(Note de l'auteur: Je me base sur les comics pour la famille de Beth)
Je reprends conscience parce que je me sens soudain comme bousculée. Un grognement me fait réaliser qu'un homme se tient sur moi. Je me débats, mais il me retient trop fermement, je ferme les yeux et supplie mentalement qu'il en finisse. Je ne parviens pas à retenir mes larmes quand je sens un jet chaud éclabousser mon ventre et ma poitrine nus. Ce n'est pas possible. Je me roule sur le côté sans regarder l'homme. Je me souviens d'être sortie pour échapper au marcheur mais je ne sais plus comment je me suis retrouvée là.
Est ce qu'ils ont tué Daryl ? Est ce qu'il me cherche ? Je suis où exactement ? Il va penser quoi de moi maintenant ?
Je me roule en boule pour oublier, je repense à la nuit qu'on a échangé dans le funérarium. Quand il était couché dans le cercueil, on aurait dit la Belle au Bois Dormant.
Je m'endors, épuisée d'avoir trop pleuré, mais le moindre bruit suspect me fait sursauter. J'ai toujours peur que quelqu'un entre et me saute encore dessus. Je reste inerte sans savoir ce qui va m'arriver pendant ce qui me parait des jours entiers.
Je me réveille avec un fusil pointé sur moi. Un homme me force à me lever et me pousse hors de la pièce. Je reprends vite conscience de ma situation pour pouvoir voir si je peux définir où je suis. Ou au moins, s'il y a une fenêtre afin que je me situe dans le temps. Les seules fenêtres que je distingue sont tapissées de journaux mais il semble faire un peu clair à travers les feuilles de papier fin. Je me demande où il m'a emmenée. Toute à mes pensées, il m'ordonne sèchement :
-Assieds toi
Le froid du métal me rappelle que je suis toujours nue. Mes poignets me font mal. Je reste de longues minutes à attendre, avant qu'un autre homme me dise d'entrer.
La salle est petite, il me dit de m'allonger sur la seule table meublant l'espace.
- Détendez-vous, ce n'est qu'un examen de routine.
En disant ça, une main se ferme sur ma bouche. Je sens du plastique sur mes lèvres sèches. Je me débats du mieux que je peux, mais je me sens étourdie et molle. Comme quand mon anémie n'est pas sous contrôle, mais plus sévère.
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Je venais de finir une partie du lavage, je me dirige vers le réfectoire, je demande à Carol de laisser un bol pour Daryl, j'irai lui donner après le souper. Il y a peu de monde dans le refectoire, il ne reste que deux autres personnes à part mon groupe. Je m'asseois à côté de Rick, face à Maggie. Je mange en écoutant les autres parler de leur journée. Je demande à Rick :
- Est ce que vous voulez que je m'occupe de Judith ce soir, vous l'avez eue toute la journée ?
- Je ne veux pas trop t'en demander, tu as commencé à t'entraîner. Tu as beaucoup de choses à faire.
- Tu t'entraînes ? dit ma sśur légèrement inquiète
- Je dois savoir me défendre, je ne veux pas mourir bêtement, comme me justifiant.
- Tu aurais pu me le demander, d'un ton offensé.
- Je suis entre de bonnes mains, m'adressant d'abord à ma sśur. Et Rick, j'aime bien votre fille et ça me rend utile... »
Je mange quelques bouchées avant que la grande main de Rick se pose sur mon épaule.
- Personne ici ne dira que tu es inutile, tout le monde ici fait quelque chose pour aider et je te remercie d'avoir pris soin de Judith quand Lori est morte, mais je dois être son père, maintenant.
Je ne le contredis pas, il prend soin de la fille de l'homme qui lui a volé sa femme. Je ne veux pas remuer son passé de couple compliqué. Ce ne sont pas mes affaires. Je finis mon assiette assez rapidement vue la petite portion. Je me lève ensuite pour monter une assiette garnie à Daryl. C'est encore un peu tiède, mais il doit manger quelque chose, je ne le laisserai pas continuer à sauter des repas comme à son habitude.
Je mets ma veste et traverse la cour, le soleil se couche, je peux ne pas utiliser la lampe de poche, je la glisse dans ma poche, pour revenir. Mes yeux courent sur la clôture, il n'y a pas plus de rôdeur, ça semble assez calme. Je monte les escaliers de la tour, je découvre Daryl, assis par terre, son arbalète à la main. Il fabrique des carreaux. Je m'approche lentement
- Je vous ai emporté à manger
- Pas faim, dit il rapidement sans me regarder
- Je ne vous donne pas le choix, vous mangez.
