Note : De retour ! ^o^ Voici donc la première partie d'un Two Shots, requête de Rockie. Cette fic est, depuis "Le jeu du chat et de la souris", de "Ah... tu n'étais pas au courant ?" et de "Plus que n'importe qui", la première que j'écris en Pov. J'espère que ça vous plaira, et que vous commenterez, parce que il y a quand même 14 pages, et que ça faisait longtemps que je n'avais pas écrit (Pov ou pas). Soyez gentils, ne ? J'essaierai de poster la deuxième partie avant de partir en vacances. Voilà, bonne lecture ^^
Plus...
Encore une nuit calme et tranquille. Encore une. Et je suis encore sur mon balcon, une clope au bec, en train de regarder Tokyo briller sous mes pieds. Bizarrement, cette sensation est plaisante. Ça flatte mon égo de savoir que je peux être au-dessus de tout. Le ciel est noir, sûrement autant que mes cernes en cet instant, et sa myriade d'étoiles invisibles ne parvient pas à passer l'épais brouillard sonore et lumineux de la ville. Calme et tranquille, oui, mais putain que j'étouffe ici. J'écrase ma cigarette sur la rambarde et me retourne pour rentrer, bâillant à m'en décrocher la mâchoire. Un coup d'oeil à l'écran de mon portable pour savoir l'heure. Et merde, déjà quatre heures vingt. Je pousse un profond soupir et me laisse tomber sur le canapé, n'ayant soudainement même plus la force d'aller jusqu'à ma chambre, et m'endors là, la tête entre deux coussins. L'un d'eux à son odeur, celle de ses larmes, et je le sers inconsciemment contre moi tout en sombrant progressivement.
-Elle avait l'air sympa ta soirée, Ryo !
Je me retourne, le regard noir, et fusille des yeux celui qui ose me dire que j'ai passé une bonne soirée. Masuda déglutit et baisse la tête.
-Ben quoi ? Vu les cernes que t'as, tu as dû aller en boîte, non ?
Je grognonne une vague réponse en expliquant que je ne suis pas sorti de chez moi et me retourne vers mon casier. Fous-moi la paix, l'avorton. Tu ne sais pas ce que ça fait de ne pas être regardé et de n'être qu'un bouche-trou. Marre de faire la plante verte. Toi, tu es le « meilleur ami », celui qui sourit tout le temps, même pour un rien, et celui qui ne dit jamais non. Tu ne peux pas comprendre ce que je ressens. Et voilà que je me mets à penser comme une adolescente trahie, c'est répugnant. Je pousse un profond soupir et enfile mon t-shirt pour la répétition avant de quitter la loge, rejoignant ainsi la salle de danse où nous allons passer presque toute notre journée à suer. Un merveilleux jour en perspective.
Pi est déjà là, en train d'arranger la chaine hi-fi, comme toujours, et je viens m'écrouler sur le banc à côté de lui, attirant ainsi son regard sur moi.
-Ryo ?
Je ne réponds pas pour lui faire comprendre que je ne veux pas en parler et il me laisse dans mon silence en vérifiant le volume de la chanson. La bonté et la compréhension de ce type m'impressionneront toujours. Sérieusement, qui a fait un mec pareil ? Mais je n'ai pas plus le temps de cogiter là-dessus que le reste du groupe arrive en braillant – Koyama, hurlant de rire – Kato, souriant – Masuda, et chantonnant – Tegoshi. Je me lève de mon banc et me mets en place au centre de la pièce, attendant d'être rejoint par les autres pour commencer la répétition. En regardant leur tête, j'ai presque envie de ricaner, ils savent que je ne vais pas les ménager ! Ils le savent et ils ont raison de me craindre, je suis encore pire quand je suis fatigué, ils vont souffrir. Ça encore, ça flatte mon égo, je me sens supérieur, meilleur que tous, plus haut que les autres et plus puissant. Impressionnant, perdu dans mon monde de pouvoir et de domination, craint et méprisant. Je les hais tous autant qu'ils sont, je les tue de mon regard noir de rage et de rancoeur, je les noie dans mon dégoût de la vie, dans le dégoût de ma propre personne. Parce qu'on fond, je me déteste, je me hais, je m'abhorre, même, d'être si faible, si dépendant de son regard et de son sourire, de ses mots et de sa voix, de son visage et de son corps. Enfin, de son corps, c'est vite dit. Il ne s'est rien passé et il ne se passera jamais rien. Je sais déjà que mes sentiments sont à sens unique, mais ça ne m'empêche pas d'avoir mal quand je croise son regard.
Ils sont tous autour de moi, je commence à enchaîner les pas pour leur faire réviser la chorégraphie. Je n'ai pas besoin de les regarder pour savoir qui est en retard. Tegoshi et Kato, comme toujours. Mais au moins, le premier a le mérite de savoir chanter, pas comme cette plante verte de Shige qui n'est là que pour décorer. Bon, d'accord, il le fait très bien, il est plaisant à regarder, mais ça reste une plante verte qui chante et danse mal. Heureusement que moi et Pi-chan sommes là pour remonter le niveau en danse. Et Masuda aussi, il se débrouille bien, sauf qu'il n'a pas de voix. Koyama, avec sa manie de vouloir interpréter les chorégraphies, nous fait toujours dons de ses fameux décalés...
-Bon sang ! C'est pas compliqué de respecter les pas ! Quand on te dit « le bras tendu », tu tends le bras !
-Mais, Ryo-chan, c'est pas beau si c'est tout droit...
-Oui, mais à cause de ça, tu te plantes encore dans les pas suivants.
-C'est pas vrai...
-Si. A cause de ton « interprétation », tu donnes l'impression d'être mou comme Masuda.
