CATCH 22

Une fiction de Jad-fic

Une traduction de: Orin-Rwo.L.


Notes de L'auteur :

Toutes les lettres écrites par Harry seront à GAUCHE. Toutes les lettres de son correspondant au MILIEU.

L'intrigue développée dans cette fiction est née après la lecture de Lettered de pir8fancier, qui m'a gracieusement donné la permission de m'en inspirer. J'ai écrit ceci pour me divertir de l'écriture des chapitres fortement détaillés et ultimement tortueux de Bad Faith. C'est léger, drôle, un peu romantique, plein de cochonneries, et de pas de grand-chose d'autre. Profitez-en !

Note du traducteur :

En français on choppe (pécho...), en anglais, on catch (attraper)


Catch 22 -nom (Kach-twen-tee-too)

1. Une situation frustrante dans laquelle l'on est pris au piège par des conditions ou règlements contradictoires.

2. Tous problèmes ou situations illogiques ou paradoxaux dilemmes.


Chapitre Premier

Au fait, qui a eu cette brillante idée?


Septembre 1998

Suis-je le seul à penser que c'est une idée stupide, et une vraie perte de temps ?

« Personne, pas même votre directeur de maison, ne saura qui est votre correspondant », est en train d'expliquer McGonagall. « Chaque étudiant de septième année a reçu un numéro aléatoire qu'il partage avec un étudiant d'une autre maison possédant le numéro correspondant. Vous remettrez vos Lettres à votre Directeur de Maison, qui les remettra à celui de la maison concernée. »

« Professeur ? » demande Dean Thomas en levant sa main. « Je suis désolé, mais quel est le but ? »

« Le but, Mr Thomas, est d'essayer de renforcer l'unité entre les différentes maisons. Le directeur pense qu'en ces temps sombres, il est nécessaire de mettre de côté nos différences pour apprendre à apprécier nos forces, et je l'approuve. »

« Mais, professeur, pourquoi les lettres doivent-elles rester anonymes ? » dit Parvati.

« L'anonymat retire toute possibilité de préjudice et donne à chaque élève, pour ainsi dire, une feuille de parchemin encore vierge. Peut-être que vous connaîtrez votre correspondant, peut-être pas mais dans vos lettres vous vous adresserez à un total étranger. En l'absence de tout préjugé que vous pourriez avoir, bon ou mauvais, vous vous sentirez plus à l'aise pour écrire. C'est une chance d'être vous-même sans avoir à vous soucier de détails triviaux tels que la maison, la classe, le sexe, ou même l'héritage.

Vous avez votre numéro, qu'il vous est interdit de divulguer à qui que ce soit, ni votre compagnon de chambre, ni même votre famille. Vous devez communiquer avec votre correspondant au minimum une fois toutes les deux semaines. Vous pouvez écrire quand vous le voulez le personnel ne lira pas les lettres, et encore moins ne vous notera sur leur contenu. Car elles sont entièrement confidentielles. Et comme l'objectif est que vous formiez un lien avec un autre étudiant, je vous recommande d'être honnête écrivez simplement comme vous le feriez pour n'importe quel autre de vos amis. »

Lavende lève sa main et McGonagall hoche la tête. « Peut-on écrire plus d'une fois en deux semaines ? »

« Vous pouvez écrire plusieurs fois par jour, si vous le voulez » lui dit McGonagall. « Faîtes simplement attention de ne pas signer vos lettres. Vous laisserez vos notes dans une enveloppe, dans le rabat de laquelle vous écrirez votre numéro, et vous la déposerez dans mon bureau n'importe quand. »

Harry regarde sa lettre. L'écriture n'est pas familière, mais Harry a parfois des difficultés à discerner l'écriture de Ron de celle de Seamus ou de Dean, et la seule raison pour laquelle il connaît celle d'Hermione est qu'il a passé six ans à recopier ses notes d'Histoire de la Magie avant les examens.

« Dans un premier temps, vous et votre correspondant aurez l'interdiction d'organiser des rencontres ou de vous révéler de quelque autre façon. » Continue McGonagall. « Cependant, dès les vacances et jusqu'à la fin de l'année, si vous et votre correspondant voulez vous rencontrer, informez-en votre Chef de Maison qui vous donnera les informations nécessaires.

Harry se masse le front. Tout cela semble très compliqué, et, si l'on se fie à la cinquième année, les ASPIC sont voués à occuper la plupart, voir tout le temps libre d'Harry. La première semaine n'est pas encore terminée que, déjà, une montagne de devoir de Charme, de Potion, et d'Histoire est à finir, sans parler des entraînements de Quidditch trois soirs par semaine.

