Salut à tous =3 J'ai quelques petits trucs qui ne valent pas la peine d'être publiés tout seuls comme des grands, alors je pique l'idée du fourre-tout d'Hachi pour les mettre ici. :3

Voici le premier: il y a quelques temps, je m'ennuyais, alors j'ai demandé à une amie de me fournir quelques mots que je devrais insérer dans une fic. Le résultat obtenu est celui-ci, un petit one-shot bourré de débilité :3

Titre: Expérimentations.
Série: TRC
Disclaimer: tout appartient à Clamp
Spoilers: aucun (Univers Alternatif)
Rating: T (lime)
Note: mots imposés : Lunette, arc en ciel, camisole, plat(e), écharpe, vairon, boum, poupée, sang, claque, vomir, mâcher.

Enjoy !


Encore un nouveau monde. Sauf que… putain, y'a comme un problème.

Au début, j'avais pas encore compris le pourquoi du comment, cela dit. Atterrissage en douceur, pour une fois, impec. Mais un cri perçant m'a vrillé les oreilles.

- Hiiiiiiii !!

Un cri aussi aigu, pas de doute, ou c'est la princesse, ou le magicien et Shaolan se sont fait castrer. Ce qui serait peut-être bon pour eux, d'ailleurs, mais passons... Je me retourne donc, persuadé que quelqu'un est en train de l'attaquer, mais... non, ça n'a pas l'air d'être le cas. On n'est que tous les quatre ici. Et Mokona. Et la princesse me regarde d'un air ébahi, certes, mais le cri ne venait pas de là où elle se tient actuellement.

- K-Kurogane-san...

- Ben quoi ?

Ouh la. J'ai dû choper un truc pas net pendant le transport, j'ai la voix vachement enrouée, moi. Ca me rappelle quand j'étais adolescent, le moment où je muais... quand je faisais des sauts d'octave sans le vouloir...

Euh, elle était aussi plate, la princesse, avant ? J'ai l'impression que son corsage s'est dégonflé comme un vieux ballon. Bon, mais je vais arrêter de regarder là où il ne faut pas, n'est-ce pas ? Surtout qu'il faut bien que je découvre qui a poussé ce cri... Mokona, sans doute. Alors je me tourne vers la droite. Et là, mon sang ne fait qu'un tour.

C'est moi, ou la grande asperge qui nous accompagnait est subitement doté... de nichons ? Et pas des moindres, en plus !!! Il me regarde comme moi je dois le regarder, avec les yeux si écarquillés que le bord de ses iris ne touche même plus ses paupières.

- Mais ... mais .... mais qu'est-ce qui t'es arrivé !!!

Je ne peux pas m'empêcher de brailler sous l'effet de la panique, mais ça fait comme une souris qui couine.

- Et toi alors !! s'exclame Fye.

Ah, mon dieu. C'est lui qui a poussé le cri, c'est obligé. Sa voix est aussi aiguë que celle d'une adolescente qui hurle de délire en face de son chanteur préféré (pour vous donner une idée de la situation). Ajoutez à ça la paire de seins bien rebondis dont il vient de devenir l'heureux propriétaire, et vous comprendrez peut-être pourquoi j'ai tellement envie de vomir en cet instant.

- On a changé de sexe, constate une voix calme derrière moi.

Je me retourne pour constater que Shaolan, qui vient de prendre la parole, a subi exactement le même sort que le blond. Alors... lentement... s'infiltre en moi l'idée, je dis bien l'idée que peut-être... j'ai gagné le gros lot moi aussi. Je baisse les yeux.

Ah.

Kami-sama.

xXxXx

C'est karmique, c'est ça ? J'ai du faire quelque chose de mal dans une vie précédente (ou dans celle-ci... je ne les compte plus, de toute façon), et on a décidé de se venger de moi en me transformant en fille.

- Hyuu, j'ai une plus grosse poitrine que Kuronounette !

- LA FERME !!!

