Sweet Dreams

- 1. Yellowstone. Hot Yellowstone -

Source : Gundam Wing AC

Auteur(e) : Yuy

Bêta de lumière : Lysanea

Genre : yaoi, romance, UA.

Disclamer : aucun des personnages ne m'appartient sauf Sue, Colette dit Coco', Elisabeth dit Sissi, Jeff.

Couples : 1x2 ; 3x4

Personnages : Heero Yuy, Duo Maxwell, Quatre Raberba Winner, Trowa Barton…

Notes : Bonjour et soyez les bienvenus ! Je suis ravie de vous retrouver pour une nouvelle aventure au pays du yaoi GW…

Comme d'habitude, j'ai mis du temps à sortir tout ce que je voulais pour ce dossier et surtout, à le finaliser (je viens de terminer l'épilogue, c'est pour vous dire !). Et ça m'ennuiera toujours de vous faire attendre autant, mais je ne peux pas me résoudre à poster un chapitre qui ne me satisfait pas au moins à 90% !

C'est la raison pour laquelle je ne poste rien avant que mon dossier ne soit terminé. Il est gérable de patienter entre deux dossiers, mais cela l'est moins entre deux chapitres, parole de lectrice !

Je suis donc très contente, mais aussi fébrile, de vous présenter celui-ci en espérant que vous passerez un bon moment… C'est le but !

Clin d'œil à Caro06 qui a eu la bonne idée de me relancer à trois reprises… Je te le redis ici : Merci pour tes mots !

Un grand merci aussi à toi, Misaki-sama, pour ton message si gentil et si doux… Ainsi qu'aux reviewers de mes dossiers précédents et à tous les lecteurs…

Comme je vous remercie tous d'entrer dans ma « boutique » ffnet et pour vos ajouts hyper encourageant…

Pour terminer et je ne le redirai jamais assez :

Merci pour ton aide précieuse et ta lumière, Lysanea !

Sans toi, je ne posterais rien du tout…

Lime et léger Lemon

Bon et agréable moment à toutes et à tous !


Janvier de l'AC 200,

À l'une des meilleures écoles américaines…

Le campus est magnifique.

Vaste, idéalement situé sur la côte ouest du pays, il n'accueille cependant pas tout le monde. Seuls les étudiants les plus doués et les plus motivés peuvent prétendre y déposer leur dossier.

Si à la lecture de la brochure, l'université donne envie d'apprendre et de transmettre aux futures générations, la politique stricte qui y règne en désenchante plus d'un ; ce qui facilite grandement le tri des professeurs postulants et des étudiants trop peu persévérants.

Heureusement que Sue est là…

Celle que tous considèrent comme la mère de substitution de l'école.

Une femme de quarante-cinq ans, charmante, aimante et douce. Elle a choisi de vivre toute l'année sur le site, soucieuse d'être accessible à tout moment et à disposition des étudiants qui auraient besoin d'aide.

- Bonjour, jeune homme, accueille-t-elle chaleureusement le nouveau venu.

De l'autre côté du comptoir des renseignements, le jeune homme de vingt ans est distant et ne semble pas faire partie de ceux qui souhaitent avoir un soutien maternel ou de quelque ordre que ce soit.

- Tu partageras ta chambre avec Duo Maxwell, la 102. Elle se situe au premier étage…

- J'ai étudié les plans du site, merci, la coupe-t-il, peu amical.

- Je vois que tu es pressé d'en finir, sourit-elle, absolument pas déstabilisée par son attitude. Il ne me reste plus qu'à te souhaiter une excellente rentrée. Sache que tu peux venir me trouver à n'importe quel moment du jour et de la nuit, au cas où. Je suppose que tu as déjà pris connaissance de ton cursus ?

- Hn.

- Je m'en doutais. Bienvenue, monsieur Heero Yuy. Je suis certaine que tu vas te plaire ici.

Le nouvel étudiant lui adresse un dernier regard, puis s'en va s'installer dans sa chambre.

- Duo a beau dire, il n'a jamais eu à faire à ce genre de loustic ! rit-elle en terminant de boucler son dossier.

Heero pousse la porte de sa nouvelle chambre sans frapper.

Elle est spacieuse, boisée et les immenses fenêtres donnent vue sur une pelouse magnifique et des arbres centenaires.

Son lit est parallèlement situé à l'opposé de celui de son colocataire. Il y pose son sac, le reste de ses affaires étant déjà entreposé dans un coin, acheminé par les employés de l'école.

Un léger mouvement près de la porte de la salle de bain lui fait pivoter la tête pour tomber nez-à-nez avec Duo. Il sort visiblement d'une douche chaude, vu la fumée qui s'échappe de ses longs cheveux et de sa serviette.

Ils s'observent en silence un court instant avant que Duo ne se dirige finalement vers son armoire.

- T'es du genre bavard, toi. Ça se voit tout de suite !

Secrètement subjugué par ce qu'il identifie comme étant une sorte de rêve éveillé, Heero suit ses mouvements.

- Retourne-toi, lui somme le dénatté.

Prodigieusement impassible, Heero va déballer son sac, sans mot dire.

Pendant ce temps, Duo termine de s'habiller.

- Alors, d'où viens-tu ? lui demande-t-il ensuite en s'asseyant en tailleur sur son lit, prêt à coiffer ses cheveux.

Mais Heero ne lui répond pas et ne fait, semble-t-il, plus état de sa présence.

*Trop dangereux* se dit-il.

Il ressent nettement qu'avoir envie de lui n'a rien à voir avec la nécessité de satisfaire son besoin sexuel, simplement et sans état d'âme, comme il en a l'habitude. Duo ne stimule pas seulement son désir de par sa présence, mais surtout, et c'est bien de cela dont Heero se méfie, son colocataire aux yeux hypnotiques lui donne l'impression qu'il peut choisir une autre voie. Devenir un autre homme…

Non pas que l'inconnu lui fasse peur, mais Heero ne croit pas mériter une vie amoureuse… se destinant plutôt à une vie de tests en laboratoire et d'études servant à sauver l'humanité d'éventuelles attaques terroristes à l'arme chimique…

- Tu t'appelles Heero Yuy et tu viens du Japon, commence alors Duo, qui n'a pas conscience de l'exploit qu'il vient d'accomplir en le troublant profondément, puisque Heero n'en montre rien. Osaka pour être précis, poursuit-il. Tu es une espèce de génie en voie de disparition et un abruti de première. Tu estimes que tu es meilleur que tout le monde, comme tous ceux qui sont ici, et tu n'as pas l'intention de m'adresser la parole de peur d'attraper la maladie de la communication orale. C'est clair, ça peut faire mal ! Tu connais déjà Quatre et Trowa qui m'ont évidemment parlé de toi. Ils t'ont aussi parlé de moi, mais je n'imagine pas que ton égo surdimensionné va jusqu'à croire que tu sais tout de ma personne juste en ayant lu mon dossier scolaire. En toute illégalité, j'entends bien.

- Ferme-la.

- Je fais juste le point, beau brun.

Heero lui adresse un regard noir, puis prend son sac et sort suivre ses premiers cours.

Duo soupire. Il ne s'attendait tout de même pas à un tel phénomène, persuadé que Trowa exagérait dans sa description.

Il se lève à son tour dans l'idée de rejoindre sa propre salle de classe…

- T'as vu le nouveau ? l'interpelle Jeff au détour d'un couloir en l'arrêtant d'une pression sur son bras.

Ils partagent quelques cours et s'échangent parfois leurs notes, histoire de les compléter.

- Qui ça ?

- Fais pas le malin. Je parle du Japonais, là-bas, regarde-le… Mhm… Il est trop mignon !

- Ah, ce gus-là… Ouais, il a atterrit dans ma chambre.

