Helli Hello,

Voila une nouvelle ficounette (oui je sais, je devrait bosser sur l'autre au lieu d'écouter mon esprit creatif)!! Cette fois-ci dans la tête de Severus tel qu'on l'abandonne dans le T7. Histoire de me culpabiliser un peu plus de l'avoir pris pour un méchant pendant 6 tomes...J'espere que vous prendrez autant de plaisir à lire cette fic que j'en ai pris en l'écrivant, et que vous aussi, vous reconnaitrez là le vrai Severus Rogue Prince.

OooooOooooOooooO

Mon nom est Severus Rogue.

De là je suis en ce moment, je ne vois qu'un sol de marbre inondé de sang.

De mon sang.

Bizarrement, la seule chose qui m'inquiète est la tâche que cela va laisser.

D'une main, je tiens encore la baguette qui vient de donner au petit pote Potter mes plus intimes souvenirs. Mon autre main est refermée sur un objet bien plus précieux à mes yeux que le bout de bois qui a fait de moi le sorcier que je suis. Un objet que je traîne avec moi depuis près de 18 ans maintenant, et dont je ne me suis jamais servie...Pitoyable.

Le Seigneur des Ténèbres vient de laisser celui qu'il crut être son plus fidèle serviteur pour mort, étalé comme une bête sur le sol froid, et le gamin Potter vient de repartir en courant avec mes souvenirs, des souvenirs si douloureux qu'une larme s'échappe malgré moi à chaque fois qu'ils me reviennent en tête.
J'ai toujours été un excellent comédien, et de surcroît, un excellent Occlumens, ce qui fait de moi un homme plus que protégé du regard du monde. C'est sans doute grâce à ces deux qualités que je trompe une fois de plus mon monde, leur laissant croire que le Prince de sang-mêlé a rendu les armes.
Je me relève difficilement, un sort du Seigneur des Ténèbres, aussi raté soit-il, ne passe jamais inaperçu. Je range ma baguette et essuie de ma main libre le sang qui en dégouline mollement.

Je part en courrant, la main sous ma cape, prête à dégainer ma baguette au moindre son suspect. Je sais pourtant que là où je suis, personne ne viendra me chercher. Qui aurait l'idée saugrenue de renverser le portrait du dernier et du plus apprécié directeur de Poudlard? (Et là bien sûr, ce n'est pas de moi que je parle, je n'ai été dans cette histoire qu'un vulgaire pantin)
Je marche donc à pas de loup dans ce sombre couloir, inventé par mes soins et ceux de Dumbledore quelques mois avant que notre arrangement prenne une fin forcée.

Quelques cent mètres plus loin, je passe difficilement derrière un ultime tableau, pour arriver dans ce qui semble être un placard ménager. Je me trouve comme prévu dans les cuisines. Un endroit sûr puisqu'en tant que directeur de l'école, les elfes m'obéissent au doigt et à l'oeil.

Je pousse la porte d'un geste brusque, et découvre, attelés au fourneau...Personne.

Ca ne présage rien de bon. Je me dépêche, sort des cuisines et rase les murs jusqu'aux cachots de Serpentard.
Etrangement, le château est vide, et les seuls échos qui arrivent jusqu'à moi semblent provenir du rez-de-chaussée, quelques mètres au-dessus de ma tête. Je donne le mot de passe "vil" et entre dans la Salle Commune de mes élèves.

Les fauteuils de cuir noir et le blason de Salazar qui orne le dessus de la cheminée de marbre me sont agréables et familiers. Je ne m'éternise pourtant pas en nostalgie et m'engouffre dans le sordide passage qui conduit jusqu'à mon ancien dortoir. Là, je m'assois en tailleur sur ce qui fût un jour mon lit, tire les rideaux à baldaquin, dépose ma baguette dans le creux que forment mes jambes et ouvre ma main gauche, découvrant l'objet qui était recouvert de mon sang et de ma froide sueur.

Il s'agissait là du seul exemplaire disponible.

Quelle chance inouïe.

Dumbledore me l'avait donné 17 ans et quelques mois avant que je ne me retrouve sur ce lit.

Il m'a expliqué aussi calmement qu'à son habitude de quoi il s'agissait, pourquoi il me l'avait donné, et pour quelles raisons il me faudrait être très prudent lorsque je m'en servirais...Parce que je m'en servirais, il en était sûr.

A l'époque, malgré mon désespoir et mon désarroi, je m'étais juré de ne jamais m'en servir.

Aujourd'hui ma parole ne vaut plus une noise, donc je ne me sens pas coupable...

Je regarde mon médaillon avec de l'amour dans le regard, comme un alcoolique regarde son Whisky Pur Feu.

Dans mes mains, pas plus grosse qu'une montre à gousset, je tenais la clé de ma délivrance, celle qui ouvrirait la porte qui m'amènerait jusqu'à elle.

Je ferme les yeux et sourit, bientôt je reverrai son corps gracieux, sa démarche élancée, j'entendrai son rire doux et joviale, je pourrai me perdre dans ses magnifiques yeux, que je dois supporter depuis 7 ans sur l'ingrat visage de son abruti de fils.

Lorsque je reviens à moi-même, je me rends compte que je pleurs (une fois de plus) toutes les larmes de mon corps.

J'ai une envie irrésistible de retourner auprès d'elle, mais saurais-je lui cacher d'où je viens et ce que je sais?

