La chaudière se déclencha la première

Auteur : Numi

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Rating : aucun…je crois

Disclaimer : ils ne m'appartiennent pas…éè

(…)

Mais cela ne m'empêchera pas de les faire souffrir, bien sûr !

rire démoniaque

Chapitre I

Les Bois Noirs

Un mouvement. Un courant d'air. Quelque chose.

Dans la pièce poussièreuse, un mouvement. Dans l'obscurité, une silhouette.

Une attente dans l'air, impalpable.

--

La camionnette cahotait les jeunes soldats depuis trois heures lorsque Wuffei assomma et attacha Duo, non sans mal. Son œuvre accomplie, satisfait, il se rassit et lança un regard digne au natté saucissonné sur la banquette. Trowa et Quatre le regardèrent, un air implicitement reconnaissant sur le visage et Heero, du siège conducteur, se détendit un peu. Duo avait été insupportable, mais c'est vrai que le trajet était particulièrement éprouvant. Rien que le véhicule était pénible.

A peine arrivés à l'aéroport il leur avait fallu emprunter ce camion, enfin cette camionnette, enfin cette ruine sur roues pour se lancer dans une épopée de trois heures de route en forêt.

L'américain s'était de plus en plus excité.

« Je veux sortir ! »

« On arrive quand ? »

« Wuffy, on arrive quand à ton avis ? »

….

« Heero, on arrive quand ? »

« Quatre, demande à Heero si on est bientôt arrivés, il me répond pas ! »

« Pom pom pom… »

« J'ai envie de faire pipi. »

….

« Wu, t'as l'air crevé …Heero, il voudrait qu'on s'arrête je crois… »

….

« Wuf..MMMMmmMnonNNnmaieuh.. »

Une heure après, ils arrivaient en vue de la planque, pour le coup réellement planquée. Un panneau délavé annonçait Villa des Boirs Noirs.

« Charmant » pensa Quatre.

La vieille Redtree les lâcha dans un bruit de vapeur.

-On a connu mieux, soupira Duo. On aurait dit la maison posée dans la petite clairière. L'herbe était fraichement coupée, presque un gazon, et était d'un vert profond.

« Sale forêt, sale nom, sale baraque. Saloperies. »

Les G-boys cognèrent à la porte, puis trouvèrent le mot épinglé sur le chambranle.

« J'ai laissé la clé sous le paillasson. Je rappelle qu'il est INTERDIT de se servir de la tondeuse, qu'il est fortement déconseillé d'aller au grenier (le plancher est vermoulu) et qu'il ne vous sera d'aucune utilité de chercher à vous servir de la voiture, puisque j'ai gardé les clefs.

Je vous rappelle que le chèque de caution s'élève a 1500

Mme Masson »

-Charmant, commenta Duo. De quelle voiture elle parle ?

Trowa fit un signe de tête. Duo plissa les yeux.

-J'ose espérer qu'elle ne voulait pas parler de cette carcasse rouillée, là-bas ?

Les pilotes observèrent, perplexes, les restes d'un véhicule qui achevait de se désintégrer à la lisière de la forêt.

-Je crois que cette Mme Masson est assez âgée, fit remarquer Quatre gentiment.

Heero acquiesca silencieusement.

Mme Masson avait 84 ans, et sa maison était la seule disponible dans les environs pour la location. Légèrement sénile, la vieille femme avait exigé leurs photos, doubles de carte d'identité, des certificats de naissance, et même des déclarations de revenus et de domicile ! Elle avait au passage grapillé un chèque de caution conséquent. Heero avait travaillé pendant deux nuits pour créer les faux papiers. Et Heero tenait au chèque de caution.

-Duo.

-Mamour ?

-Baka. Tu veux choisir ta chambre ?

-Laquelle tu préfères ? Duo papillonna des yeux, et Wuffei leva les siens au ciel.

Et depuis quand tu me demandes mon avis ?

-Je tiens à pouvoir te mettre à un endroit où je pourrais te surveiller.

-Je choisis la baignoire !

Une heure « joyeusement » occupée s'ensuivit.

Trowa et Quatre se chargèrent d'aller faire les courses au hameau le plus proche, Wuffei décida d'aller inspecter les alentours et le jardin, tandis que Duo et Heero déchargeaient les valises et les portaient jusqu'aux chambres.

-C'est lourd, c'est pas croyable, souffla Duo en trainant une valise noire sur les tapis.

-C'est ma valise, fais-y attention, répondit Heero avec indifférence. Duo grimaça.

-Tu transportes quoi là dedans ? Un cadavre ?

Le japonais le regarda avec des yeux vides, et Duo frissonna.

-Je plaisantais…

Il posèrent les valises dans une grande pièce, qui ressemblait furieusement au salon d'une maison de poupée, au détail près que tout était recouvert de poussière. Une maison de poupée dont la propriétaire aurait 80 ans…

-Il n'y a que deux chambres, fit Heero.

Duo lui jeta un regard gourmand.

-Mais il y a un bureau que nous pouvons occuper, ajouta-t-il, et on aurait juré voir une étincelle de malice dans ses yeux.

Duo quant à lui tenta de contenir sa déception. La précédente planque, un appartement délabré, était minuscule. Les lits étaient minuscules. Pourtant, Heero et lui avaient réussi à tenir. Ils s'étaient faits tout petits, et Duo avait dormi dans le souffle chaud du Soldat Parfait pendant deux semaines. Tout cela allait lui manquer. Surtout de pouvoir tripoter Heero pendant son sommeil. Même s'il finissait à moitié étouffé sous un oreiller à chaque fois…Mmmm…

Heero posa la malle sur le lit de la chambre ouest. Sur le plan, fourni par la vieille femme il y avait inscrit « Chambre blanche ».