-Ben merci, ça fait plaisir, répliqua ce-dernier.
-Je t'en prie, c'était gratuit.
Pendant que le petit Massu me fixe avec un air outré, je continue d'engueuler Koyama et ses faux-pas.
-S'il te plait, juste quelques arrondis...
-Juste un. Et choisis le bien, y en aura pas d'autre. Après, je veux te voir PARFAITEMENT synchronisé avec tout le monde, compris ?
-Oui...
-Et choisis vite, on a pas toute la journ... TEGOSHI ! QU'EST-CE QUE TU FAIS ?
-Mou... crie pas comme ça, Ryo-tan... C'est rien du tout.
-Alors explique-moi ce que tu fous sur les genoux de Pi-chan.
-Un câlin !
-Laisse-le tranquille deux minutes, Ryo, il est manque de câlins, le petit.
-J'veux même pas savoir pourquoi.
-Parce que je suis tout seuuuuul !
Et voilà, il recommence à brailler. Et à cause de ça, tout le monde va l'écouter, le plaindre, lui faire des bisous et des câlins, et pendant ce temps là, ma choré ne s'apprend pas ! D'ailleurs, Masuda s'approche déjà de lui et pose sa main sur sa tête, Kato et Koyama à côté, les yeux criant des « le pauuuvre ! ».
-Eh ? Mais comment ça se fait ?
-Ben parce que personne ne veut de moi. Tout le monde dit que je suis trop gamin, trop petit, trop mignon, et pas assez viril.
-C'est pas en demandant des câlins à ton leader que ça va s'arranger.
Ma voix est sourde et grave, rauque. Mon cœur se déchire de jalousie. J'ai mal.
-Ouais mais je suis comme ça, je peux pas changer. Diiis, Kei-chaaaan... tu penses que je trouverais quelqu'un ?
-C'est évident. Personne ne peut te résister.
-Mais je ne veux pas que ce soit parce qu'on me trouve mignon. Je veux... qu'on me désire !
-Ouah, c'est choquant d'entendre ce mot là dans ta bouche, Tegoshi.
-Eh ?
-Personne ne peut te désirer.
Arrête.
-Tu ressembles trop à une fille pour que ce soit le cas.
Idiot.
-Tu as la voix d'une fille, le sourire d'une fille, la tête d'une fille, la démarche d'une fille !
Mais tu vas arrêter, oui ?
-Ryo-tan...
-Allez, c'est bon, ne me fais pas tes yeux de chien battu. J'en ai rien à foutre de tes problèmes.
-Ryo !
Je me tourne vers Pi, le regard noir de rancoeur, de douleur, de jalousie.
-Quoi ?
-Arrête de t'acharner sur lui, il ne t'a rien fait.
-Qu'est-ce que t'en sais ? Il paraît trop vulnérable pour faire souffrir les autres ?
-Ryo. Tu vas te calmer. On est un groupe, si tu commences à te monter contre tout le monde, on va droit au mur.
-...
-Personne n'est plus coupable qu'un autre, si ce n'est pas volontaire. Et je sais que si Tego-chan te fais du mal, c'est sans le savoir.
-Me faire du mal ? J'ai dit qu'il me faisait du mal ? Arrête, je ne suis pas une fille, moi. Je suis un mec, un vrai, un dur, pas une espèce de pseudo-gonzesse.
-Là, Ryo, c'est à Tego-chan que tu fais du mal. Tu te rends compte de ce que tu dis ?
Bizarrement, je ferme aussitôt ma gueule, et je me tourne vers le plus jeune. Son regard s'est empli de cette immonde liquide salé. Pitié, non, il ne va pas pleurer quand même ? Il n'y a que les femmes qui pleurent. Les hommes ne pleurent pas. Ils ne pleurent pas... Pitié, non, ne pleure pas... Essuie cette larme qui roule sur ta joue... Je ne veux pas craquer... Je ne dois pas craquer... Pardon. Excuse-moi... Je suis désolé, je me suis emporté... Mais je ne veux pas que tu saches à quel point inimaginable je t'aime. Oui, je t'aime. Je t'aime trop... beaucoup trop... et je suis un monstre avec toi. Je suis méprisable, pourquoi est-ce que tu continues à venir me voir, à venir me déballer ton sac et raconter tes malheurs ? Pourquoi Masuda n'a pas ce rôle ? Je te fais mal, et je m'en veux.
Je ferme un instant les yeux, pour me permettre d'oublier ce regard larmoyant, et j'inspire, profondément.
-Désolé. Ça fait plusieurs jours que je ne dors presque plus. Je ne le pensais pas.
-Je sais bien, Ryo. Mais fais attention à surveiller ta langue.
Je hoche la tête, la fatigue embrouille mon cerveau plus que ce que j'avais imaginé. Maintenant que la colère est redescendue, mon esprit prend l'étrange faculté de ne retenir que les mots importants. Langue... Comme j'aimerais t'embrasser. Comme j'aimerais lier ma bouche à la tienne, faire fusionner nos lèvres et enrouler nos langues. Comme j'aimerais te serrer dans mes bras, t'avoir contre moi. Comme j'aimerais poser mes mains sur toi, te caresser, t'entendre gémir de plaisir et crier mon nom. Comme j'aimerais te... STOP !
J'arrête de respirer. Putain de cerveau qui ne pense qu'à ça dès qu'il n'a pas son quota de sommeil. Je devrais dormir, longtemps. Plusieurs journées, pour rattraper mon retard, et revenir tout frais et joyeux à l'agence, taper la bise à Pi, plaisanter ouvertement aux conneries de KoyaShige et flemmarder en attendant notre manager.
