Si je t'aime…
Chapitre I : Deux ans
Auteur : Lojie
Date : 22 Août 2003
Disclaimer : Characters of Alias belong to J.J. Abrams, Bad Robot and ABC.
Ship : S/Sa/I/Other
Rating : PG-13
Genre : Angst/Aventure/Drama
Spoilers : post-Telling
Note de l'auteur : Cela fait très longtemps que je n'ai pas écrit de fics, me consacrant essentiellement aux webséries. J'ai déjà fait il y a peu un poème sur Sark qui est mon personnage préféré dans Alias. J'adore son côté arrogant, imbu de sa personne et très mystérieux. On ne sait toujours pas qui il est, quel est son but et j'espère qu'il aura beaucoup de lignes dans la saison 3. Cette fanfiction tourne autour de lui même si le personnage principal est notre 'tite S*4 adorée (Syd-Super-Sexy-Spy lol)
¤¤¤ ¤¤¤ ¤¤¤
Sydney avait un coude posé sur le bureau, son menton calé contre la paume de sa main gauche. Elle tenait la droite devant elle et fixait son annulaire nu, dépitée. Aucune bague. Cela faisait trois mois depuis la fameuse nuit de son réveil à Hong Kong. Trois mois étranges où tout semblait tourner au ralenti autour d'elle. Où tout avait été bouleversé en l'espace de deux ans qui se résumait dans un esprit à une seule nuit où le double de Francie, une certaine Allison Doren, avait tenté de la tuer et avait manqué de peu d'ôter la vie de Will Tippin. L'ancien journaliste qui travaillait toujours pour la CIA, l'avait accueilli chez lui et n'avait gardé aucune rancœur. Il avait eu deux ans pour s'habituer à la mort de Francie. Sydney n'en était qu'à son troisième mois de deuil et son amie lui manquait terriblement.
Beaucoup de changements avaient eu lieu au sein de la CIA. Vaughn avait démissionné depuis longtemps. La cause en avait été la mort officielle de Sydney Bristow. Sa maison avait brûlé pendant la sanglante nuit de sa disparition. Des cendres contenant quelques traces de son ADN avaient été retrouvées et elle avait été déclarée comme décédée. Une rumeur courrait que Vaughn allait revenir. Sydney était ravie et effrayée à cette idée. Il lui manquait mais… il était marié… et pas avec elle.
Kendall n'était plus à la tête de leur cellule et Dixon avait repris les rênes. Sydney se félicitait de cette nouvelle, elle avait toujours trouvé l'ancien directeur très antipathique. Mais malgré qu'elle et Marcus soient amis depuis longtemps et se fassent mutuellement confiance, il rechignait à l'envoyer sur le terrain. Elle avait disparu pendant deux ans et les séances de régression pour tenter de lui faire retrouver la mémoire ne donnaient pas beaucoup de résultats. Aussi, Sydney s'était vue attribuer du travail de bureau, une tâche qu'elle détestait. Quant à Marshall, Weiss et Carrie, ils n'avaient pas changé. Ils étaient les seuls rayons de soleil de sa journée, ponctuant son quotidien de petites plaisanteries et d'éclats de bonne humeur.
Deux dernières choses avaient beaucoup changé en deux ans. Deux dernières choses dont Sydney avait beaucoup de mal à s'habituer. La première était son père dans une cage de verre. Durant l'absence de sa fille, il avait tout fait pour la retrouver, y compris collaborer avec Irina Derevko. La CIA l'avait découvert et la sanction fut immédiate. On ne pouvait s'allier avec l'ennemi ainsi, même pour une cause juste. Sydney passait régulièrement le voir mais l'homme était brisé. Un mince sourire illuminait tout de même ses lèvres pincées dès qu'il voyait sa fille saine et sauve face à lui.
La seconde chose était Sark. Il travaillait pour la CIA. Pas de son plein gré, bien sûr. Une puce avait été implantée dans son cerveau, il désobéissait une seule fois et il se retrouvait avec toute sa matière grise sur les genoux. Il avait une sorte de nounou avec qui il faisait équipe durant les missions qu'on lui assignait : Natti Hugues. C'était une femme d'une beauté à couper le souffle. Sa peau était délicatement chocolatée, ses yeux en amandes étaient couleur café, elle portait sa chevelure ébène généralement en chignon et elle se chaussait tout le temps de minces talons au bout de ses jambes interminables. Elle était légèrement moins grande que Sydney et beaucoup plus fine de taille et d'épaules.
