SMASHING ! J'ai enfin décidé de publier ce début de fiction après plusieurs mois d'hésitation, durant lesquels j'étais tiraillée entre l'envie et l'appréhension de faire enfin partie de la communauté Ffn. Puis, je me suis dis "Pourquoi pas ?", autant essayer, il faut parfois se lancer pour aboutir à un petit quelque chose ! Et voilà donc la... 'surprise du chef' ? :B
DISCLAIMER : Chaque personnage cité et mis en scène appartient a Dame Rowling (a part si je décide de créer quelques OC, mais ce n'est pas pour encore), et bien heureusement, sinon son univers aurait été un vrai capharnaüm !
RATING :M (pour certaines situations, pour le langage a certains moments. Et aussi pour rester du bon côté de la force, on ne sait jamais.) Slash ! (Relation H/H) Si vous n'appréciez pas ce genre d'écrits, ne lisez pas. Quoique, pour le moment, ce genre de relation n'est pas prévue.
Cette histoire prend place après la Grande Bataille de Poudlard, lors de l'année de "rattrapage" d'Harry, de Draco... Enfin, de tous les élèves ayant loupé les ASPICs de 7ème année (donc, à peu près tout le monde !) Le monde Sorcier a changé, l'école tente de rester la même et y arrive assez bien, et chaque personnage voit le monde sous un nouveau jour, sombre ou clair selon chacun.
Les POV seront alternés, changeront d'un personnage à l'autre, ou bien passeront d'un personnage principal à un personnage secondaire,... ou bien resteront fixés sur un même personnage pendant plusieurs chapitres. Aussi, le POV passera parfois de 1ère personne à 3ème. Donc une différente narration, ce qui ne fait pas trop de mal ! :3
En tout cas, j'espère que ce début d'histoire vous plaira ! Je rajouterai les chapitres si les critiques et les avis que je reçois sont encourageants ;).
Sur ce, je ne vais pas m'étendre ; je vous souhaite une bonne lecture !
N'hésitez surtout pas a laisser des reviews, ça me ferait plaisir et m'aiderait a m'améliorer et à me situer quant à l'histoire, aux éléments, tout ça :)
Chapitre 1.
Je suis plus bas que terre. Enfin, quelques millimètres, tout au plus. Mais c'est déjà trop. Je suis enfoncé dans le sol humide. Tout cela n'est qu'une action répétitive, un effet constant, un jour de plus dans ma vie. Dans ma nouvelle vie. C'est un fait : je hais le changement.
Mes yeux sont rivés au ciel. Je regarde ce qui me surplombe, ce qui tombe autour de moi. L'eau, fusant hors des nuages tels des aiguilles d'acier émoussé. La pluie. Qu'est-ce que c'est, concrètement ? Je ne veux pas parler de ce qu'elle est d'un point de vue scientifique. Ce serait malvenu de ma part, en réalité. Ce que je veux dire, c'est que… Comment est-ce qu'on la ressent ? Comment est-ce qu'on la perçoit ? Comment les autres la perçoivent ? Moi, je sais ce que je ressens. C'est froid. C'est froid, ça vient du ciel, et ça s'écrase sur la terre. Ça s'écrase sur moi. Sur mes épaules, ma tête, mes mains, mes jambes, mon visage aussi. Ça s'écrase, un peu comme la foudre. C'est vif, et sous constante pression. Ces deux éléments ont tant de similarités… Mais la différence est que la pluie est douce, et ne tue pas sur le coup. Avant, lorsque j'étais enfant… j'avais quoi, peut-être dix ans ? Eh bien, j'essayais de rester les yeux grands ouverts sous la pluie. Je voulais… Je ne sais pas, j'imagine que je voulais tester quelque chose. Peut-être que je voulais savoir si ça aurait le même effet qu'une larme. Si la goutte roulerait sur mon œil, puis coulerait sur ma joue.
