Contexte : Concours « MILF & DILF Contest »
Disclaimer : Les principaux personnages appartiennent à Stephenie Meyer, seule l'histoire a été créée par mes soins...
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Un immense merci à tous ceux et celles qui ont voté pour moi et m'ont laissé ces PM et reviews si sympas…
Il s'agissait de ma première fiction chez FF, donc vos remarques et vos encouragements m'ont été précieux… D'ailleurs, j'en ai fait bon usage, comme vous pourrez le constater !
Un immense merci également à DAMN-ADDICT-LEMON qui a organisé ce concours, avec ce thème qui a boosté mon inspiration… (C'est un euphémisme les filles, j'ai démarré 2 autres fictions à cause de votre DILF… Du coup, je ne sais plus où donner de la tête ! Cela va mal se terminer, tout cela !)
Cet OS a fini 2nd grâce à vous tous. Le voici donc, un peu remanié et annoté, suite à quelques demandes… Et en 2 chapitres, car il commençait à devenir trop long !...
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Ah j'oubliais !...
Comme vous avez été plusieurs à demander une suite, il me semble, qu'au-delà des mots, la meilleure manière de vous remercier c'est de l'écrire… Donc je m'y attelle !... A très bientôt…
En espérant, que cela vous plaise toujours autant…
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- Mais enfin, il doit bien y avoir une possibilité? Une issue ? Dis-je en soufflant nerveusement.
- Non Mademoiselle, ce sont les procédures d'urgence de sécurité.
- Mais c'est terminé depuis plus de deux heures, nous devons être les seuls à ne pas avoir été évacués !
- Je suis désolée Mademoiselle, je ne fais qu'appliquer les consignes de sécurité, continua imperturbable le responsable de notre captivité.
- Et s'il y a une urgence sanitaire ou autre, comment faîtes-vous ? Lui demandai-je en me tordant les mains fébrilement.
Il regarda mes mains, puis mon visage d'un air suspicieux.
- Avez-vous une maladie cardiaque ?
- Non
- Une maladie respiratoire grave qui requiert des soins particuliers ?
- Non !
- Une autre maladie qui nécessiterait la prise impérative de médicaments dans les prochaines heures ou l'évacuation urgente de ces locaux ?
- Non, répondis-je avec lassitude, en exhalant un soupir.
- Bien, dans ce cas, je vous engage à vous asseoir avec les autres personnes et à attendre patiemment que la situation se clarifie. Nous ne manquerons pas de vous tenir informée.
- Peut-on au moins savoir approximativement quand vous envisagez notre évacuation définitive ? Tentai-je d'un ton pondéré, qui ne tenait pas compte de ma nervosité croissante.
- Cela ne dépend pas de moi mademoiselle, mais des unités de secours qui sont actuellement en place et nous donneront le feu vert quand tout risque aura été écarté. Vous êtes ici en sécurité et c'est le principal, non ?
Je soupirai de frustration. Je n'obtiendrai manifestement aucune autre information du responsable de la sécurité…
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Je retournai m'asseoir dans un espace que j'avais avisé quelques minutes auparavant.
Il semblait un peu plus affranchi de la masse sombre dénombrant la centaine individus, qui avaient été piégés, comme moi, en début d'après-midi, alors qu'ils parcouraient les salles des imposants squelettes de dinosaures du Musée d'Histoire Naturelle du Comté de Los Angeles.
J'étais dans la rotonde, concentrée sur un superbe spécimen de tricératops, en dépit du brouhaha orchestré par une quarantaine d'écoliers surexcités, quand la première secousse s'était manifestée.
Tout était alors allé très vite. Les séismes étaient courants dans cette région et les plans d'urgence bien rodés afin d'assurer la sécurité des visiteurs et du personnel.
A défaut d'avoir bénéficié d'une extraction du bâtiment, nous avions été dirigés diligemment vers une salle de repli sécurisée, qui assurément n'était destinée qu'à cet usage, si on en jugeait par l'aménagement et les installations de survie qu'elle comportait.
Et c'est ainsi que depuis deux heures, je subissais extrêmement tendue, la valse lente des personnes qui espéraient impatiemment leur délivrance, les piétinements et les cris des enfants fatigués de cette attente interminable et les réflexions tantôt acerbes, tantôt angoissées de certains adultes confinés dans la pièce.
J'étais légèrement claustrophobe depuis plusieurs années… Et accessoirement anthropologue depuis quelques semaines ! Mais ce n'étaient certainement pas des motifs suffisants aux yeux du chef de la sécurité pour être évacuée d'urgence !
Alors, dire qu'en cet instant précis, j'aurais préféré la compagnie des squelettes muets vieux de quelques millions d'années à celle des spécimens vivants qui m'entouraient était un euphémisme !
Afin de m'occuper l'esprit et calmer mon anxiété, j'extirpai pour la énième fois ma tablette numérique de mon sac, constatant à nouveau, avec regret, qu'aucune couverture n'était encore effective et décidai d'écrire un message préparatoire à mon directeur de recherches.
Trouver les mots n'allait pas être évident, pensai-je avec lassitude et tristesse…
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Je ne l'entendis pas tout de suite arriver, absorbée par la rédaction de mon message, mais j'entendis assez rapidement sa musique, qui dans mon cas n'eut pas le mérite d'adoucir les mœurs.
- Tu n'as pas des oreillettes ou un truc de ce genre à mettre pour écouter ce… bruit ? Interpellai-je froidement le jeune garçon qui était venu s'installer à mes côtés.