Euh... nan, sérieusement, ça me ferait moi-même flipper. Même en forme, je ne suis pas comme ça, loin de là même. Je reste Nishikido le péteux, le méchant, le râleur, le sarcastique. Sauf que je contrôle mon esprit, qui ne pars pas divaguer en imaginant cette bouille d'ange me réclamer des baisers, des câlins, des caresses, son magnifique visage se transformant sous le plaisir...
Je me gifle mentalement. Merde, je ne suis pas comme ça, même si les autres pensent le contraire. Qu'est-ce que je dois faire ? Rappeler ma colère, ce qui me permettra de prendre tout le monde de haut et oublier mes tourments, ou rester gentil avec lui et supporter mes visions ? Nan, je n'arriverai jamais à les supporter. Il y est tellement attirant, tellement beau. Ne t'inquiète pas, tu es désirable, ne te fais pas de souci pour ça, vraiment. Sauf que si tu apprenais qui est tombé sous ton charme, tu tomberais de bien haut, crois-moi. De trop haut, même. Il ne faut pas que tu saches, je garderai tout ça pour moi, j'attendrai que cette attirance pour toi me passe et j'emporterai ce secret avec moi dans la tombe. Tu n'en sauras rien, promis.
Finalement, je décide de clore la répétition par cet incident. Je n'ai pas l'esprit à travailler. Je ne veux plus lui dire des horreurs, mais je veux éviter ces images en sa présence, sait-on jamais si mon corps venait à réagir, ce serait bien trop embarrassant...
-Ryo ?
-Quoi ?
-Euh... tu étais en train de te rappeler ton coup d'hier ou... ?
-Eh ?
Je suis des yeux ce que son index montre et je m'empourpre jusqu'au cou. Putain de merde ! Je lâche mon t-shirt, mon sac, et je cours vers les toilettes, au bout du couloir. Je prie pour ne croiser personne. Faites que je ne croise personne, et surtout pas lui. Je me sentirais bien trop mal. Pitié, pitié, pitié.
-Ryo-tan ?
-Plus tard !
J'ouvre à la volée la porte de la cabine à droite de celle qu'il quitte et m'enferme à l'intérieur, pour me laisser tomber en soupirant sur la cuvette. Là, je me laisse tout le loisir de voir l'effet que me fait Tegoshi. C'est affreux, c'est tout droit et dur, et j'ai mal. Mais je ne peux rien faire, je le sens de l'autre côté de la porte, un peu mal à l'aise apparemment. Non... il a vu ?
-Ne, Ryo-tan...
-Hum ?
-Je peux te parler ?
-Je... ça peut attendre ?
-Eh ?
-Je ne m'enferme pas dans les toilettes pour rien.
-Ah oui euh... pardon.. je... je t'attends dehors...
Je le sens encore plus gêné, le visage en feu. C'est fou ce qu'il est craquant quand il rougit. Il bredouille encore une excuse, sort des toilettes et referme la porte. Bon, il a peut-être vu, ce qui expliquerait pourquoi il est aussi embarrassé, mais il ne se doute pas que c'est à son sujet. Je suis sauvé. Ou pas, il faut encore que je m'occupe de ce truc, cette trique de tous les diables qui déforme mon jean et me donne cette apparence de pervers international. Je déboutonne mon pantalon, ouvre la fermeture éclair et glisse ma main dans mon boxer pour l'entourer autour de ma virilité. Rien que le contact chaud de mes doigts et l'étau que j'exerce me fait fermer les yeux, retenant de justesse un gémissement. J'inspire longuement, et je me lance, faisant courir mes doigts de haut en bas, je me mords les lèvres avec force pour ne pas gémir, tandis que des images de Tegoshi toutes plus appétissantes les unes que les autres me viennent en tête. Aaah... oui, regarde-moi comme ça, avec ces pupilles noires de désir, tellement dilatées que le chocolat de tes yeux a disparu. Oui, lèche-moi, mords-moi, griffe-moi autant que tu veux. Fais-moi mal, j'aime ça. Venge-toi de chacun de mes mots, de chacun de mes reproches. Laisse tes doigts parcourir mon corps frissonnant, laisse ta bouche me découvrir, laisse ton amour me brûler.
Je pousse un petit cri. C'est fini. Je retire mes doigts humides de mon boxer, referme mon jean et sors de la cabine pour me laver les mains, l'esprit encore perdu dans les quelques nimbes de plaisir qui m'ont entourées. Certaines images me reviennent et je les chasse en me concentrant, ce qui est difficile en étant fatigué. Bon, j'inspire et je sors des toilettes pour retrouver le petit ange. Il est là, contre le mur, en train de pianoter sur son téléphone portable.
-Tego-nyan ?
Il relève la tête, me sourit et me rejoint. J'ai rêvé ou son sourire est forcé ?
-Tu voulais me parler ?
-Oui, tu as un moment ?
-La journée est finie, donc oui. Je t'écoute.
-Voilà... tu sais ce qui me tracasse en ce moment... et je... je suis allé voir... Koki.
-Eh ? Attends, tu plaisantes ? Tu es allé réglé tes problèmes de virilité avec lui ?
Je rêve, là. C'est impossible... Parce que si Tegoshi est allé voir Tanaka, ça veut forcément dire que... qu'il est attiré... par les hommes... Je rêve. Pincez-moi, je rêve.
-Ryo-tan ?
-Ouais ?
-Tu m'écoutes ?
-Ah, oui, désolé. Et donc, il s'est passé quoi ?
-Ben euh... j'ai demandé à lui parler, il est venu... je lui ai prit la main... il avait l'air étonné mais plutôt content...
Trop mignon, il rougit. Un sourire bête s'étire son mon visage.