- Quoi ? ! ? s'étrangle Jeff, envieux.

- Comme j'te l'dit, j'suis maudit !

- Tu pourrais me le présenter, s'teuplaît, s'teuplaît, s'teuplaîiit ?

- Ce n'est pas que je veux pas, mais t'es pas doué en mécanique, ni en informatique.

- J'vois pas le rapport ?

Driiiing !

- Ce type est le tout nouveau concept hybride issu de la robotique humanoïde made in Japan ; Robocop avec des cheveux et des yeux bridés, en clair !

- Ah !

- Ouais.

- J'les préfère…

- Humain.

- J'allais dire « normaux »… T'exagère pas un peu là ? le soupçonne-t-il.

- Il doit planquer son flingue dans sa cuisse et des missiles téléguidés peuvent sortir de ses yeux. Crois-moi, je ne cherche pas à me le garder. T'es pas de taille, Jeff.

Driiing !

- Deuxième sonnerie, j'y go, à plus !

- Ouais !

- Arrête de le mater ! le prévient Duo.

- Ouais, ouais…

Duo secoue la tête, le sourire aux lèvres, puis se dépêche d'entrer dans sa salle de cours.

*J'vais pas rater mes études pour cet idiot !* se dit-il en pensant à Heero.

Trois longues semaines passent sans que Heero et Duo n'aient échangé plus d'une phrase en collant les sons et les mots bout à bout.

Pourtant, aucun n'ignore les regards qui brûlent la nuque et chauffent le corps, lorsque l'un s'habille devant son armoire ou lorsque l'autre travaille à son bureau, le dos tourné.

Aucun ne renie l'attraction, l'envie de sentir l'odeur de l'autre plus près, de toucher cette peau frissonnante qui promet des nuits enivrantes…

Mais en secret.

Rien, Heero et Duo ne se disent rien et n'esquissent aucun geste l'un envers l'autre.

Duo agit ainsi par fierté.

Heero, par choix.

Trowa et Quatre, leurs meilleurs amis respectifs, ont bien tenté de leur en parler, mais les deux concernés ont aussitôt quitté la table du réfectoire, chacun choisissant soigneusement la sortie opposée à celle empruntée par l'autre.

Si cet arrangement tacite semblait leur convenir, l'ambiance électrique de ce soir promet de grands bouleversements…

- Shit ! C'est pas vrai ! s'énerve Duo.

Nerveux, il vient de casser sa mine pour la troisième fois…

Cinq secondes passent avant qu'un crayon à papier finement taillé ne vienne voler devant son nez.

- Wouaaah ? ! Non, mais ça va pas, tu m'as fait peur !

Duo arrache l'objet des mains de Heero.

- J'te dirai pas « merci », hypocrite congelé !

- Je n'ai que faire de ta reconnaissance, du moment que tu cesses de brailler comme un forcené.

- Va te faire voir !

Heero s'en retourne à sa place sous le regard coléreux du natté.

Le calme apparent s'installe à nouveau jusqu'au moment du coucher.

Voilà bien trois minutes que Duo s'évertue à fermer les rideaux de leur chambre, manquant de défaire les tringles.

Là encore, Heero se sent obligé d'intervenir s'il veut que son colocataire s'apaise un minimum.

- Tu vois bien qu'ils ne coulissent pas et les volets sont rabattus. C'est quoi ton problème ?

- J't'ai rien demandé, alors fais comme si j'étais pas là ! Oh, suis-je bête, tu le fais déjà !

Heero sait qu'il n'est pas aussi agressif et amer avec les autres. Mais même avec lui, il n'a jamais été aussi désagréable que ce soir.

Alors il soupire et attend patiemment que Duo aille se coucher ; ce qu'il fait de mauvaise grâce, comme s'il était injustement puni.

Heero ne comprend rien à ses agissements et se félicite de n'avoir qu'une seule relation amicale durable : Trowa.

Les heures défilent et malgré le vent violent au dehors, ils dorment à poings fermés… semble-t-il.

Quand soudain, Heero est agressé pendant son sommeil.

Il ouvre immédiatement les yeux et sent deux lames sous sa gorge, prêtes à la lui trancher.

Il n'a pas de mal à reconnaître Duo et ce, même s'il fait nuit noire dans la chambre. Il sent sa natte lui caresser le visage et perçoit l'éclat brillant de son regard.

Son sourire mauvais, il le devine.

D'un mouvement net et précis, il se dégage de sa prise mortelle, mais Duo l'attaque aussitôt et le blesse superficiellement au bras et sur le torse.

Le prenant plus au sérieux, Heero l'envoie valdinguer à travers la pièce avant de se ruer sur lui et de le désarmer d'un coup de pied, faisant glisser les ciseaux sur le parquet.

Duo se relève et engage le combat à mains nues…

Peine perdue, Heero le contre en deux coups avant de la plaquer au mur.

Au dehors, le vent a fini de martyriser les volets qui s'ouvrent à la volée avant de claquer bruyamment sur la façade.

La luminosité de la pleine lune apporte l'éclairage suffisant pour dévoiler les pupilles dilatées du natté.

- Qui es-tu ? l'interroge Heero, mécontent et en bloquant chacune de ses tentatives pour reprendre le dessus.

Duo le jauge, haletant, mais semble absent. Son regard est vide et son corps tremble de colère.

- Tu pourras crier Shini' avant que je ne te fasse avaler ton taille crayon.

Aussitôt, Heero le prend à la gorge puis les dirige vers la salle d'eau.

- Lâche… moi, articule difficilement Duo.

C'est à peine s'il peut respirer et Heero le sait.

Arrivés à destination, il l'adosse contre le mur carrelé de la douche et déclenche l'eau froide.

- Aaaaaaaaaaah ! crie « Shini' » tout en se débattant.

Mais Heero se presse plus fort contre lui, afin de renforcer son étreinte.

- Arrête ! Arrête ! ! le supplie-t-il en tremblant de tous ses membres.

- Pas avant que Duo soit de nouveau maître de son corps.

Shini' lutte, halète et gémit de souffrance pendant encore plusieurs minutes, jusqu'à ce qu'enfin Duo refasse son apparition, épuisé.

- Hee… Heero ?

- Hn.

Il le soutient toujours, sentant bien que Duo ne tient plus sur ses jambes et fait couler l'eau chaude.

- Qu'est-ce qui t'as pris ? lui demande-t-il ensuite, une fois Duo réchauffé.

- Je suis désolé, soupire-t-il en posant son front sur son épaule.

- Ça ne me suffit pas, rétorque Heero, tandis qu'il lui caresse inconsciemment les reins.

- Je m'en doute, 'ro, lui répond-il en frissonnant contre lui.

Heero va pour arrêter la douche quand Duo l'en empêche d'une main sur la sienne.

- S'il te plaît, juste un peu, réclame-t-il en se blottissant plus sûrement encore contre lui. Je te promets que ton honneur sera sauf, je n'en parlerai à personne.

- Ce serait plutôt à moi de te rassurer sur ce point.

- J'ai confiance. Je sais que tu n'en parleras qu'à Quatre et Trowa et qu'ils vont me passer un savon. Par contre, tu pourrais craindre que je dise à tout le monde que tu as un cœur, finalement, tente-t-il de le faire sourire, avant de toussoter.

Heero coupe l'arrivée d'eau, l'enveloppe dans une grande serviette puis le porte jusqu'à son lit.

- Ça va aller ? s'enquiert-il.

- Je t'ai pas attendu pour gérer mes crises.

- Quand surviennent-elles et pourquoi ?

- Tu vises juste, élude-t-il la question.

- Tu manies bien les lames de ciseaux.

- Je t'ai dit que j'étais désolé ! Je n'avais jamais été aussi violent, je ne comprends pas.