Comment il a fait pour s'habituer si vite, cet imbécile ? Il n'a même pas paru interloqué de constater que le changement était aussi... positif en bas qu'en haut. Non, et même... il a fait pire. Il m'a traîné dans les magasins pour acheter des fringues qui nous convenaient mieux. Moi !! Faire du shopping !! Non mais il m'a regardé, cet abruti ? Aaah, la princesse et le gamin, quelle chance ils ont eue ! Ils n'ont eu qu'à échanger leurs fringues et le tour était joué. Mais cet imbécile de mage et moi, avec notre taille, on ne passait pas inaperçus... Encore plus moi que lui, d'ailleurs. Parce que lui, après tout, il a toujours eu un air féminin, et ses fringues, elles étaient plutôt unisexes, quand on y pense. Une grande cape à fourrure, une grande robe... ça passait. Mais moi, avec ce truc qui me compressait la poi.... les s... enfin, la cage thoracique, quoi... et mes pompes de deux kilos chacune, mon katana dans le dos... ça faisait vraiment, VRAIMENT bizarre. Genre, on m'aurait passé une camisole de force, ça aurait sans doute fait le même effet. Alors le magicien m'a emmené en ville pour qu'on fasse du "lèche-vitrine", comme il a dit. Sur le coup, quand il m'a dit ça, ça a fait "boum" dans ma tête, je crois. J'ai eu une vision de lui couvert de sang et je crois que c'est ce qui serait arrivé si Shaolan ne m'avait pas arrêté...

Au fond, c'est plutôt la façon dont il a dit ça qui m'a donné envie de lui foutre une claque... S'il l'avait proposé avec plus de tact, je ne dis pas...

Bon, de toute façon, il est arrivé à ses fins, donc passons. On est en train d'arpenter les rues à la recherche de magasins - le premier venu sera le bon, pour ma part - et les gens s'écartent de nous comme si on avait la lèpre. Toujours agréable.

- Viens, on entre là, dit Fye en me tirant par le bras.

Les vendeuses font une de ces têtes quand elles nous voient entrer. Elles doivent pas voir tous les jours une grande brune avec une carrure de géant et un katana dans le dos, c'est moi qui vous le dis.

- Tiens, essaye ça, dit Fye en prenant un vêtement au pif et en me poussant dans une cabine d'essayage.

C'est gentil, mais COMMENT ON MET CE TRUC ???? C'est d'un compliqué, ces trucs de fille. Déjà, pour faire pipi. Toute une histoire... Quel temps précieux elles perdent à s'asseoir comme ça...

Bon. Je suis en train de me débattre avec un soutien gorge, qui visiblement n'avait pas prévu le fait qu'il serait la proie d'une cliente dont le tour de poitrine serait au moins deux fois plus large que celui de filles normales. Merde. Ça commence bien.

Heureusement, les filles dans ce pays ne se gênent pas pour s'habiller comme des garçons. Ce que je fais. Hop, un futal large, un sweat-shirt, le tout en noir, et le tour est joué.

- Vous gardez vos achats sur vous ? demande la vendeuse.

Sérieux, elle me voit ressortir avec mes habits de ninja ? Crétine. Je hoche la tête, et puis je paye (quelle chance qu'on soit déjà passé par un pays qui possédait le même type de monnaie, et que Shaolan ait eu la bonne idée d'en garder...) et puis je me retourne. Le blond n'est pas encore sorti de sa cabine.

- Kuro-chiiiiin ! Regaaarde !

Ah, cette voix. Encore plus stridente qu'en temps normal... tellement plus irritante. Je me retourne pour lui crier dessus, et je manque de m'étouffer. Oh Kami-sama. Mais qu'est-ce que c'est... que cette.... horreur ????

Il porte des lunettes dont les verres sont de deux couleurs différentes et qui donnent l'impression qu'il a des yeux vairon. Il a mis autour du cou une écharpe aux couleurs de l'arc-en-ciel qui ferait sans doute un triomphe s'il se pointait à la Gay Pride. Ses vêtements... enfin... le peu qu'il y en a, disons... une mini jupe en cuir violet (qui indique sans ambiguïté le fait que OUI, à présent, c'est une fille...), et un débardeur rose à paillettes qui a du être créé par Barbie elle-même. Il veut ressembler à une poupée ou quoi ? En plus, il a trouvé le moyen de dénicher un rouge à lèvre fuschia qu'il s'est empressé d'essayer. Sans compter les chaussures à talon aiguilles vert pomme. Le spectacle est... horrible, c'est le mot.