Il me regarda étonné, mais nullement troublé.
- Non, mon grand-père ne veut pas, il dit que c'est mauvais pour les oreilles. C'est un otorinologue ! Ajouta-t-il fièrement.
- Un oto-rhino-laryngologiste le repris-je machinalement d'un ton d'enseignante, tout en observant avec méfiance le flux des personnes qui ne cessaient de se déplacer dans la salle et semblaient s'avancer un peu plus dangereusement vers moi.
- Wow tu le connais ?
- Qui ? Demandai-je, le visage perdu
- Ben, mon grand père !
- Non, je ne suis pas d'ici !
- Tu es d'où ?
Je contemplai atterrée ce garçonnet de dix ans environ qui tentait de me faire la conversation.
- Chicago, dis-je en serrant les dents.
- Wow c'est super ! Moi j'ai lu toute l'histoire d'Al Capone et d'Eliot Ness…
Je grimaçai, ce garçon n'avait-il donc pas de parent pour venir le distraire ou s'occuper de lui ?
Je décidai de l'ignorer en me replongeant dans l'écriture de mon message initial.
- Elle est super ta tablette !
- Tes parents ne t'ont jamais expliqué qu'il était mal élevé d'espionner les gens ou de les déranger quand ils faisaient quelque chose de sérieux ?
- Oh ! Tu fais quoi de sérieux ?
- Cela ne te regarde pas ! Répondis-je irritée et déstabilisée par la question.
- En tout cas, c'était pas du bruit que j'écoutais, c'est le plus grand groupe de rap de tous les temps, précisa-t-il après un silence.
Je levai les yeux au ciel, tout en décidant de me lever tout court, afin de trouver un endroit plus tranquille pour m'isoler et conclure ce malheureux message qui me mettait les nerfs à fleur de peau, à moins que ce ne soit ce refuge inquiétant, ou cette situation invraisemblable, ou encore la tournure que venait de prendre ma vie toute entière...
Je rassemblai mes affaires, quand ma tablette glissa au sol, affichant quelques photos de mes dernières recherches.
- Wow c'est quoi tout cela ? S'exclama le petit brun en se saisissant de la tablette et en y posant ses doigts.
- Ne touche pas à cela, hurlai-je furieuse.
Le garçon me regarda interloqué, et me rendit, penaud, l'objet du délit, dont je me saisis vivement, encore plus furieuse après moi-même d'avoir houspillé un gamin qui ne faisait rien de mal finalement et devait se sentir vraisemblablement un peu seul et inactif dans tout ce bazar.
Bon sang, que m'arrivait-il ? Je devais absolument sortir de cette salle avant de devenir incontrôlable ! Prendre cet avion qui ramènerait chez moi et tirer un trait sur toute cette histoire…
- C'est quoi votre problème ?
Je haussai les yeux vers un homme élancé, aux cheveux cuivrés, que j'aurai sans doute trouvé séduisant en temps normal, si son regard vert commando n'avait décidé de me fusiller sur le champ ! Et de me pousser à franchir les dernières limites du seuil de tolérance que je m'étais imposées, en cette journée catastrophique…
- Et vous ? Quel est le vôtre, je vous prie ?
- Mon problème à moi, cingla-t-il, les yeux emplis de colère, c'est que vous êtes en train de bousculer un jeune garçon, qui a probablement déjà été ébranlé par l'expérience sismique de tout à l'heure et qui ne cherche qu'à se rassurer en tentant d'établir un dialogue avec un adulte. Mais il est clair que le concept d'adulte doit vous échapper !
- Je vous rassure, il est tout à fait d'attaque et absolument pas ébranlé, le défiai-je, ignorant délibérément sa remarque.
- Qu'en savez-vous ? Il semble manifeste que vous n'avez pas fait carrière en tant que psychologue !
- Vous êtes son père ? Demandai-je furieuse, car si c'est le cas je ne saurais trop vous conseiller de le rassurer vous-même ! Croyez-moi, il n'y a rien de tel qu'un parent investi au lieu d'un simple inconnu pour établir un dialogue réconfortant !
A la vue de son regard meurtrier, je compris avec satisfaction que ma petite tirade avait eu son effet, et décidai de donner l'estocade finale, avant de partir me replier ailleurs très prestement :
- Et si par la même occasion, vous pouviez lui inculquer quelques règles élémentaires de politesse, cela ne manquerait pas d'étoffer votre image paternelle !
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J'étais assise par terre depuis vingt bonnes minutes à écouter, bien malgré moi, les problèmes de santé du chiwawa de ma voisine, quand ma jeune victime brune s'approcha...
Oh pitié non, que tout cela s'arrête…
Le garçon s'était posté face à moi et se balançait d'un pied sur l'autre, mal à l'aise.
Tout à coup, l'évocation d'une sorte de Rambo aux yeux verts, armé jusqu'à ses cheveux en bataille, se glissa insidieusement dans mon esprit. Je regardai rapidement autour du jeune garçon, afin de vérifier si l'ombre de son père ne planait pas derrière lui, mais apparemment il était seul…
- Je m'excuse pour tout à l'heure.
Je l'examinai en haussant les sourcils.
- C'est ton père qui t'a envoyé me voir ? L'interrogeai-je suspicieuse, continuant à inspecter méthodiquement les parages.
- Mon père ?
Il ouvrait des yeux immenses comme si j'étais une hallucination.
