A celui qui me lira,
Sois le bienvenu,
Dans un nouveau monde tu entreras,
Installe-toi confortablement,
Il est temps de se mettre en mouvement.
Disclaimer: Les personnages d'Harry Potter ne m'appartiennent pas, tout comme l'image que j'ai utilisé en couverture.
Edit: Cela fait un an alors, pour fêter ça, j'ai changé la couverture pour un Harry beaucoup plus mature (avec de la barbe hell yeah). Son auteur et propriétaire est blvnk art, que vous pouvez aussi bien trouver sur tumblr que sur devian art.
Je vous ai manqué ?
La tête de Harry lui faisait horriblement mal, un peu comme si quelqu'un s'était amusé à sautiller sur son crâne, en s'arrêtant juste avant qu'il n'explose. Il avait terriblement mal et fut donc plus que surpris en entendant un gémissement de douleur qui n'était pas de lui. Apparemment, il n'était pas le seul à souffrir. Est-ce que c'était le contre-coup d'une soirée universitaire trop arrosée ?
Contraint, le jeune homme ouvrit les yeux avant de sursauter en glapissant de surprise, aussitôt suivi d'une vague de douleur s'abattant sur son crâne, l'obligeant à se recroqueviller sur lui-même, les larmes lui montant aux yeux. Harry n'était pas le genre de personne à pleurer lorsqu'on lui enlevait une écharpe et, entre nous soit dit, il avait été totalement calme lorsqu'on lui avait enfoncé par inadvertance un couteau à beurre dans le bras. Non, vraiment, le jeune homme avait peu de qualités et sa résistance à la douleur en était justement une, heureusement pour lui.
C'est pourquoi, même s'il avait très envie de se rouler dans un coin et de pleurer de douleur, c'était comme si son cœur battait dans son crâne et essayait désespérément d'en sortir, il était surtout très surpris, en fait plutôt paniqué, de voir qu'il était loin de se trouver dans un endroit familier. Encore pire, il se trouvait dans une pièce sombre, sans fenêtres, une ampoule nue faisait de son mieux pour clignoter et sa lumière suffisait à peine à montrer à Harry qu'il n'était pas tout seul. Une quinzaine de corps étaient allongés tout le long de la pièce et semblaient, pour le peu qu'il pouvait voir, inconscients.
- Pitié, faites que je ne sois pas dans une morgue, pria Harry dans un murmure qui se répercuta dans la pièce.
Un ricanement lui répondit d'un des corps et il put voir un jeune homme à la peau sombre arquer un sourcil :
- Habituellement tu n'es pas plutôt censé espérer que nous ne soyons pas dans un cachot lugubre, en attente de nous faire torturer ?
Les tympans d'Harry semblaient décidés à créer un écho déplaisant, ce qui, ajouté à la douleur qui refusait de diminuer, commencer à lui donner la nausée. Il mit donc quelques secondes à s'expliquer à l'inconnu :
- Je ne suis pas assez riche pour que quelqu'un ne me kidnappe et, franchement, je ne suis pas la personne qu'il faut si on veut savoir quelque chose. En conclusion, il n'y a absolument aucune raison à ce que quelqu'un ne cherche à me torturer.
- Mais que tu te retrouves dans une morgue, c'est attendu ? demanda une voix fluette.
Une femme proche de la soixantaine, et arborant de magnifiques cheveux gris, les toisait d'un œil curieux en tapotant à un rythme lent son cœur malmené par les évènements. Harry s'obligea à ignorer la douleur qui continuait à pulser dans son crâne pour faire quelques pas vers les autres occupants de la pièce, s'enquérant de leur état de santé. Il fut très vite suivi et aidé des deux autres personnes éveillées, chacun prenant le pouls de ceux les plus proches d'eux.
Les soupirs de soulagement d'Harry résonnaient dans la pièce à intervalle régulier, signe que tous étaient en vie, du moins pour le moment.
Au total, ils comptabilisèrent 18 personnes, eux-mêmes compris. Ils formaient un groupe éclectique, que ce soit en âge ou en couleur de peau, et aucun n'avait de papiers d'identité sur eux, ou de portable comme le remarqua très vite Harry. Plus le temps avançait et plus il se sentait proche de paniquer, révisant sa position sur un possible kidnapping. La vieille dame posa une main réconfortante sur son épaule et l'obligea à faire un exercice de respiration. Elle semblait être habituée à gérer des situations de ce genre et, très vite, le jeune homme se calma, calquant sa respiration sur la sienne. C'est seulement à ce moment qu'il se souvint des manières :
- Je m'appelle Harry, au fait, dit-il en lui présentant sa main.
La dame posa une main devant sa bouche riante et, brusquement, le jeune homme eut l'impression qu'elle avait à peine la vingtaine, puis l'illusion s'estompa et il était à nouveau devant la vieille femme aux beaux cheveux gris. Il cligna stupidement des yeux, incertain de ce qu'il avait vu.
- Oh dear, comme vous êtes adorable. Je suis Mme Chourave, mais appelez-moi Pomona, ça me rajeunira un peu.
- Oh, vous êtes anglaise ? releva celui-qui-ne-s-était-pas-encore-présenté, s'avançant vers eux avec un sourire charmeur. Nice to meet you, I'm Blaise.
