1. (Re)connaissance

Le portail ouvert pour la rentrée des classes franchit, elle se dirigea vers le panneau d'affichage placé au milieu de la cour. Ses cheveux blonds volaient derrière elle et elle inspira un grand coup pour dégager sa poitrine serrée dans son uniforme, se ressaisit et recommença à marcher dans la mer de bitume étendue devant elle qu'elle regardait de ses yeux chocolat.

Jouant des coudes pour se faufiler vers les listes des classes de première, elle manqua de renverser trois personnes, se fit marcher sur les pieds et étouffa un grognement sourd provenant du fond de sa gorge. Même pas dix minutes et elle en avait déjà marre. Que des têtes à claques dans ce lycée !

Elle finit par trouver sa classe et ressortit de la masse sombre d'élèves pour monter dans sa salle. Les couloirs étaient bondés, elle qui souhaitait éviter la foule, elle était servie. Arrivée devant la salle 307, salle attitrée des premières 2, elle eut un léger mouvement de recul en entendant les grands bruits qui en sortaient.

Mais, si elle fut étonnée, elle n'en montra rien. Fairy High School était connue pour les personnages pour le moins singuliers qui traversaient ses couloirs, autant élèves que professeurs.

Se décidant finalement, elle leva la main pour prendre la poignée de porte quand une fusée la bouscula et entra dans la pièce sans ménagement et sans regard pour elle. Furieuse, la blonde la suivit et voulut lui expliquer de quel bois elle se chauffait. Mais les deux types pleins de cicatrices entourant la fille la surprirent.

De taille moyenne, plutôt fins, sûrement du même âge qu'elles, le brun à la coiffure en forêt de dard et le roux aux cheveux en l'air portaient des lunettes noires sur le nez et leurs joues étaient barrées de longues balafres. Un air de yakuza flottait sur leurs faciès.

Toutes les personnes de la classe avait tourné leurs têtes vers elle, la dévisageant sans gêne aucune comme pour la mettre mal à l'aise. Il en fallait beaucoup plus pour que la jeune fille se sente intimidée.

« Ah, c'est la grosse qui prend toute la place dans les couloirs » rit la bleutée qui l'avait poussée.

Elle la détailla longuement. De taille plutôt petite, avec peu de formes, elle souriait méchamment encadré par deux mèches bleues sortant de son bandeau. Une vraie...

« Crevette ! »

Non, elle allait dire peste mais, automatiquement, elle se tournant vers la source de ce cri.

Dans l'encadrement de la porte se trouvait un brun aux boucles frisées, grand, le visage piercé à de nombreux endroits si bien que ses sourcils n'étaient qu'une suite de morceaux de fer.

Élégamment vêtu - si il y a une façon d'être élégant dans un uniforme de lycéen - il portait un chapeau blanc qui aplatissait ses frisettes. Elle vit sur la veste arborant l'écusson de l'école un badge sur lequel était écrit :

Gajeel Xofred

Rédacteur en chef

Sûrement le journal créé par un club, pensa-t-elle. Elle ne fit pas le commentaire que ce type de papier faisait plus dans les ragots et racontars de couloirs que dans la presse véritable. Presque des paparazzis, ces types.

Il fixait la "crevette" d'un air furieux comme s'il allait la bouffer. Vu la taille de ses canines, il aurait sûrement plus bu son sang, tel un vampire.

« Le proviseur me demande pourquoi il y a trois blessés graves dans la salle d'infirmerie. Côtes fêlées, coupures, ecchymoses, la totale. » souffla le journaleux.

« En quoi ça me concerne ? » grogna-t-elle, les poings sur les hanches.

« Ça te concerne forcément quand un de tes chiens leur tatoue le signe des Shadow Gear avec le pistolet à colle de la salle d'art. Quand on leur a enlevé, on a pu voir leur peau dessous. Complètement brûlée. » s'énervait le brun.

« Et alors, si on plus le droit de s'amuser... Et puis, ces trois salopards rackettent les collégiens, je peux pas les laisser faire ! » répliqua-t-elle.

« Levy ! »

La classe se tut immédiatement. Quand Gajeel crie sur la jolie petite bleutée, c'est qu'il se passe quelque chose de grave. La dernière fois, le type qu'elle avait tabassé avait une commotion cérébrale et était restée trois mois dans le coma. Alors maintenant, quand il crie, tout le monde se tait pour voir sur qui. Si c'était sur elle, le replis stratégique était obligatoire. La tension entre ces deux-là avait toujours été palpable.

« Leur vieux ont porté plainte. »

Le silence se fit plus grand encore. Puis on recommence à parler, on se bouscule, mais la gêne se fait sentir. La blonde a oublié, ce qu'elle voulait faire, ce qu'elle fait là. Où était-elle encore tombée ? Pour seule réponse, un jeune garçon vint à elle, qui était toujours plantée au milieu de la pièce.

« Salut, moi c'est Natsu... »

Recroquevillé sur lui-même, il semblait timide. Elle aurait pu avoir de la peine pour lui, ou être heureuse qu'il fasse l'effort de se montrer face à elle. Mais non, elle tourna les talons.

Elle n'avait pas eu le temps de se coiffer, étant déjà en retard, aussi elle passa par les toilettes pour finir sa toilette matinale. Remettant de l'ordre dans sa tenue - ou plutôt du désordre quand on la connaît - elle finit par retourner en classe.

Arrivée fracassante, elle s'était bel et bien reprise en main. Les cheveux en demi-queue de côté tenus par un élastique tête de mort, son tatouage tribal sur le biceps visible, elle se plaça juste devant le frêle garçon aux cheveux roses, lui tournant le visage vers elle, elle articula :

- Salut Natsu, je suis Lucy Ashley. Tu n'aurais pas dû m'adresser la parole ! »

Non, définitivement, Lucy ne connaissait pas la reconnaissance.

Fin du Chapitre, à suivre...