J'essaie de me rattraper a en lui souriant, mais je ne veux pas lui laisser le choix. Je m'assois et lui donne l'assiette. Il marmonne quelque chose que je ne comprends encore pas, mais c'est son tempérament, ça reste Daryl. Il mange le ragoût avec ses doigts, je me surprends à attendre avec impatience qu'il suce ses doigts. J'ai un frisson, je voudrais le surprendre et nettoyer moi-même ses doigts. Je serre les jambes, je dois me calmer, il ne me fait pas de l'effet. Je me le répète pour me persuader. Je suis surprise quand il me tend le bol vide. Je ne sais pas s'il a remarqué ma gêne. Je me penche pour lui donner un bec rapide.
Je suis assez proche pour voir ses yeux devenir ronds de surprise.
-Bonne nuit Mr Dixon, dis je avec une petite voix.
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Je finis ma nuit de garde vers quatre heure, Sasha est toujours matinale donc elle me relève avant que les ados ne prennent le relais pour commencer à apprendre à aider la communauté comme le dit Carol. Je me prends une barre de céréales, faute de mieux, bof... j'ai rien contre le fait industriel même si ça ne vaut pas un lapin. Je dois aller me coucher avant que les autres ne se lèvent.
Avant même de tourner au coin du bâtiment, j'entends une faible chanson. Beth est toujours réveillée. Cette gamine me joue de plus en plus souvent dans la tête ces dernier temps. Je ne l'avouerai jamais, mais depuis l'averse chez elle, mon coeur s'est comme dégelé doucement. Goutte à goutte. Sans que je comprenne vraiment pourquoi.
Pourquoi moi. Je suis trop vieux, moche, et pas assez éduqué pour ce genre de fille. C'est juste trop bizarre.
Elle est en pyjama, des shorts et une camisole ça ne cache rien, du moins pas grand chose. Arrête de la regarder.
"Contrôle toi, mec." Elle est si jeune et je ne peux rien lui donner, rien à lui offrir. Fais toi une raison. Elle me sourit. Je m'asseois en me concentrant sur ma barre tendre que je suis en train de manger. Lil'Asskicker est sagement dans ses bras,
- Va te coucher, je vais la prendre
- Vous... Tu viens de rentrer, tu dois être fatigué
Elle pose sa tête sur mon épaule, je peux voir de gros cernes sous ses yeux. Elle fait trop de trucs en même temps.
- Mmm. Vas-y.
Je prends la petite Dure à Cuire dans mes bras et je vais reconduire Beth à sa cellule. Je berce la petite en montant les marches. Je lui souhaite une bonne nuit avant de me retourner pour aller dans l'autre direction, vers ma chambre, le Perchoir, comme tout le monde surnomme la tour de garde, qui me sert de chambre. La petite semble être épuisée de pleurer, elle est enfin endormie dans mes bras, je le savais : mes bras son confortables. J'enlève mes bottes sans trop la secouer et je pose mon arbalète dans un coin. Je me couche sur le dos et ajuste la petite à côté de moi. Je ne bouge pas trop, ça devrait aller pour quelques heures de sommeil.
Je me réveille, la petite n'est plus là. Il y a plusieurs bruits dans la prison, je me redresse et enfile mes bottes. J'ai dormi plus longtemps que je le pensais, pourquoi personne ne m'a reveillé !? En sortant de ma cellule, je vois qu'il y a déjà pas mal d'activité. Il est si tard que ça ?
Dale est avec une fillette, des ado s'occupent du linge. Avant que je puisse me sauver pour chasser, Carol m'attrape gentiment par le bras pour me dire qu'elle m'a laissé un peu de nourriture. Les tables sont vides. Je présume que l'heure du repas est déjà passée. Depuis qu'on est à la prison, tout le monde, enfin Beth et Carol surtout, semblent vouloir me faire absolument manger. Je lève les yeux et grogne pour lui dire de se mêler de ses affaires.
Toujours pas de Rick à l'horizon, je commence à me demander s'il va revenir. Il ne peut pas tout laisser tomber, surtout Carl et sa nouvelle petite fille. Je regarde, trop longtemps, Beth assise à une table avec un gros livre devant elle et un reste de repas refroidi. Elle porte un chandail beaucoup trop grand pour elle mais elle l'a trafiqué pour l'attacher de chaque côté pour qu'il s'ajuste à sa taille. Je détourne le regard quand une parcelle de peau qui fait son apparition dans mon champ de vision. Je me sens rougir comme un ado.
- Tu pourrais m'emmener chasser ? Je voudrais apprendre.
Avant que je puisse répondre, Greene réplique :
- Tu ne peux pas utiliser l'excuse du ravitaillement, tu l'as manqué. Je promets de t'écouter.
Je ne peux pas lui enlever sa détermination, mais là, j'ai vraiment besoin d'être seul.
- Une autre fois...
Je finis mon repas vite fait, et je vais faire quelque chose de ma journée. Ailleurs.