- Nice to meet you too, my dear. J'ai pour habitude de proposer un peu de sucre à ce moment de la conversation, les jeunes de nos jours ne mangent rien de peur de grossir, je trouve cela unbelievable, mais, malheureusement, je n'ai pas mon sac à main avec moi. Quel dommage, soupira-t-elle avec une moue déçue avant de se reprendre, souriant à nouveau. Peu importe, nous devrions réveiller les autres, vérifier que personne n'est blessée puis trouver le moyen de sortir d'ici. Cette pièce est creepy, vous ne trouvez pas ?
Harry sentit son cœur fondre devant l'attitude courageuse de cette femme qui aurait tout aussi bien pu être sa grand-mère. Au moins, la douleur avait assez diminué pour qu'il arrive à réfléchir un minimum.
- Est-ce que l'un d'entre vous sait comment nous sommes arrivés ici ? demanda-t-il en se dirigeant vers le corps le plus proche de lui.
C'était un jeune homme aux cheveux très clairs et à la peau pâle, il l'aurait trouvé plus que mignon dans des circonstances différentes. Il tapota doucement son épaule puis sa joue et fut rassuré de le voir papillonner en geignant.
- Malheureusement non, je ne me souviens d'absolument rien, si ce n'est que je devais vérifier mon stock de paracétamol ce matin, les enfants de nos jours… babilla Pomona en tapotant deux personnes en même temps. Bonjour très chers, non, n'essayez pas de vous relever, tout va bien. Enfin, « bien », nous ne sommes ni morts ni blessés alors, d'une certaine manière, c'est une façon d'aller bien, qu'en pensez-vous ?
Elle n'attendit pas de réponse, continuant à parler de sa voix douce aux deux jeunes femmes.
Blaise était bien plus brusque dans sa manière de faire, il pinça un des corps et tapa la cuisse d'un autre en claironnant qu'il fallait se réveiller, récoltant un regard consterné de Pomona.
- Je ne me souviens de rien, moi non plus, réfléchit-il tout en aidant un homme à se redresser contre le mur. Mais bon, d'une certaine manière, cela m'arrange, car j'ai un exam de bio dans trois jours et, franchement, je n'ai pas du tout eu le temps de réviser. Pas que je sois ravi d'avoir été kidnappé, évidemment – devant l'air ahuri de son voisin, il s'obligea à sourire – pas que je dise que nous avons été kidnappés, si ça se trouve, c'est un pique-nique surprise organisé par l'Université. Allons allons, on ne s'évanouit pas Monsieur.
Harry arqua ses sourcils devant cet énergumène. Il semblait à peine ennuyé de se trouver dans un endroit complètement inconnu et était à deux doigts de chantonner, de son point de vue. Est-ce que c'était une manière de garder le contrôle ou est-ce qu'il en avait réellement rien à faire, telle était la question. Plutôt que de se perdre dans les méandres de cette question hautement philosophique, dont il ne connaîtrait probablement jamais la réponse, il préféra se concentrer sur sa tâche, tapotant une nouvelle épaule inconnue. Qui lui attrapa le poignet, le faisant glapir une nouvelle fois à sa grande frustration, avant qu'il ne rencontre les yeux les plus effrayants qu'il n'ait jamais vu. Rouges sang, la pupille fendue, Harry ne pouvait voir que ça, persuadé qu'on venait pour l'emmener en enfer. Son cœur menaçait à tout moment de le lâcher, battant à tout rompre, réveillant son crâne, bien décidé à faire parler de lui.
Quelle journée de merde, songea le jeune homme, mentalement épuisé par les événements.
Enfin, les yeux démoniaques clignèrent et une main fatiguée vint les frotter en poussant le soupir le plus inadéquat qui soit avec un tel regard. Médusé, Harry dévisagea l'inconnu, de ses cheveux, bruns, à ses doigts, aux ongles soigneusement coupés, avant de se faire rappeler à l'ordre par les yeux si particuliers.
- Qui, une toux l'obligea à s'arrêter à cette question, Harry l'aidant à se redresser sur ses coudes, l'empêchant de s'étouffer.
- Harry, littéralement un compagnon de galère, se présenta le jeune homme avant de tenter de sourire, bien que l'inconnu ne puisse le voir. Et vous ?
- Tom. Mais… Je ne comprends pas, murmura-t-il en jetant un regard hagard sur la pièce.
- Personne ne comprend la situation, mon garçon, répondit Pomona à sa place. Au moins, tout le monde est réveillé. Bien, est-ce que quelqu'un sait quelque chose ? Je vais tourner la question différemment, de quoi chacun se souvint exactement ? Vous, par exemple, demanda-t-elle à Blaise qui, aussitôt, reprit son sourire charmeur.
- J'allais à mes cours, comme d'habitude. Je me souviens à présent que je pensais à me prendre un croissant fourré à la pâte de noisettes mais, de toute évidence, je n'ai pas eu le temps d'en acheter avant notre… enlèvement.
- Bien, bien. Et vous ? continua Pomona en se tournant vers la jeune femme la plus proche d'elle.
- Je crois que j'allais à la bibliothèque, j'ai un emploi à temps partiel là-bas, expliqua-t-elle en entortillant ses longues mèches bouclées autour de son doigt.
Le visage concentré de la jeune femme éveilla un sentiment confus en Harry. Est-ce qu'il la connaissait ou est-ce qu'il la désirait ? C'était tellement difficile de faire la différence, pas étonnant que les relations sociales n'étaient pas sa tasse de thé.
L'interrogation continua et, enfin, un point commun émergea entre eux : ils allaient ou étaient tous à une Université. La même ? Probablement, et, à bien y réfléchir, certains visages lui paraissaient familiers, à l'exemple d'Hermione, celle qui jouait avec ses cheveux. Mais il n'arrivait pas à avoir de souvenirs précis, à sa grande frustration.
