Titre : Chien, chat et souris…
Auteur : Myushi
Série : Love Mode
Personnages : Tonegawa Masashi x Kikusui Eita, Aoe Reiji, Aoe Kiichi.
Genre : PG13.
Disclamer : Une première pour ma part sur ce manga et ce genre. Le couple principal (et unique XD) est inventé. Mais nous retrouvons tout de même, en arrière plan, Reiji Aoe et son cher petit frère plein de manipulation, Kiichi.


Chapitre 01 – Nouvelle vie ?

Mercredi 11 février

Cher journal,
La nuit tombe…
La faim se fait ressentir…
Encore une journée infructueuse…
Pourquoi ? Comment vais-je faire ? Tout est si dur ces derniers temps. Alors qu'il y a peu, le bonheur était à ma porte. Joyeux, plaisant. Mais je ne le voyais pas. Je me bornais à continuer dans cette vie de bas étages. Trompant la femme que j'aimais. Oubliant les enfants que j'avais fait. Me pervertissant toujours plus dans des relations adultères. C'est étrange de voir comment les choses se compliquent d'un coup, sans qu'on le voit. Même si au fond, on en a conscience bien avant que cela n'arrive.
Cela fait déjà six mois…
Six longs mois que je suis seul à présent.
Si seul…
Et sans travail…
Mais cela est entièrement ma faute. Si seulement ce jour là…
Oui… Si seulement…
Où en serais-je aujourd'hui ?
Encore dans cette vie de débauche, tromperie et alcool ? Ou me serais-je assagi bénissant les Dieux d'avoir réalisé ma prière intérieure et m'avoir pardonné pour tous ces écarts de conduites ?
Je ne sais pas…
Aurais-je compris la leçon…
J'en doute…
Il est sans doute mieux que tout ait tourné de cette manière. Là, la leçon a été comprise…
Mais quel prix m'a-t-il fallu mettre pour…
Pour…

Une perle d'eau tomba sur la page noircit d'un cahier, troublant quelques mots griffonnés dans la marge. Pardon, seul… mort. D'un geste lent, d'un revers de main, l'homme effaça l'autre perle d'eau qui menaçait de tomber de ses yeux, avant d'absorber l'autre avec un mouchoir qui traînait négligemment sur le bureau, celle qui avait baptisé cette nouvelle page d'écriture. Il posa ensuite ce dernier à sa gauche, avant de reprendre sa plume qu'il avait abandonné le temps d'un instant, troublé, perdu dans un passé douloureux, pour continuer sa confidence à ce journal qui se veut intime.

Cher journal,
Je ne suis pas grand-chose…
Mais beaucoup de chose. Les larmes de la douleur viennent encore me hanter.
La leçon est grande. Cependant la peine qu'elle engendre encore plus.
Le prix était ma famille. Le tribut, leur mort…
Cher journal… Est-ce qu'un jour je me pardonnerai cela ?
Ou vais-je être hanté par eux pour l'éternité ?

Vendredi 13 février

Cher journal,
La faim semble disparaître…
Mais la fatigue est toujours présente…
Il est presque vingt heures et je rentre encore bredouille.
Enfin pas complètement…
C'est étrange…
Oui, étrange…
Aujourd'hui, cher journal, il m'est arrivé quelque de déroutant.
Comme tous les jours, j'arpentais les boites d'intérims pour trouver un travail. N'importe lequel. Recevant éternellement la même réponse : nous n'avons rien qui corresponde à votre profil monsieur…
Rah… Ce que cette réponse peut m'agacer. Mon profil. Mais qui s'en soucis ? Je veux juste un travail. Quelque chose pour m'occuper l'esprit. Mais aussi pour payer mes dettes.
Mais bon, je m'éloigne du sujet…

L'homme posa un instant sa plume et se leva. Avec nonchalance, il quitta son bureau pour se diriger vers une petite cuisine. Là, il se servit un verre d'eau.. L'homme parcourut du regard la pièce, s'arrêtant sur la montagne de vaisselle à faire, mais aussi sur le monticule de déchets. Il lâcha un soupir face à cela, avant de finalement murmurer un : « Il faudrait vraiment que fasse du ménage ici… ». Un autre soupir s'échappa alors que le verre, une fois vidé de son eau, se retrouvait dans le bac à vaisselles, avec ses congénères. Et là, toujours avec la même nonchalance, l'homme regagna son bureau, reprit sa plume, et se remit en tâche de noircir cette page encore trop blanche à son goût.

