Dear A.

Ma raison me conseille de ne rien te dire. Mes pensées m'encouragent à te faire part de ce que j'ai sur le cœur depuis maintenant bien longtemps.

Nous avons déjà passé tant de temps à l'intérieur de cette forteresse s'habituant à la présence de l'autre que j'ai peur que nous soyons devenus trop familier. Et au fil du temps ne plus voir ce que l'on a sous les yeux, en arriver à se lasser.

Mais j'ai envie de te redécouvrir à chaque jour qui commence. Je reste là toute seule dans les immenses salles du château pendant que tu pars à l'affrontement. Je te vois revenir blessé, fatigué mais victorieux. Autour de toi, tu libères des sensations nouvelles pour moi, tu reviens du combat encore plus vivant et débordant d'énergie que tu ne l'étais auparavant. J'ai secrètement envie de t'accompagner, de ressentir, de participer. Je n'ai qu'à fermer les yeux pour nous imaginer sur cette vaste étendue verte, dos à dos, n'entendant que l'écho des épées se toucher violemment se mélangeant à celui de nos respirations haletantes. Et quand tous les hommes ennemis sont à terre, ne plus rien entendre, juste le temps d'un instant sentir nos regards se croiser.

Je vais t'épargner une lettre sans fin qui ne t'apportera rien de plus que de l'ennui. Je te connais bien. Alors sache juste qu'il en a défilé des hommes ici à la cour comme tu le sais. Et pourtant, j'ai su voir en toi ce que je n'ai réussi à trouver chez aucun autre.

M.