- Bien, je propose que nous cherchions, et trouvions, un moyen de sortir de cette horrible pièce, proposa Pomona, en véritable leader.
Il n'y eut pas besoin de chercher, à son grand soulagement, une porte, imperceptible lorsqu'elle était fermée tant elle se mélangeait à la couleur de la pièce, s'ouvrit. Un bref échange de regards et les premiers se ruèrent vers la porte, Harry était persuadé d'avoir vu une femme aux cheveux frisés écraser un pied de son talon pointu pour sortir plus vite. Mais la situation ne devint pas idyllique pour autant puisqu'ils se trouvèrent dans un long couloir. Un raclement de gorge les fit bondir et ils se retournèrent tous vers la source du bruit, juste en face de la porte.
Un homme de petite taille, dont les cheveux épars ne parvenaient pas à couvrir le crâne, les regardait, l'air blasé. Il esquissa un sourire avant de sembler abandonner, jugeant probablement qu'ils ne le méritaient pas. Il esquissa une courbette ridicule avant de se présenter :
- Bienvenue au Paradis, au Valhalla, en Enfer, ou aux enfers pour les plus croyants d'entre vous, et à l'Olympe, tout ça en même temps ! Comme vous venez probablement de le réaliser, oui, vous êtes morts, félicitations ! Enfin non, pas félicitations, euh, mes condoléances ? C'est ce qu'on dit de nos jours non ?
Harry regarda l'homme, sidéré. Comment ça, ils étaient morts ? Mais il ne se sentait absolument pas mort ! La preuve, Pomona, Blaise et lui avaient vérifié le pouls de chacun pour être certain qu'ils allaient bien ! Il échangea un regard incompréhensif avec Tom, qui semblait plus être paniqué qu'incompréhensif en fait, avant de se tourner, rassuré, vers Pomona qui, une nouvelle fois, pris les choses en main. Elle arbora un petit sourire amusé et chacun crut, l'espace d'un instant, qu'elle allait tapoter son épaule tout en susurrant son habituel « Oh, dear ».
- Je pense que vous faites erreur, très cher. Je veux bien que nous soyons un peu secoués, que personne n'ait l'air très frais mais de là à dire que nous sommes morts… Vous avez un humour particulier.
L'homme toussota une nouvelle fois, l'air un peu gêné.
- Malheureusement, je ne mens pas, chère Madame. Vous ne l'aviez pas réalisé ? Comme c'est fâcheux, vraiment fâcheux, que ce soit à moi de vous l'annoncer ainsi. Si j'avais su, vous pensiez bien que je ne l'aurais pas annoncé aussi négligemment.
- Mais nous ne sommes pas morts, s'écria une jeune femme, aux longs cheveux blonds.
Sa voisine l'empêcha de se jeter sur le petit homme, semblant bien décidée à lui crever les yeux ou à le secouer jusqu'à ce que des pièces d'or ne sortent de son costume sur mesure. L'homme grimaça un sourire compréhensif devant une telle réaction.
- Je vous assure, il ne peut y avoir d'erreur à ce sujet. Vous êtes morts. C'est d'ailleurs pour cela que vous vous êtes trouvés ici. Allons rejoindre mon collègue, c'est lui qui s'occupe de l'accueil habituellement, pas que nous ayons fait cela très souvent, vous me direz aha. Bref.
Il rentra les épaules, paraissant encore plus petit, tout en leur présentant la porte… Par laquelle ils venaient de passer.
- Je ne repasse pas par cette prison, murmura Draco, l'homme aux cheveux blonds, le visage tellement livide qu'on pouvait effectivement croire qu'aucun cœur ne battait.
- Ne vous inquiétez pas jeune homme, cette porte ne mène pas à la même pièce. Vous étiez dans la « salle d'éveil », maintenant nous allons… à quelque chose qui pourrait passer pour un salon, chez vous, je suppose, babilla l'homme, reprenant du poil de la bête, avant de traverser la porte sans un regard en arrière, certain qu'on allait le suivre.
De toute manière, avaient-ils réellement le choix ? Que pouvaient-ils faire d'autre ? Le couloir n'avait absolument aucune issue, rien que cette information donnait des sueurs froides à Harry, ayant soudainement du mal à respirer. Il ne se sentait absolument pas mort pour autant, n'en déplaise à ce drôle de type, sorti d'on ne savait où.
- Pas inquiétudes, s'il faut, je l'attaquerai, promit un grand homme aux traits slaves.
- Les enfants, laissez ça aux adultes, intervint un homme dans la quarantaine.
Il avait de doux traits et tout son corps était dessiné avec finesse. Harry trouvait qu'il ressemblait à ces personnes qui refusaient de tuer, ne serait-ce qu'une mouche. Il préféra donc miser sur Viktor, à choisir. Au pire, il pourrait toujours donner un coup de main, si vraiment la situation l'exigeait. Sur ces douces pensées, il suivit le reste du groupe et traversa la porte… pour se retrouver dans une pièce totalement différente de la dernière.
De grandes fenêtres tapissaient deux murs du sol au plafond, laissant entrer une luminosité incroyable qui se reflétait sur le parquet en chêne ancien. Harry laissa échapper un sifflement admiratif en observant les moulures qui entouraient un lustre en cristal, resplendissant de milles feux.
Ce fut Blaise qui se fit un plaisir de résumer la pensée de tous :
- Putain de merde, mais où est-ce qu'on est ?
- Paradis, mon cher, chantonna une voix ravie.
