Bien bonjour tout le monde!

Aaaah... Je suis contente de vous présenter ce one-shot. Cet été, j'ai pas mal écrit mais le sérieux que m'ont demandé mes fics (et qu'elles me demandent encore) commençait un peu à me peser. Alors? Alors j'ai PETE UN PLOMB! XD

Oui! Pour une seconde fois, après Chocothèque, je refais dans l'OOC. Une fois n'est pas coutume. J'avais vraiment besoin de relâcher la pression et d'écrire une idiotie (oui, je sais, elle est longue, l'idiotie... XD)
Mais tout ça, c'est aussi la faute de Kaori-same (connaissez pas? Allez la lire, elle est géniale!) qui écrit des one-shot trop bien sur Mello Matt et Near qui m'a donné envie de m'y coller. A la base, je me sentais pas capable de le faire, de peur de me ramasser, mais mon cerveau fatigué a imaginé l'histoire sur laquelle vous allez vous pencher dans pas longtemps. Pardon, maître, j'ai désobéi! XD Eussiez-vous avoir la bonté de ne pas me châtier trop sévèrement.

Alors, ça donne quoi?

¤ Sérieux ou portnawouak? : OOC (mon dieu, je réalise pas que j'écris ça... XD)

¤ Genres? : Humour, amitié vacharde, dialogues parfois surréalistes.

¤ Pairings? : Euh... Question difficile. On va dire amitié Mello x Near et sous-entendus Mello x Matt. Vous comprendrez.

¤ Spoilers? : Juste le vrai nom de Mello (mais d'un côté, qui ne le connait pas...). Clins d'oeil au manga.

¤ Ca dure longtemps? : A la base, c'est un one-shot. Mais si un jour je me sens de nouveau inspirée... Qui sait? XD

¤ Autre chose à déclarer? : Je vous prie de bien vouloir excuser Mello pour son langage, il fait sa crise. XD

Voilà. En espérant ne pas décevoir les fans de ces trois-là. Je rappelle que c'est une détente délirante. Ceux qui, comme moi, préfèrent le sérieux, passez votre chemin. XD Mais vous risquez de passer à côtés de choses marrantes...


♂ (†) LES ENFANTS TERRIBLES (†) ♂


11h50, Wammy's House.

C'était une belle journée d'automne qui planait au-dessus du ciel de l'orphelinat Wammy's House. Un soleil pâle dardait de ses rayons la cour de l'établissement dont les couleurs changeaient au gré du vent balayant les feuilles mortes. Une brise fraîche rappelait à qui pointait le nez dehors que l'hiver ne tarderait plus à s'installer. En attendant les premiers flocons, le temps maussade de grisaille s'affairait à dénuder feuilles par feuilles les quelques arbres qui trônaient dans la cour. Les belles couleurs d'or, allant du jaune paille au rouge carmin en passant par l'orange safrané constituaient un joli contraste avec le blanc terne et triste des façades du bâtiment et le gris souris morose de la toile céleste.

Les jeunes résidants étaient bien mieux à l'intérieur, au chaud, à attendre que l'heure du déjeuner résonne dans l'orphelinat. C'était quartier libre. Certains enfants s'évadaient dans un bon livre à la bibliothèque, d'autres, plus studieux, s'étaient plongés dans des exercices de réflexion pour entretenir leur intelligence supérieure, d'autres encore bavardaient joyeusement de tout et de rien quand ils ne s'amusaient pas entre eux sur une partie de cartes.

Tout le monde semblait occupé. Tout le monde ? Non. Un jeune garçon qui résistait encore et toujours à faire comme tout le monde arpentait les couloirs de l'étage supérieur avec cette petite lueur dans le regard qui, quand on le connaissait, vous laissait subodorer qu'il était sur un sale coup. La blondeur de ses cheveux coupés au carré encadrant un visage simple aux traits d'apparente candeur enfantine tranchait avec le noir de son pull à manches longues et de son jean sombre qui n'avaient rien à envier à l'obscurité de son côté « sale gosse ».

Mains dans les poches, regard alerte et janséniste, Mello remontait d'un pas rapide et décidé l'un des nombreux couloirs qui abritaient les chambrées des résidents de la Wammy's House. Il mâchouillait quelque chose avec un soin d'orfèvre et un bruit de mastication peu discret. Probablement du chocolat pour se mettre en bouche avant le déjeuner.

La porte de la chambrée qui l'intéressait fut en vue. Mello se planta devant et, comme il en avait l'habitude pour cette porte-ci, l'ouvrit avec toute la délicatesse qu'un coup de pied demandait.

Le bruit de sa bouche en plein machouillage en fond sonore, le jeune garçon scanna en silence la chambre qu'il venait visiter. Ses petits yeux bleus avides firent le tour d'une pièce simple, presque vide. Les murs étaient nus de la moindre décoration, juste habillés de leur papier peint uni blanc cassé ; un petit lit aux draps parfaitement lissés reposait dans un coin de la chambre contre un mur et un petit bureau en bois de hêtre ainsi qu'une armoire juxtaposaient la fenêtre. Et au centre, des jouets. Beaucoup de jouets. Figurines, peluches, robots, voitures, c'était à se demander si l'aspect spartiate de l'endroit ne se justifiait que pour laisser la place à tous ces jouets.

Le rictus que Mello retenait depuis plusieurs longues minutes déjà put enfin s'épanouir sur son visage de petit diable quand l'enfant remarqua le jeune propriétaire des lieux. Oui, « remarquer ». Parce que cette petite silhouette frêle et blanche se faisait si discrète dans l'environnement qu'on pouvait la confondre dans la pièce. Elle se tenait par terre, dos à Mello, assise sur les fesses avec un genou rabattu sur la poitrine et sa main droite triturait avec nonchalance une mèche de cheveux près de l'oreille dans un bruit d'effleurement à peine audible. Visiblement, l'entrée fracassante du visiteur ne l'avait nullement perturbée.

