J'étais douillettement recroquevillée sur moi-même. C'était là une position qui me plaisait de prendre. Je ne m'étais jamais sentie aussi heureuse de vivre, aussi détendue. Tout mon corps était au repos et me semblait léger. Léger comme une plume, comme un soupir. Comme une inexistence. C'était comme si je flottais dans l'air ou peut-être dans l'eau. Je n'avais absorbée aucune drogue, usée d'aucun artifice pour accéder à cette plénitude. J'étais heureuse de vivre. C'était sans doute un bonheur égoïste, surtout en sachant que mon bonheur causerait de la douleur à certains.
C'était ce que je pensais, allongée sur mon lit, regardant le sang se répandre hors de mon corps, sur les draps mauves, cadeau de mon père. Je ne pensais pas à mon père qui me trouverait sûrement morte à son réveil, ni à Edward qui avait tant fait pour moi, ni à mes amis qui seraient peut-être tristes de mon départ.
Non, je pensais juste à mes veines tranchées. Le néant m'attirait vers lui...La douleur était telle que je fermais les yeux et luttais pour rester éveillée. Je n'avais plus la force de bouger, c'est comme si mon corps brûlait de l'intérieur, ça faisait si mal... Mes tempes battaient, ma tête était traversée d'ondes douloureuses. Mes épaules s'enfonçaient dans mon corps, il m'était impossible de faire un geste.
Un moment, la douleur fût si forte que je crus perdre la raison...
Puis ce fût le néant