- Oh tonton Eddy ! Reprit-il en comprenant. Non c'est pas lui ! Il était vraiment furieux après toi ! Je crois que c'est la première fois que je le vois aussi en colère depuis qu'Alice nous a tous teint les cheveux en bleu ! Ajouta-t-il en riant.
- Ah ! Dis-je d'un ton neutre, ne comprenant pas ce que ce garçon cherchait.
- Mais peut-être que c'est quand même mon père qui m'a envoyé…
Je relevai à nouveau les yeux vers lui, me demandant où il voulait en venir et scrutai aussitôt soucieuse les alentours, afin de parer l'attaque d'un colosse brun présentant les mêmes traits que le garçonnet…
- Maman dit toujours que papa nous influence sûrement en bien de là où il est.
Je ressentis soudain un léger malaise lié à une étrange mauvaise intuition.
- Elle dit que c'est sa manière de nous parler depuis les étoiles…
Malaise qui se transforma en sentiment affreux de culpabilité, réalisant que cet enfant avait, de toute évidence, perdu son père. Je comprenais mieux la signification du regard assassin de son oncle quand j'avais parlé d'image et d'investissement paternels.
- Alors tu m'excuses ?
- Excuses acceptées, lui répondis-je avec le plus beau sourire que j'avais en réserve.
- Super ! Je peux m'asseoir à côté de toi alors ?
Zut ! Comment me débarrasser du problème ?...
- Heu…Tu sais, je ne suis pas très intéressante… Tu ne préfères pas aller bavarder avec les autres enfants que je vois là bas, qui ont l'air de bien s'amuser ?
- Tu plaisantes ! J'ai parié avec Maggie que j'arriverai à montrer tes photos à Rosalie.
Quoi ? Ce gamin venait de me manipuler ou je me faisais des idées ?...
- Pardon ? Lâchai-je stupéfaite.
- Tu sais les photos bizarres que tu as sur ta tablette. Elles sont trop stylées !
Afin de modérer mes propos, je tentai de me souvenir que ce garçon n'avait plus de père, un oncle possiblement belliqueux à ma poursuite et une meute de petites têtes pouvant potentiellement envahir mon espace vital. Ce qui devait m'amener à me montrer pondérée et astucieuse.
J'inspirai fortement.
- Comment t'appelles-tu ?
- Emmet
- Bien Emmet. Je peux te dire un secret ?
- Oui, dit-il, la pupille brillante, comme si j'allai lui montrer le Saint Graal.
- Ces photos sont…spéciales, elles n'ont jamais été publiées, mises sur le Net, si tu préfères, ou ailleurs…
- Wow ! Vous êtes une sorte de journaliste détective secret ? Me demanda-t-il, le regard empli de surexcitation, alors que je notais, au passage, que le respect avait induit le vouvoiement d'Emmet pour la première fois…
- Non ! Ne pus-je m'empêcher de rire, je ne suis qu'anthropologue, mais il faut que…
- Wowww ! Me coupa-t-il encore, les yeux écarquillés, comme si je venais de lui révéler le nom d'une nouvelle espèce vivante.
- Maggie, Rosalie, Angela, Leah venez, cria-t-il haut et fort, en se retournant vers la salle comble.
Je sursautai brusquement, tétanisée dans mon élan…
Non, il n'allait tout de même pas faire rappliquer toute la bande…
Avec effroi, je vis malheureusement s'approcher trois petites brunettes suivies de près par une menue blonde.
Je repensai avec un sourire amer à mon père qui détestait les chats, mais qui avait pourtant un don singulier à les attirer, ceux-ci ne manquant jamais de venir se frotter contre ses jambes raidies par l'aversion, comme s'ils voulaient le narguer ou le provoquer.
Moi, c'étaient les enfants que je fuyais, et qui avaient pourtant une propension étonnante à venir tourner autour de moi… Pas de doute, l'atavisme avait fait son œuvre, mais d'une manière détournée…
Je détaillai rapidement la pièce afin de distinguer un endroit calme et miraculeux où j'aurai pu m'enfouir, à défaut de m'enfuir, mais c'était peine perdue…
Inconsciemment, je resserrai vivement mes doigts sur ma tablette numérique, comme si elle possédait des vertus prophylactiques ou magiques, qui auraient pu exorciser les petites mains fouineuses…
- Tu as peur ?
- Pardon ?
Je contemplai la jeune fille brune qui m'avait interrogée et me fixait de ses immenses yeux calmes et inquisiteurs.
- Non, bien sur que non ! Certifiai-je d'une voix que je voulais assurée.
Ces enfants étaient vraiment redoutables !
- Maman dit qu'on trouve toujours à faire quelque chose d'inutile et de ridicule quand on a peur… Répliqua-t-elle en épiant mes mains crispées sur la tablette.
Bon sang, étaient-ils tous aussi effrontés… Et où étaient leurs parents ?
- Et ta maman ne t'a jamais dit qu'il était dangereux de parler avec des inconnus ? Ripostai-je d'une voix sourde et menaçante, afin de me débarrasser de la fillette.
Et à ce propos, vos mères ne sont pas là ? Demandai-je irritée, évitant tout de même le mot « père » par égard pour Emmet.
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Ils me regardèrent tous les cinq étonnés, comme si j'étais simple d'esprit.
- On fait partie du groupe de visite de l'école. Il n'y a juste que quelques parents qui accompagnent. Mais toi, ça se voit que tu ne dois pas faire partie des parents accompagnateurs ! M'expliqua l'autre petite brune.