Heero reste assis près de lui et attend son explication…

Qui ne vient toujours pas.

Plongé dans ses pensées, il effleure son cou de sa main avant de remonter à ses lèvres et de glisser sur ses pommettes saillantes… jusqu'à ce qu'il réalise sa tendresse à son égard et ne retire sa main, mais trop tard.

- Moi aussi, 'ro, répond-il à son aveu muet. Sauf que j'ai bien trop peur que tu changes de chambre devant mon honnêteté.

- Je te laisse dormir. On en reparlera demain, se ferme-t-il.

- Attends, le retient-il par la main. J'ai pas sommeil, je préfère tout te dire maintenant.

Heero accepte.

- Mais d'abord, je veux un câlin.

- Tu ne manques pas d'audace.

- Hey ! Je suis sûr que tu vas jouer à l'amnésique demain matin, j'ai bien le droit à un petit réconfort.

- C'est moi qui aie failli être tué.

- Raison de plus.

- Tu n'es pas logique.

- Tu n'es pas normal.

- Toi non plus.

Duo se redresse et se réjouit de voir qu'Heero ne s'éloigne pas, puis s'approche doucement de ses lèvres.

- Tu n'as pas l'air effrayé et je peux te dire que tu as fait peur à Shini'.

- Rien que ça.

- Embrasse-moi, murmure-t-il avec impatience.

Et ils feront bien plus, cette nuit-là…

Le lendemain, les doux rayons du soleil d'hiver les réveillent progressivement.

Dès que Duo sent son amant bouger, il s'agrippe à lui, le retenant de force dans son lit.

- Please, reste.

- On a cours, Duo.

- Jette-moi ensuite si tu veux, mais reste avec moi ce matin.

- Je n'ai pas l'intention de renier mes…

- … sentiments ? sourit Duo.

Pour toute réponse, Heero se rallonge à ses côtés et l'embrasse un long moment.

- Tu m'expliques ?

- Hein ? Oh, oui… Shini' est une sorte de protecteur. Il s'est « créé » depuis qu'un gang a incendié l'église de mon père adoptif, tuant tous les enfants dormant dans le dortoir ; là où j'aurais dû me trouver si je n'avais pas fait le mur.

- Tu avais quel âge ?

- Huit ans. C'était une nuit de pleine lune…

- Je vois.

- Non, tu n'y es pas. Shini' n'intervient que lorsqu'il me sent en danger ou perturbé. Pas à chaque pleine lune. Il était persuadé que tu en représentais un, c'est pour ça qu'il t'a attaqué. Pour me permettre de vivre comme avant, sans être frustré et mal à l'aise.

- Et maintenant ?

- Peu importe ce qui se passe entre nous, tout va bien à présent. De plus, tu as eu le dessus sur lui et ça, il ne l'oubliera pas.

- Quatre est au courant ?

- Non, il l'aurait dit à Trowa qui t'aurait sans doute prévenu. J'ai toujours fait en sorte de m'isoler quand je sentais que Shini' voulait « m'aider ». Tiens, regarde, je m'étais attaché hier soir, mais ça n'a pas suffit.

- De la ficelle ?

- Je fais avec ce que j'ai !

- Je préfère veiller personnellement à ce que tu restes bien sagement dans ton lit, c'est plus sûr.

- Je le crois aussi, sourit-il en l'embrassant dans le cou.

- Duo, si on se dépêche, on peut encore être présent en deuxième heure.

- Je n'ai pas l'intention de me presser ailleurs que contre toi.

Heero soupire. Il s'en doutait.

- Quitte à briller par notre absence, autant en profiter…

- Tes premiers pas en tant qu'humain, comme c'est émouvant !

- La ferme.

- Meuh, imite Duo en riant avant de gémir sous les caresses et morsures d'Heero…

Tit tit tit tit - tit tit tit tit…

Réveillé par la sonnerie, Duo se redresse dans son lit, les cheveux dans tous les sens.

- Quécecé ? Oh, non ! J'ai jamais fait un rêve aussi agréable, soupire-t-il en se laissant retomber sur son oreiller. J'suis bon pour changer mes draps... Faudrait peut-être que j'arrête de lire les fics yaoi aussi, se conseille-t-il à voix haute, avant d'aller prendre sa douche.

Lorsqu'il en ressort une demi-heure plus tard, il n'est pas surpris de voir Quatre assis sur le lit vacant en face du sien.

- Bonjour, doux rêveur, l'attaque-t-il sans perdre de temps.

- Tout le monde n'a pas un triple « T » à disposition.

- T'as pas bientôt fini avec ce surnom ridicule.

- « The Torrid Trowa » lui va comme un gant, affirme-t-il tout en enfilant son tee-shirt.

- Tout de même, je trouve ça un peu dégradant.

- Oh, mais pas autant que toi hurlant à la lune sous ses attentions.

- C'est de ta faute ! rougit Quatre. Fallait pas coller ton oreille sur notre porte.

- J'avais besoin de te parler et j'écoutais seulement pour savoir si tu étais « disponible ». Apparemment non, sourit largement Duo.

- Je suis sûr que tu es resté plus que nécessaire, lui reproche l'un des étudiants les plus brillants de l'établissement.

- Non, répond Duo, très doué lui aussi, mais qui voit son côté farceur faire de l'ombre à son génie. J'ai juste attendu de l'entendre, lui, pour être certain qu'il s'agissait bien de Trowa. Je suis votre ami, assure-t-il solennellement, une main sur le cœur.

- C'est ça, à d'autres ! Vivement qu'Heero débarque, tu vas déchanter, mon Dodo.

Duo rit, absolument pas apeuré.

Toc toc toc…

- C'est ouvert !

Trowa entre, suivit du nouveau colocataire.

- T'as dû avoir les oreilles qui sifflent et la queue qui gonfle, Tro'. On parlait justement de toi.

Duo a encore le temps de recevoir un oreiller en pleine figure avant de croiser le regard de glace du nouveau venu.

- Tu dis si j'mets le chauffage ?

Heero pose sa valise sur son lit et l'ignore.

- Il parle pas notre langue ? demande-t-il sérieusement.

- Je crois qu'il ne parle pas la tienne, Duo, le renseigne Trowa tout en entourant son petit ami de ses bras.

Duo ne se démonte pas et s'approche de son nouveau compagnon de chambre.

- Tu d'vineras jamais, 'ro !

- Yuy. Heero Yuy, le coupe-t-il sans le considérer.

Duo ouvre grand les yeux avant de pouffer de rire.

- « My name is Yuy. Heero Yuy », se moque-t-il en tentant d'imiter son ton monocorde et son air distant. Non mais tu te prends pour James Bond ?

- …

- Bref, j'ai rêvé de…

- Je me fiche de quoi sont faits tes jours et tes nuits.

- Ouah ! Mais t'es un vrai bad boy, toi ! Tu viens des quartiers sensibles du Japon, hein ? C'est sûr, c'est dur de manger dans des bols en porcelaine dorés à l'or fin. Tu comptes tous les grains de riz avant de les bouffer, aussi ?

Heero lui lance un regard plus noir que l'ébène, tandis que la température de la pièce semble chuter de plusieurs degrés.

Duo le soutient sans sourciller, même s'il a paradoxalement un coup de chaud sous la ceinture.

- Bien, je vois que vous avez fait connaissance, s'interpose doucement Quatre, regrettant presque ses propos précédents.

Finalement, il se demande si Heero n'est pas un peu trop « rude » pour son ami…

- Tu veux jouer au super héros ? Tu vas pas être déçu ! lui adresse le natté avant de sortir de la chambre en claquant la porte.

- T'aurais pu faire un effort, le gronde gentiment Trowa.