- C'est atroce.

- Kuro-pon ne mâche pas ses mots, répond le blond avec un petit rire.

- Regarde la tête des vendeuses, un peu...

Elles sont encore plus ébahies que moi devant son accoutrement... ce qui n'est pas peu dire.

- Mais je suis mignonne, non ?

- Ouais, si tu comptes aller faire le tapin ...

- T'es méchant Kuro-min !!

- Non, je suis méchante, c'est pas pareil.

Ah, voilà que je mets à être cynique...

- Bon, on va essayer de te trouver quelque chose d'autre à mettre...

- Mais j'aime bien ces habits, moi...

- Tu la FERMES et tu enlèves ces fringues horribles pendant que je te cherche un truc plus convenable ! J'ai déjà assez honte de toi comme ça.

C'est marrant comme ses expressions ne changent pas, même transformé en fille. Il fait la moue comme pour dire qu'il boude, et il rentre dans sa cabine tout penaud. Enfin... elle rentre ... ah, je m'y habituerai pas.

Voyons voir... hé, c'est stupide à dire, mais... je trouve ça drôle, de lui chercher des fringues. J'ai vraiment, vraiment envie de voir à quoi il ressemblerait, en tant que fille, s'il portait des fringues adaptées...

Ah.... un jean trompette... un haut sans manches bleu outremer, avec un col en V... un gilet blanc par dessus...

- Tiens, essaye ça !

Et il le fait, cet abruti, il n'a vraiment aucun complexe. Enfin, pour être habillé comme il a osé s'habiller trois minutes auparavant, c'est sûr qu'il ne doit pas en avoir...

Sa main agrippe le rideau... Il ouvre lentement...

Ah. Heureusement que je suis assis, sinon je me serais cassé la gueule. Il est... Enfin, elle est, comment dire... vraiment sublime. Avec des longues jambes comme les siennes, je suppose que toutes les fringues (normales, entendons-nous bien) doivent lui aller sans problème, mais c'est quand même époustouflant. Enfin, ça fait vraiment bizarre de voir le haut de son tee-shirt rebondi, cela dit... Et puis, ses cheveux qui ont un peu poussé avec sa transformation et qui lui arrivent aux épaules... Et ses yeux bleus qui ressortent sur son teint pâle... je crois que même les filles de la boutique sont scotchées devant tant de beauté. Si j'avais encore toute ma plomberie, elle aurait été dans un drôle d'état en ce moment...

- Bon, on prend ça, je dis en l'entraînant hors de la cabine et en le poussant vers la caisse.

- Ah, attends... mes habits...

Il récupère sa cape blanche et bleue et s'avance vers la vendeuse pour payer. J'ai l'impression qu'elle ne fait même pas attention à ce qu'elle fait, tellement elle est éblouie par la beauté de la jeune fille blonde qui se tient devant elle.

- Merci de votre visite !!

xXxXx

- Kurogane ?

Ouah. Le nom entier. Trop bizarre.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Tu m'aimerais mieux si je restais une fille ?

Allez, je savais que j'allais y avoir droit... Y'a vraiment que lui pour se poser des questions pareilles dans un moment comme celui-là... Je sais pas, moi je ne pense qu'à retrouver mon sexe d'origine, et lui ...

C'était bizarre, cette journée. Les gens n'arrêtaient pas de se retourner sur lui dans la rue. C'était loin d'être la première fois que je me baladais en sa compagnie, mais par contre, avant, je n'en avais jamais été particulièrement fier - ouais, même plutôt le contraire, pour être honnête... Mais quand une personne d'une telle beauté marche à côté de vous et que tout le monde vous regarde, eh bien... c'est con à dire, mais vous relevez la tête, d'un air de dire "regardez, regardez donc, comme la personne avec qui je marche en ce moment est canon!". Parce que cette personne si extraordinaire, vous, qui êtes à ses côtés, vous avez le droit de lui adresser la parole, alors qu'elle paraît si inaccessible.