Aujourd'hui, donc, il m'est arrivé quelque chose de déroutant.
Je l'ai vu…
Elle était là…
Son visage… Ses yeux…
Son expression… Son sourire…
C'était elle…
Mais ce n'était pas elle…
C'était impossible…
Pourtant… Je l'ai vu comme je te vois cher journal.
Sa silhouette avançait devant moi. Ses mimiques je les reconnaissais à chaque pas.
J'avais envie de tendre le bras. L'imposer sur son épaule. La faire tourner et la serrer contre moi.
J'en tremblais presque.
Les Dieux, m'étais-je dit à cet instant, m'ont enfin pardonné. Ils me l'ont redonné…
Mon cœur s'emballait comme jamais. Je me retrouvais adolescent devant mon premier amour.
C'était déstabilisant…
Mon cœur disait fonce, va la chercher…
Ma tête modérait en me disant : regarde mieux… observe… comprends…
Comprendre…
Je compris…
Quelle cruelle douleur que le destin m'offrait…
Quelle punition horrible on me donnait encore…
Elle était il…
Je le comprenais… le voyais…
Elle qui était il disparut alors que je le suivais dans un grand bâtiment…
Désemparé, j'ai noté le nom dans ma tête avec mélancolie : Blue Boy. Et j'ai quitté la scène…
Troublé…
Plus que troublé…

La plume de son stylo fut appuyée un peu plus fort sur la page du cahier. Sa main tremblait. Le souvenir de cette découverte s'imposait à nouveau. Immobile, sans réactivité, la scène se figea un moment ainsi. Seul le mouvement du pendule et le tic-tac de l'horloge animaient la pièce avec la même régularité que celle qu'ils imposaient au temps. Les minutes s'égrainèrent et enfin l'homme se mit en mouvement. Ce fut sa main libre qui passa sur son visage alors que l'autre retirait un peu de pression sur la plume. Un soupire s'échappa alors que la main quittait le visage de son propriétaire et que la plume se remettait en mouvement. Alors qu'offert au vide, un murmure se faisait entendre : « Qu'est-ce tout cela signifie ? ».

Cher journal,
Je ne sais pas si cela est une mauvaise blague ou la réalité…
Je ne sais pas ce que tout cela signifie…
Mais j'ai choisi…
Oui, en cet instant, cher journal, j'ai choisi…
Je ne sais pas ce que sera mon avenir… Si la vie va me redonner une chance de vivre heureux.
Mais je jure que jamais plus je ne retomberai dans mes anciens vices.
Je vais trouver ce elle qui est il.
Je vais lui parler…
Savoir qui il est…
Lui dire pardon, même s'il ne comprend pas…
L'aimer même si c'est un homme…
Oui, je vais faire cela…
Tout cela… Et plus encore…

Cher journal, ce jour qu'on dit maudit sera mon jour de chance…
Ce vendredi treize sera ma nouvelle chance dans la vie…

Cher journal,
Demain je me rends dans ce bâtiment. Je me ferai engager comme…
Comme…
Je ne sais pas encore…
Mais je le ferai et je trouverai ce elle devenu il…
Je le promets… Je le jure !

Samedi 14 février

Cher journal,
Il est tard…
Je meurs de faim… et tombe de fatigue…
Mais je me sens étrangement euphorique. Troublé, mais heureux…
C'est un sentiment étrange…
Un sentiment que je n'avais ressenti de puis…
Depuis…
Oui… quand la fidélité était encore ma raison, l'amour ma passion et ma femme ma maison…
Cela fait si longtemps…
Avec mes enfants avais-je ce ressenti aussi…
C'est étrange…
Ils me semblent étranger en cet instant…
Un simple souvenir…
Pourtant…
Oui… pourtant… ils me manquent.
Je revois mon fils crier de joie quand il avait réussit à nager seul pour la première fois…
Ma fille donner une carrière à sa première poupée en me disant que elle aussi, quand elle serait plus grande, elle serait comme ça…
Leurs sourires…
Leurs regards…
Leurs…

Un soupir s'échappa alors que la plume s'immobilisa. L'homme relut ces quelques lignes et inspira fortement. Il posa sa plume et se leva. Il se dirigea vers le petit balcon et sortit un paquet de cigarettes, des Golden Bat, et s'en alluma une avec toujours cette même nonchalance qui le caractérisait ces derniers temps. Il fixa la vue, observant ces minuscules voitures disparaître ou apparaître à l'horizon. Il resta ainsi un long moment, perdu dans ses pensées, le vent s'égarant dans ses longs cheveux sombres. Cheveux qui avaient été courts un jour. Cependant, par négligence, ils avaient poussé pour lui arriver au niveau des omoplates, un peu plus bas même. Ce fut que lorsque le froid lui tirailla les mains qu'il se décida enfin à quitter son lieu d'observation, pour revenir à son bureau, ignorant les gargouillis de son estomac. N'ayant de toute façon pas vraiment de quoi le remplir. Il se contenta de prendre sa plume, et tout simplement reprendre sa confidence à son journal intime…