J'étais resté longtemps, très longtemps, dans mon jardin, le coup tordu, le visage vers le ciel grisâtre, et les coudes repliés pour soutenir mon poids. Mon dos me faisait mal, aussi. Je crois que c'était l'une des premières fois que mon corps était resté contracté aussi longtemps. Pendant près de deux heures, d'après ce que mes parents m'avaient rapporté lorsque j'étais retourné dans le salon. Pendant ces deux heures, j'avais attendu qu'une goutte de pluie tombe sur mon œil. Mais aucune ne le voulait elles semblaient préférer mon front, mon nez, et mes joues. Mes cheveux en avaient été trempés. Complètement décoiffés. Et le sol boueux avaient tâchés mes vêtements. Je me souviens de ce pantalon noir et de ce chandail gris, que ma mère m'avait acheté, un jour. Ils avaient été bons à jeter. Ou alors à être utilisés comme chiffon par les elfes de maison. Je ne les ai plus jamais revus, ces vêtements, après ce jour-là. Mais quand j'étais enfant, je m'en fichais comme d'une guigne. Mon « moi » enfant commençait à désespérer que la pluie ne tombe par sur ses yeux. C'était tout ce qui importait, à ce moment présent. J'allais même me lever, pour m'en aller, tant l'ennui avait commencer à déferler en moi. J'estimais avoir assez attendu. Mais juste à ce moment, une goutte m'est finalement tombée dans l'œil droit. En plein milieu, sur la pupille. Après être resté plusieurs secondes sans bouger, je me suis couvert l'œil avec la main, et j'ai déguerpi.
Et me voilà à nouveau sous la pluie. Mais cette fois, je n'essaye pas de m'en reprendre dans les yeux. Je ne veux plus ressentir cette brûlure, et je ne veux plus avoir l'œil rouge et larmoyant, comme lorsque j'étais enfant. Je ne suis plus un enfant. A vrai dire, j'ai dix-huit ans. Je suis majeur depuis un an. Je peux pleinement apprécier ma nouvelle qualité d'adulte !… Si seulement. En ce moment, j'aurai dû être ailleurs. J'aurais du être en train de travailler. J'aurais du être qualifié pour peut-être travailler au ministère, ou bien dans une boutique du Chemin de Traverse, de l'Allée des Embrumes, ou encore quelque part dans le tohu-bohu qu'est le village de Pré-au-Lard. Que sais-je encore. Peut-être même ici. Ici, à Poudlard. Comme professeur de Potions, ou alors de Sortilèges, d'Astronomie… Un petit rire aigre me prend. Ou alors comme concierge ! Pour remplacer ce vieux croulant de Rusard. Je me demande toujours comment ce gâteux psychotique fait pour vivre aussi longtemps. Apparemment, les chocolats dont il se gave depuis quelques temps l'ont fait perdurer. Ombrage aura au moins changé l'un des détails de sa misérable vie de Cracmol. Peut-être que c'est également pour cela que ma mère m'envoyait autant de chocolats, par hibou, ou bien lors de la remise du courrier. Elle voulait que je vive longtemps, avant.
Avant… Avant, quand elle était avec moi. Avant, quand j'avais une famille. Une famille présente, j'entends. Présente physiquement. Puisque même avant, ils n'avaient jamais été vraiment présents, pour moi, émotionnellement parlant. Pas comme une vraie famille devait l'être. Enfin… Leur présence physique me suffisait, à l'époque. Je m'en fichais un peu, d'eux. Et vice-versa. Mais aussi étrange que ce soit, leur présence me suffirait, et me réconforterait, en ce moment. Tout est déchiré, maintenant. Mon père est fou. Ma mère est dépressive. Et moi… Et moi, je suis un mélange des deux. Mais je ne suis pas enfermé à Azkaban. Eux, ils le sont, depuis la fin de l'année dernière. Depuis la fin de la guerre. Depuis la fin, tout court. C'est étrange. Cela fait si peu de temps… Quatre mois seulement. Et pourtant, j'ai l'impression que cela fait une éternité. Une longue et pesante éternité. Père est bien perdu, dans sa paranoïa. Dans sa cellule de prison, et dans celle de son cerveau complètement retourné et rongé par la folie. J'ai vu une photo de lui, dans la Gazette du Sorcier, au début du mois. Il était affreux. J'ai eu envie de vomir, en le voyant. Et de pleurer. De pleurer, fort. Toutes les larmes de mon corps. Voir sa photo a été comme un nouveau supplice. Encore un autre supplice, sans doute fait pour me détruire et me faire sombrer encore un peu plus.
