Sombre. Telle était la situation de tout, au commencement de cette histoire. Il était sept heures du matin. Allongée sur le lit à baldaquins bleu à dorures, Hermione gigotait, en proie à un cauchemars dont elle était coutumière. Son visage et son corps entier étaient humides de sueurs et de larmes que ses rêves maléfiques lui faisaient ressentir sur sa peau affaiblie.
Cela faisait quelques mois que la guerre était finie. Harry Potter avait vaincu le plus grand mage noir qui ait régné sur le monde sorcier. Mais beaucoup de morts et de victimes de l'acharnement du Seigneur des Ténèbres en avaient payé le prix.
Les Weasley étaient en particulier désœuvrés, amputés d'un membre de leur famille si cher. Fred avait trouvé la mort. Quitté son frère jumeau, Georges, ainsi laissé à l'abandon. Qui aurait pu pensé que leurs blagues et leurs farces se retrouveraient ainsi aux oubliettes ? Qui aurait pu pensé que leurs rires auraient une fin ? Même Ron, cru longtemps irrécupérables face aux aphres des sentimentalités du cœur et de la famille, souffrait lui même de la disparition de Fred, qui pourtant lui vouaient les plus infâmes moqueries et taquineries.
Le Ministère était peu rétabli, les chamboulements des derniers mois, les décès, les postes manquants avaient étés des difficultés de plus pour rétablir l'ordre dans le monde sorcier.
Seul Harry, qui pourtant était bien placé pour savoir combien il était difficile de perdre un ami, un parent, un proche, était soulagé. Plus jamais il n'aurait à entendre Voldemort dans sa tête, plus jamais il n'aurait à être impliqué dans les sombres affaires du mage noir déchu. Il n'aurait plus jamais rien à voir avec le serpent qui avait hanté ses dix sept ans. Il pourrait maintenant connaître les bonheurs et les moments de calme d'un jeune homme de son âge.
Et Ginny, la femme qu'il aimait, l'aiderait dans cette voie.
Hermione était tombée. Son poignet, encore orné de l'inscription que lui avait offerte Bellatrix Lestrange lors de sa séance de torture au Manoir Malefoy lui brûlait l'âme. C'était comme la cicatrice d'Harry, une connexion aux souvenirs douloureux de sa lutte contre la Montée du Mal. Et le rêve de cette torture de son passé lui faisait revivre infiniment cette douleur physique et morale incessante.
La jeune sorcière avait voulu garder ce maléfice, afin de se rappeler que malgré la gravure insultante de son bras qui lui rappelait les injures des cruels «Sangs-Purs» de Serpentard, elle restait fièrement la Née-Moldue la plus intelligente, et la plus puissante de sa génération à Poudlard. «Sang-deBourbe», lui criait son poignet. Et Hermione se réveilla.
Il était maintenant huit heures moins vingt. Elle était encore épuisée de la nuit qu'elle avait passé.
Elle était au 12, Square Grimmaurd. Son corps endolori lui intimait l'ordre de se lever., et c'est avec peine qu'elle s'exécuta. Il faisait chaud, durant cet été. Le soleil vibrait sur les carreaux mal entretenus de la chambre d'Hermione, anciennement celle de Walburga et Orion Black. Tout en revêtant une robe de chambre en soie noire que lui avait offert Molly, elle marcha jusque dans la salle de bains et s'attela à se débarbouiller le visage.
La porte fut frappée de trois coups faibles. C'était Kreattur, qui rentra avec le petit déjeuner. Il s'était finalement fait convaincre par Hermione, intarissable plaideuse des droits des Elfes de Maison.
- Votre petit-déjeuner, Miss Granger, dit-il tout en posant le plateau sur le lit.
- Je te remercie, Kreattur, s'exclama Hermione de la salle de bains, c'est gentil à toi !
- Les amis de Mr. Potter sont mes hôtes, commenta t-il platement.
Puis il partit sans un bruit. Après son départ, Hermione s'empara d'un toast, et tout en s'emparant d'un livre posée sur sa table de chevet, commença à grignoter les préparations culinaires de Kreattur. Le titre de l'ouvrage qu'elle tenait entre ses mains était «Grandes noirceurs de la Magie». Un des nombreux livres lus en une semaine par Hermione dans un espoir qu'elle ne perdait pas de vue.
Car depuis quelques semaines, elle faisait des recherches sur afin de se renseigner sur les possibilités et les risques d'un prochain voyage. Un voyage qui ne lui ferait découvrir ni des paysages différents, ni des personnes inconnues. Oui. Hermione avait décidé de voyager dans le temps. Dans le passé.
Mais pourquoi ?...