- Non, en effet ! Répondis-je d'un ton sec.
Et je vous engage à vite aller les retrouver, plutôt que de vous amuser à importuner des personnes qui n'appartiennent pas à votre groupe. Cela devient lassant et pénible…
Un voile passa sur le visage de celle qui se prénommait Maggie, la brunette aux grands yeux sombres, ainsi que sur celui d'Emmet.
- Viens Maggie, fais pas attention à ce que dit la dame elle n'aime pas les enfants ! Lança la blondinette.
Une boule douloureuse se forma dans mon ventre et j'inspirai plus fortement afin de balayer les ombres passagères qui étaient revenues me hanter. Est-ce que j'avais vraiment perdu le pouvoir d'aimer les enfants ?
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- C'est pathologique ce rejet systématique des enfants ou c'est juste un exutoire malsain lié à la situation présente ?
Il ne manquait plus que lui ! Le criquet vert de ma conscience ! A croire qu'il avait une connexion directe avec mon esprit !
- Vous manquez d'à propos ! Ils viennent de partir, lui dis-je d'un ton las.
- Et cela vous étonne ?
- Ecoutez Monsieur, je conçois que la situation soit désagréable pour tout le monde, mais ces enfants sont en roues libres depuis un petit moment et ne se montrent pas particulièrement agréables. Est-ce trop demander que leurs accompagnateurs les canalisent et qu'ils nous laissent en paix, en attendant de pouvoir sortir de cette... cellule ? Décrétai-je d'une voix dure.
- Quel dommage d'être aussi aigrie à un âge aussi si jeune !
- Je ne suis pas aussi jeune que cela, grommelai-je, mon physique me manipule !
- Je ne parlais pas de votre physique, mais plutôt de votre comportement !
- Pour qui vous prenez-vous ? Qu'est-ce qui vous permet de me juger aussi hâtivement ? Explosai-je rageusement.
La journée avait mal commencée et indubitablement elle s'achevait aussi mal…
Je venais de parcourir près de 3000 kilomètres pour arriver, durant la matinée, dans ce musée, où mes espoirs avaient été réduits à néant devant le refus obstiné du Responsable du Département Archéologie et Anthropologie à examiner mes travaux de recherche…
Et maintenant, je finissais enfermée dans un local de fortune, suite à une secousse sismique, entourée d'une horde de gamins envahissants et d'adultes hostiles. Que pouvait-il m'arriver de pire à présent ?
La réponse ne se fit pas attendre…
Je sentis tout à coup le sol tressaillir sous mon corps et les murs se remettre à vibrer énergiquement.
-Oh mon Dieu, c'était quoi cela ? Paniquai-je.
- Il y a des répliques parfois.
- Des répliques ?
- Des secousses moins importantes qui succèdent au séisme initial, si vous préférez… Expliqua-t-il d'un ton peu amène.
- Oh mon dieu, je croyais que les secousses étaient terminées depuis plus de deux heures…
- Réfléchissez ! Si c'était vraiment terminé, nous aurions déjà été évacués !… Me répondit-il d'un ton sec.
Je tentais de faire le tri dans ma tête qui menaçait d'imploser, terrassée par des vertiges et une migraine effroyable. J'avais atteint mes limites. Et je sentais les murs dangereusement se rapprocher, vaciller autour de moi, tout devenait confus, trouble, lointain…
- Hey, vous allez bien ? Me demanda le criquet d'une voix inquiète en se penchant sur moi.
- C'est si évident que cela ? Bredouillai-je avec une pointe de sarcasme.
- Vous n'êtes pas d'ici, n'est-ce pas ? S'enquit-il la voix radoucie.
- Non, répondis-je faiblement.
- C'est toujours un peu impressionnant la première fois, mais ne vous alarmez pas, tout est sous contrôle et le séisme est de petite magnitude.
- Voilà qui me rassure, en effet ! Marmonnai-je avec anxiété.
- Détendez-vous, tout va bien se passer…
Et pour conforter cette prédiction optimiste, l'homme fit une annonce qui eut le mérite de m'alarmer d'avantage :
- Charlotte, Maggie, Alec, Jane, revenez auprès de moi s'il vous plaît… Toi aussi Emmet…
Il faut que je regroupe ma famille, m'indiqua-t-il d'un ton espiègle…
Je l'avais entendu épeler à haute et intelligible voix cette salve de prénoms sans vraiment y croire.
- Ils sont tous à vous ? Bafouillai-je atterrée.
Il me regarda amusé, une lueur joueuse dans les yeux.
- En fait, j'en ai encore deux autres à la maison !
Devant mon air ébahi, il ajouta en riant :
- Désolé, je n'ai pas pu m'en empêcher ! Vous semblez avoir un instinct maternel si développé !
J'étais à l'instant présent incapable de croiser le fer avec lui, totalement assommée par cette succession d'évènements qui avaient rythmé chaotiquement ma journée.
Face à mon silence improbable, il continua avec un sourire en coin mutin :
- En réalité, une seule m'appartient dans le lot !
Le petit brun, dont avez fait la connaissance et qui tire la queue de cheval de la jolie blonde, à juste titre énervée, est mon neveu Emmet.
Et la petite brune qui saute à pieds joints sur les dalles de couleur noire est sa sœur Maggie.
Les deux jumeaux Alec et Jane qui martyrisent, sans en avoir l'air, ce pauvre homme qui essaye de lire son guide touristique, sont les enfants de ma sœur cadette.
