Disclaimer : Soyons fous, soyons originaux ! Je ne possède absolument rien de Pirates des Caraïbes. Pas même une p'tite tortue de mer. J'ai pourtant essayé de faire la planche, mais rien à faire, ça marche pas. Je me demande comment Jack s'y est pris…
Note : Dans les épisodes précédents… nous vous avons parlé de la marque, nous vous avons aussi parlé du pacte, nous allons maintenant vous parler de la mutinerie ! Cette fois, nous ne sommes que deux, eh oui ! Non pas parce que l'une d'entre nous a décédé, non non, nous allons toutes les trois très bien je vous rassure (qui a dit « dommage » ? *lui balance ma godasse*) mais parce que… si s, t et v sont dans une barque, et que v tombe à l'eau, ça fait quoi ? … Non mais, hormis « plouf » ? Ben oui, ça fait s et t, soit Syrène et moi-même, Titvan.
Sans rire, Vefree avait d'autres chats à fouetter lol (sans rire hein…)
Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture ! (et si vous en avez le courage, laissez-moi un message ! huhu, ça rime ! Je suis trop forte ! Je dominerai le monde un jour, et gare à vos miches ! Muahaha !)
IL ETAIT UNE FOIS : LA MUTINERIE DU BLACK PEARL
Première partie
La Villa Rica de la Vera Cruz, ou Ville Riche de la Vraie Croix, était un port du sud-est de la Nouvelle-Espagne, fondé en 1519 par Hernán Cortés, qui tira partie de la mythologie locale en se faisant passer pour le descendant du dieu Quetzalcóatl afin de conquérir l'empire aztèque, convaincu qu'il recelait des trésors et richesses inestimables.
On raconte que pour échapper au massacre, le prix du sang versé pour assouvir la fureur de l'armée espagnole, un coffre de granite contenant 882 pièces d'or fut remis à Cortés, en personne.
Mais sa cupidité était insatiable.
Les dieux aztèques jetèrent alors sur cet or une terrible malédiction : quiconque retire une seule pièce de ce trésor sera puni pour l'éternité ! Ni vivant ni mort, condamné à errer sans fin dans les limbes, ne trouvant jamais le repos !
Deux siècles s'écoulèrent. L'histoire devint une légende. Nul ne savait réellement où se trouvait le trésor de Cortés et très peu de gens s'en souciaient vraiment. Personne n'était assez fou pour y croire au point de partir à la chasse au trésor.
Personne… sauf le capitaine Jack Sparrow, qui avait déjà prouvé à maintes reprises qu'il était fou à lier. Il avait coutume de dire que rien n'était un hasard et qu'il n'y avait pas de légende qui n'eût un fond de vérité. En d'autres termes : il n'y a pas de fumée sans feu.
Allez savoir pourquoi, il s'était contenté de mémoriser le nombre de pièces d'or que contenait le coffre : 882. Il n'avait pas prêté la moindre attention à la partie malédiction… Il ne croyait pas aux malédictions. Ce n'étaient que des histoires de bonnes femmes, créées dans un seul but : effrayer les morveux et dissuader les eunuques.
Or, il n'était ni l'un ni l'autre, et il lui fallait trouver ce trésor. C'était vital. Il devait montrer à son équipage qu'il était un grand capitaine, et qu'il était prêt à servir leurs intérêts (et le sien) en tant que tel.
Ca tombait bien, il était particulièrement en veine ce soir-là : il était parvenu à dénicher un indice de taille, qui se trouvait présentement dans la poche intérieur de sa veste. Il ne lui restait plus qu'à rejoindre le Black Pearl, ancré dans une petite crique, non loin de là, à l'abri des regards. Il lui fallait être discret aussi. Le port de la Vera Cruz était régulièrement attaqué par les pirates depuis quelques décennies et l'Armada espagnole avait donc renforcé sa vigilance et multiplié ses patrouilles.
Les quais grouillaient d'activités en tout genre autour des fusiliers marins qui faisaient leur ronde. Un peu plus loin à l'ouest, l'on voyait les habitations s'étendre à perte de vue, surplombées par la tour du Palais Municipal, en rénovation, et le clocher de l'église de la Nuestra Señora de la Merced. A l'est, à quelques encablures, se dressait le fort de San Juan de Ulúa, qui avait été construit plus d'un siècle auparavant, et sans cesse agrandi depuis, afin de prévenir les attaques de pirates. Dire que le port était sous haute protection aurait été un doux euphémisme.
