Disclamer : Rien à moi, tout à J.K Rowling... ! Sauf le texte que j'ai écris ^^
Personnnages : A la lecture de ce texte, on pourrait s'attendre à un OOC, car on connaît les personnages adultes et il n'y a pas grand chose à voir avec ce que j'ai écris. Malgré tout, on n'a jamais su comment ils étaient adolescents. Pourquoi je ne donne pas directement le caractère qu'on connaît à ces personnages ? Ca va venir dans quelques chapitres.
Genre :HORROR (mais pas de tortures) : Frissons garantis, sueur froide, suspense, sensations fortes et ambiance angoissante au rendez-vous. Enfin, de l'adrénaline et de formidables scènes d'action... sans quitter le château de Poudlard !
AVERTISSEMENT : Certains passages de ce texte peuvent en heurter certains.
On aurait dit qu'il pleuvait depuis que le monde est monde.
Dans les derniers rangs de la vaste salle de divination, Bellatrix Lestrange n'écoutait plus le cours depuis déjà un bon moment. Recrovillée sur son banc, l'air absent, elle regardait la pluie tomber à verse derrière les hautes fenêtres cintrées, sans pour autant prêter attention aux bourrasques de vent qui ébranlaient le bâtiment à intervalles réguliers et faisaient vibrer les carreaux des fenêtres. Quand le temps se montrait clément, il n'y avait pas d'endroit plus champêtre que Poudlard. Des sentiers boisés serpentant entre des édifices de pierre tapissés de lierre, à la forêt s'étendant à perde de vue… Mais ce jour-là, les nuages noirs déversaient une pluie glacée sur la cour déserte, où le vent fouettait les grands chênes. L'éclat de l'orage et les assauts de l'averse amplifiaient la sensation d'isolement sur le château, qui semblait se replier sur lui-même, tel une citée médiévale assiégée.
Le froid avait pénétré Bellatrix jusqu'aux os et le vent bourdonnait à ses oreilles. Depuis la lointaine estrade de bois, l'accent islandais du Professeur Trewlaney était soporifique :
« L'état de sommeil nous fait nous détourner du monde extérieur réel et ainsi est donnée la condition qui convient au déploiement d'une psychose. L'inoffensive psychose du rêve est la conséquence d'un retrait consciemment voulu et seulement temporaire du monde extérieur… » *
Dans la vitre, Bellatrix fixait son reflet vaporeux : un nez droit, des yeux sombres, un rien fuyants, des traits délicats, un visage maussade et livide qu'encadrait une cascade de cheveux tirant vers le brun. Elle aurait sans doute été jolie, si elle n'avait eu l'air aussi réservée, sur ses gardes.
Elle s'arracha à sa contemplation et posa un regard étonné sur la salle de cours, où la multitude d'étudiants étaient amarrés à leurs bureaux de bois. Ils remuaient, s'agitaient sur leurs bancs, lançaient des coups d'œil à une étrange horloge accrochée au-dessus du tableau noir. On était mercredi, un peu avant trois heures. La veille du week-end de Thanksgiving. Tous attendaient avec impatience de s'évader pour les vacances. Ses sœurs Narcissa et Andromeda s'apprêteraient à partir pour la demeure des Bulstrode, suite à leur demande frénétique auprès de ses parents. Tous désiraient ardement s'enfuir pour les vacances, à l'exception de Bellatrix, qui voyait se profiler à l'horizon le long week-end de quatre jours.
Thanksgiving… l'action de grâce… Rendre grâce ? A quoi ?
Au moins, elle n'aurait plus à partager sa chambre. A cette idée, une petite étincelle la parcourut ce n'était pas qu'elle éprouvait, rien d'aussi tranché, mais l'étau de béton qui lui comprimait son cœur se desserra légèrement. Ne plus entendre leurs bavardages insipides et mesquins. Ne plus voir les yeux réprobateurs de Narcissa. Et ne voir personne d'autre non plus, songea-t-elle. Vraiment personne. Sans trop savoir pourquoi, elle frissonna d'inquiétude. Quatre jours dans le château de Poudlard… Cette vieille bâtisse lui faisait un peu froid dans le dos. Toute seule…
La voix appaisante du professeur murmurait en arrière-plan.