Et la fillette aux cheveux bouclés, qui nous regarde avec ce sourire angélique, est Charlotte, le petit démon qui embellit ma vie de tous les jours ! Conclut-il en tendant un index dans sa direction.
- C'est terrifiant comme description ! On dirait une sorte de famille Adams ! Soulignai-je moqueuse et déroutée.
Il éclata de rire, tandis que les enfants s'avançaient vers nous.
- Vous ne croyez pas si bien dire !
Mais curieusement, malgré cette présentation quelque peu singulière, je me sentais en terrain plus stable et moins sur la défensive, même lorsqu'ils s'assirent tous en tailleur à mes côtés…
- Vous allez mieux ? Ou préférez-vous qu'on vous allonge ? Suggéra-t-il prévenant.
- Non, je vous remercie, répondis-je vivement.
Je m'étais suffisamment humiliée pour la journée…
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Je l'observai s'occuper de toute cette fratrie depuis quelques instants et il semblait être parfaitement dans son élément. J'avouais que cela forçait mon admiration de fille unique, issue d'une famille dont les membres se comptaient sur les doigts de la main, et encore, en y intégrant mes amis d'enfance !
- Quand est-ce qu'on sort tonton ?
- Bientôt Emmet…
- On joue à Action-Vérité en attendant ?
- Non Emmet, répondirent spontanément en chœur les autres.
Apparemment, cela avait dû laisser quelques mauvais souvenirs !
- Pff, je sais pas quoi faire, on doit vraiment rester assis Eddy ?
- Oui Emmet, nous restons groupés maintenant… Et assis ! Confirma son oncle d'un ton ferme.
Je réfléchissais à la manière de me rendre plus avenante que je ne l'avais été les premières fois et fouillai dans mon sac, en sortant respectivement un mètre enrouleur, un sachet de gants en plastique, une mini lampe de poche, une petite boîte avec kit brossette, pince, spatule et pipette, sous les yeux médusés de la famille rassemblée autour de moi.
Je finis par brandir triomphalement une loupe électronique de poche avec un sourire éclatant.
Je la tendis à Emmet, qui me dévisagea éberlué.
- Voilà pour t'occuper ! Regarde, c'est un truc magique et incroyable ! Tu peux tout voir en grand et même prendre des photos de tout ce qui est minuscule, lui précisai-je d'un ton enthousiaste.
Emmet détaillait d'un air perplexe le petit instrument qui s'étalait devant lui, puis se tourna vers son oncle, le visage sceptique et interrogatif.
- Vous avez un don avec les enfants, c'est indéniable ! Me chuchota ma conscience aux yeux verts et pétillants.
Je lui décochai un regard noir.
- Et vous, qu'avez-vous eu comme idée lumineuse pour le distraire ? Au moins, j'ai essayé de trouver quelque chose !
- Oui, et je vous en remercie, me dit-il simplement, avec un sourire dénué d'ironie, qui paradoxalement me mit beaucoup plus mal à l'aise que les précédents plus moqueurs.
- Qui veut faire une partie de Mario sur mon Phone ? Proposa-t-il.
- « Moi » s'écrièrent-ils tous, y-compris Emmet, qui laissa choir ma loupe entre mes mains avec un bref « merci ».
- Evidemment, c'est facile avec de pareils arguments ! Bougonnai-je.
- Question d'entraînement !
- Bon chacun son tour, ok les enfants ? Enonça le dénommé Eddy au milieu de l'effervescence enfantine.
Il contempla la loupe électronique qui se pavanait entre mes mains et me demanda narquois :
- Vous vous baladez souvent avec des trucs comme cela dans votre sac à main ?
- Pourquoi cela vous pose un problème ? Je vous signale que même au contrôle de sécurité, ils m'ont laissée passer !
- Et bien habituellement les sacs à main de femmes contiennent des choses plus…
- Plus ?… Répétai-je, sur la défensive.
- Laissez tomber ! Trancha-t-il, sentant le terrain miné à plein nez
- Oh je vois, les idées reçues ont la vie dure !
- Avouez que ce que vous avez sorti de votre sac à main tout à l'heure laisse songeur…
- Et encore vous n'avez pas vu le scalpel que j'ai planqué dans la doublure de mon sac, destiné à égorger les victimes que je cache dans les musées !
Il éclata de rire.
- Après une révélation pareille, il faudra que je demande que l'on trace votre parcours sur les caméras de surveillance !
- Alors c'est vous que je vais devoir faire disparaître !
- Papa regarde l'image sur l'appareil de la dame, c'est comme celle qu'on a vue dans le film...
Je vis quatre autres têtes juvéniles se pencher sur ma tablette.
- C'est « l'Homme de Vitruve* », expliquai-je.
- C'est où Vitruve ? Demanda Alec.
- C'est un mutant ? S'enquit Emmet.
- Quoi ? Non ! M'exclamai-je stupéfiée et désorientée.
- Pourquoi il a quatre bras et quatre jambes alors ? Ajouta Emmet.
- Eh bien… C'est juste un dessin qui devait montrer les proportions du corps humain à travers son mouvement. L'homme représenté n'a pas vraiment quatre bras et quatre jambes, c'est plutôt… une sorte de projection destinée à...
- Il est tout nu et il a qu'un seul sexe ! Gloussa Charlotte, le petit ange démoniaque, me coupant dans cette explication qu'aucun n'écoutait plus depuis bien longtemps.