Peut-être mêlé d'un peu de jalousie, aussi... parce que vos yeux ne sont pas les seuls à pouvoir contempler cette vision, et vous en concevez de l'amertume, un peu.

Mais je crois que ce n'est pas le genre de truc qu'il a envie d'entendre.

- Ça m'est égal.

- Ça t'es égal ?

Vu la façon dont il dit ça, il n'aime pas cette réponse non plus... Merde. Mais je ne sais pas trop ce qu'il a envie d'entendre, alors autant la jouer franc-jeu.

- Ben, peu importe ton sexe, mentalement, tu restes toi, non ? Ça ne change pas grand chose.

Il ne répond pas. Il a l'air de réfléchir.

- Sans doute, répond-il lentement. Peut-être.

- Ne te prends pas trop la tête à propos de ça, j'ajoute. Fille ou garçon, tu restes toujours aussi chiant, si c'est ça que tu veux savoir.

- Kuro, imbécile!

Mais il sourit, cette fois.

- Tu m'embrasses ?

- P-Pardon !?

- Tu ne veux pas m'embrasser ?

- .... Et pourquoi je ferais ça !? T'as pété un boulon ?

- J'ai envie de voir ce que ça fait d'embrasser une fille.

Woh ! Ca veut dire qu'il ne l'a jamais fait auparavant ? Ah, j'aimerais bien être assez détaché pour ne pas trouver cette information capitale. Malheureusement, c'est impossible. Ce gars, cette fille, enfin, cette personne, m'attire bien trop.

- On est en plein dans la rue !!

- Et alors, de toute façon, on va bientôt changer de monde à nouveau.

- Mais on est deux filles!

J'aurais encore un tas d'autres arguments à objecter, tous plus débiles les uns que les autres, mais cet imbécile m'attire vers lui et m'embrasse sans me demander mon consentement. Et j'ai l'impression que toutes les personnes dans la rue se sont figées. Reste à savoir si c'est parce que j'ai la chance d'embrasser cette fille sublime ou si c'est parce qu'ils sont choqués de voir deux filles en train de se rouler une pelle... Enfin, avec les fringues que j'ai choisies, je peux paraître masculine, certes... Mais enfin, le problème n'est pas là, de toute façon !

Je me demande s'il embrasse aussi bien lorsqu'il est un garçon que lorsqu'il est une fille.

- Et si on essayait de faire l'amour ?

- P-p-p-p-pardooon !?

Je manque de m'en retrouver le cul par terre. Il est pas gêné, celui-là !

- Ça m'intéresse de voir comment deux filles le font ensemble. On n'a qu'à considérer ça comme quelque chose d'expérimental.

- Mais tu rêves !! Pas question que j'expérimente un truc pareil !

Ah, il se remet à m'embrasser... Je vois, il a décidé de mettre le feu aux poudres. Il s'est dit que s'il ne peut pas me convaincre par la parole, il le fera par les actes. J'ai honte de le dire, mais ça marche rudement bien... J'ai la tête tellement enfumée quand il se recule de moi que je n'arrive plus à réfléchir.

- Alors ? demande-t-il (enfin... elle... argh) doucement.

- Ok, je réponds comme un automate. Ok.

Il sourit et il m'entraîne vers l'hôtel qu'on squatte en ce moment avec les trois autres et je ne peux que le suivre à toute allure. Je n'ai même pas assez de volonté pour me dire que non, je ne veux pas ça, et faire demi-tour. A vrai dire, ça m'intrigue, moi aussi...

- Kurogane-san ! Fye-san !

- Sakura-kun, sourit le blond, vos mamans ont quelque chose de très important à voir ensemble, alors ne venez pas nous déranger, d'accord ?

Elle n'a même pas eu le temps de répondre qu'il a déjà claqué la porte de la chambre qu'on partage - sans oublier de la verrouiller juste après. Et de se remettre à m'embrasser juste après l'avoir fermée à clé. Un tas d'hormones sur pattes... Enfin, je ne suis pas tellement mieux placé pour parler, à vrai dire. Si je me retiens de lui arracher son haut, c'est bien parce qu'on vient juste de l'acheter et que je n'ai pas envie d'aller retourner faire les magasins... Alors bon, je me contente de lui enlever... Moins sexy, mais plus pratique...

xXxXx

- ... Eh...