Harry chercha des yeux la personne qui venait de parler, faisant un tour sur lui-même, mais dut déclarer forfait. Est-ce que cette personne faisait la taille d'un grain de riz ?
- Un peu de respect ! Je suis juste devant vous, c'est juste que vous n'avez pas envie de voir, voila tout.
La petite voix semblait vexée et Harry eut peur qu'on ait lu dans ses pensées, mais non, après un bref regard, tous semblaient gênés, baissant la tête vers le sol.
Ce fut Hermione qui poussa un cri de surprise, preuve qu'elle l'avait enfin trouvé.
- Une bou…bouboule brillante !
- Quoi ? répéta stupidement Tom avant de plisser les yeux, regardant dans la direction que son doigt pointait. Oh putain, souffla-t-il, les yeux écarquillés.
Harry fronça les sourcils, frustré de ne pouvoir voir ce qui semblait être si fascinant pour ses compatriotes. Il s'avança vers le duo, jouant des coudes pour ne pas se faire écraser par un homme immense, proche des deux mètres, qui lui adressa un sourire d'excuse. Enfin, il se trouva juste derrière eux et pu découvrir la source d'une telle fascination…
- Ah, ne put que dire le jeune homme, scotché par ce qu'il voyait.
Car c'était effectivement une boule brillante qui se trouvait devant eux. Harry se força à se pincer jusqu'à ce que sa peau ne devienne rouge, nouvelle preuve qu'ils n'étaient pas morts, mais non, ce n'était ni un rêve, ni un cauchemar, la boule parlante était toujours là.
- Vous comprenez maintenant pourquoi habituellement c'est lui qu'on envoi chercher les nouveaux venus ? C'est sûr qu'une ptite boule qui brille ça fait tout de suite plus sérieux dans ce milieu, mais bon, on fait avec ce qu'on a, comme je dis toujours.
- Roh, la ferme, veux-tu ?
La boule, au grand étonnement de tous, réussit à leur montrer qu'elle était vexée, voletant rapidement autour de son collègue.
- Il vous a appris la nouvelle, n'est-ce pas ? Où vous vous trouvez, pourquoi vous y êtes… Vous savez tout ?
- Non. Il a simplement dit, je cite « Vous êtes morts, félicitations ». D'ailleurs, à ce sujet, est-ce que je peux me plaindre à votre patron ? Je ne sais pas quel évènement c'est exactement mais franchement, vous devriez avoir honte, pensez à cette pauvre vieille dame, elle aurait pu faire une crise cardiaque sous le choc ! s'écria Pansy en faisant voler ses courts cheveux alors qu'elle secouait agressivement la tête.
- Oh, c'est gentil de vous inquiéter pour moi, dear, mais vraiment, ce n'est pas la peine, dit Pomona en souriant. J'ai un cœur aussi fort que quatre bœufs.
- Quatre bœufs ça fait beaucoup de biftecks, philosopha Ron avant de leur adresser un sourire d'excuse. Désolé, je crois que j'allais en direction de la cantine lorsque je suis…
- Mort, et mort, vous l'êtes tous. Il n'a donc rien fait ? Tss tss, à quoi cela a-t-il servi de t'envoyer ? Ah, ne réponds pas, ça va m'énerver. Bref. Si vous êtes là, c'est que vous êtes morts, navré pour vous, vraiment, ce n'est jamais un moment très facile. Enfin bref, vous avez de la chance, enfin je suppose qu'on peut aller cela une « chance », puisque vous vous trouvez… Dans votre nouvelle école !
Hermione n'y tint plus et, avec le soutien inconsidéré d'Harry, croisa les bras tout en fusillant du regard la boule scintillante :
- Je crois qu'il est temps que nous éclaircissions quelques petites choses, vous et moi. On l'a déjà dit à votre collègue Nous. Ne. Sommes. Pas. Morts. Aucun d'entre nous. La preuve, l'infirmière de notre université, accompagnée de ces deux personnes, l'a vérifié. Alors il serait peut-être temps de…
- Vérifié ? Comment cela ? demanda la boule, interloquée.
- En prenant le pouls, répondit Pomona en enlevant une poussière de sa nouvelle veste.
- …. Vous avez pu prendre votre pouls ? C'est impossible, absolument impo… Je vois. Le nouveau ! Où est le nouveau ? Cet imbécile de petit génie a probablement encore trafiqué les commandes. Hey, le nouveau ! s'égosilla la boule en voletant dans la pièce, les laissant avec l'homme, qui semblait toujours aussi mal à l'aise qu'auparavant.
- Bien, bien, la situation s'arrange au moins. Ça doit probablement être Einstein qui s'est amusé avec les commandes, il adore faire cela, ce petit coquin aha. Vous savez comment sont les génies, babilla nerveusement l'homme en tapotant son crâne dégarni.
Harry n'eut même pas le cœur à répondre à son sourire, les paroles de la boule ne cessant de tourbillonner dans son esprit. Il était mort, réellement mort ? Qu'est-ce que c'était que ce délire ? Comme était-ce possible ? Comment est-ce que c'était arrivé ?
- Nous sommes actuellement dans une école ? Une école pour les morts ? demanda Remus en fronçant les sourcils. Je suis navré mais je me sens bien trop vieux pour reprendre des études, surtout si je suis mort.
- Ah, non, non. C'est une école très différente de ce que vous avez connu dans le monde des humains ! Si vous restez, vous apprendrez à devenir des dieux, ça ne se refuse pas ce genre de proposition, si ?
Hein ? Devenir des quoi ?