- Je ne suis pas venu ici pour faire des rencontres, lui oppose Heero, tout en installant son ordinateur portable sur son bureau, nullement perturbé.

- Duo est une bonne personne, intervient Quatre. Mais si tu lui manques de respect, il va se rebeller et répondre à chacun de tes coups.

Heero pourrait bien être seul qu'il adopterait la même attitude. Ce qui désespère ses amis, qui finissent par sortir à leur tour.

Plusieurs semaines s'écoulent, toutes identiques les unes aux autres…

Nous sommes samedi soir et Duo rentre d'une virée à la plage avec Jeff et six autres de leurs amis.

Une sortie à laquelle Heero n'a pas été conviée, puisque cela fait maintenant plus d'un mois qu'il ne lui a pas adressé la parole et Duo en a plus qu'assez.

- Tu vas m'ignorer encore longtemps ? soupire-t-il en se laissant tomber sur son lit. Pourquoi t'as pas demandé à changer de chambre, si tu me supportes si peu ?

Heero continue de taper sur son clavier.

- T'es vraiment qu'un gros con ! l'insulte Duo avant de se rendre dans la salle de bain en claquant la porte.

Qu'il rouvre aussitôt pour apporter une précision de taille :

- Un gros con doublé d'un hypocrite !

Au moment où la porte claque bruyamment pour la deuxième fois, Heero interrompt son activité…

Flash back

Cinq jours plus tôt, dans l'amphithéâtre…

Heero, Duo, Trowa et Quatre partagent trois cours en commun : le français, les mathématiques, Heero suivant des cours de mathématiques avancées en plus, et la biologie-chimie.

C'est durant ce cours-ci que Duo fait tout pour déconcentrer Heero, en lui piquant la nuque avec la mine finement taillée de son crayon à papier, alors que ce dernier est interrogé par leur professeur sur un problème qu'aucun des soixante-huit étudiants présents n'est à même de pouvoir résoudre.

Sans parler des autres étudiants de son âge ailleurs dans le monde…

- Je pourrais me contenter de cette réponse, monsieur Yuy, mais j'attends plus de votre part.

Duo tourne lentement le crayon en ne cessant de venir picoter son cou, le marquant d'un gris brillant.

Si Trowa observe la scène avec passivité, Quatre est de plus en plus inquiet pour son ami…

Heero n'en montre rien, mais Quatre ressent son agacement monter en lui de plus en plus.

Parallèlement, il ne peut qu'admirer son stoïcisme et son endurance.

- Cet exercice ne demande pas de plus amples explications, sauf si vous souhaiter me voir compliquer l'énoncer pour ainsi justifier l'approfondissement du sujet traité.

Duo le pique encore et encore en lui murmurant :

- Tu m'impressionnes, 'ro. Il est discret le balai que t'as dans le cul… Tu l'as coupé à ras, non ? J'ai beau regarder, rien ne semble dépasser.

Le professeur quadragénaire, qui ne peut ni voir ni entendre les manigances de Duo parfaitement dissimulé derrière Heero, ouvre la bouche pour le contredire. Puis, ne trouvant rien à rétorquer, il la referme en ayant la désagréable impression de passer pour un idiot, ou pire, un amateur !

Driiiiing !

À la seconde où le professeur quitte son estrade, Heero se retourne et d'un mouvement vif comme l'éclair, attrape Duo par la gorge. Celui-ci, sous l'effet de la surprise, en lâche son crayon qui s'en va rouler sur la table pour ensuite tomber et dévaler les marches en bois, jusqu'en bas.

Ils se toisent un long moment où chacun des deux refuse de céder le premier.

Quatre et Trowa se rapprochent, à l'instar de quelques autres étudiants qui se gardent bien de venir de trop près.

- Heero, je sais que Duo peut se montrer exaspérant, mais de là à… commence Quatre, en vain.

Le teint virant au rouge pivoine, Duo se sent flancher, mais il fait tout pour tenir jusqu'au bout…

Mais au bout de quoi ?

Heero finit par lâcher prise, mais son regard noir dit tout de sa retenue.

- Il s'en veut, commente Trowa, une fois son ami hors de vue.

Duo se passe la main sur la gorge, s'efforçant de déglutir et de reprendre sa respiration en même temps.

- Tu devrais prendre rendez-vous chez l'ophtalmo' ! dit-il d'une voix éraillée.

- Il n'aurait aucun cas de conscience à te mettre en pièces, explique Trowa. Non, il s'en veut de s'être laissé atteindre par quelqu'un, d'avoir perdu son sang-froid. C'est la première fois que cela lui arrive.

- D'étrangler un mec ?

- Non, d'être comme affecté, ou piqué, si tu préfères, précise Trowa, faisant sourire Duo.

- Fais attention, s'inquiète Quatre.

- Pff ! J'vais l'mater, l'matou !

Duo fait son fier, mais il n'en mène pas large. Il a vraiment eu peur, cette fois-ci…

Il essuie discrètement ses mains moites sur son pantalon et s'en va rejoindre sa prochaine salle de cours.

Fin du flash back

Il est plus de minuit et la pleine lune domine dans un ciel sans nuages.

Duo n'arrive pas à fermer l'œil et ne cesse de se retourner sous les draps et de vérifier s'il ne réveille pas Heero.

Son rêve ne l'a jamais quitté. Il n'avait jamais vu Heero auparavant, pas même en photo et il l'a pourtant imaginé dans ses moindres traits, même son caractère ne lui a pas échappé.

Il en a parlé avec Quatre et Trowa et en a conclu que les cieux s'étaient gourés. Ce mec n'était qu'un taré et définitivement pas fait pour lui.

*Cela ne peut pas être l'un de mes rêves prémonitoires…* pense-t-il.

Comme celui qu'il a fait lorsqu'il était petit, avant que son église ne se fasse incendier.

Seulement, au stade où il en est, il se demande s'il ne rêve pas la « deuxième » arrivée d'Heero au sein de l'école et décide d'aller s'assurer que tout est bien réel…

D'un pas feutré, il s'approche de lui, jusqu'à poser une fesse sur le rebord du lit, puis se penche sur son visage.

- Punaise, il est mort ou quoi ? se chuchote-t-il pour lui-même.

Téméraire, il enfonce doucement son index sur ses pectoraux avant de faire les yeux ronds.

- La vache ! susurre-t-il. J'vais me mettre à l'informatique, j'veux les mêmes !

Enhardi par l'immobilité et l'apparente insensibilité du sujet, Duo ose appuyer son doigt sur sa joue.

- C'est trop génial, sourit-il en s'empêchant de rire. T'es bien plus mignon quand tu dors. T'as de la chance que je sois un mec bien, parce que sinon, tu passerais à la casserole, mon gars !

Se sentant libre de lui faire ce que bon lui semble, il en oublie totalement la « dangerosité » du cobaye et se penche encore jusqu'à poser ses lèvres sur les siennes ; un long moment.

Et alors qu'il apprécie leur douceur…

- Huh… ? ! ?

D'un geste prompt, Heero vient encore de le prendre par la gorge, avant de l'allonger de force sur son lit, le dominant de tout son poids et le clouant de son regard.

- Tout doux, 'ro, halète-t-il sous l'effet de la surprise et de la peur aussi. C'est moi, ton insupportable voisin, le renseigne-t-il, ses paumes bien en évidence, comme s'il montrait patte blanche.

Mais Heero n'émet pas le moindre son, se contentant de le toiser.

- Okay, j'ai mal agi, je le reconnais, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.

Il tente de se relever, mais Heero n'est pas d'accord et l'enfonce un peu plus dans le matelas et l'oreiller.

- T'… t'as les yeux tout noirs, là. J'les préfère quand ils sont bleus, tente-t-il de le calmer.

