An 1341 du calendrier de la Comté (2941 du Troisième Âge)
Notre histoire commence par un jour ensoleillé en la Comté tandis qu'un vieil homme vêtu tout de gris est aperçu sur l'ancienne route, traversant Hobbiton. Ce vieil homme est habillé d'une longue robe grise, et d'un chapeau bleu légèrement décoloré sur la tête. Dans ses mains, un bâton sur lequel il s'appuie de façon constante, comme s'il était légèrement handicapé, ce qui n'est pas du tout le cas, et ça, tout le monde le sait. Enfin, tout le monde, c'est facile à dire. Disons plutôt que les hobbits savent parfaitement qui est cette personne, et donc savent aussi qu'il n'est en aucun cas handicapé.
Le vieil homme à la barbe grise se dirige en direction de la colline de Cul-de-Sac, persuadé que son plan va fonctionner. En arrivant au bas de la colline, il remarque que le smial semble inhabité. Le jardin est complètement sauvage et mal entretenu, l'herbe est haute, la peinture de la porte est défraichie. Il n'y a pas âme qui vive ! La stupeur l'emporte sur son visage, et il se met à passer sa main dans sa longue barbe grise.
« Vous cherchez monsieur Bilbon ? » Lui fait alors une voix inconnue derrière lui.
Le magicien ne sursaute pas, non, ce ne serait pas digne d'un Istari. Il se retourne alors, et observe attentivement le jeune hobbit face à lui. Ce dernier n'est encore qu'un enfant, d'à peine dix ans.
« En effet, je chercher Bilbon Sacquet. Dis-moi, où puis-je le trouver mon garçon ? » Demande alors le sorcier d'une voix douce.
Le jeune hobbit se met alors à se tortiller. Alors qu'il s'apprête à répondre, une voix criarde est entendue au loin.
« Eloignes toi de lui, Lotho ! » S'écrie une femme vêtue d'une robe jaune, d'un chapeau de même couleur et très laid, avec en ses mains un parapluie de la même couleur.
Cette personne n'est nul autre que Lobelia Sacquet de Besace, anciennement Sanglebuc. Elle darde le magicien de son regard le plus noir, tout en attrapant son jeune fils dans ses bras, l'éloignant autant que possible du vieil homme.
« Que faîtes-vous là, trouble-paix ? » Crache-t-elle alors.
« Trouble-paix ? Non mais…Je cherche Bilbon Sacquet. » Se reprend alors le vieil homme.
« Bilbon ? Vous cherchez Bilbon ? A votre place, je ferai demi-tour ! »
« Et pourquoi ça ? » Demande le magicien d'un ton inquisiteur, les sourcils froncés, le regard acéré en direction de la jeune femme.
Lobelia observe le vieil homme, puis finit pas répondre.
« Tout simplement car Bilbon n'est pas du tout celui que vous connaissiez. Il a changé, magicien, et ce n'est plus le hobbit que j'ai connu. »
Gandalf semble surprit par les propos de Lobelia, et finit par lui demander ce qu'il s'est passé.
« Ah ! Vous ne savez pas ? C'est à cause du Rude Hiver ! Ses parents sont morts, tués par des loups blancs du Nord. Après leur mort et l'enterrement de leurs restes, il a disparu pendant une semaine ! Et lorsqu'il est revenu… » Elle se met alors à frissonner.
« Continuez, je vous écoute. » Lui enjoint Gandalf.
Elle finit par reprendre, d'un ton presque effrayé.
« Quand il est revenu, il n'était pas seul ! Un homme était avec lui. Il était grand, habillé complètement en noir, et avait autour de lui une aura effrayante. Quant à lui, Bilbon était habillé bizarrement, je ne saurais trop vous décrire son accoutrement. Il avait aussi une canne en argent ! Je n'en avais encore jamais vu d'une telle facture. Et il avait un cache-œil sur l'œil droit. »
Gandalf se mit alors à penser aux raisons de ce changement, et surtout, qui pouvait bien être cet homme.
« Mais ce n'est pas ça le pire », Reprit alors la jeune femme, tremblant légèrement, « Son comportement a complètement changé, vieil homme ! Il était toujours aussi poli, respectueux, mais bien plus froid qu'avant. Je suis sûr que c'est à cause de l'homme qui l'accompagne. Je n'ai pas entendu son nom, mais je sais qu'il se réfère à Bilbon en tant que Seigneur. Il s'incline toujours face à lui, et obéit le moindre de ses ordres. »
« Je vois. Et où est Bilbon en ce moment-même ? Il ne vit plus ici ? » Questionne le magicien.
