Bonjour !
Cette fic traîne sur mon pc depuis un petit moment alors pourquoi pas la partager ici. ^^
Résumé : le récit débute à la fin d'An Unexpected Journey (les deux autres films n'ont aucune incidence dessus) et se terminera à la fin de l'aventure. Il sera divisé en trois parties : la descente du Carrock, l'escale chez Beorn et le passage à Lake-Town.
Bofur a donc une personnalité très entreprenante lorsqu'il se détache les cheveux et c'est Bilbo qui va en faire les frais. Ce dernier va vite se rendre compte que son cœur chancelle entre le roi charismatique et le mineur sympathique. En même temps, Fíli et Kíli sont ensemble mais ils doivent le taire parce que l'inceste est un crime chez les Nains et s'ils sont découverts, ils seront punis. Enfin, Dwalin s'intéresse à Ori mais Dori et Nori s'y opposent farouchement et vont tout faire pour les séparer.
Au début de l'écriture, cette fic partait de manière humoristique et légère mais au fil des chapitres, elle s'est nettement assombrie.
Voilà, ça sera tout. Ce résumé est lamentable... Enfin, dites-moi ce que vous en pensez, si l'envie vous en dit. :)
Pour ceux que ça intéresse, voici la peinture qui m'a inspirée le décor de la scène : /paintingpic/06152/Oil_Painting_Reproduction_of_Bierstadt_Kerns_River_
Ces personnages ne m'appartiennent pas.
Dernière précision : j'utilise les noms Anglais.
Choix pernicieux
Chapitre 1
Prendre un bain était un luxe dont la Compagnie pouvait rarement profiter sur la route, Thorin ne faisait pas de pauses inutiles et les pressait de plus en plus chaque jour. Il n'acceptait aucun retardement et ce n'était pas fréquent que le groupe s'installe à côté d'un point d'eau suffisamment profond pour s'y baigner. En plus de cela, Bilbo était habitué à se laver tous les jours, c'était le minimum requis quand on avait une bonne hygiène mais il n'était pas en présence de Hobbits. C'était des Nains, des guerriers et des mineurs, ils ne se lavaient pas souvent et cela ne les dérangeait pas. Pour le cambrioleur en revanche, c'était une horreur, il devait supporter leurs odeurs de sueur et de reste d'orcs, trolls ou encore goblins. C'était dégoûtant et chaque coup de vent lui transportant ces effluves dans les narines lui donnait la nausée. Il limitait les contacts avec les autres, même s'il les appréciait, ce n'était vraiment pas vivable.
La dernière fois que le groupe s'était lavé datait de leur séjour à Rivendell, bien avant l'attaque des goblins et d'Azog. Autant dire que cela faisait trop longtemps et que Bilbo n'en pouvait plus. Il semblait être le seul gêné par cette puanteur, peut-être que les Nains étaient privés d'odorat ou celui des Hobbits était plus développé. Peu importait, il fallait remédier à ce problème rapidement. Le cambrioleur se dirigea vers Gandalf qui s'était placé à l'avant du groupe pour le guider lors de sa descente du Carrock, le mage avait dit connaître quelqu'un dans les parages qui pourrait les aider. Avant d'arriver chez lui, ils auraient un jour de marche et après leur rencontre avec Azog, tout le monde avait besoin de se détendre, Thorin plus que les autres. Bilbo se rapprocha du magicien et s'assura que personne n'entendrait leur conversation.
-Gandalf ?
-Qui y a-t-il mon cher Bilbo ?
-Serait-ce possible de trouver un coin près d'un lac pour notre prochain arrêt ? demanda le cambrioleur plein d'espoir.
-Un lac ? J'ai bien peur qu'il n'y en ait pas dans les parages. Vous souhaitez vous baigner ?
-Pas vraiment mais je ne serais pas contre me rincer. A vrai dire, je pense que l'on pourrait tous en faire autant. C'est une question de survie à ce niveau-là… grommela le Hobbit, ce qui fit rire le magicien.
-Vous n'avez pas tort. Trop de jours sont passés depuis la dernière fois où nous nous sommes détendus et après les récents événements, cela nous serait fort bénéfique. La grande rivière Anduin coule juste en-dessous de nous, ce n'est peut-être pas le plus commode mais ce sera suffisant.
-Je suis prêt à tout accepter ! se précipita de répondre Bilbo, ravi à l'idée de se nettoyer.
