Les réactions de Miss Bingley

Disclaimer : Aucun des personnages ne m'appartient, ils sont tirés du roman Orgueil etPréjugés de Jane Austen, je ne touche pas d'argent, et cette série d'os est de moi.

…...

Miss Bingley s'estimait chanceuse. Elle était belle, intelligente, accomplie et riche. Ajoutez à cela qu'elle avait un goût très sûr en matière de mode, et que son petit frère était l'être le plus manipulable au monde. Ah oui, Miss Bingley était comblée.

Il manquait cependant un petit quelque chose à sa vie. Un mari digne d'elle. Hélas, aucun ne semblait combler ses attentes. Il lui fallait un jeune homme beau et riche certes. Mais aussi un homme avec ce je-ne-sais-quoi qui ferait d'elle la femme la plus heureuse du monde. Un mari… comment dire ? A son image. Tellement plus supérieur au reste du monde. Et absent du beau et grand domaine qui lui appartenait, qu'elle puisse le redécorer selon ses propres goûts et y organiser des fêtes somptueuses. Il était évident que seul l'avis de Miss Bingley valait la peine d'être écouté.

Alors, elle attendait. Elle était jeune et belle, aussi lorsqu'elle trouverait un homme à sa convenance, il lui demanderait de l'épouser immédiatement, et sa vie serait comblée.

Et voilà qu'un beau jour, Charles vint la voir. Un ami de Cambridge arriverait d'ici trois heures, et elle se devait de l'accueillir, en tant que maîtresse de la maison de son frère. Libre à elle ensuite de s'absenter, puisque l'homme était le meilleur ami de Charles, il ne se formaliserait pas de l'absence de Miss Bingley. Celle-ci l'écouta vaguement. A vrai dire, elle se moquait bien de leur invité. Jusqu'à ce que son cher frère lui apprit que ce jeune homme n'était autre que Mr Darcy, riche jeune homme du Derbyshire.

Aussitôt, Miss Bingley se précipita dans sa chambre et sonna pour que la pauvre fille qui lui servait de chambrière vienne la préparer. Celle-ci arriva deux minutes plus tard.

« Emily, tu en as mis du temps ! Allez, va me préparer un bain ! ordonna Caroline

- Je m'appelle Lucy, madame… répondit la servante

- Et alors ? Lucy, Emily, c'est la même chose ! Et qu'est-ce que cela m'apporte ? Encore là ? Et mon bain ? Va donner les ordres ! Où dois-je le faire moi-même ? Empotée ! »

La pauvre femme partit transmettre les ordres, puis retourna aider sa maîtresse.

« Sors ma robe jaune, Charlotte, celle qui va parfaitement avec mes magnifiques cheveux roux ! Et fais attention à ne pas la froisser ! Sors aussi mes plumes orange, tu les mettras dans mes cheveux. Et prends mes rubis, et mes diamants aussi. Allez, dépêche-toi Rosie ! »

La bonne courrait aux quatre coins de la pièce pour obéir à son bourreau… pardon, à sa maîtresse.

Enfin, le bain fut prêt, et Miss Bingley y entra avec délectation. Elle appela de nouveau sa servante.

« Margot ! Il faut que la couturière vienne immédiatement ! Mon futur époux arrive d'ici deux heures et ma robe manque de dentelles !

- Votre futur époux, madame… ?

- Oh tu es une bonne et tu ne devrais rien savoir, mais j'ai pitié de toi alors je vais t'expliquer. Mon cher frère est ami avec Mr Darcy de Pemberley. Or j'ai entendu dire qu'en plus d'être terriblement riche, il est beau comme un dieu et propriétaire de la moitié du Derbyshire. Sans oublier sa magnifique maison sur Grosvenor Square, et sa parenté plus qu'avantageuse. Je sais qu'il a une sœur. Elle épousera Charles, et moi Mr Darcy. Je serais Mrs Darcy, je serais admise dans les cercles les plus hauts, je serais présentée à la cour, et j'aurais enfin la place qui me revient de droit ! Qu'est-ce que tu fiches encore là Catherine ? La couturière, j'ai dit ! »

Deux heures plus tard, Mrs Bingley était fin prête. Elle portait une robe en percale jaune, rehaussée de dentelle rouge sur le buste, les manches et le bas des jupes. Des plumes orange trônaient fièrement sur son crâne, et elle portait un collier de diamants, des grosses boucles d'oreilles en rubis, et trois bagues à chaque main. Mains recouvertes de gants roses, évidemment. Elle se regardait dans le miroir, et il lui semblait évident que Mr Darcy allait la trouver sublime. Parce que c'était ce qu'elle était. Sublime, ravissante, magnifique et d'autres mots encore. D'ici peu de temps, elle serait une femme mariée et enviée.