- Tiens, Near… susurra Mello d'une voix melliflue annonciatrice du futur méfait.

Le garçon se fraya un chemin entre les jouets de son éternel rival par quelques petits coups de pieds dédaigneux et vint se poser derrière Near pour voir ce qu'il y faisait.

Il jaugea la situation. Lui en position dominatrice et lui, Near, par terre à ses pieds. Il adorait ça. Quoique cette situation aurait été sublimée avec un Near qui reconnaîtrait d'une voix accablée « Mello, tu as gagné. Tu es le meilleur ».

Empreint d'une douce rêverie machiavélique, le petit blond ressortit de son monde chimérique et baissa les yeux vers la tête bouclée de Near et l'activité de ce dernier.

Encore son puzzle blanc. Cela devenait horripilant. S'il y avait des images, cela aurait été moins idiot. En fait, non. Tout ce que faisait Near était idiot et lui aussi. Un idiot qui faisait quelque chose d'idiot.

- C'tu fais ? minauda Mello dont le bruit de mastication devenait plus rapide et impatient.

Near analysa quelques secondes la pièce de puzzle qu'il venait de prendre dans sa boîte avant de la poser dans l'emplacement adéquat.

- Comme tu le vois, un puzzle, répondit-il d'un ton neutre en reprenant une nouvelle pièce.

Mello laissa Near continuer à assembler ses pièces une à une dans un calme angélique vraiment inquiétant. Le garçon aux cheveux blancs eut lui aussi un instant de flottement en n'entendant plus le visiteur silencieux qui se tenait debout derrière lui mais ne s'y attarda pas davantage et poursuivit.

Les pièces s'emboîtèrent ainsi les unes dans les autres jusqu'au moment où il fallait placer le dernier petit morceau de carton dans le trou central. Quand sa main toucha le fond vide de sa boîte, Near cligna des yeux et tourna la tête. Vide.

Mello reprit son travail de bourreau et prit une petite inspiration pour cracher sur le puzzle incomplet la pièce de carton blanc manquante complètement repliée sur elle-même et humide de salive.

- Pas sûr qu'elle rentre, celle-là. Salut, p'tit génie !

Fier de son méfait, Mello tourna les talons dans un rire méchamment victorieux et abandonna Near avec sa pièce de puzzle inutilisable et dégoûtante.

Ah… Rien de tel pour se mettre en appétit avant le déjeuner. Ca creuse de trouver de nouvelles crasses. Et c'était excellent pour entretenir la forme et la réflexion. Car oui, pour Mello, faire tourner Near en bourrique était l'un des moyens les plus stimulants pour se garder en alerte et développer en permanence sa capacité à concevoir des plans. Tellement plus amusant et motivant que les exercices stupides qu'ils leur proposaient pour devenir les héritiers de L. Amusant, motivant et même jouissif.

Alors que Mello remontait le couloir pour se rendre à sa chambre, midi sonna à la grosse horloge dans un carillon sonore et grave. Nombreux enfants quittèrent leurs chambrées pour aller au réfectoire dans un brouhaha sonore en dépassant le garçon qui remontait à contre-courant le flot humain. Oh, Mello aurait pu les suivre, mais il devait d'abord aller chercher quelqu'un.

Le quelqu'un en question était un autre jeune garçon qui, comme maintenant, squattait la chambre de Mello. Ce petit rouquin aux cheveux auburn, au pull rayé blanc et noir aux grosses lunettes-bandeau colorées était le seul qui avait su apprivoiser le sauvage petit Mihael Kheel et à ne pas être la cible de son courroux insatiable et de sa patience de renommée. Encore que.

Aujourd'hui, comme toujours, Matt était penché sur sa console de jeux. Ou plutôt, il était « renversé » sur sa console si l'on en jugeait sa position, à savoir allongé en perpendiculaire sur le lit de Mello, les jambes contre le mur et la tête renversée en arrière sur le rebord matelas. Loin d'être incommodé, il tapotait furieusement les boutons de sa Nintendo DS avec tant d'ardeur que ses pouces devaient être, avec son intelligence, la partie la plus développée chez lui.

Entre deux « bip ! bip ! » grésillants, Matt entendit la porte de la chambre grincer dans ses gonds. Il leva un peu les yeux de son écran et il entrevit la silhouette de Mello qui se tenait dans l'encadrement.

- Matt, tu viens ? On va déjeuner.

Ce dernier se redressa en prenant soin de mettre son jeu sur « Pause » avant d'adresser un sourire complice à son ami :

- Toi, tu as encore fait quelque chose à Near.

- Ouaip. Il n'est pas prêt de nous remettre son puzzle à la noix sous les yeux avant belle lurette.

Ce fut donc dans un rire de connivence que les deux copains quittèrent la chambre pour se rendre à leur tour dans le réfectoire. Mello raconta les détails de son forfait à Matt qui ne put s'empêcher de lui demander de laisser un peu Near en paix. Le pauvre.

- Et puis quoi encore ? rétorqua Mello avec mauvaise humeur. Il m'énerve, ce nabot ! Dès que je le vois, j'ai envie de… de… Raaaah ! J'ai même pas de mot pour lui décrire les souffrances que je veux lui infliger ! Rien que de voir sa tête de boule de neige, je…

Peu –pas- attentif à ce que son comparse maugréait car habitué, Matt préférait se concentrer sur une douce odeur sucrée qui flottait depuis le rez-de-chaussée.

- Humm… On dirait que ça sera soufflé au chocolat pour le dessert.