De sa cachette, derrière une statue qui servait d'enseigne au forgeron du coin, Jack réfléchissait à toute vitesse. Il lui fallait vite trouver un moyen d'atteindre la plage, où l'attendait la chaloupe qui l'avait amené ici, sans être vu, ce qui n'allait pas être de la coquille St Jacques.
« Ces espagnols ! Ils en font toujours trop, » grommela-t-il, en levant les yeux au ciel.
Il n'aimait pas beaucoup les espagnols, et en particulier cette tête de cochon d'Eduardo Villanueva, le seigneur des pirates de la mer Adriatique. C'était une véritable boule de nerfs d'un mètre soixante qui parlait fort avec un accent abominable, et qui ne cessait d'agiter les bras en vous pointant tantôt son flingue tantôt son index sous le nez ! Les quelques fois où il l'avait rencontré avaient suffi à Jack pour le détester définitivement. A chaque fois, il avait eu envie de le faire taire en lui mettant un coup de crosse sur l'arrière du crâne. Rares étaient ceux qui l'avaient énervé à ce point, il n'était pas sujet aux coups de sang d'ordinaire.
En y réfléchissant bien, Villanueva était LA raison pour laquelle il n'aimait pas les espagnols. Ce n'était certes pas juste, mais c'était viscéral.
En attendant, il avait cruellement besoin d'une idée, et la meilleure façon de passer inaperçu… était encore d'attirer l'attention ailleurs.
« Mais où ? Et comment ? » s'interrogea-t-il à mi-voix.
Il scrutait les environs, frénétiquement, à la recherche de quelque chose qui aurait pu l'aider à faire diversion, quand son regard se posa sur un toit de chaume… qui recouvrait un long bâtiment en bois, avec une grande double porte. Une grange…
Il eut soudain une illumination. C'était une idée. Une idée dangereuse et destructrice, mais une idée quand même. Il esquissa un sourire en coin. C'était machiavélique. Pour sûr, pendant ce temps là, il allait être le cadet de leurs soucis…
…
Quelques dizaines de minutes plus tard, on l'aidait à remonter à bord du Black Pearl, tandis qu'une grosse partie de l'équipage avait les yeux rivés sur le port, où un petit incendie s'était déclaré et avait provoqué la panique des habitants.
« Euh… c'était pas prévu, ça, marmotta le jeune timonier, Bill Turner, n'en croyant pas ses yeux.
- Des complications, lâcha Jack, dans un raclement de gorge. Mais je suis le plus fort.
- Je maintiens qu'une attaque en bonne et due forme aurait été plus digne de nous et de la piraterie, interrompit son second, Hector Barbossa, frustré d'avoir dû attendre sagement le retour de son capitaine.
- Non. Une attaque nous aurait envoyé par le fond, mon cher Hector, rétorqua Jack. Et à moins que le trésor de Cortès ne se trouve au fond de l'océan, je ne vois aucun intérêt d'y aller.
- « A moins que » ?! Tu veux dire que tu ne sais toujours pas où se trouve l'or aztèque ?! Tu n'étais pas censé obtenir un indice sur son emplacement ?
- Encore faudrait-il que tu me laisses en placer une ! »
Hector Barbossa était un marin qui avait déjà de la bouteille, et c'était un expert en lecture de cartes marines. Ses compétences en navigation l'avaient hissé au rang de second à bord du Black Pearl. Mais il était d'un naturel impatient, et avait tendance à discuter les ordres de son capitaine et à remettre sa valeur en doute, sans cesse. Mais Jack, bien qu'irrité par son manque de respect, aimait penser qu'il finirait par se calmer une fois qu'il aurait compris qu'il était un bon capitaine. C'est-à-dire, une fois qu'ils auraient trouvé le trésor de Cortès. Comme tout pirate qui se respecte, Hector était attiré par l'or, et il était d'ailleurs parfois prêt à tout pour ça…
L'espace d'une demi-seconde, Jack se demanda jusqu'à quel point Hector était prêt à tout…
Mais cette pensée quitta son esprit aussi vite qu'elle y était apparue. Il sortit de sa poche un petit morceau de tissu et l'exhiba fièrement sous les yeux perplexes des membres de son équipage.
« C'est une île, observa Ragetti, un jeune matelot borgne qui n'avait que la peau sur les os.
- Mieux ! Ceci… est le croquis d'une île, » précisa Jack, comme si ce n'était pas déjà évident.
Exaspéré par les singeries de son capitaine, Hector retint un grognement et esquissa un sourire forcé.
« Oui… mais ça ne nous dit toujours pas où se trouve le trésor ! siffla-t-il.
- Mais, c'est plutôt un bon début, contra Jack. Tout vient à point à qui sait attendre. Je nous trouverai le trésor de Cortès. Après tout, je suis le capitaine Jack Sparrow.