-Nous dormirons par deux.

Trowa et Quatre dormiront ensemble, Wuffei préfèrera être seul, il dormira donc dans le bureau. Tu dormiras avec moi. Porte la malle de Wuffei dans le bureau…. Hého. Duo. La malle ! Duo !!

--

Wuffei fit son rapport au diner. La maison était très mal située. Elle était à découvert au milieu de la clairière, comportait beaucoup trop de fenêtres ainsi que des baies vitrées, offrant ainsi à un agresseur éventuel les pilotes sur un plateau d'argent. Néanmoins, reconnut-il avec une pointe d'acidité, il y avait peu de chances qu'on pense à les chercher ici.

-Cette endroit n'est pas digne des pilotes de Gundam, dit Duo, solennel.

-Femmelette, rétorqua Wuffei. Les autres sourirent. Ah nan. Quatre seulement.

« Cet endroit n'est pas digne de moi » rectifia mentalement le natté.

Quatre lui adressa un regard encourageant.

-Nous ne resterons pas longtemps ici, J a été clair. Une fois l'ordre arrivé, on fonce à Bellle-Île.

Il se tourna vers Heero.

-Le village est minuscule. Nous avons trouvé une épicerie seulement, un coiffeur, et une entreprise de pompes funèbres…

-Je suis sûr que le cimetière fait le double du village, marmonna Duo. Pourquoi on est venus s'enterrer dans ce trou…

Heero le coupa :

-Quatre, Trowa, vous avez mis deux heures pour visiter le hameau ?

Les intéressés se turent pendant trente secondes, leurs cerveaux fonctionnant à toute vitesse. Leurs joues rosirent. Duo fit un large sourire à Heero, dont les joues…oui, miracle ! semblèrent rosir également.

-Revenez plus vite la prochaine fois, il se peut que nous soyons obligés de quitter le lieu rapidement. Des changements de dernière minutes ne sont pas à exclure.

Ils dinèrent frugalement dans le petit salon, la salle à manger leur paraissant vraiment trop officielle. La cuisine était hors-service, et Duo manqua de s'étrangler en constatant l'absence de lave-vaisselle. Wuffei lui tapota le dos avec un air compatissant.

Ils étaient donc assis, fatigués, sur les sièges confortables et baroques, laissant le doux silence du repos s'installer, lorsque Quatre parla.

-Je me demande de quel genre est cette madame Masson ?

Ce faisant, il observa le salon.

Des boiseries couvraient les murs. Les meubles étaient anciens, mais encore solides. Dans l'ensemble de bon goût, quoique décrépits.

-Certainement pas une accro du ménage, rétorqua Duo. Il avait dû chasser des araignées de la chambre ouest, la chambre blanche qu'il allait occuper avec le Perfect Soldier. Il détestait les araignées, mais ne tenait absolument pas à ce que ça se sache, ni à réveiller Heero avec des cris paniqués durant la nuit. Il frissonna rétrospectivement à l'idée d'une patte velue sur son cou.

-Cet endroit est triste, déclara Trowa. Je ne crois pas que cette dame vive ici à l'année. Ni personne.

Quatre passa le doigt sur un buffet, laissant une trace plus claire sur le chêne.

-En tout cas la maison ne semble pas avoir été louée depuis un certain temps !

Heero garda le silence. Son visage ne réflétait rien de l'inquiétude qui pointait en lui, et qu'il maîtrisait totalement. Jusqu'à presque l'oublier.

-J n'a rien envoyé ? demanda le blond

Quatre, toujours observateur.

-Non. Duo, lâche moi.

Il écarta Duo sans ménagement. Ce dernier prit une mine outrée.

-Je boude ! clama ce dernier, avant de claquer la porte derrière lui, s'enfermant dans sa chambre.

Heero lâcha un long soupir. Quatre ressentit sa fatigue mais aussi…aussi une pointe de plaisir, bien dissimulée, fruit de ce petit jeu qui durait depuis toujours entre Duo et lui.

Wuffei s'était, fait extraordinaire, presque endormi sur le canapé. Son œil reflétait nettement moins de dignité, et il s'était légèrement affaissé de biais sur le velours bleu, tellement confortable…

Trowa s'était rapproché de Quatre, un bras passé autour de son épaule.

Heero se taisait, laissant pour une fois son laptop tranquille.

Forcément.

L'appareil était dans la chambre.

Avec Duo.

Dilemme.

Quatre le regarda, amusé. Il savait d'expérience que Duo, lui, ne s'était pas du tout endormi. Il sentait à travers la paroi son ennui teinté d'envie pour Heero. Il sourit tout seul. Il avait constaté leur léger rapprochement depuis quelques mois, sachant que ce qui semblait être un progrès quasi-nul pour l'américain était en réalité un pas gigantesque pour le Japonais. Il posa sa main sur celle de Trowa et la serra doucement.

La nuit ne fut pas reposante. L'air était étouffant. Les G-boys dormirent toutes fenêtres ouvertes, mais ce ne fut pas suffisant.

La poussière semblait apparaître de nulle part et peser sur les épaules des garçons, se mêlant à leurs cheveux et alourdissant leurs cœurs.