- Pourquoi ? l'interroge-t-il sèchement.

Il sait que c'est sa dernière chance de lui résister.

- Pourquoi quoi ?

- Fais pas l'innocent.

- Ouh, là ! Frigide, le minou !

- Ne me fais pas répéter.

- Ôte ta main de ma gorge et on verra si je cause ensuite.

- Je ne reçois d'ordre de personne.

- Faut croire que t'es tombé sur un os. Et puis tu connais l'adage : il faut un début à tout.

Heero attend mais Duo ne s'explique toujours pas, ses yeux, d'un bleu trop violet pour être réels, plongés dans les siens.

Attiré, intrigué et subjugué par l'étrange pouvoir que semble détenir son colocataire, non seulement sur lui mais aussi sur les autres, Heero en oublie sa résolution à ne pas lui céder et glisse lentement sa main de son cou à son bas ventre, sentant très vite sa respiration s'accélérer et ses frissons lui chatouiller la pulpe des doigts. Envouté par la douceur de sa peau et la chaleur qui s'en dégage, Heero se positionne plus confortablement contre lui, sa main lui caressant maintenant le flanc.

Duo fronce les sourcils, ne sachant plus trop sur quel pied danser.

Heero n'est pas en reste et avoir son regard ancré au sien depuis de si longues minutes et d'aussi près n'arrange rien à son état.

- T'as vraiment besoin d'une explication ? fait remarquer Duo.

Le désir ardent de Heero va jusqu'à lui vriller les tympans et lui fait tourner la tête, tant il essaie de le combattre et de le refouler.

*Sois réaliste !* analyse-t-il. *Je n'ai plus envie de personne depuis la seconde où je l'ai rencontré… Je ne regarde plus les mecs qui pourraient me convenir, mais seulement ceux qui osent regarder Duo dans l'idée de coucher avec lui…*

Accaparé par sa lutte intérieure, il ne réagit que trop tard au retournement de situation : Duo est à présent assis sur lui et l'embrasse à pleine bouche, profondément.

Un baiser qu'Heero reçoit, partage et donne en retour avec avidité.

- Voilà pourquoi… espèce d'idiot, explique Duo, son souffle chaud caressant délicieusement ses lèvres.

Dans ce tourbillon de saveurs, de sensations et d'émotions, Heero prend conscience qu'il a posé ses mains sur son bassin et qu'il le presse fortement contre le sien.

Pourtant, Duo détourne le regard et va pour se relever, sans doute blessé par son silence.

*Heero n'est pas comme les autres.* se dit-il. *Je ne peux pas me contenter de sexe avec lui, même si j'en ai très envie. Je sais que je serais profondément marqué s'il n'a pas le désir de partager notre quotidien. Les gestes ne suffisent pas, il doit avoir envie de me parler, de vivre avec moi, de me connaître vraiment et pas seulement mon corps…*

- Attends, le retient Heero, coupant ainsi le fil de ses pensées.

Il se redresse, puis saisit son visage de ses deux mains, avant de l'embrasser fougueusement et de l'enlacer enfin.

- Reste, lui demande-t-il d'une voix rauque.

- Je ne peux pas cacher que j'en ai très envie, Heero, mais tu veux que je reste avec toi ou pour toi ?

*Punaise ! J'arrive pas à croire que je négocie « ça » !*

- Je ne comprends pas… avoue Heero avant de taquiner son oreille et son cou de toutes les façons possibles et imaginables.

- Aaalors… mhm ! ça signifiiie… que tu n'es pas prêt… Que nous… nous ne sommes pas… sur la même longueur d'onnnde ! parvient-il à articuler entre deux gémissements de pur plaisir.

*J'vais pas pouvoir lui résister… Mon Dieu, faites que je n'ai pas à le regretter…* frissonne Duo à cette pensée.

- Avec, finit par répondre Heero qui a dû rapidement faire le tour de sa question, la sentence de Duo l'ayant obligé à reprendre pied dans la réalité. Je veux faire partie de ta vie et que tu fasses partie de la mienne à part entière, développe-t-il d'une voix chaude et d'un ton déterminé. Je désire que tu sois avec moi et non pas seulement présent et disponible pour notre seul plaisir.

Soulagé de constater qu'Heero est en mesure de le comprendre vraiment, Duo s'autorise enfin à répondre à ses attentions, de plus en plus pressantes et ciblées.

- Et pourquoi… j'accepterai de rester avec toi ? halète Duo, ses mains fourrageant dans ses cheveux bruns et son bassin ondulant contre lui. Qu'est-ce que je peux bien faire… d'un « ours mal léché », dis-moi ?

- Tout ce que tu veux, lui promet Heero en le ramenant sous lui, avant de lui ôter son boxer et de le prendre entièrement en bouche, sans attendre.

- Wouaaaaoh… ? ! !

Duo fait tout pour ne pas venir dans l'instant, mais Heero maîtrise parfaitement son sujet et a bien l'intention de l'étudier encore un long moment…

- Heerooo… ! Oh ! mon… dieuuu !

Si Heero décide et accepte de changer de voie, il est bien déterminé à faire s'exprimer celle de Duo aussi souvent que possible.

Autant qu'il explorera chaque parcelle de son corps, les marquant d'un baiser comme pour répertorier chacun de ses frissons et pour provoquer, écouter et recueillir chacun de ses gémissements…

A présent, puisque le destin et la persévérance de Duo en ont décidé ainsi, Heero se dédie corps et âme à sa nouvelle vie : Duo.

Le lendemain midi…

Tandis que Quatre rend visite à son ami, Heero rejoint Trowa dans la chambre qu'il partage avec son amant.

- Alors ? veut savoir le blond.

En guise de réponse, Duo lui sourit jusqu'aux oreilles.

- Tant que ça ?

- J'ai trouvé mon triple « H », s'enthousiasme Duo.

- « Heero, Heero, Heero », croit-il deviner.

- Non, sourit-il. « Hot, Hot, Hot » !

Quatre rit et s'allonge sur le lit de Duo en grimaçant légèrement.

- Qu'est-ce qui se passe ?

- Trois fois rien, répond Quatre. Je me suis fait prendre par Trowa devant ta porte, cette nuit.

- Je te demande pardon ?

- Non, pas dans ce sens-là !

- Je veux pas savoir quelles ont été vos positions.

- Duo, râle Quatre.

- Oui, mon diablounet ?

- T'es chiant quand tu t'y mets !

- Va dire ça à Miko©.

- Miko© ?

- T'as jamais mangé de Magnum© ? À part celui de Tro', j'entends. Irrésistible de l'extérieur, onctueux à l'intérieur, Magnum est beaucoup plus qu'une glace...C'est une aspiration, une véritable expérience, un appel des sens. (A)

Quatre éclate de rire, les deux mains sur son visage.

- Si tu crois que j'ai oublié que tu m'as espionné en pleine nuit, tu rêves ! reprend Duo.

- C'est à dire que j'ai ressenti une vague de chaleur assez agressive, alors je suis venu voir si tout allait bien…

- Monsieur fait preuve d'une telle bienveillance !

- Te moque pas. Trowa revenait du labo et…

- Ah ! bah voilà ! le coupe-t-il. C'est pour ça que tu venais me voir, tu t'ennuyais.

- T'as pas bientôt fini de me couper la parole ?

- Je ne vois pas de quoi tu parles.

- Hm. Et donc, il m'a surpris rouge comme une pivoine devant votre chambre. J'avais l'air fin !

- Il était quelle heure ?

- Une heure du matin, environ.