Lucius Malfoy. Lord Malfoy. Quoiqu'on ait pu l'appeler avant, et qu'en importe la manière et la signification, toujours est-il que c'est révolu. Il ne s'appelait plus comme ça, désormais. Maintenant, il était « La blondasse du Lord Noir », le «monstre mangeur de cadavres ayant servi de paillasson au Seigneur des Ténèbres », ou même le « lèche-cul de Voldy », d'après cette garce de Rita Skeeter.
Lucius était de mine, sur sa photo, en première page du journal. Il tenait son numéro de prisonnier, sur une plaque rongée, entre ses mains. Il ne regardait pas l'objectif. Pas vraiment. Ses yeux déments observaient les alentours avec une vitesse aberrante. Ils s'écarquillaient lorsqu'ils regardaient vers le plafond. La bouche de l'homme était fendue avec un sourire enfantin, celui d'un enfant qui vient de faire une bonne farce à quelqu'un. Et lorsque les yeux gris se dirigeaient vers l'objectif, Lucius fronçait le nez, et souriait tel un drogué. Il souriait comme un malade, comme quelqu'un qui n'en a absolument rien à foutre d'être enfermé. Comme quelqu'un que cela amuse, même. Lorsque j'avais vu cette photo pour la première fois, ça m'avait retourné les boyaux. Vraiment. Pas à cause de la crasse qui s'accumulait sur ses cheveux, et sur sa peau, ni même à cause de ses cernes. Non. C'était autre chose. Il me regardait. Il fronçait son nez en me voyant. Il me souriait de son air narquois et désabusé. Et ensuite, d'un bond, d'un coup, il fonçait vers moi, et essayait de me mordre à travers la photo.
J'avais sursauté. Réflexe idiot. Et après, Lucius avait rit. Je n'entendais aucun son. Ce journal n'était pas une beuglante, après tout. Mais je savais comment interpréter l'image, et comment imaginer ce rire. C'était un rire hystérique. Un rire désespéré. Un rire de quelqu'un d'irrécupérable. J'avais arraché mes yeux à cette scène insupportable. Et j'avais senti les regards dans mon dos. Mon cher papa avait toujours son fils chéri à Poudlard. Et ce même fils entendait les rires de ces enfoirés d'élèves qui l'entouraient, et qui avaient lu la Gazette avant lui.
Je ne l'ai même pas lu, ce foutu journal. Juste les lignes sous la photo. Je m'en rappelle clairement. Ça reste gravé dans ma tête continuellement. «Un Mangemort à la limite de se faire dévorer par la folie sa putain qui tente d'ouvrir un nouveau magasin du suicide… Une fortune plutôt amère, pour les laissés pour compte de Voldemort. Déjà deux Malfoy en cage. A quand le dernier ? »
J'étais sorti de la grande salle. Dans toute ma splendeur. La tête haute, comme il se doit d'un Malfoy. Puis j'avais couru comme un dératé. Je ne pouvais plus respirer. Je me cognais contre les murs, je me prenais les pieds dans les tapis, je fonçais dans des armures que je ne voyais même pas. Et je me ruais dans un lieu que je ne connaissais que trop bien. Que j'avais appris à connaître. Deux ans auparavant. C'est stupide, quand j'y repense. Mais personne ne venait jamais ici. Et je le savais. Des vieilles toilettes abandonnées, et hantées par une élève binoclarde, c'était tout ce qu'il me fallait. On serait deux à geindre. Je ne me sentirais pas seul, au moins.