Elle et Sark s'entendaient à merveille. Cela avait surpris tout le monde. Natti Hugues s'était en quelque sorte spécialisée dans le gardiennage de criminels dangereux et c'est pourquoi Kendall qui à l'époque dirigeait toujours la cellule, l'avait expressément demandé à pouvoir utiliser le jeune tueur aux fins de la CIA. Au bout d'un an et demi de collaboration, Natti et Sark n'avaient failli à aucune mission. Quand ils n'étaient pas sur le terrain, l'homme était renvoyé dans sa cage de verre, l'ancienne d'Irina Derevko. Natti venait souvent lui rendre visite ce qui étonnait le reste de l'équipe. Comment pouvait-on se lier d'amitié avec le diable en personne ?
Sydney sursauta quand Weiss arriva près de son bureau :
" Excuse-moi, " dit-il confus. " Je ne voulais pas te faire peur. "
" Ce n'est rien, " répondit-elle, brutalement ramenée dans le monde des vivants. " Qu'est-ce que je peux faire pour toi ? "
" Moi, rien, " répondit Weiss en s'amusant d'une main avec son vieux Yo-Yo. " Par contre, Dixon veut te voir. Maintenant. "
Elle acquiesça et se leva pour se diriger vers la salle de briefing. Ses jambes tremblaient légèrement : l'excitation. Sydney avait plusieurs fois fait part à son ancien partenaire de son souhait à retourner sur le terrain. Peut-être allait-il enfin exaucer son vœu ? Elle poussa la porte et découvrit Marshall déjà assis à table. Il se leva brièvement pour la saluer. Dixon était debout près d'un écran.
" Sydney, " murmura-t-il, chaque fois ému de la revoir depuis trois mois, il l'avait crû perdue à jamais. " Nous avons un problème et tu vas pouvoir nous aider. "
" Je vais retourner sur le terrain ? " Coupa-t-elle en prenant une chaise.
" Oui, " admit Dixon en ne pouvant s'empêcher de sourire face à l'air ravi de Sydney, elle ne connaissait pas encore la suite. " Mais pas toute seule. "
L'expression de la jeune femme se fana. Pourvu que ce ne soit pas Vaughn. Pourvu que ce ne soit pas Vaughn. Pourvu que ce ne soit pas Vaughn.
" Tu iras avec Sark, " déclara Dixon d'un ton calme.
Sydney manqua de s'étrangler avec sa salive. Elle tenta de ne pas laisser paraître sa surprise mais même Marshall qui n'avait pas une formation d'espion, avait remarqué son changement d'attitude.
" Et Natti Hugues ? Ce n'est pas elle qui est censée le garder habituellement ? "
" Justement, " soupira Dixon en allumant l'écran derrière lui. " Il y a eu un problème lors de la dernière mission. L'agent Hugues s'est prise plusieurs balles. Elle est en hospitalisation intensive même si ses jours ne sont plus en danger. Nous n'avons donc plus personne pour surveiller Sark. Il est actuellement avec elle à l'hôpital. Il n'a rien. "
Sydney observa l'écran. C'était le film d'une caméra de surveillance, en noir et blanc et couvert de parasites. Elle vit clairement Natti Hugues se prendre plusieurs balles en s'engageant dans un couloir. Elle n'avait pas vu les tireurs à cause d'un coude. Sark arrivait derrière elle et abattait froidement les agresseurs avant de s'agenouiller précipitamment près de Natti pour examiner ses plaies. Sydney remarqua qu'il avait ensuite délicatement soulevé l'agent avant de disparaître en l'emportant.