Bip ! Radar activé. Analyse de la phrase. Mot-clé ciblé. Réaction imminente.

- « Chocolat » ?! Qu'est-ce que tu fous, Matt ? s'exclama Mello, au taquet. Grouille ! Je vais piquer la part de Near ! Je parie même que je termine de manger avant lui !

Sur ce, il empoigna le bras de son accompagnateur et activa le turbo pour se précipiter au bout du couloir. Sans pour autant ralentir le rythme, Mello s'apprêta à négocier le virage pour prendre l'escalier lorsque un élément inconnu à son équation mathématique vint contrecarrer son résultat.

Near venait d'apparaître au détour de l'autre couloir.

Tout se passa très vite. Mello commençait à peine à piler sur le tapis que Near écarquillait les yeux de peur en le voyant débouler comme une fusée droit sur lui, sentant la catastrophe venir. Le pauvre garçon à la chemise blanche trop grande ne put esquisser le moindre geste défensif qu'il était déjà trop tard. L'impact fut sans appel et Mello et Near se tamponnèrent aussi violemment que l'on frappait deux cymbales l'une contre l'autre. Cela aurait pu s'arrêter là, mais c'était sans compter sur la fatalité qui, de ses mains invisibles et perverses, poussa les corps des deux garçons vers le vide des marches pendant qu'ils étaient encore emportés par leur élan.

- Mello !!

Grâce à la dextérité que certains de ses jeux vidéos demandaient, Matt n'était pas sans réflexes et, dans l'élan désespéré de protéger son meilleur ami, il tira le bras de Mello vers lui d'un coup sec.

Alors qu'il se sentait tomber à terre contre Matt, Mello crut voir au ralenti Near qui basculait en arrière dans l'escalier, ses mains tendues vers lui et les doigts écartés dans la vaine espérance de s'accrocher à la main salvatrice d'un ange qui passerait par là. Pour la première fois, ses grands yeux noirs froids et vides exprimaient quelque chose : la peur et la conscience de ne pas pouvoir être aidé.

Un grand fracas. Le silence.

Un choc sourd. Un juron étouffé.

- ♂ -

- Aaaaaaïe… 'tain, Matt… T'es qu'un abruti, t'as vu ce que tu m'as fait ?

- Tu aurais préféré finir comme Near ?

Retrouvons deux des trois protagonistes de l'accident qui venait de se dérouler quelques heures auparavant. Mello et Matt se retrouvaient une nouvelle fois dans la chambre du blond terrible du trio et montraient plus ou moins directement, leur soulagement d'être encore en vie.

En effet, grâce à l'intervention in extremis du jeune rouquin, Mello avait réchappé au saut de l'ange. Matt avait d'ailleurs souligné que pour un démon comme Mello, c'était assez comique, mais il avait préféré se taire face au regard noir que son compagnon lui avait renvoyé, de peur de plonger lui aussi dans les marches.

Cependant, si le vol plané du premier étage au rez-de-chaussée avait été évité, les deux jeunes garçons n'avaient pas été épargnés par les dommages collatéraux. En entraînant Mello dans sa chute, Matt avait non seulement reçu le coude de son ami droit dans le ventre, mais avait aussi expérimenté un rapprochement de très près avec la glabelle de celui-ci en plein dans la sienne. En gros, ils s'étaient pris tous les deux un…

- … coup de boule ! Merde, Matt ! Regarde ça ! se plaignait Mello en se regardant dans un miroir. J'ai une bosse énorme sur le front !

- Et je vais bien aussi, merci de t'en soucier… ronchonna Matt qui lui aussi avait une jolie marque rouge sous sa frange auburn. Je n'ai fait que te sauver la vie.

- Ca va…

Le blondinet inspecta encore un peu son visage avec une grimace mi douloureuse, mi colérique. A quoi il ressemblait maintenant, hein ? Il se le demandait !

Matt leva les yeux au ciel en signe d'abandon. Lui, alors. Pour faire le dur, il était toujours en première ligne mais parfois, il agissait vraiment comme ce qu'il était : un gamin.

Un sourire amusé et taquin s'étira sur ses lèvres.

- Relax. Pour moi, tu seras toujours beau. Même s'il ne te restait qu'une moitié de visage.

Enveloppé d'un soudaine bouffée de chaleur sur ses joues, Mello laissa un juron fuir de sa bouche avant de balancer un oreiller droit dans la tête de Matt en lui sommant très gentiment de se la fermer, espèce de crétin!

Remis de son attaque de plumes, le garçon releva ses lunettes orangées sur son front et soupira d'une mine ennuyée.

- Quand même… Near a eu de la chance de s'en tirer. J'ai eu peur.

Mello pesta quelque chose que Matt ne parvint pas à entendre et se laissa tomber sur les fesses par terre pour s'asseoir en tailleur, les bras croisés sur la poitrine. Il leva le nez en l'air et lâcha un « Humph ! » hautain et indifférent.

- Bien fait. C'était la vengeance divine.

- « Vengeance » ? Pour quoi ?

- Pour le fait d'exister.

Le fana de jeux vidéos dut abdiquer face à l'obstination de son ami et préféra retourner dans son petit monde de pixels, de personnages en deux dimensions et de musiques bourre-crâne.

Resté avec sa bouderie, Mello repensa au moment où Near avait chuté dans l'escalier. Il reverrait toujours ses yeux emplis de peur à la limite de la pétrification. Et juste avant l'impact, il avait fermé les paupières. Comme s'il attendait avec sérénité l'issue inéluctable de sa chute. Il n'avait pas crié. Pas un son n'avait franchi sa bouche. Ni avant, ni pendant, ni après. Le plus perturbant, c'était de ne rien entendre après la chute. Bien sûr, il y avait le vacarme des autres enfants qui étaient accourus pour voir ce qu'il s'était passé, mais Mello n'avait rien entendu d'autre. Un instant, il l'avait cru mort. Il était resté là, en haut des marches, le regard livide sur le petit corps affalé en bas, aussi désarticulé que l'un de ses robots que Mello s'était amusé à démantibuler, il y a quelques semaines. Et puis, les secours avaient été vite alertés. Ils étaient venus et avaient emporté Near avant de le ramener.