Trowa, comme une poignée d'autres étudiants d'élite en sciences, détient la clé d'un des laboratoires du campus. C'est pourquoi il a la possibilité et l'autorisation d'y travailler aussi tard. Il n'est d'ailleurs pas rare de l'y trouver en compagnie d'Heero. Ils aiment tous deux le silence particulier qui règne la nuit tombée, celui qui vous donne l'impression d'avoir plus d'espace à vivre et de pouvoir passer dans une autre dimension temporelle en s'échappant du monde connu...

Une sensation de liberté et de tranquillité incomparables et qu'ils ne parviennent pas à retrouver durant le jour, même s'ils savent s'isoler et se couper du monde comme personne.

Sachant cela, Duo préfère se concentrer sur ce qu'il l'intéresse, lui, et se mord la lèvre, les yeux pétillants de bonheur.

- Elle devait être très intense, la vague de chaleur, c'était en plein milieu de…

- Oui, oui, je m'en doute, le coupe-t-il à son tour. J'ai entendu, Duo. Je ne savais plus où me mettre !

- Je pense que Tro' s'est occupé de ton cas ?

Quatre hoche méchamment la tête, les joues roses.

- C'était pas devant ma porte, hein ?

- Mais t'as pas bientôt fini, avec ça ?

Duo rit avant de gémir légèrement de douleur et de se frotter les reins.

- Bien fait ! se venge gentiment Quatre, tout sourire.

Pendant ce temps…

- T'as été gentil avec lui, finalement, le charrie Trowa, alors que son ami a terminé de lui raconter comment Duo a réussi à briser la glace, en osant le toucher avec autre chose qu'un objet et sans son autorisation.

- Hn. J'ai seulement dû lui interdire de me pincer, tout à l'heure.

- Comment ça ?

- Il n'était toujours pas convaincu qu'il se trouvait dans la réalité et non pas dans l'un de ses rêves. Il a donc recommencé à me pincer le cou, le visage, le torse, le ventre, le dos et quand il s'est attaqué à mes fesses, ce matin, je l'ai « dissuadé » de me tester d'avantage.

Trowa éclate de rire, la tête basculée vers l'arrière. Heero se contente de sourire, plus épanoui que jamais.

- Attends-toi à un surnom venu tout droit des enfers !

- Plains-toi, triple « T ». J'en ai une demi-douzaine.

- Il peut se montrer exaspérant, mais Duo est…

- … mien, le coupe Heero, faisant sourire son ami.

- Va falloir passer une annonce, parce qu'il est très courtisé, vieux.

- Une répression ?

- Peut-être pourrais-tu commencer par te montrer avec lui en public, histoire de prévenir ? le tempère Trowa, le sachant parfaitement capable de terroriser son environnement rien que pour signifier que Duo est chasse gardée (1).

- Hn.

- Tu peux compter sur lui pour exposer la chose, dit Trowa. Ta réputation va me permettre de souffler un peu, il était temps que tu arrives.

Les deux complices se sourient, avant de se décider à travailler sur leur exposé commun de sciences.

Cinq mois plus tard…

Heero a fait savoir que Duo n'était plus un cœur ni un corps à prendre dès le premier jour de leur relation, mais il ressent le besoin de faire régulièrement une piqûre de rappel.

Et justement, il lui semble bien que trois élèves, apparemment innocents, encouragés par trois autres récalcitrants, se préparent à commettre le délit majeur de draguer son amant.

Alors que Duo s'apprête à enfourner sa troisième cuillère de mousse au chocolat, Heero fait pivoter son visage d'un doigt sous son menton.

- Bouge pas, lui intime-t-il.

- N… non, se trouble Duo.

Heero passe d'abord sa langue à la commissure de ses lèvres pour y goûter son dessert, puis, alors que tout le monde les regarde d'un air ébahi, leurs couverts en suspens, Heero l'embrasse langoureusement, avant de balayer l'assemblée de son regard dissuasif, tel un rayon X.

- Ça devrait suffire, juge-t-il.

Au pire, il les prendra un à un en tête-à-tête.

- Tu… Tu veux de la mousse ? croit comprendre Duo, étourdi par leur échange.

- Je préfère te faire brûler les calories, tenshi no.

- J'vais en prendre une deuxième, alors, décide Duo en se levant de table.

- Baka, murmure Heero, amusé.

- Qu'est-ce qu'il « fume », le Yellowstone ? fait-il mine de le menacer.

Heero le regarde droit dans les yeux puis se met à sa hauteur, avant de lui susurrer à l'oreille, la lui chatouillant de ses lèvres au passage.

- Qu'il a hâte d'entrer en éruption.

Duo frissonne au son de sa voix et à ses mots.

- Pitié, laisse-moi m'empiffrer avant, je vais jamais tenir le rythme, sinon.

Heero sourit contre son cou, puis le libère temporairement de son « emprise magnétique ».

- J'vais en prendre pour Quat'Cute, aussi.

- Tu fais bien. Trowa revient d'un stage de trois semaines à deux états d'ici.

- Pauvre Quat', Tro' va être enragé ! rit Duo, avant d'aller charmer la cuisinière afin d'obtenir de quoi subsister pendant et après l'éruption volcanique de son « super volcan ».

Heero le suit du regard et en profite pour mettre à jour sa liste « d'ennemis potentiels »… A savoir tous ceux qui lorgnentson amant plus de dix secondes et encore, il compte large.

- Coco' est trop cool, se réjouit Duo, revenu du self-service avec quatre desserts chocolatés. Un pour Quat' et le reste pour moi !

Heero admire son sens du partage équitable.

- Mets-les dans tes poches.

- On s'en va déjà ? s'étonne Duo tout en le suivant.

- Nous sommes encerclés, il faut battre en retraite ou tous les affronter.

- Hein ?

Duo éclate de rire, sa joie résonnant dans tout le couloir.

- Je t'aime, 'ro. Y en a pas deux comme toi !

Véritablement surpris et touché en plein cœur, Heero le prend dans ses bras avant de l'embrasser profondément un long moment, lui volant tout son air.

- Tu ne me l'as jamais dit, lui souffle-t-il, alors que Duo halète fortement.

- Ah… Ah bon ?

- Hn.

- Faut dire que toi non plus, mais je te demande rien ! J'dis ça comme ça, sourit-il.

- Je vais te le prouver tout de suite… lui promet-il en l'obligeant à marcher à reculons vers leur chambre, refusant de se séparer de lui.

- A…attends… je dois apporter les desserts à Quaaaat'… ! Pas l'oreille, pas l'oreille !

- Tout à l'heure, peut-être, lui dit-il, entre deux mordillements d'oreilles et de lèvres.

- Quand même… je dois être solidaiiire… 'ro !

- Hn ?

- On… on est dans le couloir... ! Pas toucher làaaaah… !

Même si l'une de ses mains est occupée à flatter l'érection de Duo, c'est sans aucune difficulté que Heero ouvre la porte de leur chambre de l'autre, avant de la refermer du pied et d'y plaquer son aimé.

- Plus maintenant, kitsune no (2).

- Oh my God… ! C'que t'es… dangereux le week-ennnd…

Quelques heures plus tard…

Duo dort confortablement tout contre Heero, ses cheveux libres ramenés sur le côté par ses douces caresses.

Alors qu'il réajuste leur couette sur eux en privilégiant son amant, Heero continue de réfléchir aux stratégies qui s'offrent à lui.

Trowa lui conseille de continuer, voire d'intensifier son « offensive », tandis que Quatre suggère d'y aller avec tact, douceur et discrétion ; il est encore traumatisé du numéro de son compagnon pour « signaler » qu'il n'était plus un ange solitaire.

Duo n'a pas conscience de l'ampleur de la bataille intérieure de Heero. Assis sur son nuage d'amour et d'allégresse, il ne voit à ses attentions répétées en public qu'un besoin irrépressible de le toucher ; de toute façon, il en fait autant.

- 'ro ? l'appelle-t-il doucement, sortant de sa sieste.