Il ne restait plus qu'à convaincre Thorin et cela ne serait pas évident. En effet, Gandalf eut beau insister, le roi ne voulait pas s'arrêter avant la nuit. Il était terriblement borné et refusait d'écouter les arguments du vieillard. Une dispute était sur le point d'éclater entre eux. Bilbo, motivé par l'idée de se débarrasser de ces odeurs pestilentielles, se décida à intervenir.
-Thorin, Gandalf a raison. Nous avons besoin de nous reposer, nous sommes épuisés. Nos affaires ont disparu dans la caverne, nous n'avons rien à manger et de plus vous êtes blessé. Que vous l'admettiez ou non, vous en souffrez. S'il vous plaît, arrêtons-nous là pour aujourd'hui. Et puis, je suis inquiet pour vous, j'aimerais jeter un œil à vos blessures, si vous me le permettez, supplia Bilbo d'une voix douce.
Si Thorin détourna la tête pour cacher ses joues rouges face au regard implorant du cambrioleur, personne n'en fit la remarque. Il finit par accepter, à la grande joie de tous, et reçut un magnifique sourire de la part du Hobbit en remerciement. Là encore, le roi fit comme si de rien n'était mais sa vue le perturba.
Gandalf les dirigea vers la rivière et Thorin resta aux côtés de Bilbo pour le reste du trajet, lui adressant la parole de temps à autre dans un essai maladroit mais touchant de faire la conversation, ce qui fit plaisir au plus petit. Ce dernier était ravi du changement d'opinion du roi à son égard, enfin il avait l'impression d'être remonté dans son estime et d'avoir sa place au sein de la Compagnie. Même si le Nain taciturne avait été particulièrement sévère avec lui jusqu'à présent, Bilbo ne lui en tenait pas rigueur, ce n'était pas dans sa nature d'être rancunier et il appréciait les efforts du roi pour se racheter. Il savait que celui-ci n'avait pas un mauvais fond, il avait simplement du mal à s'exprimer et ne faisait pas confiance aux étrangers, après tout ce qu'il avait vécu, c'était compréhensible. De ce fait, avoir gagné son amitié était un véritable honneur pour le Hobbit.
La Compagnie atteignit une vallée verdoyante où coulait tranquillement la rivière dont Gandalf avait parlée. Le coin était agréable, ensoleillé, quelques arbres entouraient la rive, formant une barrière protectrice et une chaîne de montagnes se dressait fièrement au loin. C'était un lieu idéal pour se reposer, le cadre était relaxant voire romantique pour certains. Des oiseaux communiquaient gaiement dans les arbres, le son de leurs chants se répercutant dans l'air et résonnant tout autour de la Compagnie. Bilbo respira un grand coup, gonflant ses poumons de l'air pur ambiant. Il était instantanément tombé sous le charme de cette vallée, s'il fermait les yeux il pouvait presque s'imaginer de retour chez lui, dans sa Comté natale. Ce genre de plénitude lui avait terriblement manqué, ce ne fut qu'à ce moment-là qu'il se rendit compte à quel point être loin de sa maison lui pesait. Ici il se sentait bien, presque en sécurité et il aurait aisément pu y rester pendant des semaines sans manquer de rien. Il avait l'impression de revivre, une nouvelle vigueur le prit et un sourire étincelant décora ses lèvres, il était heureux.
Un à un, les Nains s'installèrent sur le rivage, déposant leurs armes et se dévêtant de leurs habits qui ne ressemblaient plus à grand chose. La plupart étaient en lambeaux et couverts de sang, ce n'étaient plus que des guenilles qui tenaient entières grâce à une intervention divine. Ils se dirigèrent vers l'étendue d'eau, ne semblant pas gênés d'être nus comme des vers devant les autres. Seuls Thorin, Bofur, Bilbo et Balin étaient encore habillés, Gandalf s'était éloigné du groupe, à la recherche de quelques victuailles, probablement.
Le courant était faible et l'eau peu profonde, il devait sûrement y avoir des poissons dans la rivière. Ori glissa sur un caillou et laissa échapper un cri de surprise avant de se retrouver entièrement submergé. Lorsqu'il refit surface, ses cheveux lui tombaient devant les yeux, le faisant ressembler à un chat trempé mais tout le monde rit de sa maladresse, lui-même les joignit, trop détendu pour être vexé. Kíli et Fíli étaient déjà en train de faire la course pour savoir qui nageait le plus vite mais visiblement l'aîné était bien content de perdre, profitant allègrement de la vue se son petit frère nu devant lui. Ce dernier remarqua son manque d'entrain et se retourna pour lui demander ce qu'il faisait quand il le vit avec un regard des plus lubriques sur le visage. Sentant qu'il allait y passer s'il n'accélérait pas, Kíli renouvela ses efforts mais ce fut peine perdue car Fíli avait finalement décidé qu'il pouvait être plus rapide que son frère. Il l'attrapa et l'attira contre lui, le jeune archer se débattant avant de finalement se laisser enlacer tendrement dans les bras musclés et protecteurs de son aîné. Il dut faire un effort pour ne pas se pencher vers lui et l'embrasser devant tout le monde, choisissant de le repousser dans l'eau à la place.