- Va le voir.

Mello émergea de ses pensées et se tourna vers Matt.

- Hein ?

- Va le voir. Tu fixes la porte depuis tout à l'heure. Après tout, c'est de ta faute si…

- C'était un accident, OK ? Un a-cci-dent !, répéta le blondinet avec agacement. Il ira se faire foutre pour que j'aille le voir ! Il avait qu'à pas être sur mon chemin ! Encore.

- Bon, bon.

Nouveau silence où seuls les « bip ! bip ! » monophoniques du jeu de Matt parasitaient l'atmosphère. Vite, très vite, ce fut la patience de Mello qui fut parasitée et demanda à son ami à quoi il était en train de jouer cette fois-ci.

- Jeu de drague, répondit-il d'un air évasif. J'avais envie de changer. Elle est coriace, celle-là…

- Un jeu de drague ? Montre ?

A ces mots, Matt devint moins indolent et plus stressé et dit à Mello que ce n'était pas intéressant. Il n'aimerait sûrement pas. C'était un jeu idiot bon pour…

- Ah, boucle-la et montre ! ordonna Mello en lui prenant sa console des mains pour la porter devant ses yeux.

Notre diablotin blond ne remarqua pas son ami roux enchaîner les signes de croix car ses yeux, dilatés d'horreur et d'effroi en deux minuscules points, ne pouvaient plus se détacher de l'écran aux couleurs criardes. Là, sous ses yeux mortifiés, il voyait une fille pixélisée avec de grands yeux bleus dotés de cils interminables, la coupe au carré pour ses cheveux blonds comme les blés avec une petite robe gothique noire et un chapelet en guise de collier le regarder avec un air insupportablement niais de biche effarouchée. Son ahurissement atteignit le climax en lisant un petit encadré à l'écran du dessous.

« Mello : Matt-sempai, me dire des choses comme ça… Mello est toute gênée maintenant…

Répondre :

- Désolé, je ne voulais pas t'embarrasser
- Tu sais que tu es mignonne quand tu rougis ?
- Enlève ta robe
»

Le corps de Mello n'était plus qu'un tremblement de rage incontrôlé au point d'agiter le sol de la chambre tout entier. La température intérieure chuta de façon prodigieuse alors que de la vapeur s'échappait des oreilles du blondinet qui serrait les dents. Ses mains tremblaient aussi si fort que Matt eut peur pour sa console et tenta d'empêcher la jauge interne de Mello d'atteindre le seuil « Meurtre ».

- Euh… Mello…

- Matt… souffla Mello en se tournant lentement vers lui, les yeux incandescents. Qu'est-ce que c'est que ça… Espèce de… de…

- Mello…

Là, Mello ne pouvait plus réfléchir. La seule chose qui clignotait dans sa tête en néons fluos et avec des spots colorés était « Prendre son putain de stylet de sa DS et le lui mettre dans chaque orifice de son anatomie pour savoir où ça faisait le plus mal ». Oh oui. Toutes ces lumières étaient si jolies et attirantes. Il avait une envie folle d'y succomber…

- Je t'ai sauvé la vie ! implora Matt, les mains en prière.

Mouvement d'arrêt de la machine à tuer. Elle baissa lentement les yeux vers le jeune garçon roux qui se retrouvait aculé contre un coin de la pièce en espérant que la bonté divine daigne regarder son humble personne.

Mello serra les dents et se contenta de fracasser la console au sol. Matt avait vraiment de grands privilèges à porter l'étiquette de « meilleur ami ». Mello faisait preuve d'une telle clémence à son égard.

- ENFOIRE ! fulmina une dernière fois Mello en tournant les talons pour sortir.

La porte claqua si violement qu'un bruit sourd à l'étage inférieur indiquait qu'un morceau de plafond s'était sans doute détaché.

Défouler. Se défouler. Il devait se défouler sur quelque chose. Ou quelqu'un. N'importe quoi. Il devait frapper quelque chose et maintenant. C'était plus qu'un besoin, c'était viscéral, vital. Vite ou il allait faire un malheur !!

Inconsciemment ( ?), les pas hâtifs de sa démarche saccadée le menèrent à la porte derrière laquelle il avait commis son dernier méfait en date. Car oui, Near dans l'escalier, ce n'était pas un méfait car d'un, c'était un accident et de deux, il s'était aussi fait mal dans cette histoire. Or, rendre chèvre Near ne devait pas impliquer que lui, Mello, subisse aussi les dommages.

A se retrouver soudainement devant cette porte, Mello se sentit tout à coup vidé comme si sa fureur s'était évaporée de son être. Il revit une nouvelle fois le film de Near qui tombait lentement, très lentement.

Il ferma les yeux pour chasser la vision des yeux vides de son rival rivés sur lui et poussa la porte. Il n'avait aucune envie de voir Near, sa main agissait instinctivement. A croire que le fait d'être venu dans cette chambre des dizaines et des dizaines de fois pour tout retourner ou juste tourmenter Near avait laissé des traces d'habitude dans son organisme. A moins que ce ne fût une dépendance.

La pièce était aussi silencieuse que la dernière fois où il y avait mis les pieds. C'était le même silence, la même quiétude, le même blanc sur les murs et les rideaux, la même uniformité et la même impression de vide. Les jouets étaient encore éparpillés un peu partout sur le sol, tel des corps gisants sur un champ de bataille. La fenêtre avait été entrouverte pour juste laisser un peu d'air caresser l'intérieur de la chambre.