Harry regarda stupidement la sphère devant lui. C'était une sphère bleue, tournant lentement sur elle-même et c'était, du moins selon leurs « responsables » leur « planète d'entrainement ». Le jeune homme se pinça l'arrête du nez, son esprit refusant de comprendre la situation dans laquelle il se trouvait.
Le résumé de la boule parlante, qui n'avait pas de nom, lui revint, une nouvelle fois, en mémoire : « Félicitations, vous avez été choisi pour devenir la prochaine génération de Dieux mais seule la moitié d'entre vous pourront réussir. Les autres devront revenir à leur… non-existence. Vous aurez chacun une planète que vous verrez grandir et se peupler, à vous de décider quelle espèce préférer. Plus cette espèce vous adorera, plus vous deviendrez des Dieux puissants. Si vos croyants arrêtent de croire en vous, vous retournerez à votre non-existence. Bonne chance !»
Personne n'avait oser se regarder après ça. Est-ce qu'ils étaient réellement morts ? Ils avaient senti le pouls dans cette pièce suffocante mais c'était en réalité une illusion ? Personne n'osait vérifier et Harry avait dû demander l'aide de Pomona pour ne pas faire une crise de panique. Un mort qui paniquer… Ca prouvait bien qu'il n'était pas mort, non ? Mais plus rien n'avait de sens, la preuve cette fichue sphère qui ne cessait de tourner sur elle-même, censée être sa planète. Avec des êtres qui l'adoreront comme étant leur Dieu.
Harry secoua la tête, refusant d'approcher à plus d'un mètre de cette chose. C'était simplement trop étrange, trop dingue, même pour lui. Il ne se souvenait pas avec exactitude de sa vie en tant que…. Mortel, en réalité, chacun avait pu se rendre compte à quel point leurs souvenirs étaient fragiles, mais il était certain d'une chose rien n'avait surpassé un tel moment !
Il soupira, balayant du regard le reste de la pièce dans laquelle ils se trouvaient. « La salle d'entraînement » était une grande pièce, d'une soixantaine de mètres carrés, où étaient regroupées les sphères tournoyantes. Chacun s'était vu en être attribué une et tous étaient plus ou moins proches de la leurs. Bellatrix, Remus, Hermione et Hagrid observaient la même planète et commentaient ce qu'ils voyaient :
- Oh, j'ai vu quelque chose bouger dans l'eau ! s'exclama Bellatrix, son visage rayonnant comme si on venait de lui annoncer qu'elle avait gagner son poids en bonbons acidulés.
- J'ai bien peur que ce ne soit qu'une vague, soupira Remus. Il n'y a absolument rien sur cette sphère, juste de l'eau. Comment est-ce qu'une espèce est censée vivre là-dessus ?
Hermione recommença à tortiller une mèche de cheveux, réfléchissant :
- Je crois qu'on assiste à la création de la vie. Avec l'eau, le volcanisme qui devrait arriver, un jour ou l'autre, la formation de terres… C'est fascinant, si j'ai raison, vous ne trouvez pas ?
Non. Non, pas vraiment, pensa Harry en regardant certains se précipiter à leur tour autour d'une sphère, validant la théorie de la jeune femme à grands renforts de cris.
- C'est magnifique, soupira Luna, une drôle de femme aux longs cheveux blonds.
Elle ne parlait pas beaucoup depuis qu'ils étaient « arrivés » mais Harry avait remarqué qu'elle observait, dardant son œil curieux sur les autres. Il l'aimait bien, il sentait qu'elle n'était pas du genre à porter des jugements hâtifs.
Une main sur son épaule le fit sursauter et il se retourna sur Tom, qui lui adressa un sourire d'excuse avant de pointer du menton en direction des sphères.
- On devrait aller voir de quoi il en retourne, tu ne crois pas ?
- Non. Sans façon, merci. Enfin, tu peux y aller, toi.
- Et bien Harry, on a peur ? se moqua l'homme au visage si pâle.
Il arqua ses sourcils en croisant les bras, refusant d'être titillé par une créature qui se vouait probablement, fut un temps, à être écrivain, ou bibliothécaire, au vu de sa pâleur.
- Absolument pas. Je ne trouve simplement pas cela très intéressant, vraiment, une boule remplie d'eau qui bouge… Vois pas pourquoi on en fait un tel truc.
- Mais on va être des Dieux, piailla avec excitation Bellatrix, s'appuyant contre Hagrid qui n'eut qu'un sourire amusé.
- Oui mais qui a dit que je voulais en être un ?
Ils regardèrent Harry avec curiosité, pesant la véracité de ce qu'il venait d'affirmer. Certains haussèrent les épaules, retournant à leur sphère, alors que Hermione le fixait du regard :
- Et bien, tu reviendras à ton état de mort. C'est ce que la boule a dit, non ? On perd, mort. On refuse de jouer, et donc on perd, mort. Tu mourras, ou plutôt tu re-mourras, permettant à d'autres une victoire plus facile.
- Mais qui peut nous prouver que nous sommes morts ? s'insurgea finalement Harry.
Un sanglot étrangla ses mots, le frustrant d'autant plus. S'il était mort, s'il était un apprenti Dieu, il n'avait aucunement besoin de se sentir aussi frustrée ou d'avoir des choses inutiles, comme des sentiments. Il ne savait pas pourquoi mais il savait que ça ne lui avait rien apporté de bon dans sa vie.