Ori s'était assis dans l'eau et discutait vivement avec Bombur qui surveillait d'un œil distrait son cousin Bifur en train de chasser un poisson. Un peu plus loin, Dori guettait son benjamin tout en bavardant avec Óin et Glóin qui fumaient leurs pipes au Soleil, étendus sur l'herbe. Nori semblait se désintéresser de tout cela, il était posté à l'écart de tous, allongé sur un rocher en-dehors de l'eau et observait les alentours mais son indifférence n'était qu'une couverture pour ne pas montrer que ses yeux avertis suivaient les mouvements de Dwalin qui tentait peu discrètement d'approcher le jeune scribe. Seuls les sourcils froncés du voleur trahirent son irritation mais il ne bougea pas. Si une pierre atterrit sur le crâne rasé du guerrier, surprenant celui-ci, alors qu'il venait de poser son bras autour des frêles épaules d'Ori, ce n'était pas du tout sa faute. Il avait beau détester les manières mère poule de Dori et penser que leur jeune frère était suffisamment grand pour se débrouiller seul, il y avait certaines choses qu'il n'acceptait pas, comme l'idée que la grande brute tatouée tente quoi que ce soit de répréhensible envers le dessinateur du groupe. De ce fait, un deuxième projectile rebondit sur la tête de Dwalin, qui ne savait toujours pas d'où ils venaient, suivi d'un troisième. Nori avait tout un tas de munitions à ses côtés et ainsi, il s'entraînait à mieux viser.
Thorin grogna et refusa l'assistance de Balin lorsque celui-ci lui proposa de le déshabiller. Le roi n'était plus un enfant, il pouvait s'en sortir sans l'aide de personne malgré quelques égratignures. Le conseiller secoua la tête devant tant d'entêtement et abandonna, rejoignant le reste des Nains dans l'eau pour un bain bien mérité. Il rejoignit son frère qui avait enfin repéré Nori et qui le menaçait en Khuzdul à l'aide de gestes très insultants. Balin soupira, son cadet était un barbare jusqu'au bout des ongles, comment espérait-il séduire (à cette pensée, le conseiller rit) un jeune Nain aussi fragile et bien éduqué qu'Ori ? Il était temps d'intervenir et de calmer Dwalin s'il voulait faire bonne impression devant son futur beau-frère. Ce dernier ne prêtait pas attention aux cris bestiaux du guerrier et fumait tranquillement sa pipe. Le pauvre scribe ne comprenait pas la situation et regardait son frère cadet puis son intendant (bien qu'il ne le savait pas encore) et se demandait pourquoi ils se disputaient.
Pendant ce temps, Bifur avait entrepris de mettre la tête sous l'eau pour attraper les poissons plus facilement mais il en avait oublié de remonter à la surface pour respirer. Bombur dut donc le repêcher et recevoir une série de reproches en Khuzdul pour l'avoir interrompu.
Kíli et Fíli avaient disparu depuis un moment derrière un rocher mais il revinrent à ce moment-là, le sourire jusqu'aux oreilles et l'air plus détendus que jamais. Ils observèrent la situation et se mirent à rire quand ils entendirent Dwalin grogner qu'Ori n'était plus un jeune Nain et qu'il était suffisamment adulte pour comprendre les choses de l'amour, ce qui fit virer pivoine ce dernier. Les deux frères Durin explosèrent de rire, soit à la vue du scribe transformé en écrevisse, soit d'entendre une brute telle que Dwalin parler d'amour, personne ne savait. Plus loin Dori s'était évanoui après avoir entendu les mots « sexualité » et « Ori » dans la même phrase. Óin et Glóin essayaient de le ranimer, pour le moment sans succès.
Sur le rebord, Bilbo se trouvait entre Thorin et Bofur, perplexe quant au comportement de la Compagnie. Le fabriquant de jouets était hilare et le roi se retenait de ne pas se prendre la tête dans les mains de désespoir, ses hommes n'étaient vraiment pas supportables. Il ne pouvait pas leur reprocher de se détendre après tout ce qu'ils venaient de vivre mais un peu de tenue n'était pas trop exiger. Il sentit l'incompréhension du Hobbit à ses côtés et lui jeta un coup d'œil, Bilbo avait les yeux écarquillés, comme s'il ne reconnaissait pas les hommes qui se tenaient devant lui. Thorin compatissait, lui aussi avait du mal à admettre que ces personnes faisaient partie de la Compagnie.