Mello releva un peu le menton et le vit enfin. Near était là, allongé sur son lit avec un énorme plâtre qui entourait sa jambe gauche. La blancheur de ses cheveux bouclés venait se fondre dans le blanc de son oreiller, tout comme ses habits immaculés qui semblaient s'enfoncer dans les draps. Son bras droit reposait sur le matelas, le long de son corps tandis que le gauche, replié sous le buste, se soulevait doucement entre deux expirations. Un nounours tenait compagnie à l'enfant, tout près de sa tête. Sur la table de chevet se trouvaient deux boîtes de chocolats qui n'avaient pas encore été déballées et plusieurs cartes de prompt rétablissement, signées de la main de quelques résidents soucieux de la santé de leur homologue.

Le garçon blond s'approcha du lit. Near avait quelques traces sur le visage en plus d'un pansement sur la joue et un bandage entourait sa tête en allant se perdre dans sa chevelure. Mello tourna la tête vers le plâtre de son rival.

Une jambe cassée, une coupure et quelques bleus sans gravité. C'était un vrai miracle et Near s'en était très bien sorti.

- M'énerve, tonna mentalement Mello. Même dans les accidents, il s'en sort toujours sans problème. Near, je te hais.

Il le regarda de nouveau. Il avait l'air serein ainsi endormi. L'accident ne l'avait pas remué plus que ça. De toute façon, qu'est-ce qui perturbait Near dans ce bas monde ?

Mello se laissa aller à la quiétude de l'endroit pour réfléchir un peu. Une petite minute…

- Near plâtré, incapable de bouger donc, en situation inférieure… Endormi qui plus est…

Tic tac tic tac tic tac tic tac tic tac.

L'œil brillant d'une sale lueur démoniaque, Mello ricana tandis qu'il armait sa main d'un feutre à grosse mine.

- T'es à moi, Near…

- ♂ -

Une brise de vent vint déplacer une mèche de cheveux clairs pour la faire retomber sur son nez. Ca le chatouillait. Il fronça du nez alors qu'il ramenait un bras à lui pour se frotter les yeux, gêné par la vive lumière environnante. Il s'étira un peu et papillonna des paupières pour laisser le temps à ses iris de recevoir toute cette luminosité qui l'aveuglait.

Aussitôt, Near remarqua quelque chose. Son nounours avait disparu. Le garçon se redressa un peu sur son séant et n'eut pas à chercher bien loin pour le voir. Son ami pelucheux était à l'autre bout du matelas, adossé contre le pied de lit. Un autre détail l'interpella.

On avait tagué son plâtre.

L'enfant se pencha un peu pour déchiffrer les gentillesses qu'un anonyme avait laissé au feutre noir : « Near, loser ! », « Crétin », « Bouffon », « Tête de boule de neige », « Escalier vs Near : 1-0 », « Gros nul », « La prochaine fois, mets la tête la première » et autres messages témoignant d'une grande affection et d'un souci de vite le voir rétabli.

A cette lecture, Near écarquilla légèrement les yeux puis oblitéra vite sa surprise pour se concentrer de nouveau sur son objectif premier : reprendre sa peluche. Le garçon se redressa complètement et se pencha en avant comme il le pouvait, mais sa petite taille en plus de son incapacité à bouger à cause du plâtre l'empêchait d'atteindre son bien. Ses petites mains ne cessaient de se refermer sur du vide à juste 10 centimètres de son ami à poils, ce qui provoqua l'hilarité d'une personne :

- Ouah ah ah ah ah ! Ben alors, Near ? T'as les bras trop courts? Faut boire du lait au lieu de jouer au puzzle, ça fait grandir!

L'auteur de l'œuvre d'art sur plâtre et du nounours au bout du lit sortit de l'ombre depuis laquelle il guettait le réveil de son ennemi de toujours. Le sourire du malfaiteur content de son sale coup, Mello ricana encore et s'approcha du lit de Near en tirant la chaise du bureau au passage pour s'y asseoir.

- Alors comme ça, Near-l'humanoïde-inexpressif s'avère être en fait un gamin stupide qui se ramasse dans l'escalier et qui peut se casser quelque chose ? railla le blondinet en le jaugeant de haut en bas. Quel scoop…

L'imperméabilité de Near qui défiait toutes les toiles de k-way et de parapluies du monde permit à ce dernier de ne pas prêter grande attention aux sarcasmes de Mello. Non, il fixait juste le visage de son visiteur sans ciller, le regard aussi vide que d'ordinaire, ce qui ne tarda pas à échauffer le dit-visiteur.

- Quoi ! Continue à me fixer comme ça, et tu n'auras pas que ton tibia de fracturé !

- Tu as une bosse. Tu t'es fait mal ?

Assez surpris par cette question qui le rasséréna malgré lui, Mello rabaissa son poing menaçant et tâtonna du bout des doigts le ravissant relief gibbeux qui ornait le dessous de sa frange blonde. Il grogna de mauvaise humeur et détourna la tête en fronçant du nez.

- Mêle-toi de tes affaires. C'est rien.

- Heureusement que Matt était là. Une personne qui tombe dans l'escalier, c'est déjà assez.

- Aaaah ! Enfin un qui reconnaît mon geste sauveur ! intervint une voix soulagée.

Mello ne fit pas attention à Matt qui entrait dans la chambre avec sa DS de rechange –il connaissait Mello et ses humeurs dirons-nous… explosives- en remerciant Near de ne pas l'avoir oublié, lui. Il était trop étonné par ce que Near venait de dire juste avant. « Un personne, c'est déjà assez » ? Eh oh ! Ca veut dire quoi, ça ? Qu'il était content qu'il n'ait rien ?