- Hn ?

- J'ai dormi combien de temps ? demande-t-il en bâillant et en s'étirant sur lui.

- Trois-quarts d'heure.

- Yes ! se félicite-t-il en se redressant juste de quoi voir son visage. The power of chocolate !

Heero lui sourit tout en caressant ses lèvres de ses doigts, que Duo embrasse avec tendresse.

- À quoi penses-tu ? veut-il savoir tout en s'asseyant sur son bassin.

- À toi.

- Évidemment ! Mais à part songer à mon incroyable personne, tu penses à quoi ?

- Quelle modestie !

Duo lui adresse un grand sourire et s'attaque à sa « plaquette de chocolat » préférée en faisant glisser ses doigts légers sur ses muscles saillants.

- Alors ? s'impatiente-t-il devant le temps que met Heero à lui répondre. Tu hésites ?

- Non, je me concentre.

- Eh ben, t'en as des trucs dans la tête !

- Fais pas ton ignorant avec moi, t'es loin d'être un simplet. Tu es même sacrément rusé, kitsune no.

D'où le surnom.

- T'es pas en train de changer de sujet, là ?

- Tu n'aimes pas les compliments et tu n'assistes à aucune remise de prix. C'est Quatre qui va les prendre à ta place.

Duo hausse les épaules et reporte son attention sur ses abdominaux.

- Qu'est-ce que tu veux que je leur dise ? Qu'est-ce que tu veux que je fasse d'un trophée ? En vérité, je ne me sens pas méritant. Je n'ai rien fait pour personne, je ne fais qu'étudier.

Heero l'observe attentivement de ses yeux bleus de Prusse.

- Je t'aime, Duo et j'espère que tu finiras par reconnaître l'importance de ton travail, lui dit-il après un long silence chaud et enveloppant où chacun se concentrait sur la présence de l'autre.

Le dénatté relève subitement son visage, faisant virevolter ses courtes mèches, l'air surpris et ému à la fois.

- Duo ? s'inquiète Heero qui se redresse pour le prendre dans ses bras.

Mais son compagnon ne dit pas un mot et se presse fort contre lui, nouant ses jambes autour de sa taille et nichant son nez dans le creux de son cou.

- Je pense souvent à nos parcours respectifs, reprend Heero, se souvenant de sa question. Le tien, celui de Trowa, de Quatre et le mien. Je me remémore mon passé avant d'arriver ici, avant notre rencontre et je le croise avec le tien. Je me rappelle ma vie stricte et la compare avec l'explosion de saveurs que tu m'as offerte dès la première seconde.

- J'ai bien cru que j'allais finir en tas de cendres, ou que t'allais me congeler les couilles sur place !

Heero sourit à sa remarque, heureux d'entendre sa voix, joyeuse et légère.

- J'ai modifié tous mes projets, depuis toi.

- Que veux-tu dire ?

- Tu es devenu ma priorité.

- Je plaisantais, tout à l'heure ! s'affole un peu Duo qui le regarde à nouveau.

- Je n'abandonne pas mes ambitions, tu passes simplement en premier.

- Ça ne tiendra jamais. Tu repars au Japon dans un an.

- Je peux rester ici.

- T'arrête ça tout de suite ! C'est la meilleure école. Ton passage ici ne fait que servir ton parcours déjà brillant.

- Hn.

- Tu n'es pas franc avec moi, je sens bien que tu rumines dans ton coin depuis un certain temps.

Heero se perd un instant dans son regard, avant de prendre une discrète respiration.

- L'instant est mal choisi, c'est trop tôt.

- Et bien moi je dis que c'est le moment idéal ! Tu sais, celui entre le ras-le-bol et le malaise. Et il est inutile de chercher à m'enflammer les sens avec tes iris transgéniques !

Heero soupire et c'est assez rare pour que Duo fronce les sourcils d'inquiétude.

- Chaque fois que je te regarde dormir…

- Pas de discours, 'ro, le coupe-t-il.

- Viens avec moi. Inscris-toi à la Mobile Suit School du Japon. Je ne te demanderais pas ça si je n'étais pas certain qu'ils…

- C'est d'accord, le coupe-t-il encore. J'ai lu leurs brochures et j'ai discuté avec le Professeur G. Lui, j'l'aime pas, mais la section « L2 » m'ira comme un gant.

- Tu y as déjà réfléchi ? s'étonne Heero.

- Bien sûr que oui, gros bêta ! rit-il. Seulement, je n'étais pas sûr que toi tu l'envisages, d'où ma question. Ton « je t'aime » m'était indispensable pour prendre ma décision.

Heero lui sourit, les yeux pétillants de bonheur et de désir.

- Oh, la ! Je sens que je vais y laisser des plumes ! Euh, avant de me sauter dessus et de me prendre pour une dinde de Noël, faudra penser à en parler à Quat' et Tro'. Je suis sûr qu'il apprécierait la « L1 » comme toi.

- On verra ça plus tard, rien ne presse.

- C'est marrant, je m'en doutais !

Finalement, Quatre, Trowa et quelques autres étudiants, dont Jeff, ont déjà été approchés par la MSS, « Mobile Suit School », et se sont mis en contact avec leur professeur en chef respectif.

Aucun d'entre eux n'a pris le risque d'attendre et ils se sont inscrits le même jour, tout heureux de pouvoir rester à proximité sans devoir renoncer à leurs options.

Trowa a choisi la « L3 » : section spécialisée dans l'information.

« L'information est un concept ayant plusieurs sens. Il est étroitement lié aux notions de contrainte, communication, contrôle, donnée, formulaire, instruction, connaissance, signification, perception et représentation. » (B)

Sans surprise, Quatre investira la « L4 » : section politique et management.

Il a à cœur de mener et finir brillamment ses études afin d'avoir toutes les clefs en main pour reprendre les rênes de l'entreprise familiale. Bien plus investi dans les affaires depuis la mort de son père, Quatre sait déjà qu'il devra regagner la confiance des peuples qui dépendront de ses décisions. Les idéaux des Raberba Winner n'étant plus vraiment comprises ni partagés par la population, Trowa lui a d'ores et déjà promis son aide et son soutien de tous ordres.

La « L2 » offre à Duo tout ce dont il estime avoir besoin pour accomplir ce qu'il nomme comme étant son « devoir », à savoir : s'investir dans l'humanitaire.

Fidèle à lui-même, il clame à qui veut bien l'entendre qu'il va se la couler douce et qu'il a eu la bonne idée de choisir le programme d'études le plus abordable.

Et il aurait continué à se faire passer pour un feignant doublé d'un presque-imbécile si Heero et Quatre ne lui avaient pas tiré l'oreille, chacun de son côté.

Clairement, la « L2 » comprend autant de matières que toutes les sections réunies, mais en version allégée.

Contrairement à la « L1 » qui est la section la plus complète et la plus lourde. Peu d'individus parviennent jusqu'à la fin du premier semestre. Elle regroupe, à elle seule, la totalité des programmes des autres sections, en plus de son propre planning.

Ce qui n'est pas pour rassurer Duo. Même s'il sait Heero capable de réussir haut la main, il a comme une sorte de pressentiment ; et il n'aime pas ça…

Pas du tout.

Juillet de l'an AC 201,

La veille du départ…

- Dis-moi, Trowa ? l'appelle soudain Quatre en bouclant sa dernière valise.

- Hm ?

- Tu ne vas pas recommencer, rassure-moi ?

Trowa se retourne vers lui, le sourire en coin, ayant deviné au ton de sa voix de quel sujet il s'agit.

- Tout dépend d'eux, mais il y a de fortes chances que tu déclenches les passions, mon cœur.