- Plus pour longtemps, marmonna Hector dans sa barbe.
- Quoi ? Qu'est-ce que tu dis ? demanda Jack, qui l'avait entendu marmonner mais qui n'avait pas compris.
- Euh, je disais : et pour longtemps encore, j'espère, corrigea Barbossa, avec un rictus hypocrite.
- Allons, pas de ça entre nous, Hector, ça pourrait faire des jaloux. »
Rangeant le croquis dans sa poche, Jack fit demi-tour et tomba nez à torse avec le maître d'équipage, un ancien esclave, véritable géant noir de deux mètres dix de haut pour un mètre vingt de large, les muscles saillants, chauve, tatoué et clouté, qui n'avait pas de nom mais qui avait une grosse voix, semblant venir des abysses. Il aurait flanqué la trouille à Barbe Noire, lui-même.
Surpris, le capitaine Sparrow se figea dans ses pas et en oublia de respirer.
« Euh… on lève l'ancre ? » gémit-il, un peu comme s'il lui demandait son avis.
Barbossa, qui n'était pas particulièrement d'humeur à suivre le commandement de son capitaine, fut néanmoins tout à fait d'accord pour dire qu'il était temps de mettre les voiles. La comédie avait assez duré ! Il tourna les talons et beugla des ordres à l'équipage, d'une voix de stentor. Il était furieux, ce n'était pas le moment de lui marcher sur les pieds.
Jack, lui, en profita pour contourner le géant, qui n'avait pas bougé d'un pouce et qui le scrutait de ses yeux sévères. A reculons, il rejoignit ses quartiers. Ne jamais tourner le dos à un colosse comme celui-là. C'était une autre de ses devises.
Une fois qu'il fut à l'intérieur, il prit une profonde respiration. Il en tremblait dans ses bottes. Il ne savait plus pourquoi il l'avait engagé celui-là. Il ne savait plus quand il l'avait engagé non plus...
« Va vraiment falloir que j'arrête de boire, un jour, ou dieu sait ce qui pourrait m'arriver, » bougonna-t-il avant d'aller s'assoir à sa table de travail.
…
« Jack Sparrow n'a pas l'intention de partager le trésor avec nous ! clama Hector, en s'adressant aux matelots qui s'étaient tous réunis dans les quartiers de l'équipage, cette nuit-là. Croyez-vous réellement qu'il soit revenu avec un simple dessin sur un bout de tissu ? Non ! Il sait où se trouve le trésor, mais il refuse de nous le dire ! Il le veut pour lui tout seul ! Vous savez tous que j'ai raison ! »
Les pirates approuvèrent par des cris de « ouais ! » et de « aye ! ».
« Non, c'est faux, protesta Bill, surnommé depuis peu « le Bottier » en raison de ses compétences de cordonnier. Jack ne nous ferait jamais ça. Je le connais.
- Ah oui ? interrogea Barbossa, une lueur de malice dans le regard. Mais, le connais-tu aussi bien que tu aimerais le connaitre, Bill Turner ? Combien de fois t'a-t-il menti, par le passé ? Combien de fois t'a-t-il promis de te ramener chez toi, en vain ?
- Et j'ai choisi. J'ai choisi de rester en fin de compte… »
Agacé par sa volonté de ne pas coopérer, le second lui lança un regard d'avertissement avant de cesser de l'écouter et de se tourner vers les autres.
« La vérité c'est que nous sommes ses faire-valoir ! Il se sert de nous pour arriver à ses seules fins ! reprit-il de plus belle. Jack Sparrow est un menteur, et un traitre !
- Et une sacrée poule mouillée, aussi ! ricana Twig, un pirate grand et menu, aux traits durs, et à l'accent écossais.
- Ou plutôt, un « moineau » mouillé, » plaisanta Pintel, un petit gros à l'air patibulaire, aimant jouer sur les mots et glousser avec son acolyte, Ragetti, le borgne.
L'assemblée partit d'un éclat de rire tonitruant qui sembla mettre tout le monde d'accord sur le fait que Jack Sparrow était un mauvais capitaine, et qui mit alors un terme à cette petite réunion « improvisée ».
Bill le Bottier n'en revenait pas. Il venait d'assister, impuissant, à une chose atroce. Il savait très bien ce que ça voulait dire. Il n'était pas pirate depuis très longtemps, mais il savait comment ça fonctionnait. Quand un équipage n'était pas satisfait de son capitaine… il y avait mutinerie. Il voyait clair dans le jeu de Barbossa : il voulait prendre la place de Jack. L'heure était grave, il lui fallait le prévenir au plus vite.