-... et puis, je l'ai embrassé. Il m'a accroché la nuque et il m'a complètement plaqué contre le mur... j'avais peur... Il a mit ses mains sur... sur mes fesses... Et puis, après quelques instants, il s'est décollé et il a dit qu'il ne faisait que jouer... qu'il n'avait fait que me donner ce que je voulais...
-Oh.
-Ne, Ryo-tan... tu penses vraiment que personne ne peut me désirer ?
Et il me demande ça avec un ton plaintif, sa petite moue habituelle sur le visage. Explique-moi d'abord comment je fais pour te résister, petit monstre...
-Ryo-tan ?
-Ah, désolé. Ben... je pense qu'il y a des personnes qui te désirent, mais elles ne te le montrent pas.
-Si elles ne me le montrent pas, je ne pourrais pas savoir si je suis désiré...
-Mais peut-être qu'elles ne veulent pas te le montrer.
-Pourquoi ?
Je le regarde avec des yeux écarquillés. Il se fiche de moi là ?
-Comment ça « pourquoi » ?
-Ben oui. Si on me désire, il faut me le montrer !
-Attends, et si ce désir était causé par des sentiments ? Et si cette personne t'aimait ?
-Hum... ça dépend.
-Et ça dépend quoi ?
-Si le désir a causé l'amour, ça va, mais si l'amour a causé le désir, c'est nul.
Une flèche en plein cœur. J'ai mal.
-Et pourquoi ?
Je me braque. Mauvaise idée.
-Parce que... ça veut dire que la personne ne me désirait pas au départ et que c'est venu avec les sentiments.
-Donc tu veux qu'on ne t'aime que pour ton corps, et pas pour ce que tu es ?
-Déjà, c'est impossible qu'on m'aime pour ce que je suis...
Il baisse les yeux. Apparemment, ça lui mine bien le moral de ne pas être aimé. Je t'aime, moi. Mais je ne peux pas te le dire. Tu me rejetterais.
-Il y a quelque chose que je ne comprends pas, Tego-nyan. Pourquoi est-ce que tu cherches à être désiré ?
Ah, il rougit. J'ai touché un point sensible sans le savoir. Mais ça m'intéresse, je pose ma main sur son épaule.
-Ben euh... en fait... je suis jaloux.
-Jaloux ?
-Moui. De Pi-chan, de toi, de Kamenashi-kun... Vous, vous arrivez à donner du désir aux gens sans rien faire, vous leur donnez des idées, et moi rien. Je me sens minable à côté de toi et Pi-chan dans le même groupe.
Ah ouais, quand même. Il a un sacré problème de manque de confiance en lui, le petit.
-Mais tu t'en fiches de ça ! Oublie le désir et reste celui que tu es. Garde ta bouille d'ange que tout le monde aime, je suis sûr que rien que comme ça, tu donnes des idées aux autres.
-Mais pas les mêmes.
-Non, pas les mêmes. Mais tu veux quoi ? Te transformer en sex-symbol ? Ça ne t'irait pas, crois-moi.
-Je fais quoi alors ?
-Reste toi-même. Je suis certain que ça ira mieux. Et tu peux me croire, les sentiments sont plus honorables que le pur désir physique.
Je lui adresse un petit sourire, une tape sur l'épaule, et m'éloigne. Je ne veux pas l'entendre dire que l'amour ne sert à rien, je ne veux pas avoir mal. J'ai déjà mal. Le fait qu'il ait prononcé ces mots me brise le cœur. Je retourne dans la loge pour récupérer mes affaires et rentrer chez moi. Au programme : sieste et repos. Je ne veux plus l'engueuler pour rien, je ne veux plus lever la voix contre lui, je ne veux plus le voir pleurer.
-Ryo ?
-Ouais ?
Je me retourne vers Pi-chan qui a déjà fini de ranger ses affaires.
-On va se boire un truc ?
-Je suis fatigué, il vaudrait mieux que j'aille dormir.
-Allez ! Juste un verre !
Je soupire et referme mon sac.
-Bon, d'accord. Mais juste un.
-Merci, petit Ryo.
-Tu m'appelles encore une fois comme ça, tu te prends mon poing dans la gueule, meilleur pote ou pas.
-D'accord, d'accord, j'arrête.
Son grand sourire me dit le contraire, mais bon, passons. Je le suis hors de la loge, et monte dans sa voiture. Je reprendrai la mienne plus tard. Et puis, j'ai assez de fric pour venir au boulot en taxi, un luxe que ne peuvent pas se payer tous les péquenots de ce monde.
Le trajet est silencieux, j'ai le front posé sur la vitre, le regard perdu sur les rues trempées par la pluie, et Pi-chan ne prononce pas un mot non plus. Je ne sais pas à quoi il pense. Peut-être aux nouveaux cocktails qu'il a décidé de me faire goûter. Peut-être à sa nouvelle copine. Peut-être au groupe. Ou autre chose, j'en sais rien. Et puis en fait, je m'en fous. Il n'y a qu'une seule personne qui m'intéresse dans ce monde, et c'est ce petit ange qui vole trop haut pour que je puisse l'approcher. Et si jamais je le touchais, je le salirais, je le souillerais de mes mains, lui qui a une âme si pure. Il n'est jamais à blâmer, il est le plus gentil, le plus adorable, le plus beau de tous, et celui qui occupe mon esprit jours et nuits. Ce qui explique aussi pourquoi je n'arrive pas à dormir. Je le vois partout devant mes yeux, souriant, ses yeux s'illuminant, brillant, étincelant. Il est tellement beau que j'en ai le cœur serré. Bon, Ryo, oublie tout ça. Pi-chan est là pour te faire penser à autre chose. Fous-toi la misère, reviens bourré comme jamais, et là tu dormiras. Bonne idée. La portière claque et je suis mon leader de meilleur ami dans ce bar assombri par la pluie. Les néons colorés flashy m'agressent un peu les yeux, mais je passe outre. Je ne vais pas taper mon scandale pour juste quelques lumières roses et bleues. Je m'écroule sur la banquette à côté de mon Pi et le laisse choisir à ma place. Il commande au serveur plusieurs trucs, dont la moitié que je ne connais pas, et pousse un soupir monstre, pour la forme. Il avait dit un seul verre, mais j'ai décidé de rentrer déchiré donc je n'ajoute rien. Les cocktails arrivent et l'odeur de l'alcool me chatouille les narines.