« Vous avez dix minutes avant que le cours se termine », ajoute McGonagall après avoir répondu à quelques questions. « Je suggère que vous utilisez ce temps pour répondre à vos lettres. »

Il y a beaucoup de bruit de parchemin et de plume tandis que la classe suit les conseils de McGonagall. Harry fixe sa lettre à nouveau. Avec un regard furtif vers la gauche, il remarque que la lettre de Ron fait presque un paragraphe, sûrement suffisant pour donner une réponse. Il ne peut voir la lettre d'Hermione, parce qu'elle s'est déjà lancée dans une réponse... d'une dizaine de lignes déjà.

Suis-je le seul à penser que c'est une idée stupide, et une vraie perte de temps ?

Qu'est-ce que je suis censé répondre à ça ? pense Harry. C'est leur toute première lettre, et le correspondant d'Harry l'ennuie déjà, même s'il sait que son correspondant a reçu la partie dure du balai, car avoir à écrire la première lettre était probablement plus frustrant. Se sentant moins irrité avec ça en tête, Harry penche sa tête vers une nouvelle feuille de parchemin et commence à écrire.

Je ne pense pas. Et pourtant je dois avoir autant de devoirs que toi.

Il s'arrête, la plume prête au-dessus du parchemin. Il réalise soudainement qu'il ne sait même pas si son correspondant est une fille ou un garçon. C'est encore plus dur que de parler à un étranger face à face, dont on voit le genre, dont on peut juger les réactions, les expressions, et le timbre de la voix. Que dire à quelqu'un dont on ne sait rien ?

Une goutte d'encre tombe sur le papier, laissant une petite tache. Cela va être encore plus difficile qu'il ne l'a imaginé. Bon, il y a bien une chose qu'il sait sur la personne... Une chose et peut-être la seule qu'ils ont en commun.

Ainsi, je suppose que tu es n°22, toi aussi. Je ne sais pas si cela signifie quelque chose, à part que nous verrons beaucoup de griffonnage de l'autre pour les deux prochains mois.

Ummm. Ce n'est pas la plus élaborée des lettres, mais ça ira. Il a – en quelque sorte – amorcé une conversation sur le numéro 22.

« Fini » dit McGonagall alors qu'Harry vient de rouler sa réponse. « Passez vos lettres devant. En guise de note finale, je m'aventure à affirmer qu'il n'est pas la peine de décrire le type de punition que vous recevrez si vous sabotez le projet. Vous êtes prévenus.

Mettez vos réponses dans les enveloppes, avec vos numéros vers l'intérieur, Mr Londubat, réprimande-t-elle Neville qui commence à écrire à l'extérieur de la lettre.

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Harry ne reçoit pas de réponse avant dix jours c'est tellement loin qu'il a presque oublié qu'ils devaient continuer ce truc de correspondant. Il est profondément plongé dans son essai d'Histoire de la magie lorsqu'Hedwige se pose au-dessus de la pile de livres d'Hermione, une lettre dans le bec.

« Oh, Harry, ta lettre est arrivée »

« Quoi ? » dit Harry, en relevant la tête. Il a de l'encre étalée sur ses doigts et commence à haïr tout ce qui a rapport aux chimères et au trafic de leurs fluides corporels. « Quelle lettre ? »

Hermione désigne la lettre toujours dans le bec d'Hedwige. « McGonagall nous envoie toutes les réponses dans des enveloppes rouges, pour que nous ne les ouvrions pas quand elles ne sont pas pour nous. »

« Hein ? Ah » Harry abandonne finalement l'essai stupide, heureux de l'excuse pour prendre une pause. « Ouais, j'avais oublié, je n'en ai pas reçu depuis un moment. Viens » il lève le bras et Hedwige vient s'y poser. Harry prend la lettre et elle hulule joyeusement. « Merci Hedwige »

« Je pense vraiment que ce projet est une idée merveilleuse, pas toi ? » demande Hermione.

« Euh » dit Harry, « Je suppose. Un peu ennuyeux, cependant »

Hermione hausse les épaules. « Ce n'est pas si terrible. Une toutes les deux semaines, ça va ? Ça ne prend pas tout ce temps d'écrire une lettre. »

« Et toi, ça avance? » demande Harry.

Elle lui sourit « Plutôt bien, en fait. Je ne sais pas si c'est une fille ou un garçon, mais il ou elle avait le même sentiment que toi jusqu'à ce que nous échangions quelques lettres... Nous nous écrivons presque chaque jour, à présent. »

« Chaque jour ? » demande Harry, surpris. « Ce projet n'est même pas en place depuis deux semaines ! »

« Oui, et bien, » dit Hermione en haussant les épaules « McGonagall a dit que nous pouvions écrire aussi souvent que nous le voulions, non ? »

Harry secoue la tête, se demandant comment diable Hermione fait-elle en sorte de caser tout ce qu'elle fait dans la journée, et d'avoir encore du temps pour tricoter des bonnets pour les elfes. Essuyant l'encre de ses mains, il se redresse et déplie la lettre :

Tout dépend de la façon dont tu le regardes. 22 peut traduire un bon nombre de choses. Ça ne me dira peut-être rien de toi, mais tu apprendras peut-être quelque chose sur moi. C'est un numéro essentiel dans la numérologie. C'est aussi le numéro atomique du titane. Ne me demande pas comment je sais ça. Six ans d'école, il faut bien que ça serve un peu ?

Il y a aussi ça, qui fait plus sens : Catch-22 « Situation sans issue provoquée par des obligations contradictoires ». Par exemple, cette situation dans laquelle je suis à présent, où je dois gâcher cinq de mes précieuses minutes chaque semaine - alors que je pourrais étudier pour les ASPICS - à écrire quelques âneries à je ne sais quelle andouille pour éviter de me ramasser une retenue, ce qui me ferait perdre beaucoup de temps de travail également.

C'est marrant, pense Harry, que son correspondant semble avoir le même sentiment que lui sur ce projet. Mais, si Hermione écrit tous les jours, eux, ils n'ont pas à faire de même. Cela prend à peine cinq minutes d'écrire une lettre, et cinq minutes une fois, ou presque, par semaine, est un sacrifice facile. Et pour le moment, Harry aime l'idée de prendre une pose de cinq minutes pour échapper à son essai stupide, alors il prend une feuille de parchemin vierge pour répondre :

Tu as raison. J'ai appris quelque chose sur toi. Es-tu toujours aussi pessimiste ?

Une amie pense que ce projet est une bonne idée, et plus j'y pense, plus je l'approuve. Cinq précieuses minutes que tu pourrais passer à étudier ? J'aime penser que cela me permet d'arrêter de me frapper la tête contre le mur, essayant de comprendre pourquoi il est nécessaire que nous sachions tout sur l'histoire des ventes au marché noir du sang de Chimère, alors même que les Chimères se sont éteintes depuis plus d'un demi-siècle.

Et que ferais-tu de ces cinq minutes, en dehors d'étudier ?

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Octobre 1998

Je ne suis pas pessimiste, je suis réaliste. Ils m'ont dit d'être honnête, alors très bien, je suis honnête. Je pense toujours que ceci est une perte de temps.

Je suppose que cela pourrait être pire, cependant. J'aurais pu me retrouver avec un cancre complet ou une fille hormonée, et tu ne sembles être ni l'un, ni l'autre. Quand à l'importance de l'Histoire du sang de Chimère, si tu essayais de vraiment lire le texte, tu pourrais remarquer que c'est un ingrédient essentiel pour fabriquer la pierre philosophale. La chimère est peut-être éteinte, mais il y a forcément un bon nombre de leurs reliquats qui circulent encore sur le marché, dû à leur importance. Et cela met peut-être en lumière la raison pour laquelle ces foutus trucs se sont éteints, non ?

Que ferai-je de cinq minutes ? Je suppose que je devrais dire quelque chose de banal, comme m'amuser à une bataille explosive, ou me promener dans l'air pur autour du lac, mais si je me devais de suivre ces absurdes directives d'être simplement honnête dans ces lettres, ce serait un mensonge pur et simple.

Soyons honnêtes : je me branlerais. Et toi ?

Harry doit relire la lettre deux fois. Il ne peut pas croire que quelqu'un ose écrire quelque chose comme ça sur un parchemin, et encore moi à l'intention d'un complet inconnu.

Mais c'est le but du jeu, n'est-ce pas, pense Harry, parce que si les professeurs ne lisent effectivement pas les lettres, et qu'ils ne sont pas obligés de savoir à qui ils écrivent, ce ne peut pas être embarrassant, n'est-ce pas ?

Harry hoche la tête avant de prendre un parchemin pour répondre. Normalement, il aurait attendu le prochain cours de transfiguration, au moment où McGonagall leur laisse les cinq dernières minutes pour écrire leur réponse, mais il a un réel désir de répondre maintenant. Une chose est sûre, son correspondant, qui qu'il soit, est définitivement un garçon, ce qui est un peu plus facile pour Harry. Et son correspondant semble savoir qu'il est un garçon, parce qu'après tout, il y a certaines choses que l'on n'écrit pas à une fille, même anonymement, non ?

Je résiste comme je peux à l'envie de te répondre que j'apprécie ton honnêteté. M'enfin, franchement, si j'étais une fille bourrée d'hormones, tu serais passé pour qui ?

Je ferais sans doute quelque chose de « banal », comme tu dis, mais certainement pas marcher près du lac, parce que le calamar géant me fout la frousse. Mais je m'amuserais avec une bonne vieille bataille explosive. Et si c'est la seule chose que tu fais de ton temps libre en dehors d'écrire des lettres pleines d'âneries à une andouille que le sort a choisi pour toi, alors je dois dire, je pense que ce petit projet ne te fera pas de mal.

En fait, si j'avais cinq minutes à m'accorder, je les passerais sans doute à faire la sieste dehors, sous le hêtre. Avant qu'il ne fasse trop froid. J'aime la brise.

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La réponse vient bien plus rapidement cette fois le jour suivant, Harry se réveille en voyant Hedwige posée sur le bout de son lit avec une enveloppe rouge dans son bec. Il bâille et se frotte les yeux en tâtonnant pour trouver ses lunettes, qu'il met sur son nez, avant de s'allonger en ouvrant la lettre.

Si tu étais une fille bourrée d'hormones, considérant que le plus tôt que nous pouvons nous voir est les vacances, je dirais que d'ici Noël, je n'aurai plus besoin de me branler.

Fais-moi une faveur ? J'ai dix-sept ans et je vis un confinement forcé avec quatre autres garçons. Ce qui me ferait du bien, c'est de m'envoyer en l'air. N'essaye même pas de faire semblant d'être un petit Esprit saint et innocent. Je me fous pas mal de combien tu peux avoir l'air angélique de l'extérieur, le processus intérieur de chaque homme, à notre âge, est le même. Du sexe d'abord, n'importe quoi, ensuite. N'essaye même pas de me contredire.

Tu aimes la brise, hein ? Et bien j'ai appris quelque chose sur toi. Depuis combien de temps voles-tu ?

Oups, pense Harry, avant de froncer les sourcils. Puis il suppose que cela ne fait rien que son correspondant sache qu'il vole – ou même qu'il joue au Quidditch, en fait. Il y a trois équipes dans lesquelles il pourrait être, après tout, et les trois quarts au moins des joueurs sont des hommes en septième année. Cela n'aide pas vraiment à cerner son identité. Et il a appris une chose, lui aussi ce gars joue aussi, puisqu'il reconnaît la relation à la brise, il l'apprécie sans doute autant que Harry. Ils ont donc quelque chose en commun.

Depuis que je suis arrivé à Poudlard. Je n'ai jamais eu de balai qui m'appartienne avant de venir ici. Et toi ?

Harry se relève pour relire cette ligne plusieurs fois. Il ne veut pas suggérer qu'il n'a pas été élevé par des sorciers pas que cela ai une quelconque importance, mais tout le but de ces lettres et d'enlever les préjugés, et les questions d'héritage sont toujours problématiques dans les familles sorcières. Quand il décide que la phrase est assez vague pour ne pas impliquer une réponse ou l'autre, il reconsidère le reste de la lettre. Il n'est pas sûr qu'il pense au sexe en premier, puis à tout le reste, même si depuis l'année dernière, cet aspect occupe bien plus qu'une part raisonnable de ses rêves éveillés. Mais Harry est occupé par une myriade d'autres choses, alors il ne s'est pas occupé d'y penser sérieusement avant.

Je ne nie rien. Je n'ai pas dit que je ne pensais pas au sexe, j'ai dit que je pouvais trouver de meilleures occupations que la branlette. Il y a une différence. Et je pense que c'est une bonne idée que tu te trouves une fille bourrée d'hormones, avant que cela ne tourne à l'obsession. Si j'en croise une, je te la ferai passer.

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Depuis que j'ai six ans. Mon père ne pouvait pas supporter de me voir à l'intérieur de la maison quand j'étais plus petit. Le balai lui donnait une bonne raison pour me mettre dehors pendant des heures, avant que je n'atteigne onze ans, et qu'il puisse me mettre ici à la place. Me ramener à l'intérieur était souvent la partie la plus difficile.

Me les passer ? Au lieu de la garder pour toi ? Comment devrai-je interpréter ça ? Je suppose que c'est parce que tu es « trop honorable » pour te résoudre à te satisfaire d'une fille bourrée d'hormones, alors que tu te satisfais d'un complet étranger (ce que, puis-je te rappeler, je suis). Ce pourrait également être traduit par « Je ne vole pas de ce côté du terrain, tu ne vois » pas que j'ai quelque chose à dire à ce sujet.

Harry essaye, sans le moindre succès, de répondre à cela en plus d'une ligne :

Et comment suis-je supposé interpréter ça ?

La réponse arrive le même jour. Hedwige vole jusqu'à lui durant le repas avec la lettre dans son bec.

De la façon qui t'arrange. Ce n'est pas comme si cela avait une quelconque importance ? C'est un peu comme si ces lettres étaient un moyen de se confesser. Je pourrais te dire que oui, je trouve les mecs aussi attirants que leurs congénères enjupés et que oui, je passe un temps malsain à me demander ce que ça ferait d'explorer les régions inférieures des deux, et que pourrais-tu faire ? T'énerver ? T'offenser ? Ou être embarrassé, ne serait-ce que pour moi ? Tu ne sais pas qui je suis, alors pourquoi s'en soucier ? Je ne suis certainement pas un fervent sodomite. Ce que tu penses de mon orientation sexuelle m'importe autant que la mémorisation des noms des généraux Goblins depuis 1600 – ce qui est, si tu le permets, vraiment un tas d'informations inutiles.

En parlant de confession et d'informations inutiles, je vais te dire quelque chose qui probablement te surprendrait si tu savais qui j'étais. Ma couleur préférée est le rouge.

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Je crois que tu as raison, ça n'a pas vraiment d'importance. Je n'y ai pas beaucoup réfléchi, pour être honnête. Je trouve les filles attirantes et tout, mais bon sang, ce qu'elle peuvent être chiante, enfin comparés aux mecs que je connais, tu vois. Et je sais que cela ne dérange pas certains, mais je ne peux pas vraiment m'imaginer en couple avec une fille si je ne peux même pas avoir de conversation décente sans finir par des pleurs ou une crise d'hystérie.

Rouge, ouais. C'est donc quelque chose que nous n'avons pas en commun. Le rouge ne me va pas du tout. Mais est-ce vraiment si surprenant ?

Je ne pense pas avoir quelque chose qui vaille la peine d'être confessé. Je ne suis pas une personne si intéressante que ça.

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Tu es un peu lent à la comprenette, n'est-ce pas ? Je m'attendais à ce que tu trouves ma maison avec cette information. Ce que tu n'as pas fait, et c'est probablement mieux ainsi ! Je ne voudrais pas gâcher ce plaisir d'anonymat. Des pleurs et des crises d'hystérie ? Quel genre de femme fréquentes-tu ? Je veux une liste, en fait, pour être sûr de les éviter.

Est-ce que tu as l'air si moche en rouge ? Je m'en ferais juge, s'il n'y avait pas tout ce truc d'anonymat. Qui a eu la brillante idée d'instituer ce gâchis ?

Oh, allons, tout le monde a quelque chose à confesser. Si tu ne trouves pas, je peux faire des suggestions. Comme, par exemple, qui te plaît ? Il n'y a personne ? As-tu réussi à te frayer un chemin jusqu'au pantalon d'une fille (ou d'un garçon) hormonée ? Mieux que cela, gracies-moi de cette réponse que penses-tu de ce qui se passe derrière les rideaux la nuit ? Et ne fais pas l'idiot, tu sais exactement de quoi je parle.

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Qu'est-ce que la couleur préférée a à voir avec la maison ? Et tu as raison, arrivé là, je préfère écrire à une andouille anonyme. Si je commence à mettre une tête derrière ces lettres, je ne serai sans doute pas capable de les écrire. Quant aux filles hystériques, il ne s'agissait que d'une seule, qui a déjà quitté l'école. Je te ferai signe si j'en trouve d'autres.

C'est Dumbledore, je suppose. Il semble avoir l'idée folle que les maisons échangeront plus si cela marche. Je veux dire, franchement, est-ce que tu peux imaginer Serpentard et Gryffondor se parler ?

J'aime bien quelques personnes, juste de visu, cependant. Je pense que l'une ou l'autre des sœurs Patil feraient l'affaire, même si Padama est peut-être la moins folle des deux, si l'on considère que la moitié de ce qui sort de la bouche de Parvati sont des gloussements (est-ce seulement moi, où elles le font intentionnellement parce qu'elles savent à quel point c'est ennuyeux?) Mais je ne pense pas pouvoir faire la différence sans leurs couleurs de maison.

Pour être honnête, cependant, je crois que je préfère le blond. La fille Greengrass n'a pas beaucoup de personnalité, mais je suis presque convaincu que l'on pourrait l'oublier. Et non, je n'ai couché avec personne, si tu veux le savoir. Je n'ai pas activement cherché à le faire non plus c'est trop de péripétie, et j'en ai suffisamment dans ma vie. Et tu ?(NDT En français dans le texte)

Je n'ai pas besoin de faire l'idiot, je vois ce dont tu parles, et tu te mets le doigt dans l'oeil si tu crois que je vais répondre à cette question.

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Novembre 1998

« Et tu » (id.) Était-ce un indice sur tes origines ?

Ou juste une manière particulièrement ratée de fleurir ton style ?

Je suis d'accord, cependant. J'imagine que le jour où un Serpentard et un Gryffondor pourront passer l'un devant l'autre sans s'insulter ou en venir aux mains sera l'aube de l'Apocalypse.

Padma n'est pas saine d'esprit, et crois-moi, je parle par expérience. Ne laisse pas ses attraits féminins te berner. Je me fous de combien son cul est attirant elle ne vaut pas tous les problèmes qu'elle engendre. Qui que ce soit passant ses vacances à faire des fiches avec des codes couleur pour les examens - qui arriveront dans dix ans - ne peut être étiqueté de « sain » dans tous les sens du terme.

Ah, Greengrass... et moi qui pensais que tu n'avais aucun goût. Crois-moi lorsque je dis que malgré le manque de conversation intelligente, elle vaut le coup, bien qu'elle soit en couple avec Wayne Hopkins – que je ne connais que de réputation, mais si tu t'attardes un peu trop sur Daphné, il t'attachera sans doute à un but de Quidditch, accrochera ta langue au bout de son balai, et volera jusqu'à ce qu'il ait sorti toutes tes entrailles. Une fille comme ça, on ne peut pas lui en vouloir. Terry boot est toujours à l'infirmerie, de ce que j'ai entendu.

Je ne suis pas si pointilleux lorsque l'on en vient à l'apparence – ou au genre, dans ce cas. Je veux simplement ce – enfin, une personne – que je ne peux avoir, ce qui malheureusement n'est pas vraiment 'productif' en matière de rencontre.

Si tu es si réservé sur tout en écrivant, je n'ose imaginer ce que tu dois être en vrai. Est-ce que tu te sentirais mieux si je commençais ?

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Une amie fait des notes avec des codes couleur pour les examens, peut-être que c'est un truc de fille. Cependant, je fais des fiches à codes couleur pour les matchs à venir, donc je ne peux pas parler. Sympathique image, mais as-tu considéré la possibilité que je sois Hopkins ?

Ce que tu penses ne pas pouvoir avoir ou ce que tu sais que tu n'auras jamais ? Parce que dans le premier cas, cela n'est pas contre-productif, mais plutôt légèrement masochiste. Et je ne suis pas réservé, je pense juste qu'il n'est pas approprié de divulguer ce genre de choses dans une conversation polie. Mais si parler de cela t'empêche de devenir obsédé... et bien tu faisais mieux de t'assommer tout de suite.

Harry fixe la lettre et mordille le bout de sa plume. Il a vraiment envie d'ajouter quelque chose, et il le peut probablement s'il y réfléchit assez, mais le sujet le met mal à l'aise. Il ne sait pas et ne prétend pas non plus savoir grand-chose sur le sexe – il a tendance à se distraire avec les cours, les entraînements de Quidditch et les rencontres occasionnelles de l'AD quand il a le temps – sans parler, bon, vous voyez, hein, du Seigneur des ténèbres et tout – et a largement réussi à ne pas y penser trop... profondément. Bien sûr, il n'existe sans doute pas un seul septième année qui ne se permette pas une petite branlette de temps en temps, mais très peu d'entre eux l'admettent, et encore moins ne détaillent l'entreprise ni ne la commentent. (NDT l'auteure était donc une jeune fille innocente - hum, je me tais maintenant).

Il soupire et lève les yeux, pour se ressaisir immédiatement. Draco Malfoy est de l'autre coté, à la table des serpentards, en train de regarder Harry et sans doute de songer à la meilleure façon de lui causer le plus de problèmes sans se faire prendre – demain, c'est le premier match de Quidditch, Gryffondor contre Serpentard. Harry n'est pas inquiet, car il ne s'est jamais fait battre par cette andouille javellisée, mais tout le monde sait que les Serpentards sont de mauvais joueurs et Harry n'est pas assez stupide pour baisser sa garde si peu de temps avant le match.

