chapitre 1: Retrouvailles

- Harry!», hurla une voix d'homme, par une fenêtre à l'étage.

Harry coupa le moteur de la tondeuse à gazon.

- Oui, Oncle Vernon?

- Montes moi le courrier! ordonna l'homme.

- Tout de suite, Oncle Vernon! soupira Harry.

Il abandonna la tondeuse et se dirigea vers la boite aux lettres. Il parcourut toutes les enveloppes et sourit lorsqu'il vit que la carte postale lui était destinée. Il reconnut immédiatement l'écriture arrondie et soignée d'Hermione.

« Salut Harry!

Une pensée de Barcelone où mes parents m'ont emmenée passer quelques semaines de vacances. Ils ont pensé que le soleil, la mer, le dépaysement et surtout la distance me feraient le plus grand bien après les récents évènements mais je ne me sentirai réellement en sécurité que lorsque je serai de retour à Poudlard. Je suis sûre que tu me comprends.

Le temps doit te sembler bien long à toi aussi. Heureusement, la rentrée arrive à grand pas.

J'espère que tu as des nouvelles de Ron et qu'il va bien, je n'ai pas reçu la moindre lettre de sa part depuis le début de l'été.

A très bientôt.

Hermione »

Harry sourit en lisant ces mots. Hermione allait bien. Elle était loin d'ici ce qui n'était pas plus mal. Mais il comprenait parfaitement ce qu'elle ressentait. Cette impression d'être observé, guetté, telle une proie. Cette impression de danger dont il ne pouvait se défaire lorsqu'il quittait Poudlard. « Plus que trois semaines !» Murmura-t-il pour lui-même. Il retourna la carte et pu voir un panorama de photos de Barcelone: édifices, plages et lieux remarquables. Il espérait que son amie prenait du bon temps.


« Chère Hermione ».

- Mais non, c'est complètement nul ça! grommela Ron, barrant les premiers mots qu'il venait de griffonner.

« Hermione,

Je te remercie pour ta carte. Je parie que que tu passes plus de temps à apprendre par coeur les livres au programme de cette année qu'à profiter de la plage!

Nous avons reçu la visite de notre famille pendant quelques jours mais mon père à trop de travail au ministère pour prendre des vacances.

A bientôt à Poudlard.

Amicalement.

Ron »

- Amicalement? C'est nul ça aussi! s'exaspéra Ron.

Il chiffonna sa lettre et la jeta par-dessus son épaule. Elle atterrit sur le sol de la chambre qu'il partageait avec Fred et Georges, rejoignant une dizaine d'autres morceau de papiers chiffonnés. Affalé sur son lit, il tentait de répondre à la carte d'Hermione depuis plusieurs heures mais il ne trouvait pas les mots. Tout ce qui lui venait à l'esprit lui semblait « nul ». Soudain, la porte s'ouvrit sur le bruyant duo Weasley. Ron fourra rapidement la carte d'Hermione dans un livre qu'il ouvrit devant lui prenant un air absorbé.

- A d'autre, Ron! lui lança Fred.

- De quoi tu parles? répondit Ron sur un ton innocent.

Fred se baissa pour ramasser l'une des boules de papiers qui jonchaient le sol.

- Touches pas à ça! C'est privé! s'écria Ron.

Il lâcha le livre et se jeta sur son frère pour tenter de lui reprendre son ébauche de lettre. Pendant ce temps, Georges s'empara du livre et trouva la carte postale qu'il commença à lire à voix haute.

« Salut Ron!

Une pensée de Barcelone (c'est en Espagne) où mes parents m'ont emmenée passer quelques semaines de vacances. Ils ont pensé que soleil, la mer, le dépaysement et surtout la distance me feraient le plus grand bien après les récents évènements mais je ne me sentirais réellement en sécurité que lorsque je serais de retour à Poudlard.

J'espère que tu passes malgré tout de bonnes vacances. Passes le bonjour à toute ta famille de ma part.

A très bientôt.

Hermione »

Ron se laissa retomber mollement sur son lit, vaincu. Il attendait maintenant les moqueries qui n'allaient pas tarder à fuser.

- Ohh! La jolie Hermione en maillot de bain! commença Fred.

- Les nuits doivent être chaudes! Pas vrai Ron? poursuivit Georges.

- La ferme! lança Ron.


Harry ne tenait plus. Il venait de recevoir une lettre de Ron l'invitant à passer la dernière semaine de vacances chez lui. Comme en chaque fin d'année scolaire, il avait dû retourner passer les vacances d'été chez son oncle et sa tante. Son cousin Dudley n'avait pas recouvré de son agression par les détraqueurs l'an dernier et Harry en était bien entendu tenu pour responsable. Aussi, son oncle et sa tante lui faisaient payer le prix fort. La mort de Sirius, son parrain, quelques mois auparavant, avait anéantit l'espoir qu'il chérissait depuis qu'ils s'étaient retrouvés, à savoir, vivre ensemble comme une vrai jours. Dans trois jours, il serait loin d'ici, avec sa « famille », celle qu'il avait créée lui-même, celle sur qui il pouvait compter quoiqu'il arrive. Des gens comme lui, qui le comprenaient, qui le soutenaient. Des gens avec qui il avait passé les meilleurs et les pires moments de sa jeune vie.

