Dans le château de pierres grises le combat faisait rage avec plus ou moins d'ardeur selon les endroits. Le Roi Harry avait délimité une zone de sauvegarde où seul un Protecteur pouvait pénétrer. Les chevaliers mêlés au sorciers se bousculaient, les épées étaient maculées de sang, les sorts fusaient en tous sens, les victimes éparpillées sur le sol ne se distinguaient plus.

Au milieu de cette cohue désorganisée, une tête blonde se détachait. Draco Malefoy, tenant ce qui semblait être un bébé dans ses bras, s'avançait résolument vers la zone protégée, ne laissant personne se mettre en travers de son chemin.

Mais elle n'était pas le seule à l'avoir aperçu. Une silhouette encapuchonnée s'écria, le pointant du doigt:

« -Le Traître! Il a la Princesse! C'est la Princesse Héritière! Détruisez-les! »

Aussitôt une lumière dorée enveloppa le parjure et son enfant, et Draco accéléra sa progression, qui se fit presque désespérée.

Arrivée devant la statue d'un lion majestueux, il prononça un sort assez puissant et bénéfique pour que le lion le laisse passer sans que ses deux acolytes n'interviennent. Mais comment avait-il fait pour ne pas avoir à convaincre les deux autres statues de Gryffondor? Il devait aimer véritablement cette petite Princesse et être prêt à se sacrifier pour elle.

Lorsqu'il passa devant la statue, le décor de la zone protégée changea subitement. Plus de grandes pierres taillées mais un sol recouvert d'herbe bien verte et des arbres accueillants. Cette vision ne dura que quelques instants, et la jeune fille eut de nouveau la vision des autres combattants.

Malefoy, dans son armure de chevalier, levait les bras, portant haut la jeune Héritière. Les lions formaient une Protection infaillible et aucun sortilège ne les atteignit, dans cette pose qui semblait également une pause dans le temps. En réalité, le jeune homme devait être en train de murmurer un sortilège sans baguette, car le bébé disparut. Lorsque ses mains avaient été au plus haut qu'il le pouvait, elles s'étaient retrouvées vides. Trop de fumée la cachait-elle aux yeux des autres?

Quand le jeune blond se retourna, il ne tenait dans sa main gauche que sa baguette, et avec un sourire victorieux, il tira furieusement son épée de sa main droite. Et c'est avec détermination qu'il se plongea dans la bataille, les Mangemorts dépités s'avançaient férocement pour l'attaquer, mais de son visage ne disparaissait pas ce sourire étrange.

C'est sur cette image du Chevalier assigné à sa protection que Dame Hermione se réveilla. « Quel rêve étrange... Mais si réel! » se dit-elle avant de se retourner dans son lit. Pour se retrouver face à un visage caché par des cheveux soyeux et un torse nu découvert par l'édredon.

« -Malefoy! Mais qu'est-ce que tu fais dans mon lit? »

« -Charmant réveil, Princesse...

-Malefoy... » rugit la Princesse en question.

« C'était pour ta protection. Je n'ai pas dormi depuis trois jours avec cette satanée mission, et à mon retour on me charge de te protéger... Je ne tenais plus debout, alors je me suis couché dans ton lit, pour au moins me reposer. Je savais que je ne tiendrais pas éveillé toute la nuit, alors autant être assez proche pour me rendre compte d'un éventuel danger.

-Et tu étais obligé de te coucher dans mon lit PRESQUE NU? » Hermione était au bord de l'hystérie.

« -Oh... » fit-il en s'étonnant lui-même de son absence de haut.

« -Tu n'avais pas un sort de chasteté? Je crois que mon frère n'est pas Roi pour rien, il sait encore jeter un sort. Que s'est-il passé?

« -Si, j'étais bien sous l'emprise de ce sort. Hier soir je ne pouvais encore me déshabiller que dans ma salle d'eau, quand personne n'était dans la pièce. Je me suis couché habillé, tu dois me croire. J'ai dû enlever ma tunique dans mon sommeil parce que j'avais trop chaud. Je t'arrête tout de suite! Oui, Harry sait jeter un sort! Mais ce sort devait s'annuler dès que la Prophétie du Prince Héritier était connue de nous. »

Draco regarde Hermione gravement.

« -Cela signifie que la Prophétie a été faite.

-LA Prophétie? Celle qui doit désigner les parents du Prince Héritier du Royaume de Poudlard?

-Oui.

-Et quel rapport avec toi?

-Je suis chargé de protéger l'Héritier, et rien ne doit entraver cette mission, pas même un sort de chasteté. Ton frère me fait assez confiance pour cela.

-Harry ne peut tenter d'éliminer le Lord Noir tant qu'il n'a pas d'Héritier. S'il mourrait ce serait le chaos dans le Royaume. Mais il ne peut avoir d'enfant lui-même... Cette Prophétie, quels en sont les termes? Qui l'a faite? »

La Princesse Hermione essaie désespérément d'ignorer qu'un homme à demi-nu se trouve dans son lit.

« -On ne le sait pas. La mère de l'Héritier doit rêver la Prophétie lorsqu'elle est prête à concevoir l'Héritier. Dans son rêve, le père est désigné. Cela s'est passé cette nuit puisque mon sort vient d'être levé.

-Si... Puisque je suis la sœur du Roi Harry, est-il possible que ce soit moi?

-Bien sûr. Mais, tu... Tu as fait un rêve prémonitoire?

-Oui... Tu... Tu protégeais la Princesse Héritière encore bébé lors d'un combat contre le Royaume de l'Ombre.

-La... La Princesses Héritière? Mais... Mais tu dois avoir un fils! Sinon, personne sur le trône et l'on revient au chaos! Pas de Prince Héritier, c'est un désastre!

-Je sais! Je sais tout cela, mais je n'y peux rien!

-Et qui est le père?

-Le seul visage net, le seul reconnaissable, c'était... Le tien.

-Quoi? Mais je ne suis même pas né de Poudlard! Ce n'est pas possible! Je ne suis qu'un parjure du Royaume Noir... Oh, Merlin...

-Tu es peut-être né là-bas, mais tu nous es beaucoup plus dévoué que certains de notre Royaume.

-Harry n'acceptera jamais cela. Une Héritière au Sang-Mêlé de l'Ombre... Et les convenances? Tu y penses?

-Ne t'énerves pas! Je n'y suis pour rien, je n'ai fait qu'un rêve bizarre! Si j'avais su, je serais restée éveillée, j'aurais épousé Ronald à qui je suis promise depuis ma naissance et qui est très gentil.

-Je l'avais oublié celui-là... On ne peut se permettre de se mettre à dos une famille aussi importante et influente que celle des Weasley! Oh, Salazar!

-Viens, Draco, allons en parler à Harry. C'est à lui seul de décider. Mais par pitié, HABILLE-TOI! Et envoie-moi ma servante, que je puisse me vêtir. On se retrouve dans la Grande Salle, Harry doit y déjeuner. »