Tom ne dit rien, préférant tapoter son dos avec douceur. Harry sentait qu'il l'avait pris en affection, cet homme étrange qui aimait porter des lentilles démoniaques. Probablement un élève en art, un truc où on pouvait être aussi excentrique qu'on le voulait, pas comme lui qui était en médecine… Il était en médecine, non ? Le jeune homme fronça les sourcils, essayant d'avoir un souvenir précis de ce qui était sa vie avant tout ça. Oui, il lui semblait qu'il était en médecine.
- Bien, allons manger un bon bifteck, s'écria gaiement Ron en entourant les épaules de Pansy, qui poussa un cri offensé en réponse.
- Oui, il est plus que temps que nous mangions quelque chose, dit Pomona en hochant la tête. Ca fera du bien à tout le monde.
- Et ça prouvera une bonne fois pour toutes si oui ou non on a été kidnappé, souligna Draco en passant une main dans ses cheveux.
Aha. Hilarant.
Harry trouva cela beaucoup moins amusant lorsqu'on les plaça devant des plats dont le fumet qui s'en échappait mettait l'eau à la bouche.
- Comment ça, on doit se contenter de l'odeur ? demanda-t-il en se tournant vers la boule scintillante.
Non, vraiment, plus le temps passait et moins il l'appréciait cette chose stupidement bleue et stupidement brillante. Il ne manquerait plus qu'il ne perde des paillettes, tiens.
- Personne n'est en licence d'Histoire ? s'étonna la boule en faisant le tour de la table. Il me semblait pourtant que si…
- Ah, oui. C'est moi, s'excusa Ron en riant.
Tous les regards se posèrent sur lui, suspicieux. Lui, un élève en Histoire ? Avec une telle carrure, Harry était persuadé qu'il faisait quelque chose en rapport avec le sport.
Horace Slughorn, un étrange type un peu moins petit que celui qui les avait accueilli, fusilla du regard ceux qui pouffaient.
Ah, on a trouvé son prof, s'amusa le jeune homme avant de retourner à son assiette… Qu'il ne pouvait toucher, selon les dires de la stupide boule stupidement brillante.
- Bien bien. Comme vous le savez sûrement, les dieux romains et les dieux grecs avaient droit à des sacrifices, à des libations principalement, à l'occasion de nombreuses fêtes. Ainsi, on égorgeait sur l'autel un veau de X couleur, avec X caractéristiques physiques, pour X Dieu puis, on faisait brûler les os. Les os étaient pour le Dieu, pendant ce temps les mortels mangeaient la viande et tout le monde était content.
- Donc… commença avec hésitation Pansy, ce que vous êtes en train de nous dire c'est qu'on va devoir se contenter de l'odeur pendant que… pendant que d'autres pourront savourer ces plats ?
- Mais c'est dégueulasse ! résuma Blaise, catastrophé par l'idée. Je veux manger, je ne veux pas juste « respirer la douce odeur », c'est quoi ces conneries encore ? Je veux voir le patron !
Harry retint difficilement un pouffement, se mordant les lèvres pour ne pas attirer l'attention sur lui. Étrangement, c'était la chose la plus drôle qu'il avait entendu depuis qu'ils étaient arrivés ici et franchement ? C'était proprement hilarant d'être offensé parce qu'on ne pouvait manger alors qu'ils étaient morts. Le jeune homme ne savait toujours pas avec certitude s'ils étaient réellement morts ou non mais avait décidé de faire avec cette incertitude, préférant se concentrer sur la situation présente.
- Alors, en fait, ils sont plusieurs, parce que c'est une démocratie m'voyez ? et surtout, ils n'ont absolument pas le temps pour ce genre de problème. D'autres se sont très bien débrouillés, regarder les panthéons grecs et romains !
- Oui mais plus personne ne croit en eux, souligna doucement Remus en regardant son plat.
Une chape de plomb s'abattit sur l'assemblée et un silence inconfortable tenta de s'installer alors que la boule voletait en tout sens.
- Oui, oui, effectivement. Mais ils ont eu une très belle vie, vous ne croyez pas ? On parle de plusieurs centaines d'années de croyance, ils étaient très puissants… Et puis, d'autres croyances sont arrivées et ils n'ont pas réussi à y faire face. Sorte de sélection naturelle.
Harry était étonné d'avec quelle facilité ses compagnons de voyage prenaient la situation dans laquelle ils se trouvaient. Il y avait bien eu quelques cris et quelques pleurs lorsqu'on annonça leur mort mais, déjà, certains songeaient à leur avenir en tant que Dieux. Mais qu'est-ce qu'ils étaient censés faire alors qu'il n'y avait strictement rien sur leur planète ? Souffler dessus pour faire des bulles ?
Cette situation allait le rendre dingue, c'était certain, songea Harry en dévorant des yeux le plat devant lui. C'était de la torture et sa haine envers la boule stupidement brillante grandit en proportion de sa frustration.
- Après cela vous pourrez vous reposer un peu puis… Vous pourrez retourner surveiller vos planètes ! Bien évidemment, puisque c'est une salle d'entraînement, vous pouvez y aller quand vous voulez, lorsque ce sera… « l'examen », je suppose qu'on peut appeler cela ainsi, ce sera beaucoup plus strict, pour que personne ne soit lésée, babilla la boule.
Super. C'était décidé, il allait faire des bulles.
Harry n'avait pas fait de bulles ou, plutôt, il n'avait pas réussi à faire de bulles. Il s'était enfin approché de « sa » planète, avait effectivement vu à quel point elle était ridiculement pleine d'eau et avait pris un malin plaisir à souffler dessus… ce qui créa aussitôt un typhon qui balaya une partie de la planète, sous ses yeux ébahis.