« Non, plus du tout. », Elle pointe alors du doigt la forêt de Bindbole juste au nord, « Il vit dans cette forêt qu'il a acheté. Depuis, plus personne n'y va, sauf pour affaire. En plus, il a été accompagné par toute la famille Gamgee, dirigée par maître Hobson ! On dit qu'ils se sont liés à lui, certains disent même qu'ils se sont mis à son service, mais cette fois-ci, pas que en tant que jardiniers. »
« Intéressant. » Répondit simplement Gandalf. Il se mit alors à réfléchir à la situation, se demandant s'il serait toujours possible de recruter son cambrioleur. De toute façon, il a bien envie de voir ce qu'il se passe dans cette forêt, maintenant que sa curiosité est piquée à vif. C'est décidé, il va y aller.
« Dans ce cas, je vais vous laisser. Je vais aller voir de ce qui en retourne. », Puis il prit la direction de la forêt.
« Attendez ! » Cria alors la jeune femme, « Bilbon…la dernière fois que je l'ai vu, c'était il y a un an, mais il avait toujours la même apparence qu'il y a seize ans ! »
Le magicien se retourna brutalement, la dévisageant du regard.
« Comment ça, la même apparence qu'il y a seize ans ? »
« Comme je vous l'ai dit ! La même apparence ! Il n'a pas une seule ride, comme si qu'il était figé dans une jeunesse éternelle. En plus, on le voit que très rarement. La plupart du temps, ce sont les Gamgee qui descendent pour acheter tout ce dont ils ont besoin. Et en plus, tout doit être livré au portail à l'entrée de la forêt ! »
« Portail ? Quel portail ? Depuis quand y a-t-il un portail dans cette forêt ? » Demande alors le magicien.
« Depuis qu'ils y vivent ! Et je ne sais pas comment, mais à chaque fois que quelqu'un s'approche du portail, l'homme en noir finit par arriver, comme si il savait qu'on arrivait. Méfiez-vous ! » Rajouta-t-elle, avant de partir très vite avec son fils Lotho dans les bras en direction du marché.
Gandalf repartit aussitôt en direction de la forêt. Alors qu'il marchait, il remarqua une longue route, menant directement d'Hobbiton à la forêt. La route était complètement pavée, adaptée aux chariots et aux montures, surement pour faciliter la livraison des vivres.
C'est en arrivant à l'entrée de la forêt qu'il remarqua un grand portail en fer forgé, entouré de grands murs en marbre blanc. Splendide fut sa seule pensée à la vue de ce portail. Les détails étaient très intéressants. Le portail était complètement noir, et chaque pan du portail formait un immense S, surement pour Sacquet. Alors qu'il observait le portail, il vit au loin un homme apparaître, se dirigeant d'un pas décidé vers lui. Plus l'homme approchait, et plus il pouvait le détailler.
L'homme en question avait un visage jeune et angulaire, un sourire charmeur sur les lèvres. Ses yeux étaient d'une couleur rubis, voire carmine. Des yeux rouge comme il n'en avait encore jamais vu. Ses cheveux étaient coiffés vers l'arrière, avec une légère frange devant son front. Gandalf observa alors la tenue plus qu'insolite de l'homme face à lui. Il était vêtu d'une splendide veste noire et blanche, brodée d'or, avec une broche d'or sertie d'une opale, sur l'avant droit de sa veste, reliée à son épaule par une fine chaine dorée. Autour de son cou, un ruban en soie argenté, lui aussi serti d'une petite opale en tant que fermoir. On pouvait aisément remarquer une chemise noire à col sous sa veste. Il portait aussi un pantalon noir, surement en soie, tenu par une ceinture tout aussi noire, avec une boucle en argent. Enfin, ses chaussures étaient uniques. Au lieu de bottes, il possédait de splendides chaussures en cuir (des mocassins) brillantes.
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Gandalf devait admettre que l'homme face à lui était Magnifique ! Mais il pouvait aussi sentir autour de cet homme une aura sombre et envoutante.
« Bien le bonjour, maître magicien. En quoi puis-je vous aider ? » Demanda alors l'étrange homme, d'une voix grave, claire et net.
« Je souhaite voir Bilbon Sacquet. » S'exclama le vieux magicien.
L'homme l'observa en arquant un sourcil, puis répondit.
« Mon maître n'est pas actuellement disponible. Si vous le souhaitez, vous pouvez attendre dans le salon de l'aile Est. »
Le salon de l'aile Est ? pensa le magicien, Mais dans quoi peut bien vivre Bilbon ?
« Ce ne sera pas nécessaire. Je ne peux pas me permettre d'attendre. Je repasserai ce soir si c'est possible. »
« Bien-entendu, vous pouvez repasser plus tard. Dans ce cas, je vous accueillerai, et je préviendrai mon maître pour qu'il soit disponible, si possible. »
« Je vous remercie. Sur ce, je m'en vais, et je reviendrai ce soir. Il se peut que je sois accompagné. » Rajouta le magicien avec une lueur amusée dans les yeux.