« Dans la psychose, le fait de se détourner de la réalité est provoqué de deux façons différentes, ou bien lorsque le refoulé inconscient devient trop fort, de telle sorte qu'il terrasse le conscient attaché à la réalité, ou bien parce que la réalité est devenue si intolérablement douloureuse que le moi menacé se jette, en une révolte désespéree, dans les bras du pulsionnel inconscient… »*
Surprise par cette affinité de pensée, Bellatrix écrivit lentement "La réalité est devenue si intolérablement douloureuse...", puis s'interrompit et s'empressa de raturer la phrase à l'encre noire. Non loin d'elle, dans la rangée opposée, un autre stylo grattait le papier avec fébrilité. Elle releva la tête et aperçut un jeune homme mince, l'air sérieux, qui prenait des notes comme si sa vie était en jeu. Ce garçon lui disait quelque chose. Ce qui était normal en soi, il faisait parti de serpentard.
Bellatrix le croisait parfois dans Poudlard : le teint pâle, les yeux cernés, le dos voûté sous le poids d'une sacoche pleine à craquer, toujours à courir comme un lapin d'une salle de cours à l'autre, distrait. Il s'était hâté lors de son inscription à l'école à prendre le plus d'options possibles, poussé par ses parents… ou peut-être par ses propres démons ? L'un comme l'autre, la jeune fille en savait quelque chose.
Elle continua de le détailler, soulagée de reporter son attention sur quelqu'un d'autre qu'elle-même. Il dégageait une certaine froideur, signe d'une tristesse familière à Bellatrix. Le visage grave, il paraissait plus angoissé et malheureux qu'elle – à supposer que cela fût possible. Il y avait pourtant en lui quelque chose de lumineux qui lui donnait un air de moine austère. Elle laissait ses pensées se dérouler d'un œil détaché, avec l'impression de se tenir dans le lointain, en simple spectatrice. Il ne lui vint pas à l'idée de s'adresser à lui ou de lui sourire il lui semblait appartenir à un ailleurs, un autre espace-temps, et elle l'observait de la même manière qu'elle observait la pluie tomber derrière l'écran d'une fenêtre vitrée. Aussi, quand le jeune homme se retourna et plongea ses yeux dans les siens, fut-elle prise au dépourvu.
Stupéfaite, elle lui rendit son regard. Le garçon rougit subrepticement et baissa vivement la tête vers sa pile de parchemin.
Les cloches de la tour qui dominait la cour centrale sonnèrent, annonçant le trois-quarts de l'heure. Un tintement creux répercuté dans toute l'école, jusqu'aux cachots. Sur son estrade, le professeur aux cheveux secs et crépus marqua une pause et tendit l'oreille, attendant que l'écho des cloches se fût évanoui pour s'adresser de nouveau à la salle de classe :
_ Qui est dans le vrai ? Nos démons viennent-ils de l'extérieur ou bien les engendrons nous à notre insu ?
Elle esquissa un sourire et referma son classeur.
_ C'est sur cette réjouissante question que je terminerai, un peu plus tôt que prévu je sais que vous êtes impatients de partir.
Les étudiants bondirent de leurs bancs, attrapèrent manteaux, parchemins et cartables, enfin libres. Le professeur haussa la voix pour se faire entendre au-dessus du brouhaha.
_ Je rencontrerai chacun d'entre vous la semaine prochaine afin de discuter des sujets de votre dissertation trimestrielle. Bonne fête de Thanksgiving.
Bellatrix ferma son livre et se leva, avec la sensation de remonter peu à peu à la surface de l'eau. Le rivage lui semblait pourtant encore loin.
Portée par la foule, elle franchit les doubles portes et quitta la tour. L'air froid lui fit l'effet d'une gifle qui la sortit de sa torpeur elle s'arrêta sur le perron, en haut du large escalier qui donnait sur la cour. Des gouttes de pluie lui fouettaient le visage et coulaient dans le col de son uniforme. Dans le lointain, l'horloge de la tour sonna à nouveau. Trois coups sourds et retentissants, synonyme de liberté pour les uns – mais de menace pour elle. C'est ici que tout commence…, songea la jeune fille sans savoir ce qu'elle entendait par là.
Elle se sentit bousculée et poussée vers le bas des marches. Elle fouilla dans son sac, en sortit un parapluie qu'elle leva avec peine au-dessus de sa tête, puis rejoignit la marée d'étudiants qui déferlaient dans la cour. Elle ne regardait personne, ne parlait à personne. Et personne ne la voyait. Elle aurait tout aussi bien pu ne pas exister. Depuis trois mois qu'elle était à Poudlard, elle ne s'était fait, pour être exact, aucun ami. Elle n'avait pourtant rien de repoussant. Ses traits fins, son teint pâle et son épaisse chevelure brune, qui lui donnait une allure sombre, énigmatique, presque sauvage. Non, elle n'était pas laide. Seulement invisible.