- Quoi ?

Il est essoufflé, le bichon. Ça se comprend, après tout ce qu'on s'est embrassés.

- ... T'es bien plat, d'un coup.

Il baisse les yeux. Et hallucine grave. Tout comme moi en ce moment. J'ai l'impression que sa poitrine vient de s'affaisser comme un soufflé au fromage.

- ... Mais qu'est-ce qui s'est passé ?

- J'ai rien senti, en tout cas...

- Moi non plus...

Et dans le couloir, j'entends une peluche brailler de sa voix si caractéristique:

- Shaolan a rendu la plume à Sakura ! Sakura est redevenue une fille !

Ah. Je vois.

- Zut, bafouille le blondinet (qui est redevenu un blondinet et plus une blondinette, du coup...), on ne peut plus faire notre expérimentation, du coup.

Oh la la. Je le vois venir. "Ciao, à la prochaine!". Non, non, non, certainement pas. Je lui saisis les poignets et je l'oblige à rester dans la position qui était la sienne... soit allongé sur le lit, si vous voulez tout savoir. Et moi qui l'empêche de bouger, assis sur lui. C'est qu'on était déjà bien partis, avant de redevenir des garçons...

Il me regarde sans comprendre.

- Kuro ?

Et cette fois, sa voix est vraiment redevenue la sienne, un peu asexuée, mais sensuelle, et ses cheveux ont retrouvé leur longueur d'avant, et, tiens, son pantalon trop moulant présente une bosse, d'un coup.

- On n'a qu'à faire un autre genre d'expérimentation. Comment deux garçons font l'amour ensemble ?

Il me regarde d'un air étonné, et rétrospectivement, j'aurais préféré mourir que d'entendre ça:

- Mais ça, je sais déjà, moi...

Et là, il a l'air de réaliser qu'il vient de sortir une énormité, parce qu'il écarquille les yeux. Et je dois sans doute faire pareil.

- ...

- K-Kuro-pon ...

Je suis scié. Tellement scié, que je lui lâche les poignets. Je me redresse, et lui, il a une sorte d'air suppliant, comme s'il voulait que je le pardonne d'avoir dit ça. Oh, soit, je ne connais rien de sa vie passée, c'est un fait. Il a pu faire tout et n'importe quoi, c'est son passé... Ce n'est pas une question de pardonner ou pas. Mais se le prendre comme ça dans la tronche, ça reste loin d'être agréable.

- Kuro-min, je...

Alors, je me relève. Et je remets mes habits de ninja.

- Kurogane, attends !

Cette fois, c'est lui qui m'attrape le poignet, et inconsciemment, je me dégage. Je ne voulais pas, pas vraiment... mais tant pis, c'est fait, et il me regarde d'un air aussi désespéré que si ses parents venaient de mourir sous ses yeux.

- Ecoute, je dis...

Aaah... Pourquoi je suis jaloux, moi ? Qu'est-ce que j'en ai à foutre, d'abord ?

- Tu l'as dit toi-même, t'as pas besoin de ce genre d'expérimentation, alors laissons tomber, ok ?

- Mais je...

- Comme ça, tout le monde est content.

- Non ! Personne n'est content, personne. Tu sais très bien que non.

Je le regarde silencieusement. Sa voix est aussi aiguë que lorsqu'il paradait avec sa paire de nibards dans les rues, mais cette fois, son regard possède une intensité sacrément différente.

- Je suis désolé, je n'aurais pas du dire ça. C'était il y a longtemps, c'était du passé. Je te jure que je ne voulais pas dire ça.

- Ça m'est égal.

Tout ce que je sais, c'est qu'il n'a pas paru emballé par l'idée. Alors, quand j'étais une fille, c'était ok, mais maintenant que j'ai retrouvé ma plomberie, il ne veut plus de moi ? Non mais c'est quoi ce magicien de mes couilles !? (Heureusement que je suis redevenu un mec pour pouvoir la placer, celle là...)