-Que leur arrive-t-il ? demanda le cambrioleur perdu. Ils semblent être tous devenus fous.
-C'est les nerfs ça, lui répondit Bofur, son sourire s'entendant dans sa voix. On est tous épuisés et l'adrénaline qu'a couru dans nos veines jusqu'à présent est la seule chose qui nous ait gardés en vie. Maintenant qu'y a plus de danger, on s'relaxe.
-Ne vont-ils pas en venir aux mains ? s'inquiéta le Hobbit.
-Nan, ils n'ont plus la force de s'battre. Vous inquiétez pas, tout va bien. Cette situation est tout à fait normale, le rassura le mineur en passant un bras autour de ses épaules.
-Ils sont plus indisciplinés que des enfants ! résonna la voix sèche du roi.
-Ne soyez pas trop dur avec eux, ils ont raison de profiter. Laissez-les célébrer le fait que l'on ait tous survécu et que leur leader soit encore de ce monde. Il y a cinq heures, rien n'était moins sûr. Ils ont mérité une brève récréation, le corrigea Bilbo. Et vous aussi d'ailleurs, vous avez besoin de vous reposer.
-Bilbo a raison Thorin, on vous a presque perdu tout à l'heure, enchaîna Bofur d'un ton solennel qui ne lui ressemblait pas. Chacun d'ent' nous aura cette image gravée à vie dans sa mémoire et l'seul moyen d'éloigner les cauch'mars est d'évacuer la tension.
-Et maintenant, venez par ici, que je vois vos blessures ! ordonna le Hobbit en entraînant le roi récalcitrant à l'idée de se faire materner.
Le Nain à la pioche les regarda faire, un sourire amusé sur le visage. Ses yeux s'adoucirent lorsqu'ils se posèrent sur leur plus petit compagnon. Bilbo était vraiment quelqu'un de formidable, son sacrifice un peu plus tôt les avait tous agréablement surpris. Sans lui, leur roi ne serait plus de ce monde. Il s'était volontairement mis en danger pour protéger un Nain, quelqu'un qui jusqu'à il y a peu le méprisait, ce n'était même pas son souverain et pourtant il l'avait aidé. Il y avait plus de courage dans ce petit corps qu'ils ne l'avaient cru. Le cambrioleur arrivait même à faire obéir Thorin, ce dernier ne cessait de protester contre le traitement qu'il recevait mais il ne faisait rien pour repousser Bilbo. Les Hobbits étaient très têtus apparemment, et déterminés. Bofur rit lorsqu'il entendit un semi-homme courroucé lever la voix contre le roi des Nains.
-Thorin Oakenshield ! Vous allez arrêter de vous comporter comme un enfant et vous laisser faire ! Ces plaies doivent être soignées de toute urgence !
Si un simple Hobbit pouvait contrôler un orgueilleux Nain comme Thorin, alors cela en disait long sur ce qu'il était capable de faire. Bilbo était l'opposé du roi, ils s'équilibraient parfaitement, ces deux-là pouvaient créer un lien très solide s'ils en avaient l'occasion. Bofur essaya de s'imaginer Erebor avec Thorin en souverain et Bilbo Baggins, son consort. L'image était amusante et touchante à la fois, s'il y avait bien quelqu'un qui pouvait maîtriser le descendant de Durin, c'était ce semi-homme, il n'y avait aucun doute. Et pourtant, il y avait quelque chose avec ce concept qui ne convenait pas au mineur, comme si l'idée de Bilbo avec le roi n'était pas acceptable, alors qu'ils seraient sûrement heureux ensemble. Cependant le fabriquant de jouets n'aimait pas cela, il ne voulait pas que le Hobbit s'intéresse à Thorin même si ce dernier avait tout pour plaire. Il était fort, courageux, déterminé, beau, fier et c'était un roi. Qui n'en voudrait pas ? Alors que Bofur à côté ne valait pas grand chose, il ne possédait rien, savait à peine se battre, son seul talent consistait à sculpter des jouets ou à creuser la roche et il n'était pas de la famille royale contrairement à tous les autres Nains de la Compagnie. Bombur, Bifur et lui étaient les descendants des Nains de la Moria, d'honnêtes mineurs certes, des guerriers qui avaient combattus auprès de Durin lui-même mais ils restaient pauvres. Ils ne savaient même pas écrire ni lire mais cela il n'oserait jamais l'avouer au Hobbit qui éprouvait une véritable passion pour la littérature.