Cher journal,
Passons cela…
Aujourd'hui, j'ai avancé…
Comme promis, je me suis rendu dans ce bâtiment. Il était encore tôt. Nul ne semblait vivre en ces lieux. Pourtant ça n'avait pas arrêté ma détermination.
Non, je suis monté à l'étage où étaient indiqués les bureaux du propriétaire des lieux.
Ce fut plus facile que je ne l'avais pensé.
Personne pour troubler ma détermination…
C'était étrange…
C'était comme si quelque chose avait fait en sorte que j'arrive à ce bureau…
Ou était-ce simplement un coup de chance…
Pour une fois depuis…
Qui pouvais vraiment le dire ?
Je ne sais pas…
Mais ce que je sais, c'est que je suis arrivé à ce bureau.
A la porte de ce dernier, j'ai cogné…
Je me suis surpris à sursauter devant la résonance du coup sur le bois.
Pourtant, il fut minime comparé à la crainte qui se développa en moi lorsque la voix s'éleva.
Je dois avouer que j'ai failli, en cet instant, manquer à ma parole et faire demi tour. Mais il n'en fut rien, je pris mon courage à deux mains…
Je ne l'avais pas fait depuis si longtemps…
Et je suis entré, après autorisation, dans ce bureau imposant, alors que je n'avais même pas vu son intérieur.
Là, cher journal, mon regard est tombé sur un homme assis derrière son bureau, brun, au regard glacial. Tout cela ne me semblait pas engageant. Je fus surpris une nouvelle fois en sentant mes jambes trembler.
Heureusement ce n'était pas visible…
Mais cela me montrait ô combien j'étais nerveux.
Et là, à mon regard, non… ma pensée, une image s'imposa.
L'image de Elle en lui…
Ce fut mon essence pour mon moteur un peu rouillé…
J'ai fait un pas, puis un second, et… je n'en suis plus trop sûr, mais je me suis incliné également.
C'est un peu fouillis dans mon esprit, mais je me souviens de cette voix glaciale qui s'était imposée.
Des regards qui s'étaient croisés.
De mes poings qui étaient si serrés que le sang n'affluait plus.
Oui, je m'en souviens parfaitement. C'était comme une montée d'adrénaline. Une motivation encore plus forte.
Me faire embaucher par cet homme si imposant.
Lui prouver mes compétences…
Un véritable défi…
Un défi qui cachait une autre volonté…
Mais cela était un précieux secret que je n'ai pas révélé…

L'homme lâcha sa plume et leva ses bras afin de s'étendre. Ses muscles lui faisaient mal. Mais ça lui procurait un certain sourire. Une joie de se sentir vivant… Même s'il ne s'en rendait pas compte. Après cet étirement, le brun se leva et se dirigea vers la cuisine. Il mourrait de faim. Il était temps de manger un peu. Il se mit alors en quête de nourriture, fouillant les deux placards qui se situaient à gauche de l'entrée de la pièce. Mais il ne trouva rien. Il fouilla alors celui au dessus de l'évier, toujours rien. La recherche dans le frigidaire se révéla tout aussi infructueuse. Un soupire las s'échappa alors qu'il revenait vers l'évier afin de nettoyer un verre. Verre qu'il remplit aussitôt d'eau, décidant de remplir son estomac avec la seule chose qu'il avait encore et qui semblait, pour le moment, sans limite.

Il but donc ainsi deux, trois… six verres d'eau d'affilée avant de se sentir enfin rassasié. Il savait cela éphémère. Mais pour le moment, il s'en contentait. Ayant terminé ce qu'il avait à faire, il passa la main dans ses cheveux pour les repousser vers l'arrière. Certaines mèches avaient la fâcheuse habitude de tomber sur ses yeux - salissant ses lunettes qui aidait son regard trop clair pour être totalement japonais à ne pas trop se fatiguer - et se dirigea vers son bureau afin de continuer son récit de la journée, comme chaque jours depuis un certain temps maintenant… Il s'installa alors sur sa chaise, reprit sa plume et son histoire…