Elle n'était pas inscrite à Poudlard les années précédentes, comme tous les autres élèves de l'école, car ses parents avaient préféré s'occuper eux-mêmes de son enseignement. Elle était entrée directement en sixième année dans le seul but d'obtenir officiellement son diplôme. Sans doute était-ce dû à son arrivée tardive, qu'elle n'était pas intégrée. Merci Papa, songea-t-elle.
Bellatrix avançait toujours le regard vide. La pluie se déversait tristement sur les arches gothiques et les colonnes de style néoclassique, en chuchotant dans la ramure des chênes. N'importe qui d'autre, une personne normale, aurait éprouvé un plaisir secret à vivre dans ce lieu intemporel, où l'aventure pouvait vous guetter au coin d'un chemin de pierre ou sous de vieilles arcades… A la seule idée d'étudier ici, elle aurait dû se sentir très heureuse.
Bellatrix n'aurait jamais pu s'inscrire dans une école telle que Poudlard si elle avait dû compter sur une mère bonne pour l'asile (autant être réaliste) qui, au meilleur de sa forme, quand elle suivant son traitement consistant à ingurgiter des potions douteuses réputées pourtant apaisantes, parvenait à peine à ne pas s'engueler avec le voisinage.
Chez elle, Bellatrix s'investissait dans son travail, espérant gagner l'autorisation de ses parents pour s'en aller dans une école de magie qui lui permettrait de fuir. En effet, tandis que ses soeurs Narcissa et Andromeda allaient à Poudlard depuis leur onze ans, Bellatrix avait été choisi par la famille pour héréditer des traditions, des idées et des coutûmes des Blacks. Elle avait été spécialement choisi pour transmettre toutes ces connaissances aux générations suivantes de la famille. A 12ans elle lançait ses premiers sorts informulés, à 13ans on lui apprit ce qu'était les sortilèges interdits, et à 16 ans, elle commençait à désespérer. Sa mère refusait encore qu'elle intègre une école autre que celle de la maison, lorsqu'un miracle se produisit.
Son père, qui la plupart du temps était en voyage d'affaire et n'était donc qu'une signature sur le certificat de mariage avec sa mère (au nom de leur sang pur), s'était subitement manifesté et lui avait permit de s'inscrire à Poudlard, où lui-même avait fait ses études. Il avait fait jouer ses relations avec le directeur et Bellatrix avait enfin pu s'inscrire – enfin libre, sauvée. Bien entendu, le geste paternel n'avait pas été fait par amour. Elle savait que cette inscription permettrait de ne pas salir le nom des Black à jamais. Abandonner purement et simplement sa fille paumée aux bons soins d'une mère tout aussi déséquilibrée aurait fait mauvais genre. Mais vu les circonstances, quel homme n'aurait pas très vite pris la fuite… ?
Par contre, moi, j'ai dû rester, pas vrai « Papa » ?
Une petite voix narquoise lui souffla soudain : Il s'est débarrassé de toi. T'a rejetée. Jetée. Tu ne vaux rien. Rien… Le souffle coupé, elle crut un instant qu'elle allait s'étrangler de colère, une fureur qu'elle parvint pourtant à enfouir au fond d'elle. Quand la lettre de son père était arrivée à la maison, sa mère, entre deux accès de rage folle, avait pleuré des journées entières. Sans mentionner les crises d'hystérie. Bellatrix avait froidement fait ses valises. Dis merci à papa, qu'ils aillent tous se faire voir, et fous le camp loin d'ici… Mais pour aller où ? Elle avait finalement rejoint ses sœurs à Poudlard.
Poudlard était une bonne école c'était elle, Bellatrix, qui n'allait pas bien du tout. Qui était triste, abattue. Et tous ceux qu'elle croisait décelaient sa noirceur, sa jalousie. Elle avait peut-être échapper à sa mère mais n'était pas parvenue à se fuir elle-même.
Seule avec elle-même pendant les quatre jours à venir. Et si elle se mettait à entendre des voix dans les dortoirs ?
Eh bien, dans ce cas…
… elle pourrait toujours avoir recours au flacon de sa sœur, celui qu'elle rangeait dans le tiroir du bas. L'anti-stress, l'anti-douleur, la potion sommeil à plus haute dose.
Il y en avait plus qu'assez pour en finir.
Cette idée, pourtant glaçante, la réconforta un peu, tandis qu'elle continuait d'avancer contre le vent.
* Citation de Freud, Nouvelles conférences d'introduction à la psychanalyse
Voilà, le premier Chapitre d'une nouvelle fic qui j'espère vous plaira. J'ai eus de gros doutes sur cette fic mais je me suis lancée et je l'ai mis en ligne.