- Wow, murmura-t-il, les yeux écarquillés devant un tel spectacle.
- C'est toi qui as fait ça ? La classe ! s'écria Ron en s'approchant à son tour. Et si tu mets ta main dessus, il se passe quoi ? Imagine les dégâts possibles !
La boule de poils s'éclaircit la gorge, se contractant sur lui-même au grand dégoût du jeune homme :
- Effectivement ! Chacun de vos gestes aura un impact sur votre planète, n'oubliez pas que vous êtes puissant alors vous devrez être précautionneux, c'est fragile, même si on ne le dirait pas.
- Mais… Comment est-ce qu'on va pouvoir interagir avec les gens ? demanda Pansy, dubitative.
- Excellente question, ma jeune amie ! – Pansy grimaça en réponse – Vous aurez la possibilité, lorsque votre espèce se sera bien implantée, d'incarner un être, animal ou humain, pour aller directement sur votre planète et interagir avec vos croyants !
- Vous dites cela comme si nous allions avoir des espèces non-humaines, l'interrompit Blaise, dubitatif.
Seul un silence lui répondit.
- Bien, je vous laisse à vos occupations ! Et n'oubliez pas de garder un œil sur votre planète, vous pourriez avoir quelques surprises.
Harry regarda la boule partir avant de se tourner, une nouvelle fois, vers la sphère stupidement bleue.
- On ne peut pas manger, on est mort et en plus on va devoir faire du baby-sitting, c'est vraiment la merde d'être Dieu, résuma Draco en brossant ses cheveux en arrière.
Tu l'as dit, bouffi.
En réalité, si on devait résumer le quotidien d'un apprenti-Dieu, ça serait rapide la majeure partie du temps c'était s'allonger, au soleil ou non, jouer et… boire, ou plutôt respirer à pleins poumons les boissons alcoolisées, accompagnés de plats dont le fumet faisait tourner la tête.
Harry avait du mal à saisir la notion du temps, les journées lui semblaient bien trop longues, tout comme les nuits, mais la boule les avait rassurés sur une chose ils pouvaient dormir.
- Enfin, ce sera plus un coma qu'un sommeil, vous aurez du mal à décider combien de temps vous dormirez, cela peut tout aussi bien être une nuit comme dix ou comme dix milles nuits. Tout dépend de votre puissance et de votre état « physique ». A mesure que vos pouvoirs augmenteront, vous aurez plus de contrôle sur votre « corps ». Mais pour le moment, ça serait à vos risques et périls, le risque étant que votre planète vous refuse l'accès car elle ne vous reconnaîtrait pas.
- Ah, parce qu'elle peut faire ça ? s'étonna Pomona en regardant d'un œil circonspect sa planète.
- Bien sûr, bien sûr. C'est que ça a du caractère ces petites choses-là, gloussa avec ravissement la boule avant de partir, une nouvelle fois.
Harry haussa ses sourcils. Vraiment ? Pourtant ça l'avait laissé lui souffler dessus la dernière fois. Peut être qu'il avait une gentille planète, qui pouvait bien savoir.
Le jeune homme posa son bras sur ses yeux en gémissant. Il s'ennuyait teeellement, c'était insoutenable.
- Tu veux jouer à la belote ?
Il enleva son bras pour tomber sur le visage de Tom, ses lentilles depuis longtemps enlevées, présentant des yeux totalement normaux, au grand soulagement de tous. Harry ne lui offrit qu'un vague grognement avant de rabattre son bras, boudeur.
- J'ai hâte de voir ce que va devenir nos planètes. Imaginer toutes les possibilités, s'extasiait Horace, en grande conversation avec Ron et Pomona.
- Je me demande tout de même, est-ce qu'on est censés être des genres de Dieux tout puissants ? Est-ce qu'on ne sera pas plutôt comme les anciens Dieux, avec chacun une spécialité, si on peut parler de spécialité ? s'interrogea Ron.
- Très bonne question, mon garçon, approuva Horace avant de secouer la tête. Qui peut bien savoir ce que l'avenir nous réserve ?
- Dieu seul le sait, s'amusa Pomona en mettant une main délicate devant sa bouche, cachant à demi son sourire amusé.
- Oh, ma chère, quel humour vous avez-là, roucoula le vieux professeur.
Eurk.
- Oh bah ça alors, y a des volcans partout ! s'écria Ron, en montrant sa planète à Hagrid, le plus proche de lui.
- Magnifique ! Regardez toute ces lumières, on aurait envie de mettre la main, pour toucher.
- Euh non Hagrid, j'ai bien peur que ce soit une mauvaise idée, toussota Hermione avant de retourner à son observation, prenant soigneusement des notes dans un petit carnet.
Elle avait tout d'une scientifique, demandant à la boule s'il était possible d'avoir des lunettes de protection ou un thermomètre. Malheureusement, seul le carnet lui fut accordé, ce qui la frustrait beaucoup.
Harry, lui, se faisait toujours aussi chier, et son humeur grognon lui avait déjà valu plusieurs incartades avec le jeune homme à la peau pâle, à son grand ravissement. Même si ce n'était que s'insulter, au moins cela l'éloignait, durant un temps, de son ennui.
Il regardait d'un œil blasé les petits volcans crachaient toute la lave qu'ils pouvaient. Non, vraiment, il comprenait qu'ils faisaient de leur mieux, mais il n'empêchait que, tant que rien ne vivrait à proprement parler, il était évident que leur rôle de Dieux ne servait pas à grand-chose en attendant. Et Harry détestait attendre.