- Eh ! Je n'ai pas besoin de ta pitié, tête de boule de neige ! s'exclama Mello en pointant un index accusateur sur Near. Pareil quand la compétition ultime pour devenir le nouveau L débutera, je ne veux rien venant de toi ! D'ailleurs, à ce propos…

Near le dévisagea pour attendre la suite, imité de Matt qui se demandait à propos de quoi Mello allait s'emporter cette fois.

- T'as intérêt à ne pas avoir perdu trop de neurones pendant ton vol plané, Near ! Je ne me bats contre toi qu'à armes égales, saisi ? Je déteste la victoire facile ! Alors, magne-toi de guérir pour que je puisse à nouveau me mesurer à toi de façon équitable et faire de ta vie un enfer !

Court silence avant que le « bip ! bip ! » de la console de Matt ne revienne tilter aux oreilles des deux autres garçons qui se dévisageaient, d'un air colérique pour l'un, d'un air vaguement surpris pour l'autre. Mello avait encore quelques légers progrès à faire pour énoncer un message de prompt rétablissement, mais c'était déjà ça. Après tout, on parlait de Mello, là.

Near hésitait à lire entre les mêmes lignes que le rouquin pour comprendre la menace du jeune blond. Après un court temps de réflexion, l'enfant aux cheveux bouclés laissa un rapide sourire ourler ses lèvres d'ordinaires étanches. D'accord, ce n'était pas réellement un message amical, mais le simple fait que Mello lui souhaite –ordonne- de vite se rétablir suffisait à lui faire plaisir.

- D'accord, répondit-il simplement.

- Parfait.

- Eh Near, tu dois t'ennuyer tout seul. Tiens, je te prête ma DS, ça t'occupera, proposa Matt en tendant son petit boîtier blanc brillant à l'alité.

Near accepta, un peu perplexe, et demanda quel jeu il y avait dedans. Matt lui expliqua qu'il s'agissait d'un jeu où l'on incarnait un jeune avocat de la défense qui devait prouver que ses clients accusés de meurtre n'étaient pas coupables en trouvant le vrai tueur. En plus, ça pourrait peut-être faire un très bon entraînement pour plus tard, s'il devenait le nouveau L.

Tandis que son ami s'occupait d'expliquer à Near comment le jeu marchait, le regard bleuté de Mello tomba sur la table de chevet pour ne plus s'en détacher. Cible repérée. Identification : boîte de chocolats fourrés de ganache au chocolat noir. Appartenance : Near. Taux de culpabilité : néant.

Sur ce, Mello attrapa la première boîte de chocolats et l'ouvrit sans la moindre once de gêne pour déguster avec délice les petits cubes sucrés qui eurent la propriété miraculeuse de dissoudre son énervement. Ca compenserait son horrible bosse, tiens !

Un quatrième chocolat en pleine fonte sur sa langue, Mello ouvrit un œil sournois sur Near et Matt qui parlaient encore avant de le faire glisser sur la seconde boîte de chocolats encore fermée. Un rictus ignoble tordit son visage alors qu'il venait prendre quelque chose dans sa poche. Il en tira un petit sachet qu'il déchira discrètement et en versa le contenu sur les petites douceurs brunes de la seconde boîte. Non mais ! Il n'allait quand même pas rester inactif dans sa croisade contre Near alors que son ennemi était à terre ! Fallait en profiter !

- Mello, on va se faire une partie de… ?

- Va te faire foutre, Matt ! Retourne donc à ton jeu à la con !! tempêta Mello qui ne lui avait pas pardonné l'affront de tout à l'heure.

- J'aimerais bien, mais tu m'as brisé ma console, expliqua-t-il avant de sourire de façon étrange. Si tu préfères en version grandeur nature…

Les gros yeux ulcérés que Mello braqua sur lui suffirent à faire taire le garçon à lunettes qui fila hors de la chambre sans demander son reste, mais non pas sans se retenir de rire.

Near laissa Mello pester contre Matt et son cerveau tordu réduit en bouillie à cause de ses foutus jeux vidéos, bien curieux de savoir de quoi il pouvait bien être en train de parler pour être aussi remonté.

Une fois son taux d'insultes envers son meilleur ami atteint, Mello se tourna sur sa cible première en se frottant les mains de satisfaction.

- Bien ! Comme tu ne peux pas bouger, tu ne peux pas te défiler, Near ! annonça-t-il d'un ton impérieux. J'ai toute l'après-midi pour te mettre les raclées de ta vie ! Mais d'abord…

Toujours aussi silencieux, Near observa Mello s'emparer de ses béquilles, laissées contre le mur juste à côté de son lit, ouvrir en grand la fenêtre et les balancer par-dessus bord dans la joie et la bonne humeur.

Silence.

- Tu viens de dire que je ne pouvais pas bouger.

- Je sais, mais là, c'est pour la sécurité.

Near ne protesta pas. Il ne protestait jamais de toute manière. Il acceptait toutes les élucubrations de Mello et on se demandait bien comment. Mais le fait était là.

Après avoir jeté par terre la plupart des jouets et des jeux qui garnissaient l'armoire, Mello revint vers Near avec une boite dans les mains et la plaqua sur les cuisses de celui-ci.

- Echecs ! clama Mello, la flamme de la victoire dansant dans ses iris.

- Mello…

- Je prends les noirs !!

- D'accord, d'accord…

Near le laissa installer les pions sur le plateau. Décidément, Mello était très déterminé à profiter de son infirmité pour se mesurer à lui et enfin le battre. Ce garçon ne s'arrêtait-il donc jamais ?

Les minutes passèrent.

- Echec et mat.

- Raaaaah ! Et merde !!