Ron Weasley n'était ni un étudiant brillant, ni même un sorcier brillant. Cependant, il s'était aperçu que ses lacunes en magie le desservaient bien souvent, notamment face à ses frères. Aussi, il avait pris la bonne résolution d'étudier et de s'entraîner davantage.

Il se trouvait derrière la maison, toute son attention concentrée sur une bûche de bois qu'il s'efforçait de faire disparaître lorsque Harry arriva.

- Eh Ron!

- Harry! lança joyeusement Ron.

Il s'avança vers son ami et lui frappa amicalement l'épaule. Une discussion animée s'en suivit immédiatement, ponctuée par quelques rires. Les deux garçons étaient visiblement heureux de se revoir et pressés de rattraper le temps perdu.

Quelques heures plus tard, toute la famille Weasley était attablée pour le dîner, écoutant Arthur, le père de Ron, racontant combien le ministère était en alerte depuis la nouvelle de la réapparition de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom. Des enquêtes étaient menées afin de découvrir qui étaient ses fidèles. Les membres du ministères eux-même étaient interrogés, de crainte que le mal ne se soit déjà infiltré dans les plus hautes sphères de la société. Malheureusement, tel était déjà le cas. Rencontrant les regards inquiets de ses enfants, Mme Weasley dévia la conversation pour aborder son sujet favori à l'approche de la rentrée: l'achat des fournitures scolaires.

Tout d'un coup, Harry sembla réaliser que quelque chose manquait, ou plutôt quelqu'un.

- Ron, est-ce qu'Hermione nous rejoint au chemin de traverse? s'enquit-il.

Les éclats de rires de Fred et Georges accueillirent sa question.

- Oui, Ron, est-ce qu'Hermione nous rejoint? répétèrent Fred et Georges, sur un ton moqueur.

Ron les fusilla du regard avant de prendre un air détaché pour répondre à Harry:

- Je ne sais pas. Je ne lui ai pas demandé.

- Abon! Ben, pourquoi tu ne lui as pas proposé? Elle va être furieuse! interrogea Harry, surpris.

- Oui, Ron, pourquoi tu ne lui as pas proposé? lui firent écho les jumeaux.

- Ben, je voulais juste que Harry et moi, on soit un peu entre tranquilles, pour parler de trucs de gars, faire des trucs de gars, continua Ron sur le même ton. Hermione est tellement sérieuse!

Harry approuva de la tête, convaincu, puis perçut le sourire malicieux de Ginny du coin de l'oeil et se demanda ce qu'il se tramait. Il fallait qu'il en parle à son ami.

Tard ce soir là, des rires s'élevaient depuis la chambre des garçons. Mme Weasley posa son tricot et se leva de son fauteuil pour ordonner, une fois de plus, aux quatre jeunes hommes, de dormir. Son mari l'attrapa par le bras.

- Laisses-les profiter un peu, lui dit-il.

Elle rencontra son regard grave et acquiesça d'un hochement de tête. Dieu seul savait ce que l'avenir le réservait.

Le lendemain, Harry Potter arpentait le chemin de traverse en compagnie de la famille Weasley, en quête des étranges objets qui constituaient la liste de ses fournitures scolaires.

Bien que le monde de la sorcellerie lui était devenu familier au cours des dernières années, il lui semblait toujours aussi fascinant.

Profitant de l'intimité procurée par le recoin poussiéreux d'une librairie, Harry évoqua le sujet épineux du moment:

- Alors Ron, est-ce que tu vas te décider à me dire ce qu'il ne va pas avec Hermione? Il s'est passé quelque chose?Vous vous êtes encore disputés?

- Rien. Il n'y a rien du tout. Pourquoi tu me demandes ça? surpris par la question, Ron ne put dissimuler son embarras avant que Harry ne le perçoive. Ce dernier haussa les sourcils et adressa à Ron un regard dubitatif.

- C'est juste qu'elle m'a écrit cet été et que je ne lui ai pas répondu, alors elle doit m'en vouloir, avoua Ron avant d'ajouter sur le ton de la confidence. Je vais en prendre pour mon grade!

Cette remarqua fit rire Harry, ravi d'avoir satisfait sa curiosité. Le trajet jusqu'à Poudlard promettait d'être animé!

La semaine passa à une allure phénoménale comparée aux journées interminables que Harry avait endurées chez les Dursley. Les travaux de la ferme, les repas en famille, les parties de quidditch et les soirées de rigolades composaient ses journées et Harry se sentait heureux.


Sur le quai de la gare, Mme Weasley faisait ses dernières recommandations à ses enfants.

- Et toi Ron, tiens-toi tranquille! Ajouta-t-elle sévèrement avant de l' embrasser.