" Heureusement, ils avaient eu le temps d'accomplir leur mission. C'est sur le chemin du retour que l'agent Hugues est tombée à terre, " précisa Dixon. " Monsieur Flinkman ? "
" Oui ? " S'exclama Marshall en se redressant d'un bond. " Ah oui ! Sydney, monsieur Dixon, euh.. donc voilà un bracelet, enfin le bracelet, le même que Natti.. enfin mademoiselle Hugues.. en fait c'est pas exactement le même mais c'est le même modèle, bref vous me comprenez ? " Silence. " Bon, ce bracelet permet de contrôler la puce qui se trouve dans le cerveau de monsieur Sark. Il y a un code comme ceci à faire, " il l'exécuta sous les yeux attentifs de Sydney. " Et là, boum ! En revoir Sark. Vous inquiétez pas, le bracelet était pas activé, Sark est encore en vie.. malheureusement.. Enfin c'est pas le sujet. Là je viens de l'activer. Un autre bracelet identique est en possession de monsieur Dixon. Donc si jamais Sark veut vous faire un sale coup, vous avez juste à faire la manœuvre et puis voilà ! "
Et puis voilà, répéta silencieusement Sydney. Elle était à présent réduite à la simple fonction de nounou de Sark. Faites que ce soit un cauchemar, un simple cauchemar, pria-t-elle. Mais bien sûr, Dieu n'était jamais là quand on avait besoin de lui. De toute façon, elle n'était même pas croyante. Dixon ordonna à Marshall de quitter la salle et il se tourna vers Sydney, l'air grave :
" C'est une tâche importante, " précisa-t-il, ayant remarqué la non-motivation de son agent. " Sark nous est extrêmement précieux. Je ne peux pas tout te dire sur lui, il y a des choses que tu découvriras par toi-même, mais il a des connaissances que nous ne possédons pas. Il a sûrement encore beaucoup de secrets et chacune des révélations qu'il daigne nous donner nous permet de faire d'énormes pas en avant. De plus, c'est un très bon agent de terrain. Il va au plus efficace, il ne panique jamais, il ne se concentre que sur l'objectif de la mission et ne se laisse pas troubler par des préoccupations extérieures : l'agent parfait. "
" Ou plutôt un robot, " rétorqua Sydney avec sarcasme.
Dixon ignora son commentaire et prit une profonde inspiration. Le sujet Sark semblait sensible et elle se doutait qu'elle devait encore ignorer beaucoup de choses.
" Je vais te faire un rapide briefing sur ce que tu as besoin de savoir sur Sark, " reprit son supérieur en s'asseyant sur un coin de table. " Il a été formé par le K-Directore. C'est un ancien enfant des services sociaux de Belfast, abandonné nourrisson. Il a disparu de son dernier foyer après avoir tué son tuteur à l'âge de huit ans. Avec des enfants du projet Christmas, il a été confronté à une rude mais néanmoins complète formation de l'âge de dix à seize ans : techniques de combat, armes, informatique, langues, torture et même éducation sexuelle. Puis il est entré au service d'Irina Derevko alors connu sous le pseudonyme de The Man. Il lui a toujours été loyal alors méfies-toi. Il n'a pas hésité une seule seconde à nous dire tout ce qu'il savait sur Sloane, mais dès que l'on aborde le sujet d'Irina Derevko, même les meilleurs sérums de vérité et le court passage qu'il a fait à Camp Harris n'ont permis d'obtenir une quelconque information de sa part. "
" Comment peut-on ne pas parler à Camp Harris ? " S'étonna Sydney, connaissant la réputation de l'endroit.
" Il arrêtait les battements de son cœur quand la torture devenait insupportable. On ignore comment il y arriverait. Il s'évanouissait et il devait à chaque fois être réanimé. Un jour, il a manqué de peu d'y rester donc Kendall a décidé de le ramener ici et de l'utiliser à d'autres fins. Cela aurait été du gaspillage de torturer Sark jusqu'à qu'il y reste. "
Dixon se tut, se remémorant sûrement quelques souvenirs. Sydney aurait aimé pouvoir faire de même.
" Y a-t-il autre chose que je dois savoir ? " Demanda-t-elle, déjà prête à quitter la salle de briefing.
" Oui, " admit Dixon gêné. " Sark et.. ton père, ont beaucoup travaillé ensemble. L'agent Bristow se servait des informations que connaissaient Sark pour tenter de te retrouver. On soupçonne que c'est par son intermédiaire que ton père a renoué le contact avec Irina Derevko. On ignore comment. Ils sont.. devenus assez proches. Ne t'étonnes donc pas si Sark peut connaître pas mal de choses sur toi. "
De plus en plus génial, maugréa silencieusement Sydney. Elle avait par contre du mal à se faire à l'idée que son père ait pu collaborer avec ce gamin arrogant et son stupide accent anglais ! Deux ans… Tout avait si radicalement changé.
Après le briefing, Sydney retourna à son travail de bureau puis rentra tôt à l'appartement qu'elle partageait avec Will. Demain, elle devait passer prendre Sark à l'hôpital. Il avait réussi à obtenir une autorisation spéciale de Dixon pour rester au chevet de Natti Hugues cette nuit. Sydney n'arrivait pas à comprendre. Comment Marcus pouvait-il accepter une demande de ce tueur ? Elle avait récemment appris qu'il fut l'intermédiaire entre Sloane et Allison Doren, celle qui avait tué Francie. Bâtard… Tout ceci la rendait vulgaire…
Elle s'affala sur son sofa et observa un cadre sur la table basse devant elle : la photo représentait Francie, Will et elle assis dans l'herbe. Le bon vieux temps. Sydney soupira et renversa sa tête en arrière sur le dossier. Son colocataire entra à ce moment et déposa des courses dans la cuisine. Tippin vint ensuite s'asseoir à côté d'elle et jeta un rapide coup d'œil fuyant au cadre :
" Sale journée ? " Demanda-t-il.