Lorsque tous ceux qui n'étaient pas de quart furent endormis, il tenta de gagner la cabine du capitaine, à la hâte, mais on l'intercepta avant qu'il n'y parvînt. Une main se plaqua sur sa bouche pour l'empêcher de hurler et une autre lui mit un poignard sous la gorge.
Il écarquilla les yeux d'effroi et étouffa un cri.
« Attention… Turner ! souffla la voix d'Hector dans son oreille. Tu ferais bien de ne pas te mêler de cette affaire et de faire ce qu'on te dit. Tu ne voudrais quand même pas qu'il arrive malheur à ta petite famille. Ta douce et « Belle » petite femme… et ton fils, William ! Pense à eux !
- 'u 'euhmmfff ! lança-t-il d'une voix étouffée.
- Ah, tu crois que je bluffe ? Prends le risque ! »
Sur ces mots, il relâcha Bill, convaincu de l'effet qu'il avait sur lui.
« Vas-y. Va prévenir Jack Sparrow ! Et traite-moi de menteur… si tu crois que je bluffe, » ricana-t-il enfin, d'un air mauvais, avant de tourner les talons et de disparaitre dans le ventre du navire.
Il était persuadé que le Bottier ne ferait rien, qu'il ne prendrait pas le risque après une telle menace. Il aimait bien trop sa charmante petite famille pour son bien. C'était sa plus grande faiblesse, et elle était si évidente que c'en était ridicule. Sparrow et lui formaient une belle équipe de bras cassés, pour sûr ! Il fallait que ça cesse ! Le Black Pearl n'avait pas besoin de bons à rien ! Il allait vite y remédier…
En effet, cette nuit-là, Bill le Bottier n'alla pas prévenir son capitaine. Il avait eu trop peur. Il avait du faire un choix : la vie de son amour et de la chair de sa chair, ou la vie d'un ami. Il était terriblement désolé, et ne put d'ailleurs retenir quelques larmes de désespoir.
…
Jadis une vieille croix engloutie
Je suis un tombeau pour celle qui gît
Ne me reconnait que celui qui m'a vue
Je disparais aux yeux des inconnus
Ecumeur des mers, pour me découvrir
Vingt milles il te faudra parcourir
Tournant le dos à la carapace
Là où le soleil renaît mais jamais ne trépasse
« C'est stupide, ça veut rien dire, y a de quoi devenir fou, » grommela Jack, penché sur sa table de travail, deux jours après.
Bill avait choisi de se taire. Ca lui coutait, mais il ne pouvait se résoudre à mettre sa famille en danger, et Jack n'était donc au courant de rien et ignorait tout de ce qui se tramait dans son dos. Une épée de Damoclès pendait au dessus de son crâne, prête à s'abattre sur lui à tout moment, et il n'en savait rien.
Il continuait sa route, tentant en vain de déchiffrer les inscriptions en espagnol qu'il avait trouvées au dos du croquis et qu'il avait dû traduire avant de pouvoir y réfléchir. Une chance qu'il connaissait l'espagnol. Il avait toujours été doué pour les langues et il apprenait vite. C'était son point fort. Il évitait les conflits et préférait négocier, et pour pouvoir négocier il valait mieux savoir parler d'autres langages.
C'était hélas en totale contradiction avec les attentes de son second… Mais Jack ne voulait pas admettre qu'ils étaient définitivement opposés, il préférait garder espoir et se dire que ça finirait par s'arranger, une fois le trésor en main.
La vérité c'est qu'il se sentait de plus en plus différent, et de plus en plus seul aussi… Il ne faisait rien comme tout le monde et ne ressemblait à personne. Il n'était même pas comme son père. Ce dernier était un dur à cuire, qui avait la gâchette facile et qui ne vous laissait pas lui marcher sur les pieds sans vous arracher les yeux. Un peu comme sa grand-mère, qui était une vieille bique cruelle et qui avait tenté de le tuer à maintes reprises. Sans parler de ses oncles et de ses tantes… ça ne valait pas la peine qu'on en discute.
Non, hormis le physique, il n'était pas comme son père…
Il eut une pensée pour sa pauvre mère. Peut-être avait-il hérité d'elle… Mais, il n'aurait su le dire. Il ne l'avait pas bien connue. Elle avait disparu de sa vie bien trop tôt.
Il aimait parfois penser qu'elle avait été une femme douce et aimante… Peut-être même un peu trop douce pour ce monde…
Oui, il avait sans doute hérité d'elle alors.