Bofur n'était rien mais il souhaitait que le semi-homme le regarde avec des yeux pleins d'admiration et d'affection. Il désirait que ses petites mains le caressent tendrement, que ses bras fins l'enserrent, que ses sourires lui soient destinés. Il ne demandait pas grand chose, juste de pouvoir aimer le Hobbit en toute liberté. Il n'avait rien à lui offrir pour le moment mais une fois qu'ils seraient à Erebor il deviendrait riche et là il pourrait le couvrir de gemmes et d'or. Il possédait déjà l'amitié du cambrioleur, ce qui était un cadeau plus précieux que n'importe quel trésor mais au plus profond de son être il voulait plus. Bilbo avait réveillé en lui des sentiments qu'il n'avait jamais éprouvés avant, c'était la première fois qu'il tenait tant à quelqu'un de manière non platonique. Son frère et son cousin étaient la seule famille qui lui restait et il les adorait mais ce qu'il ressentait pour le semi-homme n'était pas comparable. Le Nain à la pioche désirait ardemment protéger ce petit être, le tenir éloigné de tout danger, le prendre dans ses bras, le rassurer lorsqu'il avait peur ou le faire rire quand il était triste, lui changer les idées quand il avait le mal du pays. Tout cela pouvait encore passer pour une relation entièrement amicale mais ce n'était pas tout ce que Bofur rêvait de faire. Il brûlait d'embrasser Bilbo, recouvrir son corps de baisers et de caresses, le chérir et lui faire savoir qu'il était aimé, l'entendre murmurer son nom dans un moment de tendresse ou le crier suite à la passion de leurs ébats.
Bofur secoua la tête, il s'éloignait. Jamais cela ne serait possible si l'on en croyait le regard attendri qu'envoyait Bilbo à Thorin. Le petit cambrioleur était déjà épris du roi et ce dernier ne semblait pas y être indifférent. Pourtant il ne se passait rien pour le moment, ils n'étaient que des amis. Aucun des deux n'osait faire le premier pas et ils passaient leur temps à se tourner autour. Le fabriquant de jouets pouvait mettre un terme à tout cela, empêcher leur relation de se développer. S'il intervenait maintenant, pendant que tout était timide, il aurait une chance mais ce n'était pas juste pour Bilbo. Peut-être qu'il ne ressentait rien pour Bofur et qu'il ne serait pas heureux avec lui. Il valait mieux oublier. Le Nain tourna la tête et se dirigea vers le bois, il essayerait d'attraper un animal pour le repas.
-Vous ne venez pas vous baigner avec nous Monsieur Bofur ? demanda innocemment le Hobbit.
Thorin était déjà dans l'eau, rinçant ses plaies qui venaient d'être soigneusement désinfectées par un cambrioleur aux doigts de fée. Tout le monde s'était calmé et profitait d'un moment de repos. La question fit sursauter le Nain à la pioche, il ne pouvait pas lui dire la vérité.
-Ah, euh… non. J'irai plus tard. J'vais faire un tour.
Bilbo regarda son ami partir rapidement de manière perplexe, comme s'il essayait de cacher quelque chose. Il se déshabilla prestement et rejoignit les autres dans l'eau. La température n'était pas élevée mais c'était mieux que rien, enfin il pouvait se rincer et enlever toute la poussière et la crasse accumulées. Il observa ses compagnons. Ori était placé entre Dori et Nori, bien loin de Dwalin qui possédait d'impressionnantes bosses sur le crâne et qui fulminait dans son coin. Oin, Glóin et Balin somnolaient sur le rivage, le dernier surveillant son frère et s'assurant qu'il n'aille pas forcer le barrage que formaient Dori et Nori autour de leur benjamin. Bombur et Bifur étaient occupés à… en réalité Bilbo ignorait ce qu'ils faisaient et préférait ne pas le savoir. Fíli était assis à côté de son oncle, sa moitié brune appuyée sur son épaule et presque endormie. Thorin se tenait droit, laissant l'eau nettoyer sa peau, il avait fermé les yeux et semblait détendu.
L'aîné des frères Durin fit de grands signes et appela Bilbo, l'invitant à les rejoindre, ce qu'il fit avec plaisir. Il hésita quelques secondes, ne sachant pas où s'installer, la seule place disponible était juste à côté de Thorin et le roi se reposait, le semi-homme ne voulait pas le déranger. De plus, il était nu et cela provoqua une autre gêne chez lui. Finalement il décida de s'asseoir quand même, en essayant de mettre le plus d'espace possible entre le guerrier et lui.