Fin prédictible entre toutes et pourtant, Mello enrageait. Ce nabot de Near avait encore réussi à le coincer dans une impasse où son fou blanc avait eu raison de lui. Pour se calmer, le blondinet enfourna trois chocolats dans sa bouche et laissa la douceur de leur goût inhiber sa fureur et rebooster son envie de vaincre. Il n'avait pas dit son dernier mot. Il fit demi-tour vers l'armoire et la retourna une seconde fois sous le regard vaguement intéressé de Near qui s'occupait de ranger consciencieusement les pièces d'échec dans sa boîte.

A peine le garçon venait-il de refermer le jeu qu'une nouvelle boîte lui tomba dessus :

- Bataille navale ! Tu vas morfler !

Mello attrapa sa boîte contenant ses pions et ses bateaux et alla s'asseoir de l'autre côté du lit pour installer sa flotte tranquillement. De son côté, Near obtempéra et commença à placer ses bateaux sur l'océan quadrillé devant lui. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas joué à ça, tiens…

- B6.

Silence.

- Mello ?

Silence.

- Mello, ton croiseur est forcément là. La configuration de ta flotte, bien qu'elle ait l'air élaboré, est en fait d'un classique déconc…

- Ah, ta gueule, toi !! Okay, coulé !!

Nouvelle crise de rage chez Mello qui ne rêvait que de deux choses : balancer son plateau de jeu par la fenêtre et prendre deux petits pions blancs pour les enfoncer dans les petits yeux de fouine de Near et voir si ça allait le faire couler aussi ou pas. M'énerve. Y m'énerve avec sa chance horriblement agaçante. Mais ce n'était pas encore fini ! Voilà Mello qui était de nouveau encore en train de tout renverser dans les jouets de Near.

- Mello, ça fait des heures qu'on…

- Monopoly ! Je ne sors pas de cette chambre tant que je ne t'ai pas entendu dire « J'ai perdu » !!

Near soupira. Au moins, Mello n'abandonnait jamais. Pour devenir le futur L, nul doute que cette qualité lui serait d'une aide précieuse ou au contraire, provoquerait sa chute. Tandis que son camarade alignait les billets et les cartes sur le plateau vert, Near jeta un coup d'œil à la pendule. Il était déjà 17 heures passées. Il n'avait pas vu le temps filer avec Mello qui l'occupait.

- C'est parti !

Un très long moment plus tard…

Silence.

- Mello. Avec un hôtel à « Rue de la Paix »…

- J'hypothèque !!

- Tu n'as plus rien à hypothéquer.

- Et la Compagnie des Eaux ?

- Rachetée au dernier tour.

- STOP ! Cette fois, je craaaaaaque !! MARRE !

Le sort auquel les échecs et la bataille navale avaient échappé ne put être évité pour le plateau de Monopoly qui s'en alla joyeusement par-dessus le balcon pour rejoindre ses camarades les béquilles. Qui aurait regardé par la fenêtre depuis le rez-de-chaussée aurait vu une pluie de feuilles colorées tomber sur la terrasse. Non, ce n'était pas les feuilles d'automne, juste les billets de banque du jeu.

Near levait les yeux au ciel devant l'impétuosité de son comparse indécrottable. Il ne changerait jamais. Il n'osait même pas se demander ce que cela donnerait dans quelques années.

Mello noya sa déception et sa rancœur en terminant sa boîte de chocolats ganachés sans s'apercevoir que Near avait soudainement baissé la tête, la mâchoire serrée.

- Mello…

- La ramène pas !! Je t'aurai un jour, Near ! Oh oui ! Et crois-moi, ça viendra plus vite que… !

- Mello.

- QUOI !

Notre ami blond mit sa crise de nerfs entre parenthèses et jeta un coup d'œil à sa tête de boule de neige de rival. Il n'avait pas l'air bien, à se tenir le ventre comme ça.

- Mello… Je dois aller aux toilettes.

- T'inquiète. Ca arrive souvent, ce genre de choses.

- Tu as lancé mes béquilles dehors.

- Et..?

- Et tu as dit que tu voulais me battre à armes égales.

- Et..?

- Et c'est déloyal ce que tu as fait avec mes béquilles.

- Ca ? Ah non… Non, non, non... Quand je parlais de te battre à « armes égales », c'est pour la guerre afin de devenir L. Jeter tes béquilles par la fenêtre, ce n'est que pour t'emmerder.

Au moins, c'était limpide.

- Mello, je dois vraiment y aller.

- Parfait. Envoie-moi une carte postale.

- Tu veux pas me porter jusqu'en bas ?

- Va chier !!

- Eh bien… Justement…

Une grimace d'horreur se plaqua sur les traits répugnés de Mello qui comprit. Non, en fait, il ne voulait pas comprendre. Son regard tomba avec toute la lenteur horrifiée du monde sur la table de chevet. Et là, c'est le drame : la seconde boîte de chocolats, la piégée, était ouverte. Ce nabot avait déjà goûté aux chocolats frelatés aux laxatifs ?!

Un gargouillis venant des profondeurs de Near résonna dans toute la chambre et l'enfant ne retint plus sa grimace de gêne. Il plaqua l'autre main sur son ventre, il fallait faire vite.

- Mello…

- NAN !

- Aïe, ma jambe…

Le blond serra les dents et les poings, en colère contre sa propre faiblesse. Mais naon ! Pourquoi le sentiment de la culpabilité se pointait-il à ce moment précis ! Foutu Near !

- Ca va, c'est bon !!

Sans perdre une nouvelle seconde, Mello attrapa Near et le mit sur son dos pour sortir en quatrième vitesse. Malheureusement pour Mello, la fatalité n'en avait pas encore fini avec lui et, depuis le monde d'en Haut, elle s'amusa à prendre la figurine de Matt pour la mettre sur le chemin de sa course.