Les volcans s'arrêtèrent au bout de cinq longs jours, au grand soulagement de tous. La pièce sentait le souffre mais chacun supporta l'odeur pour voir la nouvelle configuration de leur planète. Au grand émerveillement de tous, même Harry fut obligé de le reconnaître, chaque planète était différente. Bon, cela restait des étendues de lave refroidie mais c'était effectivement un grand changement en comparaison à la sphère initialement bleue qui aurait fini par le rendre dingue.
- Quelle est la prochaine étape, ensuite ? demanda Tom en regardant Hermione, jugée la plus spécialiste sur la question.
Mais ce fut Neville qui répondit :
- Prochaine étape c'est la forestation. Mais je me demande si on ne pourrait pas accélérer les choses un peu.
- Il devrait y avoir de la vie dans l'eau, à présent, songea Hermione en se penchant sur sa planète. C'est vrai que ça serait bien d'accélérer.
- Pourquoi ne pas demander à notre « responsable » ?
Harry crispa sa mâchoire à la mention de la boule stupidement brillante.
- Il a intérêt à accepter, maugréa Blaise, je n'arriverais pas à attendre plus.
Une partie de leur groupe acquiesça. Il était temps de réellement commencer leur formation divine.
- Oh non, j'en ai encore tué un, soupira Bellatrix en se passant une main lasse dans ses cheveux.
Harry la regarda d'un air blasé. Cela faisait déjà plusieurs jours qu'ils avaient chacun pu voir les espèces peuplant leur planète, la boule ayant accédé à leur demande sans trop de difficultés. Ainsi, il était temps de privilégier l'espèce qui les adorera et les rendra puissants, à la grande excitation de tous. Chaque apprenti-Dieu avait sa technique, certaines plus discutables que d'autres. Ainsi, Bellatrix avait décidé qu'elle voulait que les siens développent une nouvelle capacité celle d'apprendre à voler. Sans succès jusqu'à présent, à sa grande frustration.
Le jeune homme reporta son attention sur sa propre planète, observant avec circonspection l'espèce qui semblait, pour le moment, surpasser les autres. De petite taille, mais tout lui semblait petit de là où il se trouvait, ils ressemblaient à un croisement entre un chat et un serpent, une longue queue sur le coccyx, tout en écailles, des yeux fendus et une langue fendue, très utile pour humer l'air et connaître l'état physique du reste du clan, remarqua-t-il. Ils se tenaient sur quatre pattes et feulaient lorsque quelque chose ne se passait pas comme ils le souhaitaient et, lorsqu'ils avaient le temps, ils le passaient à soigner leur… pelage avec attention. De ce qu'il avait pu en voir, cela ne faisait que quelques heures qu'il s'était attardé sur eux, décidant que les scorpions géants à huit yeux étaient trop pour lui, les robes, il n'arrivait pas à qualifier ce qu'il voyait, pouvaient être de différentes couleurs et un système de hiérarchie se mettait déjà en place, selon les couleurs qualifiées comme étant les plus rares. Harry roula des yeux en remarquant que les « chefs de clans » pouvait avoir jusqu'à cinq compagnes et que certains étaient rabaissés au rang de ce qu'il pensait être d'esclaves. Le futur Dieu soupira. Ils étaient tellement… humains, à bien des égards. Il se souvint des derniers conseils de la stupide boule stupidement brillante :
- Nous avons accéléré les choses, grâce à une invention de notre stagiaire, mais n'oubliez pas maintenant c'est à vous de décider du destin de vos croyants. La première chose est de vous implanter comme étant la seule religion possible, la seconde est de le rester disons… durant mille ans ?
Des exclamations véhémentes retentirent dans la pièce, le faisant raccourcir l'entraînement à quelques décennies, au grand soulagement de tous.
- Oh et, une dernière chose n'hésitez pas à aller voir vos croyants physiquement, si vous pensez que ce serait utile pour vous. Amusez-vous bien ! ria la boule avant de s'esquiver, et Harry fut certain de voir des paillettes s'échapper de son petit corps, à son grand dégoût.
Etait-il temps de rendre visite à ses futurs croyants ? Probablement.
Harry se mordit la lèvre inférieure, ébouriffant ses cheveux alors qu'il réfléchissait à la manière de procéder. Il savait qu'il devait faire un choix stratégique qui est-ce qu'ils allaient écouter sans risquer de tuer son incarnation ? Un personnage puissant, sans aucun doute. Soudainement, Harry eut une illumination pourquoi ne pas incarner une « personne » au pelage, il s'était décidé leurs écailles seraient un pelage, d'une couleur si rare qu'elle… n'existerait pas encore ? Fier de ses résolutions, il se pencha une dernière fois vers la petite sphère, plissant les yeux en direction du clan, le seul existant pour cette espèce, avant d'arborer un sourire satisfait. Parfait, une des compagnes du chef était enceinte, il ne lui restait plus qu'à incarner le fœtus à naître, à trafiquer quelques-uns de ses allèles, ceux s'occupant de la couleur des écailles et de la taille, et il serait fin prêt à mettre de l'ordre dans tout ce petit monde et, surtout, à s'imposer comme étant leur Dieu.
Rien n'était plus simple pour un Dieu, fut-il encore en apprentissage, n'est-ce pas ?
Bien évidemment, mais je pense que tout le monde le sait depuis le temps, toutes les critiques sont bonnes à prendre, tant qu'elles sont faites dans les règles de l'art.
Au plaisir de vous retrouver pour le prochain chapitre !