« Ce n'est pas un problème, monsieur. Je vous assure que le manoir Sacquet est assez grand pour recevoir plusieurs invités. Et son personnel est plus que qualifié pour s'occuper des besoins des invités les plus exigeants.»
« Parfait. A plus tard alors. »
L'homme ne put que s'incliner, tandis que le magicien s'en alla. Le majordome prit alors la direction du manoir qu'il savait au centre de la forêt. Tout le long du chemin pavé, il observait l'immense jardin composé de pavés de fleurs, d'arbustes taillés, et d'arbres fruitiers. Ce fut assez compliqué de mettre en place un jardin, et le majordome dû déraciner bon nombre d'arbres, qui ont servi à la construction du manoir ou qui ont été vendu à des marchands. On pouvait entendre les oiseaux chanter, et des papillons voler tout autour. Le jardin était entretenu par maître Hobson Gamgee, l'un des majordomes de la maison Sacquet. Ses fils, Hamfast, Andwise, et Alfred Gamgee l'aidaient de temps en temps, mais s'occupaient principalement de l'entretien du manoir, avec leur sœur, May Gamgee. L'homme, nommé Sébastien Michaelis, était le majordome en chef de la maison Sacquet, et il était responsable de la formation des jeunes hobbits pour qu'ils soient des serviteurs impeccables et dignes de servir la maison Sacquet. Il donnait aussi des cours en politique, en économie, en escrime et en musique à son jeune maître, Bilbon Sacquet. Pour ce faire, il dû visiter les quatre coins de la Terre du Milieu pour apprendre les langues parlées et obtenir des ouvrages. La seule race qu'il ne put approcher furent les nains, des êtes complètement reclus dans leurs montagnes.
C'est en étant à mi-chemin qu'il vit alors apparaitre le Manoir au loin. L'endroit fut entièrement bâti par Sébastien, et le manoir alliait la beauté traditionnelle des manoirs de style Victorien à la beauté d'une ville nommée Havres-Gris à l'ouest, dans une contrée appelée le Lindon. Le manoir était entièrement composé de pierres blanches et grises avec un toit bleu roi. Il avait plusieurs fenêtres, et plus d'une vingtaine de chambres, deux salons principaux, un dans chaque aile, une salle de bal, une salle de banquet, une immense cuisine, une écurie, sans compter les quartiers des serviteurs. Ce manoir pouvait facilement accueillir toute la population de la Comté si nécessaire, et ses murs étaient assez résistants pour soutenir un siège. Enfin, qui oserait assiéger une telle œuvre d'art.
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Sébastien savait pertinemment qu'un tel Manoir était unique dans ce monde dans lequel il était arrivé par erreur. Il se rappelle encore de son ancien maître, Ciel Phantomhive, un gamin de treize ans à l'esprit acéré, qui souhaitait par-dessus tout venger sa famille. Ah, il regrette de n'avoir jamais pu dévorer son âme. En y repensant, il est bien content de ne plus être lié à ce jeune garçon.
En tout cas, il n'a jamais compris pourquoi et comment il est arrivé dans ce monde. Un jour, il était en train de fuir une fois de plus Grell Sutcliff, puis, une sorte de trou noir s'est ouvert devant lui et l'a aspiré avant que Grell ne puisse le suivre. Résultat, il s'est réveillé dans une forêt enneigée. Il a dû affronter quelques très gros loups, et même d'horribles créatures que les gens appellent orcs. Enfin, il finit par trouver un jeune être humain avec de grands pieds velus, dont l'âme brillait de mille feux. Jamais encore n'avait-il vu une âme aussi pure. Et il le suivit. Au fur et à mesure qu'il le suivait, caché aux yeux de tous, il remarqua d'autres gens, identiques à lui, tous avec des âmes aussi pures et alléchantes, mais seul celui qu'il suivait semblait attirer son regard. Il apprit alors son nom, Bilbon Sacquet, et découvrit qu'il était devenu orphelin. C'est alors qu'il décida de proposer ses services en tant que majordome. Il dû expliquer au jeune hobbit ce que cela signifiait, et lui proposa un marché.