Ron et Harry se dirigèrent vers le mur qui les séparaient de la voie 9 ¾. Depuis la fois où, en deuxième année, ils n'avaient pas pu traverser, ils éprouvaient une certaine appréhension. Lorsqu'ils se retrouvèrent de l'autre coté, ils lâchèrent tous deux un soupire de soulagement, échangèrent un regard complice et éclatèrent de rire. Qu'il était de bon de se retrouver parmi les siens, pensait Harry.

- Je vois que ça rigole bien! Et moi qui me faisait un sang d'encre! les interrompit Hermione, sèchement.

- Hermione!? s'exclama Ron, à la fois surpris et embarrassé.

- Hermione! lança joyeusement Harry en s'élança vers elle. Il fut coupé dans son élan par son regard accusateur et ses bras fermement croisés contre sa poitrine.

- J'ai passé ces derniers jours chez Ron, j'ai pas eu le temps de te prévenir, expliqua Harry. Puis il tenta: Alors, c'était comment l'Espagne?

- Chaud! lui répondit Hermione avec un sourire, semblant se radoucir.

Profitant du changement de climat, Harry fit un pas vers le train, invitant ses amis à le suivre.

Une fois installés dans leur compartiment, Harry poursuivit la conversation, espérant éviter une énième dispute entre ses deux meilleurs amis, tandis que Ron tentait en vain de se rendre invisible. Soudain, Hermione tourna son regard vers lui et lui demanda sur le ton léger de la conversation:

- Alors, Ron, comment as-tu passé tes vacances?

- Moi? Oh, ben, tu sais... , balbutia-t-il.

- Je suppose que tu as dû être sacrément occupé pour ne pas avoir le temps d'écrire simplement « Je vais bien »!

Ron jeta un coup d'oeil furtif à Harry qui détourna aussitôt le regard vers la fenêtre, soudain très intéressé par le paysage, puis il baissa piteusement la tête comme un petit garçon pris en faute.

Lorsqu'il tenta un rapide coup d'oeil, il put constater qu'Hermione le fixait froidement, bras croisés, attendant patiemment une réponse à sa question. Il n'y avait pas d'échappatoire possible.

- Tu sais...les mots, ça n'a jamais été mon fort. Et puis, j'avais pas grand-chose à raconter, plaida-t-il. Mais j'ai été content de recevoir ta carte! ajouta-t-il plein d'espoir.

- Bon sang, Ron, commença-t-elle à le sermonner, Tu n'as pas l'air de te rendre compte. Tu-Sais-Qui prépare son attaque. Ton père a été attaqué l'an dernier, Sirius a été tué et nous on a bien tous failli l'être. On est réellement en danger. Je ne te demandais pas un roman, juste trois mots: « Je vais bien ». Ça ne fait pas parti de ton vocabulaire?

Devant la gravité de ses mots et la sincérité de son regard, Ron se sentit encore plus piteux. Il répondit sur un ton volontairement désinvolte:

- Je suis désolé, ok?

Elle soupira et leva les yeux au ciel. Ron baissa de nouveau la tête. Bien entendu, elle avait raison. Il n'était pas complètement inconscient, lui aussi était inquiet. Sa famille avait déjà été la cible de Voldemort. Son père l'année précédente, mais aussi sa petite soeur, quatre ans auparavant. Et puis il avait peur pour Harry dont Voldemort avait juré la mort. Hermione et lui étaient les meilleurs amis de Harry et constituaient donc de parfaits appâts. Oui, le danger était réel et il le savait.

Les paroles d'Hermione avaient jeté un froid dans le compartiment. Chacun était perdu dans ses propres pensées, mesurant ses craintes et ses espoirs. Ce fut dans un silence inhabituel aux trois amis que le trajet jusqu'à Poudlard se poursuivit.

*

Comme en chaque début d'année, l'agitation régnait dans la grande salle du château. L'excitation des Première Année était contagieuse. Les retrouvailles entre nos trois amis et leurs camarades mirent fin à leur laconisme. Traditionnellement, Dumbledore fit son discours de bienvenue et les langues se délièrent lorsqu'il annonça qu'il assurerait en personne les cours de Défense Contre les Forces du Mal.

Dans le dortoir des garçons, l'agitation était à son comble. Après des heures de discussion, de plaisanteries et de franches rigolades, tout le monde avait fini par sombrer dans un profond sommeil. Seul Ron n'arrivait pas à dormir. Il tournait et retournait les paroles d'Hermione dans sa tête. Il l'avait déçue et il se sentait vraiment mal. C'était la dernière chose qu'il avait voulu faire. Il n'avait pas osé lui écrire de peur d'écrire quelque chose de stupide. Et parce qu'il ne l'avait pas fait, elle pensait maintenant qu'il était stupide. Alors que tout ce qui comptait pour elle, c'était de savoir s'il allait bien. Quel imbécile! Et puis, cela lui vint soudain à l'esprit: Hermione Granger se faisait du soucis pour lui. Il sourit. Hermione s'était inquiétée pour lui et c'était tout ce qui comptait. Il ferma les yeux, le coeur soudain léger.