" Oui, " répondit-elle las. " J'ai besoin d'un bon bain pour oublier tout ça, puis m'étaler devant la télé avec un gros pot de glace. "
" Qu'est-ce qui s'est passé ? "
" Dixon a enfin accepté que je retourne sur le terrain. "
" Mais c'est génial pour toi ! " La coupa Will. " C'est ce que tu voulais, non ? "
" Je n'y retourne pas toute seule… "
" Vaughn ? " Se risqua-t-il grimaçant.
" Pire. Sark, " répondit Sydney en levant les yeux au ciel. " Je suis sa nouvelle nounou en attendant que Natti Hugues se remette de ses blessures. "
Will ne répondit rien, l'air brusquement absent. Elle soupira. Elle commençait à saturer de tous ces non-dits, de toutes ces demi-vérités qu'on lui servait.
" Quoi encore ? " S'énerva-t-elle. " Qu'est-ce que j'ignore ? "
" Ce n'est pas à moi de te le dire, " répondit-il gravement. " Tu le sauras tôt ou tard. "
" Je croirais entendre Dixon, " se moqua-t-elle.
" C'est sérieux Syd, " renchérit-il préoccupé. " Il s'est passé beaucoup de- "
" Beaucoup de choses en deux ans, merci je suis au courant ! Sauf qu'on ne me dit jamais rien ! "
Sur ce, elle se leva brusquement du canapé et s'enferma dans la salle de bain. Pourquoi sa vie était-elle aussi compliquée ? Elle mit en route les robinets. L'eau qui s'écoulait dans la baignoire permettait d'étouffer les gémissements de ses pleurs.
¤¤¤
Au même moment :
Sark monta sur le toit de l'hôpital de la CIA. Il avait temporairement laissé Natti dans sa chambre. De toute façon, elle n'avait pas ouvert les yeux depuis la dernière intervention chirurgicale qu'elle avait dû subir. Il soupira. Il aurait dû être le premier à passer dans ce couloir. Il aurait dû se recevoir les balles. Il savoura l'air frais et légèrement humide du soir. Elle n'allait pas tarder.
Le jeune homme riait intérieurement. Ce Dixon était si manipulable. Il avait presque aussitôt accepté que Sark reste à veiller auprès de Natti. Bien sûr, il tenait à elle. Il avait appris à la connaître depuis un an et demi, et elle lui avait appris à se dévoiler. Malgré tout, il restait sur ses gardes. C'était son travail de s'occuper de lui même si elle prétendait que ce n'en était plus un. Une furtive ombre accrocha son regard. Elle était enfin là.
Irina Derevko s'approcha de lui. Une étrange lueur s'alluma dans son regard. Sark n'était pas dans son habituel et impeccable costume Armani. Il ne portait qu'un vieux jean lâche et une chemise mal boutonnée. Ses cheveux étaient en bataille et il ne s'était pas rasé depuis deux jours, depuis que Natti avait été blessée. Irina n'avait pas l'habitude de le voir si négligé. Il leva vers elle un regard vide, ses yeux glacés bizarrement éteints.
Elle lui sourit timidement. L'ancienne Laura Bristow s'approcha de lui et écarta ses bras. Sark accepta l'invitation et vint se blottir contre elle. Irina l'étreignit avec tendresse. Elle ne se laissait habituellement pas aller à ce genre de marques d'affection. Mais il en avait besoin. Elle sentit sous ses doigts les muscles frissonnants du dos du jeune homme. Un souvenir traversa brièvement son esprit. Un autre hôpital. Une autre époque. Sans qu'elle ne s'en aperçoive, une comptine du passé retrouva le chemin de ses lèvres :
" L'amour est enfant de Bohème, il n'a jamais connu de loi. Si tu ne m'aimes pas je t'aime, si je t'aime prends garde à toi… "
¤¤¤
Fin du premier chapitre.
Petit Mot de la Fin : Pour le moment, je suppose que vous nagez dans le brouillard et que vous vous demandez : mais qu'est-ce que la CIA cache à Sydney à propos de Sark ? Pourquoi Dixon et Will semblent-ils si mal à l'aise ? Que s'est-il passé entre Jack, Sark et Irina ? Et quel est ce lien fort qui unit Sark et Irina ? Bon d'accord, j'arrête les questions lol !
