Chapitre 1 : Affligeante
banalité
Première
Partie : La cassure
Bibibibip! Bibibibip! Bibibibip!
"Grmbl...Hum...Deux minutes encore..."
Bibibibip! Bibibibip!
"Oui,
c'est bon, je me lève..."
Une main se posa sur
le réveil qui s'arrêta enfin de sonner tandis qu'une
forme bougeait sous la couverture de laine rose. Quelques secondes
plus tard, des cheveux en bataille de couleur bruns apparurent, deux
yeux s'ouvrant à moitié, laissant voir des pupilles de
couleur verte. Le visage avait quelque chose de juvénile, le
passage à l'âge adulte ne s'étant pas encore fait
tandis que le jeune garçon se leva, se frottant les yeux pour
être sur de bien voir clair : 6 heures 45. Retirant sa chemise
de nuit, jetant un petit coup d'oeil à un cadre avant de
l'abaisser, il se dirigea vers la salle de bain, faisant couler l'eau
pour la mettre à la bonne température avant de retirer
le reste de ses habits, plongeant sous la douche. Une quinzaine de
minutes plus tard, il était déjà habillé,
vérifiant son cartable avant de pousser un petit soupir de
soulagement : Il n'avait rien oublié encore une fois. 7 heures
05 : Il devait quand même grignoter un peu et se préparer
à manger pour la pause de midi. Mordant dans la moitié
d'un biscuit au beurre, retournant dans la salle de bain pour voir si
il était correctement habillé, il se dirigea vers la
sortie avant de dire :"Au revoir Maman et Papa. Je
reviendrais à 17 heures aujourd'hui."
Passant devant le miroir du modeste lieu où il habitait, on pouvait finalement voir à quoi il ressemblait : 1 mètre 60, assez maigre, une petite cravate de couleur rouge sur une chemise blanche recouverte en partie par une veste bleue, le pantalon de la même couleur, ses cheveux bruns coiffés tant bien que mal, une paire de lunettes posée devant ses yeux verts, le jeune garçon avait tout de l'élève modèle, un médaillon doré autour du cou. Quand il fût enfin dehors, le soleil tentait tant bien que mal de se lever : 7 heures 30 en fin de novembre, c'était tout ce qu'il y avait de plus banal. Dans un coin du train des profondeurs, le jeune garçon se répétait pour lui-même :"Métro, boulot, dodo..."
Arrivé au collège, quelques têtes se tournèrent vers lui, les discussions allant bon train tandis qu'il tenait un livre devant ses yeux, trop occupé à le lire plutôt qu'a écouter ces commérages :"Hey mais c'est Haku Ryuu!"
"Haku Ryuu? Mais c'est quoi ça? C'est pas un prénom!"
"Tu ne le connais pas? On lui a refilé ce surnom car il a toujours un petit symbole de ce genre. Tiens, aujourd'hui, c'est le petit grigri attaché au bout de son sac."
"Tiens...C'est vrai ça! Mais c'est quoi son vrai nom?"
"Je me suis jamais posée la question, je sais juste qu'il est en 3eme comme toi et moi et que ca fait depuis la primaire qu'il porte ce nom."
"Il a pas l'air très social...Il a des problèmes?"
"Non, non...Je crois pas, juste qu'il est toujours fourrer avec un bouquin en main, même les loubards veulent pas s'en approcher, ils ont peur d'une malédiction."
La journée se passa naturellement : Haku Ryuu restait au fond de la classe, le regard posé sur le professeur qui faisait son cours, écrivant sans regarder sa feuille, machinalement. Le même repas, les mêmes cours, le même collège...Tout était si...basique... Puis vint la fin de journée : 16 heures 30, les cours se terminaient et le soleil n'allait déjà pas tarder à descendre... Sortant du collège en tenant un nouveau livre, Haku Ryuu se dirigea vers le métro, devant parcourir 500 mètres à pied... Quelques petites bousculades car il ne voyait pas où il allait, quelques grognements devant ce jeune homme fort impoli qui ne s'excusait pas, une traversée de route, un crissement de pneus, un corps allongé sur le sol, des morceaux de verre brisé tandis que les pages d'un livre tournaient dans tout les sens à cause du vent..."Vous pensez qu'il va s'en sortir?"
"Il y a peu de chances...Les dommages cérébraux sont importants : Si il arrive à sortir de son coma en moins de 5 ans, c'est ce qu'on pourrait appeler un miracle mais ca m'étonnerait..."
"Pauvre enfant...Vous avez contacté sa famille?"
"Malheureusement, elle est morte il y a déjà 4 ans. C'est un de ces nombreux enfants qui vivent seuls grâce à l'argent de leurs défunts parents. Foutue nouvelle loi : On a pas idée de laisser ces gamins tout seuls."
"Nous ne pouvons rien faire sauf être patients...Mademoiselle Iris, appelez nous si il y a du changement mais cela m'étonnerait guère."
"Bien docteur..."
"Au fait, avez vous remarquée les orages au-dessus de la ville? Faites attention au tonnerre et prévenez les autres infirmières au cas où. Bonne soirée."
"A vous aussi docteur."
L'homme
à la chemise blanche jeta un dernier coup d'oeil au corps qui
se trouvait dans le lit, bon nombre de bandages se faisant voir, un
masque de respiration posé sur le nez et la bouche d'Haku
Ryuu, le visage couvert de blessures, néanmoins sa vie n'était
pas en danger...Mais était-ce encore "être en vie"
que de se trouver dans cet état? L'infirmière poussa un
petit soupir de tristesse : Ce jeune garçon était
encore qu'un enfant...Un enfant qui aurait dût grandir et se
marier, avoir des enfants, un bon travail, surement en rapport avec
les livres mais non...Un chauffard en avait décidé
autrement. Elle se dirigea vers la sortie, jetant un dernier regard à
Haku Ryuu avant d'éteindre la lumière, plongeant la
salle dans le noir complet, seul le bruit des radios se faisant
entendre dans ce silence de mort. A quoi pouvait t-il penser en ce
moment? Est-ce que c'était encore réalisable? Des
grondements sonores éclatèrent dans la ville, le
tonnerre s'abattant de part et d'autres, une bourrasque venant
frapper les volets de la chambre d'Haku Ryuu. Un voyant lumineux de
couleur rouge brilla devant les yeux de l'infirmière Iris,
cette dernière regardant le numéro de la chambre avant
de pousser un cri :"C'est le jeune garçon!
Vite, il faut se dépêcher, prévenez les docteurs!
Je vais voir ce qui se passe!"
Deux infirmières
se dirigèrent dans les couloirs tandis que l'infirmière
Iris ouvrit brutalement la chambre d'Haku Ryuu, le corps de ce
dernier se soulevant au-dessus du lit, les fils reliés au
corps du jeune garçon se retirant peu à peu, la machine
émettant un long bruit strident, signe que le patient venait
de décéder. Une déchirure spatio-temporelle
circulaire s'était formée au plafond tandis que l'écran
de la radio se mit à briller de mille feux, l'infirmière
Iris préférant reculer, ne comprenant pas ce qui se
passait devant ses yeux. Plusieurs personnes regardaient le
spectacle, discutant entre elles d'un air apeuré avant qu'Haku
Ryuu éclate en morceaux, morceaux se faisant absorbés
par le déchirure spatio-temporelle qui se referma aussitôt
après son passage, l'infirmière Iris tombant sur les
fesses, tentant de balbutier quelque chose
d'incompréhensible...Qu'est ce qui venait de se
passer?"Est-ce que tu veux vivre?"