Il poussa un profond soupir. Il ne savait pourquoi il s'était mis à ruminer tout à coup. Il attrapa la bouteille de rhum qui était posée devant lui et la retourna. Vide.
« Tout s'explique… Y a plus de rhum, » bougonna-t-il de plus belle.
En quittant le port de la Vera Cruz, ils avaient mis le cap sur Tortuga et il lui tardait d'y être. Ils devaient refaire le stock, et il comptait bien profiter de son séjour sur l'île pour se détendre.
Il se cala dans son siège, mit les pieds sur la table, ferma les yeux et esquissa un sourire ravi, à cette pensée. Oh que oui ! Il serait plus à même de déchiffrer cette énigme après avoir refait le plein de rhum et de baisers.
…
ZBAFF !
Jack eut à peine le temps d'apercevoir la donzelle qu'une main s'abattit sur sa joue, lui décrochant presque la mâchoire. Ca n'était pas prévu ça. Il grimaça de douleur avant de se tourner vers la jeune fille, une jolie métisse à la longue chevelure brune, vêtue comme un pirate.
« Anamaria… ! » salua-t-il, en tentant d'adopter un air innocent.
Elle était rapide. Il venait à peine de poser le pied à Tortuga qu'elle était déjà là. L'avait-elle attendue, tapie dans un coin, tout ce temps ?
Elle était furieuse, visiblement. Il ne se demanda pas pourquoi, il savait pertinemment ce qu'il avait fait… ou plutôt ce qu'il n'avait pas fait… ou les deux, en fait. Bouillonnant de rage, elle approcha son visage du sien et le fixa droit dans les yeux, le regard jetant des éclairs.
« Tu avais promis que je pourrais faire partie de ton équipage, et tu es parti sans moi ! aboya-t-elle.
- J'ai oublié… ? »
ZBAFF !
Aïe. Elle avait beau n'avoir que dix-huit ans, elle cognait dur ! Il ne la connaissait que depuis quelques mois, tout juste une année, mais c'était assez pour savoir qu'elle avait un tempérament de feu. Elle était fille de pirate, avait été élevée parmi les pirates et se prenait pour un homme. Mais, malgré son allure de garçon manqué, elle était belle… Jack n'avait jamais osé lui faire des avances, en revanche, tant il avait eu peur de sa réaction. Cette fille, c'était une sacrée histoire, un sacré bout de femme.
Secouant la tête et faisant des petits mouvements de la mâchoire pour vérifier qu'il n'avait rien de cassé, il se tourna à nouveau vers elle.
« D'accord. J'ai menti, avoua-t-il. Ca te va ?
- Pourquoi ?!
- Tu es une fille ! Je ne peux pas t'emmener, Ana ! Pas avec tous ces… pirates… mécréants… je t'assure. Même déguisée en homme, tu es trop… hum… on voit tes… hein ? dit-il, la déshabillant du regard, et mimant des formes féminines, avant de reprendre ses esprits. Tu sais, c'est pas pour rien qu'on dit qu'une femme à bord ça porte malheur. »
Jack eut un mouvement de recul quand elle lui pointa son index fin et chocolaté sous le nez. Elle était loin d'être satisfaite de sa réponse.
« Ce sera pire de ne pas m'avoir ! » menaça-t-elle avant de tourner les talons et de s'éloigner, mécontente.
Faisant la moue, Jack réfléchit à ses paroles durant quelques secondes. Qu'avait-elle voulu dire par là ? Puis, il haussa les épaules et rejeta la pensée dans un coin de sa cervelle avant de se diriger vers la Taverne de la Mariée Fidèle.
A leur tour, les matelots du Black Pearl débarquèrent, un à un, afin d'aller profiter du temps libre dont ils disposaient jusqu'au prochain départ. Seul le géant resta à bord, et Hector Barbossa fut l'un des derniers à descendre. Il s'attarda un peu sur les quais en compagnie de Twig, le pirate écossais et Koehler, un jamaïcain à dreadlocks et à l'air féroce.
« Moi je dis : on tue Sparrow et on lève l'ancre ! proposa soudain ce dernier.
- Nan, pas de ça ! rétorqua Barbossa. Je réserve à Jack Sparrow une fin toute particulière et bien plus cruelle qu'une simple balle entre les deux yeux. De plus, j'ai malheureusement besoin de lui vivant pour un dernier « détail » : il est le seul à savoir où se trouve le trésor de Cortès !
- Et s'il ne veut pas le dire ? » interrogea Twig, inquiet.
Hector laissa échapper un rictus machiavélique.
« Il parlera, affirma-t-il, sûr de lui. Croyez-moi, il parlera ! »