Je tentai un regard désespéré vers le père de « Boucles Cuivrées », dont les yeux malicieux ne laissaient aucun doute sur le fait qu'il ne me viendrait pas en aide dans cette affaire, trop amusé par la tournure que prenait l'histoire…
- Hum…Oui la nudité c'est plus… pour permettre de mieux appréhender, enfin je veux dire étudier le corps humain, repris-je en m'éclaircissant la voix.
- Alors pourquoi il n'y a pas de femme ? M'interrogea Jane.
- C'est un dessin du XVe siècle, à cette époque on s'intéressait surtout à l'homme…
- C'est un dessin misogène alors ! Rétorqua Jane.
- Heu non !... C'est un document historique, contrai-je, prise de cours par l'orientation nouvelle de la conversation. Cela aide à retracer…Enfin cela permet d'aider à comprendre l'évolution humaine et celle de la perception de l'homme, associé à celle de la femme, spécifiai-je à l'attention de Jane. A l'époque le concept de misogynie n'existait pas vraiment tel qu'on l'entend maintenant.
Les cinq enfants me fixaient tous interdits, comme si je parlais une langue inconnue et je notais en mon for intérieur, qu'il me faudrait absolument éviter les scolaires et me concentrer sur les universitaires, si un jour je devais animer des conférences !
Fort heureusement, leur attention fut redirigée assez rapidement vers une autre victime, non loin de nous, qui eut la remarquable idée d'extraire de son sac une sorte d'engin sophistiqué, dont je remerciai silencieusement l'inventeur…
Je soufflai de soulagement, croisant au passage des yeux verts taquins et scrutateurs.
- Pas très concluante cette prestation ! Je me sens un peu dépassée par les évènements, avouai-je piteusement.
- Je trouve, pour ma part, que vous vous en sortez plutôt bien pour une phobique des enfants ! Et vous avez survécu à l'interrogatoire ! Ca c'est une véritable victoire !
- Je ne suis pas phobique des enfants ! Protestai-je d'un ton outré.
- Ah non ?
- Non c'est juste un domaine dans lequel je ne me sens pas à l'aise…
- En revanche, « l'Homme de Vitruve » c'est un domaine dans lequel vous semblez très à l'aise !
Je le sondais du regard, dubitative. Voulait-il vraiment que nous abordions ma vie personnelle ? Et depuis quand d'ailleurs voulait-il deviser avec moi ?
- Un peu, lâchai-je méfiante.
- Vous avez tout de même sa photo sur votre tablette ! Répliqua-t-il en souriant
- Pourquoi pas ? Vous avez-quoi vous ?
- La photo de mes enfants ! Me répondit-il, élargissant son sourire.
- Evidemment ! Chacun ses centres d'intérêts !
- Vraiment ? Une passion pour Léonard de Vinci ? Le corps humain ? La science de l'homme ? Ou doit-on y voir une sorte de fantasme ou d'idéal masculin ?
- Très drôle Monsieur… Monsieur comment du reste ?
- Edward, cela suffira et vous êtes ?
- Mademoiselle Swan ! Cela suffira ! Et pour répondre à votre question précédente, mon centre d'intérêt se porte plutôt sur l'anthropologie.
Il me regarda fixement un court moment, cherchant une réponse à une question improbable, que je n'arrivais pas à déterminer...
- Très heureux de faire votre connaissance Mademoiselle Swan, me déclara-t-il finalement avec un immense sourire, qui me déstabilisa.
Cette expression soudainement épanouie sur son visage ne m'inspirait rien de bon. Dieu sait ce qu'elle signifiait. Je pouvais presque sentir l'épée qu'il avait empruntée à Damoclès me frôler les cheveux !
- Pourquoi l'anthropologie ? Demanda-t-il au bout de quelques minutes.
- Vous voulez vraiment entendre l'histoire de ma vie ? Soufflai-je incrédule.
- Vous êtes jeune, je ne prends pas beaucoup de risques avec l'ennui d'une longue histoire ! Argua-t-il avec une pointe d'humour.
Je l'observai avec acuité, il semblait sincèrement intéressé…
Alors je me pris au jeu de lui raconter combien un documentaire sur les australopithèques, à l'âge de 12 ans, m'avait subjuguée et avait décidé de mon destin d'anthropologue, combien je m'étais battue afin de décrocher des bourses et être admise au sein de la prestigieuse Université de Chicago, qui offrait tant de possibilités pour la Recherche, combien il avait été difficile d'imposer mon point de vue à mes parents, qui ne voyaient dans ce parcours qu'une utopie, non rémunératrice de surcroît, malgré l'obtention de mon doctorat en septembre…
Mon regard se porta sur lui. Il me dévisageait avec intérêt, une lueur étrange, que je n'arrivais pas à identifier, pigmentant le vert intense de sa prunelle.
Je baissai les yeux, intimidée par cet homme dont le visage m'apparaissait pour la première fois pertinent, captivant et…magnifique.
Je secouai mon esprit afin d'expulser ces idées saugrenues et inappropriées, et continuai d'une voix plus désenchantée :
- Cela étant, mes parents n'avaient peut-être pas tort et tout rêve a ses limites…
- Pourquoi cela ? S'enquit-il en fronçant les sourcils.