…
Je ne sais pas combien de fois j'ai soupiré aujourd'hui. Mais maintenant est une fois de plus. Je ne veux même plus penser à cette histoire. Je suis seul, sans famille, sans honneur, sans amis, et sans argent. Putain, je n'ai plus rien. Je ne suis plus rien ! Même cette pierre à côté de moi à l'air plus heureuse ! Je la saisis, et la regarde. Elle est rugueuse, et rongée à l'intérieur. Il y a plusieurs trous sur ses flancs. Légère, grisonnante, avec plusieurs stries blanches. Pendant une fraction de seconde, je suis tenté de lui parler. Mais à la place, je la lance de toutes mes forces vers le lac. Il n'est pas encore l'heure pour moi, Draco Malfoy, de devenir fou comme mon père, et de me mettre à parler à du calcaire. Alors, je la regarde s'envoler, avant de redescendre en un piqué. C'est presque comme… Comme un aigle fondant sur une proie qu'il aperçoit à travers champ… Bon sang, je deviens vraiment timbré. Faudrait que je me change les idées. Un bruit de clapot retentit, lorsque la pierre frappe la surface sombre du lac. Je regarde les ondes diverger, et l'eau se rider, ondulant légèrement. C'est tellement beau. C'est de l'art. Une poésie à laquelle je n'avais jusqu'à présent jamais prêté attention. C'est que, j'avais toujours autre chose à regarder, jusqu'à présent. Maintenant, pourtant, je ne vois que ça. La poésie qui m'entoure. Je suis comme un naufragé qui découvre une nouvelle terre. Un Robinson qui découvre un monde dans lequel il a toujours vécu, qu'il n'a jamais quitté, mais qu'il n'a pas encore compris.
Je suis un habitué, ici, sur cette rive. A défaut d'être la Viviane des légendes arthuriennes, pourquoi ne pas être le Glandeur du Lac ? C'est tout aussi honorable. Je reste ici tellement souvent, que même les êtres sous-marins sortent parfois leur tête de l'eau pour m'observer. Ils se demandent sans doute ce que je fais là, constamment assis, les yeux dans le vague. Je dois bien les saouler. Ma tendre mère me racontait, avant, que si j'offensais les créatures de l'eau, certaines d'entres elles finiraient par sortir des profondeurs, par m'enlever, et par me noyer. Après quoi, je deviendrai moi aussi un être de l'eau. A l'époque, je devais avoir huit ans. Je lui demandais souvent en quoi ça serait un problème. Je pensais que le monde, sous l'eau, devait être excitant. Les sirènes, les strangulos, le calamar géant… Dans mon esprit, je voyais des créatures majestueuses, hautes en couleurs, et d'une beauté à couper le souffle… encore plus qu'il ne l'était déjà lorsqu'on était sous l'eau, cela va de soi. Et un jour, Narcissa m'avait répondu. « Draco. Les sirènes sont des créatures vicieuses et effroyablement laides. Les strangulos sont traitres, et coriaces. Le calamar géant n'a jamais été vu, et tu ne le verras jamais. Tu sais pourquoi, mon ange ? Puisque personne n'est jamais ressorti vivant pour témoigner de son apparence. Je ne veux pas que tu t'aventures ne serait-ce qu'un instant dans des eaux boueuses et dégoûtantes. Cesse de croire que tout est beau, mon garçon. Tu es un Sorcier et un Sang-Pur, qui plus est. Pas un Moldu. »
Ah, ma chère maman. Elle était toujours quelqu'un de spirituel. Elle cassait les mythes, pour en recréer d'autres. Je m'amusais, avec elle. Elle avait un humour pointu, et absolument déconcertant. Grâce à elle, je sais maintenant pourquoi il y a autant de Troll dans le monde. C'est étrange, mais d'après elle, au pied de chaque arc-en-ciel se tient l'un d'eux, en manque d'amour. Les enfants pensent qu'au bout de chaque arc en ciel se trouve une énorme marmite d'or pur – c'est le folklore qui le veut, après tout. Alors, les jeunes âmes suivent le chemin coloré, mais se retrouve nez à nez – ou plutôt, nez à genoux – avec un Troll nauséabond. Ma mère n'a jamais continué son explication. Elle disait que ça favorisait l'imagination. Je ne sais pas si mon imagination était déjà grivoise à cette époque, ou bien si j'ai tout simplement deviné la vraie histoire. Mais j'imagine que le Troll solitaire, une fois bien entouré, s'amusait joyeusement avec les pauvres enfants, et que – Pouf ! un peloton de Trolls en découlait.