Le rouquin sortait de sa chambre pour aller retrouver son ami car il commençait à s'ennuyer de lui et ne fut pas déçu de voir Mello dans le couloir dans cette drôle de posture. D'abord halluciné, Matt redressa ses lunettes sur sa tête pour vérifier que ses yeux ne lui jouaient pas des tours puis le sourire de la revanche éclaira son visage. Ma belle Nintendo DS, je m'en vais te venger :

- Oh my… Near sur toi, Mello ? se moqua-t-il. J'ai toujours su que tu étais un uke refoulé. La prochaine fois, c'est moi qui…

Pffffft ! Une fuite de rouge se signala au niveau des joues du blondinet qui étouffa un cri scandalisé.

- Et mon poing dans ta face, tu vas voir s'il est refoulé !!! Qui est un uke ?!!

Matt savait que son espérance de vie était en train de chuter drastiquement, mais il adorait taquiner Mello et là, le sujet était trop beau pour être abandonné aussi vite :

- Arrête. Tu as tout de l'uke de base. Le caractère rebelle, les cheveux clairs, tu peux être confondu avec une fille…

- QUOI ? Un mec n'aurait pas le droit d'avoir des beaux cheveux ? T'es qu'un jaloux, Matt !!

- Mello… gémit Near d'une plainte alarmante.

- Ah, oui ! Toi, Matt, tu paies rien pour attendre, enfoiré !

- A plus, mon uke-face.

Mello dévala les escaliers à la vitesse de l'éclair en fomentant le plan le plus diabolique pour assurer à son meilleur ami des souffrances si atroces et inhumaines que les oreilles de la décence en seraient excoriées. Il n'arrivait pas à se décider tant toutes les horreurs qui lui venaient en tête semblaient alléchantes.

Enfin, la porte de la délivrance s'offrit à sa vue. Le garçon piqua le sprint final, ouvrit la porte à la volée, jeta Near dans les toilettes et referma la porte prestement avant de se laisser glisser par terre, le souffle court. Quelle journée, non mais quelle journée.

Quelques poétiques minutes plus tard, à l'entente de la chasse d'eau dans derrière lui, Mello se releva de la porte et laissa Near en ressortir. Une chance pour lui, le petit génie n'avait mangé que trois chocolats. Si la boîte entière y était passée, il aurait dû prendre des provisions avant de s'enfermer là-dedans.

Le garçon aux cheveux blancs referma la porte derrière lui puis se tourna vers Mello qui attendait visiblement qu'il parle en premier, les bras croisés sur sa poitrine. Comme à son habitude, il tournicota une mèche claire entre ses doigts et posa son regard vide sur son interlocuteur.

- Merci pour aujourd'hui, Mello.

- Hein ?

- Grâce à toi, je ne me suis pas ennuyé.

A y repenser, c'était vrai. Depuis qu'il était revenu de l'hôpital avec son plâtre, pas une seconde il ne s'était ennuyé. Que ce soit par les parties d'échecs, de bataille navale ou de Monopoly, ou encore grâce aux « encouragements » de Mello où Matt qui lui avait prêté un de ses jeux pour se sentir moins seul. Il se sentait touché. Il y avait même cet épisode des chocolats piégés où Mello avait su démontrer une certaine forme de pitié – à moins d'avoir eu peur des dégâts qu'un empoisonnement aux laxatifs auraient pu engendrer s'il n'avait pas agi très vite. Au fond, cela prouvait que derrière ses grands airs d'enfant terrible, le blondinet le plus redoutable de la Wammy's House pouvait montrer une facette plus douce de sa personnalité.

Mello ne répondit pas à Near car il n'osait pas dire qu'il pensait à la même chose. Depuis que Near était revenu de l'hôpital avec son plâtre, pas une seconde il ne s'était ennuyé. Que ce soit par les parties d'échecs, de bataille navale ou de Monopoly, ou encore grâce aux gentillesses laissées sur le plâtre ou Matt qui l'avait encore sorti de ses gonds. Il y avait même cet épisode des chocolats piégés où il avait su démontrer une certaine forme de méchanceté perverse nouvelle – même si le fait d'avoir jeté les béquilles par la fenêtre s'était avéré être parfaitement idiot. Au fond, cela prouvait que derrière ses grands airs d'enfant solitaire, la tête de boule de neige la plus stoïque de la Wammy's House pouvait être une véritable source de nouvelles vacheries à faire quand elle était plâtrée.

- Ouais… C'était pas trop mal… conçut Mello en se passant la main dans la nuque.

Court silence.

- Tu me remontes dans ma chambre ? demanda Near.

En guise de réponse, le garçon blond attrapa Near par la chemise et le renvoya manu militari dans les toilettes en tournant le verrou. Il compléta son œuvre en ajoutant une chaise en travers de la poignée en guise de sécurité et se frotta les mains comme s'il venait d'exécuter un dur labeur.

- Nan, tu es bien mieux là dedans que là-haut. Amuse-toi bien, p'tit génie !

Et avec le rire de la victoire, Mello rebroussa chemin en direction des escaliers, bien décidé à reparler de cette histoire d'uke-face avec un certain gamin à lunettes colorées. Il ne le dirait jamais, mais il avait adoré cette journée en dépit des nombreux échecs que Near lui avait infligé. Il aurait pu être tenté de continuer à tourmenter sa tête de turc préférée, mais il fallait savoir en garder pour plus tard, pas vrai ? Vivement le prochain plan diabolique !

FIN


Je me suis vraiment éclatée à faire ce one-shot, j'espère que vous avez aimé aussi. Une tite review pour la route?

En espérant revenir dans un autre OS, Ja ne!