- Tu sais bien que non, dit-il lentement. Si ça t'était égal, tu ne t'énerverais pas comme ça. Écoute...

Entre deux mots, ses lèvres contre les miennes, rapidement, comme s'il voulait se faire pardonner en m'embrassant.

- Je sais peut-être déjà ce que c'est... entre deux garçons, mais... ça ne m'empêche pas d'en avoir envie avec toi.

Encore un baiser. Un peu salé... parce que ses joues sont humides, et ses yeux aussi. Mais je ne réagis pas. Pas envie, et pas le courage non plus...

- Ce n'était pas tellement parce qu'on était deux filles que je t'ai proposé ça... Même si ça m'intriguait, mais... il y avait autre chose.

Je serais tenté de croire ses mots, mais...

- Sinon, j'aurais demandé à la première fille venue, parce que j'aurais eu peur que ça jette un froid entre nous. Mais moi, c'était juste toi que je voulais, personne d'autre. Et fille ou garçon, c'est pareil. Tu m'as dit la même chose tout à l'heure. Tu m'as dit que ça ne changeait rien à ce que j'étais.

- Oui, mais quand il s'agit de faire l'amour, c'est pas trop pareil, figure-toi !! je réponds en m'énervant.

Pourquoi je m'énerve ? Je ne sais pas trop. Ce type m'énerve. J'aime pas quand il me regarde avec les yeux pleins de larmes, surtout quand c'est moi qui en suis responsable - même s'il est aussi responsable que moi, pour le coup... Et il a beau m'embrasser, je ne réponds pas.

- Kuro, bafouille-t-il. Pourquoi tu m'en veux tellement ?

C'est vrai... on peut se poser la question...

- C'est juste que ça m'énerve, je grogne. Ça m'énerve, c'est tout.

- Mais c'est du passé. C'est loin, tellement loin que je ne m'en rappelle plus clairement.

Je n'avais pas demandé ce genre de détail, non plus...

- Je ne parle pas de ça ! Ce qui m'énerve, c'est...

L'air si peu intéressé qu'il avait eu lorsque je lui avais proposé la nouvelle expérimentation? Qu'il vienne un peu la ramener après avec son envie de coucher avec moi, et moi seulement ! Et il a l'air de lire dans mes pensées, parce qu'il répond:

- J'étais juste surpris... ça m'a échappé, mais ça ne voulait pas dire que ça ne m'intéressait pas. Bien sûr que ça m'intéresse. Quand tu es impliqué, ça m'intéresse toujours.

Et il m'embrasse à nouveau. Il doit être stressé, parce que ses lèvres sont froides, et elles tremblent, et moi, j'ai vraiment envie de les réchauffer, mais...

Il passe ses bras autour de mon cou et plonge son visage dans le creux de mon épaule.

- Kurogane...

Bon... soit... tout le monde fait des erreurs à un moment ou à un autre, tout le monde dit des mots malheureux. Si les gens s'en voulaient les uns aux autres pour ça, on n'aurait pas fini. Alors je finis par décider de lui rendre son baiser, et j'ai l'impression que ses larmes redoublent, mais il reste silencieux.

- Je suis désolé.

- Hum, je me contente de répondre.

Je ne peux pas dire plus que ça, mais me connaissant, il comprendra. Et puis, d'abord, pourquoi est-ce que ça le touche autant, ce que je peux penser de lui ? C'est aussi intriguant que ces "expérimentations". Mais ça ne fait rien, je le découvrirai bien en temps voulu.

xXxXx

- Bon, t'arrêtes un peu de chialer comme une gonzesse ? T'en es plus une, je te signale!

- Pardon.

Pourquoi il pleure, d'abord ? C'est si horrible que ça, de coucher avec moi ?

- Si t'aimes pas ça, ça serait le moment idéal pour le dire.

Maintenant, avant qu'on soit trop dedans et que je ne puisse plus m'arrêter. Même si rien que là, ça risque d'être dur, alors que tout ce qu'on a fait pour l'instant, c'est réintégrer notre place sur le lit et échanger des baisers au goût salé de larmes. Pas l'ambiance dont je rêvais, mais il embrasse vraiment bien, alors...