- Je trouve Heero un chouia plus discret… J'ai dit un chouia, répète-t-il devant la moue dubitative de son amant. Et ne va pas prendre ça pour un défi !

Tout le monde a encore en mémoire les baisers et caresses que Heero et Duo ont échangés à une heure de forte affluence, en haut de l'escalier principal ; l'un des passages les plus fréquentés par les professeurs et élèves de l'établissement.

Heero étant allé jusqu'à coller son amant contre le mur avant de le laisser là, pantelant au vu de toutes et de tous.

Ses lèvres humides, rougies et entrouvertes, ses joues roses, son regard voilé, son équilibre incertain et son souffle erratique… Tout cela devait suffire, selon lui, à signifier que Duo n'était plus libre ; et puis il allait être en retard à son cours de mathématiques avancées.

Et Heero est toujours à l'heure.

Trowa se rapproche de son amant avant de l'embrasser rapidement, très amusé.

- Tu n'as pas aimé mon petit numéro d'il y a trois ans ?

- Non, répond-il, le regard fuyant.

- J'ai le mérite d'avoir été vu par le plus grand nombre, rit l'impudique.

- Tu venais de remporter un énième tournois d'échecs et je ne sais comment, tu es ressorti des vestiaires, trempé, en jean moulant et tu t'es dirigé sur moi tel un missile nucléaire muni d'une tête chercheuse !

- Jusque-là, je ne vois rien d'extraordinaire, mon ange. Il faisant trente-neuf degrés et je jouais depuis bientôt cinq heures.

- Les gradins étaient pleins à craquer, soit la quasi-totalité de l'établissement ! s'offusque-t-il.

- Ce n'est tout de même pas de ma faute si nous avons dû jouer au stade, la salle avait brulé trois jours avant.

- Et alors ! Je n'avais pas trop chaud, moi, avant que tu ne débarques à moitié nu, m'enflammant les sens au passage.

- Pendant toute la durée des jeux, trois mecs et six filles t'ont collé l'arrière-train à tour de rôle ; ça m'a un « chouia » agacé.

- Dois-je te rappeler que tu m'as embrassé comme un forcené en ramenant ma jambe sur ta hanche et en plaquant mon bassin contre le tien ? C'était pas la meilleure façon de les refroidir, si tu veux mon avis. J'ai bien cru que tu allais m'allonger sur l'un des bancs et me faire venir séance tenante.

- J'ai bien senti ton désir et tes mains fourrager dans mes cheveux.

- Comment voulais-tu que je réagisse ? Je t'aime ! Je ne peux pas te résister…

- C'est bon, ça, chuchote-t-il.

- Trowa, il y a un énorme stade là-bas, je suis inquiet.

- D'accord.

- Merci.

- Je ne ferai pas ça dans un stade, ajoute-t-il avant de le pousser doucement sur son lit et de venir se positionner contre lui.

- Non, non et non ! Toi et Heero vous êtes fait renvoyer une semaine à cause de votre attitude tout à fait déplacée.

- On a pu négocier avec le Directeur, aucun de nous n'a eu de blâme dans notre dossier.

- J'aime l'idée de préserver ma vie privée.

- J'aime mettre les gens à l'aise.

- Tu veux bien répéter ? J'ai pas bien entendu.

- Je partage le point de vue d'Heero. Les discours sont inutiles, rien ne vaut une belle démonstration pour marquer les esprits. Ainsi, les élèves les plus « motivés » peuvent passer leur chemin, assurés que tu es entre de bonnes mains.

- Duo a raison, grimace Quatre. Toi et Heero vous croyez aux pays de « Candy » version ninja.

- Je plaide coupable.

- J'ai quand même de la chance d'avoir rencontré mon « Yellowstone » dès le départ…

- Tu vois, nous sommes d'accord, déclare Trowa en reprenant la discussion à son avantage, alors que l'une de ses mains caresse son visage pour se perdre ensuite dans ses cheveux.

- Non, j'ai pas dit ça dans ce sens- ! proteste faiblement Quatre.

Mais Trowa ne se laisse pas contredire plus longtemps et l'embrasse tendrement, faisant fondre les dernières revendications de Quatre comme neige au soleil.

AC 201,

Premier jour à la MSS…

Contrarié par la répartition de leurs chambres à tous les quatre, Heero a eu vite fait de l'arranger à sa convenance par informatique le temps de leur voyage en avion.

Alors que Duo déballe joyeusement ses affaires en expliquant à Heero les raisons pour lesquelles il prend le coin bureau le plus ensoleillé, un étudiant du même âge qu'eux, soit vingt et un ans, entre dans leur chambre.

- Il me semble que l'un de vous est de trop, ici, déclare-t-il, planqué derrière ses lunettes rondes et son costume flambant neuf.

- Il n'y a pas d'erreur, retourne à l'accueil, l'informe sèchement Heero, avant même que Duo ait pu ouvrir la bouche.

L'arrogant et prétentieux petit génie de biologie-chimie s'avance d'un pas.

- Je vois. Quel est ton nom que je sache qui je vais faire virer dans l'heure ?

- Lui, c'est Yellowstone. Hot Yellowstone, le présente Duo, s'amusant à détourner les initiales des prénom et nom de son compagnon. Et si tu ne veux pas cramer sur place ou mourir par hypothermie, tu ferais mieux d'aller vérifier ton emplacement avec « l'Impératrice d'Autriche ».

- Tu te moques de moi ?

- Tu connais pas Sissi, l'adorable dame de l'accueil ?

- Sors d'ici, lui ordonne Heero, le regard noir.

Le jeune homme recule d'un pas, les sourcils froncés.

- Je sais, il est terrifiant, se divertit ouvertement Duo. Oh ! et avant qu'il ne me fasse l'amour dans le couloir, ou qu'il ne fasse un documentaire vidéo sur « comment déguster un Duo encore tout frétillant », sache qu'on est ensemble. Dans le sens « emboîtés », « tagada boom boom ». Alors si tu pouvais passer le mot… sourit-il.

- Je… Je vais tirer cette affaire au clair, leur promet-il d'une voix mal assurée, hébété et reculant vers la sortie.

- C'est ça, tire à tout va, mon pot'. Fais le plein !

La porte se referme rapidement, les laissant de nouveau seuls dans leur nouveau logement.

- Bon ! Comme je te disais, j'ai besoin d'un max' de lumière, reprend Duo. Toi, c'est pas la peine, t'as des boules de feu à la place des yeux !

Satisfait et amusé, Heero suit ses mouvements de bras improbables du regard, tandis que Duo tente de prendre des mesures plus grandes que lui tout en parlant de tout et de rien.

- J'y pense, faut que j'aille acheter un stock de mousse au chocolat, songe-t-il très sérieusement, faisant sourire Heero. On passera voir Tro' et Quat' tout à l'heure. C'est génial qu'ils soient dans le même couloir que nous, se réjouit-il en venant se blottir contre son amant.

- Hn. Mais pas avant demain, tenshi no.

- Pourquoi ?

- Trowa teste la fiabilité du mobilier.

- … ? ! ?

À suivre…


Note 1 :

(1) Clin d'œil au dossier « Chasse gardée » de Lysanea. Dire que c'est une merveille est un euphémisme !

(2) Kitsune no : mon renard (japonais)

(A) Provient du site officiel de la marque : loveicecream com

(B) Extrait du Wikipedia.

Note de fin :

Je vous remercie toutes et tous d'être là et d'avoir lu le premier chapitre jusqu'au bout.

Il n'y aura pas de gros lemon, mais mes dialogues, allusions et métaphores peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes, donc je classe mon dossier dans la catégorie « M ».

Je poste la suite rapidement, promis !

Portez-vous bien en ces temps parfois difficiles...

Gardez courage et à bientôt j'espère !

Kisu

Yuy ღ