveilleux et stupéfaits que le monde ne s'en rende pas compte. Vous, c'est beaucoup plus profond que ça. Beaucoup plus viscéral.

Sans qu'elle ne s'en soit rendu compte, sa raison et son sens de l'analyse venaient de reprendre les rênes. Pendant un instant, elle en avait presque oublié la tragédie de sa situation.

-Vous cherchez, continua t-elle après s'être humecté les lèvres, vous cherchez à renverser la situation. Vous voulez sauvegarder les vôtres et vous pensez qu'en contaminant le plus de monde possible et en terrorisant les autres, vous obligerez les gens à avoir un rapport différent avec vous... et vous aurez enfin une place au soleil. Vrai ?

-Vrai, acquiesca le loup-garou. Et toi, tu cherches à gagner du temps. Vrai ?

-Vrai, admit Hermione sans baisser les yeux. Mais il n'empêche que ça m'intéresse.

-Je te crois.

La jeune femme le vit détourner le regard, puis revenir à elle. Il lui sembla que son air s'était radouci.

-C'est un peu compliqué que ça, en fait, reconnut l'homme. Mais je pense pas que tu comprennes.

Malgré l'étrangeté de la sitation, Hermione ne put s'empêcher de se sentir vexée.

-Essayez toujours.

-Ce n'est pas une maladie, tu sais. Ni une malédiction. On est différents. Ca ne nous rend pas inférieurs à vous.

-Je sais, releva Hermione, pensant fugacement à Remus. Mais enfin, vous êtes...

-Hybrides. Ouais. Est-ce que tu sais seulement, gamine, la différence entre les facultés d'un loup et celles d'un homme ? Notre part animale n'est pas juste un... un déclencheur mensuel de métamorphose. Nous sommes plus forts, plus résistants, plus vifs que les humains. Nos sens sont quelque chose comme, en gros, cinq fois plus développés que les vôtres. Et pour vous, on est pires que le plus contagieux des lépreux.

-Mais vous n'êtes pas...

Le mot "heureux" mourut sur les lèvres de la jeune fille, repensant fugacement au regard triste de Remus. Celui de Greyback était plein d'une volonté farouche, et, malgré l'aura de danger qui en exsudait, brillait de l'éclat de la ferveur.

-Il y en a qui ne voient pas les choses comme ça, parvint-elle à dire. Elle ne pouvait s'empêcher, et elle en était mortifiée, de comparer l'abattement de Remus à la force et à la volonté brutes qui entouraient Greyback. Hermione se répugnait.

-Ah, ceux-là, cracha le loup-garou avec dégoût. Et à ton avis, pourquoi est-ce qu'ils pleurnichent sur leur sort ? Ils vous envient ! Parce qu'ils essayent de cacher leur différence en se... fondant dans la masse, parce qu'ils s'imaginent qu'en renonçant à tous les avantages de notre race, vous finirez par les aimer, mais parce qu'au fond d'eux, oui, au fond d'eux ils savent... Ils savent que quoi qu'il arrive, c'est là, en nous. Ils savent que s'ils sont menacés, ils peuvent briser le crâne d'un homme contre un mur en un seul geste, et lui arracher la jugulaire, juste parce que quelque chose en eux veut sa part de sang, et veut vivre, et veut être... écouté. Alors ils se cachent, et ils se haïssent. Ouais, ils sont lâches. Mais à cause de vous. Vous avez fait de nous des parias, alors que le plus fort de vos humains vaut moins que le plus faible des lycanthropes. Et ça ne peut plus durer.

-Attendez, ce n'est pas non plus à la loi du plus fort qu'on doit organiser le monde ! s'exclama Hermione, interdite. C'est complètement...

-Bestial ? suggéra Greyback. C'est l'idée. Mais de nos jours, les gens sont délicats, raffinés, bien éduqués. Civilisés, comme vous dites. Tu ne peux pas comprendre ça, parce qu'il n'y a rien de primaire en toi, rien de sauvage. Rien de naturel.

-Ce serait encore bien plus injuste que les lois actuelles ! Il n'y aurait aucune place ni à la culture, ni à l'intelligence, ni à la personnalité !

-Bien sûr que si, mais c'est une autre affaire. Et injuste... ça dépend pour qui. En l'occurrence, en fait, ce serait plutôt la loi du bafoué reprenant ses droits, remarqua le loup-garou.

-Et ça ne vous est pas venu à l'idée de le faire de façon plus subtile ? ironisa Hermione. Genre, gagner l'opinion publique, ou...

-Sûrement pas. Nous sommes traités en animaux, nous agissons comme tels. Un jour, je l'espère pour toi, tu comprendras la jouissance que procure la vengeance.

-Un jour ? répliqua la jeune femme, sarcastique. J'aimerais bien. Elle songea soudain que rappeler au loup-garou ses intentions sanguinaires n'était probablement pas une bonne idée, mais elle chassa rapidement cette idée, résolue. Elle n'en pouvait plus d'attendre qu'il se décide.

Un air de confusion passa sur les traits de Greyback, mais il sembla rapidement comprendre où la jeune femme voulait en venir.

-J'ai changé d'avis, répondit-il.

Le coeur d'Hermione, à nouveau, perdit un moment la cadence. Muette, elle l'observait, n'osant croire à un tel revirement de situation.

-Tu veux savoir pourquoi, devina l'homme.

La jeune femme se contenta de hocher la tête.

-Tu m'amuses.

Elle haussa un sourcil, sentant la tension se relâcher brusquement.

-Vous êtes plutôt vexant.

-C'est un peu le but. Je serais curieux de voir où tu iras.

Pour la première fois, Greyback sourit. Ses yeux pétillaient de malice.

Il tourna les talons et s'enfonça dans la forêt. Très vite, Hermione le perdit de vue.

Elle fixait encore les ténèbres du bois, se demandant si elle venait de rêver ou non, lorsque Ron et Harry débarquèrent en furie, haletant.

-Hermione ! s'exclama Ron. Ca va ?

-Greyback, répondit simplement la jeune femme.

-On sait, fit Harry. Brièvement, il lui expliqua qu'ils l'avaient poursuivi à la sortie de la ville, peu avant qu'il ne transplane.

-Tu l'as affronté ? s'enquit Shacklebot, qui venait de les rejoindre.

Hermione ne répondit pas. Elle venait de remarquer sa baguette, à quelques pas d'elle. Il l'avait laissée. Elle se sentit presque plus troublée par ce fait que par la scène qui venait de se dérouler – en avait-elle vraiment été actrice ?

Elle ne détrompa pas Kingsley lorsque celui-ci supposa un combat violent au vu de l'état de ses côtes. Elle avait tant de mal à croire elle-même en cette expérience qu'elle n'en fit part à personne, pas même à ses amis. "Plus tard", se promit-elle. "Un jour. Peut-être."

Ce fut là sa seconde erreur. Et de loin, ô combien, celle qui serait la plus lourde de conséquences.