Prochain chapitre : " Hé ! Jack ! "
Chapitre I : Deux ans
Auteur : Lojie
Date : 22 Août 2003
Disclaimer : Characters of Alias belong to J.J. Abrams, Bad Robot and ABC.
Ship : S/Sa/I/Other
Rating : PG-13
Genre : Angst/Aventure/Drama
Spoilers : post-Telling
Note de l'auteur : Cela fait très longtemps que je n'ai pas écrit de fics, me consacrant essentiellement aux webséries. J'ai déjà fait il y a peu un poème sur Sark qui est mon personnage préféré dans Alias. J'adore son côté arrogant, imbu de sa personne et très mystérieux. On ne sait toujours pas qui il est, quel est son but et j'espère qu'il aura beaucoup de lignes dans la saison 3. Cette fanfiction tourne autour de lui même si le personnage principal est notre 'tite S*4 adorée (Syd-Super-Sexy-Spy lol)
¤¤¤ ¤¤¤ ¤¤¤
Sydney avait un coude posé sur le bureau, son menton calé contre la paume de sa main gauche. Elle tenait la droite devant elle et fixait son annulaire nu, dépitée. Aucune bague. Cela faisait trois mois depuis la fameuse nuit de son réveil à Hong Kong. Trois mois étranges où tout semblait tourner au ralenti autour d'elle. Où tout avait été bouleversé en l'espace de deux ans qui se résumait dans un esprit à une seule nuit où le double de Francie, une certaine Allison Doren, avait tenté de la tuer et avait manqué de peu d'ôter la vie de Will Tippin. L'ancien journaliste qui travaillait toujours pour la CIA, l'avait accueilli chez lui et n'avait gardé aucune rancœur. Il avait eu deux ans pour s'habituer à la mort de Francie. Sydney n'en était qu'à son troisième mois de deuil et son amie lui manquait terriblement.
Beaucoup de changements avaient eu lieu au sein de la CIA. Vaughn avait démissionné depuis longtemps. La cause en avait été la mort officielle de Sydney Bristow. Sa maison avait brûlé pendant la sanglante nuit de sa disparition. Des cendres contenant quelques traces de son ADN avaient été retrouvées et elle avait été déclarée comme décédée. Une rumeur courrait que Vaughn allait revenir. Sydney était ravie et effrayée à cette idée. Il lui manquait mais… il était marié… et pas avec elle.
Kendall n'était plus à la tête de leur cellule et Dixon avait repris les rênes. Sydney se félicitait de cette nouvelle, elle avait toujours trouvé l'ancien directeur très antipathique. Mais malgré qu'elle et Marcus soient amis depuis longtemps et se fassent mutuellement confiance, il rechignait à l'envoyer sur le terrain. Elle avait disparu pendant deux ans et les séances de régression pour tenter de lui faire retrouver la mémoire ne donnaient pas beaucoup de résultats. Aussi, Sydney s'était vue attribuer du travail de bureau, une tâche qu'elle détestait. Quant à Marshall, Weiss et Carrie, ils n'avaient pas changé. Ils étaient les seuls rayons de soleil de sa journée, ponctuant son quotidien de petites plaisanteries et d'éclats de bonne humeur.
Deux dernières choses avaient beaucoup changé en deux ans. Deux dernières choses dont Sydney avait beaucoup de mal à s'habituer. La première était son père dans une cage de verre. Durant l'absence de sa fille, il avait tout fait pour la retrouver, y compris collaborer avec Irina Derevko. La CIA l'avait découvert et la sanction fut immédiate. On ne pouvait s'allier avec l'ennemi ainsi, même pour une cause juste. Sydney passait régulièrement le voir mais l'homme était brisé. Un mince sourire illuminait tout de même ses lèvres pincées dès qu'il voyait sa fille saine et sauve face à lui.
La seconde chose était Sark. Il travaillait pour la CIA. Pas de son plein gré, bien sûr. Une puce avait été implantée dans son cerveau, il désobéissait une seule fois et il se retrouvait avec toute sa matière grise sur les genoux. Il avait une sorte de nounou avec qui il faisait équipe durant les missions qu'on lui assignait : Natti Hugues. C'était une femme d'une beauté à couper le souffle. Sa peau était délicatement chocolatée, ses yeux en amandes étaient couleur café, elle portait sa chevelure ébène généralement en chignon et elle se chaussait tout le temps de minces talons au bout de ses jambes interminables. Elle était légèrement moins grande que Sydney et beaucoup plus fine de taille et d'épaules.