-Ryo ?
-Mouais ?
Je bois le premier verre cul-sec. Ah, il m'arrache la gorge celui-là. Je retiens mes toussotements, je suis fort, moi. Je suis un dur, et je le montre. Mes yeux voient trouble un instant, avant de parvenir à distinguer mon pote dans l'obscurité du bar.
-Il faut qu'on parle tous les deux.
-Eh ? De quoi ?
-De toi. Raconte-moi tout. Qu'est-ce qu'il se passe avec Tego-chan ?
Là, je manque de m'étouffer, et sans verre. J'écarquille les yeux et ravale mon cri surpris.
-Mais rien du tout !
-Arrête, t'as vu comment tu lui as parlé aujourd'hui ?
-Je suis tout le temps comme ça.
-Non, Ryo. D'habitude, tu le couves du regard quand tu penses que personne ne te voit. Qu'est-ce qu'il se passe ? Est-ce que tu... C'est complètement fou, mais quand on voit comment tu le regardes... Tu es attiré par lui ?
Je baisse la tête. Ça fera office de réponse et Pi-chan croira ce qu'il veut.
-Ryo, réponds-moi. Je veux l'entendre de ta bouche.
-Ça me passera.
-Et si ça ne te passe pas ? Tu vas continuer à l'engueuler alors qu'il n'a rien fait, et lui jeter ces mêmes regards quand tu crois que personne ne te voit ?
-C'est ce que je fais depuis déjà un moment, alors...
-Combien de temps ?
-Eh ?
-Ça fait combien de temps que ça dure ?
Non, la pire question. Autant, il me croyait quand je lui ai dit que ça allait me passer, autant, si je lui révèle depuis combien de temps Tegoshi n'est plus un seul ami, c'est certain qu'il changera d'avis.
-Ryo.
-Ça fait... plusieurs mois.
-Combien de mois ?
-Je ne sais pas... six ou sept... peut-être plus.
Super... Je croyais que je ne devais pas lui dire... Pi-chan est trop influent.
-Et tu penses qu'après plus de six mois, ça te passera ?
-On ne sait jamais. Je suis peut-être seulement en manque de filles.
-Tego-chan n'a rien d'une fille, contrairement à ce que les gens pensent, et tu le sais très bien. Il est seulement perpétuellement en demande d'affection.
-Y a une différence ?
-Fais pas ton dur, Ryo. Je sais qu'au fond, tu n'est pas comme ça.
Il m'adresse un petit sourire et pousse vers moi un deuxième cocktail.
-Raconte-moi tout. Je te jure que ça ne sortira pas d'ici.
Et je craque. Je lui sors tout. Tout ce qui fait que mes sentiments se tournent vers lui plutôt que vers une autre personne, tout ce que j'aime chez lui, tout ce qui me fait craquer, tout ce qui m'a séduit. Pi-chan me regarde avec attention, il doit me prendre pour un fou. Moi, Nishikido Ryo, connu pour mes mille et unes conquêtes, est en fait gay, et en pleine phase de gagatisation sur le plus jeune du groupe. Phase qui, je le sais, ne me passera pas tout de suite.
D'abord, il y a ses sourires, auxquels je n'ai pas droit, puisqu'il ne vient me voir que pour se confier ou pleurer puis son rire, qu'il ne partage qu'avec Masuda et Koyama ses regards intéressés quand Kato lui raconte quelque chose et sa mine admirative quand il regarde Pi-chan. Moi, je n'ai droit qu'aux larmes, qu'aux bouilles blessées, qu'aux regards larmoyants et peinés, à la douleur, à la tristesse, au chagrin.
Je lui raconte ce qui a fait chavirer mon cœur, de quelle façon je me sens fondre dès qu'il rougit, ou comment mon cœur s'emballe quand je m'imagine goûter à ses lèvres si délicates, quand mon cerveau m'offre des images troublantes et pleines de sous-entendus, quand tous ses charmes s'allient contre moi. Je lui fais part de mes envies, de mes hypothèses, de mes certitudes. Sa peau doit être si douce que j'aurais l'impression de la sentir couler sous mes doigts, sa bouche si voluptueuse que j'en aurais des frissons, son regard amoureux si plaisant que je ne voudrais pas le quitter, son cœur battant la chamade si envoûtant que je me plairais à l'écouter, l'oreille posée sur sa poitrine, sa voix si chaleureuse que quels que soient les mots, je l'écouterais toujours. Mais tout cela, c'est dans le cas où mes sentiments sont réciproques et que je me déclare à lui. Ce qui n'arrivera sûrement jamais. Je compte garder tout ça profondément enfoui en moi, n'en parler à personne d'autre que Pi-chan, et jamais il ne saura que je l'ai aimé.
-Tu es sûr que ça te va ?
Je lève les yeux de mon verre après ma longue tirade et fixe mon leader.
-Tu es sûr que ne pas lui révéler tes sentiments te va ? Tu ne vas pas le regretter ? Et si jamais il t'aime aussi ?
-Sois sérieux. Il y a combien de chance pour qu'il ne soit attiré que par les hommes ? Et il y a combien de chance pour que, de tous les hommes de ce monde, il me choisisse ? Aucune, Pi. Aucune. Il ne me regardera jamais. Je ne serai jamais rien qu'un collègue pour lui.