Caroline descendit, ordonna à un serviteur de faire apporter le thé dans le petit salon, prévint son frère et s'assit dans le dit salon. Son frère arriva et Mr Darcy arriva cinq minutes plus tard. Charles se leva et salua chaleureusement son ami. Ils commencèrent à discuter de Cambridge. Caroline ne dit rien, profitant des retrouvailles entre les deux amis pour observer son futur époux. Une grande taille, athlétique, des cheveux noirs bouclés, des yeux bleus presqu'aussi beaux qu'elle. Une tenue simple mais à la mode et faite dans un tissu d'excellente qualité. Caroline le savait, le sentait, ce serait lui et pas un autre.

Miss Bingley ne supportant pas d'être mise à l'écart trop longtemps, elle finit par faire un toussotement tout à fait léger (enfin la maison trembla quand même) et de sa plus belle voix (excessivement nasillarde), dit à son cher frère :

« Charles, enfin, présentez moi votre ami !

- Darcy, je vous présente ma sœur, Miss Bingley. Caroline, Monsieur Darcy de Pemberley » marmonna Charles Bingley

Caroline fit un sourire à son futur fiancé, s'inclina dans une profonde révérence, et lui proposa de s'assoir, lui désignant la place près d'elle. Mr Darcy ne pouvant refuser, il se posa à côté de la jeune femme qui s'empressa de lui faire la conversation.

« Oh Mr Darcy, comme vous avez de beaux vêtements ! Vous devez être quelqu'un de très envié. Comment est Pemberley, je vous prie ? Charles m'a dit que vous aviez une sœur, c'est cela ? Oh, comme j'aimerai la rencontrer. Elle doit-être tout à fait accompli. Aime-t-elle la musique ? Pour ma part, je l'adore. Je suis d'ailleurs très douée au piano-forte, mais aussi à la harpe. J'aime beaucoup peindre, j'ai un grand talent dans ce domaine ! Ah vraiment, Mr Darcy, je suis enchantée de vous connaître ! Il est rare de voir des hommes tel que vous. Savez-vous que Charles envisage de louer une propriété à la campagne ? Quelle horreur, les gens doivent être des sauvages là-bas, non ? Allez-vous souvent à la campagne ? J'espère que non. Evidemment, de ce qu'on m'a dit, Pemberley ne peut être considéré comme une maison de campagne. J'ai entendu dire que vous étiez de la famille du comte Matlock et de Lady Catherine de Bourgh ? Quel beau monde, à vrai dire. Il doit-être si agréable de côtoyer des gens aussi nobles, non ? Voulez-vous du thé, Mr Darcy ?

- A vrai dire, Caroline, je voulais montrer la bibliothèque à Darcy »

Voyant que Caroline se levait pour les accompagner, Charles jugea bon de préciser :

« Seuls, Caroline. »

Darcy et Bingley se précipitèrent presque dans la bibliothèque pour fuir la compagnie de Miss Bingley. Celle-ci était cependant ravie. Mr Darcy allait sûrement demander de faire une cour à son frère, et d'ici la fin de l'année, ils seraient mariés et elle aurait organisé quelques fêtes absolument somptueuses.

La journée passa, Mr Darcy partit sans qu'elle ait put le revoir. Elle interrogea Charles à table. A son plus grand désarroi, Mr Darcy n'avait formulé aucune demande de cour à son égard.

Mais, pensa Caroline au moment d'aller se coucher, Mr Darcy était timide, et il préférait sans doute attendre un peu avant de l'épouser, afin que personne ne puisse dire que la demande était précipitée. Voilà tout !

Et c'est sur cette pensée plus que satisfaisante que Miss Bingley s'endormit, rêvant de son magnifique mariage et de son magnifique futur domaine… euh époux.

Trois ans plus tard, Charles Bingley louait Netherfield Park. Et Caroline n'était toujours pas fiancée…

…...

NDA : J'écris ici une petite série d'os sur les réactions de Miss Bingley, parce que j'adore imaginer ce personnage dans certains cas. Je ne vous dis pas sur quoi porteront les prochains os, mais libre à vous de me proposer des évènements. En fait, j'adore lire et écrire sur tous les moments qui ne sont pas dans le livre ou dans les adaptations. Et je me suis parfois demandée comment réagirait les personnages à un moment particulier de leur vie. J'espère que cet os vous aura plus, et à bientôt pour la suite,

Agneau-blanc

Ps : j'ai écoulé tous mes écrits sur Orgueil et Préjugés, donc je ne pense pas publier avant un bout de temps (d'autant plus que la rentrée… ben c'est lundi).