Un rire m'échappe. Maman était tellement étonnante.
Mais, pour en revenir au lac… Je ne l'ai pas écouté. Toutes ces histoires de méchantes créatures… je m'en fichais royalement. Ma mère n'était – et n'est – plus là pour me donner des ordres. J'ai voulu entrer dans le lac, il n'y a pas longtemps. Le mois dernier, en octobre. Le fait est que la piscine du Manoir… enfin, notre ancienne piscine me manquait. Et je suis quelqu'un qui est aussi doué dans l'eau que sur un balai – ce qui veut dire que j'assure parfaitement, bien entendu. J'ai donc attendu que le parc se vide entièrement de son flot d'élèves attardés, pour pouvoir envisager de faire – comme le disent les moldus – trempette. Il faisait un froid de canard. J'osais à peine imaginer la température de l'eau. Mais, quand on est un homme, qu'on tient à son honneur, qu'on s'appelle Draco Malfoy… et qu'on est absolument dépité de la vie, et qu'on se fout absolument des conséquences, on ne se pose pas de questions. J'ai enlevé ma robe, mon uniforme, et je suis entré dans l'eau. Ou plutôt, je suis tombé dans l'eau. Ce putain de lac ne fonctionne pas comme les autres. Ici, dès que l'eau commence à s'étirer, la profondeur est de plusieurs dizaines de mètres. Alors, je me suis pris une bonne tasse d'eau dans la gorge, et mes poumons ont fait office de flotteurs dégonflés, dans ma poitrine. Et par la barbe de Merlin, je suis sûr que quelque chose a essayé de me chopper le pied ! Mais je me suis cramponné à l'herbe, en enfonçant mes doigts dans la terre, et j'ai bataillé contre la paroi sous-marine, et contre le truc qui m'attrapait la cheville, pour déguerpir de l'eau. Je n'ai même pas pris le temps de regarder en arrière. J'ai attrapé mes fringues, et je suis parti en courant. Comme le gamin de dix ans que j'étais autrefois.
Parfois, je retrouve tellement de souvenirs d'un seul coup, que je me sens comme une pensine. J'ai l'impression que des myriades de filaments argentés nagent en moi, dans mes veines, entre mes muscles, contre mes os… Dommage que tous ces souvenirs soient mauvais. Une brusque image arrive dans mon esprit. Une image d'un certain balafré, dont je ne prendrai même pas la peine de taire le nom. Il manquait plus que ce foutu Potter. Maintenant qu'il arrive dans ma tête, je pense que la fête peut commencer. Je sens que cette après-midi va être longue.
Je m'allonge sur le dos, et je ferme les yeux. Je ne suis plus aussi stupide qu'avant. Le jour où une goutte de pluie arrivera dans mon œil, sera le jour où j'aurai perdu toute jugeote. Et un Malfoy a toujours un brin de jugeote de secours, dans son sac. Je reste toujours le fier Lord Malfoy que j'étais avant. Psychologiquement, du moins. En me forçant bien.