Elle et Sark s'entendaient à merveille. Cela avait surpris tout le monde. Natti Hugues s'était en quelque sorte spécialisée dans le gardiennage de criminels dangereux et c'est pourquoi Kendall qui à l'époque dirigeait toujours la cellule, l'avait expressément demandé à pouvoir utiliser le jeune tueur aux fins de la CIA. Au bout d'un an et demi de collaboration, Natti et Sark n'avaient failli à aucune mission. Quand ils n'étaient pas sur le terrain, l'homme était renvoyé dans sa cage de verre, l'ancienne d'Irina Derevko. Natti venait souvent lui rendre visite ce qui étonnait le reste de l'équipe. Comment pouvait-on se lier d'amitié avec le diable en personne ?
Sydney sursauta quand Weiss arriva près de son bureau :
" Excuse-moi, " dit-il confus. " Je ne voulais pas te faire peur. "
" Ce n'est rien, " répondit-elle, brutalement ramenée dans le monde des vivants. " Qu'est-ce que je peux faire pour toi ? "
" Moi, rien, " répondit Weiss en s'amusant d'une main avec son vieux Yo-Yo. " Par contre, Dixon veut te voir. Maintenant. "
Elle acquiesça et se leva pour se diriger vers la salle de briefing. Ses jambes tremblaient légèrement : l'excitation. Sydney avait plusieurs fois fait part à son ancien partenaire de son souhait à retourner sur le terrain. Peut-être allait-il enfin exaucer son vœu ? Elle poussa la porte et découvrit Marshall déjà assis à table. Il se leva brièvement pour la saluer. Dixon était debout près d'un écran.
" Sydney, " murmura-t-il, chaque fois ému de la revoir depuis trois mois, il l'avait crû perdue à jamais. " Nous avons un problème et tu vas pouvoir nous aider. "
" Je vais retourner sur le terrain ? " Coupa-t-elle en prenant une chaise.
" Oui, " admit Dixon en ne pouvant s'empêcher de sourire face à l'air ravi de Sydney, elle ne connaissait pas encore la suite. " Mais pas toute seule. "
L'expression de la jeune femme se fana. Pourvu que ce ne soit pas Vaughn. Pourvu que ce ne soit pas Vaughn. Pourvu que ce ne soit pas Vaughn.
" Tu iras avec Sark, " déclara Dixon d'un ton calme.
Sydney manqua de s'étrangler avec sa salive. Elle tenta de ne pas laisser paraître sa surprise mais même Marshall qui n'avait pas une formation d'espion, avait remarqué son changement d'attitude.
" Et Natti Hugues ? Ce n'est pas elle qui est censée le garder habituellement ? "
" Justement, " soupira Dixon en allumant l'écran derrière lui. " Il y a eu un problème lors de la dernière mission. L'agent Hugues s'est prise plusieurs balles. Elle est en hospitalisation intensive même si ses jours ne sont plus en danger. Nous n'avons donc plus personne pour surveiller Sark. Il est actuellement avec elle à l'hôpital. Il n'a rien. "
Sydney observa l'écran. C'était le film d'une caméra de surveillance, en noir et blanc et couvert de parasites. Elle vit clairement Natti Hugues se prendre plusieurs balles en s'engageant dans un couloir. Elle n'avait pas vu les tireurs à cause d'un coude. Sark arrivait derrière elle et abattait froidement les agresseurs avant de s'agenouiller précipitamment près de Natti pour examiner ses plaies. Sydney remarqua qu'il avait ensuite délicatement soulevé l'agent avant de disparaître en l'emportant.