Il relève les yeux vers moi, et m'embrasse, les bras autour de mon cou, les mains dans mes cheveux.

- J'aime ça, se contente-t-il de dire, et c'est idiot de voir à quel point ça suffit à me mettre dans tous mes états.

- Arrête de pleurer, alors.

- Ce n'est pas de la tristesse.

Eh ? Qu'est-ce qu'il veut dire par là? On peut pleurer sans que ce soit de tristesse ? Hmm... Je dois avoir l'air perplexe, mais il se contente de sourire sans répondre. Et de m'embrasser à nouveau. Bon. S'il aime... tout va bien. Parce que moi aussi, j'aime, et s'il y a quelque chose qui m'énerve, c'est de m'arrêter à mi-chemin dans quelque chose que j'aime. Alors je caresse son corps. Il est beau son corps, même si ce n'est plus la blonde plantureuse qui essayait des fringues hideuses dans la cabine de tout à l'heure. Je le trouve même encore plus attirant. Ses hanches sont fines, et on dirait qu'elles me demandent elles-mêmes de déboutonner son pantalon, alors je m'empresse de leur obéir. Et je lui enlève ce pantalon féminin qui n'a plus de raison de lui appartenir.

Et lui, il se contente de me regarder en silence, comme s'il assistait à un spectacle céleste ou un truc du genre. C'est fou ce que ça met la pression... Il est vraiment agaçant...

- Arrête de me regarder comme ça, je grogne avant de l'embrasser, pour détourner son regard.

- Pourquoi ?

J'ai honte de le dire, mais...

- C'est gênant.

- En quoi ?

Il me sidère...

- En quoi c'est gênant ?

- Ben oui.

- ... Mais, ça ne te gêne pas de te désaper devant quelqu'un ? De voir quelqu'un reluquer ton corps ?

- Quelqu'un, si... mais toi, tu n'es pas "quelqu'un", tu es Kuro-chan. Ça ne me gêne pas.

Si c'est pas une putain de déclaration qu'il vient de me faire ! Je crois que je rougis comme une collégienne. Et il sourit... je suppose que les anges doivent avoir le même sourire. Ça me donne encore plus envie de lui, tiens... c'est toujours marrant, l'idée de faire l'amour à un ange. Non ?

Quoi que l'ange n'aurait pas une expression pleine de luxure comme celle qu'il prend quand je le caresse. Kami-sama. J'adore la façon dont ses sourcils se froncent, dont ses lèvres se crispent, et les soupirs étouffés qu'il pousse...

- Fye...

Ah... son nom m'a échappé. Je ne le prononce pas souvent, à vrai dire, et quand je vois le regard qu'il me lance lorsque le mot atteint ses oreilles, je me dis que parfois, les choses valent la peine de ne pas être prononcées trop souvent, histoire de toujours faire l'effet que ça lui fait en ce moment même. Je ne pensais pas que c'était possible, mais ça accentue encore mon désir pour lui. Impressionnant.

- Kuro-pî...

Même un surnom aussi débile que celui-là ne parvient pas à casser l'ambiance. Parce que nos corps se serrent l'un contre l'autre, et parce que je suppose que c'est ce dont, tous les deux, on a le plus besoin en ce moment. Un besoin vital. Si je ne peux pas avoir Fye, ici, maintenant, dans cette petite chambre d'hôtel, si quelqu'un vient nous interrompre, si on nous empêche d'aller jusqu'au bout, ça sera la fin du monde. C'est de la dépendance, mais tant pis. Comme tous les junkies, j'en redemande.

Il ne se gêne pas pour répondre à mes besoins, de toute façon. J'ai envie de lui, et j'ai même sincèrement l'impression que je n'ai jamais autant voulu quelque chose. Il a l'air de vouloir la même chose que moi, je lis dans son regard qu'il ne demande que ça. Tant mieux. J'en pouvais plus d'attendre.