- Parce qu'un ponte vraisemblablement machiste, misogyne et tellement imbu de l'étendue de sa personne, a décidé en toute souveraineté que mes recherches ne valaient pas la peine d'être validées et poursuivies, refusant de s'abaisser à lire le travail et les conclusions de la jeune diplômée que je suis…
J'ai voyagé jusqu'à lui pour cela aujourd'hui, pour le rencontrer dans le cadre de son département au Musée, dans le but hypothétique de le convaincre, mais il m'a fuie toute la matinée… Malheureusement, il fait autorité dans mon secteur d'activité et il est mécène. Alors sans son soutien et sa subvention, je n'ai aucune chance de prolonger mes recherches, car l'Université de Chicago n'ira pas à l'encontre de sa décision. Les enjeux sont trop importants. C'est ainsi que les choses fonctionnent, dis-je âprement…
- Vous avez essayé de le contacter autrement, par mail ou par courrier afin de lui expliquer votre projet ?
- Oui bien évidemment, mais il n'a jamais répondu à mes mails. Je ne dois pas être suffisamment gradée pour lui…
- Je suis désolé pour vous, murmura-t-il.
- Pas autant que moi, confessai-je amèrement.
Un silence se fit, que je rompis, curieuse d'avoir plus d'informations sur cet homme qui caressait tendrement les cheveux de sa fille, absorbée dans une conversation avec sa cousine.
- Et vous ?
- Quoi moi ? Sembla-t-il s'étonner, avec toujours ce sourire en coin…
- Quels sont vos rêves, vos passions, votre métier ?
- Eh bien cela semble évident non ? Proclama-t-il pince-sans-rire. Je suis papa accompagnateur ! Et croyez-moi c'est une passion qui n'est pas de tout repos… Mais tellement gratifiante !
- Surtout que vous bénéficiez d'aides impromptues de pauvres créatures, dont le seul tort est d'avoir croisé votre route au mauvais endroit et au mauvais moment !
- Vous êtes dure !
Nous fûmes interrompus par Charlotte qui se plaignait d'avoir soif.
Toute la petite bande se leva joyeusement, décidant de faire un repli stratégique auprès d'un buffet improvisé, en fond de salle, proposant plusieurs boissons ou kits alimentaires de survie.
- Je les accompagne, vous désirez quelque chose ? Café, thé, eau, jus d'orange… Whisky ? Tenta-t-il en riant.
- Je vous remercie. Une bouteille d'eau, si vous trouvez… J'évite de me saouler avec des inconnus ! Lui stipulai-je sur le même ton.
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J'étais étonnée de voir combien la situation entre nous avait évolué subtilement vers un échange amical et confidentiel. Cependant, je notais qu'il avait refusé de parler de lui, alors que moi, étonnamment si introvertie d'ordinaire, je m'étais laissée allée à lui confier des bribes de ma vie…
Il revint avec ma bouteille d'eau, qu'il me tendit et s'assit de nouveau à mes côtés.
- Où sont les enfants ? Demandai-je.
- Ils vous manquent déjà ? Plaisanta-t-il.
- Ils ne sont pas aussi terrifiants qu'ils en ont l'air, finalement ! Répliquai-je légère.
- A votre place, je ne serai pas aussi catégorique ! Affirma-t-il en ponctuant sa phrase d'un haussement de sourcils.
Je ris doucement à sa remarque.
Un silence apaisant et confortable s'installa entre nous durant de longues minutes…
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- J'ai été enceinte une fois …
Il leva les yeux, surpris autant que moi, de cette révélation qui venait de s'échapper de façon intempestive de mes lèvres.
Je n'évoquais jamais cette expérience douloureuse, surtout avec un parfait inconnu.
J'hésitai à poursuivre, tandis qu'il attendait silencieux et patiemment la fin de la phrase, qui viendrait ou non…
Après tout, je ne reverrai jamais cet homme et j'avais un besoin viscéral à l'instant qu'il comprenne que je n'étais pas aussi… Aussi quoi d'ailleurs ?...
- Mais cela ne s'est pas… fait, confiai-je en soupirant.
- Désolé.
- Ne le soyez pas, j'avais seize ans et j'étais paniquée…Tout le monde m'incitait à la raison, j'avais des études longues à terminer et toute la vie devant moi… Un bébé aurait été une entrave à tout cela…
- Je comprends, dit-il d'une voix neutre.
- Non, je crois que personne ne peut comprendre, s'il ne l'a pas vécu, objectai-je d'un ton terne. Je me suis enfuie pour pouvoir garder finalement cet enfant et rejoindre une association, à plusieurs centaines de kilomètres, qui aidait les jeunes filles dans ma situation. J'ai fait une fausse-couche en cours de route. Fin de l'histoire…
Je marquai une pause et souris avec amertume.
- Je crois que je n'ai jamais vu mes parents aussi heureux et attentifs avec moi que ce jour là ! Précisai-je dans un rire froid.
Il me contempla sans rien dire, avec gravité.
Le silence revint, laissant les minutes s'approprier l'espace qui se recomposait sensiblement entre nous…
- J'avais 19 ans, quand ma petite amie m'a annoncé qu'elle était enceinte, lâcha-t-il à brûle-pourpoint.
Cela a été un vrai tsunami, mais je ne le regrette pas, ajouta-t-il, tandis qu'un sourire tendre s'épanouissait sur ses lèvres.
- Elle a eu de la chance !... Le garçon qui était avec moi a été submergé, lui ! Emporté par la vague, qui l'a poussé à aller nager ailleurs… Dans des eaux plus calmes…
- Désolé.
- Pas moi !