" Heureusement, ils avaient eu le temps d'accomplir leur mission. C'est sur le chemin du retour que l'agent Hugues est tombée à terre, " précisa Dixon. " Monsieur Flinkman ? "
" Oui ? " S'exclama Marshall en se redressant d'un bond. " Ah oui ! Sydney, monsieur Dixon, euh.. donc voilà un bracelet, enfin le bracelet, le même que Natti.. enfin mademoiselle Hugues.. en fait c'est pas exactement le même mais c'est le même modèle, bref vous me comprenez ? " Silence. " Bon, ce bracelet permet de contrôler la puce qui se trouve dans le cerveau de monsieur Sark. Il y a un code comme ceci à faire, " il l'exécuta sous les yeux attentifs de Sydney. " Et là, boum ! En revoir Sark. Vous inquiétez pas, le bracelet était pas activé, Sark est encore en vie.. malheureusement.. Enfin c'est pas le sujet. Là je viens de l'activer. Un autre bracelet identique est en possession de monsieur Dixon. Donc si jamais Sark veut vous faire un sale coup, vous avez juste à faire la manœuvre et puis voilà ! "
Et puis voilà, répéta silencieusement Sydney. Elle était à présent réduite à la simple fonction de nounou de Sark. Faites que ce soit un cauchemar, un simple cauchemar, pria-t-elle. Mais bien sûr, Dieu n'était jamais là quand on avait besoin de lui. De toute façon, elle n'était même pas croyante. Dixon ordonna à Marshall de quitter la salle et il se tourna vers Sydney, l'air grave :
" C'est une tâche importante, " précisa-t-il, ayant remarqué la non-motivation de son agent. " Sark nous est extrêmement précieux. Je ne peux pas tout te dire sur lui, il y a des choses que tu découvriras par toi-même, mais il a des connaissances que nous ne possédons pas. Il a sûrement encore beaucoup de secrets et chacune des révélations qu'il daigne nous donner nous permet de faire d'énormes pas en avant. De plus, c'est un très bon agent de terrain. Il va au plus efficace, il ne panique jamais, il ne se concentre que sur l'objectif de la mission et ne se laisse pas troubler par des préoccupations extérieures : l'agent parfait. "
" Ou plutôt un robot, " rétorqua Sydney avec sarcasme.
Dixon ignora son commentaire et prit une profonde inspiration. Le sujet Sark semblait sensible et elle se doutait qu'elle devait encore ignorer beaucoup de choses.
" Je vais te faire un rapide briefing sur ce que tu as besoin de savoir sur Sark, " reprit son supérieur en s'asseyant sur un coin de table. " Il a été formé par le K-Directore. C'est un ancien enfant des services sociaux de Belfast, abandonné nourrisson. Il a disparu de son dernier foyer après avoir tué son tuteur à l'âge de huit ans. Avec des enfants du projet Christmas, il a été confronté à une rude mais néanmoins complète formation de l'âge de dix à seize ans : techniques de combat, armes, informatique, langues, torture et même éducation sexuelle. Puis il est entré au service d'Irina Derevko alors connu sous le pseudonyme de The Man. Il lui a toujours été loyal alors méfies-toi. Il n'a pas hésité une seule seconde à nous dire tout ce qu'il savait sur Sloane, mais dès que l'on aborde le sujet d'Irina Derevko, même les meilleurs sérums de vérité et le court passage qu'il a fait à Camp Harris n'ont permis d'obtenir une quelconque information de sa part. "
" Comment peut-on ne pas parler à Camp Harris ? " S'étonna Sydney, connaissant la réputation de l'endroit.
" Il arrêtait les battements de son cœur quand la torture devenait insupportable. On ignore comment il y arriverait. Il s'évanouissait et il devait à chaque fois être réanimé. Un jour, il a manqué de peu d'y rester donc Kendall a décidé de le ramener ici et de l'utiliser à d'autres fins. Cela aurait été du gaspillage de torturer Sark jusqu'à qu'il y reste. "
Dixon se tut, se remémorant sûrement quelques souvenirs. Sydney aurait aimé pouvoir faire de même.
" Y a-t-il autre chose que je dois savoir ? " Demanda-t-elle, déjà prête à quitter la salle de briefing.
" Oui, " admit Dixon gêné. " Sark et.. ton père, ont beaucoup travaillé ensemble. L'agent Bristow se servait des informations que connaissaient Sark pour tenter de te retrouver. On soupçonne que c'est par son intermédiaire que ton père a renoué le contact avec Irina Derevko. On ignore comment. Ils sont.. devenus assez proches. Ne t'étonnes donc pas si Sark peut connaître pas mal de choses sur toi. "
De plus en plus génial, maugréa silencieusement Sydney. Elle avait par contre du mal à se faire à l'idée que son père ait pu collaborer avec ce gamin arrogant et son stupide accent anglais ! Deux ans… Tout avait si radicalement changé.
Après le briefing, Sydney retourna à son travail de bureau puis rentra tôt à l'appartement qu'elle partageait avec Will. Demain, elle devait passer prendre Sark à l'hôpital. Il avait réussi à obtenir une autorisation spéciale de Dixon pour rester au chevet de Natti Hugues cette nuit. Sydney n'arrivait pas à comprendre. Comment Marcus pouvait-il accepter une demande de ce tueur ? Elle avait récemment appris qu'il fut l'intermédiaire entre Sloane et Allison Doren, celle qui avait tué Francie. Bâtard… Tout ceci la rendait vulgaire…
Elle s'affala sur son sofa et observa un cadre sur la table basse devant elle : la photo représentait Francie, Will et elle assis dans l'herbe. Le bon vieux temps. Sydney soupira et renversa sa tête en arrière sur le dossier. Son colocataire entra à ce moment et déposa des courses dans la cuisine. Tippin vint ensuite s'asseoir à côté d'elle et jeta un rapide coup d'œil fuyant au cadre :
" Sale journée ? " Demanda-t-il.