J'en doute, Lily Evans aurait pût me demander de m'arracher le coeur, je l'aurais fait sans état d'âme.

Alors que ma main s'attarde en caresses sur le médaillon, quelqu'un d'autre vient troubler mes pensées.

Le Seigneur des Ténèbres (Etrange, que je n'arrive même pas à penser son nom, non?).

Je suis certainement la personne à qui il a fait le plus de mal.

Non, ce n'est pas un égoïsme quelconque, même si je suis par nature d'un égoïsme étouffant.

Je sais bien que bon nombre de couples ont été détruits, bon nombre de famille brisées et d'enfants damnés, mais de toutes ses victimes, je pense être le seul qui avait autant foie en son bourreau. J'étais j'en suis sûr, le serviteur le plus fidèle de mon maître, je lui ai même vendue le bonheur de celle que je voulais pour femme depuis près de dix ans, n'est-ce pas là un sacrifice ultime?

En échange, je ne lui ai demandé qu'une chose, qu'il épargne la douce Lily, que jamais il ne souille son âme d'un impardonnable sortilège.

Croyez-vous qu'il l'ait fait ?

Non. Je suis même sûr que dans sa folie meurtrière, il ignorait jusqu'au nom que je portais.

Lorsque j'ai appris que ma reine n'étais plus de ce monde, mon coeur s'en est allé à ses côtés.

J'ai détesté ce maître et ses idées, lui qui de l'amour n'a jamais rien connu et qui s'est permit de toucher à la lumière personnifiée.

Jamais je ne l'ai pardonné, car jamais je n'ai cessé d'aimer Lylian.

La seule chose qu'il avait sût me dire avant d'être anéantit par un bambin d'à peine un an, c'est que les désirs charnels changent et qu'il pouvait m'offrir autant de beautés sang-pur que je souhaitais pour assouvir les miens.

Les désirs?

Bien sûr je désirais Lily, mais bien plus que ça, je l'aimais, je la vénérais, elle était tout pour moi!

Je reviens à moi une fois de plus, essuie tant bien que mal le flot de larmes salées qui inonde mes joues et serre un peu plus le médaillon entre mes doigts blancs.

Dans quelques secondes, ce sera fait.

Mes mains se mirent à trembler et des tics nerveux apparurent sur mon visage cireux.

Une dernière question traverse mon esprit enivré, une question pour le moins étrange.

Que lui dire quand je vais la revoir?

Est-ce que je dois lui avouer mes sentiments?

Continuer à être son meilleur ami?

Etre aussi goujat que Potter pour enfin attirer son attention?

J'en déciderais lorsque son parfait visage me sourira à nouveau, plein de vie et de haine pour ces foutus maraudeurs.

Tourne trois fois le médaillon et pense à ce jour là, tourne trois fois le médaillon, pense, tourne, pense à elle...

Je me rappelle des indications de Dumbledore tandis que de nouvelles larmes, des larmes d'espoir et de culpabilit' coulent le long de mon visage quadrag'naire.

Si j'arrive à changer le passé, et donc le futur, rien ne se passerait comme prévue, Lily ne se marierait pas avec James, il n'y aurait pas de Harry et donc pas de pourfendeurs de mage noir...

Serait-ce a moi de venir a bout du Seigneur des Ténèbres si c'est par ma faute que son assassin ne voit pas le jour?

Peu importe, dans mon esprit déséquilibré par tant d'espoir, rien ne comptait à part Lily et moi.

Calmement, un sourire étrangement crispé pendu à mes lèvres, je tourne le médaillon de métal trois fois dans mes mains.

Par trois fois je vois le côté pile, un triangle ressemblant étrangement à un oeil, et par trois fois je vois le côté face, cinq initiales alignées en lettres dorées.

APBWD.

J'avais toujours supposé que Dumbledore était l'inventeur de cet objet. Mais je n'avais jamais posé la question, et je me fiche bien en cet instant de savoir qui avait inventé le médaillon du moment que celui ci me conduirait bien vers ma chère Lylian.

Je pense à ce jour, si fort qu'une veine bat d'une façon inquiétante sur mon front.

Rien ne se passe.

Etait-ce là le châtiment que Dumbledore m'avait réservé, me faire croire que ma vie avait un sens pour me faire tomber de plus haut?

Soudain, dans mon ventre, là même où se formait une boule désagréable lorsque je pensais à ma chère Lily, une sorte de happement eu lieu. Aucun rapport avec les sensations que procurent le Transplanage, la poudre de Cheminette, ou encore les Portoloins...

Non, on aurait dit que quelqu'un avait attrapé mon estomac à pleine main (celle de ma chère par exemple...) et s'obstinait à tirer mon corps vers le haut.

Je vois autour de moi les années passer comme un film, puis je ferme les yeux, voulant mettre fin au tournis que me donne cet étrange voyage.

Lorsque je rouvre mes paupières pour laisser apparaître des prunelles d'un noir sans appel, je suis sur ce même lit, et un instant je crûs m'être encore fait avoir par la malice de Dumbledore.

La première chose que je vois, et qui n'était pas là lorsque je suis "parti", c'est un miroir, de taille d'homme, qui est appuyé sur le mur en face de mon lit.

Je n'ai pas de surprise en y apercevant mon reflet, mais après quelques dixièmes de seconde, je me rends compte que le Severus Rogue qui me fixe d'un air confus depuis le miroir a 15 ans.

Un sourire ému traverse mes lèvres pincées.