Je me souviendrai toujours des premiers mots de ce patron froid et glacial.
Il avait soufflé avec autorité : « Qui êtes-vous ? ».
Je me souviens lui avoir répondu : « Quelqu'un qui veut travailler pour vous. ».
Je m'étais surpris…
Cette journée devait être dédiée à ce sentiment…
Car j'étais vraiment surpris de l'aplomb de ma réponse.
Jamais je n'aurais cru cela de moi. Pourtant, je le fis, et je renchéris sans même hésiter.
Je lui avais dis : « Je sais que je ne paie pas de mine actuellement. Que d'autres doivent être plus méritant. Mais je suis certain qu'ils n'ont pas ma détermination. Je vais travailler dur pour vous. Je ferais tout pour honorer votre nom et le nom de votre société. Donnez moi une chance et vous ne serez pas déçu… ».
Je tremblais comme jamais.
Craignais la réaction de cet homme…
D'où sortaient ces mots ?
Comment avais-je pu dire cela ?
J'ai voulu m'excuser mais…
Mais je n'en ai pas le temps…
Cet homme… Reiji Aoe si je me souviens bien de la pancarte sur la porte de ce dernier… prit la parole…
Me coupa dans l'élan me posant deux simples questions : « Que connaissez-vous de Blue Boy ? Et qu'êtes-vous prêt à faire ? ».
Je ne compris pas la question.
Ce qu'était le Blue Boy ? Ce qu'il était prêt à faire ? C'était des questions étranges à mon sens…
Je dois avouer que je n'avais pas cherché à savoir ce qu'était cette société.
Imaginez ma surprise quand je découvris, après quelques questions, que c'était une société pas vraiment commune.
Blue Boy, cher journal, n'est rien d'autre qu'un club de rencontres…
Ou devrais-je dire d'hôtes…
Perdu, troublé, je rendais compte que je venais de me proposer comme hôte.
Moi… En hôte…
Quelle cruelle ironie que me faisait le destin…
Moi qui avait tout perdu pour cause de tromperie et de vie immorale, je me retrouvais à chasser le visage de ma femme, dans un club d'hôtes, offrant les services de mon corps pour regagner un amour perdu…
Je suis resté muet, comme déconfit…
Ce que Aoe dut voir, si je considère les mots qu'il me dit en cet instant : « Se proposer pour du travail sans savoir où l'on met les pieds. C'est une preuve de stupidité plus que flagrante. Je n'ai pas de temps à perdre. Veuillez quitter les lieux immédiatement. ».
Ces mots eurent l'effet d'un glas sur moi.
Je ne pouvais pas partir comme cela. Il n'en était pas question. Il y avait cette promesse que j'avais écrite hier. Mais surtout cette volonté de retrouver cette personne au visage de mon passé.
J'étais plus que déterminé.
Qu'importe ce que je devais faire…
La punition, je l'acceptais…
Il me fallait ce travail.
Pour moi… Pour mon avenir… Pour cet espoir qui naît en moi de jour en jour…
J'ai fait alors un pas… Un autre… Puis j'ai imposé mes mains sur le bureau du patron.
Cher journal, j'étais mu d'une émotion qui ne me permettait pas de reculer.
Je voulais ce travail…
Aussi étrange qu'il soit…
Je le désirais totalement…
J'ai alors fixé l'homme droit dans les yeux, et avec résolution, je me suis exprimé comme jamais : « Je ne suis pas une lumière, c'est vrai. Je suis entré dans ce bâtiment car je le voulais. Je voulais travailler ici. Et si pour ça, je dois être un hôte. Je le ferais. Ce n'est pas comme si j'étais innocent dans ce domaine ! ».
Je me surpris encore une fois à rougir.
J'étais entrain de dire à cet homme plein de froideur que j'acceptais de vendre mon corps.
Ô il m'avait bien expliqué que souvent cela se résumait plus à de l'accompagnement. Mais il avait aussi souligné la spécialité de la maison. Et surtout ce qui peut se passer après un rendez-vous plaisant. Ou tout simplement que la location était pour une chose précise… Le sexe.
Aoe Reiji s'était montré plus que clair sur tout cela. Pourtant, je venais de me vendre.
Accepter tout cela…
Cher journal, jamais je n'aurais songé faire cela. Mais aujourd'hui, je suis hôte au Blue Boy.
Bien sûr, il n'avait pas voulu m'embaucher.
Il ne semblait pas avoir confiance en moi.
Comment pourrais-je le blâmer ? Je n'ai même pas confiance en moi-même…
Mais là encore, le destin vint à ma rencontre, sous la forme d'un autre homme.
Le frère de Aoe Reiji, si je me référais à leur discussion…
Ce dernier était rentré sans avoir frappé, ce qui me confondit, mais me sauva des mots que s'apprêtait à me dire Aoe Reiji.