" Oui, " répondit-elle las. " J'ai besoin d'un bon bain pour oublier tout ça, puis m'étaler devant la télé avec un gros pot de glace. "
" Qu'est-ce qui s'est passé ? "
" Dixon a enfin accepté que je retourne sur le terrain. "
" Mais c'est génial pour toi ! " La coupa Will. " C'est ce que tu voulais, non ? "
" Je n'y retourne pas toute seule… "
" Vaughn ? " Se risqua-t-il grimaçant.
" Pire. Sark, " répondit Sydney en levant les yeux au ciel. " Je suis sa nouvelle nounou en attendant que Natti Hugues se remette de ses blessures. "
Will ne répondit rien, l'air brusquement absent. Elle soupira. Elle commençait à saturer de tous ces non-dits, de toutes ces demi-vérités qu'on lui servait.
" Quoi encore ? " S'énerva-t-elle. " Qu'est-ce que j'ignore ? "
" Ce n'est pas à moi de te le dire, " répondit-il gravement. " Tu le sauras tôt ou tard. "
" Je croirais entendre Dixon, " se moqua-t-elle.
" C'est sérieux Syd, " renchérit-il préoccupé. " Il s'est passé beaucoup de- "
" Beaucoup de choses en deux ans, merci je suis au courant ! Sauf qu'on ne me dit jamais rien ! "
Sur ce, elle se leva brusquement du canapé et s'enferma dans la salle de bain. Pourquoi sa vie était-elle aussi compliquée ? Elle mit en route les robinets. L'eau qui s'écoulait dans la baignoire permettait d'étouffer les gémissements de ses pleurs.
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Au même moment :
Sark monta sur le toit de l'hôpital de la CIA. Il avait temporairement laissé Natti dans sa chambre. De toute façon, elle n'avait pas ouvert les yeux depuis la dernière intervention chirurgicale qu'elle avait dû subir. Il soupira. Il aurait dû être le premier à passer dans ce couloir. Il aurait dû se recevoir les balles. Il savoura l'air frais et légèrement humide du soir. Elle n'allait pas tarder.
Le jeune homme riait intérieurement. Ce Dixon était si manipulable. Il avait presque aussitôt accepté que Sark reste à veiller auprès de Natti. Bien sûr, il tenait à elle. Il avait appris à la connaître depuis un an et demi, et elle lui avait appris à se dévoiler. Malgré tout, il restait sur ses gardes. C'était son travail de s'occuper de lui même si elle prétendait que ce n'en était plus un. Une furtive ombre accrocha son regard. Elle était enfin là.
Irina Derevko s'approcha de lui. Une étrange lueur s'alluma dans son regard. Sark n'était pas dans son habituel et impeccable costume Armani. Il ne portait qu'un vieux jean lâche et une chemise mal boutonnée. Ses cheveux étaient en bataille et il ne s'était pas rasé depuis deux jours, depuis que Natti avait été blessée. Irina n'avait pas l'habitude de le voir si négligé. Il leva vers elle un regard vide, ses yeux glacés bizarrement éteints.
Elle lui sourit timidement. L'ancienne Laura Bristow s'approcha de lui et écarta ses bras. Sark accepta l'invitation et vint se blottir contre elle. Irina l'étreignit avec tendresse. Elle ne se laissait habituellement pas aller à ce genre de marques d'affection. Mais il en avait besoin. Elle sentit sous ses doigts les muscles frissonnants du dos du jeune homme. Un souvenir traversa brièvement son esprit. Un autre hôpital. Une autre époque. Sans qu'elle ne s'en aperçoive, une comptine du passé retrouva le chemin de ses lèvres :
" L'amour est enfant de Bohème, il n'a jamais connu de loi. Si tu ne m'aimes pas je t'aime, si je t'aime prends garde à toi… "
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Fin du premier chapitre.
Petit Mot de la Fin : Pour le moment, je suppose que vous nagez dans le brouillard et que vous vous demandez : mais qu'est-ce que la CIA cache à Sydney à propos de Sark ? Pourquoi Dixon et Will semblent-ils si mal à l'aise ? Que s'est-il passé entre Jack, Sark et Irina ? Et quel est ce lien fort qui unit Sark et Irina ? Bon d'accord, j'arrête les questions lol !
Prochain chapitre : " Hé ! Jack ! "