-N'exagère pas. Tu t'entends bien avec lui d'habitude. Tu es plus qu'un simple collègue.
-Alors pourquoi il ne rit pas avec moi ? Pourquoi il ne me sourit pas ?
-Si, il te sourit, mais pas comme tu voudrais. Tu as beau dire que tu n'auras jamais rien, tu ne peux t'empêcher d'espérer d'avoir plus. Tu veux plus, beaucoup plus venant de lui. Et c'est normal, bien sûr.
-Donc tu penses que je devrais lui dire ? Et qu'est-ce qu'il se passera s'il est homophobe et que je le dégoûte ? Je vais le perdre à jamais.
-Il doit être le moins homophobe de nous six, déjà parce qu'il passe son temps à nous coller. Et puis, tu as dit toi-même qu'il n'était peut-être pas attiré que par les hommes. Ça veut bien dire que tu ne le dégoûtes pas.
Je soupire. Pi-chan trouve toujours comment me contrer quand je veux rester buté sur quelque chose. Mais il a raison, je le sais. Tego-nyan n'est pas comme ça. Il ne me rejettera pas. Il va sûrement me dire que je ne l'intéresse pas de ce point de vue là, qu'il est déjà intéressé par quelqu'un, ou qu'il est déjà en couple. Ce qui m'étonnerait, personnellement, puisqu'il est quand même allé se coller à Tanaka. Bon, sérieusement, si je lui dis, qu'est-ce qu'il peut se passer ? Premièrement, il sera surpris, je le sais. Personne ne peut se douter que je sois amoureux de lui, en même temps, c'est normal. Tout le monde pense que je suis le parfait hététo, et dans le cas où ce ne serait pas le cas, on me verrait plus avec Pi-chan plutôt qu'avec Petit Ange. Deuxièmement, ensuite, il va me répondre, et c'est là que ça devient compliqué. Soit il me repousse en me disant qu'il se sent trahi, que je n'aurais pas dû le lui cacher, et papati et patata, et je le perdrais, ce qui serait regrettable. Soit il se sent flatté et il l'accepte, sans pour autant répondre à mes sentiments, possibilité que je privilégie. Soit, mais les chances sont pratiquement nulles, il m'aime aussi et on vivra alors comme le parfait petit couple niais, entouré de bisounours et de cœurs roses. Bon, si je deviens aussi affligeant, pitié, euthanasiez-moi.
Bref, pour clore ce discours avec moi-même, je porte à mes lèvres un autre verre, bien plus fort que les précédents, et l'alcool m'emporte la bouche. Je tousse, fais claquer le contenant sur la table, et en prends un autre pour le vider tout aussi vite. Pi-chan m'empêche de faire la même chose avec le troisième.
-Hé, doucement. On bosse demain, je te rappelle.
-M'en fous, 'soif...
-Bois de l'eau.
-Pas bon.
-Ryo...
Je l'entends soupirer, son visage trouble se place devant moi. Je crois qu'il fronce les sourcils.
-Si tu n'es pas en forme demain, tout le monde va en pâtir. Tu vas être intraitable, chiant, râleur, grognon, sadique et j'en passe. Alors, désolé pour ta soirée « je me bourre la gueule pour oublier », mais je préfère avoir une journée normale demain. Donc, direction le lit.
-Tu dors avec moi ?
-Ne raconte pas de bêtises. Allez, viens.
Je me laisse faire, après avoir enfilé mon troisième verre confisqué. C'est fou l'état que je ramasse après seulement quatre verres... je sais pas ce que c'était comme alcool, mais ça arrache. Pi me porte à moitié, m'installe dans sa voiture et monte côté conducteur. Les lumières de la ville dansent devant mes yeux, et s'étirent en longues traînées lumineuses lorsque le véhicule s'avance. J'ai l'impression de planer. Je ne sais pas si c'est la boisson qui me rend comme ça, mais la sensation est plaisante. Le ciel noir me couvre de son drapé sombre et je finis par m'endormir, le front contre la vitre froide.
-Ryo !
-Mgnoui ?
J'ouvre difficilement un œil, et vois Pi-chan penché vers moi. Il est beau, dans la pénombre, comme ça. Sa respiration passe ses lèvres pulpeuses et s'échoue sur ma joue.
-Réveille-toi, on est arrivé.
-Où ?
-En bas de chez toi.
-Tu montes avec moi ?
-Et après je redescends, il faut que je dorme aussi.
-Tu restes pas alors ?
Je lui fais la petite moue boudeuse à la Tegoshi, même si ça ne me va pas, et l'implore du regard. Il cille un instant, toujours dans la même position, puis reprend.
-Tu me fais quoi, là ?
-Eh ?
-T'es bizarre. Tu ne me demandes jamais de monter avec toi d'habitude. Limite même si tu ne me fous pas dehors... Alors je te demande, tu me fais quoi ?
-J'en sais rien, moi. Tu veux pas monter ?
-C'est pas une question de vouloir ou pas...
-Donc tu veux pas.
-C'est bon, je monte... Mais je repars tout de suite après, j'ai sommeil.
Je ne réponds rien et me redresse pour défaire ma ceinture, mais l'alcool encore présent dans mon sang et mon esprit fait tanguer la voiture. Pi me rattrape, ses bras m'entourent, mon nez se niche dans son cou et je m'accroche à son t-shirt et, aussi étrange que cela puisse paraître, j'ai une furieuse envie de pleurer.
-Me laisse pas... J'veux pas rester tout seul...
-Ryo... tu as bientôt 27 ans... tu peux te prendre en charge, non ?
-Moui mais j'suis pas bien...