-Vous semblez content Bilbo, murmura Fíli, son bras autour de son frère qui dormait toujours.
-Ah oui. Cet endroit est tout simplement magnifique et cela fait du bien de se détendre. Je crois qu'on en avait tous besoin, répondit le semi-homme sur le même ton.
-C'est vrai. Ça fait longtemps qu'on n'a pas pris de temps pour nous. On n'aurait pas pu aller bien loin dans notre état. Je ne me souviens pas de la dernière fois que j'ai vu Kíli si relaxé, continua le prince en lançant un regard si tendre à son frère que Bilbo en fut touché.
-Vous aussi vous avez besoin de repos. Je sais que vous êtes obstinés dans la famille mais vous devriez prendre exemple sur votre frère pour une fois, et pas votre oncle, qui est sans conteste, le pire patient que j'ai eu à soigner, soupira le Hobbit en secouant la tête.
Fíli rit, le son agréable et tellement apaisant.
-C'est vrai que Thorin est un peu borné. D'accord, très borné, rectifia le blond lorsque que le cambrioleur pouffa de rire. Mais au final c'est vous qui l'avez convaincu de s'arrêter, ce n'est pas rien.
-Je crois que j'aurais été capable d'en arriver au fer s'il avait insisté. Votre oncle est le Nain le plus têtu que je connais mais j'ai plusieurs membres de ma famille qui sont du même genre et croyez-moi, je ne me suis jamais laissé faire. Ce n'est pas un roi grognon qui va me faire peur !
A peine eut-il fini de parler que le roi en question fit savoir qu'il ne dormait pas et qu'il avait écouté toute la conversation.
-Je n'ai pas pour habitude d'être grognon, M. Baggins, le corrigea Thorin d'une voix grave. Nous faisons une quête dangereuse et très importante, nous n'avons pas le temps de nous attarder.
-Oui, j'en conviens mais nous sommes tous épuisés et tenons à peine debout. Avancer ne servirait à rien dans ce cas, si nous devions faire face à des ennemis, nous serions incapables de nous battre. De plus, quand vous êtes fatigué vous avez tendance à prendre de mauvaises décisions alors pour une fois, vous allez accepter que j'ai raison et vous détendre.
Fíli dut se mordre la lèvre pour ne pas exploser de rire devant la mine choquée de son oncle. Apparemment le roi n'avait pas pour habitude d'être contredit ou de recevoir des reproches quant à ses choix. Bilbo le menait à la baguette, c'en était vraiment comique. Il avait réussi à fermer le clapet du terrifiant Thorin Oakenshield, ce dernier ne savait plus quoi dire. Le Hobbit semblait fier de lui et ne dit plus rien pendant un moment, considérant la discussion close.
Au bout de plusieurs minutes de silence, Bilbo remarqua que tous les Nains s'étaient détachés les cheveux et la barbe. C'était assez étrange de les voir ainsi, complètement naturels, ils avaient tous une sacrée épaisseur mine de rien. Les pires étaient peut-être Dori et Nori, ils étaient méconnaissables sans toutes leurs tresses, leurs cheveux volaient au vent et partaient dans tous les sens. Leurs longueurs étaient assez inattendues mais ce n'était rien comparé à Bombur, il y en avait de partout, tellement qu'on ne différenciait pas sa barbe de ses cheveux, ils traînaient comme un voile autour de lui et flottaient sur l'eau. Un hoquet de surprise s'échappa de la gorge de Bilbo, faisant se retourner Fíli vers lui.
-Qu'est-ce qui ne va pas ?
-Rien. Je… Je ne vous avez encore jamais vu les cheveux et la barbe libres. C'est surprenant.
-Ah oui, ça peut paraître effrayant la première fois mais on s'y habitue vite. Les tailles varient mais celle de Bombur est particulièrement impressionnante.
-De quoi tu parles ? demanda soudainement Kíli qui venait de se réveiller, le ton légèrement paniqué.
-De barbes, pervers ! le rassura son frère en le frappant sur le crâne.
-Ah ! Oui ! C'est vrai que des fois on a l'impression qu'il va s'étouffer avec. Elle est tellement longue et épaisse, continua le jeune prince sur un ton obscène.
-Kíli ! s'écria l'aîné déprimé, ce qui déclencha un fou rire chez l'archer.
