Un Dimanche à la ferme
Enfin, elle a les vacances dont elle a vraiment besoin. Passer sa vie a servir d'interprète aux autres, mais ne jamais prendre de temps pour elle même. Toujours répéter ce qu'on lui dit et ne jamais pouvoir parler de soi, ça devient lassant. Elle se promenait doucement dans la ferme. Rien ne pouvait lui faire plus plaisir que de simplement marcher et de sentir le vent dans ses cheveux et sur sa peau. Rien de compliquer juste le bien-être. La jeune interprète se dirigeait lentement vers l'étable ou un cheval, dans son box, attendait patiemment de se faire monter.
À peine entrer dans l'étable un bruit se fît entendre, une respiration haletante et insistante. Une respiration qui ressemblait, étrangement, à celle de son dernier client. Un vieux mafioso tout excité par sa future entente avec la mafia chinoise. Elle en avait encore la chair de poule. On l'avait engagé pour sa discrétion, son don incroyable pour les langues et sa soif de richesse. Elle avait toujours regretté d'avoir acceptée.
Un autre bruit, plus subtile, se fît entendre. Un froissement minime, presque rien, un minuscule bruissement. Elle repense à se mafioso, et s'il voulait la tuer, parce qu'elle en savait trop. Des milliers d'idées se bousculaient dans sa tête, mais toutes, voulant être la pensée prédominante, elle ne put penser avec cohérence. Une pensée finit par ressortir, le film qu'elle avait vu hier. Rien de bien passionnant juste un vieux cowboy un peu fou qui, à la fin du film, mourrait dans son étable au milieu de la paille. Elle rêvait de mourir en paix de cette façon. Tout simplement au cœur d'une douce torpeur, dans l'endroit où elle avait toujours vécue. Elle se demandait, quand elle finirait enfin par mourir, qui serait là pour elle. Elle n'avait ni famille ni amis, personne juste elle et cette vielle ferme délabrée.
Elle marchait dos au mur pour ne pas se faire surprendre, quand un cri effroyable satura l'air durant quelques secondes. Elle prît panique et courue se réfugier sous l'établie. Elle essaya de faire le moins de bruit possible, mais sans prendre garde, trébucha sur un bac remplit a rabord d'outils de toutes sortes, dont elle ne connaissait pas l'utilité. Se renversant de tout son long sur le sol de l'étable, elle atterrit sur quelque chose de mou. En y repensant bien il y avait aussi une chose dure et froide, un couteau! Elle en était sur, elle allait mourir.
Pendant d'interminables secondes le temps cessa d'exister et le monde de tourner. Était-elle morte ici et maintenant? Pourtant elle sentait son cœur battre? Elle ouvrit les yeux rien ne bougeait, elle se releva et se tourna pour regarder la chose, qu'elle avait écrasée par mégarde. Un sac de grain, un vulgaire sac de grain. Un éclat de rire irrésistibles lui monta à la gorge. Elle rie jusqu'au moment ou le cri douloureux se fît réentendre. C'est à ce moment qu'elle la vit, seule, maigre, affaiblit et affamée. Cette pauvre vache, qui seule ici, agonisait. Elle approcha et caressa le pauvre être, qui solitaire, criait pour avoir un peu de compagnie et d'amour. Elle s'étendit à ses côté pour que la pauvre bête se sente moins seule, en attendant sa mort imminente.
Plusieurs semaines plus tard, au journal télévisé on apprit la mort d'une femme. Qui faute d'amis ou de famille, avait préférée mourir au côté d'une vache et lentement se laisser partir vers le repos éternel, que lui offrait la mort.