-Pourquoi t'as bu autant aussi ?
-Juste quatre verres.
-Mais il n'y avait aucune raison pour que tu veuilles te bourrer la gueule, Ryo. Tego-chan ne t'a pas repoussé, ni rien.
-Je l'aime ?
-Oui, tu l'aimes. Allez, sors.
-Et toi, je t'aime ?
-J'en sais rien... Tu m'aimes ?
Je le sens passer un bras autour de ma taille pour m'aider à sortir de la voiture, et j'obéis, un peu amorphe, l'esprit vague et les idées pas très claires.
-Voui, je t'aime, mon Pi-chou.
-Je t'ai déjà dit que j'aimais pas ce surnom...
-M'en fous. Mon Pi-chou.
Je passe mes bras autour de son cou et me colle contre lui pour respirer son odeur. C'est fou ce qu'il sent bon, je voudrais rester comme ça à jamais. Lui se décolle de moi pour verrouiller sa voiture et me traîne vers l'ascenseur. Sitôt la porte métallique refermée, je me jette de nouveau sur lui.
-Oh, Ryo ! Arrête !
-Mais je t'aaaiiimeuuuh !
-Mais oui mais oui. Allez, décolle-toi, tu pues l'alcool.
-C'est normal, j'ai bu.
-J'ai vu.
-Non, bu.
-Baka.
Il sourit, amusé, et me prend dans ses bras. Je sais bien qu'il m'aime aussi, dans le fond. On est pas meilleurs potes pour des prunes. Je plonge mon regard dans le sien et un grand sourire s'étire sur mon visage.
-T'es beau.
-Ryo... tu dis n'importe quoi.
-Tu me fais un bisou ?
-Non mais ça va pas ?
-Alors je t'en fais un.
Et, tout sourire, je m'approche de lui. Il saisit mon visage entre ses mains et recule le sien, une lueur apeurée dans le regard. En fait, je suis seulement en manque. En manque d'amour... Aime-moi. Aime-moi, toi qui m'apprécies tant, toi qui connais tout de moi, toi qui es toujours à mes côtés. Aime-moi et dis-le moi. Dis-moi que tu m'aimes. Serre-moi dans tes bras, embrasse-moi, aime-moi.
Son regard est plongé dans le mien, interrogateur, la panique fuit ses pupilles. Et, alors que je ne m'y attendais pas, il pose ses lèvres sur les miennes. Ouh... C'est chaud, doux, tendre. Et ça devient humide, un peu froid, et rythmé. Je le serre contre moi en répondant à ce baiser qui, il faut bien l'admettre, ne représente absolument rien pour nous deux. Ou au moins pour moi. C'est juste que je suis bourré, et que je ne sais plus faire la différence entre amitié profonde et amour. Lui aussi me serre contre lui, avec force, ses mains glissent dans mon dos, se plaquent sur mes reins, je me colle entièrement à lui et resserre l'étreinte de mes bras autour de son cou. Je sens ses muscles sous les miens, même à travers nos vêtements, et l'imaginer nu me donne une bouffée de chaleur. Il doit le sentir, ma langue devient plus avide, cesse de rester sage à suivre un mouvement monotone, et cherche ses points sensibles. Je le sens fébrile aussi, bien qu'un peu perdu, et il finit par séparer nos lèvres. Bien sûr, j'en redemande, je m'approche de lui, il me bloque, et souffle contre mon visage.
-Attends... pas ici... Si on nous surprend...
-M'en fouuuuuus... Bisouuuuuu...
Il soupire et me tire hors de l'ascenseur alors que je m'amuse à déposer un énorme suçon bien voyant dans son cou. Fier de moi, je lève les yeux vers lui.
-T'es pas possible... Sérieux, faut que t'arrêtes de boire.
Il fouille dans ma poche arrière et en tire mes clefs. Le contact de sa main sur mes fesses, j'aime. Et je le lui fais savoir, bien sûr, ha ha.
-Ah oui, touche-moi encore.
-T'en as pas marre de me chauffer ?
-Tu veux que j'te chauffe ?
-Nan, c'est bon.
Il ouvre la porte, me pousse à l'intérieur, et la referme vite pour nous séparer. N'ayant plus mon support, je tombe sur le sol, et éclate de rire, complètement fou.
-Piiiiiii !
La porte s'ouvre de nouveau, il me regarde de toute sa merveilleuse hauteur.
-Quoi ? Vas te coucher.
-J'sais plus marcher, tu m'portes ?
Il soupire encore, referme le battant et passe ses bras sous mes aisselles pour me relever. Ce que je fais, et je me laisse sagement traîner vers ma chambre, mort et lourd, avant de m'étaler sur mon lit, en étoile de mer.
-Maintenant, je veux mon bisou.
-Et après, je pourrai aller me coucher ?
-Vouip.
Il monte sur le lit à côté de moi et m'embrasse sur la joue.
-C'était pas un bisou, ça.
-C'était un bisou.
-Mais pas celui que je voulais.
-Tss...
Je souris, satisfais de le voir céder aussi facilement et le regarde poser ses lèvres sur les miennes. Soudain, je referme mes bras sur lui et nous fais rouler pour que je sois au-dessus de lui. Je l'embrasse dans le cou en rigolant.
-Ryoooo ! Arrête !
-Nan, t'es à moi !
-Mais je veux dormir !
-Tu dormiras mieux après, oh oui !
-Eh ?
Euh... je viens de penser à quoi, là ? Est-ce que je pense, seulement ? J'ai l'impression que je parle sans réfléchir... C'est bizarre. Et je ne contrôle plus rien. Bon, pas que Pi ne m'a jamais fait envie, mais quand même ! C'est mon meilleur ami ! Je ne voudrais pas avoir à regretter quelque chose !