- Il ou elle a quel âge maintenant ? Demandai-je en essayant d'évaluer le sien.
Il me regarda avec malice, comme s'il n'était pas dupe de mon petit stratagème.
- Un âge délicat et extrêmement perturbant pour un père ! Déclara-t-il en riant…
16 ans ! Soupira-t-il après un court instant, en faisant une moue délicieuse.
- Oh je vois…
- Non, sans vouloir paraître arrogant, je ne crois pas ! Rit-il à nouveau.
Je souris… Et quelques lentes minutes s'égrenèrent encore…
- Un penny pour votre sourire, me proposa-t-il en souriant à son tour
Nous étions à combien de sourires au juste ? Je n'avais pas fait le décompte, mais j'avais le sentiment d'avoir plus souri en une heure qu'en une année…
- En fait, je pensais à un article que j'ai lu ce matin, dans l'avion, qui expliquait combien dans des situations de crise, des inconnus avaient la capacité inattendue de parler de leur vie intime et de confesser ce qu'ils avaient du mal à évoquer parfois même avec certains de leurs proches…C'était vraiment un article d'à-propos ! Observai-je avec ironie.
- Vous avez lu cela dans un magazine de voyance ? Railla-t-il
- Non, rétorquai-je en éclatant de rire, mais maintenant que vous me le dîtes, l'hôtesse qui s'est approchée de moi, poussant son chariot rempli de magazines, avait le visage de Madame Irma !
J'étudiai le petit groupe d'enfants se divertir autour du buffet de secours désormais presque vide.
Il suivit mon regard et s'attarda lui aussi sur les formes enfantines.
- Je suis tellement étrangère à tout cela, murmurai-je à moi-même.
- Vous ne vous en sortez pas si mal ! Vous n'en avez étranglé aucun depuis au moins trente minutes !
Durant cette heure que nous venions de passer ensemble, j'avais appris à apprécier son humour désinvolte, dont les accents espiègles avaient pris le pas sur ceux plus cinglants du début.
- Je crois que les enfants me font peur, avouai-je tout bas.
- Je crois que c'est l'inconnu qui vous fait peur… Vous avez peut-être grandi trop vite pour avoir pu approcher le monde de l'enfance, chuchota-t-il.
Ma gorge se noua brutalement et des souvenirs moroses affluèrent…
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- Mesdames et Messieurs, nous allons pouvoir procéder aux mesures d'évacuation définitives, annonça la voix claire du responsable de la sécurité.
Un murmure de soulagement se fit distinctement entendre dans la pièce.
- Par mesure de sécurité, nous vous demandons de sortir un à un, en respectant l'aire de balisage qui a été prévue à cet effet. Les enfants et leurs accompagnateurs seront les premiers à évacuer les lieux.
J'écoutai, sans vraiment l'entendre, la voix énumérer de façon monocorde et exhaustive toutes les consignes d'évacuation, alors que mon regard était dirigé vers lui et les cinq visages juvéniles qui l'enserraient.
Une rencontre fortuite et insolite qui laisserait des souvenirs avec quelques notes de nostalgie à la clé…
Je me tournai vers lui, lorsque la voix s'éteint, entraînant un rassemblement vers la sortie devenue à présent accessible.
- Et bien Edward, ce fut un plaisir de partager ces échanges constructifs sur les enfants et découvrir l'existence du nouveau métier de « papa accompagnateur » !
- Ce plaisir fut partagé Mademoiselle Swan ! Bon retour sur Chicago !
- Merci, bon retour chez vous, Edward.
Je le vis se perdre dans la longue file des enfants se tenant deux par deux et attendant leur passage… Et mon cœur se serra imperceptiblement. Ma vie me semblait si vide soudainement…
Je chassais prestement ces pensées et me mis de nouveau à pianoter frénétiquement sur mon portable, qui refusait toutefois de capter quoique ce soit, attendant patiemment de pouvoir revoir la lumière du jour et respirer enfin à mon aise.
Fort heureusement, l'attente ne fut pas longue et je pus sortir de cette geôle dans laquelle nous étions restés trop longtemps confinés, avec soulagement.
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Je suivais le balisage, sous l'œil vigilant des agents de sécurité, quand mon regard fut attiré par un mouvement rapide non loin de moi.
Au moment où mon esprit identifia la forme, le cri de l'agent de sécurité retentit et je me précipitai en dehors des bandes de balisages afin de pousser Emmet sur le côté, tandis qu'un bloc se détachait de la structure d'attache d'un squelette et venait me percuter latéralement.
Une douleur sourde se fit sentir dans mon bras, faisant écho aux sanglots d'Emmet à mes côtés.
- Je suis désolé… Tellement désolé… C'était la balle rebondissante de papa…Elle est tombée… De ma poche… J'ai voulu la rattraper…Je suis tellement désolé…
J'entendis le cri d'Edward appelant Emmet, l'entrevis, à son tour, tenter de remonter en sens inverse le parcours balisé, remarquai les agents de sécurité le bloquer dans son cheminement et finalement nous évacuer tous trois précipitamment vers les postes de premiers soins aménagés, pour la circonstance, aux abords du musée…
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* « L'homme de Vitruve » est le nom donné à un dessin de Léonard de Vinci, réalisé vers 1492, représentant un homme en mouvement (d'où 4 bras et 4 jambes) dans un cercle et un carré, faisant référence à « l'étude des proportions du corps humain selon Vitruve » (architecte romain du 1er siècle avant notre ère).