Bilbo ne dit rien mais rougit violemment, ne souhaitant pas penser à ce genre de choses, surtout concernant Bombur. Thorin intervint, mettant fin aux enfantillages de ses neveux d'une voix sèche. Les deux frères s'éloignèrent et allèrent nager un peu plus loin. Le calme revint dans la vallée, chacun se prélassant au Soleil. Les yeux du Hobbit retournèrent sur ses compagnons, observant leurs apparences et les trouvant nettement moins effrayants ainsi. Ils ressemblaient plus à un groupe de chiens ruisselants plutôt qu'à une troupe de valeureux guerriers. C'était amusant de les voir ainsi, ils paraissaient presque inoffensifs, ils perdaient certainement de leur dignité mais pour une fois, ils semblaient accessibles, plus humains et Bilbo ne se sentit pas à l'écart. Il se demanda à quoi pouvait bien ressembler Bofur les cheveux détachés, son ami était plutôt attirant avec son chapeau et ses tresses alors sans il devait être relativement séduisant. D'ailleurs il ne comprenait toujours pas pourquoi ce dernier ne les avait pas rejoints, il ne manquait que lui, c'était étrange.
Bombur, qui flottait par là, ses cheveux et sa barbe formant un cape orange autour de son corps, se cogna contre un rocher et dut se relever. Bilbo décida de lui demander directement pour quelle raison son frère n'était pas dans la rivière.
-Monsieur Bombur, excusez-moi. J'aimerais vous poser une question.
-Oui ?
-Pourquoi Bofur ne se joint-il pas à nous ? A-t-il peur de l'eau ?
Sa question provoqua un arrêt de toute conversation, douze paires d'yeux se tournèrent vers lui et le fixèrent comme s'il avait insulté Durin. Bombur semblait gêné et n'osait pas regarder le petit cambrioleur en face, préférant jouer avec sa barbe. Thorin fronça les sourcils mais ne dit rien.
-Ah, et bien, vous voyez… C'est un peu particulier… Mon frère a… un comportement bizarre quand il détache ses tresses. Il devient quelqu'un d'autre en que'qu' sorte, expliqua vaguement le gros Nain.
-Comment cela ?
-Quand Bofur a les ch'veux détachés, sa personnalité change. En temps normal il est sympathique, décontracté, toujours prêt à rend' service mais il est plutôt passif. C'est pas lui qui commenc'rait une bagarre. Enfin vous voyez comment il est. Et quand ses ch'veux sont libres, il est total'ment différent, lui-même se contrôle plus. Il fait c'qu'il ose pas faire habituellement et oublie toute courtoisie. Pour vous dire la vérité, il d'vient dangereux.
-Dangereux ? Vous voulez dire qu'il est violent ? s'écria Bilbo qui ne pouvait s'imaginer son ami si gentil se transformer en guerrier assoiffé de sang.
-Non, il f'rait pas de mal à une mouche avec ou sans ses tresses ! s'empressa de le corriger Bombur. Disons qu'il laisse tomber ses inhibitions et s'comporte comme un… Il d'vient un véritable charmeur et va tenter d'séduire tous ceux qu'il croise. Rien l'arrête et il le fait pas volontair'ment, c'est son inconscient qui prend l'contrôle. Le seul moyen de l'faire red'venir normal est d'le r'coiffer. C'est pour ça qu'il se baigne jamais avec nous. Les rares fois où c'est arrivé, plusieurs incidents ont eu lieu, conclut le cuisinier en lançant un regard désolé vers Kíli qui rougit alors que Fíli resserra de manière possessive sa prise autour de sa taille en grognant.
-C'est assez difficile à imaginer. A quoi cela est-il dû ?
-On l'ignore, ça a toujours été comme ça, aussi longtemps qu'j'm'en souvienne. J'vous en pris M'sieur Bilbo, tentez pas d'approcher mon frère quand il prend son bain, il se r'tiendra pas même si vous êtes un ami. Il vous f'ra pas de mal mais son comportement s'ra déplacé et très entreprenant.
Thorin grogna, semblant appuyer la requête de Bombur, et était à deux doigts de ramener le Hobbit contre lui afin de le protéger d'une quelconque attaque par un Bofur immoral.
Bilbo réfléchit à ce qu'il venait d'apprendre, il n'avait jamais entendu parler d'une telle chose. Il avait tellement de mal à y croire, le fabriquant de jouets était adorable et tellement prévenant, se le représenter comme un séducteur invétéré était impensable. Il aurait bien aimé demander confirmation au concerné mais il doutait que ce dernier voudrait en parler. Cela expliquait pourquoi il n'avait jamais vu Bofur les cheveux détachés ni même en train de se laver. Pourtant il aurait bien aimé en avoir l'occasion.