Finalement, je crois que je préfère l'expérimentation entre garçons. Parce qu'entre filles, je n'aurais pas pu ne faire qu'un avec lui, n'est-ce pas ? Alors que là, je suis à l'intérieur de lui. On s'efforce vraiment, tous les deux, de ne faire qu'un seul être. On bouge comme si on voulait se fondre l'un en l'autre. On s'entoure de nos bras, et on s'embrasse, et on ressent tous les deux le plaisir que cette connexion nous donne. En osmose, comme qui dirait. J'aime pas ce terme, pourtant, c'est trop scientifique pour décrire ce qui nous arrive; parce que même si c'est ça, c'est tellement autre chose, en même temps. C'est juste qu'on est plus proche qu'on ne pourra jamais l'être, et en dehors du plaisir fou que ça nous procure, j'aimerais qu'on reste toujours comme ça. En ce moment, il m'appartient...

- Kurogane...

Ah, mon cœur fait un bond. Il a pigé le truc du prénom, lui aussi... J'aime bien. Ils sont rares, les mots qui vous donnent l'impression d'être dans un manège à sensations. Mais si jamais il y a un moment rêvé pour les utiliser, c'est maintenant ou jamais.

- Fye...

Hop, rebelote. Il rit. Et il enserre mes doigts entre les siens. Il a l'air de comprendre à quoi je joue, alors il murmure:

- ... Merci.

Ouaip, au fond... ce genre de mot aussi, dit d'une certaine façon, ça peut donner le vertige. Dit d'une certaine façon, mais surtout prononcé par une certaine personne, et dans un certain contexte. Là, tout est réuni.

- E-encore...

Oh my god, celui-là est puissant ! Rien qu'en l'écoutant, j'ai failli en avoir un orgasme. Il est doué. Mais j'ai bien l'intention d'avoir le dernier mot, alors je me dépêche, sinon, il risque de me l'arracher de la bouche.

- ... Je... t'aime...

Ah, j'ai gagné. Vu sa tête, j'ai gagné. J'ai beau l'avoir dit d'un ton essoufflé, l'effet en reste puissant. Il se crispe dans mes bras, il fait courir ses ongles sur ma peau (ce qui ne manque pas d'ailleurs de provoquer chez moi des frissons de délice... si je m'attendais à me découvrir des tendances SM...), il atteint l'orgasme d'une telle manière, c'est un spectacle si fascinant, qu'il m'est impossible de ne pas le suivre immédiatement dans sa jouissance. On ne fait qu'un, alors on réagit ensemble, au même moment. Ça me paraît logique.

Je ne sais pas, mais le temps paraît distendu, et quand je relève la tête vers lui, peut-être qu'une seule minute s'est écoulée, peut-être un quart d'heure, je ne suis pas très sûr. Mais il pleure à nouveau. Moi, j'ai les yeux secs, mais cette fois, je comprends ce qu'il voulait dire, tout à l'heure, quand il disait que ce n'était pas de la tristesse. Finalement, je suis capable de comprendre...

Il se blottit contre moi, et je referme mes bras sur son corps humide et brûlant. Ses mèches sont collées à son front, et ses yeux brillent comme ceux d'un gamin le soir du réveillon de Noël.

- J'adore ce genre d'expérimentation, dit-il lentement.

- Pour le bien de la science, faudrait refaire ça bientôt.

- D'accord avec toi ...

xXxXx

Alors tout est revenu à la normale. Sakura a retrouvé la poitrine, nous trois avons perdu la nôtre et Mokona est resté Mokona. Tout se déroule de la même façon qu'avant, à part qu'avec le blond, on s'arrange pour continuer nos expérimentations... C'est fou que ça peut être intéressant, la science. Tout un monde que je n'aurais pas découvert si je n'étais pas temporairement devenu une fille... Comme quoi, hein, même les choses les plus dingues ont des bons côtés... Ca m'aurait fait mal de passer à côté.


Voilà voilà pour ce petit truc sans prétention. Au passage, j'adooore écrire des fics avec des mots imposés, donc si ça vous tente, vous pouvez m'en laisser quelques-uns et si j'ai le temps, j'essayerai de faire un truc dessus ! :3