Je l'ai alors fixé puis j'ai fixé le patron des lieux.
Ce dernier semblait blasé.
Silencieux, je suis resté en retrait.
Je ne tenais pas plus que cela à me faire remarquer devant cet homme à l'énergie démesurée.
Je pus alors entendre qu'un certain chaton attendait son propriétaire. Et qu'un gâteau aussi.
Que ce n'était pas bien de se faire désirer de la sorte par une âme aussi innocente.
Je me suis demandé, cher journal, quel genre de frère était cet homme…
Et hélas ou pas…
Cela dépend du moment et du point de vu…
J'ai eu ma réponse…
Car l'homme se tourna vers moi, semblant me remarquer…
Non en fait ce n'était pas ça…
J'ai eu comme un frisson dans le dos…
C'était comme si ce type savait pourquoi j'étais là.
Ce qui était impossible…
J'ai reculé d'un pas…
Mais ce ne fut pas assez. Car l'homme avait presque accouru jusqu'à moi et avait saisi ma main me souhaitant la bienvenue comme si …
Comme si…
Comme si… En fait je ne sais pas…
Cet homme me mettait mal à l'aise…
Je m'entends encore lui dire qu'il y a erreur. Qu'en aucun cas, Monsieur Aoe m'avait embauché.
Mais cela sembla être dit dans le vide. Car ma main fut lâchée et l'homme alla vers son frère et reprit la parole.
Je pus encore entendre leur discussion. Cet inconnu informa son frère qu'il avait bon goût. Que je plairais à certains types de clients.
Je n'ai pas vraiment apprécié cela. Etrangement, cela me mettait dans l'embarras. Ce gars me mettait vraiment mal à l'aise.
Il enchérit en disant qu'en ce jour de Saint Valentin, il se devait de se montrer généreux. Cela procura au patron des lieux un grognement d'agacement. Et là, il me fixa.
Je ne m'en rendis pas compte tout de suite.
Le mot Saint Valentin avait résonné dans ma tête comme une sonnette douloureuse.
Réalisant que je partais dans mes sombres pensées, je suis revenu à la réalité.
Et là…
A ce moment précis…
Je vis ce regard…
Cher journal, là, je crus que c'était fini. Cet inconnu avait réduit à néant mes chances de me faire embaucher. J'en étais persuadé.
Mais à ma grande surprise, Aoe Reiji m'informa de venir lundi à la première heure pour mettre en règle certains papiers et signer le contrat. Puis il m'informa de partir, sans oublier de me demander mon identité.
Dans tout cela, j'avais oublié cette chose aussi simple que de se présenter.
J'ai rectifié ce détail en m'inclinant et me présentant sur le champ.
« Tonegawa Masashi. » Lui avais-je dit. « Merci pour votre confiance. ».
Je n'ai pas attendu plus longtemps. J'ai quitté le bureau assez rapidement, remerciant quand même, en m'inclinant à nouveau devant l'inconnu étrange.
J'ai préféré ne pas entrer plus dans les détails cher journal, mais au moins, aujourd'hui, enfin, j'ai un travail.
Il n'est pas ce que j'envisageais…
Je ne suis pas un homme de genre…
Mais pour trouver ce visage…
Pour le séduire… l'attraper… lui parler… m'excuser…
Pour ce visage…
Cette femme devenue homme…
Je suis prêt à rentrer dans cette vie…
Changer…
Pour le meilleur mais aussi le pire…
Ce que j'avais oublié alors que je l'avais encore…

Lundi 16 février

Cher journal,
C'est le matin…
J'ai toujours aussi faim…
Mais je sens que cette sensation va bientôt me quitter.
Aujourd'hui, la neige est tombée.
Comme le décor est attirant… brillant…
Je remercie la nature de m'avoir offert cette ornementation pour mon premier jour.
Etrangement, je n'ai pas froid…
Je n'ai pas peur non plus…
Cher journal,
Aujourd'hui, débute ma nouvelle vie…
Je prie pour ne pas la gâcher comme ma précédente vie…

Masashi laissa sa plume sur le côté du bureau, ferma son journal. Il fixa un instant la fenêtre. Un fin sourire se dessina sur son visage, alors qu'il enfilait un long manteau noir qui tombait au niveau de ses mollets. Une écharpe encore blanche vint accompagner ce dernier et une paire de chaussures cuivrées, noires également. Chaussures qui n'avaient pas été mises depuis un moment déjà. L'homme posa son regard sur son journal, avant d'ouvrir la porte et sortir. Ses cheveux attachés en queue de cheval rythmaient la cadence de ses pas, alors que déterminé, il se dirigeait vers le Blue Boy, avec le secret espoir de voir elle devenu lui… Ce visage du passé, mais également du futur…

A suivre...