Malfoy le remarque et lui fait un sourire narquois. Harry roule des yeux et, non sans avoir balayé la grande salle des yeux pour vérifier qu'aucun des professeurs ne le regarde, lui montre son majeur de la façon la plus gracieuse qui soit.

L'Apocalypse est évitée, au moins pour aujourd'hui.

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Le but de ces lettres n'est pas une conversation polie. C'est l'unité intermaison. Quelle meilleure façon d'accomplir cette unité qu'en satisfaisant les désirs de l'autre ? Le sexe ne manque jamais de réunir. Et s'il y a une personne que je suis sûr que tu n'es pas, c'est ce crétin de _ avec son balai entre les fesses. Il ne pourrait pas épeler Quidditch si cela lui bottait le cul, et ce n'est presque pas un secret qu'il botte ça tous les soirs, mon vierge ami.

Quant à penser ou savoir, c'est ce que tu as dit, ce ne sont pas des choses que tu inscris sur le tableau d'affichage, et tu ne demandes pas à des partenaires potentiels pour savoir, au hasard, s'ils veulent ou non faire une petite partie de jambe en l'air. Je veux dire, la plupart des gens ne savent même pas ce qu'ils veulent. Est-ce que tu sais ce qui t'excite ? Est-ce que tu y as déjà songé ? Et je veux dire vraiment songé. La plupart des gens ne le font pas. Ils pensent vouloir la même chose que les autres. Je veux dire, c'est certain, quelques fondamentaux sont les mêmes pour tous – mais selon tes préférences, il y a toujours quelque chose qui t'excite dans un partenaire intéressant, et que tu fasses tomber les chemises ou les jupons n'y change pas grand-chose.

Moi, par exemple, j'aime faire attention au corps des gens comment ils bougent, à quel point sont-ils bien faits, la couleur de leur peau ou la forme de leurs hanches, la fluidité de leur mouvement. Tu devrais parfois essayer. Je suis sûr que tu serais surpris de ce que tu réalises que tu aimes vraiment après avoir fait attention aux détails. C'est la cl-é-et-f. Faire attention aux détails. Des petites choses que personne ne regarde, ou dont tout le monde se fout. L'importance des préliminaires, par exemple, est entièrement sous-estimée. Je suis fatigué d'entendre ces rumeurs selon lesquels les garçons aimeraient les passer. C'est ma partie favorite.

Quand je fantasme, c'est rarement au moment de me coucher. Mon temps est bien trop précieux pour être dépensé inutilement en décontraction. Habituellement, c'est quelque part en public, comme la bibliothèque, la grande salle, ou même une classe. Je suis assis, tout innocent, essayant de me concentrer sur une chose quelconque, et, paf, surprise, mes hormones trouvent n'importe quelle excuse pour tourner mon esprit vers des choses plus déviantes. Comme lorsqu'un cul particulièrement appréciable passe, que quelqu'un me touche accidentellement, ou que cette brunette devant moi commence à suçoter le bout de sa plume, comme si c'était un geste parfaitement innocent que l'on peut faire en public. Si seulement il savait à quoi je pense... c'est injuste, vraiment. Les objets qui encouragent qu'on les suçotât publiquement devraient être bannis d'une institution s'occupant d'adolescent.

Tu vois, je te l'avais dit. J'ai passé beaucoup trop de temps à penser à ça. Mais d'un autre côté, je sais exactement ce que j'aime. Ce que je veux. La partie la plus difficile, je pense, est d'essayer de l'avoir quand le temps sera venu.

Harry est relativement intact à la fin du match de Quidditch, et il est le premier hors de la douche. Hedwige a laissé sa dernière réponse sur son casier pendant le match il termine de la lire et, souriant à lui-même, la glisse dans sa poche tandis que Ron sort des douches et arrive dans le vestiaire. Harry arrête de sourire pour éviter toute question embarrassante, mais Ron est trop absorbé dans l'euphorie de la victoire pour remarquer quoi que ce soit.

« Ce match était super », dit Ron, en essuyant ses cheveux. « As-tu vu la tête de Malfoy lorsque Peakes lui a envoyé le cognard ? Haha ! »

Harry sourit à nouveau. Il s'assoit sur le banc pour désembuer ses lunettes avec sa chemise avant de la mettre. Il fait particulièrement humide dans les vestiaires après chaque jeu, surtout ceux contre Serpentard, qui ont tendance à laisser les joueurs plus endoloris et plus sales que d'habitude.