-Ah mais lâche-moi !
-Nan !
Et je plaque mes lèvres sur sa bouche pulpeuse et sensuelle pour un baiser plus appuyé. Je sors ma langue et lèche la sienne, je le serre contre moi, je passe mes mains sous son t-shirt et je caresse sa peau. Il est doux. Il est chaud. Moi aussi. Je sens un truc se dresser dans mon pantalon. Et bizarrement, je m'en fous. L'alcool. Il cède, et passe ses mains dans mon pantalon, les plaque sur mes fesses. Oui, j'aime ce contact. C'est un brin pervers, mais sérieusement, je m'en contre-tamponne.
-Ryo ?
-Moui ?
-Euh... j'ai jamais... couché avec un mec, moi.
-Tu veux coucher avec moi alors ?
-Bah, tu me chauffes...
-Tu veux ?
-J'ai pas dit non.
-T'as envie de moi ?
-Ça se voit ?
-Ouais.
-Mais euh... tu vas me dire comment on fait ?
-C'est comme avec une meuf, sauf que le trou est plus serré.
-Merci pour ta subtilité.
-De rien.
-Et je le fais ou tu le fais ?
-Je veux bien te voir soumis, hi hi.
-Je peux essayer quand même ?
-Tu resteras vierge toute ta vie, mon Tomo !
-Ah. Bah... fais-le alors.
-Cool.
Je me redresse. Mes mains volent sur lui, le dépouillent de ses vêtements. J'aime sa peau, elle est douce et chaude, elle me donne envie d'y goûter. Rien que son corps me donne faim. Putain, qu'il est bien foutu !
-Miam~
J'embrasse son torse, lèche ses tétons, les mordille, les fais rouler sous ma langue. Je les sens se durcir et se dresser, mes mains le caressent, glissent sur lui, frôlent ses points sensibles. Derrière les oreilles, les hanches, les reins. Je masse ses muscles de mes doigts, tout en embrassant son nombril, il glisse ses mains dans mes cheveux et gémit à mon oreille. Quel doux son ! Gémis encore. Crie pour moi. Aime-moi.
Je descends encore, et découvre l'étendue du désir qui l'a pris. J'ai de la chance qu'il soit bi, le Tomo. Et woh, il est bien monté aussi ! Ah, pardon, c'est mon côté vulgaire qui ressors. Je fous ma langue dessus, sans scrupule, sans hésitation, et la fais descendre jusqu'à sa base. Il pousse un de ses gémissements ! Ouais, encore ! Je continue, il aime. Il en redemande, il en raffole. Il gémit et crie, il hoquète quand je le mordille. Il gueule quand il part dans ma bouche. Et rien que pour le trip pervers dans lequel on est parti, je viens joindre ma langue à la sienne dans cette substance glauque. Il me fait les gros yeux, je ris. C'est drôle, ha ha. Finalement, il y répond, me caresse du bout des doigts, et prend plaisir à me toucher. Ça se sent, il est plus curieux, il cherche les points qui me font réagir. Et quand il les trouve, il prend un malin plaisir à me faire soupirer et gémir. Hmm... C'est bon... continue... Je me détends, et il en profite, le salaud. Il inverse nos positions, me cloue au lit, et me fusille des yeux.
-Bon, maintenant, tu arrêtes. J'ai pas envie de coucher avec toi, juste d'aller me pieuter parce que je suis crevé et que je me lève tôt demain. Alors bourré ou pas, tu vas t'évacuer avec quelqu'un d'autre.
-Bouh, c'est méchant. T'as pas aimé ?
Et j'agite ma langue sous son nez pour le faire rager.
-Si, mais c'est pas le problème. Merde, on est juste potes, Ryo. Ça te fait rien de te dire que tu m'as sucé alors qu'on s'aime pas ?
-Mais si, je t'aime.
-En amitié, seulement. Celui que tu aimes, c'est Tego-chan. Sauf que tu es trop frustré de ne pas pouvoir faire tout ça avec lui.
-Pourquoi tu t'es laissé faire alors ?
-Parce que tu m'as obligé ! T'es bourré, tu pues l'alcool, tu me chauffes pour aucune raison. Maintenant, je te laisse.
-Attends, un prêté pour un rendu. Je t'ai fait jouir, alors pourquoi pas moi ?
-Espèce de pervers infini, tu l'as connais, ta main droite ?
-Méchant Pi-chan.
-Oui oui.
Il se redresse, descend du lit, et se rhabille. Soirée foutue. Elle avait pourtant bien commencé. Je me lève et me poste devant lui, mon sexe pointe encore les étoiles.
-Allez, je te donne pas envie ?
-Sérieusement, non. Je ne t'ai jamais vu de cette façon là, alors oublie.
-Et il va se passer quoi entre nous deux après ça ?
-Je vais te faire la gueule pendant quelques jours et ça s'arrangera.
-Méchant Pi-chan.
-Je sais. Bonne nuit.
Il sort de la chambre et quitte mon appartement. Putain, je suis frustré. Pas que je voulais à tout prix me taper Pi, mais j'avais quand même un super bon coup sous la main. Cette mini-dispute a au moins eu le mérite de me faire décuver. Je soupire et m'étale sur mon lit. Et sursaute. Merde, qui c'est ? La sonnerie résonne encore dans l'espace, je me lève avec lassitude, et m'approche de la porte. Pi-chan a changé d'avis ? J'aimerais bien. Je regarde par la lentille, et retient un cri de stupeur.
Tegoshi.
A suivre...
Voilà ! ^o^
Merci d'avoir lu ! J'espère que vous avez aimé ^^ et j'aimerais vraiment que vous commentiez, ce n'est pas grand chose et ça fait toujours plaisir.
A bientôt~
