En voiture!
Les
caresses s'amplifient et parcourent ma peau doucement. À
chaque aller-retour, les mains prennent un nouveau chemin. Nul besoin
de carte ni de GPS, elles arrivent toujours à destination.
Normal quand on a conduit tous les jours depuis maintenant un an.
Elles
se sont arrêtées dans toutes les aires de repos, toutes
les stations service. Elles savent qu'elles sont les plus
accueillantes. Surtout
qu'elles ont une carte de fidélité et un tarif
préférentiel.
Elles
connaissent toutes les autoroutes, les nationales, leur géographie
n'a plus de secrets pour elles, elles les ont parcourues de long en
large. Elles
ont conduit en ville, elles ont pris les voies à double sens
et celles à sens unique. Pas très prudentes, elles
empruntent souvent les sens interdits, ignorent les panneaux de
signalisation et se moquent éperdumment du code de la route.
Elles ne respectent plus depuis longtemps les distances de sécurité.
Visiblement, elles ont ratés la campagne de sécurité
routière de cette année.
Elles
ont l'habitude des chemins escarpés et tortueux, des
raccourcis qui ne mènent à nulle part. Elles sortent
souvent des sentiers battus, à leurs risques et périls.
Les impasses n'existent plus, tous les moyens sont bons pour arriver
à temps. Et
ce n'est pas moi qui m'en plaindrais, si vous voyez ce que je veux
dire!
Cette
nuit, comme à chaque fois, elles ont accroché leurs
ceintures de sécurité(un accident est si vite arrivé!)
et au son de l'auto-radio, ont démarré en douceur pour
une nuit au volant. Comme toujours, la conduite est impeccable, les
gestes sont maitrisés. Les mains se séparent aux
carrefours, continuent leur route en rythme, pour finalement se
rejoindre avant de se quitter de nouveau, inlassablement.
La
main droite vient se poser sur ma joue, descend lentement le long de
mon cou jusqu'à mon épaule, sans à-coups, tout
en finesse, puis sans prévenir, change soudain de direction.
Virage brusque, passage en seconde, vers mon torse, où elle
s'attarde en figures compliquées, dignes d'un spécialiste.
Une vraie pro. Coups de frein, accélérations, tout cela
les conduit, et sans que je m'en rende compte, sur mon ventre, mes
hanches...Bon sang!
J'ouvre
les yeux et grogne de frustation. Je fusille Donald Flack Junior du
regard.
-J'ai
cru que tu t'étais endormi, tente-t-il de se justifier.
Tu
parles d'une excuse...
-Donnie,
il est strictement interdit de s'arrêter en plein milieu de la
chaussée. T'as bien passé ton permis, je me trompe?
Don
me regarde comme si j'étais tombé sur la tête,
murmure quelque chose à propos de ma santé mentale,
apparemment préoccupante puis, devant mon air menaçant,
décide de reprendre le volant, pour un nouveau voyage.
FIN