« Laissez-moi devenir votre majordome, et je vous servirai à jamais. Je vous protégerai, et jamais vous ne serez seul. En échange, laissez-moi réclamer les âmes de tous ceux qui vous veulent du mal. »
Le hobbit accepta, n'ayant rien à perdre. C'est ainsi que Bilbon obtint son majordome, et que sa vie changea de façon radicale. Pendant une semaine, le hobbit disparu avec le démon, qui apposa sa marque sur l'œil droit du jeune hobbit. Il partit à toute vitesse en direction de Cul-de-Sac pour y laisser le jeune hobbit, et promit de revenir après avoir explorer la Terre du Milieu. En seulement trois mois, il explora toute la Terre du Milieu, et apprit facilement, étant un démon, les langues parlées. Il apprit alors le Sindarin, le Quenya, le Westron, le Rohirric, et même le Parlé Noir. Il en profita pour récupérer des centaines d'ouvrages, traitant de l'histoire aux contes de fées, en passant par les anciens traités entre nains, elfes et humains. Il découvrit même des tomes en un langage appelé le Telerin, et un ou deux en Adûnaic récupérés dans les ruines du royaume d'Arnor, qu'il fit traduire par des elfes de Fondcombe. C'est en explorant la Terre du Milieu qu'il découvrit la beauté des âmes elfiques, et surtout, il n'hésita pas à tuer un elfe ou deux pour dévorer leurs âmes, chose qu'il apprécia. Jamais n'avait-il pu se délecter ainsi, et il espérait secrètement que certains ennemis de son maître seraient des elfes. En y repensant, les âmes naines étaient tout aussi goûteuses. Il avait même dévoré l'âme d'un orc, et aussi étonnant cela puisse être, l'âme fut un délice, noire et tordue, elle avait une saveur unique et épicée. Le fait qu'il soit le seul démon dans ce monde étrange l'arrangea au plus haut point. Un infini festin pour un seul démon, voilà de quoi rendre jaloux Satan en personne.
Sébastien revint au moment présent en arrivant à l'entrée du Manoir, dont les fenêtres étaient lustrées par Hamfast et May. Il monta à l'étage pour y trouver son jeune maître en train de lire un livre racontant l'histoire de Beren et Luthien dans la Bibliothèque. Il en profita pour détailler à nouveau son jeune maître. Ce dernier avait de long cheveux d'or, lui arrivant jusqu'à la nuque, aux pointes bouclées. Son visage n'avait pas changé en seize ans, et il avait gardé sa beauté de jeune adulte. Son œil droit n'était pas sous un bandeau, attendu qu'il n'y avait pas d'invités, et que les serviteurs de la maison savaient parfaitement pour sa marque. L'œil en question était complètement améthyste, avec un pentagramme en son centre, tandis que l'œil gauche était bleu nuit. Le jeune maître était habillé d'un tenue en soie, composée d'une chemise bleu indigo avec des boutons en argent, gravés des initiales de Bilbon Sacquet (B.S.). Il avait un pantalon noir, avec une ceinture dorée, évidemment sans chaussures. Sur sa chaise, une longue veste bleue nuit avec des coutures et des boutons en or. Chaque vêtement fut taillé et cousu par Sébastien. Sauf la canne en argent, avec un pommeau en mithril, qui fut forgée aux Monts du Fer, après que Sébastien eut fourni le métal nécessaire, qu'il n'avait pas hésité à miner dans la Moria. Il dû évidemment affronter quelques orcs, mais ce ne fut pas un problème. Il en profita d'ailleurs pour récupérer quelques artéfacts et reliques, appartenant aux nains. Désormais, ces objets servent de décoration dans le manoir, et les livres récupérés sont dans la bibliothèque. Certaines armes qu'il a récupérées sont exposées sur les murs, et des armures servent de présentoir. La canne du jeune maître était assez particulière, car le tronc de la canne était en fait un fourreau, et le pommeau servait en fait de garde, car à l'intérieure de la canne se cachait une splendide épée en mithril, très légère, et facile à manier. Sébastien possédait lui aussi une épée en mithril qu'il fit forgé, pour pouvoir entrainer son maître, mais aussi le défendre, car malheureusement, les couverts en argent n'étaient pas très efficaces pour tuer des orcs et bandits en armure.
Le majordome s'approcha de son maître, et finit par lui dire.
« Jeune maître, il semblerait que nous recevrons des invités ce soir. Un vieil homme, vêtu de gris est venu pour nous prévenir. Je pense qu'il s'agit de Gandalf le Gris, dont vous m'avez parlé. »
Bilbon tourna son regard vers Sébastien, puis se mit à sourire.
« C'est parfait. Ça fait longtemps que je n'ai pas vu l'ami de ma mère. Quand va-t-il venir ? Et avec qui ? » Demanda le jeune hobbit, radieux.
« Il ne m'a pas dit avec qui, mais je sais qu'ils arriveront dans la soirée. » Répondit le majordome.
« Ce soir ? Oh, Sébastien ! Je compte sur toi pour tout préparer, et faire assez à manger pour au moins vingt personne ! Je veux un festin digne d'un Roi ! » Ordonna alors le jeune hobbit.
« Oui, mon seigneur ! Je m'y attèle immédiatement. » S'inclina alors le majordome.
Le majordome quitta alors la pièce et ne put s'empêcher de dire.
« Tout sera fait selon vos désirs. Après tout, je suis un diable de Majordome. »