Mon emploi du temps est aéré, aujourd'hui. Le jeudi est le jour que je hais le plus, pourtant. Deux heures de Sortilèges. Une heure de temps libre. Une heure et demie de pause. Deux heures de Potion, et une de Métamorphose. Et je hais cette organisation. Je hais avoir une heure de pause avant le déjeuner. Je hais même l'heure où je dois déjeuner. Et cette heure se rapproche. Dans un quart d'heure, le calvaire va commencer. Va recommencer.
Mon ventre laisse échapper un grognement. Mais avant que je n'aie le temps de maugréer, j'entends un rire se rapprocher. Je me roule sur le ventre, et ouvre les yeux. J'ai de la chance d'avoir un poste d'observation. D'ici, je vois sans être vu. Saint Potter et sa joyeuse petite bande de belettes se pointe. Quoi de mieux que de les regarder communiquer entre eux, vraiment ? Un petit soupir m'échappe. J'aimerais tant que ça soit ironique. Mais ça ne l'est pas. Mon monde a tellement changé, que maintenant, la seule chose susceptible de me divertir est de regarder cette bande de joyeux bras-cassés déblatérer à propos de choses et d'autres.
« - Ronald ! s'offusque Granger. Tu es absolument dégoûtant ! Je me demande comment je fais pour pouvoir te supporter.
- Oh, Hermione, c'est encore pire lorsque tu n'es pas là, pointe la sœur Weasley. Il est d'une crudité, tu ne t'imagines même pas. Chaque pensée, et chaque chose que son corps lui fait comprendre, il le dit tout haut.
- Pourquoi n'ai-je aucun mal à te croire ? demande désespérément la brune.
- Hé ! grogne Ronald. Arrêtez, vous deux ! Ginny, pourquoi est-ce que tu dis ça ? C'est tout de même pas ma faute si j'ai faim ! Et puis, je te signale que toi aussi, tu le dis ouvertement… Hermy, fais pas cette tête… ! Dis quelque chose, Harry ! … Harry !
- Hum ? répond Potter. Ouais, bien sûr, Ron. Je lui dirai.
- Qu'est-ce que tu racontes ? demande le rouquin. C'est maintenant, que tu dois le dire ! Bon sang, Harry, tu ne m'as pas écouté ? Moi, ton meilleur ami, tu ne m'as pas écouté ?
- Heu… J'étais en train de… de réfléchir. Pardon. Tu disais ?
- Défends-moi ! Et ne réfléchis pas trop, sur ce coup-là. Je ne suis pas aussi dégueu qu'elles le disent, dis ?
- Eh bien, je suppose que chacun d'entre nous s'exprime à sa façon. La tienne consiste simplement à t'exclamer que tu vas te défoncer la panse et t'exploser le bide en avalant une quantité astronomique de bouffe…
- … Oh. Oh, merci, Harry. Merci ! »
La belette Ronald s'en va avec une mine renfrognée, tandis que Potty, sa copine, et Granger le suivent à pas lents, en riant de bon cœur. Une fois qu'ils disparaissent de ma vue, je me concentre sur leur paroles. Se défoncer la panse et s'exploser le bide… Je ferme les yeux, et je sens déjà la bile me remonter dans la gorge. C'est exactement ce que je vais faire, moi aussi, je le sais. Mon ventre se contracte. Et je vais détester ce déjeuner, comme tous les autres avant.
Je me lève, et m'étire consciencieusement, histoire de ne pas me froisser un muscle. Je repousse une mèche de cheveux derrière mon oreille, et saisit mon sac. Bon sang, il est de plus en plus lourd, il va falloir que je règle ça. En le hissant sur mon épaule, la manche de ma robe glisse le long de mes avant-bras. Le tatouage sur le bras gauche tranche avec la lumière. Un crâne de la bouche duquel sort un serpent s'enroulant gracieusement. Quel gâchis. Pour moi, et pour tous les autres qui le portent. Si ce tatouage n'avait eu aucune signification particulière, j'aurai été content de l'avoir. Je me frotte la mâchoire. Connerie de guerre, connerie de camps adverses, connerie de Voldemort, et connerie de Potter !