Toute la Compagnie était au courant de la particularité de Bofur et bien qu'il n'y pouvait rien, les autres étaient quelque peu mal à l'aise en sa présence. Ils avaient tous été témoins au moins une fois d'une apparition du côté caché du Nain et certains en avaient même fait les frais, Fíli et Kíli en particulier. Le plus jeune prince s'était retrouvé seul face au fabriquant de jouets qui avait sauté sur l'occasion pour lui faire du charme. L'archer ne s'y était pas attendu et n'avait pas su comment réagir. Il appréciait Bofur, c'était un compagnon loyal et un ami fidèle mais de le voir en mode prédateur avait sérieusement troublé Kíli. Par chance, son frère l'avait vite rejoint et ce dernier, en voyant sa moitié coincée entre un mur et un autre Nain un peu trop audacieux, avait vu rouge. Son instinct possessif était sorti en force et le blond avait envoyé une droite dans le visage de leur comparse qui avait atterri au sol. Bofur en avait ri, ne semblant pas plus gêné que cela et s'était relevé comme si de rien n'était. Fíli lui avait clairement fait comprendre que s'il s'approchait encore une fois de son frère, il lui enfoncerait sa pioche dans le crâne.
Plus tard, le mineur était venu demander pardon, coiffé de ses tresses et de son chapeau, bredouillant et honteux. Il avait à peine osé regarder les princes dans les yeux. Ces derniers n'avaient pas compris le comportement anormal de leur camarade qui leur avait tout expliqué. Après de nombreuses excuses et assurances à l'égard de Fíli qu'il n'avait aucune attirance envers son frère, les héritiers lui avaient pardonné, à la demande du plus jeune qui ne lui en voulait pas. L'aîné avait même éprouvé des remords à la vue du bleu sur la joue de Bofur. Le fabriquant de jouets était trop gentil pour tenter quoi que ce soit d'immoral et avait visiblement regretté ses actions.
Thorin ne voulait pas que le Hobbit approche le mineur dans ces conditions. Il savait déjà que les deux entretenaient une relation amicale, Bofur était probablement celui qui s'entendait le mieux avec Bilbo. Le roi avait commencé à développer une sorte de fascination pour leur cambrioleur, il l'intriguait et même si le semi-homme avait prouvé qu'il pouvait se débrouiller, le descendant de Durin désirait le protéger. Il ignorait d'où lui venait cette envie et craignait de le découvrir. Il n'avait pas l'habitude de s'intéresser à une autre personne, surtout d'une autre espèce mais le Hobbit s'était frayé un chemin sous la carapace du roi. Il l'avait soigné et forcé à faire une pause, il était capable de lui tenir tête et cela plaisait au Nain, c'était rare que les gens osent dire ce qu'ils pensaient des décisions de Thorin. Ce petit bonhomme était plein de surprises et de bravoure, il avait réussi à éveiller l'intérêt du roi sous la montagne. Maintenant il serait plus conciliant avec lui, il surveillerait ses paroles et garderait un œil sur Bofur, Thorin ne voulait pas que le mineur corrompe le cambrioleur.
La Compagnie termina de se laver paisiblement, elle sortit de l'eau alors que le Soleil commençait à descendre derrière la cimes des arbres. Gandalf était revenu, accompagné de Bofur et ils ramenaient de quoi se nourrir. Tous les autres s'allongèrent sur l'herbe pour se sécher. Ils refirent leurs tresses une à une et le spectacle était assez amusant à regarder. Kíli prit sa place derrière son frère et se chargea de démêler sa crinière blonde avant de le coiffer. L'aîné se laissa faire, semblant parfaitement détendu, il avait fermé les yeux et était prêt à s'endormir sous les caresses de son compagnon. Ce dernier passa devant et s'attaqua à sa moustache qu'il tressa diligemment. Il reçut un regard lourd de sens pour ses efforts, ne pouvant pas faire plus en public.
Bilbo admira la chevelure couleur ébène de Thorin et se surprit à vouloir y passer ses mains, sentir les douces mèches glisser entre ses doigts comme de l'eau. Il rougit à cette pensée, jamais le roi ne le laisserait faire. Tresser les cheveux d'un Nain était privé, seul un membre de la famille proche ou le compagnon attitré pouvait le faire. Lui n'était rien de tout cela, il n'avait pas le droit de coiffer le moindre de ces guerriers, en particulier le roi.