« J'espère que Ginny va bien », dit Harry. Quelques secondes après qu'il ait attrapé le vif d'or, elle s'était pris un cognard à la gorge alors qu'elle avait le Souaflle, et avait été emmenée à l'infirmerie.

Ron hausse les épaules « Eh, elle va s'en sortir » dit-il. « Fred et George lui en envoyé des plus méchants, et elle a toujours réussi à les faire payer après ça. Crabbe ne va pas comprendre sa douleur lorsqu'elle sera réveillée, tu peux être sûr. »

« Bon dieu, Potter, tu veux nous rendre aveugles » ricane une voix acide. Draco Malfoy sort de la douche avec une serviette serrée autour de sa taille. Blaise Zabini le suit, frottant un mauvais sort sur son avant-bras. « Mets quelques vêtements sur toi, veux-tu ? »

Harry a toujours pensé que partager les douches avec l'équipe adverse est une mauvaise idée, surtout que les Serpentards sont connus pour être de mauvais perdants. En revanche, il est heureux de constater – sans avoir besoin de lunette – que Malfoy a une large (et probablement douloureuse) contusion sur ces côtes, là où Peakes lui a envoyé le Cognard, donnant à Harry une voie royale jusqu'au vif d'or. Ce fut une victoire facile après ça.

Heureusement, Harry n'a pas honte de son corps et la remarque de Malfoy ne le touche pas, surtout parce qu'il doit sans doute avoir une meilleure apparence que cet imbécile de palôt sans ses robes. Il a un sourire narquois. « Tu peux toujours parler. »

Ron ricane, laissant sa serviette dans le bac à linge.

« Sérieusement, Malfoy, si qui que ce soit a le potentiel de rendre aveugle, c'est bien toi et ton cul moisi. »

« Je ne voudrais pas être à votre place alors, sachant qu'aucun de vous ne peut se payer de lunette » dit imperturbablement Malfoy, et Blaise rit.

Ron se tend un peu, mais ne se laisse pas aller et si Harry est de plus en plus impressionné par son contrôle, il n'est pas près de laisser Malfoy insulter ses amis sans rien dire.

« Es-tu sûr que Peakes ne te l'a pas mis aussi autre part? » demande Harry en mettant ses lunettes « Car vraiment, tu sembles l'avoir dans le cul, Malfoy. On ne peut pas être vainqueur tout le temps, tu sais ».

« Enfin dans ton cas, on ne peut jamais l'être » finit Ron pour lui, avant de rire.

Malfoy rougit légèrement, mais se remet rapidement. « Vous semblez tous deux très intéressés par mon arrière-train. » Ricane-t-il « Bande d'abrutis » puis il se retourne pour ouvrir son casier de l'autre coté de la pièce.

« Oui, si intéressé que j'aurai manqué le vif si tu n'avais pas été si mauvais. » dit sarcastiquement Harry.

Malfoy est toujours tourné vers son casier, mais Harry sourit lorsqu'il remarque un changement dans la posture de Malfoy il s'est un peu redressé, bien que cela soit un changement subtil, car tous deux sont plus petits que les autres joueurs – et certainement plus mince, comme le sont les bons attrapeurs. Le Quidditch n'épargne pas le corps cependant, et il n'y a pas un joueur plus âgé qui n'ait pas une masse de muscle plus imposante. J'aime vraiment faire attention aux corps des gens... et un bon nombre de cicatrices en plus – la façon dont ils bougent – Malfoy se balance légèrement de gauche à droite – la forme de leurs hanches – les lignes de ses fesses sont tendues... - tu pourrais être surpris de remarquer – ses épaules se raidissent – la clef, vraiment - quand on y pense, même s'il a une peau blafarde - attention aux détails – Malfoy a vraiment un cul intéressant, pour un garçon

Bordel, qu'est-ce qui se passe dans ma tête ?

« Harry ? »

Harry cligne des yeux et relève la tête. Ron est à côté de lui, il hausse les sourcils. Harry réalise que Malfoy et Zabini sont maintenant habillés et qu'ils les ignorent, la tête penchée l'un vers l'autre, conversant à voix basse.

« Ça va, Harry ? » demanda Ron avec méfiance « Tu avais l'air d'avoir une autre de tes - » Ron baisse le ton « -tu sais, une vision ? »

« Hein ? Euh... euh… non. » dit Harry « Je me suis juste souvenu que j'avais à finir l'essai de Potion pour demain, c'est tout. »

Il se lève et met son éclair de feu par-dessus son épaule. « Allons-